Cette émission [1] Planisphère, L’espace, terrain d’affrontements ? Avec G. Penent, sur RCF-ND

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Synthèse de cette émission, Planisphère, L’espace, terrain d’affrontements ? Avec G. Penent. Rédigée par Emilie Bourgoin pour Diploweb.com . Relue et validée par G. Penent

La Revue nationale stratégique 2025 confirme ce que la Stratégie spatiale de défense de 2019 annonçait déjà : l’espace extra-atmosphérique est désormais un terrain de rivalités stratégiques. Autrefois symbole de coopération scientifique, il est devenu une zone de compétition de puissance, où les comportements inamicaux et les actes hostiles se multiplient. Pour Guilhem Penent, cette évolution reflète une mutation géopolitique majeure : le renforcement des utilisations militaires de l’espace et la dépendance croissante des sociétés à ses infrastructures.

Une intensification des comportements hostiles dans l’espace

Les dernières années ont vu une banalisation des comportements dangereux : satellites espions s’approchant de satellites étrangers, brouillages, ou encore tests de missiles antisatellites, comme celui de la Russie en 2021 ayant généré des milliers de débris. Ces actes, souvent difficiles à attribuer ou à qualifier juridiquement, participent à une instabilité structurelle. L’espace devient un théâtre d’affrontements hybrides, où la frontière entre provocation et agression est floue.

Un environnement propice à l’ambiguïté stratégique

L’espace est un milieu vaste, hostile et opaque, où l’identification des intentions et des responsabilités reste complexe. Cette incertitude favorise les stratégies d’ambiguïté : des États peuvent mener des opérations inamicales tout en niant toute intention hostile. Ce brouillage des lignes rend difficile toute réponse politique ou militaire et entretient un sentiment d’impunité chez certains acteurs.

La dépendance accrue de nos sociétés à l’espace

Selon Guilhem Penent, la dépendance à l’espace dépasse désormais le cadre militaire. GPS, transactions bancaires, prévisions météo, logistique : nos activités quotidiennes dépendent d’une connectivité spatiale invisible. Une panne généralisée ou une attaque ciblée sur les satellites pourrait paralyser des pans entiers de l’économie mondiale. Cette dépendance massive crée de nouvelles vulnérabilités stratégiques que certains acteurs pourraient exploiter.

Une asymétrie croissante des puissances spatiales

La configuration actuelle se distingue de la Guerre froide (1947-1990) : la vulnérabilité n’est plus partagée. Certains États, moins dépendants de l’espace, peuvent chercher à exploiter les faiblesses de puissances plus connectées. Les États-Unis, la Chine et la Russie forment le trio de tête. La Chine, dont la stratégie semblait essentiellement répondre à une logique de contournement voire de déni d’accès (capacités antisatellites), rattrape désormais son retard et fait l’apprentissage accéléré des gains qu’elle pourrait tirer à son tour d’une exploitation de l’espace en appui à ses besoins propres. Derrière eux, l’Europe, l’Inde et le Japon tentent de trouver leur place. L’Europe illustre une approche plus coopérative mais encore marquée par un sous-investissement militaire chronique.

L’émergence du New Space et le risque d’un espace à deux vitesses

Le New Space, porté par des acteurs privés comme SpaceX ou Starlink, révolutionne le modèle économique spatial. En associant innovation technologique et prise de risque industrielle, ces nouveaux entrants provoquent une massification des usages de l’espace. L’Europe, plus prudente, peine à suivre ce rythme et risque d’être reléguée dans un second cercle technologique. Cette transition rapide met en lumière la nécessité d’intégrer les logiques du numérique et de l’innovation dans la politique spatiale européenne.

Les enjeux diplomatiques, normatifs et informationnels

L’espace est aussi un champ diplomatique et normatif. Le Traité de l’espace de 1967 reste la référence, mais son cadre libéral laisse place à des interprétations opportunistes. Une guerre des récits s’installe : les puissances occidentales prônent la transparence, tandis que la Russie et la Chine cultivent l’opacité. Les acteurs cherchent à façonner les normes internationales selon leurs intérêts, notamment sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, la coordination des activités spatiales et l’exploitation des ressources lunaires. Face à cela, l’Union européenne doit conjuguer sa puissance normative avec une puissance capacitaire, en investissant dans des moyens concrets.

Les réponses françaises et européennes : vers une posture de “découragement”

La France a anticipé cette évolution avec sa Stratégie spatiale de défense (2019) et la création notamment du Commandement de l’Espace (CDE). Elle investira plus de 6 milliards d’euros dans le spatial militaire d’ici 2030.

Sa stratégie repose sur trois piliers :

1. La défense active : savoir détecter, caractériser, attribuer et le cas échéant agir face aux menaces spatiales.

2. La résilience : s’appuyer sur des architectures satellitaires distribuées, favoriser les lancements réactifs et renforcer la coopération avec les alliés et les partenaires (y compris OTAN, UE) et les acteurs commerciaux.

3. La transparence stratégique : afficher clairement ses intentions pour décourager les comportements hostiles.

Enfin, la France promeut aux Nations unies des normes de comportement responsable, comme l’engagement à ne pas procéder à des tests destructifs de missiles antisatellites à ascension directe.

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Conclusion : L’espace, miroir des rivalités terrestres

L’espace est désormais une extension du champ de bataille géopolitique, un miroir de la compétition terrestre entre grandes puissances. Entre dépendance technologique, vulnérabilité stratégique et enjeux de souveraineté, il incarne les dilemmes du XXIe siècle. La réponse européenne, encore incomplète, devra conjuguer souveraineté, innovation et coopération internationale pour ne pas subir la loi des plus puissants.

Ressources recommandées

. Ministère des Armées – Stratégie spatiale de défense (2019)

. SGDSN - Revue nationale stratégique (RNS) (2025).

. Union européenne – Stratégie spatiale de l’UE pour la sécurité et la défense (2023).
Le document de la communication du SEAE et de la Commission, en anglais.
Conclusion du Conseil de novembre 2023

. OTAN – Politique spatiale globale (2022), déclassifié

. Revue défense nationale (RDN), L’Espace et ses enjeux, n° 879, avril 2025.

Copyright pour la synthèse Octobre 2025-Bourgoin/Diploweb.com

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Cette émission a été enregistrée dans le cadre des RSMED 2025. Vous trouverez sur le site de la FMES plusieurs vidéos de ce moment fort de la communauté stratégique
https://fmes-france.org/rsmed-2025/

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