Carte commentée. L’Organisation internationale de la Francophonie en 2025

Par AB PICTORIS, le 11 juin 2025.

Blanche Lambert, Cartographe, formée à l’Institut français de géopolitique de l’Université Paris 8 et à Sciences Po Aix. Blanche Lambert est fondatrice de l’entreprise AB Pictoris, spécialisée dans la production de cartes et la formation à la cartographie. B. Lambert publie « Se former à la cartographie avec Inkscape », éd. D-Booker.

Voici une carte actualisée de l’OIF. Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso ne signe pas la fin de la Francophonie institutionnelle, mais il en révèle les fragilités. Ce moment critique peut être saisi comme une opportunité de redéfinir les fondements du projet francophone. Plus qu’un simple outil de coopération linguistique, l’OIF est appelée à devenir un véritable cadre de dialogue interculturel et géopolitique, en phase avec les réalités contemporaines des États membres.
Une co-publication AB Pictoris / Diploweb.com

LE RETRAIT simultané du Mali, du Niger et du Burkina Faso de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en mars 2025 constitue un tournant symbolique dans l’histoire de cette institution. Ces trois pays sahéliens, réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont justifié leur décision par des désaccords profonds avec certaines orientations politiques et diplomatiques de l’organisation. Au-delà d’un simple épisode diplomatique, ce retrait soulève des interrogations majeures sur la place de la Francophonie dans un monde multipolaire, ainsi que sur sa capacité à s’adapter aux nouvelles dynamiques régionales.

Carte commentée. L'Organisation internationale de la Francophonie en 2025
Carte. L’Organisation internationale de la Francophonie en 2025
Conception et réalisation : Blanche Lambert pour AB Pictoris, 2025
Lambert/AB Pictoris

Créée en 1970, au lendemain des indépendances, l’OIF est née de la volonté d’instituer un espace de dialogue et de coopération entre États partageant l’usage du français. Si la langue constitue le ciment initial de cette communauté, l’organisation s’est progressivement dotée d’un mandat élargi. Elle agit aujourd’hui dans les domaines de la gouvernance démocratique, de l’éducation, de la culture, du développement durable et de la prévention des conflits. Forte de 88 États et gouvernements membres, l’OIF représente plus de 300 millions de locuteurs francophones à travers le monde.

Mais cette diversité linguistique et géographique s’accompagne d’un défi constant : celui de maintenir une cohésion entre des États aux trajectoires politiques, économiques et sociales parfois très contrastées. L’OIF se veut un espace de solidarité et de valeurs partagées, notamment en matière de démocratie, d’état de droit et de droits humains. Toutefois, dans certains contextes, ces principes sont perçus comme des instruments normatifs portés depuis l’extérieur, suscitant des tensions avec des régimes qui revendiquent une souveraineté plus affirmée.

Le retrait des trois pays sahéliens s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large de recomposition géopolitique. Il traduit une remise en cause des cadres multilatéraux traditionnels, perçus par certains gouvernements comme peu représentatifs des aspirations locales. L’OIF, malgré son ancrage multilatéral et culturel, n’échappe pas à ces critiques. Elle se voit parfois accusée d’entretenir des logiques d’influence ou de reproduire des asymétries héritées des relations postcoloniales. La Russie, ontologiquement impériale mais de manière continentale, a su faire passer sous silence sa dimension coloniale pour se faire la championne de l’anticolonialisme. C’est une imposture, mais ce discours fonctionne, porté par des réseaux sociaux qui servent le récit approprié à la cible, recyclant des éléments de la mémoire locale pour en démultiplier l’impact. Les mêmes réflexions pourraient être faites pour la République populaire de Chine. La Russie comme la Chine ne s’embarrassent pas de référence à la démocratie et aux droits de l’homme, ce qui satisfait pleinement des dirigeants qui n’en ont que faire. C’est que le discours du Président de la République française, François Mitterrand, à La Baule (20 juin 1990) n’avait pas anticipé.

Pour autant, la Francophonie ne saurait être réduite à une institution figée. Elle demeure un espace singulieroù se croisent des expériences et des savoirs issus de plusieurs continents. Si elle parvient à renforcer sa capacité d’écoute, à valoriser la pluralité des trajectoires nationales et à réaffirmer son indépendance vis-à-vis des intérêts étatiques, elle peut continuer à jouer un rôle utile dans la diplomatie internationale.

Voir aussi. Marie-Laure Poletti, Roger Pilhion, Francophonie : quelles réalités, contradictions et perspectives ? Les auteurs mettent les pieds dans le plat de certaines contradictions françaises à propos de la francophonie.

Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso ne signe donc pas la fin de la Francophonie institutionnelle, mais il en révèle les fragilités. Ce moment critique peut être saisi comme une opportunité de redéfinir les fondements du projet francophone. Plus qu’un simple outil de coopération linguistique, l’OIF est appelée à devenir un véritable cadre de dialogue interculturel et géopolitique, en phase avec les réalités contemporaines des États membres.

Copyright pour le texte et la carte 2025-Lambert/AB Pictoris

Titre du document :
Carte. L’Organisation internationale de la Francophonie en 2025

Conception et réalisation : Blanche Lambert pour AB Pictoris, 2025



Document ajouté le 11 juin 2025
Document JPEG ; 440943 ko
Taille : 1200 x 847 px

Visualiser le document

Voici une carte actualisée de l’OIF. Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso ne signe pas la fin de la Francophonie institutionnelle mais en révèle des fragilités. Ce moment critique peut être saisi comme une opportunité de redéfinir les fondements du projet francophone. L’OIF est appelée à devenir un véritable cadre de dialogue interculturel et géopolitique, en phase avec les réalités contemporaines.

Mots clés — Key words

MondeBurkina Faso Mali Niger Cartes géopolitiquesInfluenceDésinformation1970PuissanceAfriqueDiplomatieFrancophonie2025

Pour ne rien rater de nos nouvelles publications, abonnez-vous à la Lettre du Diploweb !

Diploweb est sur Tipeee
Vous aussi soyez acteur du Diploweb ! Soutenez-nous via notre page tipeee.com/Diploweb
Les livres de Diploweb sont sur Amazon
des références disponibles via Amazon sous deux formats, Kindle et papier broché

DIPLOWEB.COM - Premier site géopolitique francophone

SAS Expertise géopolitique - Diploweb, au capital de 3000 euros. Mentions légales.

Directeur des publications, P. Verluise - 1 avenue Lamartine, 94300 Vincennes, France - Présenter le site

© Diploweb (sauf mentions contraires) | ISSN 2111-4307 | Déclaration CNIL N°854004 | Droits de reproduction et de diffusion réservés

| Dernière mise à jour le mercredi 11 juin 2025 |