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2. QUELLES SONT LES IMAGES DE LA FRANCE A L'ETRANGER ?

Introduction

" Peu importe ce que les étrangers pensent de la France, soyons nous-mêmes ", affirme un Français qui a occupé d’importantes fonctions. Tout en étant peut-être agréable pour des oreilles françaises, ce propos ne fait-il pas penser à une provocation adolescente : " Je me fiche de ce que les autres pensent de moi, qu’ils me laissent vivre " ?

Quel modèle ?

Roland Meyer apporte un témoignage fondé sur sa pratique des entreprises françaises confrontées au défi de la mondialisation. " Les Français aimeraient ne pas être critiqués mais jugés d’une manière favorable... et suivis. Ils veulent ignorer que leur " modèle " économique, dominé par un Etat protecteur, n’est pas considéré comme attractif. Ils n’agissent donc pas en conséquence... et rencontrent deux fois plus de difficultés.

Il existe cependant un principe : on n’est victime que de soi même. Si les Français ignorent encore que leur " modèle " n’est pas attractif, c’est qu’ils ne cherchent pas à le savoir. Ils préfèrent " ne pas entendre " une information qui les dérange plutôt que gérer un conflit avec leur représentation. La France apparaît donc comme un pays dans lequel on n’écoute pas véritablement l’information. Résultat, les étrangers présents dans les séminaires interculturels reprochent souvent aux Français de s’enfermer dans leurs certitudes. Ce qui empêche toute remise en question mais aussi toute progression. En effet, entendre ce que pense autrui fait parfois grandir. "

Alors que les évolutions du monde ne cessent de redistribuer les cartes - rarement en faveur de la France - les Français peuvent-ils encore se comporter en adolescents ?

Les images ne sont que des images

Il ne s’agit pas de devenir paralysé à l’idée du " qu’en dira-t-on ? " Ni d’intérioriser sans esprit critique les images que le monde nous renvoie de nous-mêmes. Les images ne sont que des images, c’est à dire des représentations construites de la réalité. Qu’elles soient subjectivement vraies, partiellement exactes ou fausses importe peu. Elles sont une partie de la réalité telle qu’elle est perçue. Cela n’empêche nullement chacun de garder son indépendance de jugement par rapport aux images de la France renvoyées par les Français établis hors de France ou par les étrangers.

Le monde n'est pas un miroir complaisant

Pour autant, compte tenu de la dégradation relative de la situation de la France dans le monde, il existe une urgence certaine à modifier notre attitude, selon François Heisbourg, ancien directeur de l’International Institute for Strategic Studies. " Devenue globalement défavorable, l’image de la France joue maintenant à son détriment. En effet, cette image négative a un impact sur la réalité parce qu’elle influence les rapports de force ou les coalitions que la France construit... ou ne construit pas. Au lieu de réduire le monde à une fonction de miroir complaisant, les Français devraient apprendre à tirer des images que les étrangers se font d’eux quelques guides pour l’action future".

Les Suisses, eux, ont été capables de tirer des enseignements de la dégradation de leur image internationale à la suite de la révélation des biens juifs en déshérence sur les comptes bancaires ouverts à l’époque de l’Allemagne nazie, de 1933 à 1945. D’une part, les Suisses ont compris qu’il leur fallait prêter davantage d’attention aux relations internationales dans leurs formations universitaires, de façon à ce que les décideurs Suisses ne raisonnent plus de façon paroissiale et contre-productive face aux enjeux du monde. D’autre part, les autorités helvétiques ont relancé le processus de rapprochement avec l’Union européenne, afin de réduire les risques de marginalisation.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les pouvoirs publics français commencent à peine à se préoccuper des perceptions extérieures de la France.

Apprendre à écouter

Mieux connaître les images de la France dans le monde peut pourtant s’avérer utile à plus d’un titre.

Premièrement, cela pourrait éviter d’être souvent victimes d’un décalage entre les images que nous croyons projeter et celles qui sont réellement perçues.

Deuxièmement, il se trouve parfois dans les images de la France dans le monde des éléments pertinents et porteurs d’une évolution dynamisante de nos comportements individuels ou collectifs.

Troisièmement, avoir conscience des images de la France dans le monde peut aider à anticiper les réactions d’autrui, afin de favoriser au mieux l’évolution de la situation dans le sens le plus favorable à nos intérêts légitimes.

Notre problématique générale sera donc : quelles sont les images de la France dans le monde ? L’usage du pluriel n’est pas un hasard et veut marquer un parti pris contre l’approche aisément réductrice induite par l’usage du singulier. Comment penser que, dans un monde comptant déjà plus de 6 milliards d’hommes et de femmes, il puisse exister une seule image de la France ? Partie suivante>

Pierre Verluise

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2.1. Comment les Français résidants à l'étranger perçoivent-ils leur pays d'origine ?

2.2. Les Français voient - dit-on - la France comme une puissance universellement aimée, qu'en est-il ?

2.3. Quel caratère dominant les étrangers s'accordent-ils à attribuer aux Français, voire à la France ?

2.4. Comment la France est-elle perçue aux Etats-Unis, au Japon, en Allemagne, en Europe de l'Est et en Afrique ?

2.5. Quels sont les domaines d'excellence reconnus à la France ?

2.6. Quelle politique d'image la France met-elle en oeuvre ?

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