Politique et renseignement

LA tétralogie de Bernard Besson « 1961-1964 », illustre les relations entre dirigeants politiques et services de renseignement. Chef de cabinet des Renseignement généraux et chargé de mission du directeur de la Surveillance du territoire, Bernard Besson découvrit en 1989 le fonctionnement du système soviétique. Les agents de Moscou désireux de rester en France, « l’éclairèrent » sur leurs méthodes et celles de la CIA en Europe.

Sa tétralogie [1] 1961, 1962, 1963, 1964 entend respecter les dates et les événements dans leurs moindres détails. Elle met en scène les dirigeants politiques et les services de l’époque. Les personnages de fiction, inspirés par d’authentiques espions, montrent l’importance des sources humaines et de l’analyse à côté de l’interception du signal.

Présentation du volume de B. Besson « 1961 », offert aux lecteurs du Diploweb.com au format PDF ci-dessous

1961, à peine élu, John Kennedy, « Jack » pour les intimes, hérite d’un dossier empoisonné. Son prédécesseur a validé le projet d’invasion de Cuba à l’aide d’une armée de mercenaires. L’exécution est confiée à la CIA. Combattant de la Seconde Guerre mondiale, le président hésite. Il veut éviter une guerre nucléaire avec l’URSS sur fond de crise à Berlin.

A Moscou Nikita Sergueïvitch Khrouchtchev est informé du projet d’invasion par un agent du KGB opérant entre Paris et Washington. Le Kremlin prévient Fidel Castro. Dans le même temps le Politburo décide d’avertir Charles de Gaulle d’une tentative de putsch de l’armée d’Afrique.

L’échec de l’invasion amène l’URSS au secours de la grande île. Le maréchal Rodion Malinovski, ex-sous-officier de l’armée française, est hostile à l’envoi de missiles. « Cuba n’est pas l’Ukraine ! ». Le GRU, service de renseignement de l’Armée rouge, concurrent du KGB, réfléchit aux conséquences d’un échec probable.

Les trois autres volumes, "1962", "1963", "1964"

En 1962 les Etats-Unis, découvrent les gesticulations russes à Cuba. La Maison Blanche est à deux doigts de bombarder les rampes de lancement. Grâce aux informations obtenues d’une source sûre, Kennedy renonce à l’attaque. Par l’entremise de l’ambassadeur Dobrynine, il signe un accord aux termes duquel l’URSS retire ses fusées de Cuba et les Etats-Unis celles de Sicile et de Turquie.

1963, John Kennedy se concentre sur les affaires intérieures. Il entend obliger les pétroliers texans à respecter une fiscalité normale. A Moscou le gouvernement soviétique comprend que la réunification allemande sous égide communiste est une illusion.

A Washington, les frères Kennedy veulent se débarrasser d’Edgar Hoover, le puissant patron du FBI. Ils vont aussi mettre sur la touche, le Vice-président Lyndon Johnson, élu du Texas. La destitution de Hoover est confiée à des hommes de confiance : ceux qui ont prévenu la Maison Blanche du danger nucléaire russe.

A Alger, les Renseignements généraux qui disposent de réseaux humains au sein du FLN découvrent le renseignement des compagnies pétrolières. A Paris, les « Grandes oreilles » de la République suivent de près les allées et venues de la CIA. Charles de Gaulle irrité, demande la conversion en or du dollar. La Banque de France exige une première livraison de la Federal Réserve.

A Moscou le Politburo apprend l’existence d’un complot destiné à tuer le président américain. En creusant la piste, le GRU découvre au sein de l’administration américaine des silences surprenants. Le gouvernement soviétique se divise entre les partisans du laisser-faire et ceux qui veulent sauver John Kennedy. L’assassinat est prévu le 18 novembre 1963 à Tampa en Floride. Il est évité grâce à une intervention du Kremlin.

1964, Lyndon Johnson assure à son entourage qu’il n’ y a aura jamais de guerre du Vietnam. Le nouveau président pense que Kennedy avait raison d’envisager un retrait. A Moscou la direction politique, débarrassée de Khrouchtchev, aimerait au contraire que l’Amérique s’enlise dans un conflit loin de ses bases. Le 2 août 1964, dans le golfe du Tonkin des navires de guerre américains et nord-vietnamiens échangent des tirs…

*

Chaque conflit pose la relation du politique avec le renseignement. Celui-ci est une mémoire, un réseau de réseaux, une communauté d’expertises. Il est une curiosité audacieuse. S’il n’est pas compris dans son essence, il se transforme en bureaucratie. L’administration devient le problème.

Le politique est seul responsable car les mémoires appellent les mémoires, les réseaux appellent les réseaux. L’intelligence des questions fait l’intelligence du renseignement. En période de crise, le chef de l’État. est le chef des curiosités nationales. Elles vont bien au-delà du monde des services. Ces curiosités servent la diplomatie elle-même enjeu de renseignement.

Copyright pour la présentation de la tétralogie Décembre 2023-Besson/Diploweb.com

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