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La diplomatie culturelle à l’ère de l’Interdépendance Globale. La Turquie à la recherche des éléments fédérateurs de l’Identité Panturque, par Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi, doctorant et assistant d’enseignement à l’université McGill

Bilan, conclusion et références bibliographiques

 
Références bibliographiques et sources en bas de cette page.

Mots clés - Key words: pierre pahlavi, turkestan, impérialisme doux, pouvoir culturel, économie politique, intégration régionale, pipe-line, pétrole, gaz naturel, hydrocarbure, otan, sécurité, économie, globalisation.

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L’heure du bilan

Avant de conclure, il convient d’essayer de déterminer dans quelle mesure les efforts considérables investis par la Turquie dans sa campagne culturelle ont pu contribuer à accroître son influence dans le monde turc. En d’autres termes il convient d’évaluer la validité de l’hypothèse selon laquelle la projection et l’institutionnalisation des normes culturelles d’un pays à l’étranger peuvent favoriser ses intérêts politiques et économiques. L’objectif n’étant pas ici d’établir une quelconque corrélation, je me contenterais d’observer un certain nombre de ‘convergences temporelles’ entre l’intensification de la politique culturelle de la Turquie dans les années 1990 et l’augmentation notable de ses avantages concrets dans la zone ciblée.

a) L’impact culturel

L’amplification de la diplomatie culturelle turque coïncide avec l’apparition d’un certain nombre de tendances indiquant une nette progression de l’influence culturelle de la Turquie dans les républiques turcophones. En premier lieu, on assiste à un phénomène général de returcification culturelle de ces républiques. Ce qui frappe dés le début des années 1990 c’est qu’"en dépit de l'héritage culturel mixte, les élites culturelles et politiques se considèrent à 100% turciques" (Kirimli 1997 57). La diplomatie culturelle turque a largement accéléré ce phénomène en encourageant systématiquement les peuples ex-soviétiques à redécouvrir et à revendiquer leur turcité. Aujourd’hui il s’avère que le processus de construction identitaire de ces peuples repose essentiellement sur les valeurs diffusées par la politique turque et en particulier sur la référence au patrimoine turcique commun (Sarsembayet 1999 330). En second lieu, la nouvelle diplomatie s’accompagne d’un succès considérable du modèle socioculturel turc dans les nouvelles républiques turcophones. Au milieu de la dernière décennie, la Turquie devient en effet "l'objet d'un intérêt accru de la part des Turcs d'Asie et un modèle d'attraction culturelle" (Aydin 1996 167). On assiste dès lors à l’émergence de ce que l’on a qualifié de ‘préférence forte pour la Turquie’ (Ahrari 1994 533) au sein des sociétés turco-asiatiques. Là encore, l'intense campagne de marketing de la Turquie n’a pu qu’influencer positivement le choix des gouvernements turcophones en faveur de la voie turque. Les observateurs s’accordent effectivement pour dire que "la Turquie peut s'enorgueillir d'avoir joué un grand rôle dans la recherche d'un modèle approprié" (Akbarzadeh 1997 523). En troisième lieu, l’accentuation de la campagne culturelle d’Ankara dans la sphère turcophone coïncide avec un remarquable renouveau du panturquisme centrasiatique. Pour Jacob Landau ceci est plus qu’une simple coïncidence puisque la politique turque a, selon lui, "rouvert le débat idéologique du panturquisme et suscité son développement après une période de latence" (Landau 1996 220). Comme en témoigne la presse turcophone, la référence à un monde turc est aujourd’hui un concept clef du débat politique dans les républiques caucasiennes et centrasiatiques (Sarsembayet 1999 339). Il s’agit toutefois, faut-il le rappeler, d’un panturquisme moderne et culturel essentiellement axée sur l’idée d’une coopération mutuelle entre les frères turcs.

b) La politique cuturelle turque ferment de la renaissance de l’identité panturque

Les mutations culturelles qui accompagnent l’accélération de la diplomatie culturelle turque s’accompagnent à leur tour par l’éclosion d’une identité panturque supranationale. Il faut dire que celle-ci se développe avec d’autant plus de facilité qu’en dépits de leurs efforts, les gouvernements des nouvelles républiques ont échoué jusqu’à présent dans leur tentative de créer et d’enraciner une identité nationale forte (Glenn 1999). Leur projet est mis à mal par la persistance de liens tribaux sub-ethniques mais aussi dans une large mesure par l’influence grandissante de cette conscience supranationale (Ezanova 1998 4443-462). Actuellement, les analystes s’accordent pour dire que ce processus de construction identitaire procède d’une logique régionale davantage que d’une logique domestique (Miller 2001 125-136) - ou en d’autres termes que "les États centrasiatiques ne peuvent plus éviter d’être construits de l’extérieur autant que de l’intérieur" (Long 1999 1). Le développement de l’identité panturque est particulièrement observable au niveau des élites. Ainsi une large part de l'intelligentsia turcophone ne s'identifie plus par la dénomination nationale mais "préfère le terme de Turkestani ou simplement de Turcs" (Hyman 1997 340). Ce phénomène s’explique ‘à cause de l’accent mis sur la turcité et la turcophonie’ – emphase à laquelle a fortement contribué la diplomatie turque. Comme l’affirme un intellectuel ouzbek : "le concept de 'turcité' (être turc) a pris une telle place dans notre vocabulaire que le concept d''ouzbéquité' (être ouzbek) est en train de perdre progressivement sa signification et son âme". De même, "il est commun aujourd'hui pour les Azéris de se référer à eux-mêmes simplement comme Turcs, une ancienne pratique qui est de plus en plus ravivée". Dans toute l’aire turcophone, y compris dans les zones turcophones du Xinjiang chinois, on observe de plus en plus de ‘signes d'identité panturque’ (Landau 1996 112). Ce bouleversement identitaire crée sans aucun doute un contexte favorable à la création d'une dynamique de coopération entre les États turcophones.

c) L’impact politique

L’accroissement de l’effort investit dans la diplomatie correspond également à un réalignement idéologique et politique des républiques turciques sur la Turquie. Les dirigeants turcophones ont tout d’abord été 'séduits' par le système turc, culturellement plus compatible avec leurs intérêts nationaux : "D'un point de vue politique, les dirigeants ont une affinité naturelle avec la forme kémaliste de la démocratie: Contrôlée et dirigée par le sommet, elle se combine parfaitement à la fois avec les coutumes traditionnelle de l'Asie centrale et avec les normes du système soviétique encore bien enracinées" (Lipovski 1996 212). A la fois turcique et pro-occidental, musulman et séculier, démocratique et centralisé, le modèle socioculturel turc est en effet taillé sur mesure pour les nouvelles républiques (Müftüler 1999 1-15). Si bien que dans la plupart d’entre elles le système politique est calqué sur celui de la Turquie. Pour le président ouzbek, comme pour les autres dirigeants du monde turcophone, ce choix est "une référence culturelle et, au-delà, une adhésion à un modèle politique laïc et occidental" (Gangloff 1992 115). Il y a dans cet ‘attachement au modèle turc’ (Landau 1996 217), une association étroite qui est faite par les dirigeants turcophones entre la Turquie culturelle et la Turquie politique. A bien des égards, le modèle turc est perçu par ces leaders comme le seul capable de rendre possible la transition de leurs républiques vers la démocratie et le capitalisme (Lipovski 1996 212).

d) L’impact stratégique et militaire

L’accroissement du prestige politique et culturel de la Turquie correspond avec le renforcement de sa position politique et stratégique dans le monde turc. En Asie centrale, il s’est rapidement avéré que les gouvernements turcophones se sentaient "plus à l'aise de promouvoir des relations avec une Turquie laïque sur la base d'affinités non-islamiques et linguistiques qu'avec l'Iran" (Belokrenitsky 1994 1101). Au Caucase, il est également apparu que le devenir de l'influence turque ne dépendait pas seulement des initiatives politiques et stratégiques d’Ankara mais aussi, pour une part appréciable, de son habilité à faire fructifier ses liens culturels avec les États de la région et en particulier avec l'Azerbaïdjan (Cornell 1998 67-68). Grâce à ces liens la Turquie est rapidement devenue le plus grand frère – à défaut d’être le grand frère (Swietochowski 1999 420) . Aujourd’hui, il semble acquis que l’accent mis par Ankara sur les affinités culturelles depuis plus de dix ans explique - en partie du moins - l’accroissement remarquable de l’influence turque dans la région et l’alignement des gouvernements sur la politique d’Ankara (Alieva 2000).

On peut également déceler une influence grandissante de la Turquie dans le domaine de la coopération stratégique et militaire. La Turquie s’est avéré être un interlocuteur essentiel dans l’élargissement du programme Partenariat for Peace de l’OTAN aux républiques turcophones. Dès la fin des années 1990, le rôle culturel de la Turquie apparaît comme un aspect décisif de l’intégration progressive de ces républiques au système de sécurité de l’OTAN. Ces progrès de l’influence stratégique d’Ankara dans la région sont couronnés par le choix de la Turquie pour diriger l’International Security Assistance Force (ISAF) déployé en Afghanistan en 2002. Plus que jamais, Ankara devient l’allié incontournable des États-Unis dans cette région du globe. Pour les dirigeants de Washington, la Turquie apparaît "au carrefour de quasiment toutes les questions importantes pour les États-Unis sur le Continent eurasiatique" (Sever 2001). La politique culturelle s’affirme par conséquent comme un élément stratégique dans la perspective de l’émergence d’une identité de défense eurasiatique.

e) L’impact économique

L’accentuation de la politique culturelle s'est aussi accompagnée d’un accroissement de l’influence économique de la Turquie dans le monde turc. Dans ce domaine, il est rapidement apparu aux analystes que "la Turquie a pris avantage de ses liens ethniques et linguistiques avec les républiques turcophones pour se présenter comme un modèle, affirmant avoir réussi avec succès le passage de l'économie centralisée à l'économie de marché que ces derniers tentent de réaliser" (Dorian 1997 472). A l’aide d’une diplomatie de persuasion élaborée, Ankara a su convaincre les leaders turcophones d’accepter l’expérience turque comme étant la plus adaptée à leur profil socioculturel et leurs besoins économiques. Exprimant l’opinion de ses homologues turcophones, le président ouzbek I. Karimov déclare en 1996: "En évoluant vers l'économie de marché nous avons opté de façon concluante pour le processus suivi par la Turquie et nous avons l'intention de continuer dans cette voie" (Sowerwine 1995 10). L’exportation réussie du modèle de développement turc semble avoir à son tour facilité l’ouverture des économies caucasiennes et centrasiatique à la Turquie.

Parallèlement à l’accentuation de sa diplomatie culturelle, Ankara a vu ces dernières années ses gains économiques dans le monde turc s’accroître de façon remarquable. Depuis le milieu des années 1990, le commerce de la Turquie avec les pays eurasiens (plus de 10 % du volume total de son commerce extérieur) augmente en moyenne approximativement de 35 % par an (Tika 1997 i) passant de $145 millions en 1992 a $5.6 milliards en 1999 (mfa.gov.tr 1999). Dés la fin de la décennie, elle est la seule puissance économique moyenne à se hisser parmi les principaux partenaires du monde turc aux cotés de ‘géants économiques’ tels que l'Europe, la Chine, la Russie ou les Etats-Unis (État du Monde 1998). En 2002, malgré l’absence d’atouts économiques notables, la Turquie est devenue le 2e pays importateur en Azerbaidjan, le 2e au Turménistan, le 3e au Kazakhstan et le 5e en Ouzbékistan (CIA Factbook 2002). Au Caucase comme en Asie centrale, "la présence économique et culturelle de la Turquie est fortement encrée et continue de croître" (Swietochowski 1999 429). En outre, cette évolution s’est accompagnée d’un début d’intégration économique au sein de l’Organisation de Coopération Économique avec l’adoption d’un protocole portant sur un Accord de Tarif Préférentiel de 10% et un projet à long terme d’élimination complète des barrières douanières entre les pays turcophones. Par ailleurs, la Turquie pourrait marquer des points supplémentaires dans l’éventualité de plus en plus envisagée ces dernières années d’une adhésion des pays centrasiatiques à l’Organisation de Coopération de la Mer Noire (Müftüler 1999 11).

Le miracle des hydrocarbures

Depuis la mise en place de sa nouvelle diplomatie, les résultats économiques les plus ‘extraordinaires’ obtenus par la Turquie l’ont été dans le domaine des hydrocarbures (Cohen 1996 2-15). Au Caucase, la Turquie a remporté des parts considérables dans l’exploitation des gisements azéris bénéficiant d’une ‘évidente faveur au détriment de sa rivale iranienne’ (Tarock 1997 196) au cours de ce que l'on a appelé le 'marché du siècle'. Elle a également été largement favorisée dans le dossier du projet de pipeline destiné à exporter le pétrole de la zone turcophone vers le marché mondial. Le réseau oléoduc passant par la mer Caspienne, l’Azerbaïdjan, la Georgie et aboutissant au port turc de Ceyhan s’est rapidement imposé alors que sa rentabilité est de plus en plus questionnée et "alors que le coût des travaux, évalué à 231 millions de dollars, est nettement plus élevé que celui nécessaire à la modernisation de l'itinéraire russe, évalué à 56 millions de dollars" (Billion 1995 50). Certes, l’appui de l’allié américain est pour beaucoup dans le choix du trajet turc mais il n’explique pas tout. Il n’explique pas, par exemple, que les gouvernements centrasiatiques comme celui du Turkménistan aient fait du ‘lobbying acharné’ pour que leur pétrole soit évacué vers la Turquie plutôt que vers la Russie, la Mer Noire ou l’Iran (Gleason 2001 176). En fait, même les analyses privilégiant le rôle des États-Unis reconnaissent l’importance centrale de la diplomatie turque et des liens culturels entre Ankara et les pays turcophones (Burk 2000 7). Reste à savoir si, avec l’installation d’un régime plutôt pro-occidental à Kaboul, le trajet turc ne sera pas déclassé au profit d’un pipeline passant par l’Afghanistan et le Pakistan. Ceci constituerait sans doute un test ultime pour la solidité du lien panturc.

Dans l'ensemble, on peut s'interroger sur les causes de l'apparition ces dernières années d'un courant d'échanges privilégié entre les républiques turcophones de même que l'on peut se demander si cette 'connexion turcique' naissante a pu être encouragée par la campagne turque de maketing culturel. Il ne fait pas de doute que l’appui de l’allié américain a pesé de tout son poids pour avantager la Turquie. Mais le soutient occidental est-il suffisant pour fournir une réponse complète ? Il est en tout cas difficile d'expliquer les succès commerciaux enregistrés par la Turquie au sein du monde turc en ne tenant compte que des avantages économiques qu'elle est en mesure d'offrir. Quoiqu’il en soit, il semble qu’une analyse complète des échanges commerciaux entre les États turcophones et le début d’intégration économique de la zone doive désormais tenir compte du facteur culturel et de la manière dont il est instrumentalisé par la nouvelle diplomatie turque.

La question de la contribution réelle de la normpolitik turque

Le problème demeure néanmoins de déterminer quelle a été la contribution réelle de la politique culturelle aux diverses tendances observées ci-dessus. Bien qu’il soit impossible de répondre de façon définitive à cette question dans le cadre limité de cette étude, un certain nombre d’éléments laissent supposer que la nouvelle diplomatie turque n’est pas un facteur à négliger. Parmi ces éléments se trouvent les efforts, et la confiance sans cesse renouvelée, que les dirigeants turcs placent en elle. Pour eux il ne fait pas de doute que la TIKA et les autres organisations gouvernementales turques ont ‘contribué de façon importante’ aux changements culturels, politiques et économiques survenus dans le monde turc et à l’amélioration des relations inter-turciques. Pour son président, Türgay Özçeri, la TIKA a favorisé notamment l'éclosion d'une conscience supranationale qui fait que les individus ne sont plus intéressés seulement par leurs problèmes nationaux mais également par ceux des autres républiques turcophones (Tika 1997 i). Les responsables de la TURKSOY se félicitent quant à eux, d'observer "une avance et des progrès rapides en termes de promotion des relations culturelles entre les républiques turcophones" (Bülbüloglu 1998 45). Les analystes reconnaissent aujourd’hui que ces institutions constituent en effet un puissant appareil diplomatique et que la politique culturelle qu’elles ont encadrée et coordonnée depuis 1991 a permis d’établir un vaste réseau de coopération culturelle, politique et économique entre la Turquie et ses sœurs d’Asie (Demir, Balci & Akkok 2000 141).

Un certain nombre de résultats concrets peut être plus directement rattaché à la politique culturelle mise en place par la Turquie depuis dix ans. Au chapitre de la politique linguistique, Ankara se félicite de voir que "la langue turque est en passe de devenir une langue internationale et que, chaque année, des milliers d'étudiants étrangers se rendent en Turquie" (Tika 1997 i). En ce qui concerne la dimension religieuse, le modèle turc d’islam séculaire continue – comme il a été souligné plus haut – de connaître un succès unanime auprès des républiques turciques (Akbarzadeh 2001 451). Mais les progrès les plus notables ont été obtenus dans le domaine de l’éducation. Ainsi que le notent des études récentes, la campagne éducationnelle de la TIKA, à savoir l’installation d’un vaste réseau d’enseignement et l’organisation d’un système de bourses et d’échanges, aurait eu un impact particulièrement favorable sur l’influence turque. En permettant de former et de remodeler l’identité des futures élites celle-ci aurait notamment encouragé la restructuration culturelle et sociale de ces pays. Ce faisant, elle aurait également fortement influencé le développement des relations économiques et culturelles entre la Turquie et les Républiques d’Asie centrale en aidant notamment à accroître le prestige du modèle turc et en éveillant une sympathie pro-turque chez les nouvelles classes dirigeantes (Engine 2000 151-154). Avec plus de recul, les observateurs extérieurs commencent à se rendre compte de l’importance du volet éducationnel de la diplomatie turque et de sa capacité à fournir à la Turquie une ‘plate-forme d’expansion culturelle’ (Mokeev & Dor 2000 449) mais aussi politique et économique.

Une campagne communicationelle particulièrement performante

Parmi les différents aspects de la diplomatie culturelle turque, le volet médiatique et télécommunicationel pourrait bien avoir eu l'impact le plus direct (Landau 1996 210). Il est en effet probable que les moyens de télécommunications de la campagne culturelle turque aient joué un rôle de premier plan dans la reconstruction d’une l'identité régionale. On peut penser, à l’instar de G. Winfrow, que grâce à des outils tels que Türksat et Avrazya, "le potentiel d'influencer le développement des républiques turcophones est réel" (Winfrow 1992 109). Pour les chercheurs de l'Association Turque de Recherche sur la Communication (ILAD), Avrazya joue certainement un rôle clef dans l'expansionnisme culturel transfrontalier de la Turquie en englobant dans la culture turque les téléspectateurs turcophones. Selon eux, la télévision a permis, dés le début des années 1990, de construire l'identité turcophone sur la base d'une allégeance ethno-culturelle reconstruite: "Dans ce nouveau paysage culturel un nouveau type d'identité, ce que l'on pourrait appeler une identité choisie, est conçu, où chaque identité particulière établit des liens qui transcendent les frontières territoriales en de nouvelles formes de communautés basées autour de valeurs partagées, (...) telles que la culture et l'ethnie" Sahin & Aksoy 1993 37). Après dix ans d’activité, il s’avère que, comme escompté, les médias et les télécommunications globales ont eut un impact profond sur l’identité et les habitudes de vie des jeunes turcophones. Les médias ont eu une influence importante sur la culture politique des sociétés turciques et en particulier sur l’émergence d’une société civile analogue à celle de la Turquie (Ruffin & Waugh 1999). Des nouvelles analyses montrent également "comment le capitalisme et la nouvelle télévision ont influencé les normes concernant les femmes" (Kuehnast 1998 645). Et même si, une nouvelle fois, la prudence s’impose en ce qui concerne l’impact sociologique concret de la politique télécommunicationelle d’Ankara, la puissance et l’influence des télécoms turcs sont indiscutables et de moins en moins discutées (Noam 1997).

La diplomatie culturelle : une stratégie à long terme

Depuis plus de dix ans, la Turquie met en œuvre dans le monde turc une politique culturelle novatrice, fondée sur l'exploitation de la force en douceur de ses normes culturelles, qui préfigure sans doute la diplomatie de persuasion du XXIe siècle. La Turquie est en effet rentrée de plein pied dans les relations internationales de demain en appliquant une stratégie ingénieuse qui a réussit à instrumentaliser le passé tout en sachant s'adapter à la réalité du nouveau contexte international et à la technologie de l'avenir.

Au moment de sa mise en place au début des années 1990, la nouvelle diplomatie turque a été mal comprise. Les plus enthousiastes ont surévalué sa capacité parlant du ‘nouvel empire ottoman’ et du ‘siècle turc’ qu’elle permettrait de bâtir. A l’inverse les plus sceptiques se sont empressés d’y voir une chimère et, négligeant de prendre le recul suffisant, ont hâtivement conclu à son inefficacité. Ce que ces analystes ont été incapables de comprendre c’est que la politique culturelle est avant tout une stratégie pragmatique qui se situe dans le temps long. Rares ont été ceux qui ont vu que la diplomatie turque et l’utilisation qu’elle faisait des liens culturels constituaient des ‘garanties pour une meilleure coopération à long terme’ (Haktanir dans Aydin 1996 158). Dès 1993, ces observateurs lucides annoncent qu'"à long terme, la Turquie peut considérer l'Asie turcophone et ses ressources naturelles comme un marché qui lui est ouvert" (Abramowitz 1993 44). Ils saisissaient déjà le fait que la Turquie dispose des atouts culturels et technologiques les plus importants pour jouer la carte de la Turcophonie à condition qu’on lui laisse le temps de faire ses preuves (Tapia 1995 411). La même approche s’impose dix ans plus tard : "Aujourd'hui, l'intérêt de la Turquie réside dans l'accroissement des relations culturelles, scientifiques et économiques avec les Républiques turcophones – Dans cette perspective, la Turquie poursuit un certain nombre d’initiatives qui, même si elles sont discrètes et ne font pas la une des journaux, sont cruciales en ce qui concerne le rapprochement des peuples des Républiques turcophones et de Turquie et dont l'importance ne va apparaître que dans le long terme" (Cornell 1998 68). Mais quelle que soit la forme que revêtira cette solidarité régionale turcophone demain, il apparaît dès à présent qu'elle sera rendue possible par les avancées que la politique culturelle a permis de réaliser depuis la fin de la Guerre Froide.

La perspective d’un grand Turkestan culturel

Tout porte à croire que la Turquie a eu raison de persévérer dans la voie du panturquisme culturel et qu’elle a tout à gagner en continuant à le faire dans le siècle à venir. Pour Stéphane de Tapia, "la turcophonie peut jouer un rôle de relais, de pont culturel, d'axe de développement économique d'importance mondiale (…)" (Tapia 1995 401). En permettant de renforcer la solidarité turcophone naissante, la stratégie culturelle peut en effet jouer un rôle central dans la constitution d’une zone de coopération économique, politique et stratégique. Il est par exemple envisageable que grâce aux efforts investis dans cette diplomatie "la Turquie et les Républiques turcophones puissent dans le futur former un bloc de vote officiel ou officieux dans les organisations islamiques régionales ou aux Nations Unies" (Landau 1996 401). Après une décennie de politique culturelle, les observateurs sont on ne peut plus optimistes quant au rôle régional de la Turquie. Même si elle n’est pas parvenue à bâtir, comme l’espérait le président Demirel, un empire turcique s’étirant de la Grande Muraille à l’Adriatique, elle s’affirme néanmoins comme un acteur clef de la nouvelle sphère eurasiatique (Economist juillet 1999 50). Lors de sa dernière visite officielle à Ankara, le président américain ne déclarait-il pas que la Turquie allait ‘contribuer de façon cruciale à la fabrication du 21e siècle’ à cause de sa position vitale au carrefour politique et culturel de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Cette dernière est surtout parvenue, en ravivant les liens ethno-culturels des républiques turciques, à donner corps à l’idée de ‘Monde Turc’ encore fantasque il y dix ans. Les observateurs estiment maintenant que le concept de ‘Grande Asie centrale’ pour laquelle a œuvré la diplomatie turque s’impose désormais pour parler de cette une zone construite sur des liens culturellement forts et animée depuis quelques années par une dynamique propre: "Sous l’angle géopolitique, cet espace (…) pourrait devenir pertinent dans l’avenir. Les régions en question s’inscrivent en effet dans des dynamiques distinctes de celles qui traversent le monde arabe" (Djalili & Kellner 2000 131). Il fait de moins en moins de doute que l’assise culturelle est le socle sur lequel continue de se construire ce nouveau système. En somme, la construction d’un Turkestan culturel est un phénomène d'importance majeur dont il convient de tenir compte pour comprendre les développements politiques futurs dans cette région qui occupe une place désormais cruciale dans les relations internationales.

La diplomatie culturelle des États : élément central des relations internationales du XXIe siècle

L’étude du cas turc s’impose également dans la mesure où le phénomène de la diplomatie culturelle des États est appelé à devenir une question de plus en plus centrale des relations internationales. A travers ce genre d’étude, il est en effet possible d’anticiper une évolution qui semble de plus en plus inévitable. Déjà aujourd’hui, un nombre croissant d’États choisissent d’utiliser les nouveaux instruments diplomatiques que sont les médias, Internet, la télévision et les satellites pour accroître leur influence internationale. Avec l’accélération constante de l’interdépendance globale et des progrès dans le domaine des technologies de communications, on peut s’attendre, dans l’avenir proche, à un développement généralisé de cette nouvelle forme de diplomatie. Il est donc urgent de tourner notre attention vers cette branche méconnue de la politique étrangère des États. Un autre intérêt de l’étude des politiques culturelles des États à l’étranger est de permettre de combler les lacunes de la théorie des relations internationales en ce qui a trait au rôle des normes culturelles comme source de pouvoir et d’influence. Dans le nouveau contexte international, le pouvoir politique des États, loin d’être exclusivement défini en termes de puissance brute, tend à reposer de plus en plus sur l’influence que procurent les normes culturelles. Ce sujet, abordé sous l’angle d’un réalisme doux ou du moins adouci, aide à expliquer que les États peuvent promouvoir leurs intérêts et maximiser leur influence à l’aide de stratégies non-coercitives compatibles avec le développement de la coopération internationale. En adoptant cette optique le but est de donner l’impulsion à une entreprise scientifique obstinément ignorée par les paradigmes dominants, l’étude du pouvoir culturel.

Pierre Cyril Cyrus Teymour Pahlavi

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  Date de la mise en ligne: janvier 2003
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