Recherche par sujet

www.diploweb.com Géopolitique "L'Europe et la globalisation", par Matthieu Périchaud

CHAPITRE 4 : La communication sur l'Europe

Partie A : La Direction Générale X, porte-parole officiel de l'Union

Introduction - 1. Politique, médias et société - 2. Continuité et rupture de la pensée sur l'Europe - 3. Europe et globalisme - Conclusion et bibliographie
Les notes de cette page sont à la fin du chapitre 4.

Mots clés - keywords : matthieu périchaud, europe, communication, citoyen, citoyenneté, union, internet, euro, DG X, intégration, fédéralisme, mondialisme, fédération, globalisme, éducation, globalisation, société, communauté, information, médias, lobby, think-tank, ERT, marxisme, léninisme, politique, idéologie, troisième voie, social-démocratie, socialisme, démocratie, libéralisme, convergence, est, ouest, russie, états-unis, france, angleterre, marx, progrès, paix, propagande, néolibéralisme, révolution, fonctionnalisme

  <Partie précédente

L’Union Européenne a rapidement pris conscience de l’importance de la communication, au fur et à mesure de l’avancement du processus intégrationnel. Elle dispose pour cela d’un outil principal, la Direction générale de la Communication, appelée DG X, directement subordonnée à la Commission européenne.

1/ La stratégie de la DG X

La DG X produit et édite de nombreuses documentations (brochures, fiches, magazines, etc.) en collaboration avec l’Office des Publications officielles des Communautés européennes. Elle s’est évidemment investie dans le multimédia, avec la production de CD-ROM, de même qu’elle dispose de sites Internet, sites sur lesquels nous avons " navigué ".

Les autoroutes de la communication

Les sites Internet de la DG X sont extrêmement développés et, par leur nature, nous confirment dans l’idée émise précédemment, à savoir que la communication officielle de l’Union Européenne privilégie la demande à l’offre.

C’est dans ce contexte que les autoroutes de l’information (parler, dans ce cas, d’autoroutes de la communication serait plus approprié) s’adaptent parfaitement au choix de la Commission européenne. La communication pull, développée sur Internet, revient en effet à sélectionner soi-même les informations que l’on désire obtenir, sans pour autant être obligé de lire l’ensemble des documents mis à la disposition des internautes.

Dans ce cas, on peut donc affirmer que la communication de la DG X propose des informations qui ne seront consultées que par ceux qui s’y intéressent. Bien évidemment, cette spécificité ne s’applique pas uniquement à Internet, pas plus qu’elle n’est l’apanage exclusif de la DG X. Mais elle révèle néanmoins une communication officielle de la Communauté européenne, comme nous l’avons mentionné, relativement confidentielle.

Intéressons-nous maintenant exclusivement à la "communication de la communication officielle européenne", c’est-à-dire aux moyens et méthodes à la disposition de la DG X.

En premier lieu, nous commencerons avec les brochures et dépliants que l’on peut obtenir par l’intermédiaire d’Internet. Sont entre autres disponibles, un guide du citoyen sur le fonctionnement des institutions de l’Union Européenne, des brochures sur les grandes orientations de la politique de l’Europe, sur les droits des Européens, sur le traité d’Amsterdam...

Tout ceci confirme bien le fait que les promoteurs du projet européen ne cherchent pas à le développer d’une manière secrète. En revanche, rappelons que le caractère officiel de toute information n’entre absolument pas en contradiction avec une dimension plus ou moins confidentielle.

Un vocabulaire bien choisi

Fait plus intéressant, le vocabulaire utilisé tend logiquement à favoriser l’émergence d’une conscience européenne et à anticiper la création d’une citoyenneté européenne : on retrouve ainsi beaucoup de termes révélateurs, tels l’opinion publique européenne, analysée par des sondages (Eurobaromètre), les femmes d’Europe, etc.

En deuxième lieu, on peut constater l’importance des engagements de la DG X dans le soutien aux instituts, aux universités, etc., notamment par l’intermédiaire de programmes entièrement ou partiellement financés par l’Union Européenne.

Avant d’illustrer cette pratique par quelques exemples, il nous semble intéressant de citer un extrait d’un mémorandum de la Commission européenne intitulé Agenda 2000 : pour une Union plus forte et plus large. (2)

Une priorité : l’éducation de la jeunesse

Dans ce document, présenté parallèlement au traité d’Amsterdam en 1997, il est en effet question, entre autres, de l’importance des politiques liées à l’éducation et à la sensibilisation des Européens aux grandes mutations qui les attendent.

C’est dans cette partie du mémorandum qu’est affirmée la nécessité d’élaborer " des politiques de la " connaissance " en donnant une nouvelle impulsion à l’effort communautaire de recherche et développement technologique, ainsi [et c’est ce qui nous intéresse tout particulièrement] qu’aux programmes d’éducation et de formation qui encouragent à la fois la mobilité transnationale des jeunes et la société de l’information "

Tant concrètement que virtuellement, les Européens, plus particulièrement les jeunes générations, sont ainsi encouragés à concevoir, à penser, à agir d’une manière européenne.

C’est une attitude totalement cohérente avec le projet d’intégration européenne, et qui a débuté bien avant les balbutiements du multimédia et la montée en puissance de cette " société de l’information ". Mais comment cela fonctionne-t-il réellement ?

Un soutien sous conditions

Il est bien évident que les programmes de formation et de soutien mis en place par l’Union Européenne ne sont pas choisis au hasard, de même qu’ils n’ont rien d’altruistes.

C’est pour cette raison que les universités, instituts et programmes de recherche ou d’éducation doivent répondre à certains critères, afin d’être agréés et financés par la Communauté européenne.

Ces critères sont logiquement axés sur la finalité de la construction européenne, qui est, comme nous l’avons souligné, l’intégration des Etats européens sous une forme fédérale.

Pour ce faire, la " mobilité transnationale des jeunes " comme " la société de l’information ", citées antérieurement, font partie des critères déterminants, parce qu’ils participent de l’abolition des frontières entre Européens (et sur la planète entière, du moins c’est l’argument avancé par ses prosélytes), que ces frontières soient mentales ou physiques. Il s’agit en somme de réaliser la construction matérielle, politique et idéologique de la " société ouverte " et du globalisme.

A titre d’exemple, nous avons donc recueilli les informations suivantes sur les différents sites de la DG X. Elles touchent à deux domaines précis, d’une part la formation et la recherche universitaire, d’autre part, la formation et le soutien aux médias.

2/Apprendre l’Europe ou la comprendre ?

Dans le document intitulé Où apprendre l’Europe ? (3), la Direction générale de la Communication nous informe qu’elle " appuie les initiatives des milieux universitaires qui contribuent à la diffusion et à la transmission des connaissances sur l’intégration européenne et l’Union Européenne ".

Cela se traduit par différents projets comme, par exemple, l’Action Jean Monnet pour les Etats Membres de l’Union Européenne (une autre version existe aussi pour les futurs Etats membres, République Tchèque, Pologne et Hongrie).

Cette Action consiste surtout en un cofinancement de cours sur le droit européen, l’économie et l’histoire de l’Europe communautaire. Mais elle fournit également des bases de données des travaux universitaires sur l’intégration européenne, des centres de documentation, etc.

La DG X au service des médias…

S’agissant des médias, la DG X est également très présente, non seulement en tant qu’organe de communication de l’Union Européenne, mais aussi parce qu’elle s’implique directement dans la formation et la sensibilisation des journalistes à la dynamique d’intégration communautaire (4).

Il est intéressant de constater que la DG X veille scrupuleusement à se dédouaner de l’ambiguïté inhérente aux relations entre pouvoir et médias, en affirmant que " bien que les institutions de l’Union Européenne aient veillé à ne pas interférer avec les responsabilités qui sont avant tout de la sphère des médias eux-mêmes, la formation au journalisme est l’un des domaines pour lesquels les médias européens ont demandé un soutien de l’UE. "

Interférence ou non, il n’en est pas moins sûr que l’implication de la DG X dans les programmes de formation journalistique induit forcément une vision de l’Europe et du rôle des médias — présentée aux futurs journalistes — qui n’ira jamais à l’encontre de la construction européenne.

Loin de nous l’idée de contester cette forme de propagande (qui, nous n’aurons de cesse de le souligner, n’est pas en soi condamnable), mais nous devons cependant garder ce fait à l’esprit.

La mission des médias : diffuser l’identité européenne

L’action de l’Union Européenne envers la formation des journalistes s’est essentiellement concrétisée par la création de trois organismes, le Centre européen du journalisme (CEJ), l’Association européenne de formation au journalisme (AEFJ), et enfin, la Fondation Journalistes en Europe. Les initiatives de ces trois organisations sont présentées comme étant de " caractère véritablement européen, conçues par des organisations incontestées, hautement respectées et non partisanes. "

On peut pourtant douter de leur caractère " non partisan ". Nous ne donnerons pas le détail des formations et fonctions de ces organismes, mais il n’est toutefois pas inutile d’insister plus spécialement sur la mission première de l’AEFJ : " Le but de l’AEFJ est de permettre aux centres pour professionnels en milieu de carrière de travailler ensemble régulièrement afin de contribuer à la naissance d’une conscience européenne. "

Nous retrouvons ici cette volonté pragmatique et parfaitement partisane de faire émerger une identité européenne (pourquoi pas ?... à condition de le dire clairement, et d’en assumer toutes les conséquences).

Ce bref aperçu de la communication officielle de l’Europe, dont la DG X est le fer de lance, nous montre que l’Union européenne assume pleinement la continuité de la pensée sur l’Europe, telle que nous l’avons mise en valeur dans les chapitres précédents.

Mais cette continuité, nous la retrouvons également dans la communication, non plus officielle, mais officieuse. Dans cette dernière, l’action des organismes gravitant autour des instances européennes et nationales est loin d’être négligeable. Partie suivante>

Matthieu Périchaud

Copyright 20 décembre 2001-Matthieu Périchaud/www.diploweb.com

L'adresse URL de cette page est www.diploweb.com/globalisation/41.htm

 
       
    Plus avec www.diploweb.com  
       

 

  Recherche par sujet   Ecrire à l'éditeur P. Verluise, ISIT 12 rue Cassette 75006 Paris France
       

Copyright 20 décembre 2001-Matthieu Périchaud /www.diploweb.com

Toutes les mesures ont été prises pour établir l'antériorité de cet écrit. Pour en reproduire un extrait de plus de cent mots (100) ou obtenir un droit de publication, il est nécessaire d'obtenir l'autorisation écrite de Matthieu Périchaud. En précisant votre adresse postale et votre adresse électronique, vous pouvez écrire à l'adresse suivante: mat.perichaud@wanadoo.fr

La citation de moins de cent mots (100) est autorisée sans préalable, sous réserve d'indiquer le prénom et le nom de l'auteur, la date de la mise en ligne initiale et l'adresse url complète du site: http://www.diploweb.com/globalisation/intro.htm