Carte. Les États-Unis dans la zone Indo-Pacifique en 2021 : accords de coopération, de défense et alliances militaires

Par Charlotte BEZAMAT-MANTES, Pierre VERLUISE, le 12 janvier 2022.

Charlotte Bezamat-Mantes, Docteure de Géographie mention Géopolitique – Institut Français de Géopolitique (IFG, Université Paris 8) et cartographe indépendante. Ses travaux ont été récompensés en 2021 par le Prix de thèse de l’Association Française d’Études Canadiennes (AFEC). Rédactrice-Cartographe pour Diploweb.com depuis septembre 2014. Membre de son Conseil scientifique depuis 2022.
Pierre Verluise, Docteur en Géopolitique de l’Université Paris Sorbonne, fondateur du Diploweb. Auteur, co-auteur ou directeur d’une trentaine d’ouvrages. Auteur de la Masterclass : Quels sont les fondamentaux de la puissance ?

Une forte tension survient mi-septembre 2021 entre Paris et Washington DC lorsque l’annonce de la création d’un pacte de sécurité trilatéral appelé AUKUS est fatal à la vente à l’Australie de sous-marins français (Naval Group). Cette carte inédite offre une vision d’ensemble des accords de coopération, de défense et alliances militaires des États-Unis dans une zone d’importance stratégique croissante… où la France espérait bien marquer des points. Carte grand format en pied de page.

Dans un cadre multilatéral

Des alliances militaires…

Du début de la Guerre froide (1947) jusqu’à 2021, les États-Unis ont conclu plusieurs alliances militaires couvrant la zone Indo-Pacifique.

D’abord, le Traité interaméricain d’assistance réciproque (TIAR, signé en 1947 et entré en vigueur l’année suivante) est conclu par les États-Unis et 20 États d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale [1]. Le Traité stipule que les conflits entre ces États doivent être réglés pacifiquement et pose les bases d’une défense commune : toute attaque dirigée contre un pays signataire sera considérée contre une attaque envers tous les membres. La Guerre froide (1947-1991) a déjà commencé et le TIAR vise alors principalement l’Union soviétique [2].

Ensuite, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est créée en 1949 avec le Canada et 10 États européens. C’est donc du côté de l’Océan atlantique que les États-Unis concentrent cette fois leurs efforts. Toutefois, la France et le Royaume-Uni, deux fondateurs de l’OTAN, possèdent des territoires dans la zone Indo-Pacifique, élargissant ainsi la présence de l’alliance au-delà de la seule côte atlantique. Dans l’Océan indien, ces territoires sont Mayotte et la Réunion pour la France, le Territoire britannique de l’Océan indien pour le Royaume-Uni ; dans l’Océan pacifique, il s’agit de la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française et des Îles Pitcairn. Les membres de l’OTAN conviennent qu’une attaque armée contre l’un ou plusieurs d’entre eux en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque contre eux tous et que chacun assistera l’attaqué, en recourant s’il le juge nécessaire à l’emploi de la force armée.

Citons également l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE ou Pacte de Manille), active de 1954 à 1977 et qui regroupait huit pays – Australie, États-Unis, France (jusqu’en 1965), Nouvelle-Zélande, Pakistan (jusqu’en 1972), Philippines, Thaïlande et Royaume-Uni – dans l’objectif affirmé de répondre à d’éventuelles agressions communistes [3].

Carte. Les États-Unis dans la zone Indo-Pacifique en 2021 : accords de coopération, de défense et alliances militaires
Carte. Les États-Unis dans la zone Indo-Pacifique en 2021 : accords de coopération, de défense et alliances militaires
Conception de la carte Charlotte Bezamat-Mantes et Pierre Verluise. Réalisation Charlotte Bezamat-Mantes pour Diploweb.com. Voir la carte au format PDF haute qualité pour impression
Bezamat-Mantes/Diploweb.com

Enfin, le 15 septembre 2021, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie annoncent la création d’un pacte de sécurité trilatéral appelé AUKUS (acronyme en anglais de Australia, United Kingdom et United States), qui se concentre sur les capacités militaires. Le pacte prévoit en effet une coopération en matière de « cybercapacités, d’intelligence artificielle, de technologies quantiques et de capacités sous-marines supplémentaires » [4]. En outre, en vertu du pacte, les États-Unis et le Royaume-Uni aideront l’Australie à acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire. Ce qui fut fatal à un contrat déjà signé pour 12 sous-marins auprès de Naval Group (France). L’Australie dotera également son armée de l’air, sa marine et son armée de terre de nouvelles capacités de frappe à longue portée.

… et des structures de coopération multilatérales

L’alliance AUKUS n’est pas la première à réunir les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, en 1941, les agences de renseignement américaine et britannique partagent déjà des informations confidentielles. Cette coopération est formalisée en 1946 avec la signature du traité UKUSA (United Kingdom-United States Communications Intelligence Agreement), que le Canada rejoint en 1948, suivi par l’Australie et la Nouvelle-Zélande en 1956. Ces cinq pays, surnommés «  Five Eyes  » (les cinq yeux), travaillent alors notamment à l’interception des communications dans leur région respective. Autrement dit, de 1973 à 2020, le Royaume-Uni a été à la fois de l’alliance « Fives Eyes » et de l’Europe communautaire, puis de l’Union européenne. Londres a-t-elle espionné les pays membres de l’Europe communautaire pour le compte des États-Unis ?

En outre, le Quadrilateral Security Dialogue (QUAD, Dialogue quadrilatéral pour la sécurité) désigne la coopération informelle diplomatique et militaire entre quatre États de la zone Indo-Pacifique (États-Unis, Inde, Japon et Australie), cherchant à contrer l’influence croissante de la Chine dans la région [5].

Dans un cadre bilatéral

Les États-Unis sont également engagés dans plusieurs traités bilatéraux avec des pays de la zone pacifique. Ces traités stipulent qu’une agression contre l’une ou l’autre des parties serait considérée comme mettant en danger sa propre sécurité et sa propre paix et que chaque partie agira pour faire face au danger commun : Philippines (1951), Corée du Sud (1953) et Japon (traité de coopération mutuelle et de sécurité de 1960, remplaçant le traité de sécurité de 1951).

Enfin, les États-Unis et le Canada coopèrent depuis 1958 dans le domaine de la surveillance de l’espace aérien nord-américain via le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD pour North American Aerospace Defense Command).

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Copyright pour le texte et la carte Décembre 2021-Bezamat-Mantes/Diploweb.com

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Carte. Les États-Unis dans la zone Indo-Pacifique en 2021 : accords de coopération, de défense et alliances militaires

Conception de la carte Charlotte Bezamat-Mantes et Pierre Verluise. Réalisation Charlotte Bezamat-Mantes pour Diploweb.com. Voir la carte au format PDF haute qualité pour impression



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Cette carte inédite offre une vision d’ensemble des accords de coopération, de défense et alliances militaires des États-Unis dans une zone d’importance stratégique croissante : l’Indo-Pacifique.


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[1Le Mexique s’est retiré du TIAR en 2004, suivi en 2012 par Cuba, la Bolivie, l’Équateur, le Nicaragua et le Venezuela. En 2019, le Venezuela rejoint de nouveau le TIAR. L’Uruguay rejoint le Traité en 2020, après l’avoir quitté en 2019.

[2Guillaume Long, « Le ministère des colonies américaines », Le Monde diplomatique, mai 2020.

[3Texte fondateur de l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est, 8 septembre 1954.

[4Scott Morrison, Premier Ministre de l’Australie, déclaration à la presse, « Australia to pursue nuclear-powered submarines through new trilateral enhanced security partnership  », pm.gov.au, 16 septembre 2021.

[5Nathalie Guibert et Brice Pedroletti, « L’Indo-Pacifique, une alliance XXL pour contrer la Chine », lemonde.fr, 13 novembre 2020.


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