Voici une synthèse de l’actualité internationale de septembre 2018 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (+ de 11 700 followers)
Alors que Washington avait annoncé son intention de renégocier les accords de l’ALENA – zone de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique – un accord vient d’être signé en septembre 2018 avec le Mexique. Le texte n’a pas été publié, mais il semble que le Mexique établirait un salaire minimum et laisserait davantage de place aux syndicats. Cela correspondrait à la volonté de Donald Trump de revenir sur le libre-échange tel qu’il existe jusqu’à présent, en raison des effets négatifs sur les emplois de la classe ouvrière des Etats-Unis, laminée par la concurrence d’une main d’œuvre mexicaine bien moins chère. Deux inconnues demeurent : la ratification de l’accord par le Congrès des Etats-Unis et le choix – ou non – du Canada de rejoindre cet accord.
Les Etats-Unis établissent de nouvelles mesures protectionnistes visant la Chine. Il s’agit d’inciter les entreprises à revenir produire sur le sol américain, et de recréer des emplois pour la classe ouvrière – qui a souvent voté Trump aux dernières élections présidentielles – fragilisée par les délocalisations aussi bien au profit du Mexique que des pays asiatiques.
Les enquêteurs de l’ONU ont conclu en septembre 2018 à une responsabilité des militaires birmans dans ce que la justice internationale qualifie de « génocide » de la minorité musulmane des Rohingyas. Plus de 700 000 d’entre eux ont préféré fuir la Birmanie en 2017, en grande partie pour le Bangladesh voisin.
La Chine populaire a procédé en septembre 2018 aux premiers essais en mer de son premier porte-avions de technologie chinoise à partir du port de Dalian. Un nouveau porte-avions est déjà en cours de construction. Il s’agit à l’évidence d’un moyen de projection de puissance dans des mers de Chine particulièrement convoitées. Elle admoneste Londres dont un navire a croisé en mer de Chine méridionale dans des eaux des iles Paracels revendiquées par Pékin comme Hanoï.
La Chine populaire s’est non seulement convertie à la vidéosurveillance de sa population mais resserre aussi la discipline intérieure au parti communiste pour renforcer son monolithisme. Hong Kong, qui a réintégré le giron de la Chine continentale en 1997, vient d’interdire un parti nationaliste accusé de menacer la sécurité nationale. L’ONG Human Rights Watch dénonce le passage d’un seuil « historique » contre les libertés à Hong Kong. Beaucoup craignent une mise au pas plus poussée de l’ile par Pékin.
L’Europe fédérale est désormais battue en brèche par des Européens souverainistes comme l’italien Matteo Salvini ou le Hongrois Viktor Orban. Leurs points d’accord sont nombreux : réaffirmation des frontières extérieures de l’Union plus grande fermeté de la politique migratoire – dossiers sur lesquels les rejoignent des pays comme l’Autriche ou le groupe de Visegrad – et un « front souverainiste » se dessine face aux tenants de l’Europe supranationale plus libérale d’Emmanuel Macron ou Angela Merkel.
En Suède, les élections législatives de septembre 2018 ont vu la percée historique du parti des Démocrates de Suède de Jimmie Akesson, un parti d’extrême-droite qui obtient près de 17% des suffrages contre moins de 1% au début de notre siècle. Il a centré sa campagne sur la dernière vague migratoire, que le pays a accueillie assez généreusement. Dans un discours assez policé, il dénonce les migrants qui ne veulent pas s’intégrer refusant pour certains d’apprendre la langue suédoise ou la mixité des écoles, les opposant à ceux qui ont adopté une vraie démarche d’intégration. Un « modèle » scandinave qui se lézarde ?
L’Allemagne est courant septembre 2018 le théâtre de violences anti-immigrés à Chemnitz, en Saxe. Elles se sont déroulées après l’assassinat d’un jeune Allemand dont des Syriens sont suspectés.
La question migratoire est multiforme. A Salzbourg, la question de l’accueil des migrants est restée sans solution, alors que la répartition des derniers arrivés à bord de l’Aquarius a été de nouveau l’occasion de marchandages assez comptables. Après que les dernières élections en Suède aient attiré l’attention sur l’épineux problème de l’intégration des migrants en provenance de Syrie ou Afghanistan, c’est au tour des Pays-Bas de constater qu’un cinquième des réfugiés syriens refuse le mode de vie occidental en vigueur dans le pays : égalité homme-femme, mixité des élèves à l’école… rendant impossible leur intégration. Certains préfèrent le retour en Syrie.
Bonus vidéo. Elargissement : quels candidats l’Union européenne doit elle - encore - accepter ?
Cette vidéo peut facilement être diffusée en classe ou en amphi pour illustrer un cours ou un débat. Elle présente dans sa première moitié les procédures pour devenir un pays candidat à l’UE.
En France, les forces politiques se positionnent courant septembre 2018 pour préparer les élections européennes de mai 2019. Le président Emmanuel Macron et la ministre en charge des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, estiment que ces élections seront structurées autour d’un axe séparant les tenants d’une Europe fédérale, libérale et supranationale aux tenants du nationalisme et du souverainisme.
L’ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) procède à un référendum fin septembre 2018 pour changer de nom, mais sans vraiment le présenter ainsi aux électeurs. Pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne depuis les années 1990, sa candidature est bloquée par le veto grec en raison de la volonté de Skopje de conserver le nom de Macédoine. Le referendum porte sur l’adhésion à l’UE et l’OTAN, mais en fait il s’agit de savoir si les Macédoniens sont prêts pour cela à changer le nom de leur pays pour la « République de Macédoine du Nord », et avoir – en retour - l’assentiment définitif d’Athènes. Le vote, pour être validé, doit mobiliser plus de la moitié des électeurs.
La 73ème Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) de septembre 2018 a été le théâtre d’une rivalité à peine masquée entre ses grands acteurs. Le discours du président américain Donald Trump a été celui de la stigmatisation de l’Iran, accusé de ne pas respecter ses engagements concernant le programme nucléaire, Hassan Rohani lui a répondu plus tard en réfutant les accusations portées contre son pays. Le président français, E. Macron, a réaffirmé son soutien au texte levant une partie des sanctions et permettant à l’Iran de réintégrer le concert des nations. Il a aussi clairement affiché son attachement au commerce multilatéral. Donald Trump a aussi accusé la Chine d’interférer dans les élections de mi-mandat qui se tiendront cet automne 2018 aux Etats-Unis.
La Russie a organisé en septembre 2018 ses plus importants exercices militaires depuis la fin de la Guerre froide (1991). Ils sont organisés en Sibérie orientale en partenariat avec la Chine et mobilisent plusieurs centaines de milliers de soldats, 1 000 avions, 36 000 chars... une vraie démonstration de force. Ces manœuvres – « Vostock 2018 » – sont clairement destinées à être analysées par l’OTAN.
En septembre 2018, l’heure de la réforme a aussi sonnée pour l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) aujourd’hui paralysée. Européens, Américains et Japonais dénoncent, sans la nommer, la Chine dont les pratiques commerciales contreviennent au libre-échange et aux pratiques libérales prônées par l’OMC.
Ces faits - ainsi que l’absence remarquée des chefs d’Etat russe, chinois et Indien à l’ONU - témoignent de la formidable bascule à l’œuvre. La gouvernance mondiale à l’occidentale a-t-elle vécu ? De nouveaux rapports de forces s’établissent plus à l’Est, avec d’autres règles… quand les Etats-Unis prennent leurs distances avec la gestion des affaires du monde, du moins avec ses modalités précédentes.
Venue au sommet de Salzbourg, la Première ministre Theresa May s’est vu opposer en septembre 2018 une fin de non-recevoir concernant ses propositions pour le Brexit prévu le 29 mars 2019. Tout reste donc à bâtir. Les plus épineux dossiers concernent la circulation des personnes et la frontière entre l’Irlande du Nord britannique et l’Eire qui reste au sein de l’Union européenne.
A l’interne, les divisons sont nombreuses. Le camp conservateur actuellement au pouvoir est tiraillé entre un Brexit négocié, tendance qu’incarne Theresa May, et un Brexit « dur ». Les travaillistes, derrière Jeremy Corbin, réclament le pouvoir sans proposer pour autant un plan clair et convaincant du Brexit. Aucun vrai leader politique pour incarner l’avenir des iles britanniques. La population, quant à elle, aimerait que les modalités du Brexit soient définies une bonne fois pour toute, car l’expectative est anxiogène.
Le Venezuela ne cesse de plonger dans la crise. Désormais le « carnet de la patrie » ne permet plus seulement d’accéder à des produits de première nécessité (huile, farine…) mais il est la condition sine qua non pour toucher aussi bien des aides ponctuelles (comme à Noël) que la pension de retraite ou même du carburant. Un nouvel outil de contrôle social ?
En septembre 2018, l’Argentine est en proie à d’inquiétants désordres financiers qui compromettent sa capacité à se refinancer sur les marchés financiers. La dépréciation du peso argentin provoque une inflation qui devrait excéder 40% en 2018. Le président argentin présente un budget d’austérité qui prévoit une baisse drastique des dépenses – notamment dans le domaine social – associée à une augmentation des impôts. L’Argentine a dû se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI), qui en échange de l’aide accordée, attend des mesures pour diminuer le déficit budgétaire. Le pays traverse une nouvelle crise économique qui éprouve une population qui a gardé en mémoire les heures particulièrement difficiles du début du XXIème siècle. C’est pour éviter un nouveau défaut de paiement sur sa dette que l’Argentine s’est encore tournée vers le FMI.
Au Brésil, l’incendie qui ravage en septembre 2018 le musée national de Rio a est à l’image d’un pays qui semble à vau-l’eau. En pleine campagne présidentielle, le candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro a été poignardé, mais il a survécu. La recrudescence de la violence est une réalité dans ce pays où la situation économique se dégrade sensiblement depuis 2014. Paradoxalement, cette agression rend ce candidat populaire bien au-delà du cercle de ses sympathisants.
En Syrie, la pression s’est accentuée sur la région d’Idlib tenue par les djihadistes dont 12 à 15 000 personnes affiliées à la branche syrienne d’Al-Qaida en plus des autres factions djihadistes rivales. La Russie et la Turquie se sont accordées en septembre 2018 pour y créer une zone démilitarisée et espèrent que son évacuation pourra se faire sans opération militaire.
La Syrie est plus que jamais au cœur d’un « grand jeu ». Le régime de Bachar el-Assad a reçu un appui massif de Moscou, mais aussi une aide très importante de l’Iran. Désormais, les monarchies du Golfe sont prêtes à le soutenir dans la reconstruction de la Syrie en conditionnant leur soutien au retrait des Iraniens.
L’Iran a été ensanglanté en septembre 2018 par un terrible attentat à Ahvaz qui a fait plusieurs dizaines de victimes. Cet attentat a été revendiqué par Daech, mais Téhéran y voit la main de ses rivaux régionaux de l’autre côté du golfe Persique. Cette accusation est démentie par l’Arabie saoudite.
Cet archipel de l’Asie du Sud-Est a déjà été frappé, au cœur de l’été, par plusieurs tremblements de terre. Il l’a de nouveau été fin septembre, mais cette fois-ci il s’est accompagné d’un tsunami dans le détroit de Makassar qui a ravagé l’ile de Célèbes (ou Sulawesi). Le bilan humain est effroyable comme l’est l’ampleur des destructions. Une des explications réside dans un phénomène géologique assez rare de liquéfaction des sols gorgés d’eau qui ont perdu leur portance, des sols plutôt sablonneux, limoneux ou constitués de vase. Tout ce qui est en surface – constructions comme êtres vivants – est alors littéralement enseveli, en quelque sorte aspiré par le sol.
La crise des subprimes (2007) s’est transformée en 2008 en une crise financière majeure. Dix années après, la plus grave crise économique depuis celle de 1929, les leçons ont-elles été retenues ? La crise qui a commencé avec le naufrage de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008 a prouvé que, contrairement à ce que pensaient les autorités américaines, la finance fonctionne en réseau et donc que le risque est systémique. Les Européens l’ont compris à leurs dépens. Les banques sont désormais astreintes à posséder davantage de fonds propres. Une mesure prudentielle pour éloigner le risque de crise.
A rebours de ce qui s’était passé en 1929, les Etats ont réagi en usant du déficit budgétaire et en abaissant les taux d’intérêts jusqu’à ce qu’ils soient presque nuls. Les Etats en sortent fortement endettés. En retour, certains ont été contraints d’appliquer une politique de rigueur, comme certains Etats européens : Grèce, Espagne, Portugal, Irlande… On se demande aujourd’hui si la politique menée l’a été à bon escient.
A la différence de ce qui s’était passé en 1929, il n’y a pas eu de responsables désignés pour cette terrible crise, donc pas de condamnation, pas de banquiers sous les verrous, pas de responsables d’agence de notation en prison. De nombreuses victimes mais pas de coupables, l’impunité donc.
Enfin, la pratique des bonus – que d’aucuns jugeraient hors norme – est repartie de plus belle incitant de nouveau à des prises de risques dont on connait très bien aujourd’hui les conséquences possibles. La finance est une bulle qui vit par elle-même et pour elle-même, et quand la bulle éclate elle compte sur les Etats pour jouer les pompiers. Jean-François Gayraud a brillamment démontré le caractère criminel de ce capitalisme financier.
Géopolitique des continents : quelques données de base pour les caractériser.
Arianespace a obtenu en septembre 2018 un premier contrat pour son lanceur Ariane 6. Il s’agira de mettre en orbite des satellites pour Eutelstat.
Les dirigeants des deux Corées – Moon Jae-in pour le Sud et Kim Jong-un pour le Nord – se sont rencontrés à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. Au menu des discussions, faire progresser la dénucléarisation de la péninsule. Un vent de détente semble souffler sur les Corées. Affaire à suivre.
La frontière entre Ethiopie et Erythrée se réouvre lentement, une première depuis plus de deux décennies.
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Plus pour réussir
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.
. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Auteure de « Réussite aux concours 2018 ! La synthèse de l’actualité internationale 2017 », éd. Diploweb via Amazon, 2018. Elle est aussi co-auteure chez Ellipses de "Les 50 cartes à connaître", Coll. Atout concours, Paris, 2016.
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Date de publication / Date of publication : 1er octobre 2018
Titre de l'article / Article title : Synthèse de l’actualité internationale de septembre 2018
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