Manuel de géopolitique

Deuxième partie. Le facteur humain

Par Patrice GOURDIN, le 30 décembre 2022  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne à l’École de l’Air. Il intervient également à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique, l’association à laquelle le Diploweb.com est adossé.

La deuxième étape du raisonnement géopolitique s’intéresse aux hommes car ils sont les acteurs – volontaires ou involontaires – de la crise ou de la confrontation. Acteurs volontaires, s’ils sont partie prenante aux événements de leur plein gré, acteurs involontaires, s’ils y sont entraînés à leur corps défendant. L’étude des caractéristiques des hommes puise, notamment, dans une documentation de nature géographique, économique, historique, ethnologique, anthropologique, sociologique, politique et juridique

Le 1er site géopolitique francophone publie un ouvrage de référence : Patrice Gourdin, "Manuel de géopolitique", éd. Diploweb.com, 2015. ISBN : 979-10-92676-04-4. Voici la deuxième partie : Le facteur humain.

L’homme est la mesure de toute chose.
Protagoras.

La deuxième étape du raisonnement géopolitique s’intéresse aux hommes car ils sont les acteurs – volontaires ou involontaires – de la crise ou de la confrontation. Acteurs volontaires, s’ils sont partie prenante aux événements de leur plein gré, acteurs involontaires, s’ils y sont entraînés à leur corps défendant. L’étude des caractéristiques des hommes puise, notamment, dans une documentation de nature géographique, économique, historique, ethnologique, anthropologique, sociologique, politique et juridique. Cela doit permettre de repérer, en particulier, les déséquilibres démographiques, les divers clivages éventuels de la population en cause (ethniques, linguistiques, religieux, socio-économiques) ainsi que/ou bien les oppositions politiques. Là encore, le déterminisme et les idées reçues ne sont pas de mise : il faut être attentif à l’infinie diversité des sensibilités, ainsi qu’aux contradictions inattendues. Dans cette perspective, l’anthropologie offre un précieux concours.

L’anthropologie a pour objet l’étude des diverses cultures humaines. Dans ce cadre, on entend “culture“ au sens de “manière de comprendre le monde et d’agir“. Ce qui correspond à la définition “canonique“ formulée dès 1871 par l’anthropologue anglais Edward Burnett Tylor :
« ensemble complexe incluant les savoirs, les croyances, l’art, les mœurs, le droit, les coutumes, ainsi que toute disposition ou usage acquis par l’homme vivant en société [1] ».

Deuxième partie. Le facteur humain
Patrice Gourdin, "Manuel de géopolitique", éd. Diploweb, via Amazon.
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Pour éviter toute confusion, précisons que les termes d’ethnographie, d’ethnologie et d’anthropologie caractérisent
« trois étapes, à la fois autonomes et inséparables, d’une même démarche d’ensemble. L’ethnographie correspond à la phase d’élaboration des données qui nourrissent l’entreprise monographique. Avec l’ethnologie se développent les premiers pas vers la synthèse, susceptible d’être développée dans plusieurs directions : géographique, historique ou systématique. L’anthropologie, quant à elle, par le moyen de la comparaison, de la généralisation et du passage à la mise en forme théorique, met les résultats de l’investigation ethnologique au service d’une “connaissance générale de l’homme“ [2] »

L’analyse géopolitique utilise rarement les données brutes recueillies par l’enquête ethnographique. En revanche, elle recourt aux études ethnologiques et anthropologiques. Cette démarche scientifique contribue à expliquer l’organisation et le fonctionnement des sociétés humaines, condition préalable à toute relation constructive entre les divers groupes humains qui peuplent le monde, ainsi qu’à toute compréhension des mécanismes de pouvoir. Grâce à ces travaux, nous savons, notamment que toutes les sociétés se dotent d’un système politique, mais que les formes en varient considérablement. Dans le cadre d’une guerre, la connaissance de l’adversaire que l’on affronte est tout aussi primordiale. En particulier lorsque l’on entend demeurer présent après la victoire pour reconstruire le pays vaincu. Quand, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Américains se préparèrent à occuper le Japon et à le réformer pour en extirper le militarisme, ils tentèrent de comprendre le pays ainsi que ses habitants. Ils utilisèrent, entre autres, l’étude que les autorités militaires elles-mêmes avaient commandée à l’universitaire Ruth Benedict sur la société et la culture japonaises : Le chrysanthème et le sabre (1946) [3]. Il ne s’agit en aucun cas d’une garantie absolue contre les erreurs et les échecs, mais il s’agit d’une précaution utile. L’avoir ignoré contribua aux graves difficultés que l’administration Bush junior rencontra en Afghanistan et en Irak. En 2007, elle intégra l’anthropologie dans la définition et l’application de sa stratégie de contre-insurrection [4], mais n’était-il pas trop tard ? Depuis le début de 2009, le peuple américain, le président Obama et ses conseillers s’interrogent.

Une précaution s’impose : ne pas confondre les caractéristiques des groupes humains et les représentations géopolitiques. Dans le premier cas, il s’agit de constater le caractère “crisogène“ ou “belligène“ direct de certaines différences, dans des circonstances données. Dans le second, il s’agit, nous le verrons dans la troisème partie, de disséquer un argumentaire construit à partir de plusieurs éléments et instumentalisant, le cas échéant, une ou plusieurs de ces différences. Il n’existe donc pas toujours de séparation nette entre les deux domaines et ils peuvent se chevaucher.

Copyright 2015-Gourdin/Diploweb.com


PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE LIÉE AUX HOMMES

Quelle(s) est (sont) la (les) caractéristique(s) des acteurs
– volontaires ou involontaires –
qui influe(nt) sur la crise ou l’affrontement ?

CHAMPS DE RECHERCHE

Outils pour situer et caractériser la population du territoire sur lequel se déroule la crise ou le conflit :

  • les cartes,
  • les ouvrages consacrés à la géographie, à la démographie, à l’économie, à l’histoire, à l’ethnologie, à l’anthropologie, à la sociologie, à la politique et au droit.

Les informations recueillies servent à repérer les caractéristiques des populations impliquées dans les événements. Le plus souvent un ou plusieurs des éléments suivants :

  • les problèmes démographiques,
  • les clivages claniques et/ou tribaux,
  • les clivages ethniques,
  • les clivages linguistiques,
  • les clivages religieux,
  • les clivages socio-économiques,
  • les frictions entre modes de vie plus ou moins compatibles,
  • les rivalités politiques.

La liste n’est pas exhaustive, mais elle recense les facteurs qui apparaissent le plus fréquemment.

Une information est pertinente lorsqu’elle contribue à éclairer la crise
ou le conflit que l’on étudie.

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Plus

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[1. cité in Bonte Pierre et Izard Michel (sous la direction de), op. cit., p. 190.

[2. Ibidem., p.vii.

[3. Paris, 1998, Picquier, 350 pages. Titre original : The Chrysanthemum and the Sword. Patterns of Japanese Culture.

[4. Rohde David, « Army Enlist Anthropology in War Zones », The New York Times, October 5, 2007 ; Eisenstadt Michael (Lieutenant-Colonel, U.S. Army Reserve), « Iraq. Tribal Engagement Lessons Learned », Military Review, September-October 2007, pp. 16-31.


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