Docteur en géopolitique de l’Université Paris IV – Sorbonne. Fondateur associé de Diploweb. Chercheur associé à la FRS. Il enseigne la Géopolitique de l’Europe en Master 2 à l’Université catholique de Lille. Auteur, co-auteur ou directeur d’une trentaine d’ouvrages. Producteur de trois Masterclass sur Udemy : "Les fondamentaux de la puissance" ; "Pourquoi les données numériques sont-elles géopolitiques ?" par Kévin Limonier ; "C’était quoi l’URSS ?" par Jean-Robert Raviot.
Comment la population de l’UE27 peut-elle augmenter alors que depuis au moins une décennie le nombre de décès est généralement supérieur aux naissances ? Faute d’une natalité supérieure aux décès, l’UE maintient une croissance totale légèrement positive grâce à l’immigration. Un graphique commenté.
LA PUISSANCE relative d’un espace repose sur trois grands fondamentaux : le territoire, la population et le désir de puissance.
Depuis 2012, le taux de variation naturelle (naissances vivantes moins le nombre de décès) [1] de la population pour 1000 de l’UE27 est systématiquement nul ou le plus souvent négatif. Jusqu’à -2,8 pour 1000 en 2022. Autrement dit, depuis une décennie, à l’échelle de l’UE, il y a généralement plus de décès que de naissances.
Pourtant, le taux de variation de la population (différence de l’effectif) [2] est resté légèrement positif, entre 1,4 et 3,2 pour 1000 ; sauf en 2020 et 2021, probablement en partie à cause de la Covid 19.
Comment expliquer que le taux de variation de la population dans l’UE27 reste généralement positif alors que le taux de variation naturelle est depuis 2012 nul ou le plus souvent négatif ? Autrement dit comment la population totale de l’UE27 peut-elle - sauf en 2020 et 2021 - augmenter alors que depuis une décennie le nombre de décès est généralement supérieur aux naissances ?
Réponse, c’est le taux de solde migratoire [3]- le rapport entre la migration nette et la population moyenne - qui depuis une décennie permet de garder un taux de variation de la population légèrement positif. Faute d’une natalité supérieure aux décès, l’UE maintient une croissance totale légèrement positive grâce à l’immigration.
A vrai dire, il s’agit de l’accentuation d’une dynamique bien antérieure à 2011. En effet, c’est « Depuis le début des années 1990, (que) le solde migratoire est (…) le véritable moteur de l’accroissement total de la population de l’espace UE-27, d’autant que les immigrants comptent une jeune composition par âge et favorisent la natalité » [4].
Il se trouve que depuis 2022, la relance de la guerre russe en Ukraine se traduit notamment par un bond du taux de solde migratoire à plus de 8 pour 1000 en 2022. Question subsidiaire : est-ce parce que cette guerre s’annonce longue que depuis le sommet de Grenade (2023) les pays de l’UE ont envisagé une réduction des autres apports migratoires ? Quoi qu’il en soit, la relance de la guerre russe en Ukraine contraint l’UE à se poser – enfin – la question de la puissance. Penser à améliorer les moyens de défense des pays de l’UE est une nécessité, mais ne pas intégrer les dynamiques démographiques serait une erreur.
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[1] Eurostat : « Le taux de variation naturelle de la population est le rapport entre la variation naturelle de la population au cours de l’année (le nombre de naissances vivantes moins le nombre de décès) et la population moyenne du territoire en question au cours de cette année. Cette valeur s’exprime pour 1 000 personnes ».
[2] Eurostat : « Le taux de variation de la population est le rapport entre la variation de la population au cours de l’année (la différence de l’effectif d’une population au 1er janvier de deux années consécutives) et la population moyenne du territoire en question au cours de cette année. Cette valeur s’exprime pour 1 000 habitants. »
[3] Eurostat : « Le taux de solde migratoire plus ajustement est le rapport entre la migration nette (y compris des ajustements statistiques) au cours de l’année et la population moyenne du territoire en question au cours de cette année. Cette valeur s’exprime pour 1 000 personnes. La migration nette (solde migratoire plus ajustement) est calculée comme la différence entre la variation de la population totale et le solde naturel de la population. »
[4] Gérard-François Dumont et Pierre Verluise, « Géopolitique de l’Europe », éd. SEDES, Paris, 2009, p. 214. Cf le chapitre 11 – Démographie. L’UE demain : une maison de retraite à ciel ouvert ?
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