12/16 Actualité internationale
Synthèse de l’actualité internationale de décembre 2016

Par Axelle DEGANS, le 1er janvier 2017  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.

Voici une synthèse de l’actualité internationale de décembre 2016 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou à compte twitter de veille géopolitique @diploweb

Le sort des urnes

En Autriche, suite à l’annulation pour cause d’irrégularités de l’élection présidentielle du printemps 2016, un nouveau scrutin s’est tenu en décembre 2016. Cette fois-ci la victoire du candidat écologiste, Alexander Van der Belen face au candidat d’extrême-droite Norbert Hofer, est large.

En Italie, le premier ministre Matteo Renzi organise en décembre 2016 un referendum pour modifier environ un tiers de la constitution et assurer une meilleure gouvernance du pays en renforçant l’exécutif. Il s’est tellement investi pour le « oui » durant cette campagne que la victoire du « non » a pour conséquence sa démission. C’est donc un vote en connaissance de cause, alors que l’Italie apparait comme l’ « homme malade de la zone euro », qui aboutit à la victoire du « non ». Afin d’éviter une période d’instabilité politique et économique, les élections législatives anticipées ne sont pas convoquées. Matteo Renzi est remplacé par son ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni qui appartient au parti démocrate.

En Roumanie, les élections législatives de décembre 2016 sont remportées par le parti social-démocrate (PSD) de Liviu Dragnea. Il est à noter que celui-ci a été condamné au printemps à une peine avec sursis pour fraude électorale. C’est finalement Sorin Grindeanu que le président Klaus Iohannis nomme à la tête du gouvernement.

En Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev, président par intérim, remporte les élections présidentielles de décembre 2016 avec plus de 88% des suffrages exprimés, et de probables irrégularités de scrutin. Il remplace l’ancien président, Islam Karimov, mort il y à la fin de l’été.

En Gambie, Etat enclavé au débouché du fleuve Sénégal, les élections présidentielles de décembre 2016 sont remportées par Adama Barrow face au président sortant Yahya Jammeh, au pouvoir depuis après d’un quart de siècle. Celui conteste le scrutin que son challenger gagne avec seulement 19 000 voix d’écart.

Des nouvelles européennes...

La Banque centrale européenne, dirigée par Mario Daghi, décide de continuer à racheter des actifs jusqu’à la fin de l’année 2017 – au lieu d’avril 2017. Cette politique « accommodante » a pour but d’éviter le spectre de la déflation, c’est-à-dire d’une baisse des prix, piège dans lequel est engluée l’économie nippone depuis le début des années 1990. Cette politique de rachat devrait cependant se faire à un rythme moins soutenu après le mois d’avril.

L’Union européenne va supprimer la nécessité d’obtenir un visa pour entrer sur son territoire en faveur des ressortissants ukrainiens et géorgiens.

Berlin est à son tour endeuillée en décembre 2016 par un attentat terroriste qui n’est pas sans rappeler celui qui a frappé Nice le 14 juillet 2016. Le responsable avait été repéré par les services allemands, sans que cela l’empêche de passer à l’action. Une vive polémique secoue désormais le pays. La France décide de prolonger l’état d’urgence jusqu’au printemps 2017, période des élections présidentielles.

La Grèce demeure à l’heure de l’austérité, pour continuer à bénéficier de l’aide de ses créanciers ceux-ci exige qu’elle continue sa politique de limitation des dépenses, de dérégulation, notamment du marché du travail. Une grève générale est organisée en décembre 2016 dans le pays pour dénoncer cette politique, dont Christine Lagarde met en cause, aujourd’hui, le bienfondé. Alexis Tsipras décide, au nom de la cohésion sociale, de mettre sur la table 600 millions d’euros en faveur des retraités les plus modestes. Les créanciers de l’Eurogroupe décident alors de geler les mesures d’allègement de la dette.

La Commission européenne présente en décembre 2016 son « plan d’action pour la défense européenne » qui prend en compte pour la première fois l’industrie de la défense dans laquelle elle pourra désormais investir. Un programme de 90 millions d’euros sur trois ans est prévu. En outre, la Banque européenne d’investissement (BEI) pourra financer en partie les capacités militaires, enfin la Commission pourra aider à l’achat de matériel en commun. Ces décisions s’expliquent par le nouveau contexte de montée des périls aux frontières de l’Union ainsi que le danger terroriste sur le sol européen. Il s’agit non seulement de répondre à de nouveaux défis géopolitiques et géostratégiques – en mettant fin à la politique de démilitarisation du continent européen – mais aussi de répondre aux angoisses des Européens comme aux demandes pressantes des Etats qui – à l’instar de la France – assument un investissement dans une défense qui profite à tous mais dégrade les comptes publics.

... une Union européenne qui se défend...

L’Union européenne décide en décembre 2016 de mieux se protéger commercialement face à une concurrence qui peut s’avérer déloyale ; une demande ancienne des citoyens européens. Les Etats membres se réservent le droit d’augmenter les droits de douane dans certaines circonstances. En outre, une procédure anti-dumping pourra être enclenchée sans qu’une entreprise ne dépose plainte auparavant.

Le sommet de Bruxelles renforce l’Europe de la défense, dans un contexte de montée des périls aussi bien aux frontières que sur le sol européen et de crainte de moindre investissement de l’allié américain.

12/16 Actualité internationale

L’Europe se dote de son réseau de satellites – Galileo - qui va lui permettre de géolocaliser de façon autonome, sans dépendre du GPS américain. L’Union européenne gagne enfin en autonomie stratégique, à l’heure où nous n’avons jamais été aussi connectés. Le projet a mis 17 années à se concrétiser, et sera complètement effectif en 2018.

... et continue à signer des accords de libre-échange

L’Equateur vient de ratifier l’accord de libre-échange négocié avec l’Union européenne, il concerne déjà la Colombie et le Pérou. Il entre en vigueur le 1er janvier 2017.

Un accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Maroc en 2012 ne sera pas applicable au Sahara occidental, ainsi l’a jugé la Cour de justice de l’Union. Celle-ci, par l’intermédiaire de son avocat général, vient d’estimer que la Commission ne peut conclure seule, sans la ratification des Etats membres, un accord de libre-échange. Le litige porte sur l’accord négocié avec Singapour, mais si la Cour de justice confirme l’avis de son avocat général, cela ralentira les négociations avec le Royaume-Uni dans le cadre du Brexit.

Un grand retour de la Russie de Poutine ?

Le magazine Forbes vient de nouveau de décerner en décembre 2016 à Vladimir Poutine le titre d’homme le plus puissant de l’année, et ce pour la quatrième fois. La Russie est redevenue incontournable sur l’échiquier international en intervenant dans le cadre du conflit en Syrie, en apportant un soutien militaire, en particulier au niveau aérien, décisif pour Bachar el-Assad. La Russie forme un triangle diplomatique avec l’Iran et la Turquie, que le récent assassinat de son ambassadeur à Ankara n’a pas fait disparaitre. Moscou est au cœur du grand jeu qui se dessine au Proche-Orient, force motrice, après sa victoire à Alep, d’une conférence de paix concernant la Syrie, où brillent par leur absence les Etats-Unis et l’Union européenne. Vladimir Poutine mise sur un rapprochement avec la prochaine administration de Donald Trump, qu’il a chaleureusement félicitée pour sa victoire électorale. Des accusations pèsent sur Moscou concernant la révélation de courriels d’Hillary Clinton, qui avait embarrassée la campagne de la candidate démocrate. Poutine apparait en 2016 comme un acteur incontournable au Proche-Orient, capable de redessiner les alliances géopolitiques, partenaire important de la Chine au cœur d’une Eurasie qui se structure lentement, soupçonné d’ingérence au cœur des élections présidentielles américaines, courtisé par le Japon de Shinzo Abe pour avancer sur le dossier des iles des Kouriles du Sud sous administration russe mais revendiquées par Tokyo.

Les Etats-Unis de Donald Trump

Le prochain président des Etats-Unis compose sa nouvelle équipe. Il met en place un conseil consultatif composé de grands patrons, sous la direction de Steve Schwarzman – qui dirige actuellement le fonds Blackstone - avec la participation du PDG de JP Morgan, de Disney ou d’IBM. Donald Trump envoie aussi des messages forts en choisissant Scott Pruitt, très lié au milieu pétrolier, pour l’Agence de l’environnement, ou l’économiste Peter Navarro, très critique envers la Chine, comme conseiller économique, Steve Mnuchin, un ancien de Goldman Sachs au Trésor ou Rex Tillerson, PDG D’ExxonMobil, en tant que secrétaire d’Etat. Ces nominations doivent être confirmées par le Congrès américain.

Les propos de Donald Trump en décembre 2016 ont irrité la Chine de Xi Jinping et laissent supposer une période de nouvelles tensions commerciales mais aussi diplomatiques après notamment l’entretien téléphonique qu’il a eu – sans encore être investi – avec la présidente taïwanaise. Il a annoncé la mort du traité commercial transpacifique, ce qui réjouit plutôt Pékin. Bref de nouvelles relations transpacifiques se redessinent.

Les nouvelles du Proche et du Moyen-Orient

L’offensive menée en décembre 2016 par l’armée syrienne - appuyée par les forces russes - se solde par la reprise des quartiers orientaux d’Alep – aux mains des rebelles, y compris islamistes – par le pouvoir, au prix de destructions massives et d’un exode important des civils. Alors que les forces loyalistes et russes se concentrent à Alep, Daech refait la conquête de la cité antique de Palmyre. La Russie et la Turquie patronnent un cessez-le-feu en Syrie.

La Turquie est de nouveau ensanglantée en décembre 2016 par un attentat – revendiqué par les Faucons de la Liberté, organisation proche du PKK - qui a fait près d’une quarantaine de morts à Ankara, un autre provoque la mort d’une quinzaine de personnes à Kayseri. L’ambassadeur russe en Turquie est assassiné alors qu’il inaugurait une galerie d’art à Ankara.

La Jordanie est à son tour touchée par des fusillades sur le site de Karak alors qu’au Yémen une quarantaine de soldats sont tués dans un attentat suicide à Aden.

En décembre 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU demande à Israël de mettre fin à sa politique de colonisation des territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est. Washington n’a donc pas utilisé ici son droit de veto, alors que c’est habituellement un soutien indéfectible de Tel-Aviv, qui a manifesté immédiatement son courroux. Le gouvernement israélien annonce qu’il « réduit » ses relations avec les pays qui ont voté cette résolution 2334. Ces colonies empêchent la progression d’un accord de paix entre Israël et Ramallah, mais ce n’est bien sûr pas le seul obstacle. John Kerry estime qu’il faut une solution à deux Etats, ce qui avait été décidé los du plan de partage de l’ONU de 1947, mais avec des frontières qui ne sont pas celles issues de la guerre des Six jours (juin 1967). Il n’est pas évident que Donald Trump soit sur cette même longueur d’ondes...

L’Egypte connait, elle aussi, un terrible attentat perpétré dans une cathédrale copte – Saint-Pierre et Saint-Paul – du Caire, essentiellement fréquentée par des femmes et des enfants. Cet attentat, qui est aussi bien dénoncé par le maréchal al-Sissi que par les autorités religieuses musulmanes du pays, plonge la communauté copte dans le désarroi.

En Lybie, Daech recule en décembre 2016 dans la région de Syrte qui est reprise par les forces armées du gouvernement d’union nationale de Faiez Sarraj, reconnu par l’ONU. Les combats ont été très durs car les jihadistes utilisent des méthodes de guérilla urbaine (mines, voitures suicides...). Cela ne signe pas pour autant la fin de Daech en Libye, l’organisation pouvant survivre de façon plus clandestine et donc plus disséminée. A l’Est, à Benghazi, les forces du général Khalifa Haftar, qui contrôle le « croissant pétrolier » entre Syrte et Benghazi, affrontent aussi des forces islamistes ralliées à Ansar al-Charia. La rivalité entre le général et le gouvernement est forte, alors que les milices autour de Misrata restent puissantes : la Libye reste très divisée et le quotidien des populations civiles très difficile.

Une Asie sous tension

En Corée du Sud, la procédure de destitution de la présidente Park Geun-hye est enclenchée. Elle est au cœur d’un scandale politico-financier – de corruption en lien avec les Chaebols – on lui reproche aussi d’avoir trop écouté une conseillère occulte qui pratique le chamanisme. De très importantes manifestations ont été organisées par les citoyens pour demander sa démission. L’Assemblée a voté la motion de sa destitution. Son premier ministre – Hwang Kyo-ahn assure l’intérim en attendant la décision de la Cour constitutionnelle sur la démission de la présidente.

Les tensions américano-chinoises s’apaisent pour un temps. Pékin rend un drone sous-marin américain confisqué en mer de Chine méridionale, action que Washington avait qualifiée de « non conforme au droit international ».

La Chine est passée à une politique de puissance. Elle fait sortir son porte-avions, le Liaoning, au large des côtes Taïwanaises puis en mer de chine méridionale, une démonstration de force évidemment adressée à Donald Trump. Aujourd’hui seuls 21 Etats reconnaissent diplomatiquement Taïwan, après que Sao Tomé-et-Principe vient mettre fin à ses relations diplomatiques avec Taipei, au profit de Pékin. On ne peut aussi que remarquer que les investissements chinois dans le monde n’ont jamais été aussi importants : ils ont atteint 154 milliards d’euros. Ainsi, Hainan Airlines a racheté la filiale restauration d’Air France, Servair, et a acheté 10% de Pierre et vacances, Midea Group a racheté la pépite allemande de la robotique industrielle Kuka...sans que la réciproque soit possible.

Succès des firmes françaises... mais pas seulement

Airbus vient d’enregistrer en décembre 2016 une commande historique avec Téhéran : une centaine d’avions. La commande porte sur 16 A350, 38 A330 (long courrier) et 46 A320 (court-courrier). Le contrat concerne aussi la formation de pilotes ou de contrôleurs aériens.

La république tchèque vient de signer un contrat de 20 millions d’euros pour l’achat de trois rames à grande vitesse auprès du chinois China Railway Rolling Stock Corp (CRRC). C’est le premier contrat, en terre européenne, pour ce TGV chinois...

L’entreprise familiale française Lesaffre, basée à Marcq-en-Baroeul dans le Nord (59) est le leader mondial des levures. Elle vient d’acquérir l’espagnol Tecno Bakery et l’anglais LFI Tollbend, ce qui renforce sa position de leader. Il faut savoir que ses levures entrent dans la fabrication d’un tiers des pains dans le monde.


Les départs...

Le géographe Jean-Christophe Victor, fils de Paul-Emile Victor, créateur de l’émission géopolitique "Le Dessous des Cartes" diffusée par Arte, est décédé.

Carrie Fisher, interprète emblématique de la princesse Leia Morgana dans la Saga la guerre des étoiles/Star Wars s’en est allée rejoindre les étoiles...

En vous présentant nos meilleurs vœux pour 2017... une année qui promet d’être riche en actualité géopolitique.

Copyright Janvier 2017-Degans/Diploweb.


Les synthèses annuelles des Actualités internationales

Point d’actualité internationale de janvier 2017

Point d’actualité internationale de novembre 2016


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