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Transitions & Sociétés, n° 3, mars 2003

"La Pologne"

Une riche palette d’informations sur ce pays qui pèsera de plus en plus lourd dans la géopolitique européenne : histoire, économie, diplomatie... (Voir le résultat du référendum 2003 au sujet de l'adhésion à l'Union européenne)

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Mars 2005: Un nouveau livre d'Hélène Blanc: "T comme Tchétchénie", Ginkgo éditeur.

Cet ouvrage donne des clés pour comprendre les vrais raisons de cette guerre.

- S'agit-il réellement de lutte anti-terroriste ?

- Quel est le double jeu des services secrets russes ?

- Qui a intérêt à la faire durer ?

Ginkgo, 14-18 rue Kléber, 93100 Montreuil, France.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Ed. Magna Europa, 94 rue Thiers, 92100 Boulogne, France

Ce troisième numéro de la revue Transitions & Sociétés rassemble onze articles sur la Pologne et trois documents du Groupe de Recherche européen sur la Délinquance Financière et la Criminalité organisée (DELFI).

Un pays qui pèsera de plus en plus lourd

Avec près de 40 millions d’habitants, la Pologne est un pays qui pèsera lourd dans l’Union européenne élargie. Elle aura autant de députés au Parlement européen que l’Espagne et seulement deux voix de moins que la France ou l’Allemagne au Conseil Européen.

Ce numéro 3 de la revue T&S présente nombre d’articles de référence pour mettre en perspective l’adhésion de ce pays clé du Centre-Est.

Alexandra Viatteau propose un texte intitulé : « Transition Est-Ouest. Pologne, du passé vers le futur de l’Europe ». Elle s’attache à présenter la singularité de l’histoire de ce pays depuis le X e siècle, tout en expliquant sans acrimonie les ambiguïtés qui pèsent encore sur les relations entre Paris et Varsovie. Le site diploweb.com présentera prochainement  une version développée de ce texte.

Comprendre son histoire récente

Andrzej Paczkowski, de l’Institut d’Etudes Politiques de Varsovie, présente un article très pédagogique : « Sortie du communisme : la voie polonaise ». Avec un grand souci de la chronologie, l’auteur s’attache à distinguer des étapes, tout en mettant le doigt sur l’intervention des acteurs intérieurs et extérieurs : Moscou, Washington, le Vatican. Il résume ainsi les traits spécifiques de la voie polonaise de sortie du communisme :

-          la longueur du chemin pour atteindre les limites du système (1980-1989) ;

-          l’existence d’une opposition organisée de masse, ayant plongé ses racines dans tous les groupes sociaux ;

-          une situation économique particulièrement mauvaise (seule la Roumanie était dans un état encore pire) ;

-          l’existence de deux personnalités fortes : Walesa, qui présentait toutes les compétences tactiques et la foi dans le succès ; Jaruzelski, qui une fois convaincu de la nécessité d’un accord avec l’opposition, tint son engagement ;

-          le rôle clé de l’Eglise catholique qui possédait à la fois une grande vision (Jean-Paul II) et un grand talent pour la diplomatie secrète.

Ce qui n’a pas empêché le retour des néo-communistes aux affaires depuis l’automne 2001… A malin, malin et demi.

Un PIB toujours inférieur à 50 % du niveau moyen de l’UE

Georges Mink, Directeur du Centre Français de Recherche en Sciences Sociales (Prague), présente une intéressante « Esquisse de l’état de la société polonaise. (1989-2002) ». Il s’avère que la fondation du régime communiste en Pologne s’est soldée par une mobilité « globale » plus intense que celle liée à la (re)construction du capitalisme dans les années 1990. L’auteur attire l’attention sur les groupes les plus vulnérables face au nouveau choc social : la paysannerie et les ouvriers. Quels seront leurs choix dans les prochaines échéances électorales ?

Pologne: Cracovie en 2004. Crédits: Pierre Verluise

Jean-Pierre Pagé, consultant associé au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (Paris), étudie l’état de l’économie, sous le titre « La Pologne face à un nouveau défi. » Si la période 1994-1997 se caractérise par des performances macro-économiques qui ont placé la Pologne en tête des pays candidats, on observe ensuite un ralentissement de l’activité économique, avec pour résultat une aggravation du chômage. A la vieille de son intégration, le pays souffre d’une économie fragilisée. « La Pologne est loin d’avoir rattrapé le niveau de vie de l’Union européenne puisque son PIB par habitant est toujours inférieur à 50% du niveau moyen de celle-ci. Il faut rappeler que la Pologne est un pays nettement plus pauvre que la Slovénie ou la République tchèque. » (p. 92)

Quelle jonction ?

Daniela Heimerl, rédactrice au Courrier des pays de l’Est de la documentation Française, met en musique « La Pologne et l’Union européenne : une valse à mille temps ». Elle retrace le chemin de l’association à l’adhésion et les relations avec l’UE. La partie la plus originale de son propos concerne la place de la Pologne au sein de l’UE élargie. Daniela Heimerl étudie « la stratégie européenne du gouvernement de la Pologne » adoptée en novembre 2001. Elle contient notamment des éléments concernant la position polonaise en matière d’élaboration d’une future vision européenne, notamment à l’égard de ses voisins orientaux.

« Dans la perspective polonaise, l’UE est en panne d’une politique orientale cohérente. Le pays est en train de se positionner comme leader par rapport à la future politique extérieure de l’UE à l’égard de la Russie et d’autres anciennes républiques soviétiques. W. Bartoszwecki, ancien ministre polonais des Affaires étrangères, a affirmé que son pays souhaitait jouer un rôle de jonction entre l’UE et les voisins orientaux de la Pologne. Selon lui, la nécessité existe bien de développer des formes de coopération avec la Russie, l’Ukraine et la Biéolorussie, pays situés en deçà du niveau d’une adhésion immédiate et qui devraient aboutir à une « dimension orientale » de l’UE semblable à la « dimension septentrionale » que la Finlande a lancé avec la plupart des pays du pourtour de la Mer Baltique en 1997.

Dans le même temps, Bartoszwecki a posé la question de savoir jusqu’où s’étendra l’élargissement à l’Est de l’UE : « Il semble que nous ne pouvons pas exclure, dans l’avenir, la possibilité d’intégrer l’ensemble du continent. » La Pologne plaide donc en faveur d’une future stratégie orientale ouverte de l’UE, à savoir présenter les perspectives des relations avec la Russie et l’Ukraine sans déterminer, a priori, les frontières géographiques et politiques de l’Europe. »(p. 104).

Tous européens et pourquoi pas camarades ?

Sensibilité qui s’inscrit dans l’air du temps, puisque par petites touches la Russie fait avancer sans rencontrer beaucoup d’opposition l’idée de sa candidature à l’UE.  N’est-il pas devenu de bon ton d’entretenir le plus grand flou sur les frontières de l’Europe – voire sur ses valeurs – puisque nous sommes tous européens et pourquoi pas camarades ? Une manière de nier l’altérité qui fait la richesse de l’humanité, tout en évitant de mettre chacun face à ses choix et responsabilités. Une manipulation conceptuelle porteuse à terme de malentendus préjudiciables à tous, sauf aux manipulateurs.

Chargé d’Etudes sur les Pays d’Europe centrale au Centre de Documentation internationale de la documentation Française, Artur Borzeda s’interroge sur le sujet suivant : « Les relations polono-russes : vers une normalisation durable ? » Il présente d’abord les contentieux, la signature d’un Traité d’amitié et de coopération en décembre 1991 puis de nombreux accords de coopération, la question de l’adhésion de la Pologne à l’OTAN, le différend au sujet de la guerre de Tchétchénie, la relance des relations depuis l’accession au Kremlin de Vladimir Poutine. Ce dernier a souligné en 2002 lors de sa visite à Varsovie que l’ère est au pragmatisme pour les deux parties qui ont un intérêt mutuel à travailler ensemble. L’économie semble constituer une clé des relations russo-polonaises, tant la Pologne reste dépendante de la Russie pour ses ressources énergétiques.

Dossiers du DELFI

Les dossiers du DELFI  comptent enfin un article remarquable d’Hélène Blanc (CNRS), avec le concours de Peter Csonka, sur « La criminalité organisée en Pologne ». Où il appert que « La Pologne est un important producteur de drogues synthétiques exportées vers l’Europe de l’Ouest, principalement vers l’Allemagne et la Suède. C’est aussi un pays de transit important pour la contrebande et les stupéfiants vers l’Europe de l’Ouest, en particulier à partir de la Turquie et des Républiques de l’ex-URSS ».(p. 176) Les institutions européennes sauront-elles réduire les risques induits ?  Voir une carte sur les routes de l'opium. http://www.diploweb.com/cartes/chouvy2.pdf.

Ainsi, ce numéro 3 de Transitions & Sociétés offre une riche palette d’informations sur ce pays qui pèsera de plus en plus lourd dans la géopolitique européenne.

Pierre Verluise

PS: Nous vous conseillons un reportage photographique de l'agence VU : "Ma Pologne (vue par les enfants) à l'adresse suivante http://www.abvent.fr/fall2003/GAZETA/

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  Date de la mise en ligne: septembre  2003

 

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Pologne : la scène politique. Une toute nouvelle donne, par Marcin Frybes

In Courrier des pays de l'Est, n° 1017, août 2001, éd. documentation Française.

Au mois de septembre 2001, les électeurs polonais ont porté au pouvoir des néo-communistes. Pour autant, la Pologne reste candidate à l'intégration de l'Union européenne. L'avant propos de ce numéro du Courrier des pays de l'Est pose la question : "Les ex-communistes sauront-ils répondre aux attentes des Polonais et conforter le statut qui est dorénavant le sien, celui d'un pays européen normal (sic) capable, comme l'illustre la nette reprise de ses échanges avec la Russie, de tirer le meilleur parti de sa position charnière entre l'Union européenne et ses voisins orientaux ?" Le concept de charnière semble assez bien venu pour caractériser une possible fonction des pays d'Europe centrale et orientale dans configuration géopolitique post-Guerre froide de l’Europe, entre l'Union européenne et la Russie. A moins que celui de levier ne soit encore plus pertinent.

Solidarnosc 

Chercheur au CADIS-EHESS, Marcin Frybes donne des clés pour mettre en perspective la  scène politique polonaise. Il écrit : "Les transformations de la scène politique polonaise au cours des années 1990 peuvent se lire comme une progressive, mais inéluctable décomposition du mouvement Solidarnosc et des idéaux qu'il avait incarnés". (p. 7) "Le mouvement social polonais a été efficace pour détruire un système, il l'a été moins pour en construire un nouveau", ajoute-t-il. (p. 13).

Le SLD, un discours à la fois moderne et sécurisant ?

Résultat, l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) - qui revendique sa filiation avec l'ancien parti communiste - domine la vie politique en Pologne. Peut-être parce qu'elle "représente ceux qui se sentent perdus, c'est à dire une large part de la société."(p. 11) "Dans l'ensemble, le SLD peut donner l'impression d'un parti social-démocrate moderne. Sa principale force vient de son unité, à ses nombreux cadres qui passent pour des professionnels, rompus au jeu politique, enfin à une relative popularité auprès des jeunes, qui n'ont jamais connu la réalité du communisme et qui se laissent attirer par un discours à la fois moderne et sécurisant."(p. 11)

Les néo-communistes tireront-ils les bénéfices de la chute du Rideau de fer et de l'élargissement de l'Union européenne ?  Ce paradoxe ne serait pas incohérent avec une certaine logique de la nouvelle configuration géopolitique européenne.

Pierre Verluise

NDLR: A lire également dans ce numéro, au sujet de la Pologne :

"L'Eglise dans une Pologne désenchantée", par Bruno Drweski. "La monnaie : instrument à double tranchant de la politique économique", par Nicolas Meunier. "Les relations économiques polono-russes : l'ébauche du pragmatisme", par Céline Bayou.

   

 

       

 

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