Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne à l’École de l’Air. Il intervient également à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique, l’association à laquelle le Diploweb.com est adossé.
Le climat doit être pris en compte dans une étude géopolitique d’un territoire. Voici pourquoi, voici comment. Extrait gratuit d’un maître ouvrage de Patrice Gourdin, "Manuel de géopolitique", éd. Diploweb via Amazon.
SELON LA SITUATION, l’altitude et l’inclinaison du soleil, les différentes zones de la Terre connaissent des régimes de températures et de précipitations différents : les climats. Chacun d’entre eux oriente et favorise, ou défavorise, les activités humaines. Donc, il peut influer sur le comportement des différentes sociétés, notamment sur leurs relations avec les autres. Toutefois, les données climatiques ne sauraient expliquer à elles seules les crises ou les conflits : elles s’inscrivent dans un contexte politique, social et économique plus ou moins satisfaisant et plus ou moins protecteur pour les populations. Le degré d’adaptation d’une société réduit ou accentue les effets néfastes d’une situation climatique. Ainsi, par exemple, une bonne organisation hydraulique permet de réguler les irrégularités des précipitations ; à défaut, sécheresse et/ou fortes pluies provoquent des ravages. Le cas chinois offre une illustration éclairante :
« À mesure que l’on approche de la fin du XIXe siècle, la Chine semble devenir le jouet d’un destin contre lequel elle n’a plus aucun recours. C’est une conjuration universelle des hommes et des éléments. La Chine des années 1850-1950, celle des plus formidables insurrections de l’histoire, des canonnades étrangères, des invasions et des guerres civiles est aussi celle des grands cataclysmes naturels. Jamais sans doute dans l’histoire du monde le nombre de victimes n’avait été aussi élevé.
Alors que, du milieu du XVIIe à la fin du XVIIIe, la Chine avait connu peu de famines et d’inondations, les calamités naturelles se multiplient à partir de la première moitié du XIXe siècle et surtout elles prennent une ampleur sans précédent. C’est qu’en effet, la densité du peuplement dans les grandes régions agricoles, la baisse générale du niveau de vie, l’imprévoyance et l’incapacité d’une administration corrompue se conjuguent pour transformer les moindres imprévus climatiques en catastrophes. L’absence de réserves, la mauvaise organisation des secours et les difficultés de transport expliquent la gravité des famines consécutives aux sécheresses en Chine de Nord. Le mauvais entretien des digues et l’exhaussement du lit des cours d’eau sont à l’origine des grandes inondations des années 1850-1950. La faim et la misère ont incité en effet une masse considérable de paysans pauvres à mettre en valeur les hautes terres et à y étendre en particulier les plantations de maïs. Mais le déboisement intensif au XIXe siècle provoque l’érosion des sols dont les alluvions élèvent le lit des rivières. Les digues, mal entretenues, ne suffisent plus à contenir la masse des eaux au moment des grandes crues. Cet enchaînement de causes dont la première est la faim de terres qu’éprouve la paysannerie chinoise à partir de la première moitié du XIXe siècle […] est à l’origine de terribles inondations qui ne touchent plus seulement le bassin inférieur du fleuve Jaune mais, plus gravement et plus fréquemment qu’autrefois, la basse vallée de la Han et le cours inférieur du Yiangzi. Ces inondations meurtrières et destructrices sur le moment sont aussi génératrices d’épidémies. […] Mais les grandes sécheresses ont en Chine du Nord des effets plus terribles encore [1] ».
Toutefois, certaines catastrophes naturelles s’avèrent imparables, tels les cyclones et autres raz-de-marée : dans ce cas, la différence entre les sociétés se manifeste dans l’existence ou non d’un réseau d’alerte et d’un système d’assistance efficaces. Les incidences géopolitiques des catastrophes climatiques abondent. Ces dernières s’avèrent un indicateur de dysfonctionnement redoutablement fiable.
Prenons Haïti : ce pays cumule cyclones et difficultés économiques, ce qui contribue à la pérennisation de la pauvreté et de l’instabilité politique : « situé dans le couloir de passage naturel des cyclones, [il] échappe rarement aux ravages des intempéries. Malgré la fréquence de ces désastres, les autorités concernées ne tiennent pas compte de cette réalité. Elles n’ont jamais mis au point de politiques publiques ni de plans de gestion appropriés pour faire face aux catastrophes [2] ». Ce qui, malheureusement, se vérifia lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Autre exemple : le cyclone Bhola qui ravagea, le 12 novembre 1970, l’ensemble du Bengale (partie indienne et partie pakistanaise). L’incurie des autorités d’Islamabad provoqua le mécontentement des habitants de ce qui s’appelait alors le Pakistan oriental. Cela se traduisit par des troubles armés, encouragés par l’Inde, qui entra en guerre contre le Pakistan du 3 au 16 décembre 1971. À cette date, naquit un nouvel État : le Bangladesh. Bhola ne provoqua pas cette sécession sanglante, il catalysa le mécontentement de la population. Et l’Inde instrumentalisa cette situation pour rompre ce qu’elle ressentait comme un encerclement et affaiblir son adversaire.
Dans un pays aussi riche que les États-Unis, l’ampleur des destructions, l’impéritie des autorités et la lenteur de la reconstruction après les ravages provoqués, à la Nouvelle-Orléans, par le cyclone Katrina, en 2005, choquèrent nombre d’Américains et cela semble une raison déterminante, mais au même titre que la guerre d’Iraq, par exemple, dans le retournement de l’opinion publique contre l’administration Bush.
A contrario, la junte militaire birmane abandonna sciemment la population du delta de l’Irrawaddy, frappée par le cyclone Nargis les 2 et 3 mai 2008, sans que celle-ci pût protester ou se rebeller, ni même exprimer son désaccord en boycottant le référendum constitutionnel du 10 mai ou en votant non. La consultation se déroula “normalement“ [3] et ce dans les seules régions épargnées par la catastrophe ; le scrutin fut repoussé au 24 mai dans les régions sinistrées ainsi qu’à Rangoon.
25 % des terres émergées ont un climat tempéré, 30 %, un climat désertique, 20 %, un climat chaud suffisamment humide pour que les cultures ne nécessitent pas d’irrigation et 25 %, un climat froid. D’emblée, il apparaît que plus de la moitié des espaces continentaux présentent des conditions de vie difficiles, ou extrêmement difficiles. Ces différences peuvent créer des complémentarités suscitant le développement d’échanges commerciaux, mais elles sont parfois source de convoitises et d’affrontements. Les populations des régions aux climats les plus rudes cherchent alors à s’emparer de contrées plus accueillantes, ou viennent plus ou moins fréquemment piller les zones plus favorisées, donc plus riches. Les nomades des déserts chauds, ou les Vikings, par exemple, ressortissent aux deux phénomènes à la fois : selon les circonstances et leurs besoins, ils se livrèrent au commerce, à la piraterie ou au pillage.
Les variations climatiques dans la durée [4] offrent un éventail considérable de situations : par rapport à une situation “normale“, le climat peut soit se réchauffer, soit se refroidir, soit devenir plus sec, soit devenir plus humide, avec plusieurs combinaisons possibles. Les modifications peuvent se ressentir d’un mois sur l’autre, d’une année sur l’autre, tout en s’installant dans des séquences de plusieurs décennies ou de plusieurs siècles. Leur étude recourt à des méthodes scientifiques très élaborées. Un changement climatique peut apporter une amélioration à l’ensemble de l’humanité, ou, au contraire, lui nuire. Mais les effets sont le plus souvent différenciés : les zones climatiques et les sociétés ne subissent pas forcément toutes les mêmes conséquences, ni avec la même intensité. Si le “petit âge glaciaire“ (XIIIe-XIXe siècle) contribua à chasser les Vikings du Groenland, il n’affecta pas les Inuits, remarquablement adaptés au monde glacial arctique. Les populations des zones tempérées paraissent avoir plus durement ressenti les effets de ce refroidissement.
Les mutations du climat provoquent des transformations d’activités, des pénuries et/ou des déplacements qui sont d’autant plus conflictuels que les conditions de vie sont déjà précaires en situation “normale”. Elles semblent expliquer nombre de migrations, plus ou moins violentes, en Eurasie, jusqu’à la fin du Moyen-Âge occidental. Il existerait une corrélation entre le refroidissement marqué du Ve siècle de notre ère et le paroxysme atteint par les invasions “barbares“, tant au nord de l’empire de Chine (royaume turc des Wei) que dans l’Empire romain. Les Wisigoths franchirent le Danube dès 376, les Alains, les Suèves, les Vandales et les Burgondes traversèrent le Rhin en 406, les Francs occupèrent la Belgique vers 430, les Jutes, les Angles et les Saxons envahirent l’Angleterre vers 450, au moment même où les Huns déferlaient sur l’Europe. À partir du XIIe siècle, le climat de la steppe se dégrada et cela contribue à expliquer pourquoi une grande partie de l’Asie (à commencer par la Chine) subit la poussée mongole aux XIIIe et XIVe siècles. Les variations climatiques influent sur les rapports entre nomades et sédentaires dans l’ensemble sahélien depuis les années 1970.
À l’automne 2008, le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés intégrait le changement climatique parmi les causes de déplacement des populations [5]. Pour désigner ces populations, certains utilisent la formule de “migrants climatiques“ voire de “réfugiés climatiques“. L’expansion transfrontière des maladies et des ravageurs des animaux ou des plantes s’avère une conséquence tout aussi préoccupante : les récoltes et les troupeaux, donc les ressources alimentaires de l’humanité se trouvent en péril. Les hommes eux-mêmes se trouvent menacés :
« Certains des effets les plus dramatiques […] toucheront les insectes arthropodes (moustiques, moucherons, tiques, puces et mouches des sables) et les virus qu’ils transportent. Avec l’évolution des températures et des niveaux d’humidité, les populations de ces insectes pourraient étendre leur portée géographique, et exposer les animaux et les hommes à des maladies contre lesquelles ils n’ont aucune immunité naturelle [6] ».
De tout temps et partout, les variations climatiques contribuèrent à provoquer des révoltes, des insurrections voire des révolutions. Cela demeure d’actualité. Les cours du blé ont flambé en 2007 : la sécheresse au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Europe du Sud, le froid en Ukraine, les inondations en Europe du Nord en portaient en partie la responsabilité [7], l’autre raison principale venait de l’utilisation d’une part croissante de la production agricole comme source d’énergie [8]. Ces facteurs provoquèrent le recul de la production de 4 % en 2005 et de 7 % en 2006. Des troubles sociaux et des émeutes de la faim s’ensuivirent en peu partout dans le monde. Une part importante de la population des pays pauvres se trouva contrainte à sacrifier les dépenses pour sa santé et l’éducation de ses enfants, ce qui dégrada les conditions de vie et obéra le développement.
Des chercheurs américains, s’appuyant sur des études menées à partir d’un satellite, pensent que la disparition brutale de la civilisation maya au Xe siècle pourrait s’expliquer par un ensemble de maux (famine, maladie) et de troubles (révoltes, guerres) provoqués par un réchauffement du climat responsable d’une période de sécheresse prolongée qui aurait déstabilisé l’agriculture intensive alors pratiquée [9]. Le système en place était fragile et la société maya n’en prit pas conscience ou ne parvint pas à corriger ces défauts. Nouvelle preuve que le climat agit davantage comme un catalyseur que comme une cause première.
Les variations climatiques apparurent suffisamment préoccupantes pour que la communauté internationale créât, en 1988, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), afin de disposer d’informations aussi claires et objectives que possible sur les causes scientifiques du réchauffement climatique, sur ses impacts et sur les moyens à mettre en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2007, son dernier rapport [10] eut un retentissement considérable, amplifié par l’attribution du prix Nobel de la paix. Ce dernier fut partagé avec l’ancien vice-président américain Al Gore, car, après son livre Sauver la planète Terre, paru en 1992, le film documentaire (réalisé par David Guggenheim) tiré de son nouvel ouvrage, Une vérité qui dérange, contribua amplement à la prise de conscience du problème [11]. Récompenser l’“anti-Bush“ [12] permit aux jurés de Stockholm d’adresser, devant l’opinion publique mondiale, une très sévère critique à la Maison Blanche pour la politique suivie en la matière depuis 2000. Même si les connaissances scientifiques restent incomplètes et si les modèles d’analyse demeurent l’objet de vives controverses [13], la part de responsabilité des activités humaines dans ces changements, ainsi que les impacts négatifs qu’ils ont sur la planète, ne semblent désormais plus faire de doute. M. Ban Ki Moon, le Secrétaire général de l’ONU, révéla sa volonté de faire du changement climatique un axe essentiel de son mandat à l’occasion de la publication d’un article soulignant l’importance du facteur climatique dans la crise du Darfour [14]. Certains réclament même une prise en charge du dossier par le Conseil de sécurité des Nations Unies au titre de l’article 39 du chapitre VII de la charte de San Francisco qui stipule que « le Conseil de sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises ». Il s’agirait donc de considérer le réchauffement climatique comme une menace pour la sécurité collective et de discuter des mesures à prendre pour la contrer [15].
Alors que les études scientifiques sur les manifestations du phénomène, ses causes et son évolution probable se multiplient, l’analyse de ses conséquences sur les États occupe, désormais, une part croissante de la réflexion géopolitique contemporaine, dont elle constitue un domaine nouveau : « Cette année, le prix Nobel de la paix […] attire l’attention sur de nouveaux types de menace à la sécurité internationale [16] ». En mars 2007, l’armée des États-Unis organisa un colloque pour envisager « les conséquences du changement climatique sur la sécurité nationale [17] » ; les futurs généraux français réfléchirent aux « Conséquences géostratégiques du réchauffement climatique » en avril 2009. Insistons sur le fait que le changement climatique ne crée pas les problèmes, il les accroît, en dégradant des situations déjà difficiles : aggravation des pénuries de nourriture et d’eau, multiplication et amplification des catastrophes naturelles, poussées épidémiques. Un cycle belligène se met alors en place [18] : la pénurie d’eau engendre le déficit en produits alimentaires, ce qui peut provoquer des conflits pour le contrôle des ressources restantes, accompagnés de déplacements importants de populations, qui risquent de propager toutes ces difficultés dans d’autres régions : une sorte d’“effet domino climatique“. Sans pousser jusqu’à ces conséquences extrêmes, il faut envisager toutes les tensions internes, comme dans le cas du Pérou : entre 1960 et 2003, ce pays, qui compte le plus de glaciers tropicaux, a perdu un quart de sa masse glaciaire. Le tourisme de randonnées et d’ascensions sur la Cordillère Blanche, la culture du maïs et celle des pommes de terre irriguées par l’eau de fonte, la production d’hydroélectricité, l’exploitation minière, l’agriculture d’exportation, l’approvisionnement de Lima (8 000 000 d’habitants en zone désertique) : tous ces intérêts différents, qui peuvent aujourd’hui être satisfaits, deviendraient inéluctablement contradictoires en cas de pénurie [19].
On observe déjà des répercussions sur le territoire des États : l’érosion de certaines côtes s’accélère, tandis que des ports (Alexandrie, Lagos, Mumbai, Calcutta, Dhaka, Rangoon, Bangkok, Ho Chi Minh-ville, Hai Phong, Guangzhou, Shanghai, Osaka-Kobe, la Nouvelle-Orléans, Miami, New York [20]) et des territoires peu élevés ou insulaires risquent l’ennoiement, partiel (20 à 30 % du Bangladesh [21], la Basse Égypte, les côtes du Vietnam ou du Golfe de Guinée, par exemple), ou total (îles Maldives, archipels de Kiribati, de Palau et de Tuvalu [22], en particulier). En juin 2008, la Papouasie-Nouvelle-Guinée annonçait que les habitants de l’atoll de Carteret, situé dans la région autonome de Bougainville, risquaient d’avoir le triste privilège de devenir les premiers réfugiés du changement climatique. Le niveau de l’Océan Pacifique est monté de 10 centimètres en trente ans et désormais, les cultures ont les pieds dans l’eau… salée [23]. La fonte de l’Antarctique accentue la menace, car il comprend de nombreuses plates-formes glaciaires, des glaciers reposant sur la mer. Ces derniers subissent à la fois le réchauffement de l’air et celui de la mer, auxquels s’ajoutent, en été, le mouvement des vagues et les infiltrations de l’eau de fonte de surface [24]. Plusieurs dizaines de millions de personnes se trouvent exposées, ce qui présage de troubles plus ou moins graves ; des infrastructures essentielles à l’économie (nationale et mondiale) risquent des dommages plus ou moins importants, ce qui ne resterait pas sans conséquences. D’après les autorités, la fonte du pergélisol (sol gelé en permanence) affecterait les deux tiers du territoire de la Fédération de Russie. Les fleuves du Nord verraient leur débit considérablement augmenter. Les grandes villes construites dans le Nord durant la période d’industrialisation soviétique menaceraient ruine : faute de pouvoir doter les bâtiments et les infrastructures (comme les aéroports) de fondation, les constructeurs les avaient posés sur des pilotis enfoncés dans la couche gelée, celle-là même qui se réchauffe [25].
La sécheresse et la désertification s’étendent, tandis que la fréquence des cyclones augmente, avec de graves conséquences pour les populations, dont les activités vitales (en particulier les cultures sous pluie et l’élevage) se trouvent, ainsi, amputées ou anéanties. Les habitants de régions de plus en plus nombreuses vivent sous la menace du stress hydrique. De 20 à 30 % des espèces animales et végétales ne survivraient pas à un réchauffement de 3°, ce qui priverait une part de la population mondiale de nourriture. Parallèlement, les risques sanitaires s’accentuent, comme l’illustre le retour en force de la dengue, en Amérique latine et en Asie orientale. D’amples mouvements de populations en détresse se profilent, et rien ne garantit qu’ils ne s’accompagneraient pas de violences. Ce d’autant plus que les injustices environnementales [26] affectent avant tout les États et les populations pauvres. Les frustrations engendrées par le développement inégal risquent de redoubler, sous l’effet d’une surexposition au risque climatique. Frappées par plusieurs années de sécheresse, certaines zones du nord de l’Irak sunnite voient leur sol transformé en poussière. Les Américains éprouvèrent les plus grandes difficultés à convaincre les habitants arabes que leurs voisins kurdes ne détournaient pas l’eau à leur profit. Un premier risque de conflit fut écarté. L’insécurité, jointe à l’impéritie et à la corruption du gouvernement irakien actuel, aggravent encore les conséquences de cet aléa climatique et « le désespoir pourrait conduire certains à rejoindre l’insurrection pour de l’argent [27] ». Les zones frappées par la désertification ou la stérilisation, quittées par leurs habitants et abandonnées par l’État, menacent d’étendre le domaine des aires propices à l’installation des organisations terroristes et/ou mafieuses.
Un pays vertueux comme le Bhoutan, considéré comme l’un des plus vigilants en matière d’environnement, n’échappe pas aux effets du changement climatique. La fonte des glaciers himalayens l’expose à de fortes inondations. Au moins 25 lacs glaciaires, trop alimentés, risquent de déborder leur vallum morainique et de se transformer en torrents mortels pour les habitants situés en aval. Ces derniers vivent sous la menace constante d’une « épée de Damoclès environnementale [28] ». La malaria et la dengue, endémiques dans les régions plus basses et plus chaudes du sud, progressent vers les régions situées plus en altitude. Une modification du régime de la mousson compromettrait l’agriculture, dont vivent 70 % de la population. La lente disparition de ses glaciers menace de priver le pays d’un tiers de son revenu national : l’exportation d’hydroélectricité.
Même les pays riches et développés voient leur prospérité menacée. Ainsi, la très sérieuse compagnie d’assurance Lloyd, référence mondiale dans ce secteur d’activité, s’inquiète de l’explosion des dommages causés par les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. La rentabilité et la survie des sociétés d’assurance sont menacées. Aussi la profession demande-t-elle aux gouvernements de légiférer pour enrayer la croissance des facteurs responsables de la dégradation climatique [29]. Les États-Unis, comme l’Europe, s’attendent à un surcroît d’immigrés, chassés par la montée des eaux ou la sécheresse. En cas de grande épidémie, comment les États réagiraient-ils aux mesures de prévention, de restriction, voire de quarantaine prises à l’encontre de leurs ressortissants, de leur territoire (baisse ou disparition de la fréquentation touristique, lorsqu’il y en a une) et/ou de leurs produits ? Avec quels moyens lutteaient-ils contre la maladie ou ses conséquences, et ne cédeaient-ils pas à la tentation de pratiques discriminatoires envers leur(s) éventuelle(s) minorité(s) ? Outre le poids de la consommation des grands pays industrialisés, l’ampleur des besoins énergétiques de la croissance chinoise et, dans une à peine moindre mesure, de la croissance indienne, font de la politique des deux géants asiatiques un paramètre essentiel dans l’évolution climatique. Que ce défi se règle par l’épreuve de force ou la négociation, il pèse lourdement sur les relations internationales. Même l’administration Bush, qui bloqua le protocole adopté à Kyoto en 1997 (« Notre mode de vie n’est pas négociable », avait déclaré George Bush père, dès 1992, pour rejeter la convention cadre sur le changement climatique adoptée par l’ONU au Sommet de Rio de Janeiro), dut tenir compte des autres États lors du sommet de Bali, en décembre 2007. Au tout dernier moment et du fait d’une extrême pression, Washington accepta le plan d’action adopté le 15 décembre : intervention concertée, obligations communes mais modulées, assistance financière et technologique aux pays en développement et négociation d’un nouvel accord pour remplacer le Protocole de Kyoto fin 2009, lors de la quinzième conférence des Nations unies sur le climat, à Copenhague [30] puis au-delà [31]. Il faut dire que les Américains les plus sceptiques peuvent observer les effets accélérés du réchauffement climatique pratiquement à domicile : en Alaska, où le processus est cinq fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde [32] ; en Californie, où les incendies se multiplièrent en 2007 [33] ; dans la plupart des États, frappés par la sécheresse [34] ou par d’autres calamités naturelles [35]. D’ailleurs, tant aux États-Unis qu’en Europe, la lutte contre les effets de l’évolution climatique stimule la recherche et l’innovation. Certains responsables économiques et politiques envisagent même que cela puisse ouvrir un nouveau cycle de prospérité économique [36].
En 2007, le changement climatique se hissa au premier rang des sujets débattus dans les démocraties. Désormais, il explique partiellement ou conduit à prévoir une série de crises [37]. De même que les problèmes économiques ou financiers, les questions climatiques contraignent les citoyens à s’interroger sur le modèle de société qu’ils veulent. Elles relancent également le débat sur le rôle de l’État : détenteur de l’autorité et d’une partie des instruments de la puissance, il paraît le mieux à même de prendre ou de négocier et de faire appliquer les mesures de sauvegarde. Qui pourrait, à part lui, préparer, expliquer et mettre en œuvre les éventuelles mutations qui s’imposent, tout en corrigeant les inévitables injustices et autres inégalités qui ne manqueront pas d’apparaître. Dans le cas des démocraties, il dispose, en effet, d’une légitimité incontestable pour agir dans le sens de l’intérêt général. En premier lieu, comme les campagnes des élections présidentielles française (2007) et américaine (2008) l’illustrent, la question devient un enjeu politique national. Le cas extrême fut celui des élections législatives australiennes de 2007. La sécheresse, qui durait depuis six ans et qui s’étendait, avait largement sensibilisé la population [38]. Il en résulta la victoire de l’opposition travailliste, qui avait fait campagne sur ce thème et, notamment, promis de ratifier le Protocole de Kyoto.
Avec le recul des glaces, des revendications politiques (re)surgissent. Prenons le cas des ressources naturelles du Groenland qui deviennent plus facilement accessibles. Si elles couvraient les dépenses, ses habitants envisageraient l’indépendance. Début 2008, un accord de partage des revenus a été signé avec le Danemark et, lors du référendum du 25 novembre 2008, la population s’est largement prononcée en faveur d’un élargissement de l’autonomie acquise en 1979 [39]. Autre exemple : la fonte de la banquise laisse présager l’ouverture d’une nouvelle route maritime entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique, ce qui suscite d’emblée des querelles de souveraineté et d’accès, alors que la région n’a pas encore de cadre juridique précis et consensuel. Le 28 mai 2008, les cinq États riverains de l’océan glacial Arctique (États-unis, Canada, Danemark, Norvège, Russie) signèrent un accord par lequel ils s’engageaient à respecter la convention de l’ONU sur le droit de la mer. La commission de délimitation du plateau continental des Nations unies doit procéder à une délimitation définitive d’ici à 2020. Toutefois, certains experts estiment que la convention de 1982 ne résoudra pas tous les litiges [40]. En outre, rien ne dit que le commerce maritime pourra aisément emprunter cette voie : « On se chicane pour des potentialités et non pour des réalités [41] ». Mais gouverner n’est-ce pas prévoir ? D’ores et déjà, le Canada annonce le renforcement de ses moyens militaires dans la zone, ce qui mécontente son voisin américain [42], lequel s’inquiète désormais des insuffisances de sa flotte de navires brise-glace [43]. Ajoutons que le recul des glaces rendrait les ressources sous-marines (hydrocarbures [44], minerais) du Grand Nord plus accessibles. Alors que les chiffres cités ne reposent sur aucune étude fiable, les tensions se multiplient entre les cinq États riverains [45].La dorsale de Lomonossov (1 800 km), immense chaîne de montagnes sous-marines qui semble relier la Sibérie au Groenland (rattaché au Danemark) et à l’île (canadienne) d’Ellesmere, fait l’objet de multiples litiges [46]. La Russie s’emploie activement à affirmer sa souveraineté sur la portion la plus étendue possible [47]. Ses revendications, appuyées par de multiples gesticulations militaires, portent sur 18 % de l’Arctique [48]. Au Kazakhstan, le recul des glaciers du Tian Chan affecte la ville d’Almaty et son hinterland, principal centre économique du pays. Le voisin chinois développe l’industrie du Xinjiang. À cet effet, il prévoit de prélever 40 % des eaux du bassin bassin de l’Ile. Or, ce fleuve alimente le lac Balkach et le réservoir de Kapshagay, où Almaty puise son eau. Des tensions entre les deux pays semblent inévitables [49] et les Chinois ne se montreraient vraisemblablement pas conciliantss’il se confirmait que leurs propres glaciers fondent pratiquement à vue d’œil [50]. La Chine occupe le quatrième rang mondial, derrière le Canada, les États-Unis et la Russie, en termes de superficie couverte par les glaciers et de volume de glace ; il s’agit donc pour elle d’une réserve d’eau très importante. Observons toutefois que ce n’est pas la seule source d’approvisionnement des fleuves : ils tirent leur débit de l’ensemble des précipitations qui tombent sur la totalité de leur bassin.
Afin de lutter contre l’une des causes du réchauffement climatique, des États s’orientent vers des agrocarburants émettant moins de gaz carbonique. Mais une excellente intention peut cacher de redoutables effets pervers. Ainsi, l’Indonésie, qui développe la production d’huile de palme pour fournir le marché européen, accélère la déforestation par brûlis pour étendre ses plantations, augmentant considérablement ses émissions de… gaz carbonique. En outre, elle détruit le cadre de vie de certaines populations comme les Papous ou les habitants de l’ouest de Kalimantan, ce qui exacerbe les tensions préexistantes [51].
Véritable cas d’école pour l’étude des implications géopolitiques des variations climatiques en cours, le Bangladesh suscite les plus vives inquiétudes [52] : que pourrait-il résulter de la combinaison d’une très grande vulnérabilité au changement climatique, d’une instabilité politique chronique et d’un essor de l’islamisme radical ? Au pire, la déstabilisation complète du pays ; au mieux, des migrations massives, qui relanceraient les troubles dans le nord-est de l’Inde. Pays également très instable, le Nigeria cumule tous les inconvénients : une partie du pays souffre de la sécheresse prolongée et de la désertification, tandis que la mer menace la zone côtière et Lagos. En accroissant les difficultés de la population, ces menaces climatiques pourraient contribuer à la multiplication des troubles.
Lors d’opérations militaires, les données climatiques peuvent jouer un rôle important [53]. Les grands froids éprouvent tant le physique et le moral des combattants que les matériels. Les hommes forment le maillon le plus fragile. Il faut des protections individuelles et une nourriture adaptées, un important volume d’eau potable (4 à 6 litres par homme et par jour). Le matériel subit également de lourdes contraintes : solidification des lubrifiants, rigidité des métaux et des caoutchoucs (qui perdent également une part de leur étanchéité), accélération de l’usure des batteries, perturbation du fonctionnement des appareils de mesure et des équipements électroniques [54]. Ni Napoléon Ier ni Hitler ne purent triompher de l’hiver russe. Les troupes pakistanaises et indiennes qui se font face au Cachemire, sur les contreforts de l’Himalaya, sont paralysées une partie de l’année et leur maintien sur des positions d’altitude est extrêmement coûteux. En zone chaude à saison humide, la saison des pluies impose une trêve, ou à tout le moins un ralentissement des opérations, car les axes de communication terrestres sont impraticables et les opérations aériennes sont impossibles (la guerre du Vietnam autrefois, les combats aux confins du Darfour, du Tchad et de la République centrafricaine aujourd’hui, illustrent ces difficultés). Le manque d’eau, les tempêtes de sable et les très fortes variations thermiques, dans les contrées désertiques chaudes, imposent aux hommes et aux matériels des conditions de combat particulièrement éprouvantes. En 1979, les Américains échouèrent à délivrer leurs otages en Iran, avant tout à cause des avaries subies par leurs hélicoptères du fait du sable ; ce dernier soumet depuis 2003 leurs matériels à très rude épreuve en Irak.
Observant l’accroissement de la fréquence et de l’ampleur des cyclones et des incendies, certains responsables militaires américains redoutent que la multiplication des désastres naturels ne place les États devant une carence sécuritaire. Auraient-ils les moyens humains et matériels d’intervenir à la fois pour secourir les victimes de catastrophes de grande ampleur et de mener des guerres [55] ? Face à d’éventuelles actions terroristes, comment assurer la sécurité des forces effectuant ces missions d’assistance [56] ?
La montée du niveau des mers et des océans pose un problème original : celui de la compensation de la perte probable de l’atoll de Diego Garcia par submersion. Sa situation idéale, au centre de l’Océan Indien, à équidistance de l’Afrique orientale et australe, du Proche-Orient et de l’Asie du Sud, de l’Asie du Sud-Est et de l’Australie, en a fait une plateforme opérationnelle indispensable pour les États-Unis [57].
Cependant, le changement climatique fournit également une occasion de promouvoir la coopération internationale. Un réseau satellite surveille l’Amérique centrale pour alerter les États menacés d’inondations catastrophiques consécutives aux ouragans. En novembre 2007, le Groupe d’observations de la terre (72 États d’Europe et des Amériques) élargit ses services aux États africains. Il s’agit d’anticiper les effets du changement climatique, pour aider ces pays à se prémunir contre les famines, à anticiper les inondations et à enrayer les épidémies. Cela paraît d’autant plus important que, en dépit de ses richesses naturelles, l’Afrique demeure largement dépendante de l’agriculture. Celle-ci constitue souvent la seule ressource pour plus de la moitié des habitants d’un État, ce qui aggrave le danger de tout changement climatique important [58].
Le facteur climatique ne constitue pas à lui seul une cause de crise ou de conflit, mais il peut, dans diverses configurations, précipiter ou accentuer les difficultés déstabilisatrices. La connaissance du changement climatiuqe, tant dans sa dimension scientifique que dans sa dimension stratégique, demeure incomplète. En fait, le
« long cheminement de la recherche est assez mal connu car peu de scientifiques sont capables d’en tirer une synthèse lisible par l’opinion publique. La moindre divergence sur l’ampleur des phénomènes étudiés est souvent montée en épingle et induit un bruit de fond qui peut être interprété comme autant de fausses incertitudes scientifiques. Nombre de journalistes scientifiques éprouvent un réel malaise sur la recherche climatique, tant la complexité et les modèles les submergent. Si toutes les critiques émises par les négateurs climatiques ne sont pas que sottises et mettent parfois le doigt sur des incohérences, la recherche sur le climat est souvent instrumentalisée par des ONG qui recyclent des conclusions partielles ou temporaires pour en tirer des certitudes alarmistes et franchement malhonnêtes [59] ».
Ajoutons que les généralités ne peuvent que fausser la compréhension des situations particulières. L’analyse géopolitique doit s’appuyer sur l’étude d’espaces aux dimensions diverses pour tenter d’identifier les causes, décrire les modifications et recenser les conséquences possibles des aléas climatiques. Il semble que les phénomènes climatiques combinent des mécanismes fonctionnant dans des espaces différents et il convient de tous les envisager. De plus, le territoire qui subit une perturbation climatique n’en est pas forcément le responsable, lorsque responsabilité humaine il y a. Cela pose donc la question des relations entre États et de l’action (ou de l’inaction) de la communauté internationale, ce qu’illustra le sommet de Copenhague en décembre 2009 [60].
Plus
Quelle est l’incidence du temps qu’il fait et/ou de ses variations
sur le territoire où se déroule la crise ou l’affrontement ?
CHAMPS DE RECHERCHE
Outils pour étudier le(s) climat(s) du territoire où se déroule la crise ou le conflit :
Les informations recueillies servent à repérer les incidences du (des) climat(s) du territoire sur le déroulement des événements. Le plus souvent un ou plusieurs des éléments suivants :
Chacun de ces aspects des données climatiques doit être étudié avec soin
et présenté dans une perspective géopolitique.
Une information est pertinente lorsqu’elle contribue à éclairer la crise
ou le conflit que l’on étudie.
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[1] . Gernet Jacques, Le monde chinois, Paris, 1990 [1e édition : 1972], A. Colin, pp. 530-531.
[2] . Gary Cyprien L., « Crise climatique sur fond de crise économique » Le Nouvelliste publié dans l’édition électronique de Courrier International, 4 septembre 2008.
[3] . Les titres de la presse étaient éloquents, par exemple : « Au milieu des morts, la junte organise son référendum », Compain Florence, Le Figaro, 10 mai 2008 ; « En Birmanie, on vote au milieu des morts », Libération, 10 mai 2008 ; « Les urnes funestes de la junte », Belge Frédéric, Libération, 10 mai 2008 ; « Sinistrée par le passage du cyclone Nargis, la Birmanie vote », Le Monde, 10 mai 2008.
[4] . Pour l’Europe occidentale, cf. Le Roy Ladurie Emmanuel, Histoire humaine et comparée du climat.
tome I. Canicules et glaciers (xiie-xviiie siècles)
tome II. Disettes et révolutions (1740-1860)
tome III. Le réchauffement de 1860 à nos jours
Paris, 2004, 2006 et 2009, Fayard, 740, 612 et 461 p.
[5] . Borger Julian, « Conflicts Fuelled by Climate Change Causing New Refugee Crisis, Warn UN », The Guardian, June 17, 2008 ; Bolopion Philippe, « Pour le haut-commissaire aux réfugiés de l’ONU, “ce siècle sera celui des peuples en mouvement“ », Le Monde, 28 septembre 2008.
[6] . Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, « Changement climatique et ravageurs et maladies tranfrontières », plaquette d’information (ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/010/i0142f/i0142f00.pdf), 2007. Lire également.Food and Agriculture Organization of the United Nations, Climate-Related Transboundary Pests and Diseases. Technical Background Document from the Expert Consultation Held on 25 to 27 February 2008, FAO, Rome, 3-5 June 2008 (ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/013/ai785e.pdf).
[7] . Cochez Pierre, « L’embellie des prix agricoles devrait durer », La Croix, 12 septembre 2007
[8] . Food and Agriculture Organization of the United Nations, Impact of Climate Change and Bioenergy on Nutrition, FAO, Rome, 2008.
(http://www.fao.org/ag/agn/agns/files/HLC2_Food_Safety_Bioenergy_Climate_Change.pdf).
[9] .Minard Anne, « Maya May Have Caused Civilization-Ending Climate Change », National Geographic News, February 29, 2008 ; Gugliotta Guy, « The Maya : Glory and Ruin », The National Geographic, August 2007 ; Lovgren Stefan, « Climate Change Killed off Maya Civilization, Study Says », National Geographic News, March 13, 2003. Pour une analyse générale : Diamond Jared, « Les effondrements des Mayas », chapitre 5 de : Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie », Paris, 2006, Gallimard, pp. 184-207.
[10] . Intergovernmental panel on climate change, IPCC Fourth Assesment Report.Climate Change 2007, novembre 2007.
[11] . « Le climat et la paix », Éditorial, Le Monde, 14 octobre 2007.
[12] . Rousselin Pierre, « Al Gore, l’anti-Bush nobélisé », Le Figaro, 13 octobre 2007 ; Chait Jonathan, « Al Gore : The Anti-Bush », Los Angeles Times, October 13, 2007 ; Knickerbocker Brad, « In U.S., Al Gore Has More Company on Climate Change Now », The Christian Science Monitor, January 3, 2008. Lire le portrait tracé par Lesnes Corine, « Al Gore, un révolutionnaire très convenable », Le Monde, 14 octobre 2007.
[13] . Revkin Andrew C., « Skeptics on Human Climate Impact Seize on Cold Spell », The New York Times, March, 2, 2008 ; Spotts Peter N., « Revisiting the Global Warming-Hurricane Link », The Christian Science Monitor, April 14, 2008 ; Roughneen Simon, « Global Warming, an Unsettled Science », ISN-Security Watch, May 30, 2008 ; Foucart Stéphane, « L’emblème du réchauffement climatique conforté », Le Monde, 7 octobre 2008 ; Veya Pierre, « La science a perdu sa virginité », Le Temps, 27 novembre 2009 ; Foucart stéphane, « Difficile mesure du recul des glaciers », Le Monde, 23 janvier 2010.
[14] . Ban Ki Moon , « A Climate Culprit in Darfur », The Washington Post, June 16, 2007 ; Rosenthal Elisabeth, « U.N. Chief Seeks more Climate Change Leadership », The New York Times, November 18, 2007.
[15] .Meeks Gregory & Shank Michael, « U.N. Security Council Must Act Preemptively - on Climate Change », The Christian Science Monitor, March 24, 2008. Le sous titre est éloquent : Cette menace mondiale doit être appréhendée comme une guerre.
[16] . « Le climat et la paix », op. cit.
[17] . Pumphrey Carolyn (Editor), Global Climate Change.National Security Implications, Strategic Studies Institute, U S Government, May 2008, 446 pages (www.strategicstudiesinstitute.army.mil/pdffiles/PUB862.pdf).
[18] . Podesta John et Ogden Peter, « The Security Implications of Climate Change », The Washington Quarterly, Winter 2007-2008, pp. 115-138. (http://www.twq.com/08winter/docs/08winter_podesta.pdf). Pour une version plus détaillée, lire :
Campbell Kurt M., Lennon Alexander T.J. et Smith Juilianne (Co-Directors), The Age of Consequences. The Foreign Policy and National Security Implications of Global Climate Change, Center for Strategic and International Studies-Center for a New American Security, November, 2007, 124 p. (http://www.csis.org/media/csis/pubs/071105_ageofconsequences.pdf).
[19] . Faux Frédéric, « Les glaciers péruviens, premières victimes du réchauffement de la planète », Le Temps, 30 juin 2008.
[20] . Nicholls R.J. et alii, « Ranking Port Cities with High Exposure and Vulnerability to Climate Extremes », Organisation for Economic Co-operation and Development, Environment Working Papers N° 1, 2007, 62 p.
[21] . Bouissou Julien, « La montée des eaux noie inexorablement les îles des Sundarbans », Le Monde, 28 août 2007.
[22] . Le Moël Morgane, « Les naufragés de l’archipel de Tuvalu », Le Monde, 10 juin 2008.
[23] . United Nations, « Papua New Guinea : The World’s First Climate Change ‘Refugees‘ », Integrated Regional Information Networks, June 11, 2008.
[24] . Dubuis Étienne, « Jusqu’où ira la fonte des glaces australes ? », Le Temps, 27 mars 2008.
[25] . Pantchenko Lina, « Russie. Le Grand Nord menacé par le réchauffement climatique », Moskovski Komsomolets, traduit et publié sur le site électronique de Courrier international, 27 juin 2008.
[26] . Programme des Nations unies pour l’environnement, GEO 4 – avenir de l’environnement mondial, New York, 2007.
[27] . Zavis Alexandra, « First Violence, now Drought Threatens Iraq Farmers », Los Angeles Times, June 26, 2008.
[28] . Chu Henry, « In the Himalayas, a Climate-Change Calamity Builds », Los Angeles Times, April 20, 2008.
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[30] . Kempf Hervé, « Climat.le temps de l’action », Le Monde, 19 décembre 2007.
[31] . Caramel Laurence, « Les incertitudes du calendrier de l’après-Copenhague », Le Monde, 22 décembre 2009.
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[33] . Spotts Peter N., « Nation Must Adapt to Greater Wildfire Risk », The Christian Science Monitor, November 1st, 2007.
[34] . Cypel Sylvain, « Les États-Unis subissent la sécheresse la plus grave depuis plus d’un siècle », Le Monde, 30 novembre 2007.
[35] . Knickerbocker Brad, « Do Recent Storms Indicate a Climate Shift ? », The Christian Science Monitor, December 13, 2007.
[36] . Petignat Yves, « La lutte pour le climat, une chance », « L’Allemagne, bon élève de la lutte contre le CO2 », Le Temps, 6 décembre 2007.
[37] . Sappenfield Marc, « Six Places in the World Where Climate Change Could Cause Political Turmoil », The Christian Science Monitor, December 6, 2007.
[38] . Le Moël Marie-Morgane, « Le réchauffement climatique s’impose dans l’élection australienne », Le Monde, 24 novembre 2007.
[39] . Woodward Colin, « As a Land Thaws, so Do Greenland’s Aspirations for Independence », The Christian Science Monitor, October 16, 2007 ; Jacob Antoine, « Les richesses du Groenland excitent la convoitise », Le Figaro, 13 mars 2008 ; Truc Olivier, « Copenhague accorde au Groenland le partage des revenus espérés du pétrole arctique », Le Monde, 22 mars 2008 ; Truc Olivier, « Les Groenlandais votent massivement pour l’autonomie renforcée », Le Monde, 27 novembre 2008.
[40] . Borger Julian, « Arctic Declaration Denounced as Territorial ‘Carve up‘ », The Guardian, May 29, 2008 ; Stack Graham, « Who Stole the North Pole ? », Russia Profile, October 1 , 2008.
[41] . Entretien du professeur Frédéric Lasserre (Département de géographie, Université Laval, Québec) avec Brigitte Perucca, Le Monde 3 octobre 2008.
[42] . Acar Anne-Lucie, « Le dégel de l’Arctique déclenche les convoitises », La Croix, 21 août 2007 ; Roach John, « Arctic Melt Opens Northwest Passage », National Geographic News, September 17, 2007 ; Ciccio Elisa (Di) et Cochez Pierre, « Cinq pays se disputent la propriété des richesses de l’Arctique », La Croix, 4 septembre 2008.
[43] . Revkin Andrew C., « A Push to Increase Icebreakers in the Arctic », The New York Times, August 17, 2008.
[44] . Circum-Arctic Resource Appraisal. Estimates of Undiscovered Oil and Gas North of the Arctic Circle, United States Geological Survey, Summer 2008.
[45] . Labévière Richard et Thual François, La bataille du grand Nord a commencé, Paris, 2008, Perrin ; Borgerson Scott G., « Arctic Meltdown : The Economic and Security Implications of Global Warming », Foreign Affairs, March/April 2008.
[46] . Acar Anne-Lucie, « Le dégel… », op. cit. ; Dessibourg Olivier, « Sous la banquise évanouie, or, gaz et pétrole », Le Temps, 28 juillet 2007 ; Hofstein Cyril, « Sous la banquise, l’île des convoitises », Le Figaro, 23 novembre 2007 ; Caramel Laurence, « Les dangers de la course aux hydrocarbures et aux minerais précieux dans l’Arctique », Le Monde, 20 mai 2009.
[47] . Weir Fred, « As Icecaps Melt, Russia Races for Arctic Resources », The Christian Science Monitor, 31 juillet 2007 ; Baev Pavel, « Russia’s Race for the Arctic and the New Geopolitics of the North Pole », Occasional Paper, The Jamestown Foundation, October, 2007.
[48] . Jégo Marie, Lesnes Corine et Pélouas Anne, « L’eldorado arctique mobilise Russie et Amérique » Le Monde, 3 octobre 2008.
[49] . Harrison Stephan, « Kazakhstan.Glaciers and Geopolitics » Open democracy, September 23, 2007.
[50] . Shanshan Wang, « Shrinking Glacier Threat to Rivers », China Daily, November 2, 2007.
[51] . Sappenfield Marc, « Six places … », op. cit.
[52] . Sappenfield Mark, « Global Warming May Heat up Conflicts, too », The Christian Science Monitor, December 6, 2007.
[53] . À titre anecdotique, on pourra consulter Lee Laura, Et s’il avait fait beau ? De l’influence de la météo sur les grands événements de l’Histoire, Paris, 2007, Acropole.
[54] . Régnier Paul, « Hautes latitudes (combattre aux) », Dictionnaire de géographie militaire, Paris, 2008, CNRS, pp. 103-105.
[55] . Podesta John et Ogden Peter, « The Security Implications … », op. cit., p. 18.
[56] . Ibidem.
[57] . Ibidem. Sur le rôle stratégique de Diego Garcia : Victor Jean-Christophe, « Diego Garcia, petite île, grande stratégie », Le Dessous des cartes, Arte, mars 2004 (10 minutes).
[58] . Baldauf Scott, « A Plan for Monitoring Africa’s Weather », The Christian Science Monitor, December 5, 2007.
[59] . Veya Pierre, « La science a perdu ... », op. cit.
[60] . Dubuis Étienne, « Climat : pour une nouvelle représentation du monde », Le Temps, 21 décembre 2009 ; Péclet Jean-Claude, « La vraie révolution de Copenhague », Le Temps, 29 janvier 2010.
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