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"La nouvelle géopolitique, guerres et paix aujourd'hui",

par François Géré

 

Loin de céder à une approche émotionnelle mais sans tomber dans le cynisme, F. Géré donne au lecteur les moyens de donner du sens au déferlement d’images qui caractérise une partie de l’actualité aujourd’hui. 

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coll. « Petite encyclopédie », éd. Larousse, 2005, 128 p.

Depuis la chute du mur de Berlin, le monde est entré dans une nouvelle logique de la guerre et de la paix. Nous assistons à une « révolution dans les affaires militaires » au sein des principales puissances, et en particulier aux Etats-Unis.

Un langage simple mais précis 

François Géré propose ici des clés pour comprendre les nouvelles réalités du monde. Agrégé et docteur en histoire, consultant défense de plusieurs médias français et étrangers, président de l’Institut français d’analyse stratégique et auteur de nombreux ouvrages, l’auteur fait ici œuvre de pédagogue. Il met son immense culture stratégique et sa perception actualisée des données au service de l’honnête homme. En un langage simple mais précis, avec de nombreuses cartes et illustrations, il donne à chacun les moyens de voir le monde.

Cet ouvrage décrit les prémisses d’une géopolitique du XXI e siècle, à travers l’évolution du couple guerre et paix, en cinq chapitres : « Paix et guerre : un couple éternel » ; « Pourquoi les guerres ? » ; « La révolution dans les affaires militaires » ; « Les acteurs de la paix » ; « Les grands dossiers d’aujourd’hui ».

Avis aux amateurs de cartes 

L’auteur et l’éditeur ont bien senti l’intérêt croissant des lecteurs pour les cartes géopolitiques. Aussi l’ouvrage en compte-t-il plus d’une douzaine, en couleurs, notamment : la puissance américaine dans le monde en 2004 ; la terre disputée ; nationalisme et résurgences régionalistes ; l’arc des crises ; le chaudron de l’Asie centrale ; le Très Grand Moyen-Orient (TGMO) ; les puissances nucléaires dans le monde ; le réseau Echelon ; la paix au tournant du siècle ; les attentats depuis le 11 septembre 2001 ; alliances militaires et zones économiques ; la Chine puissance régionale montante. Le lecteur relève aussi nombre d’encadrés forts instructifs, par exemples sur les budgets militaires ou le concept américain de guerre « zéro mort ».  

Dans son avant-propos, F. Géré définit ainsi son objectif : « Cet ouvrage est inspiré par le refus des abstractions simplificatrices : celle du bien contre le mal ou celle du choc des civilisations. La fin de la bipolarisation du monde en 1989 a libéré le pluralisme politique, religieux, économique. Accepter la diversité est une tâche difficile parce que les repères peuvent paraîtrent flous, insuffisants. Ce livre prétend les fournir. »

La guerre change de valeur et de sens

Loin de cultiver le pessimisme, il écrit : « La liaison entre la guerre et la paix se renforce dans un sens positif, en dépit d’errances et de tâtonnements. La guerre change de valeur et de sens : elle doit créer les conditions de la paix durable à travers la reconstruction du pays ou de la zone affectée. La paix se dote des premiers éléments d’une stratégie efficace. Moins universaliste, plus pragmatique, elle apprend non pas à gagner d’un coup le monde mais, pas à pas, à occuper des terrains. La stratégie militaire est devenue de plus en plus intégrale. On parle ainsi d’opérations de rétablissement de la paix, ou de projection de stabilité. S’agit-il là d’euphémismes ? Pas vraiment, car, pour les Occidentaux et pour certains asiatiques notamment, la guerre ne se conçoit plus que limitée dans le temps et mesurée en violence. De ce fait, le droit de la guerre ne s’applique plus comme auparavant, exposant trop souvent les populations aux exactions archaïques et les combattants à l’arbitraire. Toutefois, les règles d’engagement des forces se font de plus en plus contraignantes. »

Le délicat problème du consentement

Dans une partie intitulée « Modèle de paix : stable, instable, réaliste, utopique » l’auteur fait à la fois un retour en arrière et une réflexion prospective. « Au cours de l’histoire, la paix s’est instaurée de façon durable dans de nombreux cas, selon les époques et les régions. Plusieurs modèles se sont présentés. La paix par l’empire. Il y eut l’exemple de la fameuse pax romana, du Ier au IV e siècle : au sein des frontières de son empire, Rome imposa sa volonté et obtint la participation des peuples soumis à un système associatif dont elle resta inspiratrice et maîtresse. Tel pourrait être la destinée de la puissance des Etats-Unis. Toutefois, se pose le délicat problème du consentement durable des nations intégrées et celui de la superficie sur laquelle l’empire s’étend, donc de ses marches, des limites au-delà desquelles les non-membres constituent des perturbateurs éventuels, que l’on nommait autrefois barbares. » (p. 70) Chacun comprendra à sa façon les allusions sous-jacentes du propos.  

F. Géré relève plus loin :« L’état de paix repose sur un paradoxe qui explique sa fragilité. Elle est considérée comme l’état naturel des sociétés. De ce fait, il n’existe pas d’industries de paix par opposition aux industries d’armement. La perturbation de la paix par les crises et par les guerres est si générale qu’elle finit par en nier les fondements mêmes. La paix devient temporaire, aléatoire, locale. Faute de moyens, ses stratégies se révèlent insuffisantes. » (p. 77)

Les médias

Dans une partie intitulée « Les médias : entre guerre et paix », il précise la très délicate relation entre médias et armées et donne des exemples de manipulation. « Il a suffi de faire croire à l’existence d’armes de destruction massives pour attaquer l’Irak (2003). Provocation ici, intoxication là-bas, seul le résultat compte et l’art de dissiper les responsabilités entre instances complices fait le reste. Nul ne s’auto-immole sur l’autel de la vertu politique. Seuls quelques lampistes en font les frais et l’on passe à autre chose. » (p. 86)

Au nombre des grands dossiers d’aujourd’hui, F. Géré présente les armes de destructions massive et le terrorisme. « Les gouvernements américains, russe, chinois, israélien et d’autres pays trouvent dans la menace terroriste, sinon un prétexte idéal, du moins une motivation puissante pour justifier des projets politiques ou bien pour donner une légitimité à des actions de répression violentes. S’il existe un point de convergence entre ces différentes pratiques, c’est que l’efficacité de cette lutte repose sur la qualité du renseignement qui seul permet de le prévenir. Cela suppose non pas d’y injecter des milliards de dollars, mais d’organiser les moyens existants de manière efficace, en favorisant la coopération des services au plan national et en développant les échanges internationaux. Tâche redoutable, vu les oppositions théoriques entre les Etats. Enfin, l’efficacité de la protection se doit de respecter la nature même des sociétés démocratiques. Il y a là un risque considérable, véritable piège tendu par les terroristes eux-mêmes, qui entendent exploiter les moindres dérapages. » (p. 103)

« L’asymétrie militaire (fort/faible) constituant durablement le cadre stratégique dominant, guérilla et terrorisme sont désormais les modes d’actions de tous les perturbateurs. Leurs armes matérielles font apparaître un mélange d’archaïsme profond (meurtre rituel) et d’extrême modernité (guidage GPS). Les armes spirituelles sont appelées à jouer un rôle croissant. L’information et la communication, déjà importantes dans les siècles passés, prennent une dimension d’outils stratégiques sans précédent. » (p. 110) 

Loin de céder à une approche émotionnelle mais sans tomber dans le cynisme, F. Géré donne au lecteur les moyens de donner du sens au déferlement d’images qui caractérise une partie de l’actualité aujourd’hui. 

Pierre Verluise

NDLR: Découvrez le site de l'Institut Français d'Analyse Stratégique présidé par F. Géré

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Date de la mise en ligne: mai 2005

 

 

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