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10/2014 Actualité internationale

Synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2014

Par Axelle DEGANS*, le 1er novembre 2014.

Synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2014 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou préparent un concours. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner à notre compte twitter.com/diploweb.

Elections

Au Brésil Dilma Roussef a été réélue avec 51,45% des voix face à son adversaire Aecio Neves, une élection bien plus disputée que le chef de l’Etat ne l’aurait souhaité, à l’image d’un Brésil dont la croissance ralentit.

En Bolivie, Evo Morales a été réélu avec aisance – 61 % des voix - pour un troisième mandat à la tête de son pays, il dispose également d’une majorité au parlement.

Les élections législatives en Tunisie sont remportées par Nidaa Tounes, parti non-islamiste. Ennahda a reconnu la victoire de son rival.

En Ukraine, les élections législatives donnent l’avantage aux pro-occidentaux. Les élections ne concernent que la partie du territoire non tenue par les insurgés pro-russes. Poutine reconnait ses élections pour mieux soutenir celles de la zone rebelle qui n’a pas participé aux premières.

La Belgique s’est enfin dotée d’un gouvernement composé autour de 4 partis. Quatre mois après les élections législatives se constitue un gouvernement de droite autour du parti nationaliste flamand (N-VA), les Libéraux, les chrétiens-démocrates – trois partis flamands- et le Mouvement réformateur de Charles Michel, seul parti francophone. Une configuration que seule la Belgique peut trouver…

En Indonésie le gouvernement de Joko Windodo, le premier à n’avoir aucun lien avec le dictateur Suharto, est entré en fonction un trimestre après les élections.

Pandémie d’Ebola

Plus de 10 000 personnes ont été infectées et près de 5 000 en sont mortes, faute d’un accès assez rapide aux soins (notamment de solution de réhydratation). Les premiers cas d’Ebola ont été enregistrés en Europe (des personnes ayant contracté la maladie en Afrique de l’Ouest) et aux Etats-Unis, ces pays optent pour des contrôles aux aéroports.

Une Europe sous tension

Après la modification du calcul du PIB, sur lequel se fonde la contribution de chaque pays au budget de l’Union, le Royaume-Uni doit (d’après les premiers calculs) augmenter sa contribution d’environ 2 milliards d’euros (en raison de sa meilleure santé économique), D. Cameron s’y oppose fermement rappelant ainsi le « I want my money back » de M. Thatcher.

Carte. UE-28 Taux de croissance du PIB réel en volume, 2013.
Variation par rapport à l’année précédente (%). Cliquer sur la carte pour l’agrandir.

Cette annonce a lieu juste après le referendum écossais sur son maintien au sein du Royaume Uni et dans le contexte du Brexit, c’est-à-dire de la question du maintien de Londres dans l’Union européenne, puisque la clause de l ’« opting out » permet désormais de s’en dégager.

La Commission européenne a maintenant un droit de regard sur les budgets nationaux.

La Commission européenne rappelle à l’ordre la France (déficit prévu de 4,3% du PIB en 2015 et pas de respect du Pacte de stabilité en 2017) et l’Italie (déficit prévu de 2,9% en 2015 mais pas de respect du Pacte de stabilité avant 2017), le budget qu’elles ont proposé ne leur permet pas de tenir leurs engagements en matière de taux d’endettement. Depuis 2013, la Commission européenne - pour éviter qu’une faillite d’un membre de la zone euro ne se produise – a un droit de regard sur les budgets nationaux. Les protestations des gouvernements de Manuel Valls et Matteo Renzi ont une vocation interne pour donner des gages à leur majorité politique (en France les frondeurs mettent le PS sous tension) comme à leurs électeurs. Ces nouvelles règles de gouvernance ont pourtant été acceptées par les membres de la zone euro, y compris la France et l’Italie. Le refus par ces derniers de la politique d’austérité se fonde sur les remarques d’économistes comme J.Stiglitz, prix Nobel d’Economie, qui enjoignent l’Europe communautaire à faire preuve de moins de rigueur pour éviter une déflation qui serait dommageable pour tous. L’Europe nourrit en son sein un euroscepticisme déjà en vogue comme le montre les dernières élections européennes de mai 2014. Un jeu dangereux, si jeu il y a...

Europe, citadelle assiégée ?

L’Europe est face à un flot d’immigration sans précédent (plus de 130 000 clandestins depuis le début de l’année 2014), et son cortège de drames : plus de 3000 personnes ont péri en Méditerranée en 2014, un « cimetière à ciel ouvert » selon L. Fabius. L’Italie, et singulièrement Lampedusa, peine à y faire face et demande une aide à Bruxelles pour financer l’opération « Mare nostrum » (elle a porté secours à 150 000 personnes en Méditerranée) qui lui coûte près de 10 millions d’euros par mois. La polémique enfle car les Britanniques (ils ne sont pas les seuls) estiment que ces sauvetages en mer encouragent toujours davantage de migrants à traverser clandestinement la Méditerranée. L’Europe communautaire propose de mettre en place l’opération Triton qui relève plus d’un contrôle de frontières.

Se pose donc avec une acuité accrue le sauvetage en mer, mais aussi le devenir de ces dizaines de milliers d’immigrants passés essentiellement par l’Afrique (mais aussi par la Turquie). L’Italie, l’Espagne et la Grèce ne sont souvent que des pays de transit, ces flux se dirigent d’abord vers le Royaume Uni – Calais est désemparée face à plus de 2 000 migrants qui campent dans le centre-ville – et vers l’Allemagne où les centres d’accueil sont débordés, ainsi plus de 20 000 Syriens ont demandé l’asile. La Bavière s’inquiète de la situation humanitaire dans ces centres à la veille de l’hiver. Les tensions sont fortes, il faut mener une vraie réflexion à l’échelle de l’Europe sur la politique migratoire.

Essoufflement de la révolte à Hong Kong

La rébellion pro-démocratique hongkongaise, qui a commencé en septembre 2014, décroit. Après des heurts violents avec la police, des négociations se sont ouvertes entre les autorités et les manifestants aux parapluies.

Elle inquiète profondément Pékin.

L’offensive de jihadistes nous renvoie à nos tourments

La ville kurde de Kobané présente une résistance acharnée face à l’avancée de Daech. La coalition mène des frappes aériennes mais les combats se font surtout rue par rue. L’attitude de la Turquie, membre fondateur de l’OTAN, qui se présente comme un modèle d’alliance de l’Islam avec la modernité, est critiquée car Ankara a accepté un échange de prisonniers pour faire libérer ses otages, a refusé dans un premier temps de prêter ses bases aériennes, et aujourd’hui regarde, presque impassible, la guerre depuis ses frontières. Les tensions sont très fortes dans le pays, la population kurde reprochant à Erdogan sa non-intervention, alors que les camps de réfugiés se développent. Dans le même temps Daech vend ses otages yézidis comme esclaves, cette guerre de razzia n’est pas sans rappeler ce qui se passait dans la région... lors de l’Antiquité. Un recul effrayant.

Au Liban, Daech s’est attaqué aux positions du Hezbollah chiite libanais à Ersal.

Le Nord du Mali n’est toujours pas sécurisé, les jihadistes y ont mené toute une série d’attaques et Bamako a demandé un renfort de la Minusma (force de l’ONU présente au Mali).

Le Canada a été victime d’un attentat terroriste qui a touché très symboliquement le parlement d’Ottawa, apparemment perpétré par un candidat au jihadisme. Il a provoqué un réflexe sécuritaire en Amérique du Nord.

Boko Haram suscite une alliance contre lui

Le Nigéria, le Niger, le Cameroun, le Tchad se sont réunis à Niamey pour mette sur pied une force commune, de 700 hommes, pour lutter contre les méfaits de Boko Haram. Les annonces de cessez-le-feu et de libération sur fonds de campagne électorale au Nigéria ne sont pas suivies d’effet…

Le prix du baril de pétrole est en baisse

Cette baisse du prix du pétrole s’explique par le ralentissement de la croissance économique mondiale, en Europe, au Japon mais aussi et surtout en Chine.

Le prix du brent à Londres oscillait entre 107 $ début janvier 2014 et 115 $ le 19 juin 2014, mais depuis le prix baisse pour atteindre désormais 85 $ le baril. Le même phénomène s’observe sur la place new-yorkaise. Pourquoi ? Les réponses sont multiples et à chercher du côté de l’offre et de la demande. Tout d’abord cette baisse s’explique par le ralentissement de la croissance économique mondiale, en Europe, au Japon mais aussi et surtout en Chine, la demande de pétrole se contracte donc. D’un autre côté le marché est devenu offreur puisque les Etats-Unis produisent davantage de pétrole. Cette baisse du prix du pétrole handicape les pays producteurs dont l’économie en est très dépendante, comme la Russie.

Un rééquilibrage économique en Chine ou un atterrissage de son économie ?

La croissance économique chinoise ralentit, à 7,3% sur les quatre derniers trimestres. Une croissance qui fait rêver en Europe mais qui inquiète à Pékin, d’autant que le marché immobilier montre de réels signes de faiblesse. Les autorités assouplissent le crédit pour soutenir la consommation. Il est vital pour Pékin d’avoir une croissance suffisamment robuste pour maintenir une stabilité intérieure, éviter les forces centrifuges et jouer l’apaisement social. La Chine sortirait-elle de l’émergence pour devenir un pays « émergé » comme H. Théry qualifie le Brésil aujourd’hui ?

Après avoir annoncé cet été la naissance d’une « banque des BRIC’s », la Chine porte sur les fonds baptismaux une nouvelle « banque asiatique d’investissement dans les infrastructures ». Son objectif avoué est de concurrencer les instances financières internationales. Ce projet réunit plus de 20 pays dont l’Inde, le Qatar ou le Vietnam, mais pas la Corée du Sud. Une nouvelle page dans l’affirmation de la puissance chinoise ?


L’écologie, une préférence européenne

Le parlement français a adopté la loi sur la transition énergétique qui doit amener à une économie bas-carbone par le développement des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique. Son financement n’est pas complètement prévu.

L’écotaxe a été suspendue en France par Ségolène Royal qui ne veut pas d’une « écologie punitive ».

Les 28 pays européens s’engagent à baisser de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030...

Un accord non contraignant a été conclu sous la présidence d’Herman von Rompuy. Les 28 pays européens s’engagent à baisser de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 1990, à augmenter la part des énergies non renouvelables à 27% et toujours d’ici 2030 gagner 27% en efficacité énergétique. L’Europe continue à exercer un leadership dans le domaine de l’écologie, il suscite plus de polémiques internes, surtout à l’heure où les finances des pays européens sont sous tension.

La France distinguée par le prix Nobel

L’écrivain Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature, alors que le français Jean Tirole a reçu celui d’économie.

Le prix Nobel de la paix a été décerné conjointement à la jeune pakistanaise de 17 ans, Malala Yousafzai, et à l’indien Kkailahs Satyarthi pour leur action en faveur des enfants. La paix est sérieusement malmenée en 2014, il est difficile de trouver un symbole plus fort.

Le prix Nobel de physique récompense les inventeurs de la lampe LED... à économie d’énergie.

Copyright Octobre 2014-Degans/Diploweb.com


Plus

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Point d’actualité internationale de novembre 2014

Point d’actualité internationale de septembre 2014

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Agrégée d’histoire, notamment co-auteure de Un monde multipolaire. Géopolitique et géoéconomie, Coll. CQFD, Paris, Ellipses, 2014 ; et Les grandes questions internationales, Paris, Studyrama 2013. Professeur de chaire supérieure. Professeure d’histoire, de géographie et de géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales au Lycée Dessaignes (Blois).


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Citation / Quotation

Auteur / Author : Axelle DEGANS

Date de publication / Date of publication : 1er novembre 2014

Titre de l'article / Article title : 10/2014 Actualité internationale

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Synthèse de l’actualité internationale d’octobre 2014 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique ou préparent un concours. Pour ne rien manquer, le mieux est de s’abonner à notre compte twitter.com/diploweb.

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