UE-27 PIB 2009-2010 : quelles prévisions ?

Par Pierre VERLUISE, le 29 décembre 2009  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Directeur du diploweb.com, associé à la Chaire Raoul Dandurand. Co-auteur de Géopolitique de l’Europe, Paris, Sedes (2009)

Le passage de 2009 à 2010 pourrait signifier la bascule progressive d’une diminution du PIB à une reprise progressive de l’activité économique. Pour autant, la question sociale reste entière.

Une version plus développée de cet article a été publiée ultérieurement, sous le titre "Europe sociale : 2010, l’année de tous les risques ?" Voir


IL FAUDRA probablement attendre 2011 afin de disposer de données consolidées pour le Produit intérieur brut (PIB) [1] de l’année 2009. Pour autant, les prévisions mises en ligne fin décembre 2009 par la base de données d’Eurostat offrent des indications plus proches des réalités que les chiffres annoncés un an plus tôt.

Observons le graphique ci après, UE-27, membres et candidats : taux de croissance du PIB en volume, variation en pourcentage par rapport à l’année précédente, prévisions pour 2009 et 2010.

UE-27 PIB 2009-2010 : quelles prévisions ?
UE-27, membres et candidats : taux de croissance du PIB en volume, variation en pourcentage par rapport à l’année précédente, prévisions pour 2009 et 2010
Après une crise brutale en 2009, une reprise assez peu dynamique s’esquisserait en 2010

À l’échelle de l’UE-27, le PIB aurait diminué de 4,1% en 2009 par rapport à l’année précédente. Il s’agit d’un choc considérable, inédit depuis la création de l’Europe communautaire en 1957. En 2009, le PIB des Etats-Unis aurait baissé de 2,5% et celui du Japon de 5,9.

À l’échelle des États membres de l’UE, 26 pays sur 27 auraient enregistré une « croissance négative » de leur PIB en 2009. Il est possible de distinguer trois groupes de pays.

En premier lieu, le groupe des 3 pays marqués par une diminution du PIB de -18,1 à -13,7%.
Il s’agit des États Baltes : Lituanie (-18,1%), Lettonie (-18) et Estonie (-13,7).

En deuxième lieu, le groupe des 14 pays caractérisés par une diminution du PIB de -8 à -4,1%, soit la moyenne de l’UE-27
. Il s’agit des pays suivants : Roumanie (-8%) ; Irlande (-7,5) ; Slovénie (-7,4) ; Finlande (-6,9) ; Hongrie (-6,5) ; Bulgarie (-5,9) ; Slovaquie (-5,8) ; Allemagne (-5) ; République tchèque (-4,8) ; Italie (-4,7), Royaume-Uni et Suède (-4,6) ; Pays-Bas et Danemark (-4,5).

En troisième lieu, le groupe des 10 pays dont l’évolution du PIB est « supérieure » à la moyenne de l’UE-27
. Il s’agit des États suivants : Espagne et Autriche (-3,7%) ; Luxembourg (-3,6) ; Portugal et Belgique (-2,9) ; Malte et France (-2,2) ; Grèce (-1,1), Chypre (-0,7). Seule la Pologne, membre depuis 2004, afficherait en 2009 une croissance positive : 1,2%. Relevons que la Pologne est le premier pays bénéficiaire des fonds de la politique régionale de l’UE, compte tenu de sa superficie, de sa pauvreté relative et de sa population.

Quant aux pays candidats, ils obtiendraient en 2009 les résultats suivants : Croatie et Turquie -5,8% de croissance du PIB en volume ; Ancienne République Yougoslave de Macédoine -2. Candidate à la candidature [2], l’Islande afficherait -9,8%.


2010 : quelles prévisions de croissance ?

La reprise de l’activité économique sera-t-elle suffisante pour stopper la hausse du chômage ?

À l’échelle de l’UE-27, Eurostat prévoit [3] pour l’année 2010 une croissance du PIB en volume de 0,7%. Soit une reprise assez peu dynamique, en tous cas moindre qu’au Japon (1,1%) et aux États-Unis (2,2). [4] Sans parler des performances de certains pays asiatiques.

À l’échelle des États membres de l’UE-27, les taux de croissance du PIB prévus pour 2010 varieraient de -4% (Lettonie) à 1,9% en Slovaquie. L’ampleur des écarts serait donc moindre qu’en 2009.

En 2010, 14 pays membres présenteraient un résultat inférieur ou égal à la moyenne communautaire (0,7%). 13 pays membres afficheraient un résultat supérieur à la moyenne de l’UE, mais inférieur à 2%. (Cf. Tableau ci-dessous)

Même pour les pays membres bénéficiant d’une croissance positive du PIB en 2010, rien ne permet d’affirmer que son rythme sera suffisant pour enrayer la hausse du chômage, et encore moins engager sa décrue. C’est pourquoi l’année 2010 pourrait être une année sociale difficile. D’autant que l’Union européenne se caractérise jusqu’ici par un chômage de longue durée important : ces dernières années, près de 45 % de l’ensemble des épisodes de chômage ont duré plus d’un an dans l’UE, contre 10 % aux États-Unis.

Reste à savoir quelles en seront les incidences sociales et politiques. [5]

Copyright décembre 2009-Verluise/diploweb.com


Tableau des données utilisées pour le graphique

Tableau des données utilisées pour le graphique UE-27, membres et candidats : taux de croissance du PIB en volume, variation en pourcentage par rapport à l’année précédente, prévisions pour 2009 et 2010.
Source : EUROSTAT, base de données, consultée le 23 décembre 2009.

Plus

. Voir la présentation du livre de Pierre Verluise, Géopolitique des frontières européennes. Elargir, jusqu’où ?", 20 cartes en couleur, éd. Argos 2013, diff. Puf

. Voir un autre article de Pierre Verluise, "UE-27 Crise mais rattrapage des Nouveaux Etats membres ?" publié le 18 novembre 2012 par le Diploweb.com


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[1Eurostat définit le Produit intérieur brut (PIB) comme la valeur de tous les biens et services produits, moins la valeur des biens et services utilisés dans leur création. Le calcul du taux de croissance annuel du PIB en volume est destiné à permettre les comparaisons des dynamiques du développement économique à la fois à travers le temps et entre des économies de différentes tailles. Pour le calcul du taux de croissance du PIB en volume, le PIB à prix constants est évalué avec les prix de l’année précédente et les changements du volume ainsi calculés sont imputés au niveau d’une année de référence. C’est ce qu’on appelle une série chainée liée. Par conséquent, les mouvements de prix ne contribuent pas à augmenter le taux de croissance.

[2Pas de donnée disponible pour l’Albanie, également candidate à la candidature.

[3Prévision de décembre 2009.

[4Même source que pour l’UE-27 : EUROSTAT, base de données, consultation 23 décembre 2009.

[5L’auteur remercie Bruno Verdet pour sa relecture.


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