Docteur en histoire, ancien membre de l’École française de Rome et diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris. Maître de conférences à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne en histoire médiévale, il est également membre de l’UMR 8167, Orient et Méditerranée. Ses recherches portent en particulier sur l’histoire de la papauté et ses relations avec les mondes orientaux et asiatiques. Il est notamment l’auteur d’une Histoire de la papauté en Occident publiée dans la collection Folio Histoire.
Thomas Tanase développe de façon très documentée une analyse des dix années du pontificat de François, pour comprendre comment celles-ci, au-delà des qualités personnelles du pape argentin, ont débouché sur un échec stratégique majeur, aggravant l’impasse du monde catholique.
Cette étude commence par observer dans une première partie comment le Vatican du pape François reste inséré dans les réseaux de la mondialisation, luttant à l’Ouest contre les « populismes », c’est-à-dire contre un ensemble de mouvements très divers mais nourris d’un discours anti-élites et anti-système, qui, depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump en 2016, menacent de remettre en cause les règles du système international telles qu’elles se sont développées depuis les années 1990. T. Tanase montrera ensuite dans une seconde partie comment, pour compenser, la papauté se tourne vers des pôles extra-occidentaux d’équilibre, et notamment vers l’Eurasie de la Russie de Vladimir Poutine et de la Chine de Xi Jinping, politique mise en difficulté par la relance de la guerre russe en Ukraine depuis le 24 février 2022.
LE PAPE François, dix ans après son élection au trône pontifical en 2013, reste une figure populaire. Son avènement a suscité beaucoup d’espoir, et a donné l’impression d’un vent de renouveau, avec l’arrivée pour la première fois au sommet de l’Église catholique d’un pasteur venu des grandes métropoles du Sud – c’est-à-dire non seulement un pape venu d’un autre horizon que celui de l’Occident, avec son histoire et ses habitus mentaux et sociaux, mais aussi un pape habitué à côtoyer dans son quotidien toutes les religions et les communautés du monde. Cependant, les choses ne se sont guère améliorées pour l’institution pontificale depuis une dizaine d’années. Populaire en dehors, le pape François a de nombreux adversaires au sein du monde catholique. Il est souvent critiqué pour ses prises de position, tandis que la crise du catholicisme s’est aggravée. Surtout, à l’heure où l’affirmation de la Chine et le retour de la Russie ont finalement débouché sur un véritable conflit qui remet en cause les règles de la globalisation posées dans les années 1990, conflit dont la première grande bataille se joue actuellement en Ukraine, la diplomatie pontificale semble ne plus savoir quoi faire.
Pourtant, on ne peut pas reprocher au pape François de ne pas avoir vu venir les choses : le pontife parlait déjà en août 2014 d’une troisième guerre mondiale « a pezzi », par morceaux, expression reprise solennellement lors des commémorations pontificales du centenaire de la Première Guerre mondiale [1]. Elle a été utilisée à de nombreuse reprises par le pape François, et notamment lors de la relance de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, même s’il a fini par se demander s’il ne faudrait pas « à présent parler de guerre totale » [2]. Il n’en reste pas moins que le pape François s’est retrouvé complètement débordé par l’invasion de l’Ukraine par la Russie de 2022 et l’accélération des événements qu’elle marque. Toute la diplomatie qu’il a mise en place depuis dix ans pour prévenir cette situation a été entièrement prise à contre-pied. Plus encore, le pape François se retrouve piégé par une contradiction fondamentale : celle entre le centre institutionnel, historique de l’Église catholique, qui reste situé dans un Occident de moins en moins chrétien, recompacté, au moins pour le moment, par la guerre en Ukraine, et la réalité d’un cœur du monde catholique qui bat de plus en plus du côté des pays du Sud et dont François est si bien le représentant. Or l’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Inde ou la Chine se sentent peu impliqués émotionnellement dans le conflit ukrainien, alors qu’ils se rappellent encore très bien, sans même remonter jusqu’au colonialisme, le bilan des coups d’État, des changements de régime ou des guerres « humanitaires » promues par l’Occident. Plus encore, nombre de ces pays semblent voir dans les événements actuels la possibilité de secouer l’ordre de la globalisation atlantique telle qu’elle a été imposée depuis les années 1990, et qu’ils n’ont souvent accepté que de manière contrainte et forcée. Une réalité que les pays occidentaux se sont efforcés de ne pas voir, mais dont le pape argentin avait fait un axe majeur de sa géopolitique jusqu’à l’invasion russe de 2022.
L’article suivant fera donc une analyse des dix années du pontificat de François, pour comprendre comment celles-ci, au-delà des qualités personnelles du pape argentin, ont débouché sur un échec stratégique majeur, aggravant l’impasse du monde catholique. Cependant, il s’agit ici d’aller au-delà des analyses habituelles se contentant de suivre le cours des événements et d’appliquer en permanence à l’Église une grille de lecture reposant sur l’opposition entre « progressistes » et « conservateurs », qui n’est pas fausse mais qui reste à la surface des choses. Faute de s’articuler avec une réflexion sur la diversité géographique, culturelle du monde catholique, elle finit par ressembler souvent à une analyse opposant les « gentils » et les « méchants », pour reprendre le langage du pape François. Cette étude commencera donc par regarder dans une première partie comment le Vatican du pape François reste inséré dans les réseaux de la mondialisation, luttant à l’Ouest contre les « populismes », c’est-à-dire contre un ensemble de mouvements très divers mais nourris d’un discours anti-élites et anti-système, qui, depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump en 2016, menacent de remettre en cause les règles du système international telles qu’elles se sont développées depuis les années 1990. Cette étudemontrera ensuite dans une deuxième partie comment, pour compenser, la papauté se tourne vers des pôles extra-occidentaux d’équilibre, et notamment vers l’Eurasie de la Russie de Vladimir Poutine et de la Chine de Xi Jinping, politique mise en difficulté par l’actuelle guerre en Ukraine.
L’étude de la géopolitique de l’Église du pape François se devra de la sorte d’illustrer comment les difficultés actuelles du catholicisme s’articulent avec les problématiques engendrées par la crise des pays occidentaux et la transformation de l’ensemble du système mondial. Le pape François mène en effet cette politique d’équilibriste parce qu’il doit lui aussi faire face à des repères qui se brouillent avec l’ouverture d’un nouveau cycle historique, lequel verra probablement à terme l’émergence d’un système international très différent de celui d’un monde dominé par la seule globalisation anglo-saxonne. Or ce nouveau cycle risque d’entrainer par la force des choses au moins en partie un changement de vision du monde, d’organisation des sociétés, un bouleversement porté par les nouvelles puissances en train d’émerger – un mouvement auquel l’Église catholique, en raison de son caractère mondialisé, est très sensible. En ce sens, le pape François rencontre vraiment une époque, qu’il incarne aussi à travers ses tâtonnements et ses hésitations, annonciatrices des nouvelles recompositions à venir.
Le pape François a été élu dans un contexte de forte crise du catholicisme, symbolisé par la renonciation inédite en 2013 du pape Benoit XVI, lequel incarnait à la perfection une ancienne manière d’être européenne, mise à mal par les mutations sociales en cours dans les pays occidentaux eux-mêmes. Dans le sillage des réformes portées par le concile de Vatican II, et d’une perte de sacralité évidente de la part de l’Église, la pratique en Europe s’est effondrée, et le catholicisme n’y existe plus comme fait culturel majeur : l’Europe apparaît comme un continent post-chrétien. Le lien que l’Église catholique avait avec les classes dirigeantes et la culture politique européenne s’est progressivement dissous. En fait, l’accélération des mutations portées par la nouvelle révolution en cours, technologique, sociale et culturelle, déstabilise des sociétés en pleine mutation, qui perdent leurs repères traditionnels sans être capables pour l’instant de reconstruire une autre manière de faire corps, d’unir les populations ou de mettre en place des politiques publiques capables de reconstruire une forme de bien commun.
S’il peut sembler plus dynamique aux Etats-Unis, le catholicisme s’y organise néanmoins sur un modèle de plus en plus communautariste, qui est en train de s’exporter à l’Europe. Dans un pays où la foi religieuse n’est plus, comme ce fut longtemps le cas, une norme sociale, et où le christianisme décline rapidement auprès des nouvelles générations, des communautés ferventes, militantes, souvent plus jeunes et en rupture avec le catholicisme bien-pensant de leurs aînés, assument pleinement leur caractère minoritaire, et s’investissent dans les « culture wars » américaines en tant que groupes d’actions mobilisés, capables de mener des actions de « lobbying » autour de thèmes conservateurs. Mais ce faisant, c’est tout un savoir-faire social et politique catholique héritier de la grande histoire européenne qui est en train de disparaître, avec son rapport particulier à l’État, à l’universalisme, à l’idée du catholicisme comme un fait social global, ayant vocation à réunir comme un corps commun l’ensemble d’une société. Ces nouveaux catholiques à l’américaine, quand bien même ils se réclameraient du conservatisme et de la tradition, participent ainsi eux aussi à ce qui est en fait une véritable mutation anthropologique, caractérisée par une chute du religieux sous une forme organisée dans les sociétés occidentales, combinée avec la disparition des idéologies, des grands idéaux d’action collective, du sentiment patriotique ou d’appartenance à un État. Ils participent eux aussi à une évolution générale qui laisse la place à des sociétés de plus en plus atomisées, narcissiques et organisées autour de groupes de mobilisation communautaires ou minoritaires, sociétés qui font paradoxalement réapparaître, malgré tous leurs discours de paix et de tolérance, des clivages de classe extrêmement brutaux [3].
Dans ce contexte, le pape François incarnait une forme de réponse possible, celle d’une Église catholique s’appuyant sur la montée des pays du Sud, où le fait religieux est encore important et qui peuvent exporter cette religiosité aux pays du Nord à travers l’immigration, qu’il s’agisse de l’immigration latino-américaine aux Etats-Unis ou des différentes immigrations, notamment africaines, en Europe. Il ne s’agit pas seulement d’un raisonnement géopolitique abstrait. Le pape François a été élu par un collège cardinalice désormais ouvert sur tous les continents, ce qu’avaient voulu Jean-Paul II et Benoît XVI. Celui-ci, à travers une alliance entre les cardinaux latino-américains, la partie progressiste et européenne du conclave, et une partie des cardinaux américains a désiré explicitement en 2013 rompre avec une Église dirigée par les « Italiens » en plein scandale, avec notamment en ligne de mire le secrétaire d’État de Benoît XVI, Tarcisio Bertone, auquel Benoît XVI était resté fidèle bien qu’il soit accusé de tous les maux [4]. La question se croisait d’ailleurs avec les remous de la politique italienne, alors que Silvio Berlusconi venait d’être chassé du pouvoir en novembre 2011 sur la pression des partenaires internationaux de l’Italie. Un mouvement auquel la presse et le monde catholique italiens avaient participé, laissant la place à Mario Monti, un ancien commissaire européen à l’apparence austère passé par le monde de la finance et également bien introduit dans les sphères catholiques, selon une formule qui avait déjà été celle du grand adversaire de gauche de Silvio Berlusconi, Romano Prodi [5].
Si en principe Benoît XVI avait abdiqué parce qu’il ne se sentait plus physiquement en état d’assumer sa charge, il l’a fait dans un contexte où les scandales étaient en train de se multiplier, notamment, encore une fois, autour de la « Banque du Vatican », l’Institut pour les œuvres de religion [6]. Par sa personnalité, François incarnait l’arrivée au Vatican d’un autre monde, celui des quartiers pauvres de Buenos Aires, refusant les formalismes et les modes compassés de la Curie pontificale. Au-delà, son arrivée sur le trône de saint Pierre devait aussi ouvrir la porte à une réforme en profondeur du monde romain, renouvelé par un personnel venu des nouveaux horizons du catholicisme, latino-américain et anglo-saxon. Les mutations démographiques du catholicisme, faisant de plus en plus passer son centre au Sud ont ainsi abouti à l’arrivée à Rome de ce mouvement cherchant à déplacer l’axe institutionnel du catholicisme, autrefois centré sur l’Italie puis élargi à l’époque du concile de Vatican II à l’Europe des six, qui reprenait à sa manière la vieille carte de l’Europe carolingienne. De fait, une des transformations les plus spectaculaires apportées par François au cours de son pontificat aura été la poursuite de l’internationalisation du collège cardinalice. Plus encore que le fait de multiplier les nominations venues de toute la planète, le plus symbolique est peut-être la rétrogradation des sièges des grandes villes italiennes ou européennes [7]. Ainsi, ni Paris, ni Milan ne donnent plus comme autrefois automatiquement le droit au titre cardinalice, ce qui a parfois donné lieu à des remarques ironiques de la part de l’archevêque de Milan lui-même [8].
Le pape François n’est en effet pas très intéressé par l’Europe, qu’il connaît mal. Il n’a que très peu résidé en Europe avant sa désignation comme pape et il est significatif de voir qu’en fait, au-delà de quelques mots, il n’est à l’aise ni avec le français, ni avec l’anglais, ni avec l’allemand, ce qui tranche avec ses prédécesseurs. C’est sans doute dans le même ordre d’idée qu’il faudrait inscrire son refus ostentatoire de tout l’appareil d’État du Vatican. Le pape François montre tous les jours qu’il abhorre les pompes vaticanes héritées de la tradition monarchique européenne. François a préféré rester dans la résidence de Sainte-Marthe, plutôt que d’occuper les appartements pontificaux du Vatican, et ne manque pas d’invectiver le carriérisme des prélats [9]. Il n’a cessé de montrer sa volonté de s’affranchir des règles de communication et de diplomatie de l’appareil d’État du Vatican, ce qui là aussi est une manière de montrer une différence qui finit par poser des problèmes.
Nombreux sont ceux qui se plaignent d’une diplomatie à deux têtes. D’une part, celle de Sainte-Marthe, la résidence de François, très latino-américaine, jésuite, et, aux yeux de certains, brouillonne ; de l’autre, la secrétairie d’État, dominée par un appareil d’État plus traditionnel [10]. La communication de François, qui délaisse les relais habituels de l’appareil de communication du Vatican ou de la presse catholique, est faite d’entretiens fleuves très libres, soit avec des interlocuteurs privilégiés comme Antonio Spadaro de la Civiltà cattolica, soit avec toutes sortes de médias dits « mainstream ». Le pape François se plaît à dire dans ses discours officiels parfois tout autre chose que les textes qui lui avaient été préparés, ce qui met dans l’embarras les organes de presse du Vatican, qui en arrivent dans certains cas à faire disparaître les propos tenus dans leurs comptes-rendus [11]. Les couloirs du Vatican résonnent souvent des colères et des propos très colorés du pontife argentin, lequel a aussi parfois du mal à maîtriser son mécontentement en public, un défaut qu’il a par ailleurs reconnu. Le paradoxe est que, dans un contexte difficile et face à de multiples oppositions, les décisions de François, qui reste le souverain de l’État du Vatican et de l’Église catholique, peuvent aussi sembler dans certains cas très brusques et les disgrâces subies par certains de ses proches ressemblent parfois aux disgrâces des grands ministres d’Ancien Régime [12].
L’Église catholique, parce qu’elle est aussi mondiale, croise deux aspects : la mission et la géopolitique. La volonté de réforme du pape François, qui est manifeste, repose également sur son désir de voir les pays du Sud influencer l’Église catholique et y insuffler leur dynamisme, et ce dans un monde aujourd’hui élargi et globalisé, pour lequel l’Europe fait de plus en plus figure de zone de crise et d’immobilisme, vivant sur ses rentes issues du passé. La dénonciation du cléricalisme, du capitalisme, l’alliance du pape avec les pouvoirs libéraux occidentaux ont nourri l’image d’un pape lui-même progressiste. De fait, le pape François est arrivé sur le trône de saint Pierre comme un candidat de compromis. Les conservateurs ont beaucoup parlé du soutien du groupe de Saint-Gall, animée par le cardinal Carlo Maria Martini, mort en 2012 [13], groupe qui aurait d’ailleurs déjà lancé la candidature de Bergoglio en 2005 contre le futur Benoît XVI. Les conservateurs se sont en effet vite montrés hostiles à ce pape au style si particulier, qui a immédiatement investi des thèmes jugés progressistes et s’est montré beaucoup plus en phase avec les gouvernements « libéraux » occidentaux qu’avec ceux conservateurs ou « populistes ». Il est vrai que le pape François a multiplié les provocations dès sa montée sur le trône pontifical, qu’il s’agisse de ses déclarations critiques envers le capitalisme, de son discours en faveur des pauvres, ou de sa photo auprès d’un Evo Morales remettant un crucifix en forme de faucille et de marteau à un François quelque peu gêné. Ces actes lui ont valu l’opposition immédiate d’une partie des milieux conservateurs américains, qui n’ont pas accepté ses prises de position anti-capitalistes [14], lesquelles à vrai dire ne sont pas entièrement nouvelles, puisque ces mêmes milieux américains avaient déjà eu beaucoup de mal avec les considérations économiques développées par le pape Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in veritate de 2009 [15].
Le pape François a ouvert la voie à une transformation de la doctrine de l’Église catholique sur plusieurs points centraux, comme l’admission à la communion des divorcés remariés, l’acceptation de prêtres mariés, voire l’admission des femmes dans les ordres. Cependant, il a toujours œuvré très prudemment. Les deux synodes sur la famille de 2014 et 2015 n’ayant rien donné, le pape François a repris la question avec son encyclique Amoris Laetitiae qui n’avait rien de révolutionnaire, si ce n’est qu’elle laissait la possibilité dans une note de bas de page d’un meilleur accompagnement pastoral des divorcés remariés, qui pourrait aussi se faire dans certains cas par l’accès à la communion. Aucune décision ferme n’a été prise, ce qui a valu au pape François à la fois les attaques des conservateurs et l’accusation d’un manque de clarté. En fait, dans une situation où les résistances sont très fortes, le pape François a laissé la porte ouverte sans insister, attendant de voir ce qui allait se passer sur le terrain. De la même manière, le synode sur l’Amazonie convoqué par le pape François en 2019 avait proposé l’ouverture de la prêtrise aux hommes mariés et l’ordination de femmes diacres. Mais face aux résistances (exprimées notamment dans un ouvrage rédigé par le cardinal guinéen Robert Sarah avec tout un imbroglio autour de la signature conjointe de l’ouvrage par Benoît XVI), le pape François a renoncé à reprendre ces propositions dans son encyclique sur l’Amazonie, Querida Amazonia [16].
Une des actions du pape François a été de promouvoir un gouvernement plus décentralisé de l’Église, laissant par exemple aux conférences épiscopales le choix des textes liturgiques [17]. Le pape François a encouragé les différentes Églises à s’engager dans des chemins synodaux pour porter des propositions de réforme. Mais, débordé sur son côté progressiste par des groupes de pression déçus de sa prudence, il s’est montré peu enthousiasmé par la direction prise par le « chemin synodal allemand », qui se propose d’aller à Rome pour tout « démocratiser », c’est-à-dire imposer, au nom de la majorité, le choix de fidèles organisés en associations plus ou moins représentatives, et qui a fait de l’engagement au service des thèmes sociétaux en vogue son cheval de bataille.
Mais la difficulté reste de tenir ensemble une Église dans les faits de plus en plus diverse avec la montée en puissance de toutes les parties du monde. Si autrefois les initiatives venues d’Europe s’imposaient assez naturellement au reste de l’Église catholique, ce n’est justement plus le cas. Le clergé africain, capable désormais de se faire entendre, et qui a lui aussi ses représentants au sein de la Curie romaine, a été le fer de lance de l’opposition aux propositions annoncées pour les synodes organisés par François. Il le sera encore plus vis-à-vis de toutes les initiatives du genre de celles proposées par le chemin synodal allemand, qui rencontre également la vive opposition de l’appareil romain. La grande difficulté sera d’arriver à concilier tous ces points de vue dans le synode pour « une Église synodale » d’octobre 2023, autre étape dans ce processus, dont l’ordre du jour semble refléter les préoccupations occidentales de transformation du fonctionnement de l’Église [18]. François est resté prudent dans cette affaire, laissant là aussi les choses avancer à leur rythme : s’il a encouragé la démarche synodale et l’association des fidèles, le pape François a exprimé des rappels à l’ordre et parlé de limites, tout en évitant de censurer ce chemin synodal allemand et en laissant la voie ouverte [19].
Cela ne fait pas forcément du pape François un progressiste à l’occidentale. Il a condamné l’avortement avec des termes très crus, qui ont choqué les opinions publiques occidentales [20]. C’est qu’en fait, le pape François est surtout d’ailleurs, sud-américain, et aussi jésuite, c’est-à-dire doué d’un grand sens du pragmatisme au service de la foi. Il est à côté, sans y être complètement étranger, des oppositions entre conservateurs et progressistes à l’occidentale. Manifestement, la politique de François est plutôt d’encourager une évolution prudente, permettant de renouer avec le monde contemporain, mais sans vouloir mener une rupture avec la tradition de l’Église, à la différence de mouvements plus radicaux lesquels, à l’image de l’Église allemande, visent à une véritable déconstruction du passé, dont ils voient les prémices dans un concile de Vatican II qu’il faudrait à présent dépasser. C’est l’idée résumée par le cardinal Carlo Maria Martini, lui aussi jésuite, dans sa fameuse interview posthume de 2012 avec la formule « l’Église a deux cent ans de retard » [21]. Le pape François, qui cite régulièrement le cardinal Martini, partage certaines idées de ce mouvement : « L’Église est fatiguée dans l’Europe de l’abondance et en Amérique. Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes, nos maisons religieuses sont vides et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos vêtements sont pompeux » est une citation prise à la même interview posthume de Carlo Maria Martini, mais que l’on aurait très bien pu imaginer dans la bouche du pape François.
Cependant, plus que comme un idéologue ou quelqu’un qui aurait une politique bien définie, François se présente d’abord comme un prêtre de quartier passionné, dont le premier souci semble être d’insuffler un esprit de renouveau en faisant la promotion d’une autre manière de vivre le catholicisme et de gouverner l’Église, plus proche du terrain, moins formaliste, capable de rapprocher de l’Église ceux qui y sont étrangers ou qui s’en sont éloignés, dans un monde où l’Église ne peut plus parler ex cathedra pour imposer ses dogmes et un respect au moins à la surface de normes comportementales rigides – l’idéal du pape François est celui de cette Église hôpital de campagne, proche de ceux qui souffrent, c’est-à-dire dans le fond de tout le monde, sans prendre de grands airs ou tenir des grands discours moraux [22].
Le pari est ici, par ce nouveau souffle, de pouvoir dépasser les contradictions du monde contemporain. À cela s’ajoute une prudence toute jésuite, consistant à faire des ouvertures, lancer des ballons d’essai, mais sans s’engager formellement, en « laissant le temps au temps » pour faire le tri. En cela, François est aussi l’héritier d’une certaine idée de l’ordre jésuite qui a mené la Contre-réforme aux XVIe-XVIIe siècles en encourageant un nouveau souffle missionnaire, éducatif, artistique tout en renouant avec la spiritualité populaire, quitte à être accusé par ses adversaires, comme Pascal, de se montrer trop laxiste et trop indulgent envers les fidèles au regard des formalismes ecclésiaux de l’époque. Il est vrai que le pape François porte aussi l’empreinte de l’ordre jésuite contemporain, très marqué par les thématiques progressistes, en particulier sur le continent latino-américain, ce qui avait valu à l’ordre bien des démêlés avec Jean-Paul II. Il n’en reste pas moins que le pape François n’est pas tant un progressiste radical qu’un réformateur proposant de renouveler l’Église par une spiritualité proche de celle des pays du Sud, sans se sentir obligé de transposer l’intégralité du programme sociétal en vogue dans des pays occidentaux qui lui sont fondamentalement étrangers.
Enfin, il ne faut pas oublier un trait tout à fait singulier de la papauté de François : l’existence pendant presque dix ans d’un autre pape, Benoît XVI, retiré après sa renonciation dans le monastère Mater Ecclesiae au Vatican. Pendant toute cette période, la papauté de François a ainsi connu une sorte de contrepouvoir, servant de point de ralliement aux conservateurs, et continuant malgré tout à distiller un reste de tradition et de savoir-faire européen, alors que le pape François a continué à consulter régulièrement son prédécesseur, signe de sa prudence. Toutefois, l’opposition entre un François progressiste et un Benoît conservateur a aussi ses limites. En effet, la rupture la plus fondamentale, plus que toutes les décisions qu’a pu prendre François, a été la renonciation de Benoît XVI, qui est venue compléter un processus de fonctionnarisation des évêques et des cardinaux, désormais obligés de prendre leur retraite comme dans n’importe quel métier (à l’exception de celui d’homme politique…), ce qui est aussi une forme de désacralisation. Cependant, si le pontife peut dorénavant renoncer à sa charge, il est alors possible au parti des mécontents de mener des campagnes de déstabilisation avec l’espoir d’obtenir un changement de pape. Ce qui rend la situation du pontife encore plus instable, et de plus en plus soumise aux aléas politiques.
Mais les formes de contestations sociales, l’appel aux pauvres du pontife se sont faites sur un mode plus latino-américain qu’européen, dans un monde où le soutien aux pauvres et aux paysans ne signifie pas forcément le refus de l’Église, à la différence des gauches européennes forgées par les luttes laïques. En ce sens, un des grands mérites du pape François, en s’excentrant par rapport à l’histoire européenne, est aussi de sortir des schémas venus du XIXe siècle d’opposition entre une gauche sociale, laïque et un certain catholicisme rallié à la bourgeoisie et au monde de l’argent, replié sur l’ordre, la hiérarchie, le refus des mouvements populaires.
Cependant, le paradoxe ici est que l’esprit post-européen du pape François est à vrai dire tout à fait en adéquation avec l’esprit du temps en Europe même. Il y rencontre parfaitement les tendances actuelles de l’Église catholique d’après le concile de Vatican II, lorsque celle-ci, notamment sur le vieux continent, met en avant sa volonté de rompre avec « l’héritage constantinien », c’est-à-dire avec tout l’héritage politique et institutionnel européen traditionnel. Le pape François est encore tout à fait en phase avec l’importante communauté de Sant’Egidio, un de ses grands soutiens, et la volonté de celle-ci d’incarner un christianisme ouvert, post-constantinien et soixante-huitard, capable de faire le pont entre un catholicisme occidental ouvert et les mondes non-occidentaux. Le pape François est aussi le pape d’un certain déclassement européen qui s’est accéléré les dernières années, qui se traduit par la perte d’influence sur le plan international de la langue ou des modèles historiques, sociaux, de pays comme la France, l’Italie et même dans le fond l’Allemagne, dont les classes dirigeantes et les populations des métropoles, sur l’élan de la contestation soixante-huitarde des modèles traditionnels, se sont converties à l’utopie de sortie de l’histoire par la construction européenne, à la gouvernance anglo-saxonne et à la promotion des phénomènes communautaires, à rebours de leurs populations jugées « réfractaires ».
Le pape François peut d’autant plus être un pape de la sortie des luttes sociales et ecclésiales du XIXe siècle qu’en Europe même, les cultures de gauche et de droite à l’ancienne se sont liquéfiées pour se fondre dans un régime à consensus unique des classes dominantes, ayant le monopole du cœur et de la raison, opposé aux « populismes » taxés d’égoïsme et de passions mauvaises. D’une certaine manière, on pourrait dire que la papauté, autrefois si liée à l’Europe, a choisi de faire le grand bond en avant vers une transformation sur des modèles extra-européens au moment où les nations européennes commencent elles-mêmes à ressembler de plus en plus à des États sud-américains [23]. Ces derniers, s’ils reposent sur un véritable patriotisme populaire, ont néanmoins souvent été formés et dominés par des élites libérales à l’européenne, relativement séculières, auxquelles se sont éventuellement ralliées des classes possédantes conservatrices. En échange, en dehors des expérimentions menées par les dictatures à la Juan Péron, avec leurs limites, ils n’ont pas réussi à construire de grandes politiques sociales capables de créer un sentiment de solidarité collective, ni à développer les infrastructures nécessaires pour mettre en place un modèle industriel. Ils ont surtout échoué à créer un sentiment d’appartenance démocratique fort, à la différence de ce qui est passé en Amérique du Nord, en bonne partie parce que l’Amérique latine n’est jamais sortie de son statut périphérique envers les centres du monde européen et atlantique : ses classes dirigeantes ont toujours fait le choix d’envoyer leurs enfants et leur argent aux Etats-Unis, comme le font désormais de plus en plus les classes dirigeantes de l’Europe continentale. Dès lors, l’Amérique latine, à l’image de ce qui commence à se produire dans certains pays européens, reste malgré toutes ses richesses et sa grande culture un continent d’États en faillite, d’émeutes, de violence sociale et de métropoles juxtaposant « gated communities » pour riches et quartiers défavorisés où des polices pourtant brutales hésitent à entrer.
Le pape François a bien quelque chose d’un pape Zorro parce qu’il évolue dans ce système mental, qui est dans le fond de plus en plus celui de toute la planète passée par les politiques de globalisation libre-échangiste, si l’on excepte tout au moins des pôles de résistance qui ont gardé une culture étatique et collective plus forte comme la Chine, la Russie, ou certains pays asiatiques comme le Japon, la Corée du Sud ou Singapour. Son monde conceptuel est celui des pauvres « campesinos » et des déshérités, auquel il semble assimiler les immigrés de toutes origines, et de classes possédantes injustes et hypocrites, y compris quand elles professent un catholicisme de bon aloi, auxquelles le pape François assimile manifestement les « yankees » et des classes dirigeantes européennes qui n’ont plus grand-chose de catholique. Il ne reste plus dès lors au pape qu’à se transformer en justicier masqué comme Don Diego de la Vega, pour combattre les riches possédants [24].
C’est ce qui explique pourquoi le pape François peut facilement être un compagnon de route des progressismes occidentaux dans leur projet post-étatique, tout en venant d’un tout autre univers. De la sorte, le pari de François, et de ceux qui l’ont élu comme pape, était que sans rompre avec la globalisation actuelle et avec les Etats-Unis ou l’Europe communautaire entrés dans une phase post-étatique et post-occidentale, l’Église aurait pu se réformer et valoriser sa position particulière : le pape dispose d’une popularité auprès des pays du Sud qu’aucun dirigeant occidental ne peut avoir. La papauté aurait pu ainsi se mettre en position d’être un grand médiateur, permettant aux pays occidentaux et extra-occidentaux de dialoguer, afin de faire évoluer en douceur la planète vers un cadre plus multilatéral, à la fois plus juste pour les peuples du Sud et plus à même de réguler l’économie et d’éviter les crises. Et de la sorte, elle aurait aussi pu encourager un regain d’intérêt pour le catholicisme et un renouveau de la foi, peut-être même dans les pays occidentaux.
En ce sens, depuis son avènement, la politique du pape François a été, littéralement, une politique altermondialiste, au sens que ce terme pouvait avoir dans les années 1990-2000. Cette politique consistait non pas à remettre en cause la mondialisation en tant que telle, dont il expliquait, en espagnol, dans le hall des Pères fondateurs à Philadelphie en 2015, « qu’elle n’est pas mauvaise, au contraire, la tendance à la globalisation est bonne, elle nous unit [25] », mais à promouvoir des instruments de gouvernance globalisée plus justes, ainsi que le dépassement des États, des frontières et des égoïsmes nationaux. Au demeurant, le pape François renouait ici avec ce qui avait été la diplomatie dans les années 1960-1970 de Paul VI, qu’il a d’ailleurs canonisé. En revanche, si Jean-Paul II ou Benoît XVI ont rapidement pris leurs distances avec l’ordre globalisé né de la chute de l’URSS (1991), dont ils ont été très critiques, ces deux papes restaient aussi très européens, et avaient du mal à incarner cette nouvelle Église tournée vers le Sud. Au contraire, le pape argentin, qui a vécu l’humiliation de la guerre des Malouines (1982), incarne aussi le ressentiment qui peut parfois être celui de pays du Sud pauvres et marginaux au regard du système occidental.
Le pape François, poursuivant sur la ligne de ses prédécesseurs, a pu investir encore plus de grandes thématiques globales, susceptibles de lui permettre de créer des convergences. La plus visible, dès les premiers jours du pontificat, a été celle du soutien aux migrants, qui était déjà un des thèmes de prédilection des papes précédents, mais à laquelle le pape François a donné une visibilité particulière : la première visite de son pontificat a été en 2013 sur l’île de Lampedusa, pour attirer l’attention sur la nécessité de secourir et d’accueillir les migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée. Cette visite a donné au pape l’occasion de dénoncer la « mondialisation de l’indifférence » [26], se faisant ici l’auxiliaire des ONG favorables à l’abolition des frontières, dont l’idéologie progressiste très marquée est par ailleurs peu amicale envers le catholicisme. C’est donc d’une manière très logique que le pape François a apporté un soutien appuyé au pacte de Marrakech sur les migrations promu par l’ONU en 2018 [27].
Le pape François a aussi investi avec passion les questions d’écologie, abordées dans son encyclique « Laudato si’ » de 2015. Cette thématique a été reliée par le pape François à celle du développement intégral, notamment à l’occasion du synode sur l’Amazonie, qui a permis d’unir la question de l’environnement avec celle de la défense des peuples premiers. Cependant, la présence de la statuette d’une divinité amazonienne de la fertilité, la Pachamama, lors d’une prière organisée dans les jardins du Vatican, a provoqué un nouveau scandale avec les conservateurs. Celui-ci s’est terminé presque comme dans une comédie italienne, lorsque des inconnus ont volé la statuette de l’église où elle était exposée pour la jeter dans le Tibre [28]. Le thème de l’environnement, de la défense de la planète Terre est certes très populaire aujourd’hui auprès des jeunes des pays du Nord peu intéressés par l’Église catholique, mais pour lesquels l’écologie peut parfois faire figure de religion de substitution, appelant chacun à se repentir et à changer de manière de vivre pour préserver la planète. Cependant, le thème écologiste est aussi tout à fait en consonnance avec les politiques préconisées par les grandes agences de l’ONU ou le forum de Davos, avec une ambiguïté : les militants verts, les grandes institutions internationales et les gouvernement occidentaux lient la question écologique à celle du surpeuplement et du contrôle des naissances, en opposition avec les positions officielles de l’Église catholique et sa crainte de voir de telles politiques aboutir à des politiques eugénistes.
Parallèlement, la mise en place en 2014 du fameux conseil des neufs cardinaux, le G9, destiné à réformer le gouvernement curial, ouvert à des représentants de tous les continents, était déjà une manière de vouloir réformer la Curie romaine de ses penchants italiens. Le personnage clé était ici le cardinal australien George Pell, parallèlement promu à la tête d’un nouveau Secrétariat pour l’économie destiné à superviser les différents services du Vatican et leur imposer les normes de gestion économiques anglo-saxonnes, un effort généralement bien accueilli dans les cercles internationaux. Sans vouloir entrer dans les détails d’une guerre de l’ombre racontée par ailleurs [29], il ne fait pas de doute que les résistances ont été nombreuses. Les scandales n’ont pas cessé, et les résultats de ces réformes ne semblent guère concluants pour l’instant. Nombreux sont ceux qui pensent que les accusations de pédophilie contre le cardinal George Pell, qui l’ont obligé à rentrer en Australie en 2016, et qui lui ont valu un an d’emprisonnement avant d’être finalement exonéré, avaient quelque chose à voir avec cette guerre de l’ombre.
Comme un symbole de cette influence croissante des grandes institutions financières anglo-saxonnes, le pape François a mis en place en 2020 afin de soutenir sa vision de l’économie un « Council for Inclusive Capitalism », dont les « advisors », « stewards » et « allies » représentent une sorte de « Who’s who » des grandes firmes et institutions transnationales [30]. C’est sur la base de ce partenariat qu’a été lancée en 2020 la « Economy of Francesco », qui prend son nom du « Poverello », le saint qui a refusé les richesses par excellence, une institution destinée à mettre en œuvre la vision du pape François, notamment à travers des rencontres organisées chaque année à Assise. [31] Au total, on pourra donc dire que le pape François est bien resté un partisan de la mondialisation, continuant d’y impliquer plus que jamais les autorités vaticanes, tout en voulant en dénoncer et corriger les travers. C’est ce qui explique pourquoi il a été assez naturel pour les institutions vaticanes de se rallier au vaste mouvement d’opposition à un Donald Trump qui voulait au contraire restaurer les frontières et une forme de contrôle souverain sur l’économie.
Le catholicisme est devenu durant les dernières décennies un enjeu majeur de la société américaine, signe de sa transformation [32]. L’association entre la Maison Blanche et le Vatican a joué un rôle important dans la géopolitique globale depuis la Seconde Guerre mondiale, en particulier à l’époque de Ronald Reagan et Jean Paul II. Le pape François est monté sur le trône pontifical dans un monde où Barack Obama était le président des Etats-Unis (2009-2017). Sa politique d’altermondialisme compatible avec la globalisation anglo-saxonne était pensée dans ce cadre. Quoique le Parti démocrate américain ait été déjà en pleine mutation sociétale, et que Barack Obama ne montrait guère de sympathie pour un électorat catholique qui avait été longtemps démocrate, des convergences ont pu immédiatement se mettre en place. La visite du pape François à Cuba en 2015 (avant de se rendre aux Etats-Unis) et son passage à La Havane en 2016 étaient parallèles à la politique de rapprochement avec Cuba menée au même moment par Barack Obama. Bien que la candidature d’Hillary Clinton ait marqué une prise de distance encore plus grande avec le monde catholique, le pape François, fait rare, n’avait pas hésité à marquer sa préférence, déclarant lors des mois précédent l’élection qu’« une personne qui pense uniquement à ériger des murs, où que ce soit, et non à créer des ponts, n’est pas chrétienne » [33].
Il était peut-être raisonnable sur le papier de penser en 2016 que la papauté saurait néanmoins composer avec l’Amérique de Donald Trump dans un scénario de retour des États [34], mais c’est une tout autre réalité qui a prévalu. Donald Trump a été confronté à une véritable révolte des milieux libéraux, médiatiques et de l’appareil d’État américain, caractérisée par les enquêtes à répétition et les procédures d’ « impeachement ». Or l’Église du pape François a joué sa partition dans cette histoire, et ce alors que son poids institutionnel est devenu très important dans la société américaine, lié à une montée en force des populations catholiques, surreprésentées par exemple dans le personnel politique dans les deux grands partis, démocrate et républicain. Cependant, la majorité des catholiques américains ont voté pour Donald Trump en 2016, et encore en 2020 [35], cette fois-ci avec une marge très faible reflétant un électorat divisé, à la fois par refus d’un progressisme sociétal toujours plus radical, mais aussi parce que beaucoup de ces catholiques américains appartiennent à la classe moyenne et au monde des « suburbs » dévastés par les politiques de libre-échange économique et délaissés par le Parti démocrate. Fait rare, le thème du catholicisme était même passé au premier plan de la campagne électorale de 2016 lorsque Donald Trump avait accusé Hillary Clinton de haïr les catholiques, tandis que les fuites d’e-mails de l’équipe de campagne de la candidate démocrate montraient qu’on envisageait dans son entourage d’organiser un « printemps catholique » pour réformer l’Église à travers la constitution en son sein d’associations favorables aux thèmes sociétaux démocrates [36].
Le pape François n’est cependant jamais revenu sur ses condamnations du « populisme » de Donald Trump. Déjà méfiant envers le zèle puritain et conservateur au sein de l’Église catholique américaine, le Vatican n’a jamais pu accepter les transgressions de Donald Trump et sa remise en cause de l’ordre globalisé. À cela s’ajoutait encore le vieux fonds romain et ultramontain d’une papauté se pensant au-dessus des nations et qui, déjà à l’époque de la monarchie française et de Philippe le Bel, a toujours eu du mal à accepter des souverains ou des États puissants, défiant son autorité, ce qui explique pourquoi l’institution pontificale a aussi une tendance naturelle à aller du côté de la mondialisation et des grandes organisations internationales, tendance évidemment encore plus prononcée lorsqu’elle s’est retrouvée confrontée à un patriotisme américain issu d’une matrice non-catholique et ce alors que le pape lui-même est un Argentin plus que méfiant envers l’impérialisme du grand voisin du Nord.
Dès lors, le pape François a promu aux Etats-Unis des prélats refusant d’être des « cultural warriors », comme par exemple en 2014 l’archevêque de Chicago Blase Cupich, particulièrement proche de François, ou l’archevêque de Newark, Joseph Tobin. Des évêques portés au compromis avec le Parti démocrate, nonobstant la question de l’avortement, et qui ont souvent cherché à détacher les catholiques américains d’un soutien automatique à Donald Trump [37]. Le nouvel archevêque afro-américain de Washington, Gregory Wilton, a exprimé des prises de position clairement hostiles à Donald Trump dès son investiture en août 2019, tranchant avec la pratique habituelle des prélats d’éviter toute prise de position politique aussi ouverte [38].
La guerre a pris une tournure particulièrement violente lorsque l’ancien nonce apostolique du Vatican aux Etats-Unis, Carlo Maria Viganò, qui avait été apprécié du côté de la conférence épiscopale américaine pour son alignement conservateur [39], a accusé publiquement en 2018 le pape François (et les différents secrétaires d’État du Vatican) d’avoir couvert les activités pédophiles de l’ancien cardinal et archevêque de Washington, Theodore McCarrick, se heurtant aux dénégations immédiates des défenseurs du pape François [40]. Si ces accusations voulaient manifestement surfer sur la vague des scandales pédophiles, et ont vite été mises à mal, elles ont néanmoins rappelé le rôle central de McCarrick dans le monde washingtonien, son impressionnante capacité de leveur de fonds et ses liens avec Rome, ainsi que l’étonnante protection dont il a longtemps bénéficié.
L’attaque de Viganò, qui demandait sa démission au pape François, prenait place dans la formation de tout un parti au sein des réseaux Trump, incarné notamment par la figure de Steve Bannon (qui a néanmoins officiellement adopté une position plus nuancée lorsque sont apparues les attaques de Viganò [41]), désireux de mener la guerre au pape François et de développer ses réseaux en Europe. De fait, Viganò est aussi un fervent défenseur de Donald Trump, qui n’a cessé d’aller toujours plus loin et de se mettre hors-jeu dans sa mise en accusation du « globalisme » et ses réseaux occultes, notamment au moment de l’épidémie de COVID-19 ou de la défaite de Donald Trump en 2022. Au-delà de Viganò, l’atmosphère est plus empoisonnée que jamais au sein de l’Église catholique, alors qu’une partie des adversaires conservateurs du pape, de l’Amérique à l’Europe, n’hésitent pas à utiliser les attaques personnelles et les rumeurs sur la vie privée pour discréditer leurs adversaires, en les croisant avec un discours sur la trahison du sommet de l’Église qui fait écho au discours trumpiste : les « culture wars » sont bien entrées au sein de l’Église catholique, chaque camp n’ayant aucun scrupule à utiliser de plus en plus ces méthodes de délation et de scandales sexuels, et ce d’autant plus qu’il est maintenant acquis qu’un pape peut se démettre sous la pression.
C’est ce parti « américain » qui a été dénoncé en France par le livre de Nicolas Senèze en 2019, qui faisait le portrait d’un monde catholique libéral et progressiste soudainement agressé par une Amérique réactionnaire, dans le fond de par son essence même toujours un peu trop puritaine et nationaliste, une Amérique voulant organiser un coup d’État au Vatican [42]. Mais de fait, la réaction du pape François lorsqu’il a été interrogé au sujet de l’ouvrage de Senèze, a bien été de dire : « si les Américains m’attaquent, c’est un honneur » (et on remarquera la globalité de son expression, où il parle bien des Américains en général) [43]. Et la vision de Senèze rencontre bien une peur que l’on trouvait à Rome, et en particulier du côté de la « Civilta cattolicà » du père Spadaro, celle d’un monstre conservateur trumpiste, fondamentaliste, nationaliste, hostile au reste du monde, porté au culte de l’État et de l’homme fort – aux antipodes de tout ce que le catholicisme a promu depuis les années de Vatican II [44].
Toutefois, ni les Américains, ni même les conservateurs ne forment un bloc, tandis que seul un nombre réduit d’évêques américains à repris les dénonciations de Viganò. D’une manière générale, la conférence épiscopale états-unienne sous la direction en 2018 de José Gómez, un archevêque de Los Angeles venu des rangs de l’Opus Dei, n’était certainement pas dans les meilleurs termes avec le pape François, et encore moins avec le Parti démocrate américain. Cependant, José Gómez, un Mexicain naturalisé américain à l’âge de quarante-quatre ans, n’était pas non plus, loin s’en faut, un enthousiaste de la politique migratoire de Donald Trump, contre laquelle il a régulièrement manifesté. Les néo-conservateurs catholiques n’ont jamais été non plus de grands amis de Donald Trump, et même parfois des adversaires déclarés, comme en témoigne par exemple l’influent Georg Weigel, détestant le style du président américain, et lui reprochant, comme au pape François d’ailleurs, une politique trop accommodante avec la Russie de Vladimir Poutine, notamment sur l’Ukraine [45]. Le monde conservateur, de Rome à Washington est toujours resté très divisé, reflétant d’ailleurs la réalité d’un Parti républicain américain à l’ « establishment » parfois très néo-conservateur, qui ne s’est rangé que contraint et forcé derrière Donald Trump, en décalage avec l’engouement suscité par celui-ci auprès des milieux populaires.
La lutte s’est cependant étendue à l’ensemble du continent américain. Le thème de la lutte contre la déforestation amazonienne ou de la défense des peuples premiers de la région, était au cœur du synode sur l’Amazonie cher à François, annoncé en 2017. Mais lorsqu’il s’est tenu à Rome en 2019, le nouveau président brésilien était Jair Bolsonaro, dont un des grands axes politiques était de refuser de se laisser dicter depuis l’extérieur ses politiques sur l’Amazonie. Bolsonaro était surtout un président évangélique, proche de la ligne de Donald Trump, symbolisant le recul du catholicisme au Brésil, en partie aussi en raison des discours sociaux tenus par celui-ci et sa préférence donnée aux pauvres, avec des accents indigénistes, par opposition à la « théologie de la prospérité » promue par les évangélistes. Même en Argentine, le pape François a été pris à revers avec l’arrivée au pouvoir en 2015 de Mauricio Macri, un conservateur libéral avec lequel les relations ont été notoirement mauvaises [46]. Les choses se sont détendues avec la victoire en 2019 d’Alberto Fernández, soutenu par Cristina Kirchner, qui cependant n’avait pas non plus eu une très bonne relation avec Bergoglio à l’époque où celui-ci se trouvait en Argentine. De fait, de manière très étonnante pour la population argentine, le pape François qui a largement parcouru l’Amérique latine depuis qu’il est devenu pontife ne s’est pas encore rendu une seule fois en visite officielle dans son pays d’origine, même si une visite est finalement prévue pour 2024. Cependant, malgré le fait d’avoir un pape venu du pays, les enquêtes d’opinion montrent un fort recul du catholicisme auprès des plus jeunes, non pas seulement en faveur de l’incroyance mais aussi des églises évangélistes. Par ailleurs, l’Argentine n’est pas exempte elle non plus de la montée de mouvements « populistes », incarnés en 2023 par la candidature à l’élection présidentielle de Javier Milei.
Enfin, le revers le plus spectaculaire a peut-être été la chute en 2019 d’Evo Morales, lui aussi souvent qualifiée de populiste, hostile aux Etats-Unis, mais qui pouvait passer pour l’interlocuteur préféré du pape François sur le continent [47], en raison de son discours pro-indien et contre l’injustice sociale. Mais Evo Morales, cherchant à contourner la Constitution afin de se faire élire pour un mandat supplémentaire, a été renversé en 2019 par un coup d’État mélangeant l’habituelle intervention des appareils militaires et policiers et les techniques des révolutions colorées de l’espace post-soviétique. La nouvelle présidente, Jeanine Áñez, soutenue par la conférence épiscopale bolivienne, très critique envers Morales, s’est immédiatement réclamée d’un catholicisme plus libéral et conservateur, en plus de vouloir se rapprocher des Etats-Unis et de l’Union européenne.
L’Église du pape François a joué sa partition dans la campagne électorale états-unienne de 2020, où Donald Trump a essayé de jouer la carte religieuse comme il l’avait fait avec succès en 2016. Le refus de la part de l’archevêque de Washington Gregory Wilton d’assister à la venue de Donald Trump dans un établissement catholique lié aux Chevaliers de Christophe Colomb le 2 juin 2020 afin de promouvoir un acte de défense des libertés religieuses a été un signe clair. La venue de Trump était la conséquence des émeutes liées mouvement « Black Lives Matter » qui avaient dégradé et parfois brûlé des Églises catholiques à travers tout le pays [48], sur fond d’une détestation croissante des christianismes par les jeunes populations progressistes des campus universitaires. Les émeutes contre la Maison Blanche à cette occasion s’étaient notamment terminées par l’incendie d’une église protestante, visitée le 1er juin 2020 par Donald Trump, avant qu’il ne vienne promouvoir dans la foulée son acte sur la liberté religieuse du 2 juin, une démarche qualifiée de provocation par les médias : Wilton s’est en fait associé à cette critique et a montré le refus d’une partie de l’Église catholique de s’associer à Donald Trump.
Quelques mois plus tard, Wilton a été promu cardinal par le pape François, le 25 octobre 2020. Il a proclamé sa volonté d’ouverture envers Joe Biden au lendemain des élections [49]. Après tout, sur le papier, Joe Biden est le deuxième président catholique de l’histoire des Etats-Unis, et, tout en soutenant toutes les causes sociétales à la mode, il a régulièrement affiché sa foi, allant à l’église tous les dimanches. Cela a permis dans le contexte de 2020 à certains, peu à l’aise avec le style de Donald Trump, de présenter Joe Biden comme un président moral, croyant, plus proche de l’Église catholique qu’un Donald Trump à la vie privée foisonnante. Pour ces observateurs passant par pertes et profits les forces ayant porté au pouvoir Joe Biden et leur idéologie, la présidence Biden, désireuse de réconcilier l’Amérique, aurait eu besoin de l’Église du cardinal Wilton et de la capacité des catholiques à faire vivre ensemble les Américains des deux camps. Pour réussir, la présidence démocrate de Joe Biden aurait de la sorte été amenée à s’appuyer sur un « catholic moment ». L’élection de Biden, modèle de catholique modéré, aurait peut-être même été l’occasion d’une nouvelle idylle entre le Vatican et la Maison-Blanche, comme à l’époque de Jean-Paul II et de Ronald Reagan, afin de promouvoir un monde globaliste, multilatéral et progressiste de dialogue et de raison par rapport à l’égoïsme belliqueux des populistes [50].
Toutefois, l’attitude du cardinal de Washington n’a certainement pas été celle de toute l’Église catholique américaine. Le président de la conférence épiscopale américaine, Gómez, a félicité Biden pour son investiture dans un texte qui était avant tout un rappel critique des positions du nouveau président en matière sociétale [51]. L’attitude de Gómez a été à son tour condamnée par l’archevêque de Chicago Blase Cupich, lequel a été reçu dix jours plus tard par le pape François dans une visite surprise – un signal sans équivoque de la part du pontife quant à ses préférences en matière de politique américaine [52]. Le pape François a pu également avoir la satisfaction de voir la défaite électorale au Brésil de Jair Bolsonaro le 30 octobre 2022 face au candidat progressiste Lula, que le pape François avait reçu en audience en février 2020, trois mois à peine après sa sortie de prison. Si les évangélistes se sont mobilisés pour Bolsonaro, Lula a su jouer la carte catholique, affichant notamment sa proximité avec les franciscains du pays. La Bolivie avait montré la voie en 2020, avec l’élection du candidat soutenu par Evo Morales, Luis Arce. Jeanine Áñez et les organisateurs du coup d’État de 2019 ont été obligés de reconnaître leur défaite, avant d’être mis en prison par le nouveau pouvoir. L’Amérique latine est bien un autre champ de bataille où les options sociales et progressistes du pape François ont fait plus que résister.
Le pape François a fait le choix d’une association avec les relais d’influence d’une globalisation atlantiste, proches du Parti démocrate américain et ce dans un contexte où justement à cause de la radicalité des affrontements politiques depuis l’élection de Donald Trump, le Parti démocrate est arrivé au pouvoir avec un agenda sociétal qui était encore inimaginable quatre ans auparavant. La politique de l’administration Biden a en effet décidé dès son investiture de défendre comme des droits humains fondamentaux non-négociables le droit des femmes transgenres à concourir dans les compétitions sportives pour femmes, et celui de jeunes adolescents à se faire opérer pour changer de sexe, le tout sur le fond d’un discours insistant sur la nécessité d’éduquer les enfants dès le plus jeune âge sur ces thématiques.
Ainsi, loin d’être « un moment catholique », on peut difficilement imaginer un éloignement culturel plus profond entre le pouvoir américain actuel et l’Église catholique, signe de l’effondrement religieux en cours auprès des nouvelles générations des campus américains. En effet, tous les indicateurs le montrent : l’idée d’une Amérique religieuse est une idée du passé, alors que dans la génération des « millenials », le nombre des croyants (dont la grande majorité n’est pas pratiquante) et des incroyants est à peu près équivalent – et la dynamique va dans le sens d’un déclin continu du christianisme [53]. C’est d’ailleurs précisément parce que l’Église catholique américaine est perçue comme une force de blocage aux transformations sociétales qui sont devenues le marqueur idéologique du parti démocrate américain qu’elle fait de plus en plus l’objet de discours, et, parfois, d’actes hostiles.
En un sens, le Vatican du pape François, tout en montrant son influence, a été fondamentalement conservateur sur cette question, tentant d’arrêter les évolutions en cours aux Etats-Unis et dans le monde, pour en revenir à l’ordre d’une globalisation à l’ancienne, amendé, proposé par la papauté. Toutefois, le Parti démocrate de Joe Biden et l’atlantisme d’aujourd’hui n’ont plus grand-chose en commun avec ce qu’ils étaient du temps de John F. Kennedy, en plus d’être souvent très faucons et néo-conservateurs en termes de politique étrangère, à l’opposé des discours de négociation multipolaire de la papauté. Dès lors, le pape François, qui n’avait aucune envie d’en revenir à « America First » et à un monde dominé par les « yankees », a préféré acter l’affaiblissement américain du christianisme et la crise du modèle états-unien traditionnel, construit autour d’une culture protestante initialement très éloignée du catholicisme, malgré la place que celui-ci a pu y gagner les dernières décennies, le tout sur fond de déclin de l’hégémonie des Etats-Unis sur le monde. Le Vatican du pape François a continué de travailler avec les réseaux de la globalisation transatlantiques prônant parfois les valeurs les plus opposées aux siennes avec l’espoir de pouvoir les prendre à leur jeu pour faire naître des Etats-Unis plus latino-américains, et plus divers dans un monde multipolaire. Pourtant, les dernières enquêtes montrent que les latino-américains eux aussi vivent une chute de la foi, et se divisent chez les plus jeunes à peu près à moitié entre croyants et non-croyants, ce qui est d’ailleurs un signe de leur intégration à la société états-unienne [54].
Si le pape François a pu avoir la satisfaction de voir Donald Trump quitter le pouvoir en 2021, le catholicisme conciliateur du pape François se retrouve dépassé par la radicalisation au sein du camp progressiste. Le camp conservateur, très puissant institutionnellement, se retrouve lui aussi mis en grande difficulté par la crise religieuse américaine. Ensemble, progressistes et conservateurs états-uniens risquent de suivre avec quelques dizaines d’années de décalage le chemin de l’Europe, et, tout en restant puissants institutionnellement, voir leur influence dans la société s’effondrer. En échange, les données semblent indiquer que nombre de Latino-Américains (tout comme d’ailleurs un pourcentage non négligeable d’Asiatiques) ont rejoint le camp de Trump, lui donnant notamment la victoire au Texas ou en Floride en 2020 [55]. C’est d’ailleurs ce qui rend inopérant les discours faisant du mouvement de Donald Trump un simple mouvement nationaliste, réactionnaire et blanc, alors qu’il représente une rupture qui gêne le Parti républicain traditionnel et les conservateurs bon teint.
Donald Trump, qui a refusé de déclencher de nouvelles guerres à l’étranger pendant son mandat, était déjà l’ennemi déclaré d’un Mitt Romney ou d’un John McCain. Il est en fait très éloigné des positions des faucons américains et des défenseurs des interventions militaires permanentes. Sa rupture avec Mike Pence (un catholique devenu évangéliste) montre également toutes la différence qui le sépare des évangélistes « born again ». À sa manière, justement parce qu’il est « populiste », le mouvement incarné par Donald Trump est une autre forme de réponse inédite, se construisant sur le tas, à la mutation sociale en cours. C’est aussi la raison pour laquelle son histoire ne s’arrête pas avec le départ de Donald Trump de la Maison Blanche en 2021, alors que l’ancien président américain garde une base électorale importante appuyée sur cette nouvelle sociologie. On pourrait même faire l’analyse que par sa remise en cause du multilatéralisme et de l’interventionnisme américain, Donald Trump dessine une forme de recentrage de la puissance américaine et d’adaptation à l’inéluctable déclin relatif des Etats-Unis dans le système-monde dans les décennies à venir.
Le Vatican et l’ « establishment » catholiques se retrouvent ainsi, malgré des succès politiques ponctuels, en complet déphasage avec les mutations en cours dans le pays qui reste le centre du système mondial, mais où l’affrontement civil montant entre deux visions que tout oppose, le délabrement des métropoles, les phénomènes d’émeutes ou de criminalité anomique témoignent d’une situation de rupture. La situation actuelle ne peut donc pas être considérée comme une situation normale et durable à l’avenir. Elle annonce la réinvention d’un modèle américain selon des lignes encore à définir, et que personne ne maîtrise, mais dont l’évolution risque de devenir de plus en plus rapide avec l’accélération des crises et des conflits.
Les rapports du pape François avec le continent européen sont marqués par la même ambiguïté. Le discours de François au Parlement européen de Strasbourg de 2014 ne lui a pas valu que des amis, lorsque, au-delà de l’appel attendu à se tourner vers les migrants, le pape argentin n’a pas hésité à expliquer que « d’un peu partout on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante » [56]. Le défi a été d’autant plus ouvert que ces propos ont été tenus devant un Parlement européen prompt à chanter ses louanges et à se poser comme représentant le progrès et le sens de l’histoire, nonobstant son déficit démocratique.
C’est néanmoins bel et bien cette indifférence d’un pape François qui considère que les forces vives du catholicisme sont désormais en dehors d’un continent devenu stérile, uniquement tourné vers la consommation, qui explique pourquoi il a pu paradoxalement mener une politique d’alliance avec les différents gouvernements « progressistes » européens, qui avaient l’avantage d’être plus ouverts sur la question migratoire et de ne pas chercher à reconstruire des États-Nations forts. Le pape François est notoirement éloigné de la Hongrie de Viktor Orbán (2010 - ) ou de la Pologne du PIS (2015 - ) qui utilisent la référence chrétienne comme un élément d’identité nationale, avec le soutien d’une large partie de leur épiscopat. Il est aux antipodes des nouvelles chrétientés catholiques de l’Est nées sur les décombres du communisme et chéries par Jean-Paul II [57]. Il est vrai que leur souffle se lie aussi parfois avec un ultranationalisme, notamment en Pologne, lequel a également été exacerbé par la question des migrants chère au pape François, outre la thématique de l’affrontement avec la Russie.
En revanche, malgré ses critiques à l’Europe, les rapports du pontife n’ont pas été mauvais avec la Commission européenne dirigée par Ursula von der Leyen (2019 - ), venue du christianisme luthérien et très ouverte sur les questions de société. Si le manque d’intérêt du pontife est évident pour la France, qu’il ne s’est pas donné la peine de visiter pendant les dix premières années de son pontificat - si l’on excepte sa visite déjà mentionnée à Strasbourg en France, certes, mais visitée en tant que capitale européenne, il n’a pas fait de difficultés à s’entendre avec Emmanuel Macron. Il est vrai que l’arrivée à la présidence de la République française de ce dernier en 2017 a été un tournant qui a marqué le début d’un temps de reflux du mouvement « populiste » démarré en 2016 avec le Brexit et Donald Trump. Finalement, le pape François fera un séjour à Marseille les 22 et 23 septembre 2023 [58]. Il a cependant bien précisé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une visite officielle, mais d’un court séjour lié à sa participation à un colloque sur la Méditerranée et les migrants, quand bien même Emmanuel Macron a obtenu une rencontre qui n’était pas initialement pas prévue à l’agenda.
Le principal front de lutte a cependant été la péninsule italienne, en particulier lorsque s’est formée la coalition dite « populiste » entre le Mouvement cinq étoiles et le parti de la Ligue après les élections parlementaires de 2018. Celles-ci avaient marqué une véritable volonté de rupture de la part des électeurs avec les partis traditionnels et les politiques européennes suivies en particulier depuis le renversement de Silvio Berlusconi en 2011. Une partie plus progressiste du catholicisme italien catholique a pu avoir des sympathies pour le mouvement de Beppe Grillo, venu d’un horizon plus anti-ecclésial [59] tout en se réclamant, parfois sur le ton de la moquerie, du pape François et invité, non sans polémiques, à présenter son programme dans le journal catholique de référence Avvenire [60]. Le nouveau chef du gouvernement, Guiseppe Conte, choisi par le Mouvement cinq étoiles, venait du monde catholique (avec même un oncle capucin disciple du Padre Pio [61]), tandis que le leader du parti de la Ligue, Matteo Salvini, largement plébiscité par les électeurs catholiques en 2018, n’a cessé de mettre en scène sa foi. Le gouvernement Comte avait au moins un point sur lequel il allait dans la même direction que le pape François : le 23 mars 2019, à l’initiative de Guiseppe Comte, l’Italie signait à Rome un important accord pour intégrer les projets chinois de « nouvelles routes de la soie » [62]. Si l’on ajoute à cela le fait que Matteo Salvini, tout en étant proche de l’Amérique de Trump, ne cachait pas sa volonté de s’entendre avec la Russie de Vladimir Poutine, les options de ce nouveau gouvernement en matière de politique étrangère n’étaient pas forcément fondamentalement opposées à celles suivies au même moment par le pape François.
Mais pour beaucoup, le résultat des élections de 2018, qui marquaient l’échec de la ligne pro-européenne suivie par Mario Monti, Enrico Letta puis Matteo Renzi (venu à la politique par la démocratie chrétienne), était « une défaite de l’Église », pour le dire avec les mots d’Andrea Riccardi [63], fondateur et figure centrale du mouvement de Sant’Egidio, lequel en appelait au contraire dans la revue « Famiglia Christiana » à Emmanuel Macron pour sauver l’Europe communautaire. De fait, Emmanuel Macron, après son discours au collège des Bernardins du 9 avril 2018, a également rencontré Andrea Riccardi et les représentants de la communauté de Sant’Egidio (avec laquelle la France peut également coopérer en Afrique) lors de son voyage à Rome le 26 juin 2018, en appelant à la rescousse le spirituel pour vaincre les « peurs » populistes d’une manière qui n’est pas sans faire penser au discours tenu par les catholiques favorables à Joe Biden en 2020 [64].
Les autorités catholiques se sont dès lors rapidement jointes à la guérilla menée par les forces « progressistes » contre le gouvernement italien mis en place en 2018, et en particulier contre Matteo Salvini, en permanence critiqué par la presse catholique, et trop lié aux réseaux Trump. La revue « Famiglia Christiana » n’a pas hésité à afficher sur une de ses couvertures un titre « Vade retro Salvini » assez explicite [65]. Malgré ses ouvertures, Matteo Salvini n’a pas été reçu par le pape François, dont chaque appel à l’ouverture ou condamnation de l’indifférence a été immédiatement perçu comme une critique du leader populiste opposé à l’accueil des migrants.
Salvini a aussi été une cible de choix pour les grandes « marches pour la paix et l’accueil » organisées depuis 2015 dans la ville de Bologne, citadelle de la gauche italienne, à l’initiative notamment de celui qui venait d’être nommé archevêque de la ville, Matteo Zuppi, une étoile montante de la papauté de François. Zuppi, qui a la réputation d’être progressiste et ouvert sur les questions sociétales, est en effet aussi lié au mouvement de Sant’Egidio. Il est parfois présenté comme celui que le pape François voudrait voir lui succéder sur le trône de saint Pierre, ce qui lui a valu bien des inimitiés de la part du camp conservateur [66]. Matteo Salvini a enfin dû faire face à l’hostilité permanente du président Sergio Mattarella, dernier représentant de l’ancienne démocratie chrétienne, et qui a en particulier constamment protégé les intérêts de l’Union européenne lorsqu’ils étaient critiqués par le gouvernement de Guiseppe Comte. Lorsque Matteo Salvini s’est mis en scène au cours de la campagne des élections européennes de 2019 bible et rosaire à la main dans une manifestation à Milan où le pape François a été sifflé, il a été largement condamné par les autorités catholiques, y compris le secrétaire d’État Parolin, l’accusant d’instrumentaliser l’Église [67]. Finalement, après le large succès électoral de Salvini aux élections européennes de 2019, l’expérimentation d’une alliance entre les cinq étoiles et la Ligue, plébiscitée dans les sondages et les élections européennes, a pris fin. Guiseppe Comte a choisi de renverser les alliances et de faire un nouveau gouvernement avec le Parti démocrate de centre-gauche, qui avait déjà réussi à gouverner grâce à des alliances parlementaires de 2013 à 2018 malgré ses mauvais résultats électoraux.
Sans que rien ne soit prouvé, et peut-être parce qu’on prête beaucoup au Vatican, de nombreux observateurs ont vu dans ce retournement la main du Vatican et du secrétaire d’État Pietro Parolin, désireux de rapprocher l’Italie de la France de Macron, de l’Allemagne de Merkel et de la Commission européenne à la tête de laquelle venait d’être nommée Ursula von der Leyen [68]. Andrea Riccardi a écrit de son côté un article pour condamner le « national-catholicisme » en train de monter en Europe, rappelant également le cas de la Pologne, et pour expliquer qu’il était important pour l’Église d’éduquer ses ouailles sur ce thème [69]. La papauté a ainsi remporté un succès dans cette bataille italienne laquelle, après la France en 2017, a été un autre tournant important. Ces événements ont encore montré comment la France et l’Italie sont toujours des pièces essentielles dans le système-monde actuel, justement parce que ces deux anciennes puissances restent des nœuds d’où partent des fils multiples, alors que leur crise actuelle et leur situation de plus en plus périphérique les fait dangereusement glisser vers une situation de frontière fragile, sur la ligne de faille des grandes tensions géopolitiques, et les met à risque de devenir de potentiels points d’implosion du système atlantique.
Avec la crise du Covid-19, le deuxième gouvernement Comte a fini par être remplacé le 13 février 2021 par la mise en place d’une improbable union nationale de presque tous les partis autour de l’ancien directeur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, retournement complet du résultat des élections de 2018. La candidature de Mario Draghi avait été lancée lorsque celui-ci, juste après avoir été nommé à l’Académie pontificale des sciences sociales, a été invité en août 2020 à faire un discours inaugural aux accents de programme politique pour le Meeting de Rimini, un cycle de rencontres organisées depuis les années 1980 par le puissant mouvement milanais Communion et Libération, et qui marque la rentrée politique italienne [70]. Andrea Riccardi faisait lui aussi partie du nouveau gouvernement Draghi, en tant que ministre de la coopération. De fait, le pape François a eu des paroles de louanges pour Mario Draghi, expliquant qu’il le consultait déjà régulièrement à l’époque où celui-ci était à la tête de la Banque centrale européenne [71].
La convergence avec Mario Draghi était d’autant plus forte que celui-ci a pris la tête de l’Italie à la fois pour la réinscrire dans l’ensemble européen, et pour faire face à la crise du COVID-19, où il s’est montré un véritable « faucon » des mesures de pass sanitaire et d’exclusion des non-vaccinés. Or, ici aussi, il a rencontré l’assentiment des autorités vaticanes, tandis que le pape François a qualifié les vaccins anti-Covid « d’acte d’amour pour se sauver ensemble » [72], et que le Vatican a imposé une obligation vaccinale à ses employés sous peine de suspension de salaire [73]. Ainsi, si le monde catholique a été traversé de tensions et de positions contradictoires sur ce sujet, le Vatican a montré qu’il suivait sur cette question la même ligne que l’OMS, les gouvernements européens ou le Parti démocrate américain. La papauté a rappelé de la sorte à quel point elle restait malgré tout occidentale et même plus précisément européenne, dans la mesure où les Etats-Unis, à la population plus jeune et plus dynamique, ont été nettement moins unanimes dans leur acceptation de ces politiques sanitaires. Mais le pari du pape François, en choisissant finalement une sorte d’immobilisme du côté des Etats-Unis et de l’Europe, préférant le statu-quo à des forces qui voulaient le rompre mais qui remettaient aussi en cause tous les fondamentaux de la diplomatie vaticane, a aussi été d’espérer que sa politique envers les pays du Sud et les nouveaux pôles du système mondial lui permettrait d’utiliser la force de la mondialisation pour renverser le rapport de force.
A suivre : Seconde partie. Le pape François, l’Orient, l’Eurasie et la Chine
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[1] La traduction officielle du Vatican pour l’entretien donné au mois d’août traduit a pezzi par « guerre disséminée », et traduit « par morceaux » pour l’homélie du 13 septembre : Conférence de presse du Saint-Père dans le vol de la Corée à Rome (18 août 2014), https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/august/documents/papa-francesco_20140818_corea-conferenza-stampa.html ; Messe au cimetière militaire de Redipuglia (13 septembre 2014) : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20140913_omelia-sacrario-militare-redipuglia.html.
[2] Aux participants à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des Sciences (10 septembre 2022) : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2022/september/documents/20220910-plenaria-pas.html.
[3] Voir par exemple, notamment pour la France, Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement, Paris, Seuil, 2018, Jérôme Fourquet, L’archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée, Paris, Seuil, 2019 (et plus précisément p. 21-65) ou, plus généralement, les analyses d’Emmanuel Todd (et en dernier lieu, Où en sont-elles ? Une esquisse de l’histoire des femmes, Paris, Seuil, 2022).
[4] Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 77-78.
[5] Sur la rupture et l’affrontement final très violent entre le catholicisme institutionnel italien et Silvio Berlusconi, voir par exemple Henri Tincq, « Le Vatican et Berlusconi, c’est fini », Slate, 2 septembre 2009 (https://www.slate.fr/story/9815/le-vatican-et-berlusconi-cest-fini) ou Christine Fauvet-Mycia, « L’Église italienne pilote l’après-Berlusconi », Figaro, 24 novembre 2011 (https://www.lefigaro.fr/international/2011/11/24/01003-20111124ARTFIG00760-l-eglise-italienne-pilote-l-apres-berlusconi.php). Sur l’arrière-plan international, voir le compte-rendu de Adam Tooze, Crashed. How a Decade of Financial Crises Changed the World, Londres, Penguin, 2018, p. 410-412.
[6] Voir l’enquête de Rachel Sanderson, « The scandal at the Vatican bank, An 11-month FT investigation reveals the extent of mismanagement at the €5bn-asset bank », Financial Times, 6 décembre 2013 (https://www.ft.com/content/3029390a-5c68-11e3-931e-00144feabdc0).
[7] On renverra à l’analyse que nous avions faite dans « La papauté, une institution mondialisée ? », Diploweb, 29 octobre 2016, à actualiser, pour les dernières nominations, par exemple par Jean-Marie Guénois, « Avec sa nouvelle promotion de cardinaux, François pérennise sa ligne réformatrice de l’Église », Le Figaro, 9 juillet 2023 (https://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-pape-annonce-qu-il-va-creer-21-nouveaux-cardinaux-fin-septembre-20230709).
[8] Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 80 et p. 296-297.
[9] Voir son célèbre discours du 6 juin 2013 à la Communauté de l’Académie pontificale ecclésiastique comparant le carriérisme à une lèpre, expression reprise à de multiples reprises par la suite (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/june/documents/papa-francesco_20130606_pontificia-accademia-ecclesiastica.html).
[10] Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 52-53.
[11] Sandro Magister, « Francesco il comunicatore. Con un ufficio stampa tutto suo, a Santa Marta », Settimo Cielo- L’Espresso, 26 avril 2023 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/04/26/francesco-il-comunicatore-con-un-ufficio-stampa-tutto-suo-a-santa-marta/). Si nous donnons ici les références en langue originale, la plupart des articles de ce blog sont traduits en français sur le diakonos.be (https://www.diakonos.be/settimo-cielo/).
[12] Voir par exemple la chute et la réhabilitation de Giovanni Angelo Becciu, le substitut pour les Affaires générales de la secrétairerie d’État, histoire résumée dans Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 286-295.
[13] Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p 13.
[14] Voir ce que nous avons écrit dans « Le monde catholique à l’épreuve de Donald Trump », Diploweb, 7 janvier 2017.
[15] Nicolas Senèze, Comment l’Amérique veut changer de pape, Paris, Bayard, 2019, p. 101-103.
[16] Marco Politi, La solitude de François, Paris, 2020, Philippe Rey, p. 130-136 ; « Célibat des prêtres en Amazonie : le pape n’accorde pas d’exception », Le Point, 11 février 2020 (https://www.lepoint.fr/societe/celibat-des-pretres-en-amazonie-le-pape-n-accordera-pas-d-exception-11-02-2020-2362126_23.php#11).
[17] Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 157.
[18] Anne Guéry, Christophe Dickès, « L’Église se dirige-t-elle vers un concile Vatican III ? », Figaro Vox, 3 juillet 2023 (https://www.lefigaro.fr/vox/religion/christophe-dickes-l-eglise-se-dirige-t-elle-vers-un-concile-vatican-iii-20230703).
[19] Jean-Marie Guénois, « Le Vatican a perdu le contrôle du synode réformateur allemand », Figaro Vox, 29 novembre 2022 (https://www.lefigaro.fr/vox/societe/le-vatican-a-perdu-le-controle-du-synode-reformateur-allemand-20221129). Voir aussi Franz Xaver Bischof, « Le chemin synodal de l’Église allemande », Études, 2023/4 (Avril), p. 67-78 (https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/revue-etudes-2023-4-page-67.htm) ou, pour une lecture plus conservatrice, Sandro Magister, « Francesco e lo scisma di Germania. Cronistoria di un incubo », Settimo Cielo- L’Espresso, 19 février 2020 (Francesco e lo scisma di Germania. Cronistoria di un incubo – Settimo Cielo - Blog - L’Espresso (repubblica.it), ou Id., « “Heiliger Vater”, “Querido hermano”. Il duello in punta di penna tra Roma e la Chiesa di Germania », Settimo Cielo- L’Espresso, 16 juin 2021, (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2021/06/16/%e2%80%9cheiliger-vater%e2%80%9d-%e2%80%9cquerido-hermano%e2%80%9d-il-duello-in-punta-di-penna-tra-roma-e-la-chiesa-di-germania/).
[20] Pour donner la citation complète, dans son audience générale du 10 octobre 2018, après avoir disserté sur le fait que « On pourrait dire que tout le mal accompli dans le monde se résume à cela : le mépris de la vie. La vie est agressée par les guerres, par les organisations qui exploitent l’homme — tant de choses lisons-nous dans les journaux ou voyons-nous aux journaux télévisés —, par les spéculations sur la création, par la culture du rebut et par tous les systèmes qui soumettent l’existence humaine à des calculs d’opportunité, alors qu’un nombre scandaleux de personnes vivent dans une condition indigne de l’homme », le pape François poursuivait en se demandant « un acte qui supprime la vie innocente et sans défense à son éclosion peut-il être thérapeutique, civil, ou simplement humain ? Je vous demande : est-il juste de « supprimer » une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste de payer un tueur à gages (sicario) pour résoudre un problème ? » (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2018/documents/papa-francesco_20181010_udienza-generale.html).
[21] Pour une traduction française : https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/linterview-posthume-du-cardinal-martini-laquonbsplrsquoeacuteglise-a-200-ans-de-retardnbspraquo-756.php).
[22] Idée centrale que l’on retrouve dans l’interview-programme accordée dans les premiers jours de son pontificat à Antonio Spadaro le 19 août 2013 (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/september/documents/papa-francesco_20130921_intervista-spadaro.html). Pour le modèle d’Église du pape François, voir aussi Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 9-21.
[23] Sur l’Amérique latine et ses dilemmes, nous renverrons aux ouvrages d’Alain Rouquié, et par exemple Amérique latine. Introduction à l’Extrême-Occident, Paris, 1998 ou plus récemment Le siècle de Perón. Essai sur les démocraties hégémoniques, Paris, 2016. La comparaison entre l’Amérique latine et l’Europe est reprise, avec un vocabulaire différent, à l’article provocateur de Philippe Chapelin « La France vers le modèle colonial latino-américain », Les Crises, 24 mars 2018 (https://www.les-crises.fr/la-france-vers-le-modele-colonial-latino-americain-par-philippe-chapelin/), cité par Emmanuel Todd, Les luttes de classe en France au XXe siècle, 2020, p. 210-211.
[24] Image que l’on reprend à notre ouvrage sur La papauté en Occident, Paris, 2019. Le journal italien L’Espresso avait fait sa couverture du 26 mai 2019 sur l’image d’un pape Zorro avec le titre « Zorro subito », pour illustrer l’opposition entre le pape François, l’Église catholique et la Ligue de Matteo Salvini dans le contexte des élections européennes tenues à cette date.
[25] Voyage apostolique du pape François à Cuba, aux Etats-Unis d’Amérique et visite au siège de l’organisation des Nations Unies (19-28 septembre 2015), rencontre pour la liberté religieuse avec la communauté hispanique et d’autres immigrés, discours du Saint-Père, Independence Mall, Philadelphie, Samedi 26 septembre 2015 (http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2015/september/documents/papa-francesco_20150926_usa-liberta-religiosa.html).
[26] Visite à Lampedusa, homélie du pape François, 8 juillet 2013 (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130708_omelia-lampedusa.html).
[27] Nicolas Senèze, « Soutien appuyé du Vatican au Pacte de Marrakech », La Croix, 13 décembre 2018 (https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Soutien-appuye-Vatican-Pacte-Marrakech-2018-12-13-1200989437).
[28] Pour un résumé de l’affaire :
https://www.ilmessaggero.it/vaticano/papa_francesco_statua_madre_terra_amazzonia_gettata_tevere-4811727.html.
[29] Nous résumons ici Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 98-117. Voir également l’article cité plus haut de Rachel Sanderson, « The scandal at the Vatican bank. An 11-month FT investigation reveals the extent of mismanagement at the €5bn-asset bank », Financial Times, 6 décembre 2013.
[30] Pour la liste des partenaires voir le site de l’institution (https://www.inclusivecapitalism.com/organizations/). Le lancement de l’organisation a été largement couvert dans les médias américains : https://www.nytimes.com/2020/12/08/business/dealbook/pope-vatican-inclusive-capitalism.html ; https://www.youtube.com/watch?v=USWLnN-jkJo.
[31] On trouvera le programme des différentes rencontres sur le site institutionnel de cette organisation (https://francescoeconomy.org/) ; voir aussi l’adresse du pape pour encourager ce nouveau « pacte d’Assise » (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/pont-messages/2020/documents/papa-francesco_20201121_videomessaggio-economy-of-francesco.html).
[32] Voir notre article publié sur Diploweb le 7 janvier 2017 au lendemain de l’investiture de Donald Trump en 2017 (Le monde catholique à l’épreuve de Donald Trump).
[33] La déclaration avait été de surcroît faite lors de la conférence de presse du pape François au retour de son voyage pontifical au Mexique le 17 février 2016 :
(https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2016/february/documents/papa-francesco_20160217_messico-conferenza-stampa.html)
[34] Il faut reconnaître que c’était le pronostic erroné de notre article sur la papauté et Donald Trump cité plus haut.
[35] Outre notre étude de 2017 citée à la note précédente, voir pour 2020 Ruth Igielnik, Scott Keeter et Hannah Hartig, « Behind Biden’s 2020 Victory. An examination of the 2020 electorate, based on validated voters », Pew Research Center, 30 juin 2021 (https://www.pewresearch.org/politics/2021/06/30/behind-bidens-2020-victory/).
[36] Sarah Pulliam Bailey, « WikiLeaks emails appear to show Clinton spokeswoman joking about Catholics and evangelicals » Wahington Post, 13 octobre 2016 (https://www.washingtonpost.com/news/acts-of-faith/wp/2016/10/12/wikileaks-emails-show-clinton-spokeswoman-joking-about-catholics-and-evangelicals/ ; Kevin J. Jones, « Was there a deeper network behind the ’Catholic Spring’ ? », Catholic News Agency, 28 décembre 2016 (https://www.catholicnewsagency.com/news/34820/was-there-a-deeper-network-behind-the-catholic-spring).
[37] Voir par exemple Christopher White, « Tobin and Cupich : Battling the bullies ; creating a culture of encounter », Crux, 17 novembre 2017 (https://cruxnow.com/church-in-the-usa/2017/11/tobin-cupich-battling-bullies-creating-culture-encounter) ; Christopher White, « Cardinal Cupich warns against the Church entering partisan politics », Crux, 27 janvier 2020 (https://cruxnow.com/church-in-the-usa/2020/01/cardinal-cupich-warns-against-the-church-entering-partisan-politics) ;
[38] « Gregory : Offensive speech, actions a ‘growing plague’ that ‘must end’ », Crux, 1 août 2019 (https://cruxnow.com/church-in-the-usa/2019/08/gregory-offensive-speech-actions-a-growing-plague-that-must-end).
[39] Sandro Magister, « Tra i vescovi USA il “regime change” è di là da venire », Settimo Cielo, 20 novembre 2015 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2015/11/20/tra-i-vescovi-usa-il-regime-change-e-di-la-da-venire/).
[40] Pour un résumé complet du dossier de la part des défenseurs de François, voir Andrea Tornielli, Gianni Valente, Le jour du jugement, Paris, Michel Lafon, 2019 (Andrea Tornielli a par la suite été nommé directeur éditorial du dicastère pour la communication par le pape François).
[41] Crispian Balmer, « Pope should not resign, but church abuse tribunal needed : Bannon », Reuters, 9 septembre 2018 (https://www.reuters.com/article/us-pope-bannon-interview-idUSKCN1LP0AT).
[42] Nicolas Senèze, Comment l’Amérique veut changer de pape, Paris, Bayard, 2019 ; sur ces réseaux et leurs liens avec l’Italie, voir également Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 46-48 et 142-46.
[43] « Papa : un onore se mi attaccano americani », ANSA, 4 septembre 2019 (Papa : un onore se mi attaccano americani - Cronaca - ANSA). .
[44] Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 62-64.
[45] Voir sa participation à une lettre d’intellectuels catholiques proches des conservateurs républicains appelant à ne pas voter Donald Trump au cours des primaires de 2016 (https://www.georgeweigel.com/an-appeal-to-our-fellow-catholics/?hilite=trump), ou par la suite ses prises de position comme par exemple https://www.georgeweigel.com/a-ukrainian-christmas/?hilite=trump ou https://www.georgeweigel.com/meeting-with-moscow-rome-must-refuse-to-bend-to-the-putin-storyline/?hilite=moscow.
[46] Nous suivons ici Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 163-180.
[47] Id., p. 191-192.
[48] Voir la page au titre explicite « Arson, Vandalism, and Other Destruction at Catholic Churches in the United States » sur le site de la conférence épiscopale états-unienne, avec renvoi aux articles et déclarations liés au sujet : https://www.usccb.org/committees/religious-liberty/Backgrounder-Attacks-on-Catholic-Churches-in-US. On notera, dans le contexte de destructions de statues et de batailles mémorielles liées au mouvement Black Lives Matter, comment ces manifestations ont notamment ciblé la figure d’un franciscain cher au pape François, Junípero Serra, qu’il avait canonisé lors de sa visite aux Etats-Unis de 2015. Pour le pape François, il s’agit d’un évangélisateur et d’un défenseur des Indiens dans la Californie du XVIIIe siècle, un modèle pour une Californie et une Amérique plus diverses, indiennes et catholiques. Pour les progressistes et les indigénistes états-uniens, Junípero Serra sera un symbole de colonialisme et d’imposition forcée de la culture occidentale dont les statues sont régulièrement attaquées depuis 2015 (une liste de ses attaque se trouve sur la page wikipedia en anglais de Junípero Serra. Voir aussi Carolina A. Miranda, « At Los Angeles toppling of Junipero Serra statue, activists want full history told », Los Angeles Times, 20 juin 2020 - https://www.latimes.com/entertainment-arts/story/2020-06-20/statue-junipero-serra-monument-protest-activists-take-down-los-angeles- ou John Lavenburg, « San Francisco prelate calls lesser charges for defacing Serra statue ‘anti-Catholic’ », Crux, 27 mai 2023 -https://cruxnow.com/church-in-the-usa/2023/05/san-francisco-prelate-calls-lesser-charges-for-defacing-serra-statue-anti-catholic.
[49] J.D. Flyn, « Analysis : Archbishop Gregory says he won’t deny Biden communion. How will Catholics respond ? », Catholic News Agency, 24 novembre 2020 (https://www.catholicnewsagency.com/news/46700/analysis-archbishop-gregory-says-he-wont-deny-biden-communion-how-will-catholics-respond).
[50] C’était l’analyse de John Allen, reprise par un Sandro Magister pourtant en général peu accommodant avec la partie « progressiste » de l’Église. Cette analyse a également été relayée par des journalistes catholiques dans le Washington Post , toujours en insistant sur le rôle de Gregroy Wilton comme faiseur de ponts (John J. Allen, « Could Francis, Biden find each other like John Paul II and Reagan ? », Crux, 8 novembre 2020 - https://cruxnow.com/news-analysis/2020/11/could-francis-biden-find-each-other-like-john-paul-ii-and-reagan ; Id., « If Biden is to heal America, he’ll need his Church », Crux, 7 janvier 2021 - https://cruxnow.com/news-analysis/2021/01/if-biden-is-to-heal-america-hell-need-his-church ; Sandro Magister, « Biden alla Casa Bianca. È l’ora della verità per i cattolici americani ? », Settimo Cielo, 18 janvier 2021 - http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2021/01/18/biden-alla-casa-bianca-e-l%e2%80%99ora-della-verita-per-i-cattolici-americani/ ; Christopher White, « Biden, new cardinal share a mandate of healing and reconciliation », Washington Post, 28 novembre 2020 ; John Gehring « Wilton Gregory could be the religious bridge-builder Joe Biden needs », Washington Post, 30 novembre 2020).
[51] USCCB President’s Statement on the Inauguration of Joseph R. Biden, Jr., as 46th President of the United States of America, 20 janvier 2021 (https://www.usccb.org/news/2021/usccb-presidents-statement-inauguration-joseph-r-biden-jr-46th-president-united-states).
[52] John J. Allen, « By meeting Cupich, Pope Francis masters speaking without words », Crux, 31 janvier 2021 (https://cruxnow.com/news-analysis/2021/01/by-meeting-cupich-pope-francis-masters-speaking-without-words).
[53] Voir l’enquête « Modeling the Future of Religion in America », Pew Research Center, 13 septembre 2022 (https://www.pewresearch.org/religion/2022/09/13/modeling-the-future-of-religion-in-america/).
[54] « Among U.S. Latinos, Catholicism Continues to Decline but Is Still the Largest Faith », Pew Research Center, 13 avril 2023 (https://www.pewresearch.org/religion/2023/04/13/among-u-s-latinos-catholicism-continues-to-decline-but-is-still-the-largest-faith/).
[55] Voire l’étude citée à la note 35. Sur la position des Asiatiques, voir Katherine Schaeffer, « Asian voters in the U.S. tend to be Democratic, but Vietnamese American voters are an exception, Pew Research Center, 25 mai 2023 (https://www.pewresearch.org/short-reads/2023/05/25/asian-voters-in-the-u-s-tend-to-be-democratic-but-vietnamese-american-voters-are-an-exception/).
[56] Discours du pape François au parlement européen, Strasbourg, Mardi 25 novembre 2014 (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/november/documents/papa-francesco_20141125_strasburgo-parlamento-europeo.html).
[57] Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 76-81.
[58] Cf. « Les trois nouveautés du programme du voyage du pape François, les 22 et 23 septembre à Marseille », Le Figaro/AFP, 29 juillet 2023 - https://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-trois-nouveautes-du-programme-du-voyage-du-pape-francois-les-22-et-23-septembre-a-marseille-20230729- Jean-Marie Guénois, « Le pape François, qui viendra dans l’Hexagone pour la question migratoire, affirme ne rien avoir contre la France », Le Figaro, 7 août 2023 - https://www.lefigaro.fr/actualite-france/voila-pourquoi-je-vais-a-marseille-le-pape-francois-rappelle-qu-il-viendra-en-france-uniquement-pour-la-question-migratoire-20230807).
[59] Quoique le premier grand rôle au cinéma de Beppe Grillo ait été celui de Jésus, dans une belle comédie douce-amère de Luigi Comencini de 1982 critiquant l’Église et l’ensemble de la société italienne de son temps, Cercasi Gesù (en français L’imposteur).
[60] Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 90.
[61] Annachiara Valle, « Conte, la fede e quei dubbi evangelici sul programma », Famiglia Christiana, 25 mai 2018 (https://www.famigliacristiana.it/articolo/conte-il-cattolico.aspx).
[62] « L’Italie rejoint les “nouvelles routes de la soie » de la Chine », AFP/Le Monde, 23 mars 2019 (https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/23/malgre-l-inquietude-de-bruxelles-l-italie-rejoint-les-nouvelles-routes-de-la-soie-de-pekin_5440367_3234.html).
[63] Susanna Turco, « ”Sì, anche noi abbiamo perso”, colloquio con Adrea Riccardi, L’espresso, 18 mars 2023 (l’article est disponible à l’adresse https://www.c3dem.it/wp-content/uploads/2018/03/s%C3%AC-anche-noi-abbiamo-perso-int-a.-riccardi-espr.pdf) ; voir aussi Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 22-25.
[64] Andrea Riccardi, « Macron, un leader per l’Europa in crisi”, Famiglia Christiana, 26 avril 2018 (https://www.riccardiandrea.it/2018/04/macron-un-leader-per-leuropa-in-crisi.html?spref=fb) ; « France : le président Macron rencontre Sant’Egidio », Zenit, 29 juin 2018 (https://fr.zenit.org/2018/06/29/le-president-macron-rencontre-santegidio/) et Andrea Riccardi, « Macron a Sant’Egidio : “C’è bisogno di spiritualità per vincere le paure” », Corriere della Sera, 27 juin 2018 (https://www.corriere.it/esteri/18_giugno_27/intervento-riccardi-sant-egidio-macron-papa-db107622-797c-11e8-80e9-424fd8b8c17b_preview.shtml?reason=unauthenticated&cat=1&cid=A0FJLmf-&pids=FR&origin=http%3A%2F%2Fwww.corriere.it%2Festeri%2F18_giugno_27%2Fintervento-riccardi-sant-egidio-macron-papa-db107622-797c-11e8-80e9-424fd8b8c17b.shtml).
[65] « “Vade retro Salvini”, La chiesa reagisce a certi toni sprezzanti », Famiglia Christiana, 25 juillet 2018, (https://www.famigliacristiana.it/articolo/migranti-vade-retro-salvini-la-chiesa-reagisce-ai-toni-sprezzanti.aspx).
[66] Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 14 et 85. On notera par exemple la polémique qui a suivi en juin 2022 la messe faite pour un couple gay qui venait de se marier civilement dans son diocèse de Bologne (Sandro Magister, « Il sinodo tedesco contagia l’intera Chiesa, senza che il papa lo freni », Settimo Cielo, 28 juin 2022 - http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2022/06/28/il-sinodo-tedesco-contagia-l%e2%80%99intera-chiesa-senza-che-il-papa-lo-freni/).
[67] Marco Politi, « Salvini invoca la Madonna e attacca il Papa. Ma il mondo cattolico non combatte abbastanza”, Fatto quotidano, 20 mai 2019 (https://www.ilfattoquotidiano.it/2019/05/20/salvini-invoca-la-madonna-e-attacca-il-papa-ma-il-mondo-cattolico-non-combatte-abbastanza/5192762/) ; « Rosario sul palco, il mondo cattolico contro Salvini. Il Vaticano : "Dio è di tutti, pericoloso invocarlo per sé », La Repubblica, 19 mai 2019 (https://www.repubblica.it/politica/2019/05/19/news/cattolici_vaticano_salvini-226665742/).
[68] John L. Allen, « Amid Italy’s political fracas, speculation abounds on a papal ‘white coup’ », Crux, 20 août 2019 (https://cruxnow.com/news-analysis/2019/08/amid-italys-political-fracas-speculation-abounds-on-a-papal-white-coup).
[69] Andrea Riccardi, « Il nazional-cattolicesimo, un pericolo per la Chiesa », Corriere della Sera, 10 décembre 2019 (https://www.corriere.it/opinioni/19_dicembre_10/nazional-cattolicesimoun-pericolo-la-chiesa-e4169766-1b64-11ea-9c4c-98ae20290393.shtml).
[70] « Il Papa nomina Mario Draghi alla Pontificia Accademia delle Scienze Sociali », Vatican News, 10 juillet 2020 (https://www.vaticannews.va/it/papa/news/2020-07/papa-francesco-mario-draghi-accademia-pontificia-scienze-sociali.html) ; https://tg24.sky.it/economia/2020/08/18/mario-draghi-meeting-rimini.
[71] Luciano Fontana , « Intervista a Papa Francesco : “Putin non si ferma, voglio incontrarlo a Mosca. Ora non vado a Kiev” », Corriere della Sera, 3 mai 2002 (https://www.corriere.it/cronache/22_maggio_03/intervista-papa-francesco-putin-694c35f0-ca57-11ec-829f-386f144a5eff.shtml)
[72] Voir la vidéo réalisée par le site vaticannews : https://www.vaticannews.va/it/vaticano/news/2022-08/video-progetto-covid-papa-francesco-vaccini-sviluppo-umano.html.
[73] Enrico Lenzi, « Covid-19. Vaticano, possibili provvedimenti per chi non si vaccina », Avvenire, 18 février 2021 (https://www.avvenire.it/chiesa/pagine/vaticano-possibili-sanzioni-per-chi-non-si-vaccina).
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