Docteure en Géopolitique de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Agrégée d’histoire, Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Auteure de nombreux ouvrages.
Voici une précieuse synthèse de l’actualité internationale de juin 2020 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, suivent la spécialité #HGGSP voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (plus de 15 300 followers)
Au Burundi, l’accès au pouvoir du nouveau président Evariste Ndayishimiye a été accélérée par la mort du président sortant Pierre Nkunrunziza.
En Islande, le président sortant Gudni Johannesson a été reconduit en juin 2020 dans ses fonctions en étant réélu avec un score très élevé, de plus 92% des voix. Il assure la présidence de son pays pour un nouveau mandat de quatre années.
L’armée française a réussi à éliminer Abdelmalek Droukdel lors d’une opération ciblée qui s’est déroulée au Nord du Mali en juin 2020, non loin de la frontière avec l’Algérie. Les soldats français remportent ici une victoire sur le front de la lutte contre le djihadisme dans le Sahel. Ce haut responsable de l’AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique) a contribué à développer la politique de terreur au Sahel. Son organisation est aujourd’hui concurrencée au sein de la mouvance djihadiste par l’État islamique au grand Sahara (EIGS) qui reste une cible prioritaire pour l’opération Barkhane dans laquelle l’armée française est investie.
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En juin 2020, la Lybie reste ravagée par une guerre interne qui a conduit à la chute du dictateur Mouammar Kadhafi (2011), dans le sillage de l’intervention franco-britannique. La partie occidentale du pays autour de Tripoli est tenue par Fayez al-Sarraj dont le gouvernement d’union nationale est reconnu par l’ONU et soutenu par l’Italie, les régimes fréristes de la Turquie et du Qatar, et des milices islamistes. Le maréchal Haftar et l’Armée de libération nationale, tiennent la partie orientale autour de Tobrouk, siège du parlement, soutenus par l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis (et l’Arabie saoudite), la Russie et la France. Des milices agissent dans la partie méridionale et désertique du pays. Il y a un peu plus d’une année, le maréchal Haftar, qui apparaissait comme « l’homme fort » en Libye, a lancé une offensive pour prendre Tripoli et s’imposer définitivement sur la scène libyenne. Il parvient à prendre Syrte, contrôlant ainsi une grande partie du littoral et des champs pétrolifères, mais il échoue à prendre l’ancienne capitale de Kadhafi, malgré le soutien des Russes du groupe Wagner.
La donne change depuis peu, car le président Turc R. Erdogan a décidé d’investir davantage la scène libyenne, ce qui explique le retournement de situation au profit de Sarraj. Erdogan monnaie ici un accès aux richesses pétrolifères méditerranéennes, il retrouve aussi des accents d’un néo-ottomanisme initié en 2011 dans le sillage des « révoltes arabes » mais compromis par sa politique en Syrie. Ainsi, Russes et Turcs se retrouvent en juin 2020 face à face comme sur la scène syrienne, leurs interventions conditionnent les évolutions du conflit. Comme au Proche-Orient, les puissances européennes et les États-Unis ont un rôle très secondaire alors que les puissances régionales mènent le jeu. L’UE est pourtant directement intéressée par le conflit libyen car ce pays est aussi un réceptacle important des flux migratoires de la guerre en Irak et en Syrie et joue – ou non - un rôle de verrou migratoire. Elle ne maitrise pas le grand jeu qui se déroule sur ces deux théâtres mais en subit directement les conséquences. Syrie et Libye permettent à la Russie et à la Turquie de renaître sur la scène internationale.
Alors que les Balkans occidentaux connaissent en juin 2020 une poussée de l’épidémie du coronavirus, cette région est de nouveau secouée par un nouveau scandale. États-Unis et Union européenne font pression pour que la Serbie reconnaisse l’indépendance du Kosovo, présenté comme berceau historique de la nation serbe, qui a fait sécession à la suite de la guerre civile à l’origine de l’éclatement de la Yougoslavie. Le président serbe Aleksander Vucic devait rencontrer Hashim Thaçi, à la tête de l’exécutif kosovar depuis 2016. Le tribunal international de La Haye qui enquête sur le Kosovo vient de produire des actes d’accusation pour meurtres et crimes contre l’humanité, concernant des civils serbes et roms, à l’encontre de l’actuel président Kosovar pour la période 1998-1999. L’entrevue est donc repoussée.
L’Alliance de l’Atlantique nord créée en 1949 est une alliance militaire qui appartenait au dispositif américain d’endiguement de l’URSS visant à protéger l’Europe de l’Ouest de l’expansionnisme de Moscou. Cette organisation a survécu à la Guerre froide, contrairement au Pacte de Varsovie, alliance militaire du bloc socialiste disparue en 1991. L’OTAN n’a cessé de s’étendre depuis l’adhésion de la Grèce et de la Turquie (1952) jusqu’à celles des pays issus de l’ex-bloc socialiste depuis 1999, la Macédoine du Nord venant de l’intégrer en 2020 pour devenir son trentième membre.
Pour autant, l’OTAN ne se porte pas bien. Les États-Unis montrent leur désintérêt depuis Barak Obama, et ont même menacé d’en laisser la charge aux Européens avec Donald Trump. La Turquie joue cavalier seul sur la scène du Proche-Orient, et sa propre carte en Libye, inquiétant la Grèce autre membre de l’OTAN. Les divergences stratégiques internes à l’OTAN ont amené le président français Emmanuel Macron à parler de « mort clinique » de cette organisation à l’automne 2019. A la mi-juin 2020, la frégate française Courbet engagée sous la bannière de l’OTAN dans la mission Sea guardian, a été « illuminée » à plusieurs reprises par les lasers de guidage de tir de la frégate turque Gokova qui escortait des bâtiments venant livrer des armes en Libye. La France dénonce un acte « extrêmement agressif » puisqu’elle le considère habituellement comme un acte de guerre. Le Secrétaire général de l’OTAN a annoncé l’ouverture d’une enquête.
En juin 2020, la situation reste très tendue entre les deux Corées, la Corée du Nord envoie davantage de soldats dans la zone frontière – la DMZ – pour arracher de nouvelles concessions à son voisin sud-coréen dans le cadre d’épineuses négociations sur la dénucléarisation. Elle a aussi mis fin au bureau de liaison intercoréen près de Kaesong après l’avoir fait avec les communications entre les deux Corées. Rodomontades et chantage restent les moyens d’expression privilégiés par Pyongyang. L’ONU estime que la situation alimentaire s’est fortement dégradée en Corée du Nord du fait de la fermeture de ses frontières dans le contexte de la pandémie.
Un regain de tension oppose en juin 2020 les deux géants asiatiques, Chine et Inde, au niveau de leur frontière litigieuse dans la région du Ladakh, une région très sensible du Cachemire partagée depuis 1962 entre Inde, Pakistan et Chine. Cette dernière a infligé une sévère défaite militaire à l’Union indienne qui a perdu l’Aksai Chin. L’accrochage a fait une vingtaine de morts côté indien, Pékin s’est gardé de communiquer sur ses éventuelles pertes. Il ferait suite au renforcement de la présence militaire chinoise de l’autre côté de la ligne de contrôle – la LAC – qui sépare les deux pays depuis 1962, conduisant l’Union indienne à faire de même. Les soldats indiens accusent leurs homologues chinois d’être entrés sur le territoire indien. Si New Delhi et Pékin affichent la volonté de régler diplomatiquement cette affaire – ces deux puissances auraient beaucoup à perdre dans un conflit armé – il n’en demeure pas moins que c’est l’accrochage le plus grave qu’ils connaissent depuis longtemps. La situation de la région du Cachemire s’est tendue depuis dix-huit mois, mais il ne faut pas oublier que Pékin ne mène aucunement une politique d’apaisement à ses frontières, que ce soit à Hong Kong, vis-à-vis de Taiwan, en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale, la règle est plutôt celle de l’agressivité. Autrement dit, les pratiques sont à l’opposé du discours « pacifiste » de Pékin.
Le 26 juin 1945 naissait l’Organisation des Nations Unies dont le siège est à New York . Elle remplace la défunte Société des Nations (SDN) sise à Genève. Ce changement géographique du siège illustre la bascule géopolitique entre l’Europe et les États-Unis. Cette organisation a pour mission, comme son ainée, d’œuvrer à la paix dans le monde, mais elle s’est dotée d’un Conseil de sécurité où les membres permanents disposent d’un droit de veto et d’une force armée (les « casques bleus ») qui lui font gagner en crédibilité et efficacité par rapport à la SDN.
Néanmoins, le soixante quinzième anniversaire de l’ONU en juin 2020 n’est pas celui qu’il aurait pu être. L’Organisation est sur la défensive, justifiant de ses actions (aide alimentaire, combat des pandémies…) comme pour arguer de sa légitimité. Le multilatéralisme a bien moins le vent en poupe que lors de la deuxième moitié XXème siècle. La raison essentielle est que son principal promoteur, les États-Unis, n’y croit plus et ne le défend plus. Les principales puissances géopolitiques (États-Unis, Russie, Chine) ont une pratique encore plus utilitariste de l’ONU que par le passé, la décrédibilisant. La France tente de le rénover pour le maintenir, espérant ainsi peser davantage (Cf. Forum de Paris sur la paix).
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La Russie fête les soixante-quinze années de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vladimir Poutine offre à cette occasion une vision révisionniste du conflit concernant la Pologne et célèbre le sacrifice du peuple soviétique qui a perdu 27 millions de ses membres lors du conflit. Les mots sont durs vis-à-vis des Occidentaux.
En juin 2020, la France fête le quatre-vingtième anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, lançant ainsi l’ « année de Gaulle ».
Si cette pandémie marque le pas en juin 2020 sur le continent européen où elle s’est développée rapidement après l’Asie, si l’Union européenne est à l’heure du déconfinement et de la réouverture des frontières, il n’en est pas de même pour le reste du monde. Elle continue à frapper durement les États-Unis et se déploie de façon inquiétante en Amérique latine, jusqu’en forêt amazonienne. Ce continent entre dans l’hiver austral, la progression de la pandémie s’accélère. Le président de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme, car la progression de la pandémie est très sensible dans l’hémisphère sud, en particulier en Amérique latine où la promiscuité liée à la pauvreté d’une partie importante de la population rend difficile la distanciation sociale. La Guyane n’y échappe pas, les Antilles françaises (hémisphère nord) non plus. La pandémie continue aussi sa progression sur le continent africain et en Asie, notamment en Inde, deuxième pays le plus peuplé de la planète avec la Chine.
Le Fonds monétaire international (FMI), estime que la crise du coronavirus devrait se faire ressentir lourdement sur l’économie mondiale puisqu’il anticipe une croissance négative de près de 5% pour l’année 2020. Cette contraction économique devrait être particulièrement sévère dans la zone euro (plus de 10%), et singulièrement en France.
La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer la crise ouverte au Liban depuis l’automne 2019. La population dénonce encore en juin 2020 une classe politique corrompue et incompétente qui a conduit le pays du cèdre au bord du gouffre. Le pays s’est considérablement endetté (la dette publique représenterait 170% du PIB) pour financer ses dépenses de fonctionnement alors même que les services publics sont déliquescents. Désormais, près de la moitié de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté alors que l’inflation grimpe. Au « bord » du défaut de paiement, le pays risque maintenant une hyperinflation. Qui croit encore dans le Liban, jadis présenté comme la « Suisse du Moyen-Orient ? La diaspora libanaise y investit de moins en moins car c’est peu intéressant. Les puissances régionales – notamment les monarchies du Golfe – soutiennent de moins en moins un pays qui, s’il a accueilli un nombre important de Syriens fuyant la guerre civile, est perçu comme trop proche de l’Iran, du fait de la puissance du Hezbollah, et Téhéran n’a plus vraiment les moyens de sa politique extérieure de puissance… Le Liban est au bord de la catastrophe et la crise sanitaire ne fait qu’aggraver la situation.
La situation de l’Argentine continue de s’aggraver du fait d’un confinement qui a vitrifié l’activité économique dans un continent où la crise sanitaire s’est fortement développée. L’activité industrielle a chuté de plus d’un tiers, des trois-quarts pour la construction. Les faillites se multiplient. La situation économique du pays est d’autant plus inquiétante que l’Argentine ploie sous le fardeau de la dette, et ce avant même le déclenchement de la crise du coronavirus.
La Thaïlande est aussi à l’heure des difficultés qui ont empiré depuis la mort du roi Rama IX en 2016. Son fils, Rama X, n’est déjà pas considéré comme un monarque sage. Les conséquences de la crise sanitaire sont très pénalisantes pour un pays qui mise beaucoup sur le tourisme. L’économie thaïlandaise est en panne, à l’image de la classe politique du pays.
La France s’apprête à affronter la pire récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, son déficit public menace de déraper à 120% du PIB. De manière générale, la zone euro est l’une des plus touchée économiquement par les conséquences de la pandémie. L’Allemagne annonce la plus forte contraction de sa production industrielle depuis trente années. Le Japon fait face à la pire récession depuis les années 1950. C’est le deuxième temps de la pandémie, avant même une possible « seconde vague ».
Des négociations internationales réunissent 135 pays, sous l’égide de l’OCDE, au sujet d’une taxation du numérique. Il s’agit d’adopter une taxation la plus commune possible dans un domaine extrêmement lucratif où les plate-formistes et autres acteurs du numérique tirent l’essentiel des bénéfices. Cette démarche a du sens dans un monde du XXIème de plus en plus digital, et la crise sanitaire du coronavirus n’en a que davantage montré le caractère stratégique. Les États-Unis, berceau des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), viennent de décréter en juin 2020 une pause dans ces négociations. Cette décision marque l’aversion du président américain D. Trump pour les négociations multilatérales. Son secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a mis en garde quatre États européens qui ont déjà opté pour une taxe numérique : La France, l‘Espagne, l’Italie et le Royaume Uni. Ce message américain est très mal passé auprès des Européens.
Le lanceur européen Vega a décollé de la base guyanaise de Kourou pour mettre en orbite une cinquantaine de petits satellites. La base aérospatiale entre, elle aussi, à l’heure du déconfinement.
L’avionneur européen Airbus estime qu’un avion « zéro émission » de CO2 serait possible à l’horizon 2035.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. Patrice Gourdin, "Manuel de géopolitique, éd. Diploweb via Amazon"
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
Bonus Culture géopolitique
Bonus vidéo. B. Courmont Fin de partie pour le leadership des Etats-Unis ?
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