06/2013 Actualité internationale

Par Axelle DEGANS, le 30 juin 2013  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Agrégée d’histoire, co-auteure de Les grandes questions internationales, éd. Studyrama 2013 et auteure du livre Les pays émergents : de nouveaux acteurs, Ed. Ellipses, collection CQFD, 2011. Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales au Lycée Dessaignes (Blois).

Synthèse de l’actualité internationale de juin 2013 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou passent un concours. Le Diploweb se tiendra à leur côté durant les prochains mois. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner à notre page facebook.com/geopolitique ou notre compte twitter.com/diploweb.

La Turquie vacille

Turquie. A Ankara, Antalya ou Izmir, d’importantes manifestations secouent le pouvoir de Recep Erdogan. Ce mouvement populaire a pour origine la dénonciation des violences policières en Turquie et l’autoritarisme du gouvernement dont un des symboles est la disparition du parc Gezi, au cœur d’Istanbul, au profit de la construction d’une mosquée et d’un centre commercial. En seulement 4 jours, le bilan est de 2 morts et 1 500 blessés. Les manifestants de la place Taksim sont souvent des jeunes issus des classes moyennes urbaines, car le décalage est croissant entre cette jeunesse moderne, une économie qui se modernise et un pouvoir plus autoritaire et autocrate, soupçonné d’ « islamisation rampante ». Cette contestation s’affirme alors que l’économie turque ralentit…

Cette crise révèle les fragilités d’un pays émergent.

Le Brésil rattrapé par une « vaguelette » ?

Brésil. Alors que Brasilia avait qualifié de « vaguelette » la crise économique née des subprimes, plus préoccupée par la surchauffe des investissements et les tendances inflationnistes d’un pays qui a fait la plus grande découverte pétrolière du début du XXIème siècle, elle change aujourd’hui de ton. A l’instar de ce qui se passe en Turquie, en Inde ou dans une moindre mesure en Chine, l’économie brésilienne connait un ralentissement depuis la fin de l’année 2011. C’est la fin de la taxe IOF qui visait l’entrée sur le territoire brésilien de capitaux spéculatifs, le réal a perdu près de 10% de sa valeur depuis le début du printemps 2013.

La présidente Dilma Rousseff a été sifflée lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe des confédérations. La contestation sociale, d’une grande ampleur, s’est cristallisée autour de l’augmentation du coût des transports en commun empêchant les plus pauvres de se déplacer dans des villes tentaculaires, alors même que la facture pour la prochaine Coupe du monde de football ne cesse de s’alourdir. Cette contestation est celle d’un pays émergent où des millions de personnes sont sorties de la misère, mais leur quotidien reste pourtant difficile. La croissance brésilienne ne s’est pas encore transformée en développement pour la majorité des Brésiliens qui souffrent aussi d’une déficience des infrastructures (transport, hôpitaux, écoles…) et de la corruption du pays.

Le bras de fer Bruxelles-Pékin continue et génère des tensions...

UE-Chine. Bruxelles a décidé de taxer les panneaux solaires en provenance de Chine à la hauteur de 47%, cette mesure n’est pas soutenue par l’Allemagne qui exporte beaucoup vers l’Empire du Milieu et craint, à juste titre, des mesures de rétorsion de la part de Pékin. Pékin annonce d’ailleurs une enquête anti-dumping concernant l’importation de vins européens, il faut bien sûr comprendre français. La France y exporte, en effet, pour 546 millions d’euros, la Chine est le troisième marché à l’exportation pour les viticulteurs français.

Berlin craignait des mesures frappant les grosses cylindrées qu’elle exporte en Chine. Angela Merkel s’est montrée très réticente envers des mesures « définitives » taxant les produits chinois, à la différence de Paris. Pékin semble avoir pris la mesure de ces différentes attitudes…

L’Union européenne se joint au Japon pour dénoncer des aciers inoxydables taxés à la hauteur de 15% par la Chine. Antonio Tajani, commissaire européen à l’industrie, explique qu’il s’agit de lutter contre des « pratiques déloyales ». Bruxelles décide donc d’adopter une stratégie offensive pour essayer de gommer cette image de « passoire » dont elle souffre aux yeux de ses concitoyens [1].

… Bruxelles et Washington se rapprochent au niveau commercial

UE-USA. L’Union européenne et les Etats-Unis négocient un vaste accord de libre-échange transatlantique. Cet accord suscite davantage l’adhésion de l’Europe du Nord (qui en attend une croissance renforcée) que de l’Europe latine, à laquelle la France se rattache, qui craint une recrudescence de la concurrence. La France est à la tête de ceux qui réclament que la culture et l’audiovisuel soient exclues de ces négociations, à la différence de pays comme la Suède ou le Royaume-Uni.

Une rencontre au sommet Obama et Xi : une Chinamérique ?

Chine-USA. Cette rencontre des deux chefs d’Etat de ces grands pays n’est pas une première : en son temps Henry Kissinger avait été l’artisan de la rencontre entre Richard Nixon et Mao Zedong (1972). Quelques années plus tard, Jimmy Carter rencontra Deng Xiaoping. Aujourd’hui les deux nouveaux chefs des exécutifs des deux premières puissances économiques mondiales se rencontrent à Sunnylands. Cette entrevue se déroule sur fonds de fortes tensions. Pékin finance en partie les déficits américains, pourtant l’exécutif chinois est persuadé que Washington mène une diplomatie qui vise à « endiguer » sa puissance en Asie, les négociations concernant l’accord transpacifique (avec notamment le Vietnam) isolent davantage Pékin. En retour Washington reproche à la Chine de sous-évaluer sa monnaie, malgré son appréciation de 12% en deux ans, et surtout la soupçonne d’être à l’origine d’un espionnage industriel très coûteux pour les Etats-Unis (près de 200 milliards de dollars par an) mais qui permettrait à la Chine de maintenir une croissance élevée.

C’est la rencontre entre une puissance mondiale et une puissance qui ne l’est pas encore, entre le plus jeune empire et le plus ancien.

L’Allemagne, un géant moins grand qu’il n’en a l’air ?

Allemagne. Le recensement de 2011 corrige les statistiques de population allemande : notre voisin outre-Rhin ne compte pas 81,7 millions d’habitants mais « seulement » 80,2 millions. Même si l’Allemagne reste un « grand » pays, et le plus peuplé de l’Union européenne, son poids s’amenuise. Cette correction ne modifiera pas ses droits de vote au sein du conseil de l’Union européenne. Les moins de 18 ans ne représentent que 15,7% de la population totale contre 21,2% pour les plus de 65 ans. L’Allemagne vieillit et connait une dépopulation ralentie par une politique migratoire dynamique, puisque l’Allemagne accueille non seulement une importante communauté turque, mais reçoit depuis peu davantage de jeunes originaires d’Europe du Sud (notamment de la péninsule ibérique) à la recherche d’un emploi. La chancelière annonce un tournant de sa politique économique vers moins de rigueur. Une attitude davantage pragmatique ? Une amorce de rapprochement sur des positions économiques davantage françaises ?

L’Union européenne, une entité vivante

06/2013 Actualité internationale

Elargissement de l’UE. La Croatie est le 28ème membre de l’Union européenne à laquelle elle adhère le 1er juillet 2013. La Croatie représente 1,26% de la superficie de l’UE28, 0,86% de sa population mais seulement 0,33% de son PIB.

Les négociations avec la Serbie se poursuivent.

En 2014, la Lettonie pourrait devenir le 18ème pays à adopter l’euro.

De Echelon à Prism : les grandes oreilles américaines

Etats-Unis. Edward Snowden, 29 ans dont 10 ans dans les renseignements américains, rend public l’espionnage à grande échelle des Etats-Unis. Ceux-ci obligent les opérateurs de téléphonie mobile à donner des renseignements sur leurs abonnés, alors que les géants du Net (Google ou Facebook par exemple) livrent les emails ou photos… Si Echelon date de 1988, Prism commencerait en 2007. Ces atteintes à la vie privée ont poussé Edward Snowden à s’en ouvrir au Washington Post (qui n’en est pas à son premier scoop concernant l’espionnage, il avait révélé le scandale du Watergate au milieu des années 1970) et au Guardian. Ce nouveau scandale, après les révélations de WikiLeaks, embarrasse Barack Obama. Londres aurait aussi espionné ses invités du G20 en 2009…
Big brother is watching you …

Le Qatar change de tête

L’émir du Qatar devrait laisser sa place à son fils le prince héritier Cheik Tamim. Ce petit émirat a un rôle essentiel dans son environnement régional, berceau d’Al jazeera, médiateur dans le cadre du « printemps arabe », grand investisseur international… en particulier en France.

Les matières premières : le temps des changements

Hydrocarbures. Un groupe britannique a réévalué les stocks de gaz, et pour la première fois a révisé à la baisse le potentiel russe. L’Iran détrône ainsi la Russie en tant que premier détenteur de réserves gazières, le Qatar est le troisième possesseur de ressources devant le Turkménistan. Les Etats-Unis restent le premier producteur mondial de gaz, et devraient devenir dans moins d’une dizaine d’années les premiers producteurs de pétrole grâce au pétrole de schiste qu’ils exploitent.

L’ADN humain n’est pas un bien marchand…

La cour suprême des Etats-Unis a décidé que l’ADN humain ne serait pas brevetable au grand dam de la société Myrriad qui a déposé des brevets sur des gènes qui prédisposent au cancer et vend ainsi des tests, dont l’un a amené Angelina Jolie à pratiquer une mastectomie préventive. L’ADN complémentaire est lui brevetable pour ne pas décourager la recherche.

Un nouveau visage pour l’Iran

Iran. Les Iraniens ont choisi leur nouveau président, Hassan Rohani, réputé modéré. Ce conservateur sera-t-il celui qui amènera l’Iran à une renaissance ?

Copyright 30 juin 2013-Degans/Diploweb.com


Les synthèses annuelles des Actualités internationales

Point d’actualité internationale de juillet et août 2013

Point d’actualité internationale de mai 2013

Voir une présentation d’un ouvrage auquel Axelle Degans a contribué "Les grandes questions internationales", L. Briday, A. Chaffel, P. Dallenne, A. Degans, éd. Studyrama


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[1NDLR : Jusqu’au début des années 2000, la construction européenne s’appuyait sur une idée forte : « L’Europe c’est la paix ». Historiquement exacte, cette affirmation convainc moins à compter du début des années 2000, comme en témoigne notamment l’échec du projet de traité constitutionnel en 2005. En effet, les jeunes générations n’ont généralement pas d’expérience de la guerre, dès lors, l’affirmation précédente perd de sa force. En revanche, les études de l’Eurobaromètre démontrent que les citoyens Européens attendent de l’UE qu’elle les « protège de la mondialisation ». Dès lors, pour consolider la légitimité de la construction européenne, les institutions entonnent cette thématique. Reste à évaluer les résultats.


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