Professeur de Chaire supérieure. Enseignant (Géopolitique) à Grenoble Ecole de Management. Co-auteur, avec Libin Liu Le Grix du « Grand livre de la Chine », Editions Eyrolles.
Voici un bel ouvrage de synthèse sur le monde qui change et qui se cherche. Il sera de la plus grande utilité pour les étudiants et pour le grand public désireux de comprendre et donc, d’être libres.
Présentation de « Les grandes questions internationales », Laurence Briday, Alain Chaffel, Pierre Dallenne, Axelle Degans, Paris, Studyrama, 2013.
CET ouvrage qui s’adresse à un large public motivé et cultivé, celui des grands concours, des grandes écoles, des universités et de tout citoyen soucieux de s’informer sur l’état du monde, a été rédigé par quatre éminents professeurs agrégés, enseignants en classes préparatoires, et souvent auteurs de livres remarqués.
La structure et l’organisation mêmes de l’ouvrage sont, sur le plan géopolitique, captivants, concernant la France, l’Europe et la Russie, leurs voisins : le Maghreb, le Moyen- Orient et l’Afrique, et les leaders-géants, actuels et futurs, du monde, Etats-Unis, Chine et Inde. Une quatrième partie fait l’état des lieux et interroge sur la crise multiforme actuelle et la dynamique du capitalisme contemporain. Dans une écriture dense et vivante, nourrie en permanence de la connaissance des pays et des meilleurs spécialistes contemporains, les grands problèmes sont abordés de façon directe et claire, mais jamais simpliste. Le lecteur est un témoin interpellé.
C’est la France actuelle qui est d’abord examinée, avec ses atouts, mais aussi ses problèmes et ses craintes. Les questions essentielles sont bien posées : les nouvelles inégalités, le sentiment de défiance, les atouts importants qui demeurent dans une Europe (en panne ?) qui se cherche avec moins d’envie que naguère et aux prises avec l’émergence de pays-continents qui, « mécaniquement, accompagne un déclin relatif de la position française dans le monde », ce que semble illustrer, quelques mois après la parution du livre l’évolution de la question syrienne… La singulière Russie post soviétique mêle richesses naturelles considérables, fragilités démographiques et économiques et se rêve en grande puissance eurasienne.
La rive sud de la Méditerranée est aussi étudiée avec soin dans sa complexité avec le monde arabe plus que jamais divisé, le monde turc et l’Iran. L’affirmation de puissances régionales rivales est signalée sur fond de dépendance alimentaire, de guerres de l’eau, d’inégale puissance énergétique et financière et de rivalités confessionnelles incandescentes. Les dynamiques démographiques et urbaines débouchent sur une grave crise sociale et politique. A quoi aboutiront, au final, les mouvements qualifiés de « printemps arabes » ? L’Afrique quant à elle, en pleine explosion démographique, jeune et en croissance, sera-t-elle la nouvelle frontière de la mondialisation ? Elle dispose d’atouts considérables avec ses ressources minières belligènes, car convoitées par le monde entier (Chine, Inde, Occident…), ses réserves de terre cultivables et d’eau, mais ses manques industriels, ses lacunes en termes de transports, les guerres civiles rendent ses progrès (révolution du téléphone numérique) « encore aléatoires, fragiles et réversibles ».
L’émergence des géants chinois et indien doit être réfléchie en même temps que l’étude du « géant blessé » que sont les Etats-Unis. Numériquement la plus grande puissance du monde démocratie du monde, l’Inde, bientôt pays le plus peuplé de la planète et plus jeune que la Chine, surdouée de l’informatique et des médicaments génériques, venue plus tard dans le grand rattrapage, ne pèse pas autant que la Chine, avec un territoire et un PNB trois fois moindres. De grandes fragilités internes perdurent : conflits religieux, castes, manque de terrains, lourdeurs administratives, tandis que la question des frontières et des alliances et la rivalité quant à l’accès aux ressources en font un rival géopolitique de la Chine. L’Empire du Milieu a sans doute accompli « la plus grande réussite économique de développement que le monde ait jamais connu ». Cependant et malgré un matelas financier considérable, la Chine, est devenue dépendante de ses marchés extérieurs, ce qui l’oblige à repenser son modèle de développement à ses risques et périls. Défis démographiques, inégalités territoriales et sociales, corruption et environnement dégradé constituent pour le Parti Communiste chinois autant d’enjeux cruciaux puisqu’il entend bien se maintenir au pouvoir. Devenue la créancière des Etats-Unis, affaiblis par la désindustrialisation, le prix des guerres et la crise des subprimes, la Chine pourrait avoir à faire face à un rebond anglo-saxon. Si sa quête d’harmonie reste inachevée, rien ne permet d’affirmer qu’elle est au bord du gouffre et ses réseaux investissent le monde entier.
La crise dans laquelle se débat aujourd’hui une bonne partie du monde est étudiée de façon précise, au niveau de son épicentre, le système bancaire américain devenu mondial. Il s’était progressivement débarrassé de l’encadrement prudentiel mis en place pour surmonter la crise des années 1930. Cet évènement se transforme, en Europe, en crise des dettes souveraines qui exige du temps et de la rigueur pour être surmontée. Une très intéressante réflexion interroge sur les variantes du capitalisme au sein de l’Occident face à la montée dynamique des pays émergents.
Voici au total un bel ouvrage de synthèse sur le monde qui change et qui se cherche. Il va à l’essentiel, parfois difficile à repérer dans l’amoncellement précipité des informations venues de toutes parts et de toutes sources. C’est la raison pour laquelle il sera de la plus grande utilité pour les étudiants et pour le grand public désireux de comprendre et donc, d’être libres.
Copyright Octobre 2013-Chancel/Diploweb.com
. « Les grandes questions internationales », Laurence Briday, Alain Chaffel, Pierre Dallenne, Axelle Degans, Paris, Studyrama, 2013, 25 euros.
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