Cette émission [1], Planisphère, Birmanie : le régime des généraux a-t-il encore un avenir ? Avec C. Lechervy, sur RCF - RND

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Synthèse partielle de cette émission, Planisphère Birmanie : le régime des généraux a-t-il encore un avenir ? Avec C. Lechervy. Rédigée par Emilie Bourgoin pour Diploweb.com . Nb : la partie avec l’insert téléphonique n’a pu être présentée ici.

SITUEE en Asie du Sud-Est, la Birmanie partage ses frontières avec cinq pays : le Bangladesh, l’Inde, la Chine, le Laos et la Thaïlande. Sa position stratégique et son accès à l’océan Indien en font un carrefour d’influences entre ces puissances régionales. Avec une population de 54 millions d’habitants, le pays est marqué par une grande diversité ethnique, avec environ 130 groupes ethniques répertoriés. Cette diversité est un facteur clé des tensions internes et des conflits qui ont jalonné son histoire.

Le coup d’État militaire de 2021 et ses conséquences

Le 1er février 2021, l’armée birmane (Tatmadaw) a renversé le gouvernement civil dirigé par la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi. Ce coup d’État n’a pas été une surprise totale : il est intervenu le jour même où devait se réunir le Parlement élu lors des élections générales du 8 novembre 2020, largement remportées par la LND. Depuis 2008, la Constitution birmane réserve 25 % des sièges du Parlement aux militaires et leur garantit des postes-clés dans le gouvernement. Cependant, avec sa victoire écrasante, la LND aurait pu marginaliser davantage les militaires du pouvoir politique et économique. La junte militaire a donc agi pour protéger ses intérêts. Depuis, la junte militaire fait face à une opposition croissante, avec une intensification des conflits armés entre l’armée et divers groupes de résistance, y compris des mouvements issus de la jeune génération (génération Z) et des organisations ethniques historiquement en conflit avec le pouvoir central.

La communauté internationale peine à répondre à cette crise humanitaire que traverse le pays, accentuée par le tremblement de terre du 28 mars 2025. La situation était déjà très difficile. Ce séisme, le plus meurtrier depuis des décennies dans ce pays a causé près de 4 000 morts, plus de 5000 blessés, 50 000 maisons endommagées ou détruites.

Les financements de l’aide humanitaire sont insuffisants, et certaines grandes puissances, comme les États-Unis, ont suspendu leur soutien. L’Union européenne reste un acteur clé, mais son aide peine à atteindre les zones les plus touchées.

Un conflit internationalisé et une médiatisation limitée

Malgré son ampleur, la crise en Birmanie est peu couverte par les médias internationaux. Plusieurs facteurs expliquent cette relative invisibilité :

. Un accès difficile au terrain : les journalistes étrangers ne sont pas les bienvenus et doivent souvent entrer clandestinement dans le pays, ce qui rend un reportage risqué et complexe.

. Une dispersion géographique des conflits : les combats ont lieu sur plusieurs fronts, rendant difficile la couverture médiatique d’ensemble.

. La concurrence avec d’autres crises mondiales : la guerre d’Ukraine, les tensions au Moyen-Orient et les défis climatiques monopolisent l’attention des médias et du public.

Cependant, des médias indépendants birmans en exil, notamment en Thaïlande, continuent de documenter la situation, diffusant des informations cruciales sur les exactions commises par la junte.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

L’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et l’ONU tentent de promouvoir une solution négociée au conflit birman. Dès 2021, l’ASEAN a adopté un plan en cinq points pour encourager la désescalade de la violence, un dialogue associant toutes les parties et des accès à l’aide humanitaire, mais ce dernier reste largement inopérant en raison du refus de la junte de coopérer.

Le principal obstacle à la paix est la conviction, des deux côtés, qu’une victoire militaire est possible. Tant que ni la junte ni l’opposition n’envisageront de compromis, la guerre risque de se prolonger.

Toutefois, la Birmanie joue un rôle stratégique dans la rivalité sino-indienne, et Pékin comme New Delhi surveillent attentivement l’évolution du conflit. La Birmanie est également redevenue le premier producteur mondial d’opium et un centre majeur de cybercriminalité, impliquant des acteurs internationaux. Ces éléments pourraient, à terme, forcer une médiation plus active.

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Ressources pour approfondir l’étude de la Birmanie

Pour mieux comprendre la situation en Birmanie, plusieurs ouvrages sont recommandés :

. Sophie Boisseau du Rocher – Christian Lechervy : L’Asie -Pacifique, nouveau centre du monde, Odile Jacob, 2025, 307 p

. Fiona Bessioud-Janoir (ed.) : Le conflit en Birmanie, Madiba, n°2/2025, 71 p. (https://www.cedire.fr/articles/madiba-ndeg2---le-conflit-en-birmanie )

. Bertil Lintner : The Golden Land Ablaze, Hurst & Company, 2024, 253 p.

. Guy Lubeigt : Birmanie, Dieux, or et frontières, Nevicata, 2014, 96 p.

. Kyar Pauk : L’Odyssée, journal d’un exil birman, SKT Editions, 2025, 252 p.

Ces ressources permettent d’approfondir la complexité politique, sociale et économique de la Birmanie contemporaine.

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