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www.diploweb.com Géopolitique "L'Europe et la globalisation", par Matthieu Périchaud

INTRODUCTION GENERALE

1. Politique, médias et société - 2. Continuité et rupture de la pensée sur l'Europe - 3. Europe et globalisme - 4. La communication sur l'Europe - Conclusion et bibliographie
Biographie de l'auteur en bas de page

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  Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le processus d’unification de l’Europe n’a cessé de prendre de l’ampleur et de la vitesse, et ce malgré les aléas de l’histoire, les querelles politiques, et les intérêts nationaux des uns et des autres…

Cette construction de l’Europe fut d’abord initiée dans le domaine économique, domaine dont l’arrivée de l’Euro pourrait sembler être, sinon l’aboutissement, du moins une étape décisive. Néanmoins, cette unification économique nous intéresse tout autant dans sa dimension européenne que dans sa dimension globale (mondiale).

C’est effectivement en matière économique et financière que la construction de l’Europe se fond le plus dans la dynamique générale de la globalisation. Pourtant, l’unification de l’Europe n’est pas qu’économique. Elle est aussi, avec certes plus de difficultés, politique, culturelle ou encore sociale.

Questions

Qu’en est-il de la globalisation ? Se fait-elle uniquement dans le domaine économique ? Y a-t-il un rapport quelconque entre la construction de l’Europe et le phénomène de la globalisation ? Si oui, quel est-il ?

Cette concordance entre la globalisation et l’intégration européenne est tellement flagrante qu’elle nous amène effectivement à nous poser la question suivante : au-delà de l’unification du continent européen et de ses habitants, peut-on situer la construction européenne dans une perspective bien plus générale ? Une perspective non pas seulement européenne, mais précisément globale, à l’échelle du monde tout entier ?

Etudier l’Europe sous cet angle nous semble non seulement possible, mais plus encore souhaitable et nécessaire. En effet, la construction européenne et la philosophie qui l’a inspirée relèvent d’une tradition et d’une volonté certainement aussi anciennes que l’humanité : rassembler les hommes du monde entier, pour assurer la paix et le bonheur sur la Terre. Rassembler des hommes séparés depuis des siècles par la géographie, la culture, la religion ou la langue. Au fil des époques et des modes, cette tradition s’est tantôt appelée cosmopolitisme, tantôt universalisme, ou encore mondialisme.

Le terme le plus approprié de nos jours est sûrement celui de globalisme. Ce vocable révèle effectivement en lui-même la vocation universelle, totale et globale de cette idéologie, comme nous le verrons tout au long de cet essai.

Cette volonté de rassembler l’humanité s’est pourtant trouvée confrontée à l’histoire, aux passions humaines, et surtout, aux différentes conceptions de l’organisation du monde et de la société.

Si elles ne remettent pas en question le rôle central de l’homme, et la foi en le progrès, ces conceptions se sont malgré tout opposées sur de nombreux autres thèmes (l’Etat, la nation, l’individu, la collectivité, etc.).

La fin de l'histoire ?

Ces diverses visions des moyens à mettre en œuvre pour atteindre un mythique âge d’or de l’humanité ont donné naissance aux idéologies, dont les trois principales sont incontestablement, le libéralisme, le socialisme et le nationalisme.

Pourtant, après l’exacerbation des combats idéologiques, dès le XIX e, mais surtout au XX e siècle, on peut constater en ce début de millénaire un certain apaisement, une certaine relâche, ce que beaucoup expliquent par la fin de la guerre froide et par la disparition du système soviétique. Les dix dernières années ont en effet quelque peu précipité l’histoire, laissant à penser que peut-être l’on assistait à la fin des idéologies, et pour certains, à la fin de l’histoire elle-même !

Nous userons ici de l’univers comme métaphore afin d’expliquer pourquoi, selon nous, il n’est pas permis de penser que l’idéologie — système global d’explication et d’organisation du monde — puisse actuellement rendre son dernier soupir.

Quant à l’histoire, si elle venait à disparaître, c’est tout simplement qu’il n’y aurait plus aucune évolution, plus aucun changement sur notre planète. Nous n’en sommes pas encore là… Aussi, parler de fin de l’histoire nous semble méprisant à l’égard de ce que nous avons tous en commun, c’est-à-dire la vie.

Selon les experts en cosmologie, l’univers pourrait très bien évoluer et " vivre " selon le processus suivant : à une phase d’expansion succéderait alternativement une phase où l’univers se replie sur lui-même, et rétrécit.

Selon d’autres chercheurs, l’humanité suivrait peut-être le même parcours : originellement unis et réunis au niveau géographique, linguistique, etc., les hommes se seraient peu à peu séparés et dispersés sur tous les continents. Simultanément, au fur et à mesure de l’évolution et de l’histoire humaines, on assisterait en retour à un vaste et profond mouvement de reflux. Un mouvement de ré-unification de l’espèce humaine, par le développement des moyens de communication tant matériels (transports routiers, aériens, maritimes, etc.) qu’immatériels (téléphonie, radio-télévision, et désormais, Internet)

La question centrale est bien évidemment de savoir s’il s’agit là d’une loi commune à l’univers et à tout ce qui le compose, y compris les hommes. Autrement dit, serait-ce un phénomène naturel, découlant de lois physiques ? Dans ce cas, l’histoire aurait plus que jamais un sens, et plus que jamais sa place.

S’il ne s’agissait pas d’un déterminisme historique ou scientifique, ce serait alors, concernant l’humanité, une volonté délibérée de notre communauté, ou du moins d’une partie de ses membres. Consciente ou non, volontaire ou pas, la ré-unification du genre humain s’est fortement accélérée au XX e siècle, suscitant parallèlement de nombreuses résistances.

Ce mouvement de flux et de reflux pourrait ainsi s’appliquer aux idéologies, et expliquer l’impression de leur disparition.

Convergence

Après presque deux siècles d’opposition et d’exacerbation de leurs différences, le libéralisme et le socialisme, les deux grandes idéologies prônant l’universalité et le cosmopolitisme, convergeraient de plus en plus, pour finalement trouver un terrain d’entente dans le processus actuel de la globalisation.

La confluence du socialisme et du libéralisme justifierait alors la puissante réactivation d’une philosophie de la globalité (vision et gestion du monde comme un tout indivisible, et de l’humanité comme une entité collective inséparable), donnant ainsi naissance au globalisme, idéologie du nouveau millénaire (?).

Cependant, libéralisme et socialisme ne sont pas pour autant en voie de disparition : ces deux idéologies s’affrontent toujours au sein même de la globalisation, dont chacune cherche à prendre les rênes. Aussi, le globalisme peut être considéré à la fois comme une relative fusion " socialo-libérale " et comme un combat impérialiste entre ces deux doctrines.

Quant au nationalisme, érigé en idéologie surtout par réaction à la prédominance croissante des thèses sociale et libérale, il serait plus ou moins contenu, et encore plus affaibli par l’internationalisation croissante de tous les domaines de la vie humaine. Ce qui expliquerait la généralisation de " micro-nationalismes " partout dans le monde, mais fort heureusement, leur incapacité à réellement s’institutionnaliser (espérons que l’avenir ne nous contredira pas…).

C’est en gardant à l’esprit cette probable convergence des idéologies, et ce mouvement de ré-unification du genre humain, que nous souhaitons étudier la pensée occidentale, la pensée sur l’Europe, et la construction européenne. Dans ce contexte, on peut en effet considérer le vieux Continent comme un véritable laboratoire d’expérimentation.

Plan

Une telle démarche nécessite alors d’aborder les fondements généraux de nos sociétés occidentales modernes, et les idées qui conditionnent encore de nos jours l’homme de la " société de l’information ". Ce thème sera l’objet de notre premier chapitre.

Dans le second chapitre, nous chercherons à souligner la continuité de la pensée sur l’Europe, continuité historique, philosophique et politique qui n’est cependant pas dénuée de contradictions.

Une fois cette perspective générale établie, nous pourrons ensuite, dans le troisième chapitre, nous intéresser plus particulièrement à la construction de l’Europe, ainsi qu’aux théories l’ayant inspirée.

Enfin, dans notre dernier chapitre, nous nous consacrerons spécifiquement à la communication sur l’Europe, tant sous son aspect officiel que dans sa dimension officieuse et indirecte. Cette communication extrêmement diffuse illustre on ne peut mieux, selon nous, la convergence idéologique et pragmatique qui préside à la construction européenne, de même qu’à la globalisation.

Il faut toujours se garder de prétendre faire le bonheur des autres malgré eux. Partie suivante>

Matthieu Périchaud

 

Copyright 20 décembre 2001-Matthieu Périchaud/www.diploweb.com

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Manuscrit clos en décembre 2001.

Mise en ligne au 1er semestre 2002.

    Biographie de Matthieu Périchaud  
    Diplômé en science politique à l'Université de Montréal et en sciences de l'information et de la communication à l'Institut Français de Presse, Université de Paris II.

Cet ouvrage est le fruit d’une réflexion et de recherches concrétisées dans un premier temps par la rédaction d’un mémoire de fin d’études à l’Institut Français de Presse, sous la direction de Madame Alexandra Viatteau. Ce mémoire portait sur le sens du discours sur l’Europe et le politiquement correct . Le temps et l’actualité aidant, nous avons ensuite éprouvé la nécessité d’aller au-delà de ce travail universitaire, et d’élargir ce questionnement aux fondements idéologiques de la construction européenne et du processus de globalisation en cours. Ces deux projets accordent effectivement à la communication, au sens large du terme, une place que cet essai cherche à comprendre.

 
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