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Les relations européennes: un point de vue autrichien,

par Jürgen Bartsch,

ancien haut fonctionnaire international

 

La géopolitique intègre l’étude des représentations d’autrui. Les relations européennes ne se conçoivent pas de la même manière à Madrid, Paris, Londres, Berlin, Prague ou Vienne. Et dans chaque pays s’expriment bien sûr des sensibilités diverses. Construire l’Union européenne, c’est aussi être capable de prendre en compte des représentations différentes. Jürgen Bartsch exprime ici, à titre personnel, un point de vue autrichien. Il brosse une grande fresque des relations européennes d’hier à aujourd’hui. Il aborde notamment les relations franco-autrichiennes, les décrets Benes, les relations franco-allemandes et les relations germano-russes. 

Biographie de J. Bartsch en bas de page

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Les relations franco-autrichiennes

Les relations entre la France et l’Autriche sont très anciennes mais souvent marquées par des oppositions. Déjà au XVIe siècle, le roi François 1er s’alliait à l’empire Ottoman pour contrer les Habsbourg, après avoir été battu en 1519 par Charles le Quint pour l’accession à la couronne du Saint Empire romain germanique. Ensuite il y a eu la guerre de Succession d’Espagne (1705-1714), l’exécution de la reine Marie-Antoinette en France et les guerres napoléoniennes de 1793 à 1814. Puis, Napoléon III a soutenu le Piémont contre l’Autriche lors des batailles de Magenta et Solferino en 1859. Pendant la Première Guerre mondiale la France a apporté son soutien aux Serbes et aux revendications italiennes et tchèques contre l’Autriche. Paris a beaucoup contribué au démembrement de la monarchie austro-hongroise à l’issue de ce conflit, bien que les Autrichiens n’aient pas été engagés sur le front français. Les traités de Saint-Germain-en-Laye et de Trianon ont détruit la monarchie danubienne composée de onze nationalités, une «union européenne » avant la lettre, qui avait fonctionné pendant plusieurs siècles. 

Les décennies suivantes sont marquées par un désintérêt de Paris pour Vienne, notamment au moment de l’Anschluss (1938). Même après l’adhésion de l’Autriche à l’Union européenne, en 1995, le gouvernement et les médias français s’intéressent peu à ce nouveau membre peuplé de 8,2 millions d’habitants. Encore aujourd’hui, on trouve des statistiques publiées en France au sujet de l’Union européenne qui font l’impasse sur l’Autriche. On doit considérer qu’il n’est pas intéressant de comparer un fait économique ou social en France avec la situation en Autriche. Certes, on ne trouve pas davantage d’information sur la Finlande ou la Suède, également devenues membres à cette même date, mais enfin il y a eu plus de relations historiques entre Paris et Vienne qu’entre la France et la Finlande, devenue indépendante seulement après la Première Guerre mondiale.

1999, une crise s'ouvre avec la participation du FPÖ au gouvernement

Tout change en 1999 après la formation en Autriche d’un gouvernement auquel participe le FPÖ. La France prend alors la tête d’une croisade contre l’Autriche, en faisant adopter des sanctions par quatorze pays de l’UE. Certes, les autres pays sont solidaires de ces mesures, mais, à l’exception de la Belgique, ils étaient beaucoup plus discrets.  

Ces décisions n’ont pas été prises à Quinze mais à quatorze, ce qui n’était pas légal. Pour contourner cette difficulté, on a présenté les sanctions comme des décisions bilatérales des quatorze pays membres de l’UE contre le quinzième membre, l’Autriche. Cela a cependant été annoncé par la Présidence de l’Union européenne en exercice – le Premier ministre portugais – et non séparément par les quatorze pays en question. On a ensuite débattu de  ces mesures au Parlement européen, à Strasbourg. Si les décisions étaient bilatérales, les discussions devaient alors se dérouler dans les Parlements nationaux des pays concernés, non pas au Parlement européen. Finalement, quand quelques pays dits « petits » de l’Union européenne ont commencé à s’inquiéter de ce que l’on peut faire à un « petit » pays, et ont souhaité arrêter les sanctions, le gouvernement français s’y est opposé. Par exemple, le Premier ministre danois a voulu cesser les sanctions à l’encontre de Vienne avant le référendum sur l’euro au Danemark. Les sanctions contre Vienne ont très probablement eu un impact sur l’opinion publique au Danemark et ainsi contribué au refus de l’euro. Elles ont peut-être aussi contribué à affaiblir un temps la valeur de l’euro par rapport au dollar. Si ces mesures étaient bilatérales, pourquoi le Danemark n’a-t-il pas pu faire ce qu’il voulait ? Ces mesures étaient en fait des mesures communautaires prises à quatorze et non à Quinze, ce qui n’est pas conforme aux règles communautaires.  

Pratiques abusives

On a prétendu que ces mesures étaient seulement dirigées contre le gouvernement de Vienne et non pas contre la population autrichienne. Il n’empêche que des lycéens autrichiens qui venaient alors en France étaient traités de « fascistes » et certains échanges scolaires se sont arrêtés. On a aussi refusé les athlètes autrichiens dans certaines compétitions sportives en France. Le concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne au théâtre des Champs Elysées à Paris a dû être interrompu à cause d’une menace d’attentat à la bombe.  

Des intellectuels français ont encouragé les manifestations de rue à Vienne à l’encontre du gouvernement. Une partie des médias français présentaient ces manifestants comme « ceux qui sauvent l’honneur de l’Autriche ». Il faut savoir que ces manifestants exigeaient rien moins que le renversement du gouvernement. Les intellectuels et les médias qui soutenaient cette action préconisaient donc ce que Lénine a fait à Petrograd en 1917 et Staline à Budapest et Prague en 1948: le renversement par la rue d’un gouvernement démocratiquement élu. Beaucoup d’Autrichiens ont été choqués par le soutien français à une telle démarche. Sont-ce les valeurs européennes que la France défend ainsi ? 

Etait-il plus honorable d'avoir en France des ministres représentants d'un Parti Communiste stalinien ?

Ils ont constaté avec amertume qu’il existe deux poids et deux mesures. L’Union européenne n’a rien fait contre l’Italie lors du premier gouvernement de S. Berlusconi, qui incluait des ministres « néo-fascistes ».

Ni contre la France qui a eu dans son gouvernement durant les présidences de François Mitterrand des représentants du dernier Parti Communiste stalinien d’Europe occidentale. Georges Marchais était-il l’idéal de l’homme politique européen ?

Enfin, lors de la formation du deuxième gouvernement de Silvio Berlusconi en Italie, on a demandé à Pierre Moscovici, ministre délégué aux Affaires européennes et fervent supporteur des sanctions contre l’Autriche ce que Paris allait faire maintenant. Il a répondu, en quelque sorte, qu’on ne ferait rien, puisqu’il s’agissait d’un gouvernement démocratiquement élu. Les Autrichiens se sont alors demandés quelle était la différence avec leur gouvernement.

Bruits

A l’époque des sanctions contre l’Autriche, l’ancienne RDA était agitée par des violences de skin heads contre les étrangers, des foyers d’immigrés ont été incendiés en Allemagne. En Espagne, on faisait la chasse aux Marocains en Andalousie. En Autriche, pas un seul étranger n’a été battu à mort, pas un foyer d’immigrés n’a été incendié, mais on ne cessait de répéter que «l’Autriche ne respecte pas les valeurs européennes ». Cette campagne anti-autrichienne n’a certainement pas servi la cause de la France en Autriche. 

Lors d’un colloque dans une grande école parisienne un professeur français spécialiste de l’Autriche a prétendu que le climat politique dans ce pays était devenu irrespirable.  Un étudiant marocain s’est alors levé : « j’ai été un an à Vienne dans le cadre d’un échange, je n’ai jamais été agressé. Je n’ai jamais entendu une parole désagréable. Ce qui n’est pas le cas depuis que je suis à Paris. » 

Autres dossiers sensibles entre Paris et Vienne

Le manque d’intérêts communs entre Paris et Vienne se reflète aussi dans les décisions au sein des instances de l’Union européenne.  L’Autriche est le premier pays européen a avoir fait un référendum pour interdire l’industrie nucléaire sur son territoire, alors que la France est la première puissance de l’industrie nucléaire en Europe. Electricité de France (EDF) a aussi des intérêts dans une usine nucléaire tchèque à la frontière autrichienne dont les Autrichiens souhaitent la fermeture.  En Autriche, pays très affecté par le trafic routier Nord-Sud à travers les Alpes, on attache une grande importance à la protection de l’environnement, thème qui suscite moins d’intérêt à Paris. Les conceptions de l’agriculture sont aussi très différentes. Avec 15% de sa production selon les règles de l’agriculture biologique, l’Autriche est à l’opposé de la France où cette production représente seulement 1,5% du total.  

Après l’élargissement de l’Union européenne à plusieurs pays qui faisaient autrefois partie de l’Autriche, la France s’intéressera-t-elle davantage à ce pays ?  

Récemment, le monde politique autrichien a été très agité par une affaire dont on a peu parlé en France : les décrets Benes.

 

Les décrets Benes

On ne peut pas évoquer les décrets Benes sans considérer le passé historique entre les Tchèques et les Allemands.

Dans l’Empire des Habsbourg vivaient onze nationalités et la capitale – Vienne – était très cosmopolite : 200 000 Tchèques y vivaient avant la Première Guerre mondiale, autant de Juifs, plus de 100 000 Polonais, etc. (1) Les officiers de l’armée impériale devaient être polyglotes. Il y a eu des ministres polonais et hongrois. La noblesse tchèque avait ses palais à Vienne. Les diverses nationalités habitant l’Empire vivaient généralement en bonne entente, sauf les Hongrois et les Tchèques qui se révoltèrent plusieurs fois. En 1867, on a transformé l’Empire d’Autriche en double monarchie Autriche-Hongrie, ce qui a donné satisfaction aux Hongrois. Ils avaient maintenant leur propre armée et occupaient des postes importants à Vienne. Evidemment cette situation n’a pas satisfait les Tchèques. Ils continuaient à se plaindre, bien qu’il n’y ait aucune germanisation en Bohème. Au contraire, si dans la première moitié du XIXe siècle, les Allemands sont majoritaires à Prague, ils ne sont plus que 40% en 1855 et 7% avant la Première Guerre mondiale. En 1897 un décret établissait l’égalité de la langue tchèque avec l’allemand en Bohême et Moravie. L’archiduc François Ferdinand qui avait épousé une comtesse tchèque, souhaitait faire quelque chose pour les nations slaves et transformer l’Autriche-Hongrie en un Etat fédéral, mais il a été assassiné à Sarajevo en 1914. Après quoi la Première Guerre mondiale éclate. Durant cette guerre les Tchèques étaient la seule nation de la monarchie qui a connu des désertions d’une certaine importance (2). 

En 1917, le Président des Etats-Unis W. Wilson a proclamé dans ses fameux Quatorze Points que chaque peuple a droit à l’autodétermination. Ceci signifiait la fin de la monarchie multinationale. Les Tchèques, comme les autres nations de la monarchie, accédaient à l’indépendance. En créant leur propre Etat les Tchèques ne se sont pas limités au territoire habité par eux, mais incluaient aussi des régions habitées par quatre autres peuples, dont 3,3 millions d’Allemands. Ces Allemands – installés en Bohème depuis le XII e siècle – ont déclaré en décembre 1918 vouloir faire partie de l’Allemagne conformément à la proclamation du Président Wilson, mais le gouvernement tchèque les a empêché par la force. Quand, en mars 1919, les Allemands des Sudètes ont manifesté leur volonté d’autodétermination Prague a envoyé l’armée. Il y a eu 54 morts, ce qui a pesé par la suite sur les relations entre les deux peuples de Bohème. Les Tchèques qui pendant des siècles aspiraient à l’indépendance la refusaient aux Allemands de Bohème et Moravie. Après l’accès au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933, le rapport des forces commence à changer. En 1938, les Allemands des Sudètes demandaient la transformation de la Tchécoslovaquie sur une base fédérative, comme en Suisse, et l’égalité entre Tchèques et Allemands, mais le gouvernement tchèque n’a pas accepté cette proposition. Hitler réclama alors les régions habitées par les Allemands et obtint que le gouvernement britannique dépêcha une mission en Tchécoslovaquie qui conclua que les revendications allemandes étaient justifiées. Cela conduit aux Accords de Munich de septembre 1938. La Grande-Bretagne et la France cèdent à ces revendications, et une commission internationale délimite la nouvelle frontière les Tchèques ayant renoncé au plébiscite prévu (3). Par la suite Hitler viole l’Accord en occupant aussi les régions tchèques de Bohême et de Moravie en 1939. En mai 1942, la résistance tchèque réfugiée à Londres fait assassiner Heydrich, l’administrateur allemand à Prague, ce qui a provoqué des représailles terribles de la SS, coûtant la vie à 199 Tchèques à Lidice. Quand les Tchèques reviennent au pouvoir à Prague en 1945, ils expulsent les Allemands qu’ils considèrent comme responsables de leurs malheurs et prennent tous leurs biens. Environ 250 000 Allemands ont alors péri. Beaucoup ont été tués sur place, d’autres n’ont pas survécu aux conditions extrêmement dures de l’expulsion. Ces faits atroces ont été commis sous un gouvernement démocratique (NDLR : A), dirigé par Benes, car le régime communiste n’a commencé qu’en 1948. Après la chute du régime communiste, en 1989, le Président Vaclav Havel a exprimé des regrets pour ce qui était arrivé en 1945.  Ce geste lui a valu de violentes critiques dans les médias et une grande partie de la classe politique.

 

 Vaclav Havel. Crédits: Ministère des Affaires étrangères, F. de la Mure

Lors de la demande d’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne, une partie de la classe politique en Autriche et en Allemagne a soulevé la question des décrets Benes, afin que le gouvernement tchèque se distancie de ce qui a été fait en 1945. Cela a été refusé. Le Premier ministre Zeyman a même jeté de l’huile sur le feu en 2001 en insultant les Allemands des Sudètes. Dans l’Europe du XXIe  siècle il est incompréhensible qu’un gouvernement démocratique ne demande pas pardon pour des crimes passés. On ne peut pas laisser ce passé ignoré. Les Allemands en Bohème et Moravie n’ont pas fait autre chose que ce que les Tchèques ont demandé pendant longtemps quand ils faisaient partie de l’Empire d’Autriche. Ils ne voulaient  pas être intégrés dans un autre pays. Pour les pays européens, qui ont imposé des sanctions à l’ Autriche en 1999, c’était le moment de rappeler à Prague qu’il existe des valeurs européennes à respecter si l’on veut faire partie de la grande famille européenne. Occasion ratée. 

 

Les relations franco-allemandes

L’analyse de l’ambassadeur Jacques Jessel mise en ligne sur le site diploweb.com sous le titre : « La réunification allemande et les relations franco-allemandes » caractérise bien les rapports entre les deux pays.

En 1989 -1990, la réunification de l’Allemagne aurait été pour Paris l’occasion rêvée de montrer la solidité du couple franco-allemand. Le Président F. Mitterrand et la diplomatie française ont alors fait une grave erreur, en cherchant à freiner la réunification au lieu de l’accompagner. La position du Premier ministre britannique, Margaret Thatcher était  plus franche et honnête, avouant clairement son hostilité. François Mitterrand disait y être favorable mais ajoutait immédiatement des conditions en série, ce qui a amené le Chancelier allemand Helmut Kohl à se concerter avec le Président des Etats-Unis, George Bush (père), et le Président soviétique, M. Gorbatchev, en faisant l’impasse sur Paris. Entre autres, Paris avait demandé au Chancelier de ne pas se désintéresser de la construction européenne une fois l’Allemagne réunifiée. Ce que H.Kohl avait promis et les gouvernements allemands ont été fidèles à leurs engagements.  

Autre occasion ratée, lorsque l’Allemagne réunifiée a souhaité un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies : Paris a évité d’apporter son soutien à Berlin, alors que Washington était plutôt bien disposée. 

Quel équilibre ?

En fait, les relations entre l’Allemagne et la France ne sont pas équilibrées. Aussi bien en ce qui concerne les relations bilatérales qu’à l’intérieur des institutions de l’Union européenne. Ces relations sont caractérisées par de fréquents renoncements de l’Allemagne face aux exigences françaises. Un des retraits les plus marquants a été l’abandon par H.Kohl du deutschmark, la fierté nationale des Allemands, suite aux pressions françaises, et l’acceptation d’un Français – Jean-Claude Trichet - comme Président de la Banque Centrale européenne, durant la seconde moitié du premier mandat.

La prééminence française dans les relations entre les deux pays ne se limite pas à la sphère politique. Dans le cas d’Airbus Industrie, où la France et l’Allemagne ont chacune le même poids, avec 38 % du capital chacune, l’activité principale est en France, et le numéro un de cette entreprise a toujours été un Français. L’alternance n’existe pas.

Arte, la chaîne de télévision franco-allemande 

Dans le cas de la chaîne de télévision franco-allemande Arte l’alternance de sa présidence était prévue, mais au terme du premier mandat français, J. Clément n’a pas été remplacé par un Allemand. Les journalistes allemands travaillant pour Arte sont généralement bilingues, ce qui semble rarement le cas des journalistes français. Un cadre allemand de cette société a confirmé il y a quelques années que cette chaîne fonctionne en partie parce que les journalistes allemands sont capables de communiquer en français avec leurs collègues. Arte produit beaucoup d’émissions remarquables, mais ses émissions correspondent beaucoup plus aux idées des lecteurs du quotidien français Le Monde qu’à celles des lecteurs de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les thèmes suivis et les positions prises par Arte reflètent souvent les goûts des intellectuels de gauche français (4). Dans la couverture rédactionnelle, l’actualité française est généralement privilégiée (5). Les horaires correspondent davantage  aux horaires français qu’allemands. Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que cette chaîne de télévision ait une audience plus importante en France qu’en Allemagne. Tandis que beaucoup d’intellectuels français regardent Arte, les milieux correspondants outre-Rhin préfèrent regarder 3SAT, la chaîne culturelle des trois pays de langue allemande.

Le déclin de l'allemand en France et du français en Allemagne

Malgré 40 ans d’amitié franco-allemande, l’enseignement de l’allemand en France laisse à désirer, et la réciproque est vraie en Allemagne pour l’enseignement du français. Des deux côtés la situation devient inquiétante.

En Allemagne il y a au moins deux lycées bilingues, tandis qu’en France il n’existe qu’un seul lycée franco-allemand, bien que l’Alsace représente un formidable potentiel pour le développement de l’enseignement bilingue. Cette possibilité n’intéresse apparemment pas le ministère de l’Education nationale.

L’unique lycée franco-allemand est loin de Paris, dans une petite localité sans transports publics. La capitale n’a pas voulu héberger un lycée franco-allemand. Il y a également peu de lycées internationaux en France ayant une section allemande. (Lire à ce sujet, par Alban Azaïs, « L’allemand, langue de l’avenir), in Libération, 2 novembre 2001, p. 8)

Pour surmonter le passif historique entre les Allemands et les Polonais, les Allemands ont créé une Université germano-polonaise à Francfort sur l’Oder, où l’on enseigne dans les deux langues. Ce qui est appréciée par des étudiants Allemands et Polonais. On peut se demander pourquoi une telle université n’existe pas à Strasbourg. Le vrai test de l’amitié franco-allemande serait une Alsace bilingue, mais on peut douter que le gouvernement allemand ait osé en parler. Alors que le général de Gaulle a su redonner confiance aux francophones du Canada en criant «Vive le Québec libre ! », un tel discours d’un Chancelier allemand en Alsace est inconcevable (6). Quant à l’Office franco-allemand pour la jeunesse, le symbole-phare de la réconciliation franco-allemande, les autorités françaises essaient, d’après un haut responsable allemand, de réduire le montant de leur contribution depuis quelque temps. Cependant, aussi longtemps que la partie allemande persiste à honorer ses engagements, Paris ne peut se rétracter.

Où est la rue de Berlin dans la capitale française ?

Une autre facette de l’attitude différente entre les deux pays est visible dans les deux capitales. Tous ceux qui sont allés dans la capitale allemande ont trouvé à la porte de Brandebourg au cœur de Berlin,  la Pariser Platz, puis la Französische Strasse et le Französische Dom (cathédrale). Dans la capitale française vous trouvez une rue de Londres, une rue Rome, une rue de Lisbonne… mais où est la rue de Berlin ? Où est la rue à la mémoire du général allemand von Choltitz, qui a osé défier l’ordre d’ Adolf Hitler et n’a pas fait sauter Paris en 1944 ? Il a risqué sa tête, mais il n’y a même pas une plaque pour le remercier d’avoir sauvé tous les merveilleux monuments de la capitale française.

Les noms de rues à Paris qui désignent une localité allemande, concernent les défaites allemandes. Mais ce ne sont pas seulement les noms de rues qui rappellent ces défaites. On fête en France tous les ans l’Armistice du 11 novembre 1918 et la capitulation allemande du 8 mai 1945 avec de grandes parades militaires. Est-ce la meilleure façon de montrer l’amitié franco-allemande ? On peut en douter. Des services religieux dans les églises à la mémoire de tous les morts et victimes des violences seraient certainement plus appropriés pour un pays qui veut être le moteur de l’Union européenne (7). Comment réagiraient les Français si l’Allemagne faisait de grandes parades militaires pour fêter les capitulations françaises en 1870 et 1940 ? 

Scénario

Quant aux relations franco-allemandes dans le cadre de l’Union européenne, elles ressemblent  aux noms des rues de Paris. Avant les sommets européens, on trouve souvent dans les médias des prévisions alarmistes au sujet des désaccords entre la France et l’Allemagne. On annonce un blocage de l’UE, voire un retour en arrière, mais la crise n’a pas lieu car l’Allemagne cède fréquemment. Les  compromis  reflètent largement les positions françaises.  Il en a été ainsi en décembre 2000, au Sommet de Nice, Berlin  cédant sur le nombre de voix au Conseil européen (NDLR : B).

Le traité de Nice. Crédits: Ministère des Affaires étrangères

Au Sommet de Copenhague en décembre 2002, le chancelier G. Schröder a, de nouveau, cédé sur la Politique Agricole Commune. La PAC a été reconduite sans grand changement jusqu’à 2006, puis entre 2006 et 2013 les changements envisagés ne semblent pas très importants. L’Allemagne paye la plus grande contribution du Budget de l’Union européenne, mais c’est la France qui est la plus grande bénéficiaire de la PAC. Le Fonds européen de développement sert également beaucoup pour les intérêts français en Afrique et l’Allemagne paie de nouveau.  Les fonctionnaires français sont plus nombreux à la Commission européenne que leurs homologues allemands et Berlin paie encore. De surcroît, les Français occupent souvent des positions importantes, tels que le Secrétaire général du Secrétariat du Conseil des ministres, ou le porte-parole  de la Commission. Le français est beaucoup plus utilisé que l’allemand, une situation qui résulte du début du Marché commun en 1957. Les fonctionnaires français parlant peu l’allemand, les autorités allemandes ont de facto accepté de privilégier le français (8). Paris insiste aussi pour que le Président de la Commission européenne parle la langue de Molière. 

Le dernier recul allemand en date concerne le choix du Président pour la Convention européenne. A en croire les journaux, le Chancelier allemand G. Schröder se serait, au début, opposé à la candidature de M.Valéry Giscard d’Estaing, avec le résultat que l’on sait.

G. Schröder. Crédits: Ministère des Affaires étrangères, F. de la Mure

La marche à la guerre en Irak ouvre en 2002 une nouvelle page des relations franco-allemandes 

Depuis le deuxième semestre 2002 on peut observer une étroite coopération entre l’Allemagne et la France. Les deux pays ont formé un vrai couple sur le plan diplomatique, faisant notamment front contre la stratégie des Etats-Unis à l’encontre de l’Irak.

Cette situation s’explique en partie par la faiblesse politique et économique de l’Allemagne. Tout le monde sait que la locomotive de l’économie européenne ne tire plus, si elle ne recule pas. Il en résulte une faiblesse sur la scène internationale. Tout le monde s’est trompé en croyant que la réunification de 1989-1990 allait créer une Allemagne puissante. On observe le contraire au début du XXIe siècle. Sur le plan politique, la victoire électorale de G. Schröder en 2002 s’est faite sur le fil du rasoir, et la situation économique s’étant encore plus dégradée depuis, le Chancelier se trouve donc dans une situation inconfortable. Il a notamment de grosses difficultés avec l’aile gauche de son parti, mais il a compris que la population ne voulait pas la guerre en Irak. Son opposition à la guerre en Irak a beaucoup contribué à son succès – limité – sur le terrain électoral. De plus, il a été conforté dans son opposition par le fait que la Russie faisait aussi partie du front du refus. L’opposition à la guerre en Irak par ces trois pays constitue un événement historique. Jamais auparavant la Russie, l’Allemagne et la France n’avaient affiché haut et fort une telle unité. Cela va-t-il se poursuivre ?  

Pour bien évaluer ce nouveau développement il est utile de se rappeler les liens historiques de l’Allemagne et de la France avec la Russie.

 

Les relations germano-russes, d'hier à aujourd'hui

L’Allemagne a des relations très anciennes et importantes avec la Russie. Ceci est aussi le cas pour la France, bien qu’elles soient moins intenses qu’entre l’Allemagne et la Russie. Il est frappant de constater que le tsar Pierre le Grand donne un nom allemand à la capitale qu’il construit en 1703 sur les rivages de la Mer baltique : Saint-Pétersbourg. Ce nom est resté jusqu’en 1914, date à laquelle il a été russifié en Petrograd, puis en Leningrad en 1924. En 1991 une majorité des citoyens de Leningrad s’est prononcée en  faveur d’un retour au nom allemand. Ce plébiscite n’est-il pas étonnant, après tout ce qui s’est passé entre l’Allemagne et la Russie durant les deux Guerres mondiales, notamment le siège de Leningrad de 1941 à 1944 ? Il y a eu également un jumelage entre  Saint-Pétersbourg et Hambourg.  

Depuis longtemps,  beaucoup d’Allemands vivaient en Russie. Le tsar épousait souvent une princesse protestante allemande, comme la Grande Catherine II. Dans le sang des Romanov, il y avait finalement plus de sang allemand que russe. Les tsars faisaient venir beaucoup d’Allemands dans la capitale pour y occuper des postes importants. Sur les bords de la Baltique, on parlait trois langues : le russe, l’allemand et le français.

Au début du XIX e siècle, les guerres napoléoniennes ont vu la Russie se joindre à l’Empire d’Autriche et au royaume de Prusse pour vaincre Napoléon 1er. Il en est né la Triple Alliance entre le Tsar, l’Empereur d’Autriche et le Roi de Prusse. Par la suite, les relations se sont  tendues entre Vienne et Saint-Pétersbourg, notamment parce que l’Autriche avait abandonné sa position prorusse lors de la guerre de Crimée en 1854. Ce qui a été désastreux par la suite pour l’Autriche, conduisant à un affrontement entre l’Autriche-Hongrie et la Russie pendant la Première Guerre mondiale. Côté allemand, Bismarck a privilégié les relations avec la Russie et les deux pays ont beaucoup profité de cette coopération. En revanche, l’Allemagne et la Russie ont énormément souffert quand elles se sont opposées durant les deux Guerres mondiales.  

Au XXe siècle

La France a su profiter des moments de tension entre l’Allemagne et la Russie, notamment avant la Première Guerre mondiale. Mais après la défaite des deux pays pendant la Première Guerre mondiale, Moscou et Berlin ont renoué avec la collaboration.  Ainsi, les Allemands ont pu expérimenter secrètement leur armement en Union soviétique. Le 23 août 1939, la signature du Pacte germano-soviétique marque l’alliance de Hitler et de Staline, mais après l’attaque allemande de juin 1941, les relations ont évidemment radicalement changé de nature. Et pourtant, en dépit de toutes les souffrances des soviétiques pendant les années de guerre, l’URSS accepta en 1946 et 1947 une administration centrale pour l’Allemagne, nécessaire pour négocier un traité de paix, tandis que la France s’y est opposée (9). Un gouvernement central pour toute l’Allemagne après la guerre aurait profondément modifié le cours de l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle. On connaît la suite, l’affrontement Est-Ouest,  le blocus de Berlin en 1948, la création de la RDA en 1949, la construction du Mur de Berlin en 1961… La France qui a eu des contacts avec Staline en 1944, s’est rangée par la suite du côté des Etats-Unis dans le cadre de l’affrontement Est-Ouest.

Le tournant des années Gorbatchev, 1985-1991

A partir de 1985-1986, l’introduction en Union soviétique de la perestroïka et de la glasnost par M.Gorbatchev a provoqué d’énormes changements en Europe de l’Est.

L'URSS de Gorbatchev. Crédits: Pierre Verluise

En particulier, le Président soviétique a décidé de ne pas empêcher la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, ni la réunification de l’Allemagne en 1990.

M. Gorbatchev, aidé par G. Chevardnadze, son ministre des Affaires étrangères, a très vite réalisé l’importance de réactiver la tradition de coopération entre la Russie et l’Allemagne, en dépit du passif de la Seconde Guerre mondiale. Il a saisi l’opportunité de revenir à des relations étroites, voire privilégiées, aidées par des relations personnelles de plus en plus amicales entre Mikhaïl Gorbatchev et le Chancelier allemand Helmut Kohl et entre G. Chevardnadze et Hans Dietrich Genscher, son homologue allemand.  

Bien entendu, ce processus n’était pas seulement basé sur des liens historiques et des considérations géopolitiques, mais aussi sur de forts intérêts économiques. La RDA était le premier partenaire commercial de l’URSS, et la RFA le premier partenaire commercial hors-CAEM (COMECON) de l’URSS. L’Allemagne réunifiée était donc dans une position dominante. En même temps, elle a fait des efforts financiers considérables en faveur de l’URSS. Il existait une importante dette de l’URSS à l’égard de la RDA, dont l’évaluation était difficile parce qu’elle était comptabilisée en roubles transférables, monnaie fictive et non-convertible. Pour régler cet épineux problème l’Allemagne a, à plusieurs reprises, renoncé à la récupération d’importants montants ou les a rééchélonnés. Le reste de cette dette est payé par des livraisons de gaz naturel.

La tendance se développe durant les années Eltsine

En outre, la RFA a aussi fourni de très importantes nouvelles ressources financières. Entre 1990 et 1996, ces ressources ont atteint 23 milliard de dollars, y compris l’effacement de la dette, dont 6,65 milliards en dons et prêts à des conditions de faveur. L’Allemagne est de loin le plus grand bailleur de fonds pour la Russie et pour l’ensemble des pays de l’Europe Centrale et de l’Est (PECO). 43% de l’argent reçu par la CEI et les PECO pendant cette période venaient de l’Allemagne réunifiée. Le Fonds monétaire international a contribué à hauteur de 12%, les Etats-Unis pour 11%, la Commission européenne 8%. Avec 3,1% la France est loin derrière (10). Bien entendu, la situation géographique incite davantage l’Allemagne que la France à s’impliquer en Russie et en Europe centrale et orientale.

Le Président Vladimir Poutine parle l'allemand

L’intégration de la RDA au bloc de l’Est avait maintenu en URSS la tradition russe d’apprentissage de la langue allemande. Beaucoup de membres des élites russes parlent encore l’allemand, dont le Président Vladimir Poutine, qui a vécu en RDA. Ce qui lui donne une connaissance approfondie de l’Allemagne. Il sait à qui il s’adresse. Il est toujours plus facile de travailler avec quelqu’un dont on connaît la langue et la mentalité.

En plus, les Russes ont une haute opinion de la qualité des produits made in Germany.  La littérature et la musique allemandes sont également bien connues en Russie. Côté allemand, il existe une longue tradition dans le corps diplomatique de coopération avec la Russie. Cette russophilie n’a jamais totalement cessé. Déjà Bismarck a insisté sur la nécessité d’une bonne entente avec la Russie. En RDA l’apprentissage de la langue russe était obligatoire, et en RFA ce n’était pas rare. Dans les instituts de recherche et les universités en Allemagne on compte un relativement grand nombre de spécialistes de la Russie, ce qui est fort utile dans les échanges politiques et culturels (11). Il n’est donc pas étonnant que l’Allemagne réunifiée et la Russie post-soviétique aient à nouveau vite trouvé des intérêts communs. Surtout, l’Allemagne n’ayant pas beaucoup de ressources naturelles, notamment énergétiques, la Russie joue un grand rôle dans son approvisionnement énergétique. De ce fait, l’Allemagne a repris à son compte un contrat de l’ex-RDA pour la valorisation d’un grand gisement de gaz en Russie. De plus, si l’Europe occidentale veut s’approvisionner en gaz ou pétrole russes, les gazoducs traversant l’Allemagne peuvent devenir une source de revenus.

En dépit de cette nouvelle configuration, l’Allemagne réunifiée a poursuivi ses relations particulières avec la France. Est-ce que le couple de demain se fera entre l’Allemagne et la Russie ?  Pour l’instant il semble improbable que la coopération germano-française soit remplacée par celle entre l’Allemagne et la Russie. Une coopération tripartite est plus probable, mais elle poserait probablement problème au développement d’une autre coopération tripartite entre l’Allemagne, la France et la Pologne. Pour des raisons historiques Varsovie se méfie de Moscou

 

L’Allemagne, la France et les autres pays de l’UE

La Pologne n’apprécie peut-être pas que l’Allemagne et la France établissent une relation privilégiée avec la Russie, à moins qu’on l’admette dans ce cercle exclusif. En attendant, Varsovie a choisi début 2003 de soutenir les Etats-Unis dans leur stratégie en Irak.  Dans le triangle dit de Weimar – France, Allemagne, Pologne -  la France était par le passé relativement peu active, mais  depuis le premier semestre 2003 elle semble s’impliquer davantage. Elle a, entre autres, évoqué la possibilité d’une participation française à l’université germano-polonaise de Francfort sur l’Oder.

Maladresses systémiques

Quant à l’Espagne et aux nombreux « petits » pays de l’Union européenne, ils sont de plus en plus irrités d’être mis devant les faits accomplis, sous la forme d’un accord préalable entre l’Allemagne et la France. Vis-à-vis de ces pays il n’est pas très habile de répéter à longueur d’année « l’importance du moteur franco-allemand ». Sans lui, l’UE est supposée être bloquée, voire en recul (NDLR : C). Au vu de la Présidence française de l’UE au second semestre 2000, cette assertion est pour le moins exagérée. On ne peut pas dire que le résultat ait été au-dessus de toute critique. La France a donné l’impression d’utiliser la Présidence pour chercher, non pas des compromis, mais à pousser sa vision, avec pour résultat lors du sommet de Nice une foire d’empoigne et un traité pour le moins imparfait.

Lors des Conseils européens le Président de la République française se place  lors des photographies officielles au premier rang et au milieu, comme si la Présidence de l’UE revenait en permanence à la France. Ce comportement irrite ou amuse, mais on peut douter qu’il augmente le prestige de Paris. Les Allemands ont plus de flair. Il faut chercher le Chancelier en arrière de la photo. Il n’éprouve pas le besoin de s’imposer.  De même, l’intervention du Président français en février 2003 au sujet des pays candidats à l’UE, qui se sont alignés sur les Etats-Unis dans l’affaire irakienne, laissera des cicatrices. Son point de vue est probablement partagé par quelques autres capitales européennes, mais il existait des moyens diplomatiques pour faire passer ce message. On peut se demander quelle est l’origine de ces maladresses.  

Jürgen BARTSCH, ancien fonctionnaire international

Entretien avec Pierre Verluise, le 23 mai 2003. Manuscrit clos décembre 2003.

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Notes de la rédaction

A)     Le Président Benes a prononcé le 5 octobre 1938 un discours annonçant son départ de la vie politique. Il devient dès lors une personne privée. Pour revenir démocratiquement au pouvoir, il fallait qu’il repasse par la voie des élections, ce qui n’est pas le cas en 1945-1946, mais il profite de la confusion. Lire à ce sujet : Pierre Hillard, « Minorités et régionalismes dans l’Europe fédérale des régions », Paris, François Xavier de Guibert, 2001, 2e édition augmentée, page 102 et suivantes.

B)     En revanche, le traité de Nice instaure à partir des élections de juin 2004 un décrochage en ce qui concerne le nombre de députés au Parlement européen. A partir de cette date, l’Allemagne possède 99 sièges et la France 72, tout comme l’Italie ou la Grande-Bretagne. Il est vrai que la population de l’Allemagne dépasse 80 millions d’habitants alors que celle des trois autres pays avoisine 60 millions.

C)     L’échec du sommet européen de décembre 2003 – supposé entériner de nouvelles institutions pour l’UE élargie – est un bel exemple des limites de ce procédé.  

 

Notes de l’auteur

 

1)  Voir H. Bogdan, « Histoire des Habsbourg », Paris, Perrin, 2002.  

             

2) Les Italiens d’Autriche, par exemple, qui formaient la moitié des officiers et des matelots de la marine impériale sont restés fidèles à l’empereur jusqu’à la fin de la guerre, alors même qu’ils luttaient contre la marine de guerre italienne.

 

3) Voir J.B. Duroselle, « Histoire diplomatique de 1919 à nos jours », Paris, Dalloz, 1966.

 

4)   "Arte" s’est aligné sur les positions de la gauche française au moment des sanctions contre l’Autriche.

 

5) Lors des réunions du Conseil des ministres européen, le ministre français est généralement privilégié. Même scénario pour les autres réunions internationales. Quand surviennent des événements identiques de chaque côté du Rhin (manifestations contre la guerre en Irak, intempéries, etc), le journal présente d’abord et en détails des images de l’Hexagone, puis brièvement la situation outre-Rhin.

 

6) Le journal "Le Monde" avait fait cette comparaison après cette exclamation du Président  de Gaulle au Québec.

 

7) En Grande-Bretagne, pays qui n’a pas de traité d’amitié avec l’Allemagne, on commémore le 11 novembre dans le recueillement, et le 8 mai n’est pas un jour férié. Quant aux Etats-Unis on n’y observe aucune de ces dates.

 

8)   D’après un fonctionnaire allemand en poste à Bruxelles au début du Marché commun, il aurait été prévu que les seules langues officielles seraient l’allemand et le français, mais les Flamands auraient obtenu que le néerlandais soit aussi langue officielle, ce qui a donné des idées aux Italiens… et maintenant nous payons une armée de traducteurs parce que chaque pays veut s’exprimer dans sa langue. Après la Présidence autrichienne de l’UE en 1998, pendant laquelle on a utilisé l’allemand, l’Allemagne a essayé, sans beaucoup de succès, lors du Sommet européen en Finlande, que l’on continue à utiliser l’allemand plus couramment.

 

9) Voir J.B. Duroselle opus cit.

 

10) Source :OCDE, document DCD(99)1, «L’aide et autres flux financiers vers les pays d’Europe Centrale et de l’Est et les Nouveaux Etats indépendants de l’ex URSS », 1999.

 

11) Il existe également en Autriche une longue tradition d’études des langues et civilisations  des pays slaves.

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Date de la mise en ligne: février 2004

 

 

 

Biographie de Jürgen Bartsch, ancien haut fonctionnaire international

   

 

 

L’auteur est docteur en sciences politiques et diplômé en relations internationales.

Il a fait ses études supérieures à Graz en Autriche, à Moscou, Londres et Paris.

Il a enseigné à l’Université de Graz.

Jürgen Bartsch a travaillé pendant 34 ans à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), à Paris.

   

 

 

 

   

 

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