Voir la vidéo sur Youtube / Diploweb

Le retour de la guerre ? Avec B. Tertrais. Synthèse rédigée par Emilie Bourgoin pour Diploweb.com. Relue et validée par Muriel Domenach

L’IDEE d’un « retour de la guerre » circule régulièrement dans les discours publics et médiatiques. Pourtant, cette expression est trompeuse : la guerre n’a jamais disparu de la scène internationale. Elle accompagne l’histoire humaine depuis ses origines et continue aujourd’hui de marquer les équilibres mondiaux. Toutefois, ce qui change, ce n’est pas tant la fréquence des conflits que leur visibilité et leurs répercussions globales. Cette vidéo propose d’examiner la persistance des guerres, les raisons de leur perception renouvelée, ainsi que les enjeux spécifiques liés aux conflits contemporains.

La guerre, une constante historique

Contrairement à l’idée d’une rupture, la guerre a toujours été présente. Si l’on compare avec les années 1980, il y a aujourd’hui moins de guerres actives. Actuellement, une dizaine de conflits remplissent la définition conventionnelle de la guerre, c’est-à-dire des affrontements causant plus de 1 000 morts par an. Cette présence constante rappelle que la guerre n’est pas un phénomène exceptionnel, mais un élément structurel de la vie internationale.

La géographie contemporaine des conflits

De nombreux conflits actuels se déroulent loin des projecteurs, principalement en Afrique. Ce continent reste le plus touché par les guerres, souvent sous forme de guerres civiles. Ces affrontements, bien que meurtriers, sont peu médiatisés et ne suscitent pas l’attention internationale, sauf lorsqu’ils menacent directement la stabilité régionale ou mondiale.

La guerre en Ukraine impacte directement notre sécurité.

La visibilité accrue des guerres

Ce qui alimente l’idée d’un « retour » de la guerre, c’est la diffusion massive des images et informations via les chaînes d’actualité et les réseaux sociaux. La guerre n’est pas plus fréquente, mais elle est plus visible et commentée, avec des répercussions plus importantes sur nos sociétés. Surtout, la guerre en Ukraine impacte directement notre sécurité.

L’invasion de l’Ukraine : un tournant majeur

Le conflit russo-ukrainien est un changement de donne pour l’ordre international. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et puissance nucléaire, a transgressé un tabou fondamental en attaquant un pays dont elle avait reconnu l’indépendance. Pour l’UE, ce conflit est plus encore : il a un impact direct sur notre sécurité. Sa résolution aura des conséquences durables sur la stabilité européenne et mondiale.

Les répercussions sociétales et la guerre d’influence

La guerre moderne ne se limite pas à l’aspect militaire. Elle inclut désormais des batailles d’information et d’influence qui touchent directement les sociétés.
La guerre de Gaza illustre quant à elle suscite des réactions sociétales et politiques à l’échelle mondiale.

Le spectre d’une troisième guerre mondiale

La crainte d’un conflit global entre grandes puissances est souvent évoquée, mais la probabilité reste limitée. La dissuasion nucléaire a rendu improbable une confrontation directe majeure entre grandes puissances.
Le risque n’est pas nul, mais il est aujourd’hui beaucoup moins élevé que par le passé.

Les ressources, moins centrales dans les guerres qu’autrefois

Alors que les guerres des XIXe et XXe siècles se jouaient largement autour des ressources, cette logique a perdu de sa pertinence. Dans un monde globalisé, il est plus simple d’acheter que de voler. Seules certaines guerres civiles, notamment en Afrique, voient les ressources abondantes - comme les terres rares - devenir des enjeux stratégiques et sources de conflits internes.

Le changement climatique et les risques de conflit

Le lien de causalité entre enjeux globaux tels que le réchauffement climatique ou les migrations et la guerre reste hypothétique et appelle à une grande prudence analytique.
Les scénarios alarmistes d’affrontements pour l’eau ou d’autres ressources ne sont pas confirmés. Cependant, le changement climatique pourrait provoquer des migrations massives, susceptibles de fragiliser certains États et de favoriser des guerres civiles ou des tensions régionales.

Conclusion

La guerre n’a donc jamais disparu, mais son visage a changé. Plus visible grâce aux médias et plus influente par ses répercussions globales, et sociétales elle reste une donnée fondamentale des relations internationales. Les grands conflits actuels, comme l’Ukraine ou Gaza, structurent l’ordre mondial bien au-delà de leur théâtre d’origine. Toutefois, la crainte d’une guerre mondiale doit être relativisée du fait du rôle stabilisateur de la dissuasion nucléaire. Quant aux guerres de ressources ou climatiques, elles appellent à la vigilance, mais ne s’imposent pas encore comme une réalité dominante.

Copyright pour la synthèse Septembre 2025-Bourgoin/Diploweb.com