Vidéo. F. Tétart. La nouvelle politique arabe des Etats-Unis

Par Frank TETART, le 26 décembre 2018  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Frank Tétart est enseignant, docteur en géopolitique et diplômé en relations internationales. Après avoir vécu cinq ans aux Emirats arabes unis, il vient de publier « La Péninsule Arabique, cœur géopolitique du Moyen-Orient », (Paris, Armand Colin). Précédemment co-auteur de l’émission « Le Dessous des Cartes » (1994-2008) et rédacteur en chef délégué des revues « Moyen-Orient » et « Carto » (2009 à 2011). Résumé par Thomas Marrier d’Unienville pour diploweb.com

Trois caractéristiques distinguent la nouvelle politique arabe des Etats-Unis : la lutte contre le terrorisme, l’affairisme ou la recherche du gain matériel et l’absence de toute volonté de défendre les valeurs de démocratie et des droits de l’homme. Illustrée de nombreuses cartes, cette conférence a été prononcée dans le cadre du 10e Festival de géopolitique (2018).

Cette vidéo peut facilement être diffusée en classe ou en amphi pour illustrer un cours ou un débat.

Résumé par Thomas Marrier d’Unienville pour Diploweb.com

Le 45e président des Etats-Unis, Donald Trump, est en fonction depuis le 20 janvier 2017. Nous sommes depuis témoins d’un tournant dans la politique étrangère américaine. Une politique agressive, avec des réprimandes publiques envers ses détracteurs, via Twitter notamment. La péninsule arabique représente un terreau fertile et prisé de longue date des Américains. L’objet de cette conférence est de se demander : quel impact l’actuel président américain a-t-il sur la politique arabe des Etats-Unis ?

Comme nous l’indique la carte des « zones de responsabilité de commandement militaire » des Etats-Unis [1], l’USCENTCOM, constitue une zone centrale du dispositif militaire et stratégique américain. L’USCENTOM couvre un espace s’initiant en Afrique de l’Est, de l’Egypte au sud de la Corne de l’Afrique, enveloppant le traditionnel Moyen-Orient pour ensuite s’étendre jusqu’au Kazakhstan, soit le début de l’Asie Centrale.

La péninsule arabique connaît une influence américaine depuis 1945. La découverte du pétrole, source d’énergie permettant la projection de puissance devient la priorité du « Leader of the free world ». La rencontre entre le président américain Roosevelt et le roi d’Arabie Saoudite du 14 février 1945 et l’accord qui en découle, sont les bases principales de l’état de la région à ce jour.

Vidéo. F. Tétart. La nouvelle politique arabe des Etats-Unis
Frank Tétart au Festival de géopolitique
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GEM

En échange d’un approvisionnent constant de la ressource énergétique de l’Arabie Saoudite, le pétrole, les Etats-Unis assurent leur protection. Le parapluie sécuritaire américain émerge alors.

La première base américaine dans la zone est établie au Bahreïn en 1948. Ce premier point d’appui devient le port d’accueil de la Ve flotte des Etats-Unis qui couvre l’ensemble de l’océan Indien. Les américains s‘établissent ensuite au Qatar, à Oman, aux Emirats Arabes Unis, au Koweït, et hors zone à Diego Garcia.

Dans un premier temps, la stratégie d’endiguement menée contre l’Union soviétique est bien accueillie par les régimes de la région. Ainsi, en période de Guerre froide (1947-1991), les Etats-Unis ont un pied au Moyen-Orient. Il bénéficie d’un partenariat privilégié avec la première réserve mondiale en hydrocarbures mais aussi d’une frontière avec l’URSS, via l’Iran.

A compter de 1979, la révolution islamique perturbe et remanie les jeux d’alliances de la région. Le golfe Persique voit sa structure modifiée. Suite à la crise de 1979, l’Iran existe comme un élément menaçant au regard des intérêts américains, voire un ennemi. La contestation de l’omniprésence américaine autour du golfe d’Oman et le détroit d’Ormuz (zone surveillée par Oman et l’Iran) devient symptomatique.

L’anti-américanisme se propage sur une majorité des pays de la péninsule. Sans compter l’attaque extérieure de Pearl Harbour (territoire d’outre-mer américain), le 11 septembre 2001 est la première fois que la superpuissance étasunienne se trouve touchée sur son propre sol. Une remise en question de son allié de longue date en résulte. Osama Bin Laden et une partie de ses acolytes étaient saoudiens (15 sur 19 des terroristes du 11 septembre). Savoir que la puissance du golfe se présente comme un allié des Etats-Unis et abrite, si ce n’est produit, des ressortissants qui manigancent des actes de terreurs à l’encontre des Etats-Unis, est problématique.

Frank Tétart au Festival de géopolitique
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Nonobstant, l’importance stratégique des ressources pétrolières et les intérêts financiers ne les empêchent pas de communiquer. L’Arabie Saoudite est un important investisseur sur les marchés mondiaux. Lors de la crise des subprimes (2007-2008), l’Arabie Saoudite sauve de la faillite un certains nombre des banques américaines. En d’autres termes, de forts liens d’interdépendances perdurent aujourd’hui.

L’anti-américanisme renait suite à l’intervention en Irak (2003 - ), perçue par les monarchies sunnites du golfe et Riyad comme un cadeau fait à l’Iran. Pour la première fois, le pouvoir est transmis d’un leader sunnite, Saddam Hussein, à un gouvernement chiite (la majorité de la population irakienne étant chiite).

Les Etats-Unis se rapprochent alors de l’Iran. Jusqu’à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015, des désaccords de la part des pays arabes sunnites resurgissent. Ils considèrent que Washington prend de nouveau parti pour l’Iran. Les tensions sont telles que l’idée d’un complot iranien soutenu par les américains est défendue par la presse locale.

Le 45e président des Etats-Unis, se tient aux antipodes de son prédécesseur. Trump a choisi un camp, celui des sunnites. Il se dresse face à « l’ennemi chiite » qu’est l’Iran.

Plusieurs semaines après cette conférence, le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien le 8 mai 2018 confirme la mise en place d’un nouveau paradigme.

Copyright pour le résumé 2018-Marrier d’Unienville/Diploweb.com


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. Frank Tétart, "La péninsule Arabique. Coeur géopolitique du Moyen-Orient", Paris, Armand Colin. Via Amazon

4e de couverture

Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar, Yémen : la péninsule Arabique a toujours constitué un lieu de passage entre Europe, Afrique et Asie. Berceau de l’islam, dont elle abrite les villes saintes de La Mecque et Médine, son espace s’est construit au gré des intérêts géopolitiques, si bien qu’il est à présent au coeur de la mondialisation des échanges.

Espace convoité, son attractivité économique et stratégique a fait émerger de nombreuses tensions entre les États de la zone et a exacerbé les fractures existantes aux niveaux religieux (chiites/sunnites), ethnique (Perses/Arabes) et politique (Iran/Arabie saoudite). Parallèlement la péninsule, confrontée au défi de la fin de la rente pétrolière, doit entreprendre une diversification rapide de son économie.
Pour saisir les spécificités de cet espace-clé, cet ouvrage propose une géographie complète à la fois géohistorique, géoéconomique et géopolitique de ce qui constitue aujourd’hui le véritable coeur du Moyen-Orient.

Table des matières : La péninsule arabique, un espace convoité. Une masse déserte bordée de mers. La péninsule Arabique : l’unité par les hommes. Le morcellement étatique de la péninsule Arabique. Le nœud pétrolier du monde . Un espace dans la mondialisation : de la rente à la diversification. Un espace sous tensions.

Avec un atlas en couleur réalisé en partenariat avec la revue Moyen-Orient.

Voir le livre de Frank Tétart, "La péninsule Arabique. Coeur géopolitique du Moyen-Orient", éd. A. Colin. Via Amazon.


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[1Library of Congress. The world with commanders’ areas of responsibility. https://www.loc.gov/item/2005627006/. 2 août 2018.


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