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Voyage dans 40 ans de guérillas,

par Gérard Chaliand

 

Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le site www.diploweb.com vous présente en exclusivité sur Internet un extrait d'un ouvrage de Gérard Chaliand publié en mars 2006 par les éditions LIGNES DE REPERES. Pour en savoir plus, consultez le dossier de cet ouvrage et suivez son actualisation sur : www.lignes-de-reperes.com

Vous trouverez en bas de page : 2. Présentation de l’ouvrage. 3. Présentation de Gérard Chaliand.

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1: L’extrait

Le conflit israélo-palestinien dans la durée

Aucun conflit n’éveille autant de passions que celui entre Israéliens et Palestiniens. C’est que les Juifs ont payé, en tant que peuple, en Europe, durant la Seconde guerre mondiale le prix le plus élevé pour simplement survivre. Et que les Palestiniens, soutenus par les opinions publiques des pays arabes qui partagent avec eux une humiliation commune s’estiment dépossédés. 

En 1897 se tient à Bâle le premier congrès sioniste. Celui-ci est l’une des conséquences d’un antisémitisme qui a remplacé l’anti-judaïsme traditionnel. Cette résurgence venait après une période où, au lendemain des Lumières, les Juifs avaient bénéficié, dans plusieurs pays occidentaux des droits civiques. Elle s’était manifestée en  Allemagne en 1879, par des pogroms dans l’Empire tsariste à partir de 1881, en France enfin avec l’affaire Dreyfus (1894). 

Le congrès se tenait un an après la parution de L’Etat juif dû à Theodore Herzl[i] qui se situait dans le droit fil de l’esprit du temps : celui des nationalismes du XIXe siècle européen, fondés sur l’Etat-Nation. Par ailleurs, à l’époque, les projets colonisateurs n’étaient pas perçus comme ils le seront au cours de la  seconde partie du XXe siècle. La Palestine, au moment où se tenait le congrès qui, symboliquement, projetait la création d’un futur Etat juif était une province arabe de l’Empire ottoman. 

À la veille de la Première guerre mondiale on comptait quelques 85 000 Juifs sur environ 730 000 habitants. En 1880, il y avait 24 000 Juifs sur à peu près un demi million d’habitants. Le mouvement sioniste avant 1914 reste extrêmement minoritaire. Les départs de Russie, de Roumanie, de l’Empire austro-hongrois se font à 99% vers l’Ouest et plus particulièrement les Etats-Unis où se rendent aussi la majorité des immigrants européens. De surcroît, en Europe centrale et orientale, le sionisme est concurrencé avec succès par le Bund, fondé en 1897 et les différents courants socialistes révolutionnaires qui agitent l’Europe à cette époque. Le mouvement de retour vers la Palestine (d’autres solutions avaient été, un moment, envisagées : Argentine, Ouganda) est né parmi des Juifs de Russie, influencés par des courants socialistes, dont certains inspirés de Tolstoï. Il s’agissait entre autre, en créant des colonies agricoles, de régénérer un peuple jusque-là confiné aux ghettos. 

En 1917, les Britanniques s’engagent par la Déclaration Balfour à instaurer un « foyer national juif » en Palestine. Déclaration ambiguë puisque celle-ci impliquait que ce foyer n’irait pas à l’encontre des intérêts des populations locales. L’Empire britannique, il est vrai, n’en était pas à une promesse près, la victoire n’étant nullement assurée. On avait déjà laissé entendre aux Hachémites, afin qu’ils se révoltent contre l’Empire ottoman, qu’ils pourraient se retrouver à la tête d’un royaume arabe sur l’ensemble du Proche-Orient. Et un accord plus ancien et secret avait été signé par Sykes et Picot pour un futur partage franco-anglais des mêmes territoires. 

En 1920, des émeutes éclatent contre les colonies juives. C’est la même année que les rêves arabes d’unité s’effondrent devant les intérêts impériaux des puissances européennes. Les Français occupent la Syrie. Les Britanniques placent des Hachémites sur les trônes d’Irak et de Transjordanie. Tandis que l’immigration juive reprenait (35 000 entre 1919 et 1923), la Grande-Bretagne cherchait à ne pas antagoniser les Arabes. Publié en 1922, le White Manifest de Churchill limitait l’immigration en fonction de la capacité d’absorption économique du pays et stipulait que la venue des colons ne visait pas à la « subordination de la population arabe » en Palestine. Lorsque la Société des Nations confie en 1922 à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine, le projet d’Etat juif en était exclu. 

L’avenir déciderait en fonction de poids respectif des communautés.

En 1931, les Juifs représentaient quelque 17,5% de la population de la Palestine, soit 175 000 sur 1 036 000 habitants. La montée au pouvoir des nationaux-socialistes en Allemagne provoque une forte poussée migratoire. En 1939, les Juifs étaient 430 000 environ sur 1,5 million d’habitants soit 28%. 

Entre temps, en 1936-39 une insurrection éclate. Des bandes armées d’Arabes de Palestine, appuyés par des volontaires syriens et irakiens harcèlent les forces britanniques pourtant importantes et s’en prennent également aux Juifs qui organisent leur défense grâce à la Haganah. Le rapport de la commission Peel, envoyé sur place concluait en 1937 à un partage de la Palestine entre un Etat arabe, un Etat juif et une zone britannique comprenant Jérusalem et un couloir donnant à la ville un accès maritime. 

Ce plan fut refusé par les colons juifs bien plus que par leurs dirigeants, à l’étonnement des Britanniques. La guerre civile, de toute façon, eut empêché de l’appliquer et il fut abandonné. 

En mai 1939, devant l’imminence de la guerre, la Grande-Bretagne, afin de satisfaire les Arabes publièrent un nouveau Livre blanc, Celui-ci stipulait que 75 000 Juifs pourraient encore immigrer durant les cinq années à venir, après quoi une constitution serait discutée et qu’à partir de cette date l’immigration dépendrait du consentement de la majorité arabe. La Palestine devait devenir indépendante dix ans après la publication du Livre Blanc en tant qu’Etat bi-national. 

Pour les sionistes, le Livre blanc était consternant.

Une partie des Arabes prit cependant fait et cause pour l’Allemagne, à l’instar du Grand Mufti de Jérusalem. Tandis que durant la guerre les Juifs de Palestine se rangeaient du côté des alliés, l’Irgoun, issu du Parti révisionniste, créé par Z. Jabotinsky et le groupe Stern qui s’en détacha, luttait contre l’occupant colonial par des actions à caractère terroriste. Celles-ci eurent lieu surtout à partir du début de 1944 et furent relayées dès la fin de la guerre par des actions de la Haganah dirigées contre les restrictions à l’immigration maintenues par la Grande-Bretagne. Cette dernière, annonce en 1947 son intention de se retirer de la Palestine, s’en remettant à l’O.N.U. pour décider de l’avenir du pays. 

Un plan de partage est voté par l’O.N.U. en 1947 divisant le pays entre un Etat juif, un Etat arabe, un statut international étant institué pour Jérusalem. Le conflit entre les deux parties était inévitable (ainsi que l’avait prévu dès 1924 Zeev Jabotinsky) […] 

La guérilla éclate bien avant la date prévue pour la fin du mandat, le 15 mai 1948. De part et d’autre les représailles furent de plus en plus dures. Dans la nuit du 9 au 10 avril, afin de pousser les Arabes au départ pour assurer un peuplement plus homogène, un commando, plus tard désavoué, de l’Irgoun exécute les 254 habitants du village de  Deir Yassin. 

La proclamation de l’Etat juif par David Ben Gourion est immédiatement suivie, le 15 mai, par une offensive des armées d’Egypte, de Syrie, de Transjordanie et d’Irak. Si les effectifs des adversaires étaient à peu près équivalents, la qualité du commandement, le moral des troupes et leur cohésion penchait largement en faveur des Israéliens. 

Le 11 mars 1949, date du cessez-le-feu définitif, le territoire contrôlé par les Israéliens était supérieur à celui que celui que l’O.N.U. lui avait dévolu. 

Pour les sionistes, le succès essentiel résidait dans l’existence désormais établie d’un Etat juif. Celui-ci ne recouvrait pas l’ensemble de la Palestine du mandat. Pour les Arabes, une terre arabe et musulmane venait d’être conquise par des Juifs venus d’Europe, à travers un processus de colonisation et soutenus aussi bien par les Etats-Unis que par l’URSS. L’armistice, à leurs yeux n’était ni la paix ni la reconnaissance du fait accompli. 

En ce qui concerne les Arabes palestiniens, environ 700 000 d’entre eux deviennent des réfugiés que des organismes des Nations Unies prennent en charge. Israël refuse de se plier à la résolution des Nations Unies leur enjoignant de réintroduire ces réfugiés dans les territoires désormais dévolus à Israël où les Juifs entendent former un Etat dans lequel ils sont largement majoritaires. Près de 600 000 Juifs doivent, conséquence du conflit, quitter les pays arabes, beaucoup trouvent refuge en Israël. De leur côté, les Etats arabes n’acceptent pas de négocier une paix définitive sur la base des frontières de 1948. 

La bande de Gaza est confiée à l’Egypte et le restera jusqu’en 1967. La Cisjordanie, à la demande de notables palestiniens est annexée par la Transjordanie qui se transforme en Jordanie en 1949. En somme, ce qui aujourd’hui est revendiqué par les Palestiniens de l’O.L.P. et entériné par la proposition du prince Fahd d’Arabie Saoudite[ii], avec quelques décennies de retard, fut entre les mains d’Etats arabes entre 1949 et 1967. 

Entre 1949 et 1967, le conflit territorial concernant la Palestine est essentiellement perçu comme un conflit israélo-arabe, ainsi que le rappelle la campagne de Suez (1956). Les Palestiniens n’y figurant que comme des réfugiés. L’effondrement des élites arabes de Palestine avait été complet et il faut attendre 1956 pour qu’un embryon de nationalisme palestinien se manifeste avec la création du très modeste Fatah de Yasser Arafat. Lorsque l’O.L.P. est créée sous l’égide de  Nasser en 1964, soit quinze ans après la défaite, celle-ci est confiée à un notable, Ahmed Choukeiri ne représentant que lui-même. Le panarabisme symbolisé par Gamal Adel Nasser est à cette époque l’idée mobilisatrice qui s’exprime par les diverses tentatives d’union se succédant de 1958 à 1963. Dans de nombreux pays arabes, le Fatah est clandestin et les commandos de ce mouvement qui cherche à opérer en Israël sont également abattus par les Jordaniens. 

C’est l’écrasante défaite arabe de juin 1967 qui permet au mouvement national palestinien d’émerger, après s’être fait connaître dans le monde arabe par un succès lors de l’escarmouche de Karameh puis mondialement, avec le détournement en été 1968 d’un avion de la compagnie El Al par le Front Populaire de Libération de la Palestine de Georges Habache. 

La Charte publiée en 1969 par l’O.L.P. voulait créer un Etat palestinien sur l’ensemble de la Palestine du mandant où les Juifs auraient bénéficié de droits religieux. C’était offrir à nouveau, sur le modèle ottoman du « milet » un statut de minorité sans droits nationaux à un peuple dont le but politique avait été de créer un Etat-Nation. 

La guérilla projetée qui devait provoquer la déliquescence et le départ d’une population considérée comme hétérogène et ne constituant pas une Nation aux yeux de l’O.L.P. ne vit jamais le jour. 

Elle fut remplacée par des opérations à caractère terroriste, certaines surtout publicitaires, d’autres destinées à faire des victimes civiles. Entre temps, la victoire militaire israélienne se manifestait par l’annexion de facto de Jérusalem Est et par l’implantation de colonies tout au long des dix années où les travaillistes furent au pouvoir (1967-1977). 

La guerre de 1973, destinée à sortir l’Egypte et la Syrie de l’impasse dans laquelle ils se trouvaient, ne modifie pas la situation interne des Palestiniens. L’année suivante, Yasser Arafat remporte un triomphe éphémère à New York, aux Nations Unis, en tant que représentant officiel du mouvement national palestinien. 

La montée au pouvoir du Likoud, en 1977, marque une date importante dans l’histoire de l’Etat hébreu. Les implantations continuent à un rythme plus rapide. Camp David (1979) où le Président égyptien Sadate reconnaît officiellement l’Etat d’Israël et se voit restituer le Sinaï, marque désormais l’impossibilité des autres Etats arabes de mener une guerre contre Israël. Profitant de la guerre du Liban, le général Sharon obtient en 1982 le départ de l’O.L.P. vers Tunis.  

En 1987 éclate l’Intifada qui ramène, après vingt ans, l’attention sur l’occupation des territoires plutôt que sur la résistance extérieure. 

La situation prend un tour nouveau avec la reconnaissance de la légitimité nationale des Palestiniens sous la présidence d’Ytzkhak Rabbin. Les Accords d’Oslo (1993) paraissent apporter un début de règlement possible bien qu’après leur signature, les implantations n’ont pas été gelées. 

Les extrêmes, entre temps, de part et d’autre, se renforcent. Partis religieux et Likoud entre autre, du côté israélien ; Hamas et Jihad islamique du côté palestinien. Essentiellement laïc à ses débuts, le mouvement national palestinien se rapproche aujourd’hui largement des courants  islamistes

Les atermoiements ambigus de l’O.L.P. qui n’ose pas prendre le risque du compromis en 2000 ont contribué à renforcer les droites israéliennes tandis que ces dernières nourrissent le « jusqu’au boutisme » des islamistes. Y. Rabbin, coupable d’avoir consenti à brader la Judée et la Samarie est assassiné (1995). 

La remontée au pouvoir du Likoud n’a pas d’autre sens que de défaire ce qui a été consenti au profit des Palestiniens dans les territoires occupés. A cet égard, les positions d’Ariel Sharon, quand il accède au pouvoir en 2000, sont claires. Quant à la seconde Intifada (2001), elle pousse à droite la majorité des Israéliens par souci de sécurité. En effet, des actes à caractère terroriste dirigés contre les colonies en Cisjordanie ou à Gaza auraient eu leur cohérence. Frapper des civils en Israël paraissait remettre en cause l’existence même du pays. 

La reconquête israélienne de 2002 plongeait la population palestinienne dans une situation économique et politique très dure. Aux attentats aveugles des Palestiniens répondaient, dans le cadre de cette guerre inégale, des ripostes ciblées destinées à liquider les cadres et les dirigeants palestiniens tandis que la marginalisation de Yasser Arafat était patiemment poursuivie.  

Avec le processus de construction du mur (2003) qui répondait aux besoins de sécurité d’Israël et au souci d’inclure les implantations israéliennes les plus proches de la ligne verte, on assiste à une « cantonalisation » des populations palestiniennes. 

La politique adoptée par le général Sharon a été favorisée par Hamas et partiellement par les ambiguïtés de l’O.L.P. qui ne retrouvera plus jamais la position relativement favorable qui fut la sienne à l’époque du Président Clinton. 

Le Likoud ainsi que d’autres partis, religieux ou pas, n’ont jamais fait mystère de leur volonté de ne pas restituer la quasi-totalité des territoires occupés comme il en fut un moment question à Taba (2000). 

Dans le long combat mené pour la possession d’un territoire très modeste - la Palestine du mandat n’atteignait pas 30 000 Km2- les victimes territoriales sont les Palestiniens. Ce conflit pour un territoire est l’expression de nationalismes rivaux et il était inévitable. Il n’est pas terminé et la « feuille de route » qui devait déboucher à la fin de 2005 sur un Etat palestinien a peu de chance d’aboutir.  

On peut épiloguer à l’infini sur l’injustice commise à l’égard des Palestiniens depuis 1967. Ceux qui n’acceptent pas le fait accompli, en Histoire, parce qu’il leur paraît inéquitable, peuvent remonter au-delà sans pour autant être en mesure d’effacer la réalité de l’existence de l’Etat d’Israël. 

Il est légitime que les Palestiniens puissent disposer d’un Etat en Cisjordanie et à Gaza. De même qu’il est nécessaire, comme on l’avait envisagé à Oslo, que les réfugiés puissent être financièrement dédommagés. 

Si on n’approuve pas les extrémistes palestiniens qui rêvent de revenir au statu quo ante de 1947, on devrait aussi s’élever contre les aspirations des extrémistes en Israël de déposséder davantage, en Cisjordanie, les Palestiniens, voire de souhaiter leur expulsion. 

Il n’y a pas de solution pleinement satisfaisante pour les deux parties. Ni pour les plus forts, quel que soit leur messianisme, ni pour les plus faibles, quelle que soit la légitimité de leurs revendications. 

Cependant on constate que l’appui quasi unilatéral accordé par l’administration Bush à la politique menée par le général Sharon, loin de contribuer à régler, par un compromis, le conflit, alimente les extrêmes de part et d’autres ainsi que l’hostilité du monde musulman à l’égard des Etats-Unis. 

Est-il raisonnable pour les Etats-Unis d’attiser l’hostilité de plus d’un milliard de musulmans dans le monde pour qu’en définitive le Likoud parvienne à une annexion de facto de deux à trois mille Km2 ? 

La stratégie qui, par définition, cherche à rendre compte des rapports de force sans a priori idéologique ni moral avant d’avoir évalué les résultats concrets des protagonistes d’un conflit, constate la faillite des élites arabes et palestiniennes au cours des décennies écoulées. 

De fait les Arabes, au cours du processus qui va des années quarante du siècle dernier, puis les Palestiniens à partir de 1967 ont à chaque fois, pour des raisons qui peuvent se comprendre, eu un temps de retard dans ce qu’ils consentaient à accepter. De compromis refusé en réponse ambiguë, le temps n’a pas travaillé pour les Palestiniens et contrairement aux affirmations de ceux qui pensent connaître l’avenir, il n’est nullement assuré qu’il travaille pour eux à moins de tenir que la démographie se transforme automatiquement en puissance ; dans cette hypothèse, le conflit entre Israël et les Etats arabes aurait du être fatal à Israël entre 1948 et 1973. 

Les Juifs, quelle que soit par ailleurs l’ampleur de la tragédie qui les a frappés en Europe étaient arrivés, avant comme après la catastrophe, avec un capital de savoir, une conscience de la modernité et du maniement du politique largement supérieurs à ceux de leurs adversaires. La puissance de la diaspora et le soutien, selon les périodes, de tel ou tel État ne pouvaient cependant se substituer à la motivation, à l’organisation et à l’efficacité d’un peuple condamné à gagner pour ne pas tout perdre[iii]

Aujourd’hui, il s’agit, pour les élites palestiniennes de voir ce qui peut être sauvé d’un désastre qui continue d’être l’horizon d’un peuple graduellement dépossédé. Dans la mesure où, compte tenu des conditions géopolitiques et stratégiques, aucun Etat ne se battra pour les Palestiniens, ceux-ci doivent tenter de conserver le maximum possible des territoires occupés et cesser de rêver à l’impossible solution d’un retour en arrière aussi utopique que celui auquel aspirent les islamistes radicaux à l’échelle du monde musulman.

Gérard Chaliand

Notes:

[i] Seulement précédé comme manifeste d’un sionisme politique par Auto-émancipation de J.L. Pinsker.

[ii] La reconnaissance d’Israël par les États arabes en échange d’un retour aux frontières du 6 juin 1967.

[iii] Le retrait unilatéral de la bande Gaza du à l’initiative d’Ariel Sharon est, pour Israël, une importante initiative politique. Elle force les partis palestiniens à démontrer leurs capacités d’administrer le territoire tout en gelant, pour une période indéterminée, le statut d’une Cisjordanie où les avancées territoriales des colonies israéliennes (Grand Jérusalem, Ariel, Gush Etzion) sont substantielles.

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Date de la mise en ligne: mai  2006

 

   

Présentation du livre "Voyage dans 40 ans de guérillas"

   

 

 

Du Vietnam à l'Irak, de l'Afrique à l'Amérique latine, Gérard Chaliand témoigne des luttes armées, dont il a été l'observateur de terrain depuis 40 ans. Son livre est une contribution à l'étude des guérillas, de la guerre populaire au terrorisme, qui ont constitué l'essentiel des affrontements depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui encore, en Irak, la guérilla, avec les actions terroristes qui l'ont presque toujours accompagnée, réaffirme une fois de plus sa terrible efficacité, particulièrement contre un adversaire étranger.

Quel bilan tirer de ces décennies de conflits? A l'exception des indépendances, les projets des partis révolutionnaires ne se sont-ils pas souvent révélés des leurres? La liquidation des situations de domination n'a t-elle pas démontré que l'organisation intelligente de la violence se révèle souvent politiquement payante?  

   

 

       
    Biographie de Gérard Chaliand    
   

Voyageur, poète, écrivain politique, Gérard Chaliand n'appartient à aucune institution. Ayant longuement séjourné au plus près des conflits, il a contribué au renouveau de l'intérêt pour la géopolitique et de la stratégie, en et hors de l'Occident. 

   
         

 

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