4/2014 Actualité internationale
Fiche de synthèse d’avril 2014

Par Axelle DEGANS, le 1er mai 2014  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Agrégée d’histoire, co-auteure de Les grandes questions internationales, éd. Studyrama 2013 et auteure du livre Les pays émergents : de nouveaux acteurs, Ed. Ellipses, collection CQFD, 2011. Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales au Lycée Dessaignes (Blois).

Synthèse de l’actualité internationale d’avril 2014 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou passent un concours. Le Diploweb se tiendra à leur côté jusqu’aux oraux [et même au delà !]. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner à notre compte twitter.com/diploweb. Comme les gagnants de l’année passée !

En France et en Europe, les élections se ressemblent

Les élections municipales françaises d’avril 2014 se distinguent par un taux élevé d’abstention, fait assez rare pour ce type de scrutin. Le taux d’abstention et les votes recueillis par les partis à l’extrême de l’échiquier politique montrent une défiance de près d’un Français sur deux vis-à-vis du système politique. Le FN remporte 7 villes et le 7ème secteur de Marseille. Un terrible désaveu du PS au pouvoir qui amène Manuel Valls à Matignon avec la lourde tâche de faire passer le déficit public à moins de 3% du PIB.

Pour ne pas sécher à un oral de concours sur les questions d’actualité internationale, lisez les synthèses d’Axelle Degans

La Hongrie organise, elle, des élections législatives qui sont remportées par le parti du premier ministre Viktor Orban, le Fidesz, et voit une progression notable de l’extrême-droite car le parti Jobbik recueille près d’un vote sur cinq.

L’Ukraine dans l’œil du cyclone

L’Ukraine a perdu de fait sa souveraineté sur la péninsule de Crimée qui a voté son rattachement à la Russie – à la suite d’un référendum non légal qui ne lui permettait pas de rester dans le giron de Kiev – et peine à faire face à l’agitation dans la partie orientale de son territoire. Moscou masse plusieurs dizaines de milliers de soldats à la frontière russo-ukrainienne. La situation économique y est très tendue car l’Ukraine est très dépendante, en particulier pour sa partie orientale (la plus riche du pays), de ses relations économiques et commerciales avec la Russie. L’Union européenne et Washington multiplient les sanctions économiques... sans résultats visibles. Les éclats se multiplient.

V. Poutine réaffirme que rien n’est possible sans l’accord de Moscou dans ce qu’il considère comme son « étranger proche » (les anciennes républiques soviétiques) : rapprochement avec l’Union européenne ou extension de l’OTAN que Moscou veut le plus loin possible de ses portes.

Le rapport du GIEC : halte au réchauffement climatique

Le GIEC rend un nouveau rapport concernant le réchauffement climatique. Les experts constatent un recours plus important au charbon qui contribue à une plus forte émission de GES, et préconisent alors de se tourner davantage vers la filière électronucléaire plus faiblement émettrice de GES. Ils pointent la nécessité d’accélérer les gains en termes d’efficacité énergétique, de séquestrer le C02 et de diminuer rapidement l’utilisation des centrales à charbon.

L’Allemagne d’Angela Merkel, laboratoire du « tournant énergétique » post-Fukushima (11 mars 2011) est face à ses contradictions. Comment renoncer à la production d’électricité d’origine nucléaire au profit du développement d’énergies renouvelables sans compromettre le niveau de vie ? Pour l’instant, l’Allemagne a relancé l’exploitation du charbon et doit se lancer dans un vaste plan de construction de lignes électriques depuis l’Allemagne du Nord, zone de production d’électricité verte vers la partie méridionale du pays, près de 4 000 km de lignes à construire pour le début de la prochaine décennie. Cette transition énergétique coûte déjà cher à l’Allemagne, 24 milliards pour la seule année 2014, elle est problématique en Bavière – poids lourd de l’économie allemande - qui veut sortir du nucléaire mais dont la population ne veut pas des lignes électrique source de nuisances. Ce land veut miser sur les énergies propres (mais il faut importer l’électricité depuis le Nord) et des centrales à gaz qui ne sont pas rentables aujourd’hui... un vrai casse-tête qui risque de mettre la Bavière dans une situation délicate dans moins de 10 ans.

Elle décide aussi d’instaurer une taxe pour les étrangers qui empruntent son réseau routier, une Europe de la solidarité et de la libre circulation ?

Le réchauffement climatique étend les zones à risque pour l’extension des maladies virales - dites tropicales – aux zones plus tempérées du fait de l’adaptation des moustiques à d’autres milieux que le berceau d’origine.

Un espace maritime sous haute tension en Asie

Le différent entre le Japon et la Chine à propos des ilots Senkaku ne doit pas faire oublier qu’un autre différent oppose la Chine à ses voisins. Les iles Spratleys en mer de Chine méridionale opposent Pékin au Vietnam, à l’Indonésie ou aux Philippines pour ne citer qu’eux. Cette dernière fait appel au tribunal de La Haye au sujet des nombreux différents maritimes qui l’oppose à la Chine, en particulier pour le respect des 200 miles nautiques au large des terres émergées dont Manille peine à se réserver l’exploitation exclusive.

Barack Obama s’affirme comme le « premier président américain du Pacifique », mais la réduction des moyens du Pentagone inquiète ses alliés en Asie qui craignent un « retrait » plus qu’un « pivot ». Sa tournée en Asie est très attendue, ses alliés souhaitant un renforcement de la présence militaire américaine dans la région.

Le secrétaire d’Etat américain à la Défense a été invité, lors de sa visite en Chine, à se rendre sur le Liaoning –porte-avions chinois – ce qui n‘a pas diminué l’impression de rivalité entre ses deux Etats. Washington a réaffirmé ses engagements vis-à-vis de ses alliés Tokyo, Séoul et Manille, avec lesquels la rivalité chinoise est forte.

La Chine doute...

La croissance économique de la Chine perd de sa force et s’approche des 7% par an, ce qui insuffisant pour créer les emplois nécessaires à son « harmonie ». Pékin opte pour un plan de relance qui vise à mieux équiper le pays en infrastructures de transport (un des points faibles de la Chine, en particulier dans la Chine intérieure) grâce à l’émission d’obligations, et l’exemption de taxes des petites entreprises. C’est révélateur de difficultés nouvelles pour l’empire du Milieu, dont l’endettement croissant est facteur d’incertitudes. Celui-ci s’inquiète aussi de l’envolée de ses coûts de production (+ 25% depuis 2012), le Guangdong, bastion de l’industrie d’exportation chinoise, a des coûts de production trop élevés pour l’exportation de produits faiblement élaborés qui a été son modèle économique jusqu’à aujourd’hui. Les grèves se multiplient dans cette région, la plus riche de Chine, non seulement pour les salaires, mais aussi surtout pour obtenir une meilleure couverture sociale. La Chine doit changer son modèle économique, celui de la sous-traitance n’y a plus grand avenir

Une situation qui reste très délicate dans une Afrique qui a des raisons d’espérer

Le Nigéria est toujours en proie aux violences.

Il n’y a pas, pour l’instant, de sortie de crise dans la guerre civile qui sévit en Centrafrique. Les forces de l’opération française Sangaris et de la force africaine Misca sont confortées par l’envoi par Bruxelles d’une force militaire qui devrait s’élever jusqu’à 1 000 hommes. L’ONU vote l’envoi d’une force de 12 000 casques bleus qui viendra remplacer la force Misca à la mi-septembre 2014.

Le Nigéria est toujours en proie aux violences. Un attentat dans la capitale Abuja (plus de 70 morts) a précédé de peu l’enlèvement de près de 100 jeunes lycéennes du Nord-Est du pays, ces deux forfaits sont attribués au groupe islamiste Boko Haram.

En Guinée, Médecins sans frontières (MSF) estime qu’ébola a fait déjà de 80 victimes, en particulier dans la région autour de la capitale Conakry.

Le Rwanda commémore les 20 ans du début du génocide qui a provoqué la mort de 800 000 Tutsis. Le président Paul Kagamé, à la tête d’un pays en pleine croissance économique, a de nouveau mis en cause les autorités françaises et refusé la présence de l’ambassadeur à Kigali.

Depuis le début du XXIème siècle, l‘Afrique connait une conjoncture et un apaisement de certains conflits et le retour d’une croissance économique en moyenne supérieure à 5% par an. Le Mozambique enregistre ainsi une croissance économique de 7,1% en 2013, la Côte d’Ivoire de 8,1%, et l’Ethiopie, nouveau lion d’Afrique orientale, de 9,7%.

De la « Françafrique » à la « Chinafrique » : l’Afrique au cœur d ‘un nouveau grand jeu ?

Début avril 2014 à Bruxelles, l’Union européenne veut renouer le partenariat économique avec l’Afrique qui existe depuis les années 1960 mais qui aujourd’hui apparait bien fade en comparaison du nouveau partenariat que ce continent tisse avec Pékin. Les seuls pays africains à faire de substantiels échanges avec l’Union européenne sont l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Maroc et le Nigéria, alors que J. Zuma (Afrique du Sud) et R. Mugabe (Zimbabwe) ne viennent pas à ce sommet. À l’heure où les troupes européennes de l’Eufor-RCA interviennent dans la guerre civile centrafricaine, où l’Union européenne fournit, d’après le commissaire européen au développement Andris Piebalgs, 45% de l’aide publique (APD) reçue par l’Afrique, elle peine à conserver ses parts de marché sur ce continent. L’Afrique est le continent de la jeunesse (alors que le notre vieillit), un vrai coffre-fort de matières premières, elle est un continent important pour l’avenir de l’Europe

Le temps des élections en Asie et en Afrique...

L’Afghanistan, foyer des talibans qui ont organisé les attentats du 11 septembre 2001 et a connu une longue intervention militaire de l’OTAN, vote pour renouveler la tête de l’exécutif. Hamid Karzaï, très décrié pour ses liens avec la mafia locale, ne peut plus briguer de mandat. Ce scrutin est sous haute tension en raison de la très faible tradition démocratique de ce pays et du scandale du bourrage des urnes en 2009, les perdants pouvant contester leur défaite et entrainer le pays dans une phase de violence. La situation afghane reste très difficile, seulement un tiers de la population a accès à l’électricité, le pays est miné par la corruption, la guerre a permis au pavot de représenter près d’un septième du PIB selon la Coface. Ce pays est aujourd’hui sous perfusion de l’aide internationale et fait partie intégrante du trafic d’opium... Abdullah Abdullah arrive en tête. 58% de la population afghane s’est déplacée.

L’Union indienne vote aussi, 815 millions d’électeurs sont attendus pour un scrutin qui se déroule entre le 7 avril et le 12 mai. Le BJP, parti nationaliste hindou dirigé par Narendra Modi, est le favori de ces élections face au parti du Congrès dirigé par Rahul Gandhi (fils de Rajiv, petit-fils d’Indira, et arrière-petit-fils de Nehru). Selon le cabinet MacKinsey, 680 millions d’Indiens ne peuvent toujours pas satisfaire leurs besoins essentiels. Ce géant démocratique est lui aussi saisi par la paralysie politique...dans un pays où il faut créer un million de nouveaux emplois par mois !

L’Algérie vote, mais sans enthousiasme. Ce pays illustre tristement le syndrome des matières premières, tant il dépend de ses rentes gazière et pétrolière. Ses jeunes ont peu de perspectives d’avenir, ils doivent se contenter d’emplois que ne sont pas des métiers L’Algérie est toujours incapable de préparer l’après-gaz. Le président Abdelaziz Bouteflika est réélu avec plus 81% des suffrages exprimés.

La justice rattrape parfois les anciens dirigeants

En Israël, l’ancien premier ministre Ehud Olmert a été condamné pour corruption, ce qui devrait mettre un terme à sa carrière politique. Au Pakistan, Pervez Musharraf, ancien président, a été reconnu coupable de haute trahison pour avoir établi l’état d’urgence et suspendu la constitution.

La chute de Moubarak : trois ans déjà !

L’Egypte du printemps arabe se sépare de Moubarak, au pouvoir depuis 1981, qui exerçait un pouvoir autoritaire et policier. Les Frères musulmans qui ont conquis, démocratiquement, le pouvoir ont déçu une population qui avait de nombreuses attentes. Le président Morsi est davantage resté un chef de parti qu’il n’est devenu le président de tous les Egyptiens. Le maréchal Sissi, actuellement au pouvoir, remportera probablement les élections présidentielles de la fin mai 2014, ce sont des élections de la peur. Plus de 500 personnes ont été récemment condamnées à mort, ce nouveau régime mène un politique très dure vis-à-vis des islamistes. Les militaires ont donc conservé le pouvoir, après un court intermède, près d’une Libye dans une situation chaotique, d’une Syrie en proie à la guerre dont le bilan est tragique : 150 000 morts et 3 millions de réfugiés. Le printemps arabe, des promesses non tenues ?

Le Venezuela post-Chavez en proie à la crise

Hugo Chavez est mort depuis à peine plus d’un an et le Venezuela affronte une crise qui le secoue dans ses profondeurs. Ce grand pays pétrolier dirigé par le dauphin de Chavez –Nicolas Maduro – fait face à une révolte née dans le milieu estudiantin et qui s’est muée en fronde sociale dans un pays où l’inflation est galopante, les coupures d’électricité et d’eau structurelles alors que certaines denrées manquent... Caracas est même aujourd’hui en situation de risquer le défaut de paiement ! C’est pourtant un pays qui dispose de très importantes réserves de pétrole, mais qui a cessé depuis longtemps d’investir dans le secteur productif – il illustre le syndrome des matières premières - et dépend très étroitement de l’or noir. N. Maduro doit son pouvoir au soutien de l’armée, mais pour combien de temps ?

Des décès...

L’écrivain colombien et prix Nobel de littérature Gabriel Gracia Marquez vient de mourir. Il a marqué la littérature sud-américaine avec ouvrages comme Cent de solitude. L’historien français Jacques Le Goff, médiéviste reconnu qui a profondément renouvelé sa discipline, auteur d’un Saint Louis remarquable, vient aussi de disparaitre.

...et double canonisation

Le pape François, et le pape émérite Benoît XVI ont canonisé les papes Jean-XXIII et Jean-Paul II.

Copyright Avril 2014-Degans/Diploweb.com


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Voir une présentation d’un ouvrage auquel Axelle Degans a contribué "Les grandes questions internationales", L. Briday, A. Chaffel, P. Dallenne, A. Degans, éd. Studyrama


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