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La géopolitique du pape François est-elle un défi à l’ordre atlantique ? Seconde partie. Le pape François, l’Orient, l’Eurasie et la Chine

Par Thomas TANASE*, le 15 octobre 2023.

La première partie de cette étude a montré l’ambiguïté du pape François : tout en étant l’apôtre des déshérités, son apologie de la mondialisation l’a aussi poussé à se faire l’allié de la globalisation anglo-saxonne, qui pourtant n’a cessé d’accélérer les dernières années sur des thèmes sociétaux à l’opposé des positions habituelles de l’Église catholique, souvent perçue comme un obstacle.
À présent, Thomas Tanase étudie comment le pape François a tenté d’équilibrer ce premier aspect de sa politique par le fait de nouer des liens toujours plus étroits avec des pôles « alternatifs » de la mondialisation, qui sont aussi extérieurs au monde occidental et au monde catholique. C’est le paradoxe fondamental de la papauté de François : alliée avec les « progressismes » à l’Ouest, elle a également cherché à se rapprocher des pays d’islam, de l’Eurasie, et à s’allier avec la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping.

Voir la 1ère partie

SI l’on regarde les voyages du pape François, ils semblent bien relever d’une logique géopolitique. Des observateurs peu attentifs pourront sourire de voir le pape délaisser l’Europe occidentale de tradition chrétienne pour se rendre dans des endroits en apparence aussi éloignés que la Thaïlande ou la Mongolie. Il ne fait pas de doute que le pape François se plait à ouvrir de nouveaux fronts missionnaires et à être là où ne l’attend pas forcément. Cependant, entre le choix des pays musulmans visités, tous stratégiques (Maroc, Égypte, Turquie, Émirats-Arabes-Unis), ses voyages dans l’océan Indien (comme par exemple au Sri Lanka), en Asie du Sud-Est et dans l’Asie des steppes, le pape François semble bien investir lui aussi à sa manière l’espace eurasiatique au sens large. Il choisit manifestement des pays, entre Russie et Chine, qui sont des pivots des projets de « nouvelles routes de la soie ». Ce sont d’ailleurs aussi souvent des pays en train de se rapprocher du groupe des BRICS (Égypte, Turquie, Émirats-Arabes-Unis) [1]. Et de fait, la Russie et la Chine ont été au cœur des attentions du pape François, qui a accompli des gestes inédits de rapprochement avec ces deux puissances.

Le pape François en Mongolie du 31 août au 4 septembre 2023
Source et crédit : Vatican news

La première partie de cette étude a montré l’ambiguïté du pape François : tout en étant l’apôtre des déshérités, son apologie de la mondialisation l’a aussi poussé à se faire l’allié de la globalisation anglo-saxonne, qui pourtant n’a cessé d’accélérer les dernières années sur des thèmes sociétaux à l’opposé des positions habituelles de l’Église catholique, souvent perçue comme un obstacle. À présent, nous verrons comment le pape François a tenté d’équilibrer ce premier aspect de sa politique par le fait de nouer des liens toujours plus étroits avec des pôles alternatifs de la mondialisation, qui sont aussi extérieurs au monde occidental et au monde catholique. C’est le paradoxe fondamental de la papauté de François : alliée avec les « progressismes » à l’Ouest, elle a également cherché à se rapprocher des pays d’islam, de l’Eurasie, et à s’allier avec la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping.

Du côté de l’Orient

Face à cette crise européenne et occidentale, une grande partie de l’activité du pape François a été tournée vers les pays non-occidentaux, et même souvent non-chrétiens. Un simple inventaire des pays visités au cours de ses visites apostoliques en dit long. Si l’Europe de l’Ouest a été largement laissée de côté, cela n’est pas le cas d’une l’Europe de l’Est élargie jusqu’au Caucase (pays baltes, Pologne, Slovaquie, Hongrie, Bosnie, Roumanie, Bulgarie, Macédoine du Nord, Albanie, Grèce, Chypre, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan). Une large partie du continent américain a été parcourue. Le pontife s’est également rendu en Afrique centrale et orientale (Kenya, Ouganda, Centrafrique, Mozambique, République démocratique du Congo, Soudan du Sud, Madagascar et Maurice). Mais on notera surtout l’ouverture envers les pays musulmans (Maroc, Égypte, Turquie, Irak, Bahreïn, Émirats-Arabes-Unis), et envers une Asie non-chrétienne : le pape François s’est ainsi rendu au Kazakhstan, au Sri Lanka, en Birmanie, au Bangladesh, en Thaïlande, en Corée du Sud, au Japon et même, fin août 2023, en Mongolie sans oublier les Philippines catholiques.

Le premier grand axe de la diplomatie du pape François a été celui du rapprochement avec le monde musulman, où il a pu aller plus loin que Benoît XVI, lequel voulait aussi cette ouverture. Mais Benoît XVI, méfiant envers les syncrétismes et très européen, s’était retrouvé dès les premiers jours de son pontificat pris dans la tourmente avec son discours de Ratisbonne de 2006, où il citait les propos polémiques sur l’islam de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue. Le pape argentin, de manière évidente peu enthousiasmé par les « guerres humanitaires » américaines, a pu beaucoup plus facilement créer un climat de confiance avec ses interlocuteurs musulmans. Il est intéressant de noter que dans cette ouverture du pape François, les chiites n’ont pas été oubliés : lors de son voyage en Irak de 2021, le pape François s’est rendu à Najaf pour s’entretenir avec l’ayatollah Al-Sistani.

Le point culminant de cette politique a été la signature en 2019 à Abu Dhabi du fameux « Document sur la fraternité humaine » avec le grand imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib [2], aboutissant le 16 février 2023 à l’ouverture d’une « maison de la famille d’Abraham » inaugurée à Abu Dhabi avec une synagogue, une église et une mosquée. Par ces accords, François a voulu faire de la papauté la clé de voûte d’un modèle de dialogue des civilisations, et être une négation vivante des théories d’Huntington, qui définit des civilisations en lutte par des religions davantage envisagées comme un facteur sociologique que comme une foi réellement vécue. La politique du pape François a une conséquence évidente pour les pays occidentaux. Elle est d’abord une condamnation du discours interventionniste et belliciste des néo-conservateurs américains et de leurs relais atlantistes. D’ailleurs, le premier acte notable du pape François dans la région avait été son engagement contre l’intervention occidentale en Syrie que la France de François Hollande voulait organiser en 2013, question sur laquelle nous reviendrons un peu plus loin.

Cependant, la politique envers l’islam du pape François est aussi une condamnation des discours civilisationnels très utilisés à droite en Europe pour identifier le continent à ses racines chrétiennes, discours tournés notamment contre les populations immigrées, et notamment musulmanes. Le pape François, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, avait d’ailleurs, tout en condamnant l’emploi de la violence, dit le peu d’estime qu’il avait pour ceux qui insultent la religion des autres, allant ainsi à contrecourant de tout ce qui se passait au même moment en France et plus largement en Europe. Le pape François n’avait pas hésité à déclarer à cette occasion que si quelqu’un insultait sa foi, c’était comme si l’on insultait sa mère. Une nouvelle fois, le pape François montrait qu’il n’était pas tant un progressiste à l’occidentale, qu’un extra-occidental envisageant la question avec des critères différents de ceux auxquels nous sommes habitués [3].

Il convient cependant de relever également la très grande ambiguïté de ce « pacte de fraternité », et ce à plusieurs niveaux. Pour commencer, le pape François a accepté de faire le jeu de la politique de « soft power » émiratie, alors que les pays du Golfe ou la Turquie estiment eux aussi avoir une place à reprendre, qui leur a été ravie par la domination occidentale. De plus, ce modèle de « soft power » repris avec des modalités différentes par le Qatar, l’Arabie Saoudite ou la Turquie passe également par une promotion active de l’islam sur le continent européen, y compris par la formation de réseaux prônant parfois le séparatisme des populations musulmanes, les encourageant à faire corps à part dans les sociétés laïcisées et progressistes occidentales. En échange, la liberté de culte des chrétiens, très largement entravée dans le monde musulman, où les chrétiens sont même parfois violemment persécutés, n’a guère fait de progrès. Il s’agit donc ici presque d’un cas d’école du pari que fait le pape François avec ce genre d’accords. Même s’ils ne semblent pas apporter grand-chose sur le moment à l’Église catholique, ils permettent néanmoins à la papauté de s’appuyer sur la dynamique de ces parties émergentes du monde, à laquelle il faut de toute manière s’adapter. Ils permettent encore de renforcer le rôle d’intermédiaire du pontife et des institutions catholiques, non pas d’ailleurs simplement au plan international, mais aussi avec les nombreuses populations d’origines étrangères, chrétiennes ou musulmanes, récemment installées dans les pays européens, et souvent aidées par les associations catholiques, tandis que ces populations réintroduisent la problématique religieuse dans des pays qui semblent vouloir l’effacer.

Mais il y a aussi une deuxième ambiguïté fondamentale. Le « Document sur la fraternité humaine » s’est en effet inscrit dans le contexte des négociations menées par les Émirats Arabes Unis qui ont abouti aux accords d’Abraham de 2020 avec Israël et le Bahreïn, signés à la Maison Blanche, et prolongés ensuite vers le Maroc. En d’autres termes, la déclaration sur la fraternité a aussi été aidée par toute la politique menée au même moment sous l’égide de Donald Trump, et grâce aux liens privilégiés de ce dernier avec l’Israël de Benjamin Netanyahu. C’est d’autant plus vrai que si l’on regarde le détail, l’imam al-Sistani, bien que chiite, est opposé au régime iranien. Les relations du pape François avec la Turquie d’Erdoğan sont restées mauvaises, le pontife mettant l’accent sur la reconnaissance du génocide arménien d’une manière très prononcée. En d’autres termes, le pape François a inscrit sa politique musulmane dans l’axe des accords d’Abraham, et de l’alliance qu’ils dessinaient contre l’ensemble formé par l’Iran, le Qatar, la Turquie et les Frères musulmans. Pourtant, à l’opposé de cette politique, le pape François, pratiquant une savante politique d’équilibre, continue aussi de parler avec tout le monde. Il n’a pas rompu avec l’Iran, avec lequel il y a une longue tradition de diplomatie vaticane et avec lequel le pape veut à tout prix éviter un conflit provoqué par le camp des faucons occidentalistes. Il n’a pas rompu non plus avec la Syrie de Bachar al-Assad (et son protecteur russe), tandis que la papauté montrera toujours son intérêt pour la protection des chrétiens arabes et la question palestinienne [4].

Toutefois, le rapprochement entre les Émirats Arabes Unis, l’Amérique de Trump et l’Israël de Netanyahu avait encore une autre logique : celle d’unir entre eux des pouvoirs inquiétés par le progressisme sociétal occidental. Conformément aux traditions diplomatiques des pays du Golfe, le rapprochement émirati avec Israël et le renouveau de l’alliance américaine avaient également un aspect très personnel : il s’agissait plus du rapprochement entre des dirigeants partageant une vision du monde commune que d’une alliance structurelle entre des administrations d’États. En d’autres termes, les liens noués par la papauté avec le monde musulman n’ont été possible que grâce au travail mené par la politique « populiste » de Donald Trump, que le pape François a par ailleurs combattu par tous les moyens. L’arrivée au pouvoir de Joe Biden a en échange immédiatement remis en cause cette proximité américaine avec les Émirats-Arabes-Unis, l’Arabie Saoudite et même, dans une certaine mesure, avec un Israël très divisé autour du pouvoir de Benjamin Netanyahu.

Le pape François, le monde orthodoxe et la Russie

La question des liens entre la papauté et la Russie s’inscrit dans le cadre plus général des rapports entre l’Église catholique et le monde orthodoxe, dont il faut rappeler à quel point il est divers et ne se résume pas à la Russie [5]. L’enjeu est réel, et important sur de nombreux plans. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’importance de l’immigration roumaine à Rome, et le nombre d’églises ouvertes ces dernières années dans les pays d’Europe occidentale par les communautés roumaines, qui tranche avec l’atonie générale du christianisme dans ces régions. Le pape François a ici aussi repris une politique à laquelle Jean-Paul II puis Benoît XVI avaient été particulièrement attachés, celle d’un rapprochement avec le monde orthodoxe, dont il a été attentif à respecter la diversité. Il a cultivé de bonnes relations avec le patriarche de Constantinople Bartholomé, rencontré à plusieurs reprises et notamment lors du voyage pontifical à Jérusalem de 2014. Le pape François a visité tous les pays orthodoxes de l’Union européenne, tout en étant obligé de laisser de côté la Serbie, où pèsent encore l’héritage des guerres balkaniques des années 1990, et la Russie, qu’il aurait voulu visiter. Mais de nouveau, plus que Benoît XVI, le pape François, en raison de son caractère extra-occidental, a su créer un climat de confiance, qui a été scellé par la spectaculaire rencontre de la Havane avec le patriarche de Moscou Cyrille en 2016.

Les raisons de ce rapprochement sont claires : face à la sécularisation croissante de l’Europe communautaire, le rapprochement avec la spiritualité orthodoxe et une puissance comme la Russie pouvait aussi permettre à la papauté d’avoir un allié sur de nombreuses thématiques, notamment sociétales. Plus profondément, la papauté pouvait espérer par ce rapprochement faire levier sur le renouveau spirituel des pays orthodoxes, qui reste très différent des caricatures que l’on peut en faire en Occident, en particulier pour la Russie : si l’on laisse de côté la Grèce et Chypre qui sont passées par une autre histoire, ces différents pays sont souvent des sociétés très laïcisées dans leurs comportements, où les femmes ont largement intégré le monde du travail y compris dans des métiers prestigieux, ce qui est un autre héritage de la période communiste. Mais qu’il s’agisse de la Bulgarie et de la Roumanie entrées dans l’OTAN puis dans l’Union européenne ou de la Serbie et de la Russie, qui ont suivi une autre trajectoire, ces différents pays ont aussi connu un renouveau religieux avec des Églises très vivantes justement parce que celles-ci ont survécu au communisme et ont su puiser dans leur tradition pour s’adapter à un monde sécularisé. En suivant une autre voie et un autre destin historique, ces Églises aussi, comme l’Église latino-américaine du pape François, sortent des cadres habituels de l’histoire à l’européenne (et du XIXe siècle) entre le progressisme laïc et le conservatisme religieux.

Cependant, ce qui a bien entendu posé le plus de problèmes a été le rapprochement avec la Russie. C’est d’autant plus vrai qu’on notera le double affront aux réseaux atlantistes et néo-conservateurs qu’a représenté la rencontre de la Havane entre le pape François et le patriarche Cyrille. Elle a eu lieu alors que la Russie était sous sanction depuis 2014, ce qui démontrait que le pape n’entendait pas se faire enrégimenter dans la cause ukrainienne. En fait, le pape François parlait déjà en 2015 de la guerre en Ukraine, qui avait commencé l’année précédente autour du Donbass, comme « d’une guerre entre chrétiens », appelant à remplacer les mots « victoire » et « défaite » par celui de paix [6]. Mais la rencontre entre François et Cyrille a de surcroît eu lieu à Cuba, qui est resté une obsession pour bien des conservateurs américains.

Enfin, il ne faut pas oublier l’arrière-plan syrien à cette rencontre : l’intervention russe en Syrie pour défendre le régime d’Assad, c’est-à-dire aussi un régime acceptant de vivre avec ses minorités chrétiennes, a permis de construire une autre convergence avec l’institution pontificale, très sensibilisée au sort désastreux des chrétiens orientaux qui a suivi les différentes politiques d’ingérence américaine dans la région, depuis l’invasion de l’Irak de 2003 jusqu’au soutien aux « printemps arabes » (2011) qui a débouché sur la guerre civile en Syrie. C’est même précisément sur la question syrienne que le pape a pu poser dès son investiture en 2013 les bases de son rapprochement avec Vladimir Poutine, auquel il a écrit pour faire front commun contre la volonté occidentaliste et atlantiste d’intervention en Syrie menée par la France [7]. De fait, la politique pontificale au Moyen-Orient ressemble à celle de la Russie : éviter la déstabilisation des gouvernements, les interventions armées, et la division de la région entre un camp du bien et un camp du mal, pour tenter au contraire d’attirer vers soi en construisant un réseau de convergences et en tentant de s’entendre avec tout le monde, axe chiite (Iran-Syrie), monarchies du Golfe ou Israël.

Le cardinal Zuppi et le patriarche orthodoxe Cyrille à Moscou, 29 juin 2023
Source et crédit : Vatican news

La politique du pape François envers la Russie a été un point de litige permanent avec l’Église gréco-catholique ukrainienne. Celle-ci, implantée essentiellement à l’ouest du pays, et ne représentant par conséquent qu’une partie limitée de la population ukrainienne, a joué un rôle moteur dans la constitution depuis 1990 d’une conception de la nation ukrainienne voulant rompre tous les liens avec la Russie. L’Église gréco-romaine ukrainienne s’est de la sorte naturellement inscrite dans les réseaux atlantistes et la partie la plus conservatrice de l’Église catholique. Le pape François a montré peu d’enthousiasme pour soutenir les revendications de cette Église, préférant cultiver ses bonnes relations avec le monde russe et le patriarcat de Moscou. Suivant l’exemple de Benoît XVI en 2003, François a nettement refusé (pour l’instant) une des principales revendications de l’Église gréco-catholique, celle de se constituer en patriarcat – Moscou considérant être le seul patriarcat légitime sur les terres héritières de la principauté Rus médiévale [8]. Le thème est d’autant plus sensible que les revendications des différentes Églises gréco-catholiques, effectivement souvent mal vues dans les pays orthodoxes, ont alimenté les antagonismes, raison pour laquelle Jean-Paul II puis Benoît XVI avaient fait le choix de laisser de côté ces querelles pour éviter d’entretenir des conflits comme celui qui venait de ravager la Yougoslavie. Le pape François n’a donc pas innové sur ce terrain non plus, mais son attitude a été d’autant plus significative qu’elle s’inscrivait dans le contexte de l’après-Maïdan de 2013-2014.

Le ton est monté avec le primat ukrainien gréco-catholique Sviatoslav Chevtchouk, qui connaissait Bergoglio du temps où il avait séjourné à Buenos Aires. Sous le langage diplomatique de rigueur, Sviatoslav Chevtchouk, épousant le discours des autorités de Kiev, a vertement critiqué la rencontre de la Havane, expliquant que de toute manière rien de bon ne pouvait venir de ce genre de contacts ou des appels à la paix du pape François pour le Donbass – l’interview attaquait au passage également l’intervention russe en Syrie [9]. Il est vrai que dans la déclaration conjointe de la Havane, le pape François a accepté de souscrire à un paragraphe qui reconnaissait que l’uniatisme était une méthode du passé qui ne pouvait être une manière de rétablir l’union entre les Églises, un point de vue qui constitue une condamnation de fait de l’expérience historique représentée par l’Église gréco-ukrainienne [10]. L’appel commun de la Havane demandait également aux différentes Églises de ne pas alimenter le conflit, ce que le primat Chevtchouk prenait comme une critique de son action et de l’engagement revendiqué de l’Église gréco-catholique dans le mouvement de Maïdan de 2014 [11].

Le pape François a d’ailleurs réitéré ses propos en recevant en 2018 une délégation du patriarcat de Moscou, proclamant que l’Église catholique ne devait pas se mêler des affaires de l’Église russe et chercher à diviser [12]. La question du rapprochement avec la Russie est ainsi devenue un angle d’attaque privilégié pour le camp conservateur dans sa guérilla contre le pape François, vite accusé de « préférer Moscou ». Le pape François s’est retrouvé de son côté obligé d’annuler en urgence une deuxième rencontre prévue pour juin 2022 à Jérusalem avec le patriarche Cyrille [13]. Et ce d’autant plus que les attaques du prélat Sviatoslav Chevtchouk contre le pape François ont trouvé au même moment leur strict équivalent du côté de la Chine, avec les prises de positions détonantes du vénérable cardinal de Hong-Kong Joseph Zen.

Le pape François et la Chine

En effet, une des décisions les plus spectaculaires du pontificat de François aura été la signature de l’accord de 2018 avec la République Populaire de Chine, là aussi au grand dam des conservateurs et des faucons atlantistes au sein du monde catholique [14]. De fait, la signature de cet accord s’est faite alors même que les réseaux d’ONG et d’associations liées au monde atlantiste ont régulièrement soutenu les mouvements d’insurrection à Hong-Kong, de la « révolution des parapluies » de 2014 aux manifestations de 2019-2020. Interrogé à l’occasion des manifestations de 2019 sur le fait de savoir si celles-ci ne remettaient pas en cause son accord avec Pékin, le pape François les a volontairement relativisées, en expliquant qu’il y avait de nombreuses manifestations à travers le monde, comme par exemple le mouvement des gilets jaunes à Paris [15]. Les autorités chinoises se sont ainsi trouvées en phase avec la volonté pontificale de lancer un défi ouvert aux Etats-Unis de Donald Trump pour signer ces accords. Le problème va cependant au-delà de Donald Trump et relève d’une logique d’affrontement structurel entre la grande puissance dominante et la montée d’un rival capable désormais de lui tenir tête. De fait, l’administration de Joe Biden a repris une politique de tension avec la Chine à laquelle elle a donné un tour de plus en plus guerrier, en faisant revenir sur le premier plan le sujet de Taïwan jusque-là gelé. La question des rapports entre les Etats-Unis et la République populaire de Chine se joue d’ailleurs également en Ukraine par sa géographie incontournable dans les projets de « nouvelles routes de la soie ».

Le pape François a fait sur ce front aussi le choix du dialogue et du soutien à l’émergence d’un monde multipolaire, quels que soient les défauts du régime chinois. L’accord, qui demande à être renouvelé tous les deux ans, présente en effet de nombreuses faiblesses. Il reconnaît l’Église patriotique chinoise, sous le contrôle du régime, ce que les prédécesseurs de François avaient refusé de faire, et qui est un succès important pour Pékin. Mais surtout, la pratique a montré que la Chine populaire, qui persécute toujours les chrétiens qu’elle soupçonne d’être des éléments subversifs trop liés à l’influence occidentale, et dont la politique est d’une certaine manière légitimée par cet accord, en a profité pour nommer les évêques qu’elle désirait, parfois sans même consulter le Vatican, malgré les dispositions de l’accord.

L’ancien archevêque de Hong Kong, Joseph Zen, nommé cardinal par Benoît XVI en 2006, très hostile à la Chine communiste et lié aux mouvements de protestation à Hong-Kong, après avoir fait tout son possible pour empêcher l’accord, en harmonie avec les milieux atlantistes et pro-américains, n’a cessé de le critiquer. Épargnant selon l’usage un pape François qui serait la victime de ses collaborateurs, le cardinal Zen a attaqué personnellement le secrétaire d’État Pietro Parolin, accusé de trahison au profit des communistes, de mensonge et de manquer de foi, préférant les vanités de ce monde. Attaques qui sont devenues encore plus dures lorsqu’il est apparu que l’accord serait renouvelé en 2020 [16]. Les critiques portent d’autant plus que le cardinal Parolin est un des noms avancés pour la succession du pape François, dont il pourrait reprendre l’héritage tout en le combinant avec un savoir-faire diplomatique certain : ces critiques servent aussi à organiser un feu de barrage contre la candidature du secrétaire d’État. Cependant, la politique du pape François est en échange soutenue par tout un réseau dans lequel on retrouve au premier plan la communauté Sant’Egidio, dont sont issus Agostino Giovagnoli et Elisa Giunipero, les deux auteurs d’un important livre de promotion de l’accord, préfacé par le cardinal Parolin et lancé en grande pompe par les autorités vaticanes en 2019, un an après la signature de l’accord [17].

Le cardinal Zen, par son courage, son autorité morale et son âge canonique, rendant difficile toute critique à son encontre, a ainsi pu devenir un point de ralliement particulièrement audible pour les positions les plus conservatrices et atlantistes au sein du monde catholique. De fait, le régime chinois ne l’a pas épargné, puisqu’il n’a pas hésité à le mettre brièvement aux arrêts domiciliaires en 2022 malgré son très grand âge (90 ans à cette date) avant de prononcer une peine symbolique. Cette arrestation a permis au département d’État américain et à l’Église catholique états-unienne de se mobiliser, là où le pape François s’est montré beaucoup plus réservé [18], même s’il a fini par recevoir le cardinal Zen en janvier 2023 à l’occasion des funérailles de Benoît XVI [19]. Ainsi, ni les manifestations de Hong-Kong, ni l’arrestation du cardinal Zen et les nombreuses difficultés qui ont émergé n’ont empêché le Vatican et la Chine de renouveler l’accord en octobre 2020 puis en octobre 2022, malgré ce qu’attendaient, ou espéraient, de nombreux observateurs du monde catholique. Le renouvellement de 2022 en particulier, malgré les nombreux coups de canif au contrat par les autorités chinoises qui le rendaient très incertain, et alors que la guerre de la Russie était déjà relancée en Ukraine, montre à quel point le pape François et son secrétaire d’État jugent cette entente capitale.

L’accord reste fragile, et ce d’autant plus que dès les lendemains du renouvellement de 2022, les autorités chinoises ont procédé à des nominations de leur propre chef dans le Jiangxi et surtout à la tête de l’archevêché de Shanghai, ce que le pape François a fini par accepter après coup [20]. Comme ailleurs, cet accord ne semble pas apporter d’avantage visible immédiat à l’Église catholique. Le pape François a pour l’instant été déçu dans ses espoirs de rencontrer le président Xi Jinping, dont il espérait jusqu’au dernier moment qu’il ferait un passage par le Vatican lors de la visite qu’il a effectuée à Rome en 2019 pour conclure l’accord de participation de l’Italie au projet de nouvelles routes de la soie [21]. Mais là aussi, le pape François et l’administration vaticane se placent dans la longue durée : au-delà des humiliations présentes, il est essentiel pour la papauté de nouer un lien avec la Chine populaire dans une Asie où, à l’inverse de ce qui se passe à l’Ouest, le christianisme se développe et est porté par la globalisation et le contact avec les Etats-Unis. Et à terme, la Chine pourrait aussi voir dans le catholicisme ou l’orthodoxie une alternative au christianisme évangéliste et protestant venu de Corée du Sud et des Etats-Unis. La République populaire de Chine en pleine transformation comme le Vatican s’inscrivent dans le temps long, au-delà de l’actualité quotidienne, et la formule de Romano Prodi, invité à présenter l’ouvrage sur l’accord entre le Vatican et la Chine de Agostino Giovagnoli et Elisa Giunipero n’est pas fausse : « en ce moment, Palerme c’est l’inverse de Pékin. Dans le Guépard, il faut que tout change pourque rien ne change, tandis qu’à Pékin, il faut que rien ne change pour que tout change » [22].

Au total, on voit donc comment touche par touche, la papauté de François, actant l’essor de l’Asie et la désoccidentalisation du monde, a fait le pari de se placer comme un partenaire constructif des BRICS et du nouveau pôle eurasiatique qui commence à se dessiner autour de la Chine et de la Russie, vers lequel gravitent de plus en plus des pays comme l’Inde, les pays du Golfe et la Turquie. La papauté se tourne également de plus en plus vers l’Asie, et à cet égard le choix de la Corée du Sud pour l’organisation des Journées mondiales de la Jeunesse de 2027 ne doit rien au hasard. Par un aspect, il s’agit bien d’une politique complémentaire des logiques de la globalisation, qui converge vers une Chine qui est devenue le pôle central de la mondialisation par sa production et sa puissance économique. Mais, entre les pays du Golfe, la Russie, la Chine, la papauté s’est aussi liée à sa manière avec des pays qui n’ont pas entièrement abandonné ni l’idée de nation, ni celle d’un monde multipolaire opposé à l’idée d’un ordre globalisé post-national.

C’est le grand paradoxe du pape François : résolument opposé aux « souverainismes » à l’Ouest, il se tourne vers des régimes forts à l’Est, auprès desquels il cherche des points d’équilibre face à la globalisation portée par l’Occident et ses excès. Mais ce faisant, la papauté de François a aussi pris le risque de se retrouver en porte-à-faux avec les évolutions d’un monde occidental qui n’avait pas renoncé à arrimer l’Ukraine pour y réduire l’influence russe, comme l’avait d’ailleurs théorisé Z. Brzeziński dans « Le Grand échiquier » en 1997, et qui, avec son soutien au mouvement de Maïdan en 2013-2014, a peut-être précipité un affrontement global contre la Russie et, en arrière-plan, la Chine, lequel prend de plus en plus l’accent d’une guerre des civilisations. Tout ce que le pape François avait voulu éviter avec son jeu d’équilibriste sur le fil du rasoir.

Succès tactiques, revers stratégique

Le pape François a remporté de nombreux succès tactiques, signe du poids institutionnel que conserve l’Église catholique, mais à l’arrivée, tous ces succès l’ont amené à se retrouver dans une situation critique. Le climat aux Etats-Unis et en Europe, alimenté par les mouvements progressistes auxquels s’est allié la papauté, est de plus en plus hostile à cette dernière. Mais surtout, tout l’équilibre que la papauté de François a essayé de construire a été renversé par la guerre russe en Ukraine, présentée à l’Ouest comme une guerre absolue pour les libertés, la démocratie et les valeurs progressistes ; et dans le discours russe, repris notamment par le patriarche Cyrille et partagé par une large partie de la population, comme une résistance face aux croisades progressistes occidentales. De fait, le pouvoir et les médias russes ont été attentifs à mettre en scène l’entente entre les différentes autorités religieuses du pays, musulmanes, juives, chrétiennes, bouddhistes, et la camaraderie de combat entre les Tchétchènes musulmans et les soldats orthodoxes pour lutter contre les valeurs occidentales. Un discours qui n’est pas seulement à usage interne, mais qui est aussi tourné vers les pays du Sud.

Le pape François, avec son discours de paix cherchant à ménager Moscou tout en étant acceptable par les Occidentaux a été d’emblée en butte aux critiques permanentes des autorités et des médias ukrainiens, qui ont identifié en lui le seul point de résistance parmi les dirigeants occidentaux à l’idée du « quoi qu’il en coûte ». Le fait d’avoir invité une femme ukrainienne et une femme russe à porter ensemble la Croix lors du chemin de Croix des fêtes de Pâques de 2022, afin de symboliser les souffrances communes des deux peuples et le refus de la guerre, a été considéré comme un acte intolérable du côté de Kiev. Après les protestations officielles de l’ambassadeur ukrainien auprès du Vatican ou du primat Sviatoslav Chevtchouk, le président Zelensky en personne a critiqué le pape à la télévision italienne dans une émission très regardée, « Porta a Porta » de Bruno Vespa [23]. Le fait que le pape ait exprimé sa compassion pour Daria Douguina après son assassinat a valu au nonce pontifical à Kiev une convocation par les autorités du pays pour condamner l’attitude du pontife [24].

Il est vrai que dès les premiers jours de relance du conflit, le pape François s’est rendu en personne auprès de l’ambassade russe auprès du Vatican, le 25 février 2022. Plus encore, il a refusé l’invitation de se rendre à Kiev, que lui avait notamment transmise le président Zelensky, expliquant qu’il jugeait plus utile de se rendre d’abord à Moscou, sans doute parce que les autorités russes avaient transmis le message qu’une visite du pontife à Kiev aurait signifié une rupture des relations. Mais en échange, celles-ci n’ont pas répondu à la proposition du pape François de se rendre à Moscou, ce qui aurait été une manière pour le pontife d’obtenir enfin une grande première, voulue avant lui par Jean-Paul II puis Benoît XVI. François, privé de son voyage de faiseur de paix, est resté à Rome [25]. Tout en reconnaissant le droit des Ukrainiens à se défendre et en évitant de répondre de manière trop directe à la question de savoir s’il pensait que c’était une bonne chose d’envoyer des armes à Kiev, le pontife a relevé comment la guerre avait transformé l’Ukraine en un champ d’expérimentation pour l’industrie de l’armement des différents protagonistes [26]. Le pape François l’a encore dit très clairement : « Il y a actuellement une guerre qui est en cours, et je crois que ce serait une erreur que de penser qu’il s’agit d’un film de cowboys avec les gentils et les méchants » - ou, pour reprendre une autre de ses expressions, qu’il y aurait d’un côté le grand méchant loup et de l’autre le petit chaperon rouge [27].

Or ce positionnement a mis le pontife complètement en porte-à-faux avec le discours adopté en Occident, ce qui l’a obligé, face au tir de barrage de l’ensemble des médias italiens et occidentaux, à se retrouver dans une sorte de balancement permanent, passant sans cesse d’un narratif à l’autre [28]. Le pape François n’a pas hésité à parler de la responsabilité dans le conflit de l’OTAN et « de ses aboiements aux portes de la Russie » [29], pour faire ensuite marche arrière devant le tollé et recevoir en toute urgence quelque jours plus tard les veuves éplorées des combattants du bataillon Azov [30]. Plus grave encore, le pape François en vient à commettre une véritable gaffe, lorsque dans un entretien accordé à une revue jésuite états-unienne (et s’adressant donc à un public a priori très hostile à la Russie), il met sur le compte des seuls combattants « n’appartenant pas à la tradition russe, Tchétchènes, Bouriates et autres » les crimes dont les troupes russes ont été accusées, déclenchant une tempête de protestations [31]. À force de vouloir concilier l’inconciliable, les accusations ukrainiennes et occidentales de crimes contre l’humanité adressées à la Russie et la volonté de ménager cette dernière, le pape François s’est non seulement mis dans une position difficile avec la Russie qu’il voulait épargner, et dont les autorités ont eu beau jeu en retour de souligner l’aspect multiethnique et pluriel du pays [32], obtenant de la part du Vatican des excuses humiliantes, mais il a en plus prêté le flanc à une accusation de racisme qui relève pour le moins d’une grande maladresse lorsque l’on connaît les positions habituelles du pape François.

Après bien des tergiversations, et après que les autorités kiéviennes aient répété à l’envie qu’elles n’avaient pas besoin de médiation, mais d’armes, le pape François a fini par recevoir le président ukrainien Volodimir Zelensky lors de son passage par Rome le 13 mai 2023, une rencontre qui s’est mal passée, ce qui a été commenté dans la presse italienne dès le lendemain [33]. Il est vrai que le pape François espérait convaincre le président ukrainien d’accepter au moins formellement une forme de médiation vaticane, tandis que celui-ci est simplement venu avec une liste d’exigences, demandant sans ambages au pape de souscrire à une condamnation univoque de la Russie et au « plan de paix Zelensky » consistant à demander à la Russie sa capitulation sans conditions et le jugement de ses dirigeants [34]. Le pape François s’est ainsi une nouvelle fois mis en position d’être publiquement humilié lorsqu’après la rencontre, le président Zelensky a pu retourner à « Porta a Porta  » devant un panel très déférent représentant le gratin de la presse italienne, pour répéter en direct, et cette fois-ci sans guère de ménagements, que l’Ukraine n’avait pas besoin de médiateurs [35].

Dans ce contexte, les atermoiements du pape François ont réussi à rallier contre lui une large coalition des courants les plus opposés au sein du catholicisme. Dans un Occident qui fait bloc, le soutien à l’Ukraine voit s’unir fraternellement l’Église allemande favorable au mariage gay [36], la conférence épiscopale états-unienne, dont le nouveau président, Timothy Broglio, ancien archevêque pour les forces armées, s’est rendu en Ukraine immédiatement après son élection [37], ainsi que les catholiques ultraconservateurs qui n’avaient cessé de mener la guérilla contre toutes les décisions du pape [38]. L’Église gréco-ukrainienne a pu prendre sa revanche, et son primat Chevtchouk multiplier les interviews critiquant toute la politique menée par le pape François [39], même si, malgré les attentes de certains, le pape François a évité de mettre le nom de Sviatoslav Chevtchouk parmi la liste des nouveaux cardinaux promus en juillet 2023, ce qui lui a valu des critiques acerbes [40].

Et comme un problème ne vient jamais seul, c’est dans ce contexte que le pape François a fini par voir arriver au pouvoir en Italie les nationalistes emmenés par Giorgia Meloni. Celle-ci, dont le parti était électoralement encore très minoritaire en 2019, a été finalement élue en septembre 2022 parce que son parti, Fratelli d’Italia, était le seul parti important à être resté en dehors de la coalition menée par Mario Draghi, à laquelle avait participé même la Ligue de Matteo Salvini. L’opération Draghi s’est ainsi mal terminée. Celui-ci n’a pas réussi non plus à utiliser sa position de Président du Conseil pour être élu en janvier 2022 à la tête de la République italienne, comme beaucoup l’anticipaient. La candidature alternative d’Andrea Riccardi est, elle, restée dans les sables [41]. Finalement, Sergio Mattarela a été réélu, nonobstant son grand âge, comme une solution d’attente. Or, au-delà du discours de rupture utilisé par Giorgia Meloni et son parti pendant la campagne électorale, le nouveau gouvernement italien s’est inscrit dans les pas de ses prédécesseurs, en faisant de sa politique atlantiste le pivot de son inscription européenne. Giorgia Meloni, naguère jugée infréquentable, a ainsi pu acquérir sa place dans le système européen en se distinguant par ses prises de position en faveur de l’Ukraine, qui se rapprochent davantage de celles de la Pologne du PIS, un de ses modèles politiques, que de l’Allemagne ou la France.

Plus encore qu’un Matteo Salvini ou qu’un Silvio Berlusconi, lequel, suivant la vieille tradition de la politique italienne avait toujours été porté à la négociation avec Moscou, Giorgia Meloni, incarne cette fois-ci bel et bien la revanche d’une forme de conservatisme se réclamant du catholicisme combiné avec un nationalisme, un occidentalisme et un atlantisme aux antipodes du pape François. C’est ainsi très logiquement que le gouvernement italien a décidé de sortir des accords de participation aux nouvelles routes de la soie avec la Chine qu’avait signé le gouvernement de Guiseppe Compte, autre signe d’éloignement visible de la ligne pontificale [42].

C’est un des paradoxes de la guerre russe en Ukraine : le monde des libéraux progressistes a finalement permis avec la guerre le retour en force de nationalismes très droitiers, mais aussi très occidentalistes et atlantistes, de la Pologne à l’Italie, pour ne pas parler de l’Ukraine elle-même. Cependant, derrière l’apparente solidarité de l’Europe en rang serré derrière Washington, les tensions sont exacerbées entre Européens eux-mêmes, alors que réapparaît une configuration qui peut rappeler celle qui était apparue lors de l’invasion de l’Irak en 2003 : la Pologne, les pays baltes mais aussi une certaine Italie, celle de Giorgia Meloni, peuvent incarner l’esprit de revanche contre la France et l’Allemagne de pays qui se sentent lésés par les équilibres européens, et qui jouent pour compenser la carte de meilleur allié des Etats-Unis. C’est ainsi que le pape François se retrouve complètement à contre-courant, et cerné de toutes parts, dans une Europe qui voit s’unir les progressistes sociétaux les plus radicaux et les conservateurs nationalistes.

De fait, les catholiques du pape François se sont retrouvés mis en accusation dès les premiers jours de la relance du conflit, alors qu’ils ont essayé de mettre en avant l’idée d’une négociation plutôt que d’une escalade du conflit. Le mouvement Sant’Egidio a lancé dès le 25 févier 2022 un appel à faire de Kiev une ville ouverte pour le moins ambigu compte tenu du contexte [43]. Le 5 avril 2023, le même mouvement a organisé une grande marche à Rome pour appeler au cessez-le-feu, où certains commentateurs peu amicaux ont relevé l’absence de drapeaux ukrainiens [44]. La communauté Sant’Egidio joue en effet plus que jamais un rôle clé dans la diplomatie vaticane, continuant de cultiver en particulier les rapports avec le patriarche de Moscou Cyrille, en parallèle avec l’action de la secrétairerie d’État, qui semble plus proche de la ligne des puissances occidentales, en particulier par la voix de son Secrétaire pour les relations avec les États, Paul Gallagher [45].

Il n’est donc pas étonnant que ce soit le cardinal Matteo Zuppi, lié à la communauté Sant’Egigio, qui ait été chargé par le pape François de jouer le rôle d’intermédiaire pour l’initiative de paix pontificale dans ce qui apparaît comme une forme de diplomatie parallèle. Au moment où le président Zelensky refusait l’idée de médiation vaticane, Andrea Riccardi s’impliquait plus que jamais pour soutenir l’initiative du cardinal Zuppi, appelant à une « paix impure », expression qu’il dit avoir reprise à Emmanuel Macron, lequel a lui aussi été régulièrement critiqué par les milieux atlantistes pour son manque d’enthousiasme et ses velléités de négociation, même s’il a finalement toujours accompagné l’ensemble des décisions de l’OTAN ou de Washington [46]. Le cardinal Zuppi s’est ainsi lancé dans sa tournée de négociations en se rendant notamment à Moscou rencontrer le patriarche Cyrille, avant d’aller à Kiev ou aux Etats-Unis. Il semble également que le pape François ait proposé au patriarche Cyrille de le rencontrer dans un aéroport moscovite au son retour de son voyage de Mongolie, sans que cela n’ait été ni confirmé ni infirmé par les autorités vaticanes [47].

Cette politique, qui semble tellement à contrecourant et qui est vivement condamnée par une large partie des acteurs catholiques, qui ne la comprennent pas, est cependant d’abord liée au fait que le pape François continue de voir plus loin, au-delà du simple récit médiatique sur le conflit ukrainien. Et surtout, l’attitude de la papauté s’explique par le fait qu’elle a aussi ses antennes dans les pays du Sud. Or le problème, une fois que l’on sort de la bulle informative des pays occidentaux, est que nombre de pays sont loin de se ranger de manière unanime derrière l’Occident, et voient même dans ce contexte l’occasion de faire évoluer le monde vers un ordre multipolaire qui leur serait plus favorable. Dans le fond, le pape François a sur ce point la même position que son Argentine natale ou que le continent latino-américain. Si l’on élargit le spectre, on peut dire que l’alliance entre la Russie et la Chine s’est maintenue à l’épreuve du conflit. L’Inde de Modi, en pleine affirmation nationaliste, même en gardant des relations avec les Etats-Unis, reste proche de la Russie. Son ministre des affaires étrangères a d’ailleurs vivement répondu lorsque des ministres européens sont venus exiger un alignement sur leurs sanctions envers la Russie [48]. La présence française et européenne est en difficulté en Afrique, et la cause ukrainienne n’est guère populaire sur le continent, dont les dirigeants n’ont pas fait de difficultés à se rendre en nombre au sommet Russie-Afrique organisé à Saint-Pétersbourg à la fin juillet 2023 [49]. L’Union européenne a encore pu constater récemment les limites de sa diplomatie avec le sommet de juillet 2023 entre l’Union européenne et la Communauté d’États latino-américains et caraïbes, au cours duquel le président Zelensky n’a pas reçu d’invitation à s’exprimer, et qui s’est terminé sur une déclaration finale très éloignée des attentes des Européens – le premier ministre polonais étant obligé de constater en conférence de presse qu’« ici, en Europe, c’est difficile à imaginer mais, en Amérique latine, la Russie est présentée comme un pays pacifique attaqué par l’Otan » [50]. Plus encore, les candidatures se sont multipliées pour entrer dans les BRICS ou dans l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui servent de relais aux influences chinoise et russe. Et dans le fond, même Israël, allié stratégique des Etats-Unis, hésite à remettre en cause ses relations avec la Russie, qui lui servent à stabiliser la situation dans la région, au moment où le pays est secoué par des manifestations de masse contre le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui n’est pas dans les meilleurs termes avec l’administration démocrate de Washington.

Les classes dirigeantes occidentales ne semblent apparemment pas avoir pris la mesure de la montée en puissance des pays du Sud, qui leur permet de s’exprimer d’une manière de plus en plus indépendante. À cela s’ajoute une forme de ressentiment qui, s’il parlera d’héritage colonial et post-colonial, doit surtout beaucoup aux erreurs des dernières années et aux limites du modèle de la globalisation occidentale. La réalité en 2023 est celle d’un monde en crise économique depuis au moins 2008, et où, derrière les taux de croissance affichés, seule la Chine a pu vraiment s’affirmer, mais avec un modèle très éloigné des règles du libre-échange occidental. La capacité russe à tenir depuis 2014 sous le coup des sanctions occidentales, et même à développer son industrie de l’armement, montre aussi un aveuglement occidental quant à la transformation du pays, qui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était dans les années 1990. En revanche les décennies perdues se sont ajoutées les unes aux autres pour l’Amérique latine, l’Afrique et même dans le fond l’Europe communautaire, au-delà de l’accroissement exponentiel des revenus d’une part très réduite des catégories dirigeantes de ces différents ensembles. Le ressentiment existe d’ailleurs aussi à l’Est du continent européen, même si dans certains pays, comme en Pologne, et peut-être même à présent en Italie, il peut prendre la forme paradoxale d’un hyperoccidentalisme, rêvant de revanche contre l’Europe communautaire progressiste de Bruxelles et du moteur franco-allemand.

Mais dans le fond, la dégradation des conditions économiques d’une large partie de la population et la baisse de l’espérance de vie aux Etats-Unis montre la crise même du centre du modèle occidental, qui n’a plus la capacité de dominer sans partage industriellement et technologiquement ses adversaires, aussi bien en raison de la crise éducative et sociale que traverse l’Occident, que de l’incapacité des pays occidentaux à prendre la mesure des transformations vécues depuis trente ans par la Chine, la Russie, l’Inde, le golfe Persique et le monde en général, où les économies occidentales ont délocalisé une large part de leurs appareils productifs et industriels, en pensant que ces pays resteraient toujours sous-développés et incapables de rivaliser avec elles. La perte de prestige de l’Occident est enfin due à la destruction les dernières années au nom des libertés et de la démocratie de toute une suite de pays, Afghanistan, Irak, Yémen, Lybie, Syrie, sans oublier la déstabilisation permanente de l’Iran ou du Venezuela, ce qui a permis à la Russie et la Chine d’engranger sur ces erreurs, en parlant de diplomatie multilatérale et de stabilité.

En d’autres termes, la guerre russe en Ukraine a accéléré le rapprochement entre des pays très différents, mais qui ont en commun de chercher à s’affirmer dans un nouveau rôle sur la scène internationale. Or la papauté de François, qui continuait une tendance longue du catholicisme, reposant sur la transformation de sa géographie, avait tout fait pour anticiper un tel mouvement et essayer, autant que possible, d’en être un acteur central. D’une certaine manière, l’ensemble russo-chinois, lorsqu’il travaille par exemple à rapprocher l’Iran et l’Arabie Saoudite que toute la politique américaine cherchait jusque-là à diviser, est en train de récupérer à son profit un positionnement qui était justement celui du pape François et ses prédécesseurs, tandis que le Vatican risque de se retrouver mis dans un coin, enfermé dans un ensemble occidental où le catholicisme est de surcroît mis à mal par les progressismes.

Les jeux ne sont pas faits

Tout cela se termine par un nouveau paradoxe. Au bout du compte, la personnalité politique occidentale qui aura la position la plus proche du pape François – et de la communauté Sant’Egidio- sur la question ukrainienne est leur ennemi de toujours, Donald Trump, qui mène largement sa campagne pour l’élection présidentielle de 2024 sur le thème du refus de la guerre. La situation est dupliquée en Italie où les appels à la paix du journal « Avvenire » rencontrent les voix plus critiques d’une gauche représentée par le journal « Fatto quotidiano » et par une partie du Mouvement cinq étoiles, à laquelle donne voix notamment l’ancien président du conseil, Guiseppe Comte [51], tandis que Matteo Salvini reste mis en accusation pour sa proximité avec la Russie. De Washington à Rome, la papauté de François et le mouvement de Sant’Egidio se retrouvent à leur corps défendant à rejoindre le camp « populiste » rejeté par l’ « establishment » occidental, symétrique inversé de l’alliance des progressistes et des conservateurs atlantistes. Toutes les surprises sont encore possibles : les recompositions du monde à venir n’ont pas fini de nous surprendre et il s’agit d’une des grandes difficultés de l’analyse alors que les événements s’accélèrent. La crise des sociétés occidentales, qui est aussi une crise idéologique et religieuse, se traduit par la multiplication des tensions, le délabrement du cadre démocratique, la prolifération de revendications particularistes, le tout dans un monde où les conflits ne cessent de monter et où la position des pays occidentaux continue de se dégrader. Il ne s’agit cependant pas ici d’un état normal des choses, mais des marqueurs d’une situation de crise, de transition entre un système qui se défait et un nouveau monde qui mettra encore bien des années à se dessiner, lequel promet encore bien des recompositions.

Le pape François est arrivé pour faire face à cette période de rupture du système mondial, marquée par une crise de la coopération internationale qui était au cœur de la géopolitique portée par le Vatican. Plus en profondeur, cette crise est celle du monde contemporain lui-même : comme les deux premières Révolutions industrielles, l’ère de la troisième Révolution industrielle et de l’Intelligence artificielle met en crise les sociétés, pose des questions philosophiques et métaphysiques fondamentales, refait surgir des mouvements radicaux et destructeurs, des pulsions totalitaires pour faire du passé table rase. Comme les deux premières Révolutions industrielles, la nouvelle mutation en cours bouscule les hiérarchies, et met en difficulté les pays du centre, qui pensaient dominer la situation, tandis que de nouvelles puissances, Chine, Inde mondialisées, émergent d’une marge qui était au contact des pays du centre. Or les nouvelles puissances qui feront les équilibres de demain imposeront aussi des modèles sociaux inédits, qui changeront les manières de voir le monde et qui devront recréer des manières de croire et de faire corps commun, sans lesquelles une société ne peut fonctionner. Et il n’est pas dit qu’un des changements du XXIe ne soit pas de passer d’un monde dominé par une ou plusieurs grandes puissances à un monde beaucoup plus diversifié, en réseau, avec des pôles de pouvoir, mais aussi avec une capillarité permettant à un nombre beaucoup plus grand d’acteurs de jouer un rôle significatif.

Dans cette perspective, le cap tracé par le pape François, cherchant malgré tout à tenir la ligne d’un dialogue des civilisations, refusant l’occidentalisme et pariant sur le temps long est loin d’être absurde. Quelles que soient les péripéties du moment, il est même sans doute en phase avec ce que risquent d’être les grandes tendances du XXIe siècle, à savoir la fin de la domination unipolaire du monde par l’ordre atlantique, et l’émergence dans la douleur d’un nouvel ordre – toute la question est de savoir comment exactement se fera cette émergence, sur combien de décennies, et au prix de quelles souffrances. À vrai dire, la direction insufflée par le pape François n’est pas vraiment un choix. Elle est dans l’ordre des choses, et d’une Église devenue véritablement mondiale : c’est ce contexte qui a amené le cardinal Bergoglio sur le trône de saint Pierre, et c’est elle qui s’imposera à son successeur, quel qu’il soit. Cependant, la tâche sera encore plus considérable pour celui-ci, qui devra recoller les morceaux d’un ensemble de plus en plus fracturé, à l’image du monde.

Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que l’on parle désormais de la possibilité d’un schisme au sein du monde catholique, même s’il s’agit pour l’instant surtout d’une peur à conjurer. Le problème est que malgré tout son universalisme, la papauté a été construite à travers les siècles autour d’un gouvernement romain et européen, qui parlait certes au monde mais dont les rouages restaient très italiens, et ont été construits pour gérer la diversité française, hispanique, centre-européenne – l’Allemagne et l’Angleterre du XVIe siècle s’étaient déjà montrées trop diverses pour être pleinement intégrées à cet ensemble. Or à présent, l’Église catholique doit unir en son sein des mondes très différents, de l’Argentine à Hong-Kong en passant par l’Afrique. Le pape François a d’ailleurs veillé à ce que le prochain conclave soit une première dans l’histoire du catholicisme par la composition de son collège cardinalice. Ce n’est pas seulement que le collège sera international comme jamais. Mais surtout, François a été attentif à promouvoir des cardinaux de terrain, venus de villes secondaires, éloignés de la Curie romaine, possédant peu ses codes culturels. Le conclave réunira donc des cardinaux se connaissant mal, très différents entre eux.

En ce sens, l’Église catholique est aussi un des laboratoires du nouveau monde à venir. Cependant, ses difficultés, au-delà de l’état général du monde qu’elle reflète, sont aussi celles d’une Europe post-étatique, post-nationale et presque sortie de l’histoire, dont l’idéologie a si bien imprégné l’Église catholique elle-même depuis les années 1960. Mais à vrai dire, l’état de crise permanente, d’apesanteur idéologique de l’Europe communautaire d’aujourd’hui ne peut pas non plus être un modèle destiné à durer sur la longue durée, alors que les conflits ne cessent de monter, au sein des États européens eux-mêmes comme dans les régions qui entourent le continent, dont le Proche-Orient à nouveau embrasé depuis le 7 octobre 2023. Or la difficulté de l’Église catholique, c’est qu’elle reste liée à Rome. Elle est par définition implantée dans une Europe dont elle ne peut pas s’exfiltrer.

La papauté de François montre en ce sens aussi les limites d’un catholicisme trop post-européen. Une nouvelle fois, l’Église catholique et l’Europe sont liées dans leur destin, l’affaiblissement de l’une entraînant celui de l’autre. La question pour l’Europe communautaire reste de retrouver une conception de l’État, du service public, de la solidarité, de la manière de faire corps commun, un réalisme politique qui font partie de son patrimoine, mais qu’il faut refonder à l’aune des transformations en cours. Cette question se pose aussi pour l’Église catholique qui a gardé l’empreinte de ce même modèle, malgré toute la volonté de nombre de catholiques européens de sortir de « l’âge constantinien ». En ce sens, le laboratoire catholique et sa capacité à parler au monde sont aussi liés à une refondation européenne qui relèverait d’une autre surprise de l’histoire.

Accéder à la première partie de l’article : La géopolitique du pape François est-elle un défi à l’ordre atlantique ? Première partie Le pape François face à l’Occident

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Docteur en histoire, ancien membre de l’École française de Rome et diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris. Maître de conférences à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne en histoire médiévale, il est également membre de l’UMR 8167, Orient et Méditerranée. Ses recherches portent en particulier sur l’histoire de la papauté et ses relations avec les mondes orientaux et asiatiques. Il est notamment l’auteur d’une Histoire de la papauté en Occident publiée dans la collection Folio Histoire.

[1NDLR L’Argentine, l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran, qui avaient auparavant manifesté leur intérêt à rejoindre les BRICS, sont officiellement invités le 24 août 2023 à rejoindre le « bloc » dès le 1er janvier 2024. Cf AB Pictoris, Carte. « Les BRICS : une plateforme de coopération entre pays émergents qui s’élargit en 2024 », Diploweb.com, 26 août 2023 https://www.diploweb.com/Carte-Les-BRICS-une-plateforme-de-cooperation-entre-pays-emergents-qui-s-elargit-en-2024.html

[2Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune,(https://www.vatican.va/content/francesco/fr/travels/2019/outside/documents/papa-francesco_20190204_documento-fratellanza-umana.html).

[3Rencontre du saint-père avec les journalistes au cours du vol vers Manille, 15 janvier 2015 (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2015/january/documents/papa-francesco_20150115_srilanka-filippine-incontro-giornalisti.html).

[4Sandro Magister, « Francesco, Al-Tayyeb, Al-Sistani. Il miracolo della triplice intesa », Settimo Cielo, 9 novembre 2021 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2021/11/09/francesco-al-tayyeb-al-sistani-il-miracolo-della-triplice-intesa/) ; Marco Politi, La solitude de François, Paris, Philippe Rey, 2020, p. 55-57.

[5Pour plus de détails nous renverrons à l’étude que nous avons publiée sur Diploweb sous le titre « Le monde orthodoxe, un objet géopolitique méconnu », https://www.diploweb.com/Le-monde-orthodoxe-un-objet-geopolitique-meconnu.html

[6Voir l’appel fait au cours de l’audience générale du mercredi 4 février 2015 (qui n’a pas été repris dans la version française publiée sur le site du Vatican, mais que l’on trouve dans la version originale italienne : https://www.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2015/documents/papa-francesco_20150204_udienza-generale.html).

[7Lettre du pape François au président de la Fédération russe, M. Vladimir Poutine, à l’occasion du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, 4 septembre 2013 (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/letters/2013/documents/papa-francesco_20130904_putin-g20.html).

[8Sandro Magister, « In Ucraina, tra ortodossi e cattolici, Francesco si schiera con Mosca », Settimo Cielo, 8 juin 2018 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2018/06/08/in-ucraina-tra-ortodossi-e-cattolici-francesco-si-schiera-con-mosca/).

[9« “Two Parallel Worlds” – An Interview with His Beatitude Sviatoslav », Information Resource of Ukrainian Greek-Catholic Church, 14 février 2016 (https://archives.ugcc.ua/en/interview/two_parallel_worlds__an_interview_with_his_beatitude_sviatoslav_75970.html).

[10« Full text of joint declaration signed by Pope Francis and Patriarch Kirill », Catholic New Agency, 12 février 2016 (https://www.catholicnewsagency.com/news/33401/full-text-of-joint-declaration-signed-by-pope-francis-and-patriarch-kirill).

[11Voir l’interview citée plus haut n. 82.

[12Voir article cité plus haut n. 81.

[13« La rencontre entre le Pape et Kirill en juin annulée », Vatican News, 22 avril 2022 (https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2022-04/rencontre-pape-francois-patriarche-moscou-kirill-jerusalem.html).

[14Là aussi, pour une étude plus détaillée, nous renverrons à notre étude publiée sur Diploweb en 2019, Chine et Vatican, l’amorce d’une nouvelle relation stratégique ?

[15Voyage apostolique du pape François en Thaïlande et au Japon, conférence de presse au cours du vol de retour, mardi 26 novembre 2019 (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2019/november/documents/papa-francesco_20191126_voloritorno-giappone.html).

[16Nicolas Hagerty, « Interview : Cardinal Joseph Zen (陳日君) », New Bloom Magazine, 12 mars 2019 (https://newbloommag.net/2019/12/03/cardinal-zen-interview/) ; « Zen challenges Parolin over China deal claims », Catholic News Agency, 7 octobre 2020 (https://www.catholicnewsagency.com/news/46131/zen-challenges-parolin-over-china-deal-claims), et voir aussi le texte publié sur le blog du cardinal en octobre 2020 (https://oldyosef.hkdavc.com/?m=202010).

[17Il s’agit de l’ouvrage effectivement utile pour comprendre ces accords et leur histoire de Agostino Giovagnoli, Elisa Giunipero, L’Accordo tra Santa Sede e Cina. I cattolici cinesi tra passato e futuro, Rome, Urbaniana University Press, 2019. Sur la cérémonie de lancement de l’ouvrage voir par exemple Alessandro Gisotti, « Santa Sede-Cina : la porta è aperta »
Vatican News, 27 septembre 2019 (https://www.vaticannews.va/it/vaticano/news/2019-09/santa-sede-cina-porta-aperta.html).

[18Voir la réaction de Pietro Parolin, soutenant le cardinal tout en espérant que son arrestation ne bloquera pas le dialogue entre la Chine et le Saint-Siège (Salvatore Cernuzio, « Parolin : vicino a Zen, speriamo non si complichi il dialogo Santa Sede-Cina », Vatican News, 13 mai 2022 - https://www.vaticannews.va/it/vaticano/news/2022-05/parolin-luciani-gregoriana-ucraina-zen-pace.html) ou la réaction très pondérée du pape François lors de la conférence de presse tenue dans l’avion au retour de son voyage au Kazakhstan le 15 septembre 2022 https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2022/september/documents/20220915-kazakhstan-voloritorno.html).

[19« Le Pape François a reçu le cardinal Zen, évêque émérite de Hong Kong », Vatican News, 7 janvier 2023 (https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2023-01/pape-francois-cardinal-zen-chine-hong-kong.html).

[20« Chine : le pape entérine la nomination par Pékin d’un évêque sans son accord », AFP/Figaro, 15 juillet 2023 (https://www.lefigaro.fr/flash-actu/chine-le-pape-enterine-la-nomination-par-pekin-d-un-eveque-sans-son-accord-20230715).

[21Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 219-225.

[22Voir plus haut n. 90 et Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 234.

[23Émission du 12 mai 2022 (https://www.raiplay.it/video/2022/05/Intervista-a-Volodymyr-Zelensky---Porta-a-porta-12052022-84e5d3b3-012a-4842-b010-8609d9ebadee.html - le passage en question est à la quarantième minute de l’entretien). Voir aussi Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 276-278.

[24Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 280.

[25Luciano Fontana , « Intervista a Papa Francesco : “Putin non si ferma, voglio incontrarlo a Mosca. Ora non vado a Kiev” », Corriere della Sera, 3 mai 2002 (https://www.corriere.it/cronache/22_maggio_03/intervista-papa-francesco-putin-694c35f0-ca57-11ec-829f-386f144a5eff.shtml) ou Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 274-275.

[26Autre extrait de l’interview du 3 mai donnée dans le Corriere della Sera.

[27Citation prise dans l’entretien du pape avec les jésuites du Kazakhstan lors de sa visite dans le pays en septembre 2022, publié dans La Civiltà Cattolica. Dans cet entretien, où le pape François appelle à se « libérer de la haine », le pontife explique également, signe des pressions subies, comment il a été mal compris et obligé de se justifier devant l’épiscopat catholique ukrainien, démarche pour le moins inhabituelle de la part d’un pape (Antonio Spadaro « “Liberare i cuori dall’odio”. Papa Francesco incontra i gesuiti della Regione russa », La Civiltà Cattolica, 1 octobre 2022 : https://www.laciviltacattolica.it/articolo/liberare-i-cuori-dallodio-papa-francesco-incontra-i-gesuiti-della-regione-russa/). Pour la référence au petit chaperon rouge, voir l’interview du 19 mai 2022 de la Civiltà Cattolica citée à la note 103.

[28Pour un résumé de ces oscillations, voir l’ouvrage de Massimo Franco, L’enigma Bergoglio, Milan, Solferino, 2023, p. 271-285.

[29Cette formule, que l’on trouve dans l’entretien publié le 3 mai 2022 dans le Corriere della Sera n’est pas une simple maladresse que le pape François aurait par la suite regrettée. Il l’a reprise dans une première interview avec dix directeurs de revues culturelles jésuites réalisée le 19 mai 2002 et publiée le 18 juin dans la Civiltà Cattolica. À cette occasion, le pape François expliquait que cette expression aurait été en fait celle d’un chef d’État qui serait venu le voir alarmé en décembre 2021 pour l’avertir des conséquences de la politique de l’OTAN dans la région – on se rappellera qu’en effet, le 17 décembre 2021, la Russie avait remis aux puissances occidentales deux textes de négociation sur les rapports entre l’OTAN et la Russie, qui avec le recul apparaissent comme un dernier ultimatum avant le début du conflit, mais qui reçurent une fin de non-recevoir. La même explication a été reprise par le pape lors de son entretien avec les jésuites du Kazakhstan du 15 septembre 2022 cité plus haut (Luciano Fontana , « Intervista a Papa Francesco : “Putin non si ferma, voglio incontrarlo a Mosca. Ora non vado a Kiev” », Corriere della Sera, 3 mai 2002 (https://www.corriere.it/cronache/22_maggio_03/intervista-papa-francesco-putin-694c35f0-ca57-11ec-829f-386f144a5eff.shtml) ; Antonio Spadaro, « Papa Francesco in conversazione con i direttori delle riviste culturali europee dei gesuiti », La Civiltà Cattolica, 18 juin 2022, https://www.laciviltacattolica.it/articolo/papa-francesco-in-conversazione-con-i-direttori-delle-riviste-culturali-europee-dei-gesuiti/).

[31« Exclusive : Pope Francis discusses Ukraine, US Bishops and more, America », The Jesuit Review, 28 novembre 2022 : https://www.americamagazine.org/faith/2022/11/28/pope-francis-interview-america-244225.

[32Ces propos ont notamment déclenché une réaction très dure de la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova. Finalement, le Vatican a dû officiellement s’excuser sous la forme d’un message de son secrétaire d’État, Pietro Parolin, tandis que Maria Zakharova s’est offert de concéder que l’incident était clos, le pape ayant fait montre d’une « capacité à reconnaître ses erreurs devenue rare dans les relations internationales d’aujourd’hui » (John L. Allen Jr, « Russian reaction to new interview illustrates logic for papal ‘silence’ », Crux, 29 novembre 2022 : https://cruxnow.com/news-analysis/2022/11/russian-reaction-to-new-interview-illustrates-logic-for-papal-silence ; « Vatican apologizes for derogatory remarks against Chechens, Buryats, says diplomat », TASS, 15 décembre 2022 : https://tass.com/politics/1550937 ; pour la version originale : https://mid.ru/fr/press_service/video/posledniye_dobavlnenniye/1843964/?lang=ru#23).

[33Voir par exemple Sabrina Provenzani, « Guerra, strigliata del Papa a Zelensky : “Dalle armi nessuna speranza” », Fatto quotidiano, 15 mai 2023 (https://www.ilfattoquotidiano.it/in-edicola/articoli/2023/05/15/guerra-strigliata-del-papa-a-zelensky-dalle-armi-nessuna-speranza/7161326/) ou Gian Guido Vechi, « Francesco cauto dopo le difficoltà, e si limita agli sforzi umanitari », Corriere della Sera, 14 mai 2023 (https://www.corriere.it/politica/23_maggio_14/papa-francesco-zelensky-retroscena-d1052aa2-f1d0-11ed-b4c6-855122afe828.shtml ou http://ilsismografo.blogspot.com/2023/05/vaticano-papa-francesco-zelensky-e-il.html).

[34Voir l’analyse au titre explicite de Marco Politi, « Zelensky voleva spingere nell’angolo il Papa ma la Santa Sede non è stupida », Fatto quotidiano, 15 mai 2023 (https://www.ilfattoquotidiano.it/2023/05/15/zelensky-voleva-spingere-nellangolo-il-papa-ma-la-santa-sede-non-e-stata-stupida/7161575/).

[36On notera en particulier comment dès mars 2002, la conférence épiscopale allemande s’engage résolument en faveur de la livraison d’arme à l’Ukraine, dans un pays où cette question était encore particulièrement sensible : « Resisting Aggression, Winning Peace, Supporting The Victims : Declaration of the German Bishops’ Conference on the war in Ukraine », 10 mars 2022 (https://www.dbk.de/fileadmin/redaktion/diverse_downloads/presse_2022/2022-034a-engl-Declaration-German-Bishops-Conference-on-the-war-in-Ukraine.pdf).

[37Peter Pinedo, « Archbishop Broglio visits Ukraine, promises American solidarity », Catholic News Agency, 3 janvier 2023 (https://www.catholicnewsagency.com/news/253238/archbishop-broglio-visits-ukraine-promises-american-solidarity).

[38Certains de ces ultraconservateurs, remuant de vieilles rancœurs historiques, ont un discours sur l’orthodoxie et la Russie qui, au-delà même de l’obsession autour du communisme, semble renouer avec la peur ultramontaine de la Russie tsariste du XIXe siècle. On pourra voir par exemple les prises de position de Roberto de Mattei, « Il “Guerrone” e il “miracolo della Vistola” », Corrispondeza Romana, 3 août 2023 (https://www.corrispondenzaromana.it/il-guerrone-e-il-miracolo-della-vistola/) ou dans la série « Considerazioni storiche sul Patriarcato di Mosca », I-IV, Corrispondenza Romana, 16 février-8 mars 2023 (https://www.corrispondenzaromana.it/considerazioni-storiche-sul-patriarcato-di-mosca-1-parte/ et sq.)

[39Voir la traduction d’un de ses entretiens dans Sandro Magister, « Ecco dove il papa sbaglia », Settimo Cielo, 29 juin 2023 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/06/29/%e2%80%9cecco-dove-il-papa-sbaglia%e2%80%9d-il-capo-della-chiesa-greco-cattolica-ucraina-a-viso-aperto-su-pace-e-guerra/).

[40Sandro Magister, « Francesco senza più veli. Un’analisi delle sue ultime nomine », Settimo Cielo, 18 juillet 2023 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/07/18/francesco-senza-piu-veli-un%e2%80%99analisi-delle-sue-ultime-nomine/).

[41Sandro Magister, « Indagine tra i prediletti e i reprobi di Bergoglio. Con un successore in corsa, anzi, due”, Settimo Cielo, 3 février 2022 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2022/02/03/indagine-tra-i-prediletti-e-i-reprobi-di-bergoglio-con-un-successore-in-corsa-anzi-due/).

[42Voir les propos du ministre de la défense Guido Crosetto qui qualifie l’accord de participation italienne aux nouvelles routes de la soie de « atto improvvisato e scellerato  » : Francesco Verderami, « Il ministro Crosetto : “Fuori dalla via della Seta ma senza fare danni. Il Parlamento lavori di più” », Corriere della Sera, 30 juillet 2023 (https://www.corriere.it/politica/23_luglio_30/crosetto-intervista-5df81a76-2e3c-11ee-a52d-5015ada51aef.shtml).

[44Sandro Magister, « Francesco, Putin e Xi. Le disavventure della “diplomazia parallela” », Settimo Cielo, 24 mai 2023 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/05/24/francesco-putin-e-xi-le-disavventure-della-%e2%80%9cdiplomazia-parallela%e2%80%9d/).

[45Sandro Magister, « E la chiamano pace. I piani di Sant’Egidio per far cessare la guerra in Ucraina », Settimo Cielo, 4 juillet 2023 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/07/04/e-la-chiamano-pace-i-piani-di-sant%e2%80%99egidio-per-far-cessare-la-guerra-in-ucraina-col-plauso-di-mosca/) ; Sandro Magister, « La diplomazia vaticana ha un rivale in casa, che ha il papa dalla sua parte », Settimo Cielo, 25 juillet 2023 (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2023/07/25/la-diplomazia-vaticana-ha-un-rivale-in-casa-che-ha-il-papa-dalla-sua-parte/).

[46Susanna Turco, « In Ucraina serve una pace impura. Intervista ad Andrea Riccardi », L’Espresso, 28 mai 2023 (https://andreariccardi.it/rassegna-stampa/in-ucraina-serve-una-pace-impura-intervista-ad-andrea-riccardi/).

[47« В союзе староверов рассказали о предложении Папы Римского встретиться с предстоятелем РПЦ », TASS, 23 juillet 2023 (https://tass.ru/obschestvo/18341643).

[48Comme en témoigne la réaction du ministre des affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar face à ses homologues britannique (Liz Truss) ou allemande (Annalena Baerbock) : voir par exemple https://www.theguardian.com/world/2022/mar/31/india-defends-buying-discounted-russian-oil-despite-appeal-by-truss ; https://apnews.com/article/europe-business-india-new-delhi-global-trade-5a3c6918853047a42ac4be1d6062128a.

[49Noé Hochet-Bodin, « Volodymyr Zelensky tente d’arracher le soutien de l’Union africaine en faveur de l’Ukraine », Le Monde, 21 juin 2022 (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/06/21/volodymyr-zelensky-tente-d-arracher-le-soutien-de-l-union-africaine_6131342_3212.html) ; Ronan Planchon, « Nicolas Normand : “Pourquoi nombre de pays africains ne se sentent pas concernés par le sort de l’Ukraine” », Figaro Vox, 22 juin 2022 (https://www.lefigaro.fr/vox/monde/nicolas-normand-pourquoi-nombre-de-pays-africains-ne-se-sentent-pas-concernes-par-le-sort-de-l-ukraine-20220622).

[50« Diplomatie. Une “guerre des mots” sur l’Ukraine fait de l’ombre au sommet UE-Celac », Courrier international, 19 juillet 2023 (https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-une-guerre-des-mots-sur-l-ukraine-fait-de-l-ombre-au-sommet-ue-celac) ; Alexandra Brzozowski, « Le sommet UE-Amérique latine met en lumière les désaccords sur la condamnation de la guerre en Ukraine », Euractiv, 19 juillet 2023 (https://www.euractiv.fr/section/amerique-latine/news/le-sommet-ue-amerique-latine-met-en-lumiere-les-desaccords-sur-la-condamnation-de-la-guerre-en-ukraine/).

[51Voir l’interview du 18 avril 2023 de Guiseppe Conte à la chaîne de télévision Sky TG24, parlant de soutien à l’Ukraine mais demandant à sortir d’une stratégie reposant uniquement sur « l’escalade militaire dictée par Washington (se invece la strategia è solo questa dettata da Washington, escalation militare, non ci stiamo più). » (https://video.sky.it/news/politica/video/ucraina-conte-a-sky-tg24-italia-puo-imporre-svolta-829467).


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Citation / Quotation

Auteur / Author : Thomas TANASE

Date de publication / Date of publication : 15 octobre 2023

Titre de l'article / Article title : La géopolitique du pape François est-elle un défi à l’ordre atlantique ? Seconde partie. Le pape François, l’Orient, l’Eurasie et la Chine

Chapeau / Header : 

La première partie de cette étude a montré l’ambiguïté du pape François : tout en étant l’apôtre des déshérités, son apologie de la mondialisation l’a aussi poussé à se faire l’allié de la globalisation anglo-saxonne, qui pourtant n’a cessé d’accélérer les dernières années sur des thèmes sociétaux à l’opposé des positions habituelles de l’Église catholique, souvent perçue comme un obstacle.
À présent, Thomas Tanase étudie comment le pape François a tenté d’équilibrer ce premier aspect de sa politique par le fait de nouer des liens toujours plus étroits avec des pôles « alternatifs » de la mondialisation, qui sont aussi extérieurs au monde occidental et au monde catholique. C’est le paradoxe fondamental de la papauté de François : alliée avec les « progressismes » à l’Ouest, elle a également cherché à se rapprocher des pays d’islam, de l’Eurasie, et à s’allier avec la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping.

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