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"Atlas de la Roumanie",

par Violette Rey (coord.)

 

Découvrez le livre de Pierre Verluise, "Géopolitique de l'Europe. L'Union européenne élargie a-t-elle les moyens de la puissance?"

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Coll. Dynamiques du territoire - Reclus, éd. CNRS-Libergéo - La Documentation Française, 2000.

Voici le fruit d'une collaboration franco-roumaine. Par le niveau d'analyse (3000 communes) et par l'importance accordée au texte, ce livre de manipulation aisée (format 21/25cm) dépasse l'objectif classique d'un atlas. Il s'agit d'un ouvrage de référence pour situer et comprendre la Roumanie au début du XXIe siècle. L'exploration des tendances récentes mais insérées dans des rythmes du XXe siècle fournit une véritable approche des dynamiques territoriales à l'oeuvre dans cette partie de l'Europe. Sommaire complet reproduit en bas de page.

La coordination de l'ouvrage et l'écriture du texte ont été assurées par Violette Rey, professeur à l'Ecole normale supérieure de Fontenay-Saint Cloud, membre d'honneur de l'Académie roumaine. Les cosignataires de l'ouvrage sont Octavian Groza, maître de conférences à l'université de Iasi, Ioan Ianos, directeur de recherche à l'Institut de géographie de l'Académie roumaine et Maria Patroescu, professeur à l'université de Bucarest. La cartographie pour l'édition est l'œuvre de Guérino Sillère.

Quelle transition ?

L'introduction pose le cadre. "La Roumanie est un grand pays d'Europe centre-orientale, tout comme la Pologne dont elle partage la position géographique, au contact direct du monde slave oriental et des nouveaux pays de la CEI. Avec ses 22,5 millions d'habitants sur son territoire de 238 400 km², elle est au 7e rang des pays européens par sa population (CEI non comprise). A ce titre déjà il est significatif de dresser un état des lieux. En outre, elle entre activement dans la phase préparatoire à son adhésion à l'Union européenne et se trouve confrontée aux multiples possibilités comme aux complexités qu'implique cette nouvelle perspective. Dix ans de post-communisme n'autorisent pas un premier bilan de transition : la durée est trop courte, les situations trop fluctuantes. S'agit-il même d'une transition ? Si le terme est entré dans le langage courant pour nommer ce qui se passe après la chute du communisme, il peut être contesté parce qu'il véhicule la connotation simpliste d'un "retour" à un modèle "normal" d'évolution. Or d'une certaine manière, la Roumanie a vécu le XX e siècle sur le mode des transitions à répétitions. Le grand changement de la décennie 1990 est un moment particulier sur la voie des transformations vers la modernité, dont les bouleversements actuels représentent l'épisode le plus récent." (p. 11)

Cartes sur table

L'étude des cartes concernant le trafic aérien et les axes de transports terrestres illustrent bien la tension (p.29). La carte des liaisons aériennes internationales de la société TAROM témoigne de l'intensification des échanges avec les pays de l'Union européenne et dans une moindre mesure avec ceux du Proche-Orient. En revanche, la carte des corridors de circulation sur le territoire roumain est ainsi commentée : "Comment vaincre l'isolement ? La desserte aérienne et ferroviaire avec l'Europe est assurée. La voie danubienne, raccourcie par le canal entre Cernovada et Constanta est en attente de trafic, tandis qu'avec l'ouverture du canal Rhin-Danube, Rotterdam étend son arrière-pays sur l'Europe centrale aux dépens de Constanta. Face à l'enjeu du transport routier intercontinental en direction de l'Asie qui est en forte croissance, la Roumanie est en position marginale, tout comme pour les axes nord-sud entre la mer Baltique et les mers Noire et Méditerranée. La connexion de son très médiocre réseau intérieur au réseau européen est faible et la question du financement des corridors européens de circulation passant sur son territoire est un point sensible dans la compétition pour le financement international. Les tracés transeuropéens vers le Moyen-Orient et la localisation d'un nouveau pont sur le Danube pour délester celui de Giurgiu-Ruse font encore l'objet de débats. Comment capter une part du trafic, y compris par de nouveaux tracés d'oléoducs en provenance des gisements de la Caspienne ?" (p.28) Cette question articule aussi bien la valorisation du Caucase, que le jeu russe, les espérances roumaines … et européennes.

Systèmes agricoles

Le chapitre consacré au "monde rural et agricole" rappelle combien la Roumanie reste rurale, paysanne et villageoise en dépit de la collectivisation socialiste. En effet, ce pays compte plus de 10 millions de ruraux et plus de 3, 3 millions d'actifs agricoles. Ce qui pose bien des questions dans la perspective d'une intégration à l'Union européenne.

"L'agriculture reste une composante essentielle de la société autant que de l'économie du pays. Ses performances techniques limitées doivent être mises en regard avec son rôle spatial et social, puisque pour le moment elle exploite près de 15 millions d'hectares et permet à près de 4 millions de ménages de vivre grâce à une petite production de subsistance. Etait-ce le désir des jeunes campagnards à l'orée du post-collectivisme des années 1990 que d'avoir pour tout horizon de devenir petit paysan presque sans moyens ? Deux paradoxes accompagnent ce retour paysan. D'une part les paysages agraires nouveaux sont archaïques, exigent une débauche de travail et contrecarrent une agriculture productive. D'autre part, le retour paysan augmente la charge agraire qui exerce une sorte de "stress paysan" sur les milieux ; les lanières des champs suivent les pentes alors qu'ont définitivement disparu pendant la collectivisation les talus qui atténuaient l'érosion ; la couverture forestière a été endommagée par des coupes sauvages ; le pompage individuel de l'eau des nappes compromet les réserves." (p.51)

Comment articuler les relations entre ces petites exploitations nées de la liquidation des coopératives et les agri-managers français de la Beauce, capables de tirer profit aussi bien des subventions européennes que des délices de la bourse ?

Etudier la ville

Le chapitre consacré au monde urbain donnera aux enseignants d'histoire-géographie de Seconde un intéressant cas d'étude multiscalaire, à contre-courant de la situation couramment observée à l'échelle de la planète. Ils pourront notamment utiliser une carte à l'échelle nationale (p.74) mettant en évidence la chute de la population urbaine roumaine (Bucarest, Brasov, Sibiu... ) durant les années 1989-1999, à mettre en relation avec le contexte socio-politique. A l'échelle locale, l'étude peut être poursuivie par une carte de Bucarest (p. 86) distinguant l'évolution de six secteurs.

L'étude du logement permet de cerner la part d'héritage et de rupture dans le paysage en tant que produit social. "Qu'en est-il à la suite de cette urbanisation socialiste ? En matière de construction de logements urbains, la formule des "blocs" standards et uniformes a été appliquée ici comme ailleurs ; avec peut-être plus de résultats pour loger séparément chaque ménage, mais aux dépens de la qualité de plus en plus déplorable de la construction après 1975. Un paysage urbain monotone s'est développé sur tout le territoire, fait d'immeubles uniformes soit en vastes zones nouvelles, soit en grignotant les vieux quartiers lorsqu'ils existaient, au nom d'une modernité fonctionnelle anonyme. La crise et la privatisation des logements ont aggravé une situation sociale déjà médiocre : manque d'entretien des parties communes, difficultés de paiement du chauffage … , autant de problèmes qui accélèrent la dégradation des conditions de vie, font fuir les familles capables de trouver mieux ailleurs et amorcent des "taudifications" difficilement réversibles sans une aide publique." (pp.79- 80)

Risques naturels et technologiques

Les enseignants d'histoire-géographie de Seconde trouveront également des cartes et des textes utiles pour étudier "Les sociétés face aux risques". En effet, cet Atlas de la Roumanie présente p. 84 une carte des risques naturels et p. 85 une carte des risques technologiques. Il appert que le piémont munténien jusqu'à Bucarest concentre le maximum de dangers : très peuplée, avec de nombreux centres d'industries lourdes polluantes, la région est dans l'aire de sismicité la plus fréquente et la plus forte.

Les politologues trouveront une série de cartes sur les nationalités et religions (p.21-27) et sur les élections de 1992 et 1996. Les auteurs écrivent au sujet des élections aux conseils locaux :"A ce niveau local, où se façonne l'essentiel du renouvellement des comportements sociaux de la transition, c'est la diversité ou mieux l'indifférence qui domine, laissant le champ libre à l'imprévisibilité des recompositions futures, et témoignant, sinon du désarroi, du moins de la difficulté même à reconstruire une vie politique nette." (p.140)

Sommaire de l'Atlas de Roumanie

  1. Le territoire roumain en Europe

  2. La population

  3. Le monde rural et agricole

  4. Le monde urbain

  5. Industries et transports

  6. Les services à la population

  7. La vie sociale et culturelle

  8. La transition postsocialiste et les recompositions régionales (dont sept modèles)

Doute

L'ouvrage s'achève sur un propos sceptique au sujet du découpage du territoire en huit régions de développement, définies sans véritable débat public par les experts du programme d'étude PHARE mené par l'Union européenne. "Il va sans doute progressivement devenir le cadre essentiel des évolutions régionales, par les financements et par les choix que feront les acteurs régionaux. Pourquoi huit régions et non pas douze ou quatre ? S'il est sûr qu'il n'y a pas de cadre idéal, s'il est évident que le nombre correspond bien aux critères de gestions des fonds européens, offre-t-il pour autant la maille la plus adaptée pour susciter la cohésion sociale entre des milieux locaux encore très petits et fragmentés? Seul l'avenir le dira." (p. 152)

Pierre Verluise

NB: Cet ouvrage est l'aboutissement d'une recherche de l'équipe ENS-Géophile, membre de l'UMR du CNRS "Géographies-cités", en collaboration avec l'Institut de géographie de l'Académie roumaine de Bucarest et les Facultés de géographie des universités de Iasi et de Bucarest. La publication a bénéficié du concours de la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques du ministère des Affaires étrangères (Paris). L'information statistique utilisée est celle de la Commission nationale de la statistique de Bucarest. Le fond de carte a été conçu par Micheline Cosinschi de l'université de Lausanne et une équipe de l'université de Iasi.

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