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www.diploweb.com Géopolitique "L'Europe et la globalisation", par Matthieu Périchaud

CHAPITRE 2 : Continuité et rupture de la pensée sur l'Europe

Partie C : Fin des idéologies ou convergence idéologique ?

Introduction - 1. Politique, médias et société - 3. Europe et globalisme - 4. La communication sur l'Europe - Conclusion et bibliographie
Notes du chapitre 2 en bas de cette page.

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  <Partie précédente

Face aux discours souvent simplistes et même faux que l’on nous inflige sur " l’échec du socialisme ", " le triomphe du libéralisme ", ou " la fin des idéologies ", il nous paraît indispensable de souligner à quel point socialisme et libéralisme sont, en un certain sens aujourd’hui, les deux faces d’un même projet global : ces idéologies diffèrent surtout quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre un but qui, lui, est commun, après l’expulsion du nationalisme de ce projet.

1/ La convergence idéologique

Socialisme et libéralisme se rejoignent sur la finalité de l’Etat : pour tous deux, le pouvoir politique n’est pas effectivement une fin en soi. L’Etat est simplement un moyen d’assurer artificiellement et temporairement le fonctionnement de la société, et devra disparaître ou s’atrophier dès que les conditions d’une harmonie sociale constante seront réunies. Soulignons évidemment que ce raisonnement reste théorique, et qu’il doit donc composer avec la réalité.

Indubitablement, on peut affirmer que le libéralisme et le socialisme sont plus complémentaires qu’antagonistes : ils convergent en effet autour de l’idée force de paix universelle, paix résultant du progrès scientifique et technique, et d’une certaine domestication des rapports humains (de l’échelle internationale jusqu’aux relations les plus personnelles). La raison maîtrisant la passion, l’homme rationnel se substituant à l’homme passionnel.

Le matérialisme comme dénominateur commun

Socialisme et libéralisme partagent également une vision matérialiste du monde et de l’homme, reléguant morale et spiritualité au second plan. Tant pour les socialistes que pour les libéraux, l’homme est avant tout conditionné par le fait qu’il est un producteur et un consommateur, d’où pour ces deux idéologies, la prédominance de l’économie dans l’organisation de la société.

Toutefois, l’un, le libéralisme, se félicite de ce constat, surtout parce qu’il considère que c’est le meilleur moyen d’obtenir la paix et de réguler les rapports sociaux. On retrouve cet argument aussi bien chez Smith ou Bentham que chez Montesquieu, ce dernier affirmant dans l’Esprit des lois (14) que le commerce peut maintenir la paix en instaurant une dépendance réciproque entre les pays.

L’autre, le socialisme, reconnaît également ce primat économique, et c’est même la base de toute son argumentation. Le socialisme (du moins, le socialisme marxiste) est en effet centré sur la production économique, et non pas sur la condition prolétarienne, conçue simplement comme dépendante du type même de production. Mais contrairement aux libéraux, les socialistes considèrent que l’économie et le commerce ne créent pas l’harmonie sociale et ne rendent pas l’homme plus libre.

Pour le libéralisme, l’activité marchande (et la compétition entre les individus qu’elle entraîne) est l’état naturel de la société : elle permet l’enrichissement, la propriété, facteurs de liberté et de bonheur pour l’homme.

A l’inverse, le socialisme considère que la production, parce qu’elle détermine tous les autres éléments de la vie en société, est un facteur d’aliénation, non seulement de la classe ouvrière "exploitée", mais aussi des propriétaires des moyens de production. Dans ce contexte, la liberté n’existe pas, et elle doit être conquise par la révolution.

Le perfectionnement comme ultime but

Cependant, pour l’un comme pour l’autre, le but final n’en demeure pas moins la paix universelle et le perfectionnement (individuellement ou collectivement) du genre humain.

Libéralisme et socialisme sont définitivement tournés vers l’avenir, car le perfectionnement exige un temps illimité, alors que le nationalisme veut plutôt conserver ou améliorer la nation, à l’aide d’une nostalgie et d’une vénération du passé quelque peu utopiques. Pour le libéralisme et le socialisme toujours "en marche", l’Histoire est donc conçue comme une dynamique de progrès, dynamique scientifique et bénéfique

Comme cet aperçu des idéologies le montre, différences et similitudes s’organisent autour de la place de l’individu dans la société, dans le fonctionnement et l’organisation de cette société.

L’Europe, berceau des idéologies

De fait, libéralisme, socialisme et nationalisme sont inséparables tant de la pensée que de l’histoire de l’Europe. Ces idéologies ont vu le jour progressivement et ont accompagné (et souvent précédé) la prise de conscience, par les populations européennes, d’un passé à la fois commun et distinct.

Commun, parce que l’on peut définitivement parler de civilisation européenne (occidentale), construite essentiellement à partir de la tradition judéo-chrétienne et gréco-latine, et qui se traduit par une " intimité " culturelle et artistique, technique et scientifique, entre les peuples du vieux continent.

Distinct, parce qu’à l’époque des Lumières, et encore au XIX e siècle, l’organisation sociale et politique des sociétés européennes est fort contrastée : qu’y a-t-il en effet de comparable entre une France fortement centralisée et légitimée aux yeux de ses habitants, et une Allemagne en gestation depuis de nombreuses décennies, et qui ne verra le jour (en tant qu’Etat) qu’à l’aube du XX e siècle ?

Cette interrogation nous amène inéluctablement au sentiment d’appartenance à une communauté humaine. Ce sentiment est au cœur des idéologies. Il renvoie à deux concepts fondamentaux : la nation et l’Etat.

Nation, Etat et Etat-nation

On peut définir la nation comme une réunion d’individus ayant une origine et une langue commune, autrement dit une culture et une histoire partagées.

Ce concept prend toute sa forme au XIX e siècle, même si le penseur allemand Johann G. Fichte (ainsi que Herder), dès 1795, en est le précurseur avec son Discours à la Nation allemande. L’utilisation et l’acception du terme nation se diversifient les décennies suivantes, pour culminer à la fin du XIX e siècle, avec deux grandes conceptions opposées.

Nation, mythe et réalité

La première, celle définie à l’origine par Fichte, interprète la nation comme une collectivité humaine reposant sur l’affirmation d’une identité originelle commune à ceux qui la composent.

Cette conception " allemande " de la nation trouve sa raison d’être dans la naissance : c’est par cette dernière que l’on fait partie d’une nation. On parle généralement, à propos de cette interprétation, de conception ethnique de la nation. Une fois encore, le contexte germanique de l’époque explique en grande partie cette conception de la nation, mythifiée et idéalisée par le romantisme allemand.

Entre le discours de Fichte et l’unification allemande, qui a lieu en 1871, il s’écoulera près d’un siècle. On peut dès lors se demander si cette unification de l’Allemagne n’est pas directement la conséquence de la diffusion et de la propagation de l’idée d’une nation allemande, tout autant originelle que conceptuelle.

Le cas de l’Allemagne illustre parfaitement le schéma présenté en première partie de ce chapitre : les idées prennent vie en fonction du contexte socio-politique qui les conditionne, elles se diffusent dans la société, modifient la réalité et, par rétroaction, évoluent à leur tour (en fonction de leurs répercussions sur la société). Raoul Girardet nous confirme dans cette démarche lorsqu’il insiste sur l’importance du contexte politique dans l’apparition du concept de nation : "Il n’en reste pas moins que, bien loin de tout déterminisme ethnico-linguistique, bien loin aussi (du moins dans un premier temps) de l’affirmation d’une réelle volonté collective, c’est le jeu politique, souvent appuyé par la force des armées et jalonné par des traités (...) qui a dessiné sur la carte l’Europe des nations. (...) Ce n’est pas en vain si, comme l’affirme Max Weber, " le concept de nation " ne peut être dissocié de " la notion de puissance politique ". Place de l’Etat national dans le système international, définition du statut territorial, ambitions expansionnistes ou menaces extérieures, cohésion sociale ou tensions internes, acceptation ou refus de l’ordre établi : autant de facteurs que l’histoire même des idées et des mentalités ne saurait exclure de son champ d’investigation." (15)

Ernest Renan

Il en va de même pour l’autre conception de la nation, dont le théoricien principal reste, sans conteste, Ernest Renan. Pour ce dernier, la nation résulte d’une volonté de chacun de participer et d’adhérer à une communauté de culture, de langue et d’histoire. C’est ce que l’on a appelé la conception civique de la nation : on fait partie d’un peuple parce qu’on le désire, non parce que l’on y est né.

Selon Ernest Renan:"Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie." (16)

Ces deux conceptions restent encore aujourd’hui inconciliables (les récurrentes polémiques sur le " droit du sol " et le " droit du sang " en témoignent). Toutefois, comme le souligne Raoul Girardet, ces thèses se rejoignent pourtant, dans la mesure où la conception civique d’Ernest Renan sous-entend quand même qu’il est nécessaire de partager un certain nombre de valeurs, valeurs que seul le temps et l’héritage culturel peuvent garantir.

Inversement, si Johann G. Fichte affirme que le facteur déterminant d’appartenance à une nation est la naissance, il n’est pas cependant réfractaire à une possible " éducabilité " des individus souhaitant s’intégrer à une société.

Conception ethnique et conception civique n’en ont pas moins été utilisées d’une manière les rendant inconciliables.

Ceci révèle la marge d’erreur non négligeable existant entre une théorie et son application. Or, comme l’avons démontré précédemment, quiconque applique une théorie en sciences humaines ne peut jamais prétendre à l’objectivité, car en ce domaine, l’application n’est en fait qu’interprétation.

L’Etat et la souveraineté

Le deuxième concept-clé auquel se trouvent confrontées les idéologies est bien évidemment l’Etat. Ce dernier peut se définir comme une communauté organisée d’une manière permanente sur un territoire donné, indépendamment de l’origine de ses ressortissants, et dotée d’un gouvernement et de lois communes.

Un Etat peut donc comprendre plusieurs nations (ce fut le cas de l’Autriche-Hongrie), de même qu’à l’inverse, une nation peut être répartie en plusieurs Etats (ainsi de la nation polonaise, partagée et occupée pendant 123 ans par la Russie, la Prusse et l’Autriche). Cependant, ces deux cas de figure, essentiellement le second, sont contre nature et explosifs (Talleyrand parlait ainsi de " péché mortel ").

C’est précisément à l’époque des Lumières que l’Etat s’impose comme une réalité distincte de la société civile, et dont l’une des particularités, mise en évidence par Max Weber, est de posséder le monopole de la force légitime (puissance coercitive). Pour cette raison, un des attributs les plus reconnus à l’Etat est la souveraineté, véritable pouvoir de commander et de contraindre. Un Etat souverain n’est en effet soumis au contrôle d’aucune autorité extérieure, à moins bien évidemment qu’il ne le décide par lui-même.

Par exemple, on parle ainsi en France de souveraineté nationale parce que le peuple français est son propre " maître " (en théorie). Mais il n’est souverain que par un artifice juridique, que l’on retrouve dans la plupart des pays, à savoir que le peuple est personnifié dans la Nation. L’usage du terme nation peut donc légitimer toute forme d’Etat (unitaire, fédéral, etc.) et tout type d’Etat (monarchie, démocratie...) (17).

2/ L’Etat-nation, ou la convergence entre histoire et théorie

La nation et l’Etat sont bien deux concepts indispensables pour comprendre les différents projets qui ont inspiré l’Europe des idées et l’Europe des faits. Et c’est à ce titre que le XIX e siècle représente, peut-être plus qu’aucun autre, le point de rencontre et de convergence entre l’histoire et la théorie politique.

L’avènement des Etats-nations en Europe, concentré essentiellement après 1850, correspond judicieusement à l’heure de gloire du nationalisme, libérateur des peuples des empires despotiques (" Printemps des peuples "). C’est en toute logique que cet apogée de l’exaltation nationale amènera libéralisme — au sens de liberté et de démocratie — et socialisme — au sens, encore à l’époque, de justice sociale — à se rapprocher plus encore. D’autre part, la domination progressive de l’idéologie nationaliste en Europe, à partir de la seconde moitié du XIX e siècle, célèbre une logique collective (identité et force collective) qui ne peut que croître au détriment de l’individualisme, et ce au sein même du libéralisme.

C’est pourquoi les libéraux (au sens politique et économique) développeront des thèses plus interventionnistes, où l’Etat joue un rôle de régulateur qui n’est plus uniquement social, mais aussi économique. Ce courant du libéralisme occidental s’affirmera au lendemain de la Première Guerre mondiale, notamment avec Joseph M.-Keynes (18).

Un obstacle majeur à la paix universelle… et surtout à l’expansion des idéologies

Mais dès la fin du XIX e siècle, l’avènement d’une Europe des Etats-nations, simultanément au triomphe des thèses nationalistes diverses, rapproche libéraux et socialistes dans une idée qu’ils partagent: l’Etat et le sentiment d’appartenance à une nation peuvent empêcher, en cas de rivalité ou de conflit, l’instauration de la paix universelle et perpétuelle.

Ils divisent en effet les hommes en maintenant des frontières réelles ou en créant des frontières artificielles, qu’elles soient géographiques, linguistiques, commerciales ou économiques... Pour les tenants du libéralisme transnational et du socialisme internationaliste, ces frontières font le lit du nationalisme, et dérangent leur propre idéologie dans leur expansion.

Comme le rappelle Raoul Girardet: "De l’exaltation du passé national, le passage est sans doute inévitable à l’affirmation de la valeur universelle de la civilisation nationale. Il n’est guère de nationalisme en effet qui ne porte en lui la conviction que les richesses morales, intellectuelles, religieuses ou sociales qui lui sont propres ne soient destinées à se répandre bien au-delà des frontières de l’Etat-nation (...) le sentiment fortement exprimé de supériorité à l’égard des autres groupes entraîne la volonté d’exprimer cette supériorité ; il conduit tout naturellement à la recherche de l’expansion (...)." (19)

Ainsi, l’exaltation du sentiment patriotique ne peut conduire, selon eux, qu’à l’affrontement (guerre militaire, économique, etc.) et dessert par là même "les intérêts supérieurs de l’humanité", c’est-à-dire surtout ceux des idéologies qui, bien évidemment, veulent se répandre…

Un processus de déstructuration/restructuration

Toutefois, à la défense du nationalisme, on ne peut nier que son développement corresponde toujours au processus de déstructuration d’une société ancienne et de sa restructuration en une société nouvelle.

Précisément, l’avènement des Etats-nations en Europe (par le bouleversement des anciennes frontières, l’effondrement des empires multi-ethniques, etc.), cumulé à la révolution industrielle, au développement du capitalisme international, à la colonisation..., n’a pas manqué de déstabiliser l’ordre ancien, et les traditions qui en découlaient. Et de toute évidence, on peut affirmer que ce moment critique de l’histoire européenne résulte surtout d’une emprise croissante de l’idéologie libérale sur la réalité (20).

Quant aux promoteurs du socialisme, y voyant un pas supplémentaire vers la révolution, ils n’ont pu que se satisfaire d’une telle déstructuration (selon la dialectique marxiste, le progrès de l’histoire passe inéluctablement par la destruction des ordres "archaïques", tels la monarchie ou l’empire). Rappelons-nous que Marx emprunte à Hegel l’idée que la guerre est le moteur de l’histoire.

La responsabilité des idéologies face à l’histoire

En conséquence, il paraît logique de penser qu’aucune de ces trois idéologies ne peut prétendre à l’indulgence dans la violence et la haine qui ont déferlé sur l’Europe, dans la première moitié du XX e siècle.

Si le nationalisme est toujours montré du doigt, force est de constater qu’il s’est constitué en idéologie, à la fois contre et à partir des idées et répercussions du libéralisme et du socialisme.

Ainsi, le nationalisme peut resurgir chaque fois que l’évolution d’une société produit une trop grande tension entre son passé et son présent (21).

Qu’on le déplore ou non, l’aspiration des peuples à faire coïncider appartenance à une nation et territoire géographique ne semble pas en voie de disparition. Cette aspiration trouve sa plénitude dans l’Etat-nation. Et jusqu'à maintenant, l’Europe est le continent qui s’y est le plus illustré et le plus essayé, pour le meilleur comme pour le pire.

Quand l’histoire légitime l’idéologie

Pourtant, depuis la Seconde Guerre mondiale, les Européens cherchent à rompre définitivement avec ce passé. La raison invoquée par une partie des élites du vieux continent est la suivante : la logique de l’Etat-nation conduit, soit à la guerre, soit à une paix basée sur la force et la méfiance des uns envers les autres (équilibre des puissances), c’est-à-dire une paix éphémère. Or, comme nous l’avons vu, les arguments du libéralisme et du socialisme ne disent pas autre chose, puisque pour tous deux, l’Etat-nation est l’obstacle essentiel à l’accomplissement ultime de l’histoire, telle qu’ils la conçoivent, eux, en termes de paix universelle et perpétuelle, de bonheur et de progrès de l’homme.

Dès lors, comment ne pas voir que la construction européenne est née d’une convergence entre tourments de l’histoire et postulats idéologiques ? C’est donc toujours sous cet angle qu’il nous paraît judicieux d’étudier le discours sur l’Europe que nous connaissons actuellement.

Cet argument nous permet d’affirmer qu’après la "mise hors-jeu" du nationalisme — qu’elles ont pourtant nourri en Europe et ailleurs —, les théories libérale et sociale se sont légitimées aux yeux des dirigeants européens. L’histoire européenne, surtout entre 1870 et 1945, n’est-elle pas la preuve que l’Etat-nation (ou l’Etat-parti comme l’URSS) a mis en danger la paix, le bonheur, la richesse et la prospérité de l’humanité ? Confirmés par la réalité, dont ils sont en grande partie responsables, libéralisme et socialisme marquent indiscutablement de leur empreinte le passage d’une Europe des nations à une Europe fédérale. Partie suivante>

Matthieu Périchaud

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Notes du chapitre 2:

  1. BOURDERON Roger. - Le fascisme, idéologie et pratiques. -, Paris, Editions sociales, 1979. Nous tenons à préciser que la critique porte sur la pensée et l’ouvrage de M. Bourderon, nullement sur sa personne ou sur ses convictions politiques. La subjectivité de son étude est simplement exemplaire, elle méritait donc d’être mentionnée.
  2. BOUDON Raymond. - L’idéologie, l’origine des idées reçues. -, Paris, Fayard, 1986, p. 182.
  3. Ibid. # 2, p. 186.
  4. ROUGEMONT Denis (de). - 28 siècles d’Europe. -, Paris, Christian de Bartillat éditeur, 1990, p. 7.
  5. DENIS Henri. -Histoire de la pensée économique. -, Paris, PUF Thémis, 1988, p. 1.
  6. Soulignons que les visées eschatologiques, par essence au cœur de la philosophie, s’amenuisent avec le déclin de l’influence religieuse, tandis que matérialisme et scientisme s’imposent.
  7. ROUSSEAU Jean-Jacques. - Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. -, Paris, Gallimard , Pléiade, 1975.
  8. Il n’est pas dans notre intention de développer ici l’intégralité des arguments et postulats de ces idéologies. Nous nous bornerons simplement à souligner leurs liens avec la globalisation et la construction européenne.
  9. L’exemple le plus éloquent est certainement l’Essai sur l’inégalité des races humaines, ouvrage écrit en 1853 par Arthur Gobineau, où sont développées des théories pseudo-scientifiques (notamment la mesure des têtes osseuses comme confirmation d’une hiérarchie des races !), associées à des découvertes cette fois authentiques en linguistique, en anthropologie..., tout ceci pour donner un fondement scientifique qui justifierait le nationalisme et la xénophobie. Ce détournement de la science à des fins racistes est admirablement traité dans l’ouvrage de Pierre-André Taguieff intitulé - La couleur et le sang. -, Paris, Mille et une nuits, 1998. Le détournement de la science à des fins communistes a lui aussi été illustré par les génocides staliniens (Cf. Alexandra Viatteau, - Staline assassine la Pologne, 1939-1947. -, Paris, Le Seuil, 1999, et - Le Livre noir du Communisme. -, ouvrage collectif sous la direction de Stéphane Courtois, Paris, Robert Laffont, 1998.)
  10. CHALAS Yves. - Vichy et l’imaginaire totalitaire. -, Arles, Actes Sud, 1985, pp. 37-39-40.
  11. Concernant le vaste sujet qu’est le progrès, nous vous conseillons une anthologie remarquable proposée par Pierre-André Taguieff, intitulée Du progrès, parue aux éditions Librio, Paris, 2001.
  12. PÄTZOLD Brigitte. - Rude combat pour la préfète d’Eberswalde. -, Le Monde diplomatique, octobre 2000.
  13. "Italie-Europe, la berlusconisation des esprits.", Marianne, 20-27 mai 2001.
  14. MONTESQUIEU. "De l'esprit du commerce.", in - De l’esprit des lois. -, Paris, Edition des Belles Lettres, pp. 49-50.
  15. GIRARDET Raoul. - Nationalismes et nation. -, Paris, Editions Complexes, 1996, p. 17.
  16. RENAN Ernest. - Qu’est-ce qu’une nation ? et autres essais politiques -, Paris, Pocket, 1992.
  17. Concernant, une nouvelle fois, les répercussions de la théorie sur la réalité, Jean-Luc Chabot écrit :"Par rapport à la théorie de la souveraineté populaire, le concept abstrait de Nation physiquement insaisissable permet d’écarter éventuellement le suffrage universel, mais surtout, soustrait les élus et ceux qu’ils nomment aux fonctions exécutives de toute procédure d’encadrement par le peuple ou de soumission à lui : seule la périodicité du processus électif permet l’éventuelle sanction d’une non-réélection (...). En comparant cette théorie politique à celle du libéralisme originaire, on serait tenté de la présenter sous le jour d’un nouveau paradigme, celui de " la Nation invisible ", qui n’est avancée que pour mieux masquer sous les apparences d’une célébration de l’appropriation collective du pouvoir politique, son accaparement par une nouvelle aristocratie. Ce n’est plus celle de la naissance, pas nécessairement encore celle de l’argent, mais celle possédant les qualités nouvelles nécessaires à l’accès électif au pouvoir et à son exercice désormais collégial : la maîtrise du verbe oral et écrit et une certaine maîtrise des procédures juridiques. Certains parleront de la naissance d’une nouvelle oligarchie, la fameuse " classe politique " parlementaire et technocratique.", - Histoire de la pensée politique.-, Paris, Masson, 1988, pp. 151-152. Cette affirmation corrobore les arguments avancés précédemment, dans la section consacrée à l’homme politique.
  18. Citons à nouveau Jean-Luc Chabot, à propos de ce libéralisme social (qui a contribué à l’émergence de ce que l’on appelle actuellement la social-démocratie) : "Une telle théorie qui est loin d’être purement économique, appelle à la formation d’un personnel gouvernant spécialisé, véritable élite du savoir économique investissant le pouvoir central de l’Etat.", p. 53. C’est une des raisons du développement de la technocratie.
  19. Ibid. # 15, pp. 34-35.
  20. L’ambiguïté principale du libéralisme tient au fait que ses défenseurs ont toujours tendance à nier tout contenu idéologique, prétextant que ce n’est que la théorisation de l’état naturel de la société, que rien n’est imposé et qu’il n’y a donc pas de projet de société clairement défini. Le libéralisme est pourtant bien une idéologie : même s’il s’inspire de phénomènes supposés naturels à la vie humaine en société, même s’il est par essence pragmatique et en évolution permanente, il repose pourtant sur des postulats et une organisation particulière de la société, caractérisée par l’individualisme et le matérialisme. Nier cette évidence est d’autant plus facile que la pensée libérale sort renforcée de l’échec du socialisme soviétique. Pourtant, il est malhonnête d’affirmer que le libéralisme n’est pas une idéologie, sous prétexte qu’il est plus perméable et souple que d’autres courants. Ainsi, aujourd’hui encore, beaucoup répugnent à parler d’idéologie libérale, c’est pourquoi l’on peut souvent entendre que l’effondrement de l’URSS consacre la fin des idéologies. Rien n’est plus faux. Définitivement, le libéralisme est une idéologie ; quant au socialisme, il est loin d’avoir disparu.
  21. Sous certaines conditions, le nationalisme peut, au nom de la nation, légitimer la destruction de l’Etat, dès lors que ce dernier n’est précisément pas un Etat-nation. La "désintégration" de la fédération yougoslave en est l’exemple le plus probant. Comme le constate Jean-Claude Barreau, la crise dans les Balkans illustre aussi le fait que " tous les nationalismes ethniques sont pro-européens " ("L’Europe peut-elle devenir une grande nation ?", propos publiés dans Marianne, 1-7 mars 1999). Se référer à l’Union Européenne leur sert en effet d’argument pour justifier leur rejet de l’Etat existant, alors même que ces nationalismes ne désirent pas autre chose que la création d’un autre Etat, mais cette fois sur une base ethnique.

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