Cartes. Le poids de l’industrie dans le PIB des États membres de l’UE

Par Anaïs VOY-GILLIS , le 21 octobre 2020.

Anaïs Voy-Gillis Docteure en géographie de l’Institut Français de Géopolitique (IFG). Les recherches d’Anaïs Voy-Gillis portent sur les enjeux et les déterminants de la renaissance industrielle de la France, ainsi que sur la montée des nationalismes en Europe. Elle a publié deux ouvrages en 2020. Le premier aux éditions du Rocher, « L’Union européenne à l’épreuve des nationalismes » et le second aux éditions Marie B avec Olivier Lluansi, « Vers la renaissance industrielle »

Les cartes illustrent bien la tendance à la désindustrialisation non seulement des pays d’Europe occidentale, mais également ceux des Pays d’Europe centrale et orientale (PECO), avec des nuances et un cas particulier, l’Allemagne. Les cartes sont disponibles en pied de page, en grand format après avoir cliqué sur la vignette.

Cette planche de cartes est extraite de Anaïs Voy-Gillis, Olivier Lluansi, Vers la renaissance industrielle, coll. Lignes de repères, chez Editions Marie B, 2020. Anaïs Voy-Gillis a accordé un entretien au Diploweb.com « Vers la renaissance industrielle française ? »

En pied de page, cette planche de cartes présente les évolutions du poids de l’industrie dans le PIB sur la période allant de 1995 à 2017. Ces cartes illustrent bien la tendance à la désindustrialisation non seulement des pays d’Europe occidentale, mais également ceux des Pays d’Europe centrale et orientale (PECO).

Avant de détailler, la première information à noter dans ces cartes est relative au périmètre des données prises en compte. Les données utilisées sont celle de la Banque mondiale qui a une appréciation plus large du terme « industrie » que celle d’Eurostat ou de l’OCDE, ce qui explique un poids plus fort de l’industrie dans le PIB avec les données de la Banque mondiale que quand on regarde d’autres données. Le décalage entre les données de la Banque mondiale et celles de l’OCDE est de l’ordre de 2 à 4 points de PIB. Le périmètre des champs de l’industrie fait l’objet de nombreux débats et controverses. Ce débat est également renforcé par le fait que la baisse du poids de l’industrie dans le PIB est également liée à des phénomènes d’externalisation de certaines activités (maintenance, nettoyage ou bureau d’études par exemple) qui sont depuis considérées comme des services à l’industrie et non comme de l’industrie. Ainsi, l’idée d’industrie renvoie traditionnellement à celle de l’industrie manufacturière. Par conséquent, certains plaident pour une définition étendue de l’industrie en intégrant les services à caractère industriel et les énergies. Nous sommes plutôt favorables à cette définition, notamment l’intégration de certains services dans le périmètre de l’industrie qui bien souvent ne pourraient pas perdurer en France sans base industrielle nationale. En outre, l’industrie évolue également en intégrant dans ces offres produits une couche de services qui appellent non pas à changer son nom, mais à revoir la manière dont on la définit.

Une fois expliqué cet aspect méthodologique, les cartes illustrent bien la tendance à la désindustrialisation non seulement des pays d’Europe occidentale, mais également ceux des Pays d’Europe centrale et orientale (PECO). Elles montrent également que l’Allemagne, grâce à sa stratégie industrielle mise en place depuis la réunification, a réussi à maintenir une base industrielle solide. Les PECO conservent néanmoins une base industrielle importante, notamment grâce à l’implantation d’usines appartenant à des groupes industriels allemands (automobiles par exemple). Ces pays ont également profité des phénomènes de délocalisation d’activités en raison notamment du faible coût de leur main d’œuvre ce qui explique que leur base productive reste plus dynamique qu’en France.

L’Irlande fait figure d’exception avec une balance commerciale excédentaire, un poids de l’industrie dans le PIB plus élevé qu’en Allemagne et de nombreuses exportations en dehors de l’Union européenne. En 2015, le Royaume-Uni et la France exportaient l’équivalent de 22 500 euros par emploi, l’Allemagne 35 000 euros et l’Irlande 151 000 euros. Entre 2013 et 2015, la production industrielle irlandaise a bondi de 65,7% et depuis 2000 elle a été multipliée par 2,3 alors qu’elle est baisse en France et stagne dans la zone euro. Paradoxalement, le poids de l’emploi industriel a lui chuté dans les mêmes proportions qu’en France sur la même période. Cette situation économique peut s’expliquer par le dumping fiscal appliqué par l’Irlande [1] et par les mécanismes de prix de transferts mis en place par certaines entreprises pour limiter leur chiffre d’affaires dans un autre pays qui sont moins intéressants sur le plan fiscal que l’Irlande. La situation irlandaise s’expliquerait donc plus par des éléments fiscaux que par une évolution réelle de sa base productive.

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NDRL : voir aussi sur le site du CEPII, Sébastien Jean & Vincent Vicard "Relocaliser, réindustrialiser : dans quels buts ?" (PDF)

Titre du document :
Cartes. Le poids de l’industrie dans le PIB des Etats membres de l’UE

Cliquer sur la vignette pour agrandir les cartes. Réalisation : Anaïs Voy-Gillis



Document ajouté le 5 septembre 2020
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Ces cartes illustrent la tendance à la désindustrialisation non seulement des pays d’Europe occidentale, mais également ceux des Pays d’Europe centrale et orientale, avec des nuances.


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[1NDLR : Les Etats membres de l’UE ont jusqu’ici conservé un droit de veto sur les politiques fiscales, ce qui produit des distorsions de concurrence entre pays membres. Cette situation est le résultat de choix politiques et de rapports de force qui contredisent l’objectif de solidarité affiché dans les traités européens. Les entreprises qui en usent pratiquent ainsi une forme de dissimulation fiscale tolérée par les États dont les ressources sont ainsi réduites. Ce système opaque enrichit des intermédiaires financiers mais appauvrit des territoires.


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