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www.diploweb.com présente " Quelle France dans le monde au XXI e siècle ? ", par Pierre Verluise

3. QUELS SONT LES OUTILS DISPONIBLES ?

Partie 3.4. La France dispose-t-elle encore d'une défense performante ?

 

Introduction - 1. Comment les Français voient-ils le monde ? - 2. Quelles sont les images de la France à l'étranger ? - 3. Quels sont les outils disponibles ? - 4. Quelle politique étrangère ? - 5. Quelle mondialisation construire ? - Conclusion - Postface de Gérard Chaliand : Stratégie d'influence
Mots clés - key words : pierre verluise, général pierre-marie gallois, jacques chirac, françois mitterrand, roland dumas, alain juppé, brian sullivan, bill clinton, valéry giscard d'estaing, strategic review, france, europe, monde, géopolitique, géostratégie, défense, armement atomique, dissuasion nucléaire, missiles, culture stratégique, hiroshima, nagasaki, essais nucléaires, traité d'interdiction, atome militarisé, puissance, otan, dayton, maastricht, états-unis, royaume-uni, russie, pakistan, inde, chine, irak, koweït, somalie, bosnie, kosovo, balkans, asie, réforme des armées françaises, souveraineté, autorité supranationale, humanitaire, renseignement militaire. <Partie précédente

Depuis les bombardements nucléaires d'août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki, une nouvelle ère stratégique a commencé. Les pays nantis ont essayé de contrôler la diffusion de cet armement, mais le XXI e siècle s'ouvre avec au moins sept puissances nucléaires connues : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, le Pakistan, l'Inde et la Chine. A long terme, il paraît difficile d'empêcher l'accès d'autres Etats à cet armement. Par ailleurs, nombre d'Etats d'Afrique du nord et d'Asie possèdent déjà des missiles à portée moyenne, voire davantage. Avec des charges chimiques ou biologiques, ces missiles représentent également une menace à prendre en compte.

Consternation

En 1995, le Président de la République, Jacques Chirac, a décidé la reprise de quelques essais nucléaires français dans le Pacifique, puis leur arrêt définitif. Ce qui n'a pas empêché le Sénat américain de refuser la ratification du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le 13 octobre 1999. Placé en porte à faux, le Président de la République française a exprimé sa "consternation".

A l'origine des conceptions stratégiques qui fondent la force de frappe nucléaire française, le général Pierre M. Gallois met ainsi en perspective la nouvelle situation de l'outil de défense français. "La France ne peut avoir aujourd'hui une "défense performante" pour la bonne raison qu'ayant renoncé à être un Etat souverain, elle n'a plus de politique de défense qui lui soit, propre. Elle se borne maintenant à fournir des soldats et des armes - souvent "dépassées" si l'on en croit les critiques formulées outre-Atlantique - à une autorité militaire supranationale, donc étrangère, en l'occurrence le plus souvent américaine. Comme le prouvent ses interventions en Irak, en Somalie, en Bosnie et au Kosovo.

François Mitterrand

Cette évolution s'est clairement manifestée le 27 novembre 1991, quand le ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, Roland Dumas, a déclaré devant une Assemblée nationale indifférente : "La France est déterminée à jeter les bases d'une Union à vocation fédérale … nous avons pris, pour Maastricht, le parti d'une mutation fondamentale vers une entité supranationale". Il est à noter que les Français n'ont pas été consultés au sujet de la pertinence de cette "mutation fondamentale". Ce 27 novembre 1991, la France se réduit à F. Mitterrand et R. Dumas.

Depuis, aucun gouvernement, aucune autorité politique n'a démenti ce propos. Au contraire, la France s'est engagée dans des aventures militaires collectives en plaçant ses contingents sous commandement étranger, au service de desseins politiques et économiques qui n'étaient pas les siens. Il est même arrivé que la France mette ses troupes au service d'intérêts opposés aux siens, ce qui prouve qu'elle n'avait plus de politique de défense, faute d'avoir une politique stratégique.

Déjà, lors de l'invasion du Koweït, la France s'était laissée embrigader dans une coalition combattant un Irak que Paris avait puissamment contribué à armer, y compris nucléairement. Aussi avait-elle bombardé un pays qui accomplissait ce qu'il semblait quelle souhaitait lorsqu'elle l'armait. De cette entreprise, la France n'a retiré que de maigres bénéfices : elle fut exclue des négociations de Madrid sur la question israélo-palestinienne et perdit le peu de crédit militaire qui lui restait. La Strategic Review publia en novembre 1994 l'appréciation suivante du professeur Brian Sullivan, de l'université de Washington :"La performance militaire de la France lors de la guerre du Golfe a démontré aux participants français et à tous les observateurs qualifiés combien faible était, militairement, la France … La France de Louis XIV et de Napoléon Ier, et même celle de Clemenceau et du général de Gaulle s'est évanouie et ne reviendra jamais plus".

Alain Juppé

Cette même année, oubliant qu'ils étaient censés œuvrer pour une Europe forte et maîtresse de son destin, MM. Mitterrand et Juppé appelaient au secours les Etats-Unis. Feignant de croire que les Serbes étaient les acteurs d'un attentat perpétré à Sarajevo, ils réclamèrent l'envoi de forces américaines en Bosnie. Ils placèrent aussitôt les contingents français sous le commandement de Washington. Depuis, les Etats-Unis font la loi dans les Balkans. C'est ainsi qu'à Dayton, la France fit pratiquement anti-chambre lors de la négociation de paix. Généreux, les Etats-Unis octroyèrent à Paris la signature du texte final élaboré à Dayton.

Dès l'origine de la crise des Balkans, les services spéciaux américains et allemands entraînaient et armaient les volontaires musulmans du Kosovo, les incitant à la révolte contre Belgrade. Au printemps 1999, à Rambouillet puis à Paris, le tandem Clinton-Albright formulaient des exigences dont le refus légitima l'intervention aérienne de l'OTAN. La France y participa, sous commandement militaire des Etats-Unis. Ainsi qu'il en avait été au lendemain de la guerre du Golfe, sa contribution fut critiquée outre-Atlantique. Le retard des Européens, y compris des Français, en matière d'armement fut mis en évidence.

Bill Clinton. Crédits: Ministère des Affaires étrangères, F. de la Mure

Les pays européens et la France s'alignant sur l'Allemagne n'envisageant plus d'autre sécurité que dans le cadre Atlantique - c'est à dire avec l'aval des Etats-Unis et conformément à leurs desseins - il est normal que Washington recherche l'interopérabilité et la standardisation des armements aux normes américaines, l'industrie d'outre-Atlantique fournissant de préférence ces matériels. Le commandement militaire américain est à même de juger si "la France dispose encore d'une défense performante". On a vu, précédemment, que celui-ci est davantage porté à la critique qu'à la louange. La France n'est pas seule visée, ses partenaires européens n'échappant pas à la critique.

Sur le fond, quelles sont les divergences ?

En fait, deux "cultures" stratégiques différentes s'affrontent. Depuis qu'ils existent, les Etats-Unis n'ont conçu d'autre stratégie que celle des grands espaces. Non seulement sur leur continent, mais déjà vingt ans après la Déclaration d'Indépendance, leur marine de guerre était en Méditerranée pour y mettre à la raison les "Barbaresques" et y imposer la liberté de commercer. Mis à part la guerre de Sécession, les Etats-Unis sont toujours intervenus à distance, au-delà des trois océans qui créent une vaste discontinuité de milieu entre eux et les autres continents. Stratégie, tactiques et armements ont été adaptés aux impératifs politiques et géographiques de cette "culture" des grands espaces.

En revanche, depuis la fin de la période coloniale, les pays européens ont pensé l'usage de la force sur de courtes distances. Ils ont envisagé d'éventuels combats sur des "lignes intérieures" et mis en œuvre les matériels appropriés, selon leurs ressources. C'est ainsi qu'ils sont aujourd'hui dépourvus de moyens logistiques aériens et maritimes indispensables à la conduite d'opérations armées lointaines. Ils se tournent donc vers les Etats-Unis pour qu'ils y pourvoient et se placent alors sous leur autorité.

Depuis la dislocation de l'URSS et le démembrement du Pacte de Varsovie, les pays rangés dans le camp "occidental" ont substitué à la garde qu'ils montaient face à l'Union soviétique la préparation d'éventuels périls, plus ou moins définis. Lorsque l'occasion se présente, une intervention permet d'étendre à d'autres un système politique et économique jugé le mieux répondre aux aspirations de l'humanité. Leur politique nationale l'emportant, il s'agit bien davantage pour les Etats-Unis, leader de la pensée stratégique occidentale, de couvrir des interventions conformes à l'intérêt américain du vaste manteau de la défense des droits de l'homme et des soucis humanitaires. Sous leur égide et s'engageant sur la même voie, les pays européens envisagent de "projeter" leurs forces armées à distance. Pour un jour mener, à leur initiative et à leur profit, des opérations analogues. Collectives, ces interventions relèveront d'une autorité supranationale, dont les desseins pourraient être différents de ceux qui, jadis, mobilisèrent la nation. L'abandon de la conscription et le recours à une armée de professionnels concourent à ce basculement du national au supranational.

Il en va de même en ce qui concerne l'amenuisement progressif - jusqu'à disparition - de la panoplie nucléaire française et du renoncement implicite de la stratégie de non-belligérance inhérente à la dissuasion. On imagine mal, en effet, que des actions dites humanitaires, par définition offensives, soient conduites avec des armes de destruction massives, et mêmes avec la menace de leur emploi. C'est avec des armes classiques que se disputent ces conflits. D'ailleurs, durant le dernier quart du XX e siècle, la France a mené quasi incessamment des opérations de guerre traditionnelles. Il en fut ainsi au Tchad, au Zaïre, au Liban, en Mauritanie, en Centre Afrique, en Irak, en Somalie, au Rwanda et dans les Balkans. Elle ne s'est jamais montrée aussi belliqueuse que depuis qu'elle condamne avec plus de vigueur le recours à la force.

Cependant, renonçant peu à peu à sa souveraineté, la France abandonne progressivement le statut de puissance nucléaire. Elle ne saurait, sans prendre de risques exorbitants, placer des armes aussi terribles au service d'autres intérêts que ceux qui sont vitaux pour elle. D'ailleurs, ses partenaires ne peuvent s'accommoder de l'invulnérabilité limitée au territoire national que lui confère la possession de l'atome militarisé.

Réalisme

Fort sagement, les Etats-Unis se sont rendu compte que l'on n'était pas arrivé à la "fin de l'Histoire" et que les relations internationales restaient fondées sur des rapports de forces en constante évolution. Rapports de forces dont personne n'est maître, pas même l'unique superpuissance. Aussi ont-ils renoncé à souscrire au traité interdisant tout essai d'armes nucléaires. Traité dont ils étaient, pourtant, les ardents défenseurs il n'y a pas si longtemps. Les lois de la vie s'imposent. On à compris, outre-Atlantique, qu'il n'était guère possible de mettre un terme à la prolifération horizontale des armes de destruction massive. Les engins balistiques prolifèrent, armant un nombre de plus en plus élevé de pays souverains. Après l'Inde et le Pakistan, d'autres Etats revendiqueront l'immunité et le prestige que confère l'atome. C'est pourquoi les Etats-Unis entendent demeurer dans la course au perfectionnement de l'armement nucléaire en procédant à toutes les expérimentations nécessaires.

La France, elle, a cru à la "fin de l'Histoire" annoncée par Fukuyama. Elle a commis l'irréparable en fermant ses installations d'essais du Pacifique, au moment où les Etats-Unis - prévoyants - consacraient plusieurs milliards de dollars au développement de leur centre d'essais nucléaires du Nevada. En outre, la France a démantelées ses usines de production de matière fissile et dispersées les équipes d'éminents scientifiques qui les animaient.

Curieuse cohérence

On objectera avec raison qu'une certaine cohérence s'imposait entre les abandons de souveraineté politique et économique et les abandons de souveraineté militaire. Les premières impliquent, avec les seconds, le renoncement à l'armement nucléaire et à la "non guerre" qu'il impose. Sans doute est-ce cette "cohérence" qui a incité les autorités françaises à mettre un terme au projet Super Phœnix, à démilitariser le plateau d'Albion et à mettre au pilon les engins de courte portée mis en réserve. C'était renoncer à l'espoir d'en venir à l'indépendance énergétique, pour s'en remettre aux approvisionnements provenant de l'étranger, chèrement payés. C'était aussi vouloir ignorer d'éventuels périls futurs, notamment le comportement à venir des Etats de la zone Asie Pacifique et des milliards d'habitants qui les peuplent. La sagesse asiatique l'emportera-t-elle ou, à l'instar des européens, leur développement sera-t-il belliqueux ? Dans cette dernière hypothèse, le plateau d'Albion doté d'engins à plus longue portée eût conservé un utile pouvoir d'intimidation, en neutralisant les armes de destruction à grande distance que ne manqueraient pas de posséder ces Etats. De même, renoncer aux engins de courte portée revient à se priver d'un égalisateur de puissance, puisque ces armes annulent le pouvoir des masses en proscrivant toute concentration. L'Europe en voie de dépeuplement aurait pu attacher du prix à ce "filtre" stratégique détenu par la France. Ce qui donnait à la France une supériorité politique et militaire … au grand déplaisir de l'Allemagne qui ne pouvait le posséder. D'où le renoncement au nucléaire de Paris, afin de satisfaire Berlin.

Traditions

En peu de temps, ce sont là de nombreux et importants abandons, mais depuis deux siècles, la France ne s'est-elle pas systématiquement fourvoyée lorsqu'il s'agissait de sa sécurité ? N'a t'elle pas été envahie cinq fois en moins de 150 ans ? Sa capitale n'a-t-elle pas été quatre fois occupée par l'ennemi ?

Parmi les nombreuses causes des défaites françaises et à l'origine du coût humain et matériel de sa victoire, il semble difficile de pardonner de grosses bévues. En 1870, les Allemands surent exploiter la voie ferrée pour leur mobilisation et leurs déplacements stratégiques, pas les Français. En 1914, le pouvoir de destruction de la mitrailleuse fut minimisé et l'ordre serré des soldats conservé jusqu'à ce que l'ampleur des pertes impose l'enfouissement en tranchée et mette provisoirement un terme à la manœuvre et à la guerre de mouvement. En 1940, en dépit des avertissements du colonel De Gaulle, ce sont les capacités du "moteur combattant" qui furent délaissées au profit de la marche à pied. En 1954, le choix de Dien Bien Phu se révélera une lourde faute du pouvoir politique qui l'imposa pour protéger le Laos sans en avoir les moyens.

Une révolution stratégique incomprise

Les conséquences de l'avènement de l'atome militarisé ne furent pas toutes saisies et, plus d'un demi-siècle après Hiroshima, elles ne le sont pas encore. Certes, le bouleversement aurait du être si profond que les résistances ont été fortes. Pour l'appareil militaire, il s'agissait de se conserver au prix de l'adaptation de ces armes nouvelles, au lieu de s'adapter lui-même à ces armes, ce qui eût exigé de le transformer de fond en comble. C'est ainsi qu'en 1970, le Livre Blanc sur la Défense s'obstina à concilier l'inconciliable, en conservant un dispositif militaire classique qu'une seule salve d'engins soviétiques eût aisément anéanti. Et cela bien que "l'ennemi désigné" de l'époque n'eut pas fait mystère de sa stratégie, par exemple sous la plume du Colonel V.YE. Savkin :"Les armements nucléaires seront utilisés soudainement et en masse, (visant) l'entrée étendue du déploiement (classique et atomique) de l'ennemi en détruisant tous ses importants objectifs : tanks, artillerie, infanterie motorisée, postes de commandement … etc" (1). Le maréchal A.A. Grecko était aussi explicite : "Les forces mettant en œuvre les fusées stratégiques forment la puissance de combat des forces armées de l'Etat soviétique".

Afin de ne bousculer personne et de s'en tenir au connu - c'est à dire au passé - les auteurs de ce "Livre Blanc" inventèrent un prétexte : les armes traditionnelles "testeraient" les intentions de l'ennemi. Celui-ci serait assez naïf pour accepter ce "test" car, en faisant la guerre ses "intentions" seraient confuses. Alors qu'il aurait été en mesure de l'emporter dès les premières heures en lançant une salve d'engins dévastateurs sur un dispositif devenu particulièrement vulnérable, s'assurant ainsi, à bon compte, une victoire quasi instantanée.

De V. Giscard d'Estaing à F. Mitterrand

En 1976, le président de la République Valéry Giscard d'Estaing déclara qu'il voulait "livrer bataille" (2). Il témoignait ainsi qu'il ne saisissait pas le pouvoir d'intimidation et de renoncement à la bataille qu'il détenait. Puis, tout en réduisant la force de dissuasion française, il avança l'idée d'en élargir les attributions protectrices à l'Europe occidentale. Enfin, il avouera, ultérieurement, ses états d'âme devant le fameux "bouton" populairement associé au déclenchement de l'apocalypse. Autrement dit, V. Giscard d'Estaing n'eut pas été en mesure d'exercer les fonctions de sa charge.

De 1981 à 1995, François Mitterrand ne fut pas plus heureux en tant que "chef des armées". Il ne comprit pas que les engins à courte portée - les "Plutons" et "Hadès" - étaient des armes tout aussi dissuasives que les engins à longue portée. En effet, elles interdisaient à "l'adversaire" terrestre, supérieur en nombre, toute concentration de ses forces armées. F. Mitterrand les tenaient pour des armes de "premier avertissement", entendant par là éventuellement recourir le premier à l'arme nucléaire. Sans se rendre compte qu'il ferait basculer dans l'inconnu atomique un conflit initialement disputé avec des armes classiques et qu'ainsi il légitimerait des représailles nucléaires foudroyantes dont la France ne se relèverait pas.

A l'étranger, ces fantasmes, ces palinodies et ces erreurs d'interprétation firent sourire puis finirent par inquiéter. Les appréhensions manifestées dès que la France s'engagea officiellement à étudier et à construire des armes nucléaires se trouvèrent justifiées. Bien que les Etats-Unis et l'Union soviétique aient donné les pire des mauvais exemples et la preuve de leurs incompréhensions du phénomène nucléaire - en accumulant un potentiel de destruction sans commune mesure avec ce qu'ils auraient à détruire sur cette Terre - leurs critiques furent alimentées par les bizarreries stratégiques des politiques français.

Nous aurions du beaucoup apprendre

Ce qui fait penser à cette angoissante affirmation du Cardinal de Richelieu, ministre de Louis XIII :"Il n'y a point au monde de nation si peu propre à la guerre que la notre. La légèreté et l'impatience qu'elle a dans les moindres travaux sont deux principes qui ne vérifieront que trop, à grand regret, cette proposition. La patience dans les travaux et dans les peines, qualités nécessaires à la guerre, ne se trouvent en eux que rarement". Cet extrait de son "Testament politique" fut écrit quelque cent soixante ans avant la défaite de Napoléon Ier, et deux cent trente ans avant la défaite de Napoléon III à Sedan. Depuis, nous aurions du beaucoup apprendre".

Voir pour prévoir ?

La France se donne-t-elle au moins aujourd'hui les moyens de voir pour prévoir ? Une proportion de plus en plus considérable du renseignement militaire provient de l'espace. Par le passé, la France a très heureusement lancé le satellite Spot. Celui-ci fournit des informations photographiques importantes. Cependant, il faudrait mettre en œuvre de nouveaux moyens de détection par radar et infrarouges, capables de fonctionner de nuit ou à travers les nuages. La France a voulu se lancer dans la construction d'un tel outil, avec les Allemands mais ils se sont finalement dérobés. En effet, ils privilégient leur relation avec les Etats-Unis. La superpuissance mondiale et la superpuissance européenne s'entendent pour que la France ne soit pas partie prenante à cette connaissance du monde, qu'elles veulent se réserver. Par conséquent, tous les projets indépendants que la France voudra faire avancer avec les Allemands seront torpillés pour défendre les intérêts germano-américains.

Résultat, la France se retrouve à la fois marginalisée et pratiquement aveugle. Ce qui la rend dépendante des images que les Etats-Unis choisissent de communiquer ou de garder pour eux.

Dépendante d'autrui pour voir le monde et obligée de recourir à des moyens étrangers pour transporter ses soldats, la France réduit d'elle-même ses capacités d'intervention à l'échelle de la planète. Les lacunes de l'outil de défense peuvent-elles être comblées par l'outil diplomatique ? Partie suivante>

Pierre Verluise

Notes :

(1) "Principes de base des tactiques opérationnelles"

(2) Discours à l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, juin 1976.

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Mise en ligne 2001
     
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