Conception de la carte et rédaction du commentaire Dr Philippe Perchoc, Chef de l’antenne IRSEM Europe. Philippe Perchoc est docteur en science politique de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où il a soutenu sa thèse sur les politiques étrangères et de défenses baltes après la chute de l’URSS. Ses travaux portent principalement sur la place des Etats baltes dans le système européen en termes stratégiques, institutionnels et symboliques. Il vient de publier : Philippe Perchoc, Estonie, Lettonie, Lituanie : de la périphérie au centre du débat stratégique européen, Étude 125, IRSEM, juin 2025.
Réalisation de la carte AB Pictoris. Blanche Lambert est fondatrice de l’entreprise AB Pictoris, spécialisée dans la production de cartes et la formation à la cartographie. B. Lambert publie « Se former à la cartographie avec Inkscape », éd. D-Booker.
Cette carte commentée démontre l’importance vitale que jouent les Baltes aujourd’hui pour l’UE et l’OTAN en termes de réponse commune à la menace russe et bélarusse, dans le renforcement de la sécurité européenne et la transformation de l’appareil OTAN et UE.
Cette carte est extraite de l’étude de Philippe Perchoc, Estonie, Lettonie, Lituanie : de la périphérie au centre du débat stratégique européen, Étude 125, IRSEM, juin 2025.
L’ESTONIE, LA LETTONIE ET LA LITUANIE ont longtemps été en marge des préoccupations stratégiques vues depuis l’Europe de l’Ouest. Aujourd’hui, les trois républiques sont sur la ligne de front entre l’Union européenne et l’OTAN avec la Russie et le Bélarus. Au même moment, ils ont gagné en importance stratégiques en trustant certains des postes les plus en vue à Bruxelles : celui de Haute Représentante pour la Politique Etrangère pour l’Estonienne Kaja Kallas et de Commissaire à la Défense pour Andrius Kubilius.
Le commentaire de cette carte permet d’insérer ce changement dans sa dimension géographique.
L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie forment une presqu’île européenne rattachée au reste du continent par la frontière entre la Pologne et la Lituanie, appelée corridor de Suwałki. Contrairement à l’idée courante que l’on peut s’en faire, ils ne sont pas de « petits pays » mais occupent ensemble l’équivalent de deux fois la taille du Portugal pour la moitié de sa population. Les trois nations baltes sont donc étendues en surface, plates en termes d’altitude (moins que la Tour Eiffel avec ses antennes) et relativement peu peuplées. Cela engendre un nombre important de dilemmes stratégiques.
Leurs voisins russes et bélarusses les bordent à la fois à l’Est pour l’Estonie et la Lettonie, à l’Est, au Sud et à l’Ouest pour la Lituanie. L’alliance entre Moscou et Minsk est aussi problématique pour les Etats baltes dans la mesure où leur frontière avec le Bélarus est plus longue que leur frontière avec la Russie (851 kilomètres contre 777).
A cela s’ajoute l’importante population russophone (22% en Estonie, 23 en Lettonie et 5 en Lituanie) qui est la cible de la propagande russe et que cette dernière utilise dans ses narratifs de déstabilisation des républiques baltes.
En 2004, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont été les seules républiques sorties de l’URSS à devenir membres de l’OTAN puis de l’UE. Pour autant, il a fallu du temps pour qu’augmente le niveau de protection offerte par ces dernières – en corrélation avec l’augmentation constante de la pression de Moscou sur la région.
Dès 2008 et la guerre entre la Russie et la Géorgie, les Baltes se sont alertés de l’attitude agressive de Moscou avec ses voisins. Dès 2004, l’OTAN a assuré la police du ciel pour les Etats baltes mais ces derniers ont estimé que ces moyens méritaient d’être renforcés.
Dans l’intervalle, ils se sont assurés, contre parfois l’humeur du temps, de devenir membres de tous les clubs européens : Schengen, zone euro. Cette stratégie avait pour but de marquer leur solidarité de façon à pouvoir bénéficier de la solidarité des autres européens.
Après l’invasion de la Crimée en 2014, l’OTAN a pris conscience de la nécessité de renforcer son flanc Est et elle a investi dans la présence renforcée. Par cette dernière, des troupes de l’OTAN ont été envoyées pour renforcer temporairement la dissuasion conventionnelle dans la région. Le Royaume-Uni est devenu nation-cadre pour l’Estonie, le Canada pour la Lettonie et l’Allemagne pour la Lituanie (la France joue ce rôle en Roumanie). C’est aussi une nouvelle base aérienne qui est utilisée pour la police du ciel, en Estonie.
La situation stratégique régionale est profondément transformée par la guerre en Ukraine. Cette dernière a poussé la Lituanie à limiter les transports vers Kaliningrad et donc engendré la nécessité pour la Russie d’utiliser la voie maritime pour son effort de militarisation de l’enclave – renforçant le trafic militaire en mer Baltique. Par ailleurs, c’est toute la mer Baltique qui a été touchée par la montée des tensions : augmentation du trafic militaire et attaques hybrides sur les infrastructures, notamment les câbles.
Cette montée des tensions a poussé la Finlande et la Suède à sortir de leur neutralité pour rejoindre l’OTAN, à la fois renforçant la présence de cette dernière, mais nécessitant de repenser ses plans de défense dans la région.
Au même moment, les Baltes doivent faire face à l’obligation de repenser leur modèle de défense largement basé sur l’OTAN et leur relation spécifique avec les Etats-Unis dans un contexte de désengagement de ces derniers. Ils regardent avec un œil plus favorable qu’avant les avancées européennes dans le domaine de la défense, y compris depuis les positions clefs détenues par l’Estonienne Kaja Kallas et le Lituanien Andrius Kubilius. Ils investissent massivement dans leur équipement militaire, dépassant les 2,5% de leur PIB et allant vers les 4 ou 5%.
Finalement, cette carte démontre l’importance vitale que jouent les Baltes aujourd’hui pour l’UE et l’OTAN en termes de réponse commune à la menace russe et bélarusse, dans le renforcement de la sécurité européenne et la transformation de l’appareil OTAN et UE.
Copyright pour le commentaire Juin 2025-Perchoc/Diploweb.com
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Titre du document : Carte. Les Pays baltes, de la périphérie au centre du débat stratégique européen Document ajouté le 5 juillet 2025 Document JPEG ; 469205 ko Taille : 1200 x 849 px Visualiser le document |
Cette carte commentée démontre l’importance vitale que jouent les Baltes aujourd’hui pour l’UE et l’OTAN en termes de réponse commune à la menace russe et bélarusse, dans le renforcement de la sécurité européenne et la transformation de l’appareil OTAN et UE.
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