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Frontières et nationalismes en Asie orientale.  

Par Barthélémy Courmont,

responsable du bureau de l'IRIS à Taiwan   

Le principal risque dans la région reste une montée en puissance progressive des nationalismes. Si ces mouvements ne sont pas nouveaux, leur développement ne s’est jamais fait de façon aussi simultanée. L’un des particularismes de l’Asie orientale au XXIème siècle est cette hésitation entre des perspectives d’ouverture, notamment dans le domaine économique et commercial, et dans le même temps un repli derrière des thèses nationalistes et une méfiance affichée envers les voisins.

L'auteur présente de manière à la fois précise et pédagogique la situation en Chine, à Taiwan, au Japon, en Corée du Nord, en Corée du Sud.

Bibliographie de la question et biographie de l'auteur en bas de page.

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Les relations entre Taipei et Pékin et la question nord-coréenne constituent les principaux enjeux sécuritaires en Asie orientale, mais s’ajoute à ces zones de tension un réveil des nationalismes qui pourrait provoquer des fractures entre les différents acteurs. On pense bien sûr à la Chine et au Japon, qui n’ont pas encore réglé des différends vieux de plusieurs décennies, mais ce problème concerne également les autres Etats d’Asie orientale. 

Le principal risque dans la région reste une montée en puissance progressive des nationalismes. En fait, si ces mouvements ne sont pas nouveaux, leur développement ne s’est jamais fait de façon aussi simultanée. L’un des particularismes de l’Asie orientale au XXIème siècle est cette hésitation entre des perspectives d’ouverture, notamment dans le domaine économique et commercial, et dans le même temps un repli derrière des thèses nationalistes et une méfiance affichée envers les voisins. De même, les conséquences d’une confrontation des nationalismes n’ont jamais été aussi préoccupantes, en raison de l’importance que représentent aujourd’hui ces pays sur la scène internationale. 

Ces nationalismes, s’ils apparaissent comme le principal défi pour la région, ne sont-ils pas cependant, plus que des contentieux profonds entre les Etats, le résultat de leurs efforts en vue de s’affirmer comme des puissances émergentes ou confirmées ? Les différends frontaliers confirment à cet égard une tendance à vouloir s’affirmer sur la scène extérieure, et reconstituer des ensembles géographiques d’un autre temps.

 

La Chine

- Le sino-centrisme et son évolution

Du protectionnisme au prestige national

Le nationalisme chinois a marqué l’histoire de l’empire. Le nom donné à la Chine, Zhong (milieu) Guo (royaume) suffit à comprendre la façon dont les Chinois percevaient leur pays sur la scène internationale. L’empire du milieu a toujours vu dans les civilisations l’entourant des vassaux et dans les autres cultures peu connues rien de moins que des barbares. Ce sino-centrisme très prononcé a évolué vers un nationalisme que les succès économiques du régime ont amplifié et modernisé.

C’est essentiellement autour des questions économiques que s’exprime aujourd’hui ce sino-centrisme. Pendant des décennies, les autorités de la Chine communiste ont méthodiquement bâti le nationalisme autour de l’idée d’un étranger dangereux, et des humiliations que la Chine avait subies. Au cœur des revendications, les zones historiquement rattachées à l’empire chinois, mais cédées aux occidentaux au XIXème siècle, permettaient d’alimenter une méfiance à l’égard de l’extérieur. Dans un contexte post-Guerre froide, la Chine a récupéré ses anciens territoires (à l’exception notable de Taiwan, et des îles du détroit de Formose, contrôlées par « l’autre » Chine), retrouvé une certaine crédibilité sur la scène internationale, et le nationalisme s’est en même temps modernisé. Deng Xiaoping illustrait ainsi le regain de prestige de la Chine, qui fut à l’origine de l’apparition d’un nouveau nationalisme : « Les rapides progrès réalisés ces dernières années ont augmenté puissance et crédibilité. Nous pensons ce que nous disons et sommes de parole, l’image chinoise s’est ainsi améliorée ».

 

La fierté retrouvée

En apparaissant comme crédible et fiable, la Chine est redevenue par la même occasion fière d’elle-même et des valeurs qu’elle incarne, et le retour de Macau et Hong Kong marquèrent ce succès. Les problèmes frontaliers ne sont pas tous réglés pour autant, aux litiges maritimes s’ajoutant les lignes terrestres avec l’Inde et le Pakistan, mais l’ouverture des pourparlers avec New Delhi augure d’une reconnaissance des frontières de la Chine avec le voisin indien.

Le 1er juillet 1997, Hong Kong a été rétrocédé à la Chine, dont elle avait été détachée au profit de l’empire britannique pour une période de 99 ans en 1898. Deux ans plus tard, ce fut au tour de Macau, colonie portugaise, d’être rattachée à la Chine. Pékin conserve des ambitions avouées sur toutes les îles de la mer de Chine méridionale (en particulier les Paracel et les Spratly, qu’elle dispute au Vietnam et aux Philippines), qui offrent d’importantes réserves de pétrole, dont le pays aura des besoins de plus en plus importants, mais le « retour » de ces deux cités-Etats sous l’autorité de Pékin marqua un véritable tournant dans les revendications du nationalisme en Chine.

 

L’évolution du nationalisme d’Etat

Dans un contexte post-Guerre froide, le nationalisme d’Etat est plus orienté vers une défense de l’unité chinoise contre les mouvements séparatistes (qui incluent la question taiwanaise) que vers un hégémonisme dans la région. Pour autant, le sentiment de résistance contre le Japon, ennemi historique, continue d’être agité.

Parallèlement à ces constantes, une certaine modernisation du nationalisme chinois est apparue tandis que le régime s’ouvrait sur le monde. Au contact de l’extérieur, le nationalisme chinois, comme l’explique Jean-Luc Domenach, est « de plus en plus concret, (…) prend plus appui sur des problèmes réels, (…) recherche toujours des avantages de face, mais aussi de plus en plus de substance »[i]. C’est donc aujourd’hui parce que les Chinois connaissent mieux l’étranger qu’ils cherchent à l’imiter pour monter en puissance, et en perçoivent les limites. La contemplation dans l’ombre et le rejet hérité de l’ignorance ont laissé place à un plus grand pragmatisme de la part de la population. Les Chinois estiment ainsi que les espoirs d’accéder au rang de première puissance économique mondiale ne relèvent pas simplement du fantasme des autorités, mais sont une réalité unanimement acceptée.

 

- Les succès de l’économie au service du nationalisme 

Une politique de main-tendue 

Autre signe qui ne trompe pas, la montée en puissance de l’économie chinoise s’est traduite, depuis le milieu des années 90, par des gestes de bonne volonté en direction des autres pays d’Asie orientale. Pékin a ainsi proposé une aide aux pays en difficulté à la suite de la crise asiatique de 1997, refusé de dévaluer le yuan, ce qui aurait eu des effets désastreux sur les échanges commerciaux et sur les efforts en vue d’implanter une zone de libre-échange au sein de l’ASEAN, puis est entré à l’OMC. Progressivement, l’influence économique de la Chine vient concurrencer celle du Japon jusque dans ce qui semblait être sa zone protégée.

 

Le rôle des autorités 

L’élément qui domine est que le nationalisme est savamment instrumentalisé par les autorités. Comme le résume Chen Yan, « le communisme a réussi à intégrer le nationalisme en l’orientant vers la promesse de la construction d’une société juste et d’une nation puissante à la fois digne du glorieux passé chinois et dépassant la dualité Chine-Occident »[ii]. Le communisme chinois incarne un nationalisme révolutionnaire en compétition avec d’autres formes d’expression. Il est nationaliste car l’essentiel est, pour reprendre un slogan répandu dans les années 20, de « sauver la nation » contre les impérialismes prédateurs, de la protéger et même de reconstituer son unité. Il est enfin, pour reprendre les propos de Roland Lew, « révolutionnaire car, pour réaliser cet objectif, la nation doit être transformée, en prenant modèle sur cet Occident industriel que l’on veut à la fois chasser et imiter »[iii]. Est-il pour autant ambitieux, au point de devenir une menace globale ?

 

- Les relations avec les autres puissances

Dans la ligne de mire de Washington 

De nombreux experts chinois réfutent l’idée selon laquelle Pékin chercherait à se mettre au niveau de Washington, défendant le principe d’une diplomatie active, mais dont les ambitions restent celles d’un membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. Ainsi, la Chine n’a pas pris les devants lors de la crise diplomatique qui a précédé l’intervention militaire contre l’Irak, marquant son désaccord aux côtés de Paris et Moscou, mais sans se positionner comme le chef de file des contestataires aux propositions de Washington. On qualifie donc plus facilement la politique étrangère chinoise de « nouvelle maturité », oscillant entre un pragmatisme qui aurait pour priorité la défense des intérêts vitaux et un désir de maintenir l’idéologie à un niveau élevé. 

C’est pourtant l’opposition à Washington qui alimente le nationalisme contemporain en Chine, et les épisodes du bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade en 1999 et de l’avion espion américain à Hainan en 2001 exacerbèrent un sentiment anti-américain qui reste très présent dans la population, et est entretenu par les autorités. S’il est pour l’heure exagéré de parler d’opposition, une montée en puissance de ce nationalisme pourrait, en fonction des circonstances, faciliter un affrontement entre les deux puissances qui se définiraient dès lors comme rivales. 

 

Les rivalités sino-japonaises 

L’animosité à l’égard du Japon se réveille à chaque occasion, les autorités ne manquant pas, là encore, d’en rajouter. Les évènements du mois d’avril 2005, consécutivement à une nouvelle affaire de manuels scolaires japonais, ont été marqués par de nombreuses manifestations anti-japonaises, que le gouvernement n’a pas réprimé comme il l’aurait fait de mouvements hostiles à Pékin. Cela s’ajoute aux reproches adressés à chaque visite des autorités japonaises au sanctuaire de Yasukuni, et révèle une tension entre Pékin et Tokyo qui repose sur plusieurs facteurs, dont une ignorance de la société japonaise contemporaine côté chinois, ce qui renforce l’incompréhension et une certaine animosité. 

La Chine n’a cependant pas la prétention de devenir un adversaire du Japon, et ce sont au contraire des signes de rapprochement, en particulier sur les questions commerciales, qui caractérisent le regain de dialogue entre les deux anciens ennemis. Mais Pékin continue d’utiliser la mauvaise image du Japon dans l’opinion publique pour exacerber un nationalisme dont les autorités savent tirer profit, en l’utilisant comme un élément rassembleur, et pour peser sur la politique japonaise. L’attitude du régime chinois, qui critique les gestes de Tokyo mais invite dans le même temps les autorités japonaises à renforcer le dialogue entre les deux Etats, est révélateur de cette instrumentalisation réussie d’un nationalisme modernisé, mais qui repose sur des critères anciens.

 

Un nationalisme de diasporas 

Il est souvent troublant de constater que le sentiment nationaliste est parfois plus fort chez les populations chinoises vivant à l’extérieur. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne les milieux intellectuels qui, s’ils n’hésitent pas à dénoncer le non respect des droits de l’homme en Chine, critiquent souvent avec vigueur l’impérialisme des Etats-Unis, et revendiquent la place de la Chine sur la scène internationale. Wang Xiaodong explique ainsi que « les Américains veulent nous étrangler petit à petit, sans que nous nous en apercevions. Ils refusent que nous retrouvions notre en place en Asie, la première. Ce sont nos ennemis. Il faut que nous nous préparions, que nous nous armions. Ce sera eux ou nous »[iv]. Ces propos traduisent l’importance d’un nationalisme « instruit », et qui se présente comme une réaction à ce qui est perçu comme un néo-impérialisme de Washington. Le nationalisme des milieux intellectuels ne serait pas tant le résultat d’un sentiment patriotique que de la crainte d’un expansionnisme américain, preuve s’il en est besoin de l’importance que les Chinois accordent aux mouvements de Washington. 

 

Taiwan 

- Le rapport à la Chine continentale

Un contentieux historico-culturel 

Séparé de la Chine continentale depuis la prise de pouvoir des communistes en 1949, Taiwan est le seul Etat de la région qui n’en est pas officiellement un, la « province rebelle » telle que définie par Pékin, n’ayant jamais fait acte d’indépendance. Ainsi, deux Chine s’opposent de part et d’autre du détroit de Formose depuis cinq décennies, avec des alternances de tension et de reprise du dialogue. Le différend opposant Pékin à Taipei s’articule autour d’un contentieux historico-culturel, et prend aujourd’hui appui sur, de part et d’autre, les évolutions d’un discours nationaliste qui pourrait précipiter les évènements.

 

Vers une déclaration d’indépendance ?

L’élément déstabilisant dans la relation Pékin-Taipei serait une déclaration d’indépendance de Taiwan, que les autorités de Chine continentale pourraient utiliser pour justifier une confrontation armée, et qui mettrait fin à un statu quo qui semblait jusqu’alors convenir à tous. Cette déclaration d’indépendance, plus ou moins habilement agitée par les autorités de Taipei, présente la particularité d’être le meilleur test permettant de mesurer les ambitions de Pékin, et surtout de voir si la question de la province rebelle s’impose toujours comme la priorité de la politique étrangère chinoise. Ainsi, l’enjeu représenté par Taiwan peut-il justifier un isolement dont la Chine serait la principale victime ? Là sans doute est la clef de l’avenir de la relation entre les deux frères ennemis.

 

Que reste-t-il de la Chine libre ?

Le concept de « Chine libre », revendiqué par Taiwan depuis la séparation avec la Chine communiste, et crédibilisé dans les années 90 avec la démocratisation du régime, est-il toujours d’actualité ? Rien n’est moins certain, tant il semble aujourd’hui difficile à l’île rebelle de se définir face à son puissant voisin. Répondant à la question de la souveraineté taiwanaise, Hu Ping, rédacteur en chef de la revue Beijing spring, réfugié aux Etats-Unis, note qu’« une majorité écrasante de Taiwanais considèrent leur pays comme un pays souverain. Ils disent : ‘Nous avons notre terre, notre peuple, notre gouvernement, notre armée, notre monnaie, notre drapeau. Nous avons des douanes, Nous délivrons des visas. Nous pouvons échanger notre monnaie à l’étranger et notre administration gouvernementale est parfaitement structurée’ »[v]. Se définissant comme, de facto, un Etat indépendant, Taiwan pourrait dans ces conditions faire l’économie d’une déclaration d’indépendance à haut risque. Mais ne s’agit-il pas d’une question d’honneur pour une société dans laquelle le nationalisme d’aujourd’hui n’a plus aucun point commun avec celui d’hier ? Là se trouve le véritable enjeu d’une île riche, puissante et internationalement reconnue, mais qui n’est officiellement pas un Etat.

 

- Un nationalisme en évolution

Dépasser les limites du détroit 

Doit-on considérer que le nationalisme de Taiwan serait limité à la relation avec la Chine ? Cela supposerait qu’à la différenciation avec la population vivant sur le continent se superposerait la tentative pour Taiwan d’apparaître, à l’extérieur, comme le véritable représentant de la culture chinoise. Ce fut indiscutablement le cas pendant plus de quarante ans de relations difficiles avec Pékin. Mais la situation actuelle est plus complexe, et si de nombreux taiwanais continuent à considérer que leur île incarne la vraie Chine et que le nationalisme doit par conséquent se limiter au détroit, la naissance d’une identité taiwanaise, qui a accompagné le processus de démocratisation du régime, a eu pour effet de créer de nouvelles ambitions, et par la même occasion de nouvelles lignes de tension, notamment au sein de la société taiwanaise.

 

Le nationalisme créole

On parle souvent de « nationalisme créole », pour désigner l’histoire de l’île, qui fut de façon quasi systématique occupée par des puissances étrangères, et qui parvient difficilement à se définir depuis la sécession avec le continent, entre une population majoritairement d’origine chinoise, et des « indigènes » qui revendiquent leur particularisme. S’interrogeant sur le départ de nombreux chinois vers l’île de Formose, cherchant à fuir l’empire des Qin, Pierre Bailet note que « le totalitarisme chinois fut le repoussoir contre lequel se constituèrent les prémices de l’identité taiwanaise »[vi]. Les similitudes existant, aux yeux des taiwanais, entre la Chine populaire et le régime décadent de la dernière dynastie, justifient non seulement le maintien d’une séparation entre les deux Chine, mais aussi la proclamation de la défense de la culture chinoise dans l’île, face aux changements incessants sur le continent. Ainsi, Taiwan revendique la culture chinoise, reprochant à la Chine d’avoir peu à peu perdu son identité et ses racines sous les coups de butoir du régime communiste, notamment à l’occasion de la révolution culturelle à la fin des années 60.

 

L’opposition de deux nationalismes 

Les experts mettent aujourd’hui en avant les différences de plus en plus nettes entre un nationalisme hérité du Kuomintang (KMT), et un nationalisme taiwanais. Dans les années qui suivirent l’exil de 1949, le parti de Chang Kai Chek considérait Taiwan comme « l’île de la régénérescence », à partir de laquelle la reconquête du continent serait possible. Dans cette lignée, le nationalisme du KMT reposait de façon linéaire sur l’idée selon laquelle Taiwan était la vraie Chine, et le continent un régime autoritaire illégitime. 

Le nationalisme du KMT présentait la particularité de se définir comme le véritable défenseur de l’orthodoxie chinoise, selon la tradition confucéenne, mais également de reposer sur trois principes fondateurs. D’une part, il portait en lui la culture chinoise et était garant du daotong (orthodoxie culturelle), à l’inverse de la Chine continentale et ses réformes visant à balayer les vestiges du passé. D’autre part, il estimait avoir une légitimité politique, car le KMT était le parti arrivé en tête aux élections chinoises de 1947, tandis que les communistes avaient pris le pouvoir à la fin de la guerre civile deux ans plus tard. Le KMT se définissait par conséquent comme le garant du fatong (succession légitime), ce qui signifiait que les autorités taiwanaises étaient légitimement en mesure de reprendre le pouvoir sur le continent. Enfin, il était idéologique, le régime rappelant à chaque sortie l’attachement de Taiwan au monde libre, tandis que la Chine était considérée comme une dictature autoritaire. La Guerre froide était ainsi le meilleur allié de Taiwan dans son identification par rapport au continent, et dans sa légitimité aux yeux des puissances occidentales, en particulier les Etats-Unis, principal soutien extérieur du régime. 

Dans la société, le désir d’affirmer l’identité chinoise s’imposa rapidement à l’ensemble de l’île, sous l’effet des nombreux réfugiés venant du continent, qui éclipsèrent parfois de façon arbitraire le poids des minorités ethniques de l’île. Dans les lieux publics, la pratique du mandarin était largement encouragée au détriment du taiwanais, et les écoles interdisaient systématiquement aux enfants de parler une autre langue que le mandarin. L’idée était de maintenir le statut de Taiwan comme véritable représentant de la Chine. 

Cet automatisme s’est dissipé après la fin de la Guerre froide, et des études publiées au milieu des années 90 démontrèrent même qu’ethniquement parlant, les Taiwanais ne sont pas d’origine chinoise. L’histoire de l’île, fondée depuis plus de quarante ans sur l’identité chinoise en fut sévèrement affectée, et le nationalisme « créole » reprit son envol autour de slogans mettant en avant l’existence d’une culture taiwanaise différente de celle de la Chine continentale. Cet ethno-centrisme du nationalisme s’est fortement développé, avec un retour de la pratique de la langue taiwanaise, la mise en avant des cultures des minorités de l’île, et de ses origines non chinoises. Au fur et à mesure que le processus de démocratisation gagnait du terrain, le maintien de la culture chinoise comme symbole de la représentation nationale s’effaçait au profit de la reconnaissance d’un particularisme insulaire. En se distinguant de la Chine par la mise en avant de particularismes culturels, historiques et ethniques, de nombreux taiwanais revendiquent ainsi aujourd’hui un nationalisme qui leur est propre, et ne se limite pas uniquement à la relation avec Pékin, mais porte une ambition plus grande : la reconnaissance de Taiwan comme un Etat indépendant.

 

- Les perspectives d’avenir

Entre indépendance et dialogue avec Pékin

Taiwan semble partagé entre une partie de sa classe politique qui revendique le droit à l’indépendance, et l’autre qui tendrait plutôt vers un principe de type « une Chine, deux systèmes », en prenant l’exemple sur Hong Kong. La question du nationalisme taiwanais, si elle est intimement liée à celle du nationalisme chinois, est également et même surtout dépendante des mouvements de Pékin. Tant que Pékin considérera le retour de la province rebelle sous son autorité comme un juste retour des choses, l’attitude de nombreux taiwanais pourrait les inciter à opter pour la voie de l’indépendance. Ainsi, le nationalisme chinois nourrit le nationalisme taiwanais, ce dernier étant plus une réaction qu’un concept clairement défini. 

En Chine, les autorités s’efforcent de pratiquer une double politique adoptant la fermeté d’un côté, et jouant de l’autre la carte de la réconciliation avec les anciens ennemis du KMT. Le 14 mars 2005, le Parlement chinois a ainsi voté une « loi anti-sécession » qui pourrait autoriser Pékin à « faire usage de moyens non-pacifiques » contre Taiwan dans le cas où les autorités de l’île rebelle décideraient de franchir le pas de l’indépendance. Cette décision a eu pour effet de raviver l’inquiétude internationale autour de la question du détroit de Formose, de nombreux observateurs y voyant le risque d’une confrontation future. Mais ce geste a été accompagné d’un spectaculaire rapprochement entre le parti communiste chinois et le KMT, autour du thème de la réconciliation et des valeurs culturelles que Chine et Taiwan ont en commun. L’un des leaders charismatiques du KMT, Lien Chan, s’est même rendu à Pékin en mai 2005, événement inédit et porteur d’espoir pour la relation entre les deux adversaires.

 

La démocratie comme argument

Le principal argument de Taiwan sur la scène internationale est la démocratisation du régime, en opposition avec le maintien de la fermeté politique à Pékin. Le principe de la démocratisation s’est même étendu aux questions économiques, le gouvernement taiwanais considérant que la démocratie ne doit pas exclusivement reposer sur des critères tels que la liberté d’expression et le droit de vote, mais également sur la possibilité pour la population de voir son niveau de vie croître. En effet, les évolutions politiques des sociétés sont liées à la perception de la population de sa capacité à élever son niveau de vie. C’est pour cette raison que Taiwan, parallèlement à son discours sur la « Chine libre », s’efforce aujourd’hui de proposer un nouveau niveau de lecture, mettant en avant la mobilité sociale et la qualité de vie. L’identité nationale de Taiwan ne reposerait donc plus uniquement sur des critères historiques et culturels, mais également économiques et sociaux.

 

La qualité de vie comme argument 

Les intellectuels taiwanais s’opposent sur la corrélation existant entre nationalisme et démocratisation. Certains comme les politologues Hung Mao Tien et Yun Han Chu craignent ainsi que le principe de l’identité nationale ne soit facteur d’instabilité et de compétition. A l’inverse, Ming Cheng Lo estime que la recherche d’une justification scientifique au nationalisme confirmerait sa perte de légitimité, et plaide en faveur d’un nationalisme plus « traditionnel », axé autour de la question de la défense de la culture chinoise par l’île, reprenant ainsi l’héritage du KMT. La notion de nationalisme « civique », très en vogue à Taiwan dans un contexte post-Guerre froide, repose justement sur la différentiation de la qualité de vie dans l’île en comparaison avec la Chine continentale. L’idée n’est plus cette fois de considérer que Taiwan incarne la « vraie Chine », mais qu’elle serait plutôt une « autre Chine ».

 

Une Constitution à revoir ? 

La notion de frontière de Taiwan reste floue. L’article 4 du Titre I de la Constitution du KMT note par exemple que « Le territoire national de la République de Chine, tel que défini par ses frontières inhérentes/présentes, ne peut être modifié que par une résolution de l’Assemblée nationale ». Le texte préliminaire de la Constitution de la République de Chine fut rédigé en 1937 et, s’il concernait à l’époque la Chine continentale, l’île de Taiwan, sous domination japonaise, n’en était pas encore partie. Le terme de « frontières présentes » a ainsi été choisi par les constituants en 1946, soit après que l’île soit rattachée à la Chine et, par son manque de clarté, nous indique implicitement que la Constitution taiwanaise ne reconnaît pas l’existence d’une réelle frontière avec la Chine continentale. C’est la raison pour laquelle il y a aujourd’hui un inquiétant décalage entre une Constitution qui semble d’un autre âge, et la réalité d’une société qui se considère de facto indépendante. 

 

Le Japon

- L’apparition d’un nouveau nationalisme

Un nationalisme de la jeunesse 

Au Japon, le nationalisme semble renaître de ses cendres, et se distingue par une certaine spontanéité dont il fait l’objet dans la société, en rencontrant notamment un succès notoire auprès des plus jeunes. Comme l’explique Philippe Pelletier, « on assiste (…) à un renouveau du nationalisme, non pas comme instrument érigé en système mais comme tissu d’idées, de pulsions ou de comportements, soit un ‘nationalisme culturel’ »[vii]. Chez les générations les plus jeunes, le souvenir de la guerre n’est pas aussi présent que chez leurs aînés, créant ainsi un décalage entre générations. Mais les raisons qui expliquent ce renouveau du nationalisme japonais ne se limitent pas à cette opposition.

 

Particularismes du nouveau nationalisme 

Le nouveau nationalisme est à la fois un refuge dans une période post-crise économique de 1997, où le Japon doute de ses capacités, et l’expression du désir d’exister sur la scène internationale par un dynamisme qui rompt avec une tradition de politique défensive et réactive. Ainsi, le nationalisme de la peur de l’avenir rejoint celui des promesses d’un Japon conquérant, opérant une étrange alchimie qui fait craindre aux observateurs extérieurs, en particulier dans la région, le retour d’un Japon fier de lui-même, portant un regard plein d’amertume et d’arrogance sur ses voisins, et sur la voie d’un militarisme actif et du refus de reconnaître les erreurs du passé.

 

L’affaire des manuels scolaires

Le 5 avril 2005, le ministère de l’éducation a officialisé la révision des manuels scolaires destinés aux lycéens, qui offrent une véritable révision de l’histoire moderne du Japon, notamment dans sa relation avec les voisins. Ainsi, l’expansionnisme de l’empire n’y est pas présenté comme une forme de colonialisme, et les atrocités commises par les forces d’invasion ne sont pas mentionnés à un degré susceptible de favoriser le rapprochement avec des peuples comme ceux de la Chine ou de la Corée. Cette annonce a été suivie d’une vive protestation des Etats voisins du Japon. Ce fut particulièrement le cas en Chine, où de nombreuses manifestations anti-japonaises ont été relevées, ainsi que des scènes de saccage de biens japonais, avant que la tension ne retombe provisoirement, le Japon s’efforçant de minimiser la crise.

 

De nouvelles ambitions internationales 

Depuis la fin de la Guerre froide, le Japon revient progressivement sur le devant de la scène des questions de politique étrangère et de défense, passant d’une situation de nain politique à celui de puissance assumée. Après l’envoi de démineurs dans le Golfe arabo-persique consécutivement à la guerre du Golfe de 1991, qui provoqua une vive protestation des mouvements pacifistes, Tokyo poursuivit sa montée en puissance en parvenant, en une décennie, à normaliser sa politique étrangère. Cela aboutît à l’envoi de troupes en Irak en 2003. Pour la première fois depuis 1945, des combattants japonais servent hors de l’archipel, et leur départ pour le Moyen-Orient, célébré en grande pompe au Japon, a également été accompagné de réactions négatives. Les débats actuels dans l’archipel portent sur la possibilité de recréer une armée régulière consécutivement à l’expérience irakienne, au lieu de forces d’autodéfense chargées de protéger le territoire en cas d’agression. Si les perspectives de modification de la Constitution demeurent encore incertaines sur cette question, il est indiscutable que le Japon n’exclut pas la possibilité de voir un jour renaître une armée nationale.

 

La perception des menaces extérieures 

Devant la menace nord-coréenne et les risques de voir la situation entre la Chine et Taiwan s’envenimer (Tokyo entretient de bonnes relations avec Taipei depuis 1949), le Japon est entré dans une logique de posture dynamique, et non plus exclusivement réactive. Cela inclut notamment un Livre blanc de la défense (le dernier date de juillet 2004) qui s’attarde sur les risques régionaux, et préconise une attitude plus active de Tokyo, qui ne peut se contenter de laisser reposer sa défense sur le partenariat, bien que nécessaire, avec les Etats-Unis. Le Japon sent que les menaces qui l’entourent pourraient affecter ses intérêts vitaux, et réfléchit actuellement aux moyens d’éviter de se positionner comme une puissance sur la défensive. Là encore, l’envoi de troupes en Irak constitue un précédent de taille.

 

- Le poids de l’histoire 

Le lourd passé militariste

Le militarisme du Japon dans les années 30, qui reposait sur un nationalisme extrémiste et autoritaire, remontait à une tradition de l’ancien régime où l’idéal militaire interdisait toute forme d’individualisme. Pendant la révolution de Meiji, la modernisation de la société généra de nombreux mouvements de rejet de l’Occident et de ses valeurs, qui plaidaient en faveur d’un retour aux traditions. A cela s’opposait une tentative de copier les puissances occidentales, non par admiration, mais pour éviter de tomber sous leur joug, comme la Chine à la même époque. Le slogan japonais nationaliste de l’ère Meiji trouve son origine dans un bref essai de Yukichi Fukuzawa publié en 1885, intitulé Quitter l’Asie, qui traduisait la détermination d’en finir avec un monde centré sur la Chine, sa politique et son idéologie confucéenne. L’auteur proposait de rejoindre l’Europe, c’est-à-dire faire du Japon un Etat-nation sur le modèle européen. Cet essai et le slogan « Quitter l’Asie, rejoindre l’Europe » qui l’accompagna eurent un impact considérable sur la modernisation du Japon, qui se découvrit par la même occasion des prétentions à l’extérieur, comparables aux empires coloniaux européens.

 

Du nationalisme à l’impérialisme 

Les conséquences de la Première Guerre mondiale exacerbèrent les mouvements nationalistes japonais, frustrés de voir les puissances occidentales s’obstiner à refuser de les traiter d’égal à égal. L’hostilité à l’égard de l’Occident se centra rapidement sur les Etats-Unis qui refusèrent, de concert avec le Royaume-Uni, l’adoption demandée par le Japon d’une clause garantissant « l’égalité raciale entre nations » à l’occasion du Traité de Versailles en 1919. Les lois restreignant l’immigration japonaise aux Etats-Unis dans les années 20 renforcèrent un sentiment anti-américain qui permit aux mouvements nationalistes de trouver un écho de plus en plus favorable dans la société japonaise. En France, les milieux d’intellectuels japonais avaient dès cette époque attiré l’attention sur les rivalités entre Tokyo et Washington dans des textes parfois prophétiques. L’impérialisme japonais fut rapidement considéré comme une menace pour les territoires américains dans la région, comme les Philippines. La possibilité de voir les desseins expansionnistes japonais se porter vers la côte ouest des Etats-Unis fut même un des éléments par lesquels Washington prit au sérieux la menace japonaise.

 

Les plaies de la Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la haine à l’égard du peuple japonais, si elle fut savamment entretenue aux Etats-Unis (citons les mesures, prises dès 1942, visant à interner les citoyens américains d’origine japonaise, afin de prévenir des activités terroristes sur le territoire américain), était encore plus forte chez les peuples asiatiques. Les autorités militaires japonaises en furent les principales responsables. Elles incitaient les combattants à se livrer à des actes de barbarie, mettant en avant des considérations raciales visant à rabaisser les peuples asiatiques vis-à-vis de la population japonaise, ce qui détériora considérablement l’image de l’archipel. Parallèlement aux massacres commis en Chine, les Japonais multiplièrent ainsi les exactions dans les différentes zones occupées à partir de 1942. Or, la plupart de ces zones étaient d’anciennes colonies occidentales, et les témoignages des scènes d’horreur commises par les militaires furent rapportées en Occident. L’opinion publique occidentale put se faire une idée de la barbarie des militaires japonais, et cette image négative se propagea dans le monde entier. Par ailleurs, les Japonais firent preuve d’une arrogance excessive lors de leur conquête de la Chine continentale, et s’attirèrent ainsi la haine de leurs adversaires. Dans le Japon d’après-guerre, les mouvements ultranationalistes, prônant un retour des valeurs impériales et le rejet de la Constitution imposée par les Etats-Unis, se confondirent parfois avec des mouvements de condamnation d’une société trop tournée vers la croissance économique, et négligeant les fondements culturels qui font la particularité du Japon. 

Plus récemment, les visites annuelles du premier ministre Koizumi (et de son successeur, Shinzo Abe ayant annoncé ne pas rompre cette tradition) au temple de Yasukuni, qui rend hommage aux combattants japonais de la Seconde Guerre mondiale, y-compris des criminels de guerre, firent l’objet de vives réactions de la part de Séoul et Pékin, qui y voient une véritable provocation et la négation des crimes commis par les troupes japonaises sur le continent. Sur cette question, il est intéressant de noter que le nationalisme japonais fait écho à un phénomène visant à l’amplifier, en particulier en Chine. En réponse aux accusations de montée en puissance du nationalisme dans l’archipel, de nombreux japonais critiquent ainsi l’instrumentalisation politique qui est faite en Chine de l’affaire des manuels scolaires. On estime ainsi à Tokyo que, plus qu’un risque de montée en puissance d’un nationalisme japonais, c’est son exagération qui pose problème, et exacerbe un nationalisme agressif sur le continent.

 

- Un avenir incertain 

Des problèmes frontaliers persistants 

Les litiges opposant le Japon et ses voisins sont nombreux en ce qui concerne les îles aux marches de l’archipel. En vertu de la convention de Montego Bay, le Japon dispose en effet d’une Zone économique exclusive (ZEE) de 4,29 millions de km², faisant de l’archipel la sixième zone maritime au monde. Mais quatre litiges demeurent, dont celui des Kouriles du Sud avec la Russie, les îlots inhabités de Takeshima (Tokdo) et Torishima avec la Corée du Sud, et surtout les îlots de Sendaku-shotô (Diaoyutai), que Tokyo contrôle depuis 1885, mais qui sont revendiqués par Pékin et Taipei. La découverte de gisements pétroliers dans les années 70 relança l’intérêt porté à ces îlots inhabités, et traduit les problèmes de règlement de frontière qui subsistent entre le Japon et ses voisins.

 

Vers un nécessaire dialogue avec Pékin ? 

Dans un effort visant à obtenir un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, les autorités japonaises s’efforcent, parallèlement à la tentation nationaliste, de ménager les voisins. Le Japon sait que son accession au rang de puissance politique majeure passe davantage par une meilleure relation avec ses voisins et un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, que par une armée forte et à certains égards inutile. Il y a donc, sur cette question, un certain décalage entre les autorités politiques qui pratiquent une diplomatie active, tout en montrant de quoi serait capable Tokyo en cas de déception, et une population qui se montre de plus en plus sensibilisée par un discours nationalisme rajeuni. Sur ce point, le différend qui oppose Tokyo à Pékin sur les réserves de gaz de Chunxiao, en mer de Chine orientale, constitue un véritable test grandeur nature sur l’attitude des deux anciens adversaires à éviter une crise, et surtout un discours nationaliste que viendrait alimenter des déceptions de part et d’autre. L’aptitude de Tokyo à se faire entendre sans imposer ses vues sur cette question constitue indiscutablement l’un des grands défis d’un Japon qui a retrouvé un second souffle pour son économie, mais peine encore à se faire accepter de ses voisins. 

 

La péninsule coréenne

- La Corée du Nord

Un nationalisme inter-coréen 

L’un des éléments les plus significatifs de l’évolution de la situation dans la péninsule coréenne est l’émergence d’un discours nationaliste coréen érigé en instrument politique par le Nord, mais qui trouve un écho certain au Sud. Il semble en effet que l’on soit, en Corée du Nord, confronté à une stratégie de « front uni national » en accord avec la stratégie d’ouverture de l’ancien président sud-Coréen Kim Dae-Jung. Dans le discours officiel nord-coréen, l’accent est mis sur l’unité nationale et non pas sur la nature divergente des systèmes politiques, et aucune pré-condition n’est mise à la discussion des principes d’une fédération ou confédération théoriquement très lâche. Il s’agit bien essentiellement pour le Nord d’obtenir une garantie de survie, une reconnaissance de son existence, une éviction des « acteurs étrangers » et une aide économique accrue.

 

La survie du régime comme objectif 

Le régime nord-coréen semble n’aspirer qu’à la survie, le plus grand risque pour cet Etat d’un autre âge étant l’implosion, qui ne profiterait à personne tant les conséquences humanitaires pourraient être catastrophiques. Ainsi, de chantage en menace, Pyongyang pratique un nationalisme aux allures de paranoïa, savamment instrumentalisé par un pouvoir central omniprésent, et dont la meilleure leçon de rationalité est justement de chercher à passer pour un fou, afin de mieux dissuader ceux qui voudraient se frotter de trop près. 

Les objectifs de réunification « révolutionnaire » par la force semblent s’être effacés en Corée du Nord depuis le début des années 90 au profit de scénarios fédératifs impliquant une aide économique accrue de la part du Sud et de nouvelles chances de survie à long terme pour les élites dirigeantes du Nord. La Corée du Nord ne prétend plus « exporter » son système socialiste toujours qualifié toutefois de « choix de notre peuple ». Le nationalisme semble ainsi, en Corée du Nord, davantage rimer avec survie que traduire une volonté expansionniste à laquelle les dirigeants eux-mêmes ne veulent plus croire.

 

Un nationalisme défensif 

La politique militaire du régime est ouvertement défensive, et implique la participation de l’ensemble de la population à l’effort de guerre en cas de nouvelle confrontation militaire. Dans ces conditions, la dissuasion nucléaire de la Corée du Nord, qui reste hypothétique malgré l’annonce d’un premier essai le 9 octobre 2006, repose sur l’acceptation de deux niveaux. Si le premier niveau de la dissuasion est essentiellement défensif, le deuxième niveau, comme dans le cas de la Chine dans sa stratégie de reconquête de Taiwan, vise à dissuader l’action de toute puissance extérieure dans l’éventualité d’une offensive visant à s’emparer du Sud. Les moyens de Pyongyang en la matière demeurent toutefois très limités. En revanche, dans un contexte de guerre asymétrique, une frappe de type terroriste, impliquant l’emploi déstabilisant d’armes de destruction massive contre les bases américaines au Japon ou en Corée du Sud pourrait s’avérer plus efficace et plus facile à mettre en oeuvre.

 

- La Corée du Sud 

Regards vers le nord 

Pour la Corée du Sud, la menace militaire en cas de conflit dans la péninsule est immédiate. Située à moins de cinquante kilomètres de la zone démilitarisée, la région de Séoul, qui regroupe plus de 11 millions d’habitants, pourrait être transformée en « océan de flammes » par les moyens d’artillerie traditionnels nord-coréens. La capitale pourrait également, comme ce fut le cas en 1950, être directement visée par un déferlement de troupes mal équipées, mais en grand nombre, contre lesquelles les capacités de défense pourraient s’avérer insuffisantes. La Corée du Sud fait face à un risque de destruction assurée qui n’implique même pas forcément des frappes balistiques, et encore moins nucléaires. Le souvenir du déferlement des troupes nord-coréennes sur la capitale du Sud au début des années 50 reste présent à l’esprit de la population sud-coréenne, qui comprend qu’une confrontation avec le Nord, quelles que soient les armes utilisées, serait un véritable désastre humain. 

A cette menace conventionnelle s’ajoutent les risques liés aux armes chimiques qui pourraient être utilisées contre les forces sud-coréennes ou même contre les populations civiles en cas de conflit. Quelle que soit la réalité des capacités nord-coréennes à mener des frappes d’artillerie massives contre des centres civils durant une période suffisante pour infliger des pertes majeures, c’est ainsi que la menace est perçue et décrite par les experts sud-coréens. Enfin, la menace nucléaire est prise très au sérieux, car Séoul craint que la paranoïa de son inquiétant voisin ne le pousse à utiliser l’arme suprême, s’il se trouve dans une situation d’impasse. Mais, plus que la prolifération d’armes de destruction massive, c’est la nature du régime à Pyongyang et les incertitudes en cas d’impasse qui sont considérées comme la véritable menace.

 

La crainte d’un effondrement de Pyongyang 

La Corée du Sud possède également un intérêt spécifique, lié aux très importants coûts induits par un effondrement brutal de la Corée du Nord, à préférer une évolution graduelle et un engagement progressif du régime. C’était là l’objectif de la Sunshine policy mise en place par le Président Kim Dae-Jung. Mais cette communauté d’approche vis-à-vis de la Corée du Nord, qui peut se résumer à une même volonté d’éviter tout risque de conflit violent ou de dérapage incontrôlé d’un régime très largement perçu comme imprévisible, n’a pas fait disparaître l’existence d’attentes contradictoires et de suspicions voilées entre la Corée du Sud et le Japon concernant le traitement de la question nord-coréenne. Par ailleurs, la Corée du Sud, dont la légitimité en tant qu’interlocuteur est régulièrement niée par Pyongyang, veut éviter d’être exclue de tout dialogue ou amorce de règlement de la question coréenne et affirme fortement la nécessité de préserver les structures de dialogue existantes.

 

Un nouveau regard sur la région 

C’est la volonté d’éviter de voir le volet nippo-américain de ce dialogue de sécurité prendre une trop grande importance qui a poussé la Corée du Sud à renforcer ses liens avec la Chine et à mettre en avant le rôle positif, au moins potentiel, que Pékin pourrait jouer dans le règlement de la question coréenne. La volonté traditionnelle de rechercher un équilibre stratégique entre la Chine et le Japon n’est donc pas absente des préoccupations de Séoul. L’absence d’efficacité des supposées « pressions » chinoises sur le régime nord-coréen, pour ne pas parler des ambiguïtés du jeu chinois, pourrait toutefois pousser la Corée du Sud à reconsidérer cette stratégie de rapprochement avec la Chine. Quelles qu’en soient les raisons, il s’agit d’un événement historique qui pourrait être lourd de conséquences. En se tournant vers un nouveau partenaire dans le cadre du règlement du différend qui l’oppose à Pyongyang, Séoul marque bel et bien la fin des mécanismes hérités de la Guerre froide. La Chine n’est pas encore considérée comme un allié, mais plutôt un partenaire, mais cela a pour effet de déplacer le discours d’un nationalisme profondément anti-communiste vers une approche plus pragmatique, et qui accepte les équilibres régionaux. 

Par ailleurs, la Corée du Sud semble aujourd’hui hésiter entre le désir de favoriser la réunification avec le voisin du Nord, autour d’un slogan rassembleur et mettant en avant une culture coréenne vieille de 5000 ans, et les craintes de voir cette réunification déboucher sur des difficultés économiques et sociales. Une grande partie de la population sud-coréenne se voit en effet difficilement disposée à « payer » la note d’une réunification avec un des Etats les plus pauvres de la planète. Un statu quo semble dès lors satisfaire les deux entités de la péninsule.

 

Vers un divorce avec Washington ?

L’évolution la plus notable de la diplomatie sud-coréenne concerne la relation avec les Etats-Unis. Dans un contexte marqué par, d’une part, la crise nucléaire opposant Washington et Pyongyang, et de l’autre les perspectives de désengagement progressif des forces américaines stationnées dans la région, le nationalisme sud-coréen s’est teinté d’un certain anti-américanisme inédit pour un Etat qui, pendant plus de cinquante ans, fut un partenaire calme.

Les changements stratégiques de Washington sont mal acceptés par la population sud-coréenne, qui n’hésite plus à critiquer ouvertement l’allié américain. A l’occasion de la crise irakienne, les autorités sud-coréennes ont joint la coalition conduite par Washington, et envoyé des troupes en Irak, mais les manifestations d’hostilité se sont multipliées, comme ce fut le cas au Japon. En fait, à Tokyo comme à Séoul, on peut considérer que les dirigeants ont choisi de suivre les Etats-Unis afin de ménager Washington dans la crise coréenne, et de s’assurer le soutien de l’allié militaire. L’idée était même de porter assistance aux Etats-Unis contre l’Irak, afin que ceux-ci portent ensuite leur attention sur la péninsule coréenne. L’opinion publique s’est montrée nettement plus sceptique, estimant que les deux crises étaient indépendantes l’une de l’autre, et que le soutien à Washington en Irak ne supposait pas nécessairement que la diplomatie américaine fasse preuve de fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord. Une vague d’antiaméricanisme s’est ainsi développée en Corée du Sud, dénonçant une stratégie belliciste dangereuse des autorités américaines, et un désintérêt de Washington pour la question coréenne. Cette position est une véritable rupture avec la tradition de Séoul, et les sympathies de la population sud-coréenne. 

Dans le passé, la Corée du Sud se pliait à la politique sécuritaire régionale unilatéralement définie par Washington, considérant qu’elle servait au mieux ses intérêts. Mais les prétentions de Séoul en matière de politique étrangère portent désormais le pays vers une plus grande indépendance. Comme l’a affirmé le président Roh à maintes reprises, « les Etats-Unis doivent prendre en considération la Corée du Sud lorsqu’ils formulent des politiques concernant la Corée du Nord, puisque le Sud serait la première victime d’un conflit entre les Etats-Unis et Pyongyang ». De fait, un grand nombre de Sud-coréens ne font plus confiance aux Etats-Unis en tant que garants de la paix dans la péninsule, comme en témoignent les manifestations de masse qui ont accompagné la guerre en Irak et les perspectives de désengagement américain dans la région. Les jeunes sont les plus virulents. La position indépendante adoptée par Roh Moo Hyun à l’égard de Washington a non seulement favorisé son élection, mais recueille un soutien croissant dans le pays. 

 

L’Asie du Sud-Est

Les pays d’Asie du Sud-est n’échappent pas à la montée en puissance progressive d’un nationalisme multiforme et aux conséquences incertaines. Ces Etats, qui restent nettement pour l’heure moins développés que ceux d’Asie du Nord-est (à quelques exceptions près), connaissent par ailleurs des problèmes liés à des clivages ethniques, politiques et sociaux qui sont autant de plaies difficile à résorber.

 

- Les défis de l’intégration régionale

L’ASEAN : projet porteur d’espoir 

Fondée en 1967, l’Association de Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN), qui regroupe désormais dix Etats dans la région et 10% de la population mondiale, est un projet ambitieux qui n’a pas vocation à se réduire aux échanges économiques et commerciaux, mais à implanter durablement la stabilité en Asie du Sud-est. Inspirée par l’intégration européenne et soutenue par les Etats-Unis, cette zone se montre de plus en plus intéressée par la perspective d’une zone de libre-échange avec la Chine, en plus de son renforcement interne. 

L’une des limites de l’intégration régionale concerne, outre des déséquilibres économiques considérables qu’il sera difficile de combler, les disparités politiques des différents Etats membres.  Se côtoient ainsi des régimes politiques totalement différents, du Myanmar à Singapour, avec des différends frontaliers et des rivalités historiques persistants. Les exemples de la Thaïlande avec le Myanmar, et du Vietnam avec le Cambodge, sont significatifs. Enfin, l’instabilité politique est un facteur important dans la région, comme l’a prouvé récemment le coup d’Etat militaire, même pacifique, en Thaïlande.

 

Après le tsunami : vers un nouveau partenariat régional 

Avec plus de 200.000 victimes et des dégâts matériels incalculables, le tsunami qui submergea fin décembre 2004 les régions côtières de l’Océan indien, de Sumatra à l’Afrique orientale en passant par les côtes de Thaïlande, du Myanmar, d’Inde et du Sri Lanka, fut la plus grande catastrophe humanitaire de ces dernières années. Ce désastre s’accompagna d’une solidarité internationale sans précédent, et de signes d’espoir quant à la gestion des crises futures et la volonté d’Etats concernés par le même besoin de travailler ensemble afin de prévenir d’autres catastrophes. Reste à savoir si cette coopération pourra s’installer de façon durable.

 

Un nationalisme « à la chinoise » ? 

Dans la plupart des pays d’Asie du Sud-est, le nationalisme ressemble au sentiment de fierté retrouvée en Chine continentale. Les résultats de la croissance économique et les perspectives d’avenir renforcent cette fierté, en particulier dans des Etats qui s’imposent progressivement sur la scène régionale, comme le Vietnam. Les différends frontaliers subsistants avec un voisin puissant, la Chine, ont également pour effet de renforcer un nationalisme défensif. On pourrait ajouter, dans le cas spécifique du Vietnam, le poids de l’histoire récente, marqué par trois guerres successives, et autant de victoires qui, si elles laissèrent des blessures profondes et un goût amer, cristallisèrent le sentiment national. Parallèlement, le nationalisme s’exprime dans la plupart des pays par une figure charismatique, comme le roi dans certains pays, les traditions culturelles ancestrales, ou la diversité de la société (exemples de Singapour et la Malaisie). 

A cela vient s’ajouter le poids des diasporas, notamment originaires de Chine, qui jouent souvent un rôle de premier plan dans l’économie des pays d’Asie du Sud-est. Ces diasporas sont à la fois fières de leurs origines, et sensibilisées par la montée en puissance économique de la Chine, à la fois génératrice de croissance économique et porteuse d’incertitudes politiques. Il est à cet égard intéressant de noter que, au sein des sociétés où les diasporas chinoises sont fortement représentées, le sentiment national est souvent lié à la perception de la Chine, qu’elle soit positive ou négative.

 

- Des lignes de fracture internes persistantes 

Les clivages sociaux 

La croissance économique importante que connaissent les Etats d’Asie du Sud-Est se traduit souvent par des disparités sociales béantes. La crise de 1997 révéla Les économies post-communistes (dans des Etats officiellement communistes) ne sont pas épargnées par cette tendance. L’un des grands défis des sociétés d’Asie du Sud-est dans les prochaines années sera de combler des disparités sociales qui pourraient créer de nouvelles lignes de tension intra-communautaires. L’exemple des troubles en Indonésie en 1998, consécutifs à la crise économiques, est révélateur. Prenant pour cible la diaspora chinoise, représentant 5% de la population mais une grande majorité de l’activité économique est des richesses, les Indonésiens musulmans manifestaient leur désespoir social plus qu’une haine raciale, qui n’est finalement apparue que comme un prétexte.

 

Les problèmes liés au régionalisme 

Plusieurs Etats de la région sont affectés par des problèmes de régionalisme. C’est le cas de l’Indonésie, dont l’immensité du territoire et les distances importantes rendent difficile l’unité nationale. Au cours des dernières années, en marge de l’indépendance du Timor Leste, plusieurs autres région ont connu des scènes de violence ou de revendication autonomiste, comme l’Irian Jaya, les Célèbes, et surtout Aceh, au nord de Sumatra, où les séparatistes s’opposent violemment aux forces gouvernementales depuis plus de trente ans, malgré un accord qualifié d’historique signé en 2005, après le passage du tsunami. Aux Philippines, des autonomistes s’opposent également aux forces gouvernementales dans le sud de l’archipel. 

La Thaïlande connaît pour sa part des mouvements autonomistes importants au sud du pays, dans des provinces majoritairement musulmanes. A cet égard, le gouvernement thaïlandais s’interroge toujours sur les auteurs des attentats simultanés qui frappèrent Bangkok quelques minutes après le passage de la nouvelle année, le 1er janvier 2007. Parmi les pistes suivies par les enquêteurs figure bien évidemment la filière autonomiste musulmane du sud du pays. De manière générale, de nombreux actes criminels ont été relevés au cours des dernières années en Thaïlande, notamment contre des moines bouddhistes. Enfin, dans d’autres pays comme le Myanmar ou le Laos, des mouvements rebelles persistent et disputent l’autorité des gouvernements centraux.

 

Les problèmes liés aux mouvements radicaux 

L’une des autres tendances sécuritaires les plus inquiétantes des dernières années en Asie du Sud-Est concerne l’émergence ou la montée en puissance de groupes radicaux. L’Indonésie et les Philippines semblent les pays les plus affectés par ce phénomène. L’attentat de Bali, le 12 octobre 2002, fut révélateur d’un mouvement multiforme qui s’inspire à la fois de revendications locales et d’un terrorisme trans-national. La province de Jolo, aux Philippines, connaît également des problèmes de radicalisme religieux. Enfin, l’un des principaux enjeux sécuritaires, aux conséquences économiques importantes, concerne la piraterie, contre laquelle les Etats d’Asie du Sud-est s’efforcent de se montrer unis. La piraterie concerne également des Etats hors zone, concernés par la sécurisation des voies de transport, et les grandes puissances commerciales assistent autant qu’elles pressurent les gouvernement locaux pour renforcer le contrôle des voies d’accès. 

Barthélémy Courmont, Docteur en science politique, responsable du bureau de l'IRIS à Taiwan.

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Notes :


[i] Jean-Luc Domenach, Où va la Chine ?, Paris, Fayard, 2002, p. 158.

[ii] Chen Yan, L’éveil de la Chine, Paris, Editions de l’Aube, 2002, p. 150.

[iii] Roland Lew, « Les ressorts cachés du dynamisme chinois », Le Monde diplomatique, octobre 2004, p. 12.

[iv] Wang Xiaodong, cité dans Le nouvel observateur, 5-11 juillet 2001, p. 19.

[v] Hu Ping, « L’indépendance et/ou la guerre », entretien conduit par Marie Holzman, Politique internationale, n° 104, été 2004, p. 420.

[vi] Pierre Bailet, « Démocratie à Taiwan, dictature à Pékin… », Politique internationale, n° 104, été 2004, p. 363.

[vii] Philippe Pelletier, Japon : crise d’une autre modernité, Paris, Belin, 2003, p. 184.

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Date de la mise en ligne: mars 2007

 

 

 

Bibliographie sélective

   

 

 

-          Catherine Bergman, L’empire désorienté, Paris, Flammarion, 2002.

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-          Terence Billeter, L’Empereur jaune, la réinvention nationaliste d’une tradition politique chinoise, Paris, IEP, 2001.

-          Sophie Boisseau du Rocher (dir.), Asie 2005-2006 : Chine, Corée du Sud, Inde, Japon, Sri Lanka, Thaïlande, Paris, La documentation française, 2005.

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-          Barthélémy Courmont, L’Asie orientale face aux périls des nationalismes, Paris, Lignes de repères, 2006.

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    Biographie de Barthélémy Courmont, responsable du bureau IRIS à Taiwan    
   

Docteur en science politique. Chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Responsable du Bureau IRIS à Taiwan. Il a publié en 2006 L’Asie orientale face aux périls des nationalismes, aux éditions Lignes de repères (dont une partie de ce texte s’inspire), et termine actuellement la rédaction d’un ouvrage sur le paradoxe nord-coréen, à paraître chez Armand Colin. 

   
         

 

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