Cette émission, Quelles sont les caractéristiques géopolitiques et stratégiques de la Méditerranée ? Avec P. Ausseur, sur RND

Cette émission, Quelles sont les caractéristiques géopolitiques et stratégiques de la Méditerranée ? Avec P. Ausseur, sur RCF

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Synthèse de cette émission, Quelles sont les caractéristiques géopolitiques et stratégiques de la Méditerranée ? Avec P. Ausseur. Rédigée par Emilie Bourgoin pour Diploweb.com, relue et validée par P. Ausseur

La Méditerranée, souvent perçue comme un espace de convergence culturelle, est en réalité un théâtre de divergences profondes. Autrefois considérée comme mare nostrum (notre mer) sous l’Empire romain, elle est désormais davantage une frontière qu’une mer unificatrice. Avec des civilisations aux développements géopolitiques, économiques et culturels très distincts, cette petite mer sépare deux mondes fondamentalement différents. Aujourd’hui, ces divergences s’accentuent, reflet des fractures globales entre un Nord riche et un Sud en mutation.

Rupture Nord-Sud

Les échanges entre les deux rives de la Méditerranée ont toujours existé, avec une interaction culturelle intense. Cependant, depuis la Seconde Guerre mondiale, une occidentalisation du Sud s’est imposée, avec une européanisation progressive des pays riverains du Sud. Pendant que le Sud adoptait des modèles culturels et économiques européens, le Nord a progressivement cessé de s’intéresser aux réalités du Sud. Cela a créé un déséquilibre, où le Sud connaît beaucoup mieux le Nord que l’inverse, ce qui a généré des incompréhensions croissantes.

Aujourd’hui, ces divergences sont encore plus visibles : la vision du monde au Sud, influencée par des facteurs religieux et culturels forts, s’éloigne de celle du Nord, plus sécularisé et individualiste. Les familles au Sud sont généralement plus nombreuses, avec un attachement fort à la religion, tandis qu’au Nord, la natalité est en déclin, et l’athéisme domine. Ce décalage renforce les incompréhensions entre les populations des deux rives, accentuant un ressentiment profond entre le Nord perçu comme riche et distant, et le Sud, en quête de reconnaissance.

La Méditerranée : carrefour stratégique

Malgré sa petite taille, la Méditerranée est un espace stratégique de premier ordre. En tant que passage maritime essentiel pour les échanges entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique, elle joue un rôle crucial dans la globalisation. Le commerce mondial repose en grande partie sur le transport maritime, qui reste le moyen le moins coûteux pour acheminer les marchandises. Environ 80 % des flux commerciaux entre l’Asie et l’Europe passent par la mer Rouge, le canal de Suez, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar avant d’atteindre les grands ports européens tels que Rotterdam.

Le Conflit Israël/Palestine : Symbole des tensions Nord-Sud

Le conflit israélo-palestinien est emblématique des tensions géopolitiques dans la région méditerranéenne. Israël, perçu comme un État riche et moderne, est entouré de pays du Sud, créant une fracture symbolique entre un "peuple du Nord" et un "peuple du Sud" sur un même territoire. Cette opposition transcende les dimensions géopolitiques et devient un conflit culturel. L’État d’Israël, bastion occidental en terre d’Islam, cristallise les tensions entre un Nord occidental et un Sud musulman.

Ce conflit est également un reflet des tensions plus larges entre l’Est et l’Ouest. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis soutiennent Israël comme un avant-poste stratégique dans la région, tandis que la Russie et la Chine, en quête de remodeler l’ordre mondial, exploitent cette situation pour défier l’hégémonie américaine. Cette polarisation entre l’Est et l’Ouest s’ajoute à la fracture Nord-Sud, faisant de la Méditerranée un véritable laboratoire des tensions internationales.

La Russie et la Mer Noire

La Méditerranée est également stratégique pour la Russie, dont l’accès aux mers chaudes est limité par des contraintes géographiques. En effet, la Russie, bien que dotée d’une vaste façade maritime, est souvent bloquée par les glaces qui paralysent ses ports en hiver. La seule voie d’accès pérenne aux mers chaudes passe par la mer Noire, la Méditerranée orientale, puis le canal de Suez pour atteindre l’océan Indien.

Le contrôle de la mer Noire est donc vital pour la Russie, comme l’illustre son annexion de la Crimée en 2014, qui lui permet de sécuriser sa présence en Méditerranée [1]. La Crimée agit comme une tour de contrôle de la mer Noire, permettant à la Russie de projeter sa puissance militaire dans la région. Toutefois, pour déployer pleinement son influence géopolitique, la Russie doit également sécuriser les détroits turcs et renforcer sa présence en Méditerranée orientale. La Russie a ainsi établi des bases militaires dans la région (Tartous) pour garantir son accès à l’océan mondial, renforçant la militarisation croissante de cet espace stratégique.

Ressources recommandées

Pour approfondir ces questions, l’Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient, publié par la FMES, est une ressource incontournable. Cet ouvrage, édité tous les deux ans, fournit une analyse géopolitique et militaire détaillée de la région, enrichie par une cartographie claire qui permet de mieux comprendre les dynamiques en jeu.

Copyright pour la synthèse Novembre 2024-Bourgoin/Diploweb.com

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Présentation du concept de l’émission Planisphère par Pierre Verluise

Planisphère est une émission de géopolitique proposée par Radio Notre Dame et RCF. Planisphère est animée par Hugo Billard jusqu’au 31 août 2024 ; par Pierre Verluise (Diploweb.com) depuis le 3 septembre 2024. Chaque semaine des historiens, des géographes, des géopoliticiens, des diplomates, des stratèges et des acteurs des relations internationales prennent le temps de mettre en perspective les soubresauts du monde. Planisphère cherche à comprendre l’actualité mondiale dans l’espace et dans le temps, en privilégiant la clarification des jeux des acteurs comme des résultats sur les territoires. Pierre Verluise cherche à mettre à jour l’interaction des échelles et les dynamiques de la puissance, définie comme une capacité de faire, de faire faire, de refuser de faire ou d’empêcher de faire.
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