En janvier 2013, David Cameron, a proposé sa vision de l’avenir de l’Europe. Entre le marché unique européen qu’il revendique et l’intégration économique et monétaire qu’il rejette, comment le Royaume-Uni peut-il se situer dans l’Europe nouvelle qui se dessine ? Un référendum est-il envisageable ? A l’occasion de la conférence-débat organisée par Toute l’Europe, le Mouvement-Européen France et le Medef jeudi 11 avril 2013 sur ce thème, nous avons posé la question à Pauline Schnapper, professeur de civilisation britannique contemporaine à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 et membre de l’Institut Universitaire de France. Interview réalisée par Touteleurope.eu, en partenariat avec le Diploweb.com. (4’26’’)
QUESTIONS
. Quels sont les apports du Royaume-Uni à la construction européenne ?
. Comment expliquer l’annonce d’un référendum potentiel sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne ?
. Quelle Union européenne souhaiterait David Cameron ?
. Quelles sont les probabilités que le référendum annoncé ait réellement lieu d’ici 2017 ?
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Pauline Schnapper : "le Royaume-Uni perçoit... par www-touteleurope-eu
Quels sont les apports du Royaume-Uni à la construction européenne ?
Pauline Schnapper : Le Royaume-Uni a participé à la construction européenne, il ne faut pas l’oublier, mais tardivement. Il est entré plus de 15 ans après le traité de Rome et la construction de la CEE pour des raisons qui tenaient au Royaume-Uni lui-même mais aussi à la France qui "n’en voulait pas" dans les années 60. Du coup sa participation a peut-être été plus ambivalente que celle des membres fondateurs.
Il recherchait surtout les avantages économiques, ceux du libre-échange et de l’union douanière, et était moins sensible à la dimension politique, même s’il n’a jamais été opposé à la coopération politique, et j’insiste sur le terme coopération. Dès lors que cela restait intergouvernemental, le Royaume-Uni a toujours été favorable, même durant les années Thatcher, à une coopération entre les Etats membres de la CEE. Pour l’essentiel c’était surtout les avantages économiques qu’il recherchait.
Comment expliquer l’annonce d’un référendum potentiel sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne ?
Pauline Schnapper : Cela s’explique par un mélange de facteurs, intérieurs et extérieurs. Il y a une dimension de politique intérieure très forte puisque le parti conservateur est devenu de plus en plus eurosceptique, pour des raisons idéologiques, et ce depuis les changements qu’a connus l’Europe avec le traité de Maastricht. Il y a une inquiétude chez les conservateurs, mais que l’on retrouve également dans d’autres partis britanniques, relative au fait que l’Union européenne se développe beaucoup plus que cela était prévu au départ, avec une union monétaire et peut-être politique, et que les Britanniques n’ont pas signé pour ça.
La question de la souveraineté reste très forte au Royaume-Uni et les conservateurs notamment craignent cette Union qui va toujours plus loin, dont on ne voit pas la finalité et qui empiète de plus en plus sur les prérogatives nationales. C’est le contexte général, auquel s’ajoute évidemment, sur le plan européen, la crise financière et économique de la zone euro qui accentue encore cette impression.
Quelle Union européenne souhaiterait David Cameron ?
Pauline Schnapper : Une Union européenne qui conserverait le marché unique, point crucial pour tous les Britanniques, qui serait moins régulatrice, moins directive, moins bureaucratique et qui n’interviendrait vraiment que là où il y a une valeur ajoutée de la part de l’Europe comme les questions internationales, d’environnement, de pauvreté dans le monde, de commerce international ... Dans ces domaines même Cameron et les conservateurs ne voient pas de problème à ce que l’Union agisse.
En revanche, le Royaume-Uni perçoit comme une invasion les directives européennes, le budget européen, la politique agricole commune et la politique de la pêche qui restent des points très sensibles outre-Manche.
Quelles sont les probabilités que le référendum annoncé ait réellement lieu d’ici 2017 ?
Pauline Schnapper : Je ne ferai pas de prédictions sur ce référendum. Au point où nous en sommes aujourd’hui, ce référendum ne pourrait avoir lieu que si les conservateurs l’emportent aux prochaines élections (en 2015, ndlr.), ce qui est quand même loin d’être acquis vu la situation économique et leur impopularité actuelle. Mais encore une fois je parle de la situation telle qu’elle est aujourd’hui.
Pour le moment les travaillistes n’ont pas promis un tel référendum. S’ils l’emportent aux prochaines élections ils disent qu’ils n’organiseront pas un tel référendum. Mais le parti conservateur peut finalement l’emporter, cela n’est pas impossible, ou le parti travailliste changer d’avis, sous la pression de l’opinion publique et de la presse etc. C’est toujours difficile de refuser un référendum car cela est vu comme refuser de donner la parole au peuple, et cela est toujours difficile. Donc si les travaillistes cèdent à cette pression et promettent d’organiser un référendum et qu’ils gagnent les élections, dans ce cas-là il aura lieu.
Copyright Avril 2013-Schnapper/Touteleurope.eu
. Voir la vidéo et le texte de l’entretien avec P. Schnapper sur la page de Touteleurope.eu
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