La situation géopolitique en Europe

Par P. M, officier général, le 1er janvier 2003  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Spécialiste des affaires stratégiques.
Entretien avec Pierre Verluise.

Traitant des affaires stratégiques depuis une quinzaine d’années, l’auteur brosse une grande fresque de la nouvelle configuration en Europe, 13 ans après la chute du Mur de Berlin. Il évoque notamment l’explosion des souhaits minoritaires, la place de l’OTAN et les progrès à faire en matière de sécurité européenne.

FIN 2002, quelle est la situation géopolitique "objective" ? Autrement dit, telle que l’observe une personne qui étudie les cartes politiques comme nous en avions autrefois dans les classes, avec des couleurs pour différencier les pays. Il faut tenir compte de la chute de l’empire soviétique mais aussi des progrès de la construction de l’Union européenne.

Première remarque, l’inspiration qui sous-tend les rapports internationaux a changé. Pendant très longtemps nous avons eu à faire à des rapports internationaux entre nations. Ce qui amenait à des accords imposés, en allant quelque fois jusqu’au conflit, voire jusqu’à la guerre. Au début du XXI e siècle, nous cherchons plutôt à disposer de règles négociées. Ce qui pose immédiatement la question suivante : qui légitime ces rapports négociés ? Il existe à ce sujet deux grandes écoles. La première, "universaliste", considère que l’Organisation des Nations Unies est la seule à pouvoir légitimer ce type de rapports. La seconde, "réaliste", avance qu’à l’image de ce qui se passe chez un notaire entre deux personnes pour établir un acte sous seing privé, il suffit d’un accord entre deux pays pour qu’il ait en lui-même une valeur contractuelle.

Eviter la formation d’Etats trop forts

Ce schéma est largement troublé par ce qu’on appelle aujourd’hui la "théorie des gouvernements". Parallèlement à cette évolution, on voit bien l’éclatement survenu dans certaines régions. Cet éclatement résulte pour une large partie du souhait de la communauté internationale de ne pas voir se mettre en place des Etats trop forts. La communauté internationale, de manière plus ou moins intuitive, tacite mais sans trop le dire, s’accorde pour éviter la formation d’Etats trop forts. Les prises de position au sujet de l’Irak de Saddam Hussein sont significatives à ce sujet. La communauté internationale a horreur des Etats trop forts. Ce qui joue aussi contre les Etats-Unis, parce que toute une partie des opinions publiques considère qu’ils sont trop puissants.

La France dans l’UE : pourquoi un tel malaise ?

Depuis le début du XX e siècle, cette théorie a cherché à terriblement affaiblir les Etats pour les rendre moins nationalistes, donc moins belligènes à l’égard de leurs voisins. Au XIX e siècle, cet affaiblissement de certains Etats s’était traduit par la colonisation des plus faibles par les plus forts. En 2002, cet affaiblissement des Etats a une autre conséquence : l’explosion des souhaits minoritaires.

L’explosion des souhaits minoritaires

Voilà le grand fait géopolitique du moment, notamment sur notre continent. Contrairement à ce que l’on peut croire, nous sommes probablement très loin du terme de cette évolution.

Voici un exemple. Voilà deux ou trois décennies Jean-Jacques Servan Schreiber avançait qu’ il fallait casser les nations pour construire l’Europe. Il était sans doute un précurseur sur ce plan. Effectivement, nous assistons aujourd’hui à un démantèlement des Etats très centralisés et puissants. En témoigne à l’automne 2002 le projet de décentralisation - régionalisation formulé par le gouvernement français. Le propos est de réunir des entités administratives qui paraissent trop petites par rapport à d’autres entités en Europe. Historiquement, cela prend un sens par rapport à la formation de la Belgique, de l’unité italienne et de l’unité allemande. Nous voyons que la Belgique continue à être divisée en grandes entités. L’Espagne se divise également. Il en va de même au Royaume-Uni, avec les problèmes gallois ou écossais. Il existe donc actuellement une tendance à la décentralisation via la création de pouvoirs territoriaux grosso modo de la taille d’un land allemand. Ce qui nous amène à la question : qui est gagnant, qui est perdant ? La logique à l’œuvre est de faire baisser le poids des Etats pour augmenter le poids des entités locales.

Le jeu est troublé par deux éléments. Premièrement, la mondialisation exerce une force centripète sur ces processus. Deuxièmement, les phénomènes de terrorisme et de fondamentalisme viennent par une autre forme d’internationalisation troubler ce dessein très "science politique" d’une Europe des nations qui deviendrait une Europe des unités ethniques.

A la fin de l’Empire soviétique, nous avons vu la Moldavie, l’Estonie - qui avait été indépendante 22 ans en 1000 ans d’histoire - ou la Lettonie devenir des Etats avec pignon sur rue. On voit également les tendances autonomistes auxquelles la République française n’échappe pas, par exemple en Corse. Il en va de même en Belgique ou en Espagne.

Résultat, la carte politique de l’Europe devient très impressionniste : une multitude de petites touches. Sommes-nous dans une époque où de ces touches de couleurs va apparaître un portrait ou allons nous rester dans un abstrait très difficile à interpréter ?

Besoin d’armées de sécurité

Pour en venir aux problèmes de sécurité, les géopoliticiens se rendent compte que l’époque des grandes batailles entre armées d’Etats est entre parenthèses pour les vingt-cinq à trente ans à venir. Ce qui est à peu près la durée d’un matériel de sécurité. On a donc besoin de moins d’armées de batailles rangées mais de plus d’armées de sécurité. Ce schéma intellectuellement satisfaisant est brouillé par l’idée que la technologie n’a jamais donné autant de pouvoir perturbateur à des mains qui n’ont pas de citoyenneté internationale reconnue, ni de responsabilités d’Etat et de vie de populations. Ce qui rend la situation très difficile. Parce qu’il faut à la fois admettre que nous n’avons plus besoin d’armées de batailles mais qu’à l’inverse nous devons disposer de suffisamment de forces pour dominer des perturbateurs qui par des moyens non conventionnels ont un pouvoir de destruction extrêmement fort.

Conclusion partielle : les problèmes de sécurité de l’Europe jusqu’à l’Oural constituent un camaïeu de difficultés allant du strict maintien de l’ordre intérieur jusqu’à la bataille ponctuelle, avec des degrés de violences atteints qui ne sont pas proportionnels à la taille des conflits. Je ferais remarquer que du point de vue de la civilisation - il n’est pas interdit d’être militaire et civilisé - cela représente un important recul. En dépit des excès des guerres napoléoniennes et des deux guerres mondiales du XX e siècle, les nations ont inventé les armées pour épargner les populations. L’idée était que les querelles se vidaient entre professionnels mais qu’on essayait de laisser les femmes et les enfants tranquilles. Pour ne pas trop détruire leur mode de vie, on se battait dans des champs clos. Tout cela a volé en éclats à la fin du XX e siècle.

Une large palette de moyens

La situation fin 2002 semble totalement paradoxale : nous avons en Europe des armées qui se veulent civilisées face à des forces de perturbations dont le verni de civilisation saute extrêmement vite. Ce qui nous ramène à l’éternel problème : peut-on en restant civilisé battre et anéantir militairement des forces non civilisées ? Je ne sais pas s’il y a une réponse.

Je crois, en revanche, qu’il ne faut pas se priver des moyens autres que militaires. Il faut notamment utiliser les ressources des politiques sociales, d’éducation, de plein emploi… Il faut éviter que les mouvements subversifs new look soient nourris par la pauvreté et la rupture entre certains éléments et le reste de l’entité sociale. Quand en France, comme dans d’autres pays européens, le père voire le grand-père n’ont pas travaillé depuis longtemps, comment voulez-vous que les fils se sentent citoyen de la nation ? Je ne pense pas que la solution de la bataille soit la meilleure solution. Il n’empêche qu’il s’agit d’un problème de sécurité.

Modification du sens

La sécurité en Europe apparaît ainsi comme un camaïeu de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure. Les mots intérieur et extérieur n’ont plus la même signification que par le passé. Ces mots voient leur sens modifié par la construction de l’Union européenne et son prochain élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale. Ce qui était auparavant un problème extérieur a de bonnes chances de devenir un problème intérieur aujourd’hui.

Le jour ou l’enclave russe de Kaliningrad sera entourée de pays membres de l’Union européenne, si la Russie entend y résoudre une difficulté de manière radicale, s’agira-t-il d’un problème intérieur ou extérieur à l’Union européenne ?

Ce problème de classification n’est pas neutre, parce que les forces de sécurité ont été historiquement divisées en deux, celles de l’extérieur qu’on appelle les forces armées et celles de l’intérieur : la police.

Les minorités

De cette étude il résulte que la sécurité en Europe risque d’être à l’avenir davantage perturbée par des minorités que par des Etats. Voilà de quoi il faut partir quand on veut réfléchir au type de sécurité qu’il faut maintenant mettre en fonction. Il s’agit de plusieurs types de minorités : ethniques, mafieuses et religieuses.

En ce qui concerne les mafias, il y a une continuité entre le banditisme - petit, moyen ou grand - et le terrorisme. Que l’on songe à la manière dont l’ETA ou l’IRA se sont comportés pour se procurer les moyens nécessaires à leur action.

En matière religieuse, je pense notamment à l’Islam. Même s’il n’est pas politiquement correct de le dire, je considère que nous avons en Europe un problème global avec l’Islam. Avec des conséquences aussi diverses que l’inclusion de la Turquie dans l’Union européenne ou bien encore le terrorisme d’Al Qaïda contre "les croisés". Ce vocabulaire est tout de même extraordinaire plusieurs siècles après la fin des croisades. Pourtant, ce terme ressort tel quel.

Face à la difficulté de savoir si un conflit est intérieur ou extérieur, ce qui pose un problème de compétence, il faut revoir les systèmes de sécurité en Europe.

L’OTAN en position favorable

Durant la Guerre froide, nous avions deux composantes. D’un coté l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de l’autre le Pacte de Varsovie. Avec à l’intérieur des dissymétries entre les nations membres. Pour essayer de concilier ces deux systèmes et de traiter l’affadissement de la puissance soviétique avant même sa disparition en 1991, on avait inventé l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Dans l’esprit d’un certain nombre de personnes, notamment de certains diplomates certainement très bien intentionnés, il y avait une tendance - surtout en France - à vouloir considérer l’OTAN comme une alliance militaire et l’OSCE comme le système politique référence pour traiter les tensions et les conflits. Ceci dans l’esprit du premier pacte de stabilité en Europe, une invention française des années 1990.

En fait, l’OSCE s’est délitée. Elle est aujourd’hui devenue fantomatique. Ce qui n’est pas méprisant mais de l’ordre du factuel. Voici dix ans, les observateurs se demandaient : "Le pacte de Varsovie ayant disparu, l’OTAN va-t-elle disparaître à son tour ? L’OSCE va-t-elle prendre le pouvoir ? L’ONU va-t-elle soutenir une organisation des Etats européens ? L’Union européenne va-t-elle émerger à titre de puissance, ou en tous cas de force de cohésion et coordination ?

J’étais de ceux qui pensaient que les chances de l’OTAN étaient faibles. Je me suis trompé. Je continue néanmoins de penser qu’il reste tout à fait paradoxal de conserver ce traité de Washington qui fonde l’OTAN tel qu’il a été conçu (1949, modifié 1954). Un traité est fait pour un objectif qui était, grosso modo, d’assurer la sécurité de la partie Ouest du continent eurasiatique contre les coups de boutoirs éventuels de la partie Est.

Le traité de Washington

Aujourd’hui, ce n’est plus ce qu’il nous faut, donc le traité de Washington - dans sa conception d’ensemble, dans ses termes, comme dans son article 5 - n’a plus grande signification. On l’a d’ailleurs bien vu quand, après les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, les membres de l’OTAN ont proposé de faire jouer l’article 5, c’est à dire la garantie automatique de sécurité, au bénéfice des Etats-Unis. On s’est alors aperçu qu’il n’y avait rien derrière : pas de forces à mobiliser, pas de moyens militaires à offrir. L’article 5 reste donc largement déclaratoire. Il n’y avait pas de garantie de sécurité automatique dans ce type de conflit. L’esprit du traité de Washington n’est donc plus adapté au temps présent.

Si le traité de Washington n’est plus adapté, qu’en est-il de son outil militaire et de sécurité : l’OTAN ? Comme toute organisation, l’OTAN a un instinct de survie. En tant que personnage mythique, l’OTAN a très bien négocié ces dernières années. Elle a su se transformer, au moins au niveau déclaratoire et dans le libellé des missions, pour montrer qu’elle pouvait prendre en charge les nouveaux problèmes de sécurité. En 2002, l’OTAN se pose en candidat pour assumer la fonction de force de maintien de l’ordre. L’OTAN se pose tellement fortement sur ce terrain que cela créé des difficultés relationnelles avec l’Union européenne. (Voir une carte de l’OTAN en 2004)

La composante sécurité de l’Union européenne

L’Union européenne est, en effet, la troisième composante. Certes, on peut discuter pour savoir si l’UE est l’Europe des marchands ou une Europe de puissance. De même on peut se demander si le militaire doit précéder le politique ou l’inverse. Tout cela me fait penser à l’œuf et la poule. Au résultat, ce que nous constatons en 2002, c’est que l’UE aimerait bien avoir une composante de sécurité.

Cependant, la composante de sécurité de l’Union européenne a beaucoup de mal à émerger. Il y a pour cela deux grandes raisons. La première c’est l’OTAN, parce qu’il n’y a probablement pas de place pour deux alligators dans la même mare. La deuxième raison, c’est que la plupart des nations composant l’Union européenne n’ont pas de désir de puissance. La conjonction de ces deux éléments fait qu’on n’arrive pas véritablement à mettre concrètement sur pied un outil de sécurité. On fait des choses qui ne sont pas négligeables, mais cela manque de souffle. Cela saute aux yeux si l’on compare avec le projet de la Communauté Européenne de Défense (CED), voici une quarantaine d’années.

Si l’on considère l’élargissement prochain de l’UE aux PECO, il est prévisible que la multiplication du nombre de membres de l’UE n’arrangera rien. Il est plus facile de faire quelque chose à six qu’à vingt-cinq. (Voir une carte géopolitique de l’Europe à la veille de l’élargissement de l’UE - 362 ko)

Comme deux liquides dans un tube en U

Pour comprendre le paysage de la sécurité géostratégique en Europe en 2002, il faut voir l’OTAN et l’UE comme deux liquides dans un tube en U. Si l’un monte, l’autre descend. On voit très bien que l’on arrive pas à faire monter les deux en même temps comme nous aimerions le faire. Si l’on veut que les deux liquides montent dans un tube en U, il y a pourtant une solution : rajouter du liquide. A ce moment là le niveau monte. Alors qu’aujourd’hui on ne rajoute pas du liquide, on rajoute du vent. Rajoutant du vent, l’un baisse - le côté européen - l’autre monte, c’est à dire l’OTAN. Les Européens doivent maintenant rajouter du liquide, c’est à dire non plus des discours mais de la volonté d’avoir de la sécurité.

Qui veut une Europe puissance ?

Sinon, la cohabitation entre l’UE et l’OTAN dans une chambre trop petite risque de ne pas bien fonctionner à l’avenir. D’autant que les Etats-Unis ne savent toujours pas s’ils ont envie d’une Europe. D’un côté, ils craignent d’avoir une Europe forte mais qui serait un adversaire, notamment économique. D’un autre côté, les Etats-Unis voudraient voir les Européens prendre davantage en charge leur propre sécurité, au lieu que se soient les soldats américains qui fassent le travail. On n’arrive pas à sortir de ce dilemme.

En Europe, il y aujourd’hui seulement deux pays qui ont encore des moyens d’avoir une politique de défense : le Royaume-Uni et la France. L’Allemagne pourrait les avoir mais Berlin n’en a pas envie. Il y a trois pays qui ont surtout des problèmes de susceptibilité : l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas. Viennent ensuite les nouveaux venus, c’est à dire les pays d’Europe centrale et orientale.

Comment se pose la question de la cohésion de l’Union européenne ? En dehors de ces problèmes de volonté, il faut prendre en compte deux paramètres.

Les questions minoritaires vont ressortir

Premièrement, le complexe minoritaire. Les pays que nous acceptons dans l’Union européenne sont de plus en plus petits, sauf exception. Ils arrivent donc avec le souhait de profiter de la manne de l’Union européenne, ce soleil qui les éblouit à l’Ouest, même s’il est couchant. En même temps, ces pays ne veulent pas y perdre leur identité, ce qui pose un problème de susceptibilité. Voilà qui nous ramène au problème des minorités. On aura un jour un problème avec la minorité moldave, ou la minorité tchèque, ou la minorité hongroise. Comme on en a déjà en Serbie. Nous allons revenir au sein de l’Union européenne à des situations type empire austro-hongrois ! Les Sudètes vont réapparaître. Dès qu’il y aura la moindre difficulté, les questions minoritaires vont ressortir.

Comment décider à 25 pays membres ?

Dans ce contexte, on imagine mal des structures de décision à 25 qui soient véritablement opérationnelles. C’est pourquoi je soutiens la Convention et l’idée d’une Constitution européenne. C’est tout à fait nécessaire et évident en matière de sécurité. On ne fait pas de sécurité sans chef. Certes, il ne faut pas des chefs trop forts. Il faut des contre-pouvoirs, de la démocratie… mais on ne fait pas de sécurité sans un minimum d’unité de commandement. Il faut souhaiter que la Constitution aboutisse à une tête d’exécutif qui soit réelle, pas une hydre. Si la tête de l’exécutif est à 25 bras avec un œil au bout, nous n’y arriverons pas. Il ne faut pas tomber dans le piège de l’hydre. En matière de sécurité, cela me semble fondamental.

Pour ma part, j’aurai été partisan d’un processus par étape, avec un noyau et diverses formules d’adhésion. De façon à disposer de zone d’acclimatation et d’observation. Il eut été préférable de partir à six ou sept et de se développer au fur et à mesure. Nous faisons, au contraire, l’énorme pari de partir à vingt-cinq. En matière de sécurité cela me paraît extrêmement difficile.

Préalable : une analyse commune

Deuxièmement, les membres de l’Union européenne vont devoir être capables de se mettre d’accord sur l’analyse de problèmes de sécurité extérieure. La perception de la Belgique face au problème de la turquicité dans le Caucase ne sera sûrement pas la même que celle de la Grèce ou de la Hongrie, voire un jour de la Turquie. Face à l’adhésion des pays de l’ancienne entité yougoslave - qui se posera certainement un jour - nous aurons un mal fou. Or, il n’y pas de possibilité d’action de sécurité possible si on n’a pas au moins une analyse commune sur l’état de la menace et les moyens d’y faire face. Il faut au moins être d’accord sur la menace et comment agir, après il est possible de monter des systèmes pour réaliser la décision. Il faut que le système politique sécrète cette analyse commune. La décision ne peut venir qu’après.

Les Etats-Unis sont aujourd’hui une puissance européenne

Cela pose des problèmes intérieurs mais aussi des difficultés avec les Etats-Unis et la Russie. Les relations avec ces deux entités sont de nature très différente, et le parallèle qu’on peut faire entre les deux n’est qu’académique et visuel. Qu’on le veuille ou non, les Etats-Unis sont aujourd’hui une puissance européenne. Même si, on nous annonce périodiquement qu’ils se retirent.

En dépit d’un discours européen volontiers nombriliste, les Etats-Unis ont une vision globale du monde. Ce qui les amène à donner la priorité à l’une et/ou à l’autre des régions. N’oublions pas qu’en 1944-1945, les Etats-Unis étaient en même temps capables de débarquer sur les plages de Normandie et de mener la guerre dans le Pacifique. Ce qui force l’admiration. Dans le même temps, il est vrai que les Etats-Unis sont parfois tentés par une vision nombriliste du monde avec une tendance isolationniste. Celle-ci semble forte aujourd’hui, notamment parce qu’ils ont compris qu’ils peuvent - comme les autres - avoir des difficultés sur leur territoire. Ils sont un peu embarrassés avec cette grande puissance, cet énorme bâton dont ils sentent bien qu’ils ne peuvent pas se taper sur la tête eux-mêmes.

La position de la France doit évoluer

Pour en revenir à l’Europe, il faut admettre que les Etats-Unis sont une puissance européenne. Il faut faire avec. La position de la France à cet égard doit évoluer. Autant le mémorandum du général de Gaulle en 1966 reste génialement écrit et tout à fait d’actualité, autant les conséquences à tirer de ce mémorandum ont totalement changé. A l’époque, il s’agissait d’un triumvirat nucléaire auquel la France voulait participer. Ce triumvirat n’a plus de mise aujourd’hui, ce qui ne veut pas dire que je suis pour la disparition de l’arme nucléaire. La notion de coalition à la carte n’a rien à voir avec celle d’alliance telle qu’elle avait été conçue pour la Guerre froide. Aujourd’hui, certains européens voudraient pouvoir se débrouiller tous seuls, indépendamment des Etats-Unis. Pour autant, la plupart des Européens n’ont pas du tout envie qu’on les laisse se débrouiller tout seuls. Ce sont les plus nombreux en nombre d’Etats, pas forcément en nombre de soldats armés, mais en nombre de voix au Conseil, donc ils emportent la décision.

Pour autant, il faut comprendre la stratégie des Etats-Unis. Je serais Américain, je pense que je l’approuverais ; mais je suis Français, j’ai donc une opinion légèrement différente. Cependant, pas au point de dire que les Américains sont des diables vivants et que l’on souhaite leur chute. Ne serait-ce que parce leur chute nous coûterait fort cher.

La Russie veut s’amarrer à l’Europe

Vis à vis de la Russie, évidemment, la situation est tout à fait différente. Historiquement, ce pays a toujours voulu se raccrocher à l’Europe, je ne vois vraiment pas pourquoi il cesserait d’y aspirer. Selon les époques, ce projet a été mené par en haut ou par en bas, par la force ou la civilisation, en copiant les monuments italiens ou en fabriquant des chars par dizaines de milliers… Les moyens changent, mais la finalité reste. Je crois beaucoup aux grandes constantes en la matière. Il y aura toujours le souhait russe d’aller vers les mers chaudes, mais c’est là un autre problème, et le souhait de s’amarrer à l’Europe et d’être une nation européenne.

A l’OTAN, Moscou est dans une position plus favorable que Paris

En 2002, nous sommes dans une situation tout à fait étrange. Bientôt la Russie sera non seulement dans l’OTAN mais dans une situation à certains égard meilleure que la France. En effet, la Russie participe à un Conseil mixte à Bruxelles (Conseil Conjoint Permanent, depuis 1997) pour associer la Russie aux grandes décisions de l’OTAN. Et on les reçoit avec maints égards. Alors que la France n’a même pas la possibilité d’exprimer sa voix sur les grandes options militaires qui se préparent !

La Russie aimerait participer aux forces de réactions rapides de haute et moyenne intensité que l’OTAN est en train de créer, et l’on négocie à ce sujet avec Moscou. Alors que l’OTAN refuse de labelliser les forces françaises. Sous prétexte que la France n’appartient pas à l’OTAN. Ce qui est faux. La France appartient à l’OTAN mais pas à l’organisation militaire intégrée. Bref, ce sont de vieilles lunes qui ressortent. Il n’empêche que la situation objective est celle-ci : Moscou est en position plus favorable que Paris. Je pense que la France devrait en tirer beaucoup plus les conséquences. Il faudrait cesser de souhaiter avoir ce rapport de puissance avec l’OTAN. Il devient urgent de développer des rapports d’influence au sein de l’OTAN. Ce serait beaucoup plus rentable pour la France.

Vers un nouvel équilibre

En ces affaires, on ne fait jamais fi du passé. Quand bien même nous le voudrions, nous ne pourrions pas faire abstraction de tout ce qui s’est passé entre la France et l’OTAN depuis 1966, date à laquelle le général de Gaulle a tapé sur la table et claqué la porte. L’idée n’est pas d’aller à Canossa mais de considérer que l’OTAN évolue suffisamment pour que la France converge vers un nouvel équilibre, où les mots seraient différents de ceux du passé. Ce qui nous permettrait de prendre une place dans l’OTAN qui serait révélatrice que de que la France y apporte. Ce qui n’est pas le cas en 2002. Pour l’heure, nous y apportons beaucoup plus que nous n’y gagnons. C’est la réalité des choses, tant qu’il n’y a pas une grande guerre du moins.

La France doit développer une stratégie d’influence

Pour en sortir, il faut penser en terme non plus de puissance mais d’influence et arrêter d’exiger des postes de commandement. La France, depuis longtemps, se bat beaucoup trop pour avoir des situations flamboyantes, ce qui est typiquement à l’image de notre nation. Nous nous battons trop pour avoir le commandement de ceci ou cela. C’est d’ailleurs pourquoi notre manœuvre a échoué en 1995, parce que la France souhaitait avoir un commandement majeur dans l’OTAN.

Non, il importe davantage d’avoir des gens aux bons endroits. Dans certains cas, il est important d’avoir un bon contact avec le rédacteur d’un document clé. De même, il vaut souvent mieux avoir l’oreille de la secrétaire plutôt que du patron : elle sait poser le dossier au bon endroit dans la pile, quand présenter à la signature… Il ne faut pas se polariser sur les postes prestigieux. Il faut de la constance, de la parole, de la communication. Nous ne communiquons pas assez. Enfin, il importe d’avoir de la continuité dans le temps. Sinon, on fait un coup d’éclat qui apparaît quelques années plus tard comme un coup d’épée dans l’eau. On a tiré un beau coup de canon, mais l’obus est tombé dans l’eau.

Les Français savent le faire à l’ONU, mais à l’OTAN...

La stratégie d’influence implique de pouvoir intervenir très en amont, au moment de l’élaboration des stratégies, des concepts, des modes d’action, des préparations de décisions. Ce que nous faisons au Conseil de Sécurité des Nations unies. J’ai participé pendant un temps à la préparation de ce qui pouvait devenir ultérieurement des décisions du Conseil de Sécurité concernant un certain nombre de sujets où la France était intéressée. J’ai vu que les Français savent très bien le faire à l’ONU. A l’OTAN, on s’est mis en position de refuser de le faire. Il est clair que la politique de la chaise vide est terrible.

Nous ne demandons pas une estrade mais des chaises partout où nous en avons besoin. Ni estrade, ni strapontins, mais des chaises, voilà ce que j’entends par politique d’influence. Il y a des domaines où nous savons le faire, par exemple au Bureau Militaire de Standardisation (BMS) de l’OTAN. Nous prenons part de manière positive à l’élaboration des documents tactiques de l’OTAN, par exemple au sujet de la doctrine en matière de guerre des mines. Il faut apprendre à le faire ailleurs.

Un plan stratégique

Cela implique une évolution très forte. Cela passe par une inflexion très forte de notre politique étrangère traditionnelle. Il faut beaucoup évoluer. Cela passe par une révolution des mentalités, par un plan stratégique très bien fait, minutieusement établi sur le moyen et le long termes. Il faut éviter, en outre, qu’à chaque alternance politique on change de cap. Parce qu’il faut dix ans pour mener à bien un tel redressement. Il ne faut pas attendre d’avoir fini de balayer devant sa porte pour commencer à avancer, sinon les autres seront déjà loin. Si on est décidé, cela se fera. Il existe dans ce pays des gens qui savent monter de tels dossiers. L’Ecole Nationale d’Administration apprend très bien à faire cela.

Les rapports entre l’Europe et la Russie vont s’intensifier

En attendant, la Russie va être petit à petit associée à l’OTAN et je pense qu’on ira assez loin. Je ne vois aucune raison pour que les Russes ne participent pas à un certain nombre de missions. D’ailleurs, ils l’ont déjà fait, par exemple au Kosovo… Le détachement russe y a joué son rôle, avec l’originalité à tous égards qu’on lui connaît, mais cela recommencera. Il n’y a aucune raison que cela ne se fasse pas. C’est normal. En plus, nous en avons besoin. Il faut qu’il y aillent. En outre, c’est une manière de les amadouer, de les faire venir vers plus d’esprit de démocratie occidentale. Je pense que cela viendra.

Certes, il y a les abcès comme la Tchétchènie… Ce sont des freins, mais pas des obstacles insurmontables. Je dis cela parce que je ne suis pas Tchétchène. Si je l’étais, j’aurais sûrement un raisonnement différent. Pour autant, les Tchétchènes ne sont pas tous des enfants de chœur.

Les rapports entre l’Europe et la Russie vont donc s’intensifier. Ce qui va nous mettre une nouvelle fois devant la question : OTAN, UE, OSCE … avec qui les Russes doivent-ils discuter ? Ils nous disent : "qu’est-ce que c’est que ce bastringue chez vous ? Mettez-vous d’accord, avec qui devons-nous négocier ? Qui est l’homme rentable dans cette affaire ? "

L’OTAN donne le rythme de l’élargissement, et l’UE court derrière

Nous allons nous retrouver face à cela. Or, les progrès sont beaucoup plus rapides avec l’OTAN qu’avec l’UE. C’est l’OTAN qui donne le rythme de l’élargissement, et l’UE court derrière. L’OTAN finance - avec une participation européenne importante - et l’UE fait également des efforts. En fait, les pays européens membres de l’OTAN et de l’UE paient deux fois…

C’est d’ailleurs le problème de " Berlin + "( objectif européen fixé à l’occasion du sommet du Cinquantenaire de l’OTAN, en 1999), c’est à dire la disponibilité des moyens dits de l’OTAN pour la sécurité de l’Union européenne. Il est bien clair que ce qui a été fait sous couvert de l’OTAN appartient à tous les copropriétaires.

Il faut obtenir la disponibilité des matériels de l’OTAN pour l’UE

Il n’y a donc pas de raison pour que les Européens ne l’utilisent pas. Nous n’allons pas nous payer deux systèmes de défense… Nous avons déjà un problème entre "intérieur" et "extérieur", nous n’allons pas y ajouter un conflit d’intérêt avec l’OTAN, avec par exemple un calculateur binaire à l’OTAN et un ordinateur ternaire à l’UE. Ce serait complètement sot. Nous n’avons pas à avoir vingt cinq systèmes différents. Ce n’est pas possible. Il faut donc obtenir la disponibilité des matériels de l’OTAN pour l’Union européenne, ce qui oblige à faire sauter cette affaire de Berlin +. L’Union européenne doit pouvoir bénéficier de la disponibilité des moyens de l’Alliance. Ce qui pose la question du commandement.

L’UE n’a même pas les moyens d’analyse et de décision

Il faut qu’un jour ou l’autre l’Union européenne atteigne sa majorité en matière de sécurité. En 2002, nous n’y sommes pas du tout. Parce que nous n’avons pas l’utilisation des moyens d’analyse et de décision. Tant que vous n’avez pas les moyens d’analyse et de décision, vous n’existez pas. Les outils viennent après. Le fond de l’affaire réside dans l’analyse et la décision. A la limite, il vaut mieux avoir les moyens d’analyse et de décision que les outils, si les outils existent ailleurs. Si vous n’avez que les outils mais que vous ne pouvez pas savoir comment vous en servir et que personne ne décide de s’en servir, la situation est terrible. Voilà l’idée de base.

Certes, on a monté un état-major européen à Bruxelles. Il existe d’un côté une unité qui suit les synthèses politiques et de l’autre un état-major militaire. Récemment, la décision a été prise de rapprocher ces deux entités. Vous voyez bien la méfiance réciproque qu’il y avait initialement entre politiques et militaires, qui ne voulaient pas se polluer. Compte tenu de la modestie des moyens, on a rapproché l’unité d’analyse et l’état-major militaire européen pour créer un Centre de Situation fonctionnant 24h sur 24. Quand il se passe quelque chose, il est irrigué par les pays membres qui lui apportent leur analyse… En souhaitant bien évidemment chacun faire prévaloir la sienne.

L’UE a pour l’instant choisi de laisser la planification à l’OTAN

Pour autant, quand on en arrive à la pré planification au sujet d’un problème - mettre dans une pièce des gens qui réfléchissent sur ce qu’on pourrait faire, quelques solutions très globales - puis à la décision en faveur de l’un des axes, on passe à la planification - comment vraiment faire concrètement, avec quels moyens ? - l’Union européenne a pour l’instant choisi de laisser la planification à l’OTAN.

C’est ce qu’on appelle Berlin +. On a demandé d’avoir les moyens de l’OTAN pour travailler, mais en contrepartie on a accepté de faire notre planification stratégique au sein des instances de l’OTAN, sous prétexte de ne pas dupliquer, sous la houlette américaine. Aussitôt les Français y dénoncent un processus "otanien", ce qui semble immédiatement connoté. Il est vrai que le mode d’action de l’OTAN n’est pas nécessairement celui des Européens. Les Américains sont toujours portés sur le "tout technologique", avec le recours au bombardement aérien, comme au Kosovo. Ce n’est pas forcément ce qui convient aux Européens. Les Européens n’ont pas forcément à avoir les mêmes modes d’action. Les Européens doivent apprendre à inventer leurs modes d’action spécifiques. Cela me paraît important. Il faut construire une culture commune.

45 ans après le traité de Rome, l’UE doit atteindre sa majorité

En matière de sécurité, l’Union européenne n’a pas encore atteint sa majorité. Pour autant les évolutions - progrès ou régressions - politiques ne sont jamais irrémédiables. En outre, la vitesse de progression peut s’accélérer ou se freiner, en fonction des circonstances et de la perception des menaces. A certains égards, des malheurs font faire des progrès. Quelque part, les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont fait faire des progrès rapides à un certain nombre d’instances de concertation qui avaient du mal à décoller.

La majorité de l’Union européenne passe par une Constitution qui prévoit un système viable de décisions géopolitiques. Une règle du jeu et un meneur de jeu.

La génération des moyens

Il existe une autre dimension, la génération des moyens. Cela intègre d’un côté les problèmes industriels, de l’autre les problèmes financiers. Pour faire très vite, tout ce qui est tutelle de l’Etat sur les industries de défense me paraît caduque. La vague de libéralisme, les restructurations industrielles, la baisse des budgets de défense … tout cela concourt à des rassemblements tels que la nationalité d’une société ne veut plus dire grand chose, sauf dans des domaines extrêmement particuliers. Quelle est la nationalité d’Airbus, de EADS ou même de Thalès ? Il faut cesser d’imposer cet espèce de tuyaux de poêle aux industries de défense sous le nom de tutelle. En 2002, la tutelle ne veut plus rien dire.

D’autant qu’on ne peut pas dire que l’Etat se montre un actionnaire de référence extrêmement performant en matière de management. Il vaut mieux en tirer les conséquences : supprimer tous ces commissaires et contrôleurs du gouvernement et autres moyens dits de coercition interne. Pour tomber dans une logique beaucoup plus proche de la réalité. Il serait beaucoup plus profitable d’avoir avec eux des garanties et de bons accords sur produits, sur programmes, sur recherches, voire de subventions. Parce que cela peut se justifier pour faire des recherches non destinées au "marché".

Un périmètre commun à financer ensemble

Le deuxième point concerne les finances, mais on ne peut parler de finances sans étudier d’abord l’harmonisation des besoins opérationnels, des calendriers puis le financement. La loi du juste de retour, qui dit qu’un Etat doit y gagner ou au moins récupérer ses investissements, doit être redessinée sur le plan des équipements et de la sécurité. Il faudrait étudier l’idée d’un noyau dur. En matière de finances, les Européens devraient en quelque sorte se mettre d’accord sur un périmètre commun à financer ensemble. Ce périmètre commun, plus ou moins central mais pas nécessairement - ce peut être logistique, de soutien, d’entretien, de nourriture - payé en commun, avec des clés de répartition comme on sait bien le faire dans l’OTAN.

A côté, chacun se paie ce qu’il veut. Si la France veut une dissuasion et que celle-ci ne se trouve pas dans le pot commun, la France finance elle-même sa dissuasion. Cela lui coûtera X milliards d’euros par an. Si elle en a les moyens, elle se l’offre, sinon, elle décide ce qu’elle doit faire. Cela pourrait être une manière de progresser vers des financements européens des systèmes de sécurité.

Cette idée existe déjà, à l’état d’embryon, avec l’Office de Coordination des programmes d’Armement (OCAR). On verse un programme à cet office commun - qui ne concerne pour l’heure qu’un petit nombre de pays européens - puis cet organisme le gère, mais ce n’est pas encore une fusion. Pour l’instant, on fait un peu comme les municipalités quand elles veulent se payer une piscine, en allant démarcher le Conseil général, le Conseil régional … L’analyse géostratégique doit être accompagnée d’opérations réalistes.

Finalement, ce qui est le plus facile, c’est de faire travailler les soldats sur le terrain. Grâce à l’OTAN, on sait le faire depuis longtemps. Ce qui est avant reste très difficile, une fois sur le terrain, ça va. Voilà une note optimiste pour conclure.

Manuscrit clos le 5 novembre 2002

Copyright 20 décembre 2002 - P.M.-Verluise/Diploweb.com


Plus à ce sujet : Pierre Verluise, 20 ans après la chute de Mur. L’Europe recomposée, Paris : Choiseul, 2009. Voir


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