10/18 Actualité internationale

Synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2018

Par Axelle DEGANS, le 1er novembre 2018  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Auteure de « Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017 », éd. Diploweb via Amazon, 2018.

Voici une synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2018 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (+ de 11 900 followers)

Le sort des urnes

Au Brésil, le second tour des élections présidentielles a opposé en octobre 2018 le peu charismatique candidat du parti des travailleurs Fernando Haddad à Jair Bolsonaro, ancien capitaine de l’armée, admirateur du temps de la dictature. Ce dernier remporte fin octobre 2018 le scrutin avec plus de 55% des suffrages exprimés. Il a été porté au pouvoir par les déçus du PT, en grande partie les classes moyennes de nouveau en voie de paupérisation depuis 2014, mais aussi par les évangélistes qui représentent désormais près du tiers de la population brésilienne. Le nouveau président a annoncé qu’il reviendrait à des méthodes « fortes ». Malgré son aveu de méconnaître les questions économiques, les électeurs se sont tournés vers lui. Ils veulent sortir de la corruption, de la recrudescence de la violence et de la récession. Le Brésil fait un saut dans le démocrato-scepticisme.

Au Cameroun, l’inamovible président Paul Biya (85 ans) a remporté en octobre 2018 les élections (avec plus de 71% des voix) lui ouvrant les portes d’un septième mandat de sept années.

En Afghanistan, des élections législatives d’octobre 2018 se sont tenues sur fond de grande corruption du personnel politique et l’espoir des femmes de faire évoluer leur pays. Les fraudes, particulièrement nombreuses, entachent ce scrutin : les taliban ont gagné le jeu de la décrédibilisation, et maintiennent un niveau élevé de violence. Les frustrations sont immenses dans un pays où les files d’attente pour voter étaient parfois bien longues malgré les menaces.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a changé de direction. La rwandaise Louise Mushikiwabo, candidate soutenue par la France, a été élue en octobre 2018. Une occasion d’apaiser des relations tendues avec ce petit pays d’Afrique des grands lacs ? Elle a déjà l’expérience de hautes fonctions auprès de son pays (à la tête des Affaires étrangères), cette proche de Paul Kagamé est pourtant issue d’un pays où l’influence du français régresse notablement face à l’anglais, et celle de de la France face à la Chine. Cette organisation qui rassemble un monde francophone démographiquement en expansion, souffre de faibles moyens financiers et d’une vision stratégique assez floue.



Toujours des violences…

Les élections législatives afghanes d’octobre 2018 ont été endeuillées par 192 attentats, dénombrés par le ministre de l’Intérieur, alors que les taliban en revendiquent 400. Ils auraient causé la mort de plusieurs centaines de personnes (300 selon une agence de presse).

Au Nigéria, géant démographique africain, les violences intercommunautaires entre Haoussas (musulmans) et Adaras (chrétiens) ont fait 55 morts en octobre 2018 à la suite d’une querelle sur un marché dans l’état de Kaduna, centre-nord du pays. L’Ethiopie est aussi en proie aux violences intercommunautaires, ici entre Oromo et Gumuz, qui ont fait une quarantaine de victimes.

Aux Etats-Unis, un suprémaciste a provoqué la mort de 11 personnes dans une synagogue de Pittsburgh. Des colis piégés ont été adressés au domicile des Obama, d’Hillary Clinton, de Georges Soros et au siège de CNN.

La question des frontières transgressées ou gardées continue à se poser

L’Angola, en Afrique australe, a renvoyé 380 000 clandestins vers la République démocratique du Congo dont ils sont massivement originaires.

Le Mexique est un pays de transit des flux migratoires latino-américains. Un convoi d’environ 7 000 Honduriens, entrés illégalement au Mexique, a repris sa marche en octobre 2018 pour gagner les Etats-Unis. Donald Trump annonce, en réaction, une baisse de l’aide accordée aux pays d’Amérique centrale qui ne contrôlent pas leurs flux migratoires, Honduras et Guatemala par exemple.

Les enclaves espagnoles en terre africaine de Ceuta et Melilla restent des portes d’entrée des flux migratoires illégaux en provenance d’Afrique sub-saharienne. Madrid expulse 55 migrants illégaux. La France a déjà reconduit à sa frontière avec l’Espagne près de 15 000 migrants illégaux depuis le début de 2018 et près de 45 000 à sa frontière avec l’Italie.

L’Arabie saoudite au centre des préoccupations internationales

L’image réformatrice du prince héritier Mohammed ben Salman (MBS) est de nouveau altérée, après la répression des opposants, de l’éviction de la diplomate canadienne – en poste en Arabie saoudite – qui s’en inquiétait ou le désastre de la guerre menée au Yémen. Le journaliste Jamal Khashoggi, critique envers l’actuel pouvoir, a disparu après avoir été vu pour la dernière fois entrant dans le consulat saoudien d’Istanbul. Cette disparition provoque en octobre 2018 un émoi international, qui rejaillit sur l’attrait du « Davos du désert » qu’organise MBS pour financer son projet « Vision 2030 ». Chacun essayant néanmoins de préserver ses intérêts. Après avoir nié toute information – et donc responsabilité- dans la disparition du journaliste, Riyad vient de reconnaitre sa mort « accidentelle » mais les différentes versions données par des officiels saoudiens accroissent le malaise.

Synthèse de l'actualité internationale d'octobre 2018
Le prince héritier Mohammad Ben Salman (Arabie Saoudite) : un colosse aux pieds d’argile ?
Source : wikipedia
wikipedia

La position de Mohammed ben Salman au sein du pouvoir saoudien est-elle pour autant affaiblie ?

La Bande de Gaza, seule contre tous ?

La Bande de Gaza est dirigée depuis une dizaine d’années par le Hamas qui s’oppose à l’Autorité palestinienne qu’incarne un Mahmoud Abbas désormais déclinant tant pour des raisons politique que de santé, et affirme vouloir la disparition d’Israël. Les différentes tentatives de médiation ont pour l’instant échoué, malgré l’entremise de l’Egypte. La population gazaouie vit entassée, dans la misère, et sans réelles perspectives d’avenir. Le Hamas organise régulièrement des manifestations – comme les dernières « marches du retour » - aux frontières avec Israël, ce qui provoque à chaque fois la mort de Palestiniens. Asphyxiée par le blocus, Gaza vient de recevoir, grâce à un accord international, une livraison de combustible du Qatar – du fait de sa proximité avec les Frères musulmans – pour faire fonctionner la centrale et reprendre la production électrique indispensable au fonctionnement de ses hôpitaux et écoles ; au grand mécontentement de l’Autorité palestinienne. Le Hamas instrumentalise sa population, y compris parmi les plus jeunes, pour aller défier les troupes israéliennes à la frontière. Des barouds d’honneur sanglants, qui cristallisent les tensions internationales, mais servent d’exutoire à la population et justifie son maintien au pouvoir, envers et contre tout… Une situation bloquée de toutes parts.

L’ONG Human Rights Watch dénonce l’usage systématique de la torture des opposants par le Hamas comme par l’Autorité palestinienne.

La Chine renforce sa maitrise sur Hong Kong

Une manifestation en faveur des libertés a réuni plusieurs milliers de personnes à Hong Kong le 1er octobre 2018, jour de la fête nationale de la Chine populaire. D’autres se sont déroulées au cours du mois d’octobre.

Pékin, qui vient d’interdire un parti politique défendant l’indépendance de l’ile, inaugure en octobre 2018 un gigantesque pont de 55 kilomètres reliant la Chine continentale et populaire à Hong Kong. Cette « autoroute sur la mer » a aussi vocation de mieux asseoir la domination de la République populaire de Chine, et ce n’est pas sans rappeler la ligne ferroviaire reliant désormais Lhassa au reste de la Chine.

Les Etats-Unis au cœur du jeu mondial

Washington, qui a dénoncé les anciens accords de l’ALENA (signés en 1992) créant une zone de libre-échange avec le Canada et le Mexique, en met en place de nouveaux. Après avoir signé un nouvel accord avec le Mexique, les Etats-Unis se sont tournés vers leur voisin du Nord qui les a rejoints dans l’« accord Etats-Unis Mexique Canada ». Il entrera en vigueur à partir de 2019 et maintient le libre-échange en ouvrant davantage le marché canadien aux produits laitiers des Etats-Unis, n’accorde l’exemption des taxes douanières qu’aux voitures construites à 75% en Amérique du Nord (contre 63% avec l’ALENA) et avec au moins 40% des travailleurs gagnant 16 dollars de l’heure. Cet accord existera pour une durée de 16 ans et devra ensuite être renégocié.

Donald Trump annonce que les Etats-Unis se retireraient du traité de contrôle des forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhail Gorbatchev (URSS). Moscou y voit un mauvais signe. Il est très probable que cette annonce soit à replacer dans le contexte d’élections de mi-mandat (mid-terms) assez tendues pour la majorité présidentielle américaine. Est-ce un signe démontrant l’indépendance de l’actuel président vis-à-vis de Moscou ?

Les Etats-Unis déclarent vouloir définir un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni post-Brexit, ainsi qu’avec l’Union européenne (après l’arrêt des négociations de l’accord transatlantique) et avec le Japon (après sa sortie de l’accord transpacifique).

Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU proche de l’actuel président, démissionnera en fin d’année probablement pour préparer une nouvelle étape de sa carrière politique. Cette démission pourrait fragiliser Donald Trump, et c’est surtout Israël qui déplore la perte d’un de ses soutiens les plus fermes en la personne de Madame Haley.

Une Europe toujours morose

Les négociations concernant le Brexit n’en finissent pas. Courant octobre, les contentieux restent les mêmes (circulation des personnes, statut de l’Irlande du Nord britannique) et Theresa May est affaiblie sur sa scène nationale. Elle n’est pas la seule car en Allemagne, les élections partielles d’octobre 2018 en Hesse (Francfort) sont certes gagnées par les conservateurs mais avec un score très bas (28%) alors que les scores des écologistes (19.4%) et de l’AfD (12%) compliquent les alliances politiques régionales et donc nationales. C’est le second revers d’importance pour la CDU après les élections en Bavière lors desquelles la CSU (branche bavaroise de la CDU) a enregistré l’un de de ses plus mauvais scores, accusant la direction nationale d’en être largement responsable. La chancelière Angela Merkel annonce qu’elle ne briguera pas de nouveau mandat. Il est possible que cette déclaration ne lui permette pas de mener à terme son actuel mandat.


Bonus vidéo. L’Union européenne est-elle condamnée à l’impuissance ? Avec une conférence d’ouverture par Nicole Gnesotto (IHEDN, CNAM)


Le sort du rocher de Gibraltar (possession britannique revendiquée par l’Espagne) vient d’être réglé en octobre 2018 dans le cadre du Brexit par un protocole accepté par le Royaume-Uni et l’Espagne, qui a la sagesse ne pas couvrir les points les plus délicats, laissant leur étude à l’après-Brexit.

L’Espagne du premier ministre socialiste Pedro Sanchez a décidé en octobre 2018 de déplacer la dépouille de Franco de son mausolée d’El Valle vers une autre demeure, souhaitant réserver ce monument aux victimes de la guerre civile… pour le plus grand plaisir du « peuple de gauche » espagnol. Une réforme politique qui apparait gagnante et à peu de frais… Sauf que la famille du caudillo envisage de l’inhumer dans le caveau familial sis dans la cathédrale madrilène Almudena. Une éventualité qui embarrasse vivement le gouvernement.

Les membres de la zone euro sont désormais tenus de présenter leur budget à Bruxelles pour y recevoir une acceptation. L’Italie présente en octobre 2018 un budget avec un déficit prévu de 2.4% qui ne respecte pas les fameux critères de Maastricht. Ainsi, si le déficit envisagé reste inférieur à 3%, mais il ne permet pas pour autant de réduire la dette alors que celle-ci se monte à 130% de son PIB. Le gouvernement italien s’oppose ainsi aux recommandations de Bruxelles et choisit la voie du déficit accru pour un pays déjà éprouvé par la crise de la dette souveraine – et donc des mesures de rigueur qui ont été appliquées – et la crise migratoire qui ne sont pas sans expliquer l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouvernement.

Bruxelles, après avoir signé un accord de libre-échange avec le Japon en juillet 2018, comme un autre avec le Vietnam signé en 2015, accélère en octobre 2018 son entrée effective en vigueur en incitant les Etats membres de l’Union à le ratifier. Cet accord supprimera 99% des droits de douane sur le commerce des biens.

Une Afrique sous tension

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, annonce en octobre 2018 vouloir accélérer (d’abord pour des raisons électorales) l’expropriation – sans indemnisation – de fermiers blancs au profit de la population noire. Les blancs constituent environ 8% de la population nationale mais détiennent 72% des terres, et la redistribution de ces dernières est une revendication de la majorité noire ainsi qu’une promesse de l’ANC depuis 1994. Dans ce pays émergent, où le chômage concerne plus du quart de la population active avec désormais une croissance économique en berne, les tensions internes sont avivées. Cette réforme agraire n’est pourtant pas sans rappeler de façon inquiétante une autre, celle menée par Robert Mugabe au Zimbabwe qui a chassé les fermiers blancs et donné les terres à ses soutiens, transformant le grenier à blé d’Afrique australe en pays incapable d’assurer ses besoins alimentaires.

Une nouvelle épidémie d’Ebola – fièvre hémorragique – s’est déclarée en octobre 2018 en République démocratique du Congo.

Bonnes nouvelles

Le prix Nobel de physique a été attribué en octobre 2018 à un Français, Gérard Mourou, ainsi qu’à la Canadienne Donna Stricklad et l’Américain Arthur Ashkin, pour ses travaux sur les lasers appliqués à l’industrie et à la médecine.

Copyright Novembre 2018-Degans/Diploweb.com


Plus pour réussir

Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.

. Axelle Degans, "La synthèse de l’actualité internationale 2018. Réussite aux concours 2019 !" éd. Diploweb via Amazon

. Pierre Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de la RUSSIE et de ses frontières" , éd. Diploweb via Amazon

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Union européenne. A l’heure du Brexit".

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Asie. Les dessous des cartes, enjeux et rapports de force".

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. Les dessous des cartes, enjeux et rapport de force"

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de la mondialisation contemporaine. Les dessous des cartes, enjeux et rapports de force"

. S. Schmit, "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Amérique latine : Un sous-continent en pleine transition politique, énergétique et commerciale. Dossiers et fiches pays"

. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"

. L. Bloch, "L’Internet, vecteur de puissance des États-Unis ? : Géopolitique du cyberespace, nouvel espace stratégique"

. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"


Bonus pour comprendre le référendum du 4 novembre 2018, vidéo : C. Lechervy La Nouvelle-Calédonie


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