Vidéo. Hugues Eudeline et Pierre Royer. Domination des océans ? L’US Navy et les enjeux Chine/Etats-Unis

Par Hugues EUDELINE, Pierre ROYER, Thomas MARRIER D’UNIENVILLE, le 23 juillet 2019  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Intervenants : Hugues Eudeline, Vice-président de l’Institut Jacques Cartier et vice-président Thétys CSMA. Pierre Royer, Agrégé d’histoire, Lycée Claude Monet à Paris, auteur de "Géopolitique de la mer et des océans. Qui tient la mer tient le monde !", PUF. Animateur : Bruno Modica (Clionautes). Résumé par Thomas Marrier d’Unienville pour Diploweb.com

Quelles sont les niveaux relatifs et les ambitions stratégiques des Etats-Unis et de la Chine sur les océans ? Réponses par deux experts pédagogues, avec moult illustrations. Une conférence prononcée dans le cadre du Festival géopolitique (2018). Vidéo accompagnée d’un résumé rédigé par Thomas Marrier d’Unienville pour Diploweb.com.

Cette vidéo peut facilement être diffusée en classe ou en amphi pour illustrer un cours ou un débat.

Résumé par Thomas Marrier d’Unienville pour Diploweb.com

En guise d’exorde, Hugues Eudeline rappelle la particularité majeure de la Chine : celle de se projeter en permanence et s’inscrire sur le temps long, qualité dont d’autres puissances pourraient s’inspirer. Ce dont manque la Chine : une puissance maritime. Si l’on se base sur l’ouvrage d’Alfred Mahan, une puissance maritime, pour devenir dominante, doit tenir compte de la géographie, de son économie et ses finances, son industrie et enfin du caractère militaire [1]. Dans le but de réaliser ses projets, la Chine a pris note des événements d’hier (guerre de Corée, les trois crises autour du détroit de Taïwan) afin de triompher et perdurer demain.

En parallèle, Pierre Royer souligne que les Etats-Unis du XXe siècle se sont toujours tournés vers la mer (annexion d’Hawaï en 1893), d’où sa domination écrasante à ce jour. L’objet de cette conférence est donc de mesurer l’envergure de ces puissances maritimes antagonistes. D’un côté, une Chine menaçant l’« hégémon américain » sur un plan régional notamment (mer de Chine méridionale). Elle est en grande partie nostalgique de son âge d’or en tant qu’Empire du Milieu. De l’autre, des Etats-Unis qui cherchent à confirmer leur capacité à intervenir sur l’intégralité du globe, asseoir leur domination maritime universelle et leur capacité à défendre leurs alliés.

Vidéo. Hugues Eudeline et Pierre Royer. Domination des océans ? L'US Navy et les enjeux Chine/Etats-Unis
Hugues Eudeline et Pierre Royer
Crédit photographique : GEM
Gem

D’après Hugues Eudeline, la surface maritime chinoise/ZEE (3 879 666 km2) représente une surface 0,4 fois plus grande que son territoire terrestre, autrement dit une superficie bien plus réduite. En revanche, les Etats-Unis disposent des plus vastes zones maritimes (11 351 000 km2) représentant 1,2 fois plus de mer que de terre. La France, elle, est en seconde position avec 11 035 000 kilomètres carrés : presque 17 fois son territoire terrestre. Voici une première source de crispation chinoise.

Ensuite, l’économie et sécurité énergétique de la Chine dépendent indéniablement des routes maritimes de l’océan Indien passant par un point de passage principal : le détroit de Malacca. Cette dépendance suscite la crispation et donc réaction de la Chine qui décide de gonfler ses forces armées et son poids économique dans la région de l’océan Indien jusqu’à la mer de Chine méridionale. Si ce point de passage se voit bloqué, la Chine, dépendante de ces exportations, est bloquée voire ostracisée.

Pour éviter une rechute de son « Empire », la Chine a opté pour un régime fort et plus récemment Xi Jinping est devenu président à vie de la République populaire de Chine. Le « rêve chinois » est l’objectif majeur de ce siècle. Pour accomplir ce dessein, la Chine mise sur la mer.La Belt and Road Initiative (La Belt = route terrestre ; la Road = route maritime) est la démonstration des moyens engagés. Ce projet consiste à renforcer ses corridors commerciaux et énergétiques dans le but de protéger, consolider, son économie. Passer par la mer permet de s’affranchir des droits de traverser des zones et frontières parfois sous tensions (guerre, révolte, terrorisme, …) outre les questions douanières et géopolitiques. Les mers, hormis les ZEE, proposent un avantage non-négligeable : l’absence de frontières. Pour mener à bien sa Route de la Soie 2.0, la Chine mise sur ses forces navales que sont la Marine, mais aussi la garde côtière et la milice maritime.

Après avoir rappelé le caractère dominant et incontestable des Etats-Unis, Pierre Royer énumère les défis auxquels ils font face. Cette puissance navale découle, entre autre, de ses bases aériennes mobiles autonomes (porte-avions) disposant de l’arme atomique et capables d’effectuer toutes sortes de missions. Celles-ci s’étendent des "Combined Task Forces" pour lutter contre la piraterie à des frappes au sol. Aussi, de par sa taille, il est un « attribut de la puissance » [2], il est visible, palpable, à l’inverse des sous-marins. Les forces navales étasuniennes font face à des défis technologiques (maintenance, renouvellement de sa flotte, innovations), à une concurrence de plus en plus rude (ex : pour négocier les budgets de l’Etat entre la marine et les autres corps de l’armée américaine / ou le monopole sur les porte-avions qui tend à être menacé par les chinois). Si les Etats-Unis contrôlent l’essentiel des mers du monde, la domination du « Thalassokrator » est menacée par la puissance en perpétuelle croissance : la Chine.

Si l’US Navy conserve les moyens financiers et les capacités d’aujourd’hui, elle restera le plus grand corps des marines du monde. Cependant, de par les ambitions chinoises, ce piédestal semble tanguer. La configuration des puissances maritimes évolue déjà dans des domaines et régions spécifiques.

Copyright pour le résumé Août 2019- Marrier d’Unienville/Diploweb.com


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[1Alfred Mahan, "The influence of sea power upon History : 1660-1783", 1890.

[2Brice Pedroletti, « La Chine modernise sa marine avec un second porte-avions », Le Monde, 27 avril 2017

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