Retour à l'accueil du site | Retour à l'article

COVID-19 Géopolitique du monde qui vient

Par Cyrille BRET*, le 29 avril 2020.

Le monde d’après la crise COVID-19 est en gestation. En réalité il est partiellement déjà là. La catastrophe sanitaire et la récession économique ont d’ores et déjà accentué et modifié les rapports de force internationaux. Comme toutes les crises, celle que traverse le monde a non seulement avivé les rivalités latentes, révélé des transformations jusqu’ici occultées et créé de véritables ruptures. Alors même que la coopération serait la mieux à même de juguler l’épidémie, c’est la confrontation qui façonne la géopolitique du monde qui vient.

DEPUIS décembre 2019, les fragiles équilibres internationaux sont secoués par trois crises majeures qui se sont succédé et qui s’amplifient désormais mutuellement [1]. La première est sanitaire : par sa contagiosité et sa létalité, le virus du COVID-19 frappe les populations [2] et pousse les États à restreindre les mouvements internes et externes. La seconde crise est économique : en raison de ces mesures prophylactiques, l’activité économique a drastiquement chuté au point que le FMI prévoit une récession mondiale d’au moins 3% pour 2020. La troisième est politique et stratégique car ces catastrophes sont devenues des enjeux d’affrontement entre puissances chinoise et américaine ou encore, à l’intérieur de l’Union européenne. En à peine trois mois, la face monde semble être profondément modifiée. Mais le « monde d’après » sera-t-il radicalement différent d’avant ou bien sera-t-il seulement « pire », comme l’a déclaré Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères [3] ?

Les guerres mondiales, les krachs boursiers, les catastrophes naturelles et les révolutions ont ceci de commun avec les pandémies qu’elles peuvent bouleverser les rapports de force internationaux. Des hégémonies peuvent être mises à bas en quelques années, comme la domination de l’Europe sur le monde avait été balayée par la Première Guerre mondiale. De nouvelles puissances peuvent s’affirmer comme l’URSS qui était passé du statut de paria géopolitique à celui de superpuissance après la victoire contre l’Allemagne nazie en 1945. Les rapports de force peuvent se transformer et même s’inverser comme le poids de la République Populaire de Chine en Asie après la victoire de la révolution maoïste en 1949. Les grandes crises constituent des tournants géopolitiques car elles impriment un rythme bien plus soutenu aux évolutions amorcées ou lancées.

Fin avril 2020, la situation internationale est hautement évolutive : les perdants évidents et les gagnants probables ne sont pas encore connus avec certitude. Toutefois, plusieurs tendances géopolitiques sont perceptibles. Les trois crises actuelles ont déjà produit un triple effet sur les relations internationales : elles accélèrent et confirment des processus stratégiques en cours, notamment l’exacerbation de la rivalité sino-américaine (I) ; elles révèlent des tendances profondes mais encore inaperçues ou mal identifiées comme le tournant keynésien de l’économie (II) ; elles créent des ruptures, des fractures et ces césures véritables, au premier chef une pause dans la mondialisation (III).

Cyrille Bret
Crédit photographique : 2018, Inès Mallouh pour Diploweb.com
Mallouh/Diploweb.com

I. La fin des illusions et l’accélération des rivalités globales

La crise n’a pas déclenché un reset radical de la géopolitique mondiale. Le changement de paradigme n’est pas (encore ?) là : 2020 n’est pas 1648 quand les Traités de Westphalie avaient conclu la Guerre de Trente ans et transformé la géopolitique européenne en la fondant sur les États nationaux. La crise du COVID-19 n’est pas non plus la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui avait conduit à l’élaboration d’un système de sécurité collective appuyé sur le droit international garanti par l’Organisation des Nations Unies et dominé dans les faits par un équilibre entre deux superpuissances militaires. Pour le moment, la crise a avivé les rivalités mondiales existantes, au premier chef entre les États-Unis d’Amérique et la République Populaire de Chine (RPC). Cette rivalité était déjà évidente et forte au moins depuis le début de la présidence Trump en 2017 et en réalité depuis l’accession au pouvoir de Xi Jinping en 2013.

L’urgence a dissipé l’ambiguïté géopolitique américaine et clarifié la posture mondiale de Donald Trump. Tour à tour « chevalier blanc » extraverti et « ermite » revendiqué, le président américain avait alterné les interventions internationales musclées et les revendications de sécessionnisme. Il s’était engagé dans la Péninsule coréenne en rencontrant à deux reprises le leader Nord-Coréen, Kim Jong Un à Singapour le 12 juin 2018 et à Hanoï le 28 février 2019. Mais il avait également critiqué toutes les instances de sécurité collective mondiale (ONU) et régionale (OSCE), hésitant entre isolationnisme et interventionnisme. En 2020, le choix [4] est clair : dans le traitement de la crise, les États-Unis suivront leur propre voie, sans prétendre donner l’exemple, en fermant leur territoire aux voyageurs, sans doute aux migrants légaux et en se désengageant des instances multilatérales. En annonçant une suspension [5] de la contribution budgétaire américaine au budget de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le 15 avril 2020, le président américain n’a pas pris une mesure symbolique ou sectorielle, il a affirmé son refus définitif du multilatéralisme onusien hérité de 1945. En effet, au moment où la coopération entre États est nécessaire pour faire face à une pandémie sans frontières, il mine le seul mécanisme de coordination sanitaire pour le confinement comme pour le déconfinement. S’il restait encore des interrogations ou des illusions aux alliés et aux rivaux des États-Unis, les voici dissipées : les États-Unis considèrent leur leadership global comme un fardeau et viennent de s’en délester [6].


Extrait d’une conversation privée de P. Verluise avec un ancien attaché de défense en Chine : « Un des éléments, que vous subodorez bien, de la stratégie chinoise : l’extraordinaire capacité de retourner un échec, une défaite, une responsabilité à leur avantage avec un aplomb stupéfiant. Un piège qui marche parfois et dans lequel il ne faut surtout pas sombrer. » (28 avril 2020)


Comme par un effet de vase communicant, la République Populaire de Chine (RPC) a, elle, tenté de reprendre ce rôle, avec une audace confinant à l’arrogance. Quel paradoxe ! Foyer de l’épidémie, cible de toutes les critiques pour ses statistiques épidémiologiques confinant à la propagande, manifestement en retard dans le confinement, la Chine a accompli la prouesse de se poser en modèle de gestion de la pandémie. Elle a même déployé une « diplomatie des masques [7] » en exportant ses médecins et ses matériels médicaux vers l’Union européenne. En relançant son économie avant tous les autres pays, en vantant les vertus sanitaires de son régime politique et en revendiquant une supériorité mondiale, la RPC a elle aussi explicité sa posture pour le monde qui vient : dans tous les domaines (économique mais aussi médiatique, scientifique, sanitaire, normatif et évidemment militaire) et par tous les moyens, elle revendiquera la première place et multipliera les initiatives bilatérales (en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient) pour supplanter les États-Unis. Depuis des semaines, elle instille l’idée que le monde de 2020 sera influencé, guidé et façonné par le « modèle chinois ». La rivalité entre États-Unis et la Chine s’est brusquement porté sur de nouveaux domaines : la guerre commerciale des droits de douanes n’est plus qu’un des volets d’une rivalité planétaire. La posture chinoise dans sa région d’influence est symptomatique : revendiquant contre Taiwan ou la Corée du Sud le rôle de « bon élève » de la lutte contre la pandémie, elle a redoublé d’agressivité contres ses voisins insoumis. La Chine sortira de la crise d’autant plus nationaliste que son économie est promise à une stagnation [8].

D’autres tendances latentes sont accentuées par cette crise : l’autoritarisme et la volonté de fermeture des Etats illibéraux en Europe comme la Hongrie [9], l’insoutenabilité de la dette en Argentine [10], etc. Les périodes de tension durcissent les conflits avant même de déboucher sur d’autres tensions.

La crise actuelle dissipe plusieurs illusions et précise les contours des rivalités structurantes pour le monde dès 2020. Les perspectives d’un G2 sino-américain gérant l’ordre international en supplantant G7, G8 ou G20 se sont brusquement éloignées. Et le durcissement des confrontations militaires, diplomatiques, économiques et médiatiques entre États-Unis et RPC s’est affirmé comme le risque principal dans les années qui viennent. En outre, les déclarations chinoises sur la nécessaire harmonie des relations internationales dans un monde multipolaire se sont évanouies. Loin de consacrer un changement de paradigme, la crise accentue la rivalité sino-américaine. Le monde d’après la crise sera bien plus brutal dans ce domaine. Les plus puissants d’avant la crise risquent bien d’être encore plus hégémoniques qu’avant la crise.

II. Révélations étatistes et conversions keynésiennes en masse

La crise sanitaire jette aussi une lumière crue sur des mouvements de fond que les discours politiques ou les postures médiatiques occultaient, masquaient ou minoraient. La (re)conversion des États à l’intervention publique massive en économie est de ces évidences. La figure de Keynes domine très largement un continent qu’on croyait acquis à l’effacement de l’Etat en économie.

Obsédées par la crise de 1929 mais surtout de 2008 en réalité, les principales économies du monde se sont lancées dans une course à l’intervention publique pour contrer la récession économique mondiale. Elles ne rivalisent plus seulement dans la comparaison (peu digne) des bilans des décès, les moins frappés étant réputés plus exemplaires. Elles entretiennent une concurrence sur la taille de leurs plans de relance respectifs. A l’heure actuelle, c’est en centaine de milliards que les interventions publiques se chiffrent : le Japon [11] annonce 100 000 milliards de yens (920 Mds€), les États-Unis, 2 000 MdsUS$, etc. Les mesures de garantie, de prêts, d’annulation de taxes et de subventions directes sont annoncées pêle-mêle pour créer un choc de confiance et marquer les esprits mais aussi et surtout pour nourrir une compétition keynésienne planétaire. Dans certains cas, le plan de relance annoncé est d’autant plus massif qu’il doit éclipser les bilans sanitaires.

En particulier, la crise a révélé des forces et des faiblesses de l’Union européenne qu’elle-même avait négligées. Durement frappée par le virus avec plus de 100 000 décès [12], elle s’est révélée à la peine pour imposer une coordination sanitaire entre ses États-membres, mais il est vrai que les traités européens lui donnent peu d’attributions en la matière. Des traités qui sont le produit d’une histoire, des choix, calculs et contradictions des Etats. L’Etat Providence n’est pas sa vocation historique – ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas un Etat - et ce sont les États nationaux qui se sont saisis de la question, dans un ordre dispersé moqué à l’étranger, avec une mauvaise joie. Ainsi, au sein de l’Union coexistent des régimes de confinement stricts, en Italie, en Espagne et en France et des régimes beaucoup moins contraignants, en Suède et en Allemagne.

En revanche, non sans délai, le réalisme financier et le pragmatisme budgétaire de l’Union ont été tout aussi manifestes que les lacunes sanitaires : suspension des règles de rigueur budgétaires pour un an au sein de l’Eurogroupe, ouverture rapide de mesures de financement des budgets nationaux par la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et ébauche d’un plan de relance de l’économie [13]. Dans la tourmente, la véritable force de l’Union s’est révélée : elle est taillée pour faire face aux récessions économiques sévères, y compris en soutien à des politiques keynésiennes. L’Union s’est donc révélée en quelques semaines keynésienne.

La France démontre une fois de plus qu’elle est un « pays carrefour », comme disent les géographes, à défaut d’être un pays pivot…

Face à la crise, l’Union européenne a presque oublié le clivage désormais convenu entre l’Ouest libéral et l’Est réactionnaire et le conflit entre Bruxelles et les régimes illibéraux (Hongrie, Pologne, etc.). Le principal clivage a séparé non pas l’Ouest et l’Est mais le Sud et le Nord, les partisans d’une mutualisation des dettes (Italie, Espagne, France) et les Etats s’en tenant à la nationalisation des dettes (Pays-Bas, Allemagne et les « frugaux ») [14]. Dans la tourmente, le vieux clivage entre Europe germanique et Europe latine et entre cigales et fourmis budgétaires s’est ravivé. La France démontrant une fois de plus qu’elle est un « pays carrefour », comme disent les géographes, à défaut d’être un pays pivot… Mais les réticences devant l’intervention de l’État ont été balayées. Le clivage sur l’identité chrétienne, les valeurs de l’Europe a brusquement cessé d’obséder le continent. C’est désormais la dette publique, le déficit budgétaire, le chômage partiel et les plans de relance qui occupent le Vieux Continent.

Les crises économiques, commerciales, budgétaires ou encore financières découlant du « grand confinement » sont telles qu’elles ont converti au keynésianisme bien des pays qui y étaient réticents. Mais cette conversion en masse n’est que la révélation de mouvements antérieurs qui s’affichent à la faveur de la crise. Ainsi les débats budgétaires en Europe ont changé de taille mais pas de nature : le saut est quantitatif, pas (encore) qualitatif vers une plus ou moins grande intégration.

III. Grand Confinement et Malaise dans la mondialisation

La véritable rupture dans les équilibres internationaux tient au confinement. Il frappe bien entendu les espaces privés, les débats publics et les marchés économiques. Mais confinement est désormais radicalement géopolitique. Les relations internationales vivent elle aussi un Grand Confinement dont elles sortiront changées, sur certains aspects en tout cas.

En quelques semaines, les mesures de prophylaxie décidées par les États dans l’urgence (et parfois trop tard) ont amoindri ou interrompu les grands flux caractéristiques de la mondialisation. La circulation des personnes s’est presque figée. Les flux touristiques ont instantanément chuté et le niveau global de l’activité dans ce secteur représentant 10% du PIB mondial serait en contraction de -20% à -30% selon l’Organisation Internationale du Tourisme (OIT) [15]. Alors que le secteur était promis à l’expansion depuis la crise de 2008, sa dynamique est cassée durablement en raison des investissements que les professionnels devront faire pour raisons sanitaires dans les hôtels, les avions, les navires de croisière, etc. De même, les mouvements migratoires ont été presque stoppés par le rétablissement des frontières administratives et sanitaires : la conséquence économique sera grave pour les pays qui dépendent des transferts financiers des travailleurs expatriés. Le commerce international a lui aussi chuté entraînant avec lui le secteur maritime [16], véritable système sanguin de la mondialisation, ravivant les risques de pénuries alimentaires [17]. Ainsi, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) prévoit une chute des flux en valeur de -30% pour 2020 [18] et la FAO, en charge de l’agriculture et de l’alimentation, redoute des pénuries de céréales en Afrique et en Asie [19] du fait que les grands exportateurs de grain (Russie, Thailande) ont suspendu leurs exportations.

Le corollaire de cette rupture dans la mondialisation est le grand retour des États sous le double visage de l’Etat Providence protecteur de la santé publique et d’État régalien détenteur du monopole de la violence légitime. Devant les risques pour la santé humaine, les États ont repris leurs habits du XIXème siècle et imposé des limitations drastiques aux libertés fondamentales pour fermer et quadriller leurs territoires. En matière économique, ils ont amplement et donc durablement accru leur périmètre d’intervention en se substituant aux acteurs économiques privés : les dispositifs de chômage partiel, la suspension ou l’annulation des impositions et le creusement des déficits et des dettes publiques renforcent paradoxalement l’emprise de l’Etat sur les économies. Le monde de demain devra composer avec la résurgence assumée des autorités étatiques. Loin de se contenter du rôle de stimulateurs de l’économie, ils la gèreront en grande partie. Loin d’accepter de s’effacer devant l’économie internationale autonome, ils voudront façonner la mondialisation. Le monde de demain est sans doute celui d’une « ré-étatisation massive » qui contrebalancera la mondialisation. Quel sera le nouveau point d’équilibre provisoire entre concurrences et coopérations à travers des relations multilatérales réinventées ?

Les autres ruptures commencent à se manifester. Grevée par une crise sanitaire majeure, la République islamique d’Iran est sans doute en train de se dévaloriser profondément sur la scène régionale au Moyen-Orient. De même, l’Afrique qu’on espérait arrimée à la croissance mondiale, risquent de décrocher à nouveau. Dans ce continent où les infrastructures médicales sont aussi réduites que les statistiques épidémiologiques fiables, nul ne sait encore quelle est l’étendue réelle de la pandémie. Le décrochage économique pourrait se doubler d’un découplage stratégique. Alors que les guerres au Sahel et en Libye accaparaient l’attention des diplomates et des militaires, ces conflits perdurent mais sont devenus périphériques, laissés à leur propre sort. Comme le montre le cas de l’Afrique, le monde risque désormais de se structurer entre des zones où la lutte contre la pandémie est la priorité et d’autres où elle est secondaire et où donc elle restera latente pendant des années. Ces dernières risquent fort de se trouver en état de relégation sanitaire puis économique et politique. Ce qui pourrait avoir des effets sur les flux migratoires Sud – Nord, reste à savoir lesquels. Pour mémoire, depuis 2015 l’Union européenne doit son accroissement démographique aux migrations. Tenter de véritablement fermer les frontières extérieures de l’UE aux foyers migratoires et pandémiques aurait des effets accélérateurs sur l’effacement démographique relatif de l’UE. Cela passerait en outre par un durcissement des moyens consacrés à cette politique, affaiblissant davantage encore les postures morales de l’UE.

Enfin, une rupture majeure peut se manifester dans le domaine énergétique. Depuis mars 2020, les cours des hydrocarbures ont été divisés par trois en raison non seulement de la baisse de la consommation mondiale mais également d’une stratégie délibérée de l’Arabie saoudite de capter des parts de marché en vendant à perte. La fracture risque de passer entre les Etats capables de continuer à produire et à exporter en temps de crise avec un cours bas (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Russie) et ceux qui en sont incapables (Vénézuela, Iran, etc.)

Il est beaucoup trop tôt pour annoncer une « démondialisation » : elle est pour le moment suspendue par l’urgence. Mais la Grande Récession qui se profile pourrait bien remodeler la mondialisation des flux. Signe précurseur, les opinions publiques sont désormais obsédées par l’autonomie stratégique non seulement en matière d’armement et d’énergie mais aussi dans les domaines alimentaires, énergétiques, industriels. Le Grand Confinement d’urgence peut-il provoquer une Grande renationalisation des chaînes de production ? Voilà ce qui constituerait une rupture structurelle dans l’ordre mondial.

*

Le monde qui vient est déjà là

La géopolitique est déjà dans le monde d’après la crise du COVID-19. La pandémie pourra évidemment connaître des résurgences tragiques et le Grand Confinement des répliques dans les mois qui viennent. Ce monde n’est pas encore stabilisé dans un nouvel équilibre. Mais les rapports de force et les hiérarchies se reconfigurent déjà. La crise a définitivement consacré l’affrontement sino-américain multidimensionnel en rivalité structurante du XXIème siècle. Elle a révélé également une aspiration au retour des États dans la vie économique et dans la vie sociale des populations. Enfin, elle a assurément rendu obsolète une certaine forme de mondialisation.

Manuscrit clos le 24 avril 2020
Copyright Avril 2020-Bret/Diploweb.com

*

Cyrille Bret est haut fonctionnaire et géopoliticien. Inspecteur de l’administration, il a travaillé dans les industries aéronautiques, les industries numériques et est aujourd’hui en poste dans un groupe public de défense. Après une formation à l’Ecole Normale Supérieure, à Sciences Po et à l’Ecole Nationale d’administration, il a été auditeur à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN).

[1Je remercie vivement Pierre Verluise pour sa relecture, ses suggestions et ses propositions. Ce texte lui doit beaucoup.

[4NDLR : Pour comprendre l’ADN politique de Donald Trump, il peut être utile de lire le chapitre de Gérard Araud à son propos dans Michel Duclos (dir.) « Le monde des nouveaux autoritaires », co-édité par l’Institut Montaigne et les Éditions de l’Observatoire (2019) ; et le livre de Gérard Araud « Passeport diplomatique. Quarante ans au Quai d’Orsay », éd. Grasset (2019).


Copyright DIPLOWEB sauf mention contraire


Citation / Quotation

Auteur / Author : Cyrille BRET

Date de publication / Date of publication : 29 avril 2020

Titre de l'article / Article title : COVID-19 Géopolitique du monde qui vient

Chapeau / Header : 

Le monde d’après la crise COVID-19 est en gestation. En réalité il est partiellement déjà là. La catastrophe sanitaire et la récession économique ont d’ores et déjà accentué et modifié les rapports de force internationaux. Comme toutes les crises, celle que traverse le monde a non seulement avivé les rivalités latentes, révélé des transformations jusqu’ici occultées et créé de véritables ruptures. Alors même que la coopération serait la mieux à même de juguler l’épidémie, c’est la confrontation qui façonne la géopolitique du monde qui vient.

Adresse internet / URL : https://www.diploweb.com/spip.php?article2143

© Diploweb.com. sauf mention contraire.