Crises versus durabilité. 32 photos pour sortir de l’état d’inconscience généralisé

Par Julie MATHELIN, le 6 mai 2020  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Etudiante en Master géopolitique à l’Institut catholique de Paris (ICP). Stagiaire à la rédaction du Diploweb.com en 2019-2020.

« Crises versus durabilité », est un court projet de 32 photographies qui captent une partie du monde naturel pour l’éternité. Cette période de confinement (en France 16 mars-11 mai 2020...) est l’occasion de réaliser le mouvement du monde. Un monde qui va à une allure ahurissante, dont on ne conçoit pas les contours exacts. Pour la première fois de l’histoire, il est sur pause. Mais où va-t-on vraiment ? Nous sommes à un moment crucial de l’humanité et la suite dépendra de notre capacité à sortir de l’état d’inconscience généralisé dans lequel les générations précédentes étaient plongées.

« La couleur, c’est la réalité ; le noir et blanc, c’est la vérité » Henri Cartier-Bresson

LE NOMBRE 32 fait référence en degré Fahrenheit, au point de congélation de l’eau au niveau de la mer.

Crises versus durabilité. 32 photos pour sortir de l'état d'inconscience généralisé

Aux échecs, la quantité totale de carrés noirs sur l’échiquier, la quantité totale de carrés blancs, et la quantité totale de pièces.

Dans la Divine Comédie de Dante, la représentation du 9ème cercle c’est-à-dire de l’enfer.

La source de l’art est philosophique. L’œuvre, quelle qu’elle soit, est œuvre lorsqu’elle provoque des vibrations de l’âme chez celui qui la reçoit.

Pour appréhender une photographie dans sa totalité, il faut la recevoir telle qu’elle est mais aussi ne jamais oublier qu’elle est unique. Et ce, dans la mesure où celui qui capte l’instant présent par le cliché ne pourra jamais être recopié puisque le cliché dépend du temps. C’est-à-dire de la lumière particulière et unique, de la saison et de la seconde incluse dans une période de la journée. Elle est l’aboutissement de la personnalité du photographe. Celui qui crée une photographie, capte un angle du monde, sans le déformer mais en y apportant son œil, son regard. Il y a art, lorsque le réel est reproduit comme il est songé par le créateur. La photographie est en réalité profondément intime. La regarder c’est pénétrer le regard de celui qui la prend, c’est comprendre ce qu’il a vu à un moment précis, l’émotion qu’il a pu ressentir.

« Crises versus durabilité », est un court projet de 32 photographies qui captent une partie du monde naturel pour l’éternité. Cette période de confinement est l’occasion de réaliser le mouvement du monde. Un monde qui va à une allure ahurissante, dont on ne conçoit pas les contours exacts. Pour la première fois de l’histoire, il est sur pause. Et cela n’a jamais été aussi beau. C’est pourquoi j’ai décidé de photographier quelques angles de cette nature ravissante. Une nature plus vivante que jamais alors que les villes sont mornes.

Une prise de conscience mondiale en ce qui concerne la nature, serait très positive pour l’avenir. Il en va de même pour l’humain, chacun doit prendre conscience qu’un ralentissement est nécessaire. Pour la première fois dans l’histoire, nous ne sommes plus au centre du monde. Nous sommes sur pause, et la vie animale, végétale et naturelle explose. Les grands projets de déforestations sont ralentis, les oiseaux se réinstallent dans les villes, les fleuves n’ont jamais été aussi translucides qu’aujourd’hui. Les villes sont désertes et la jungle urbaine ne fait plus le poids. Quelle preuve d’arrogance l’homme fait, prétendant dominer la nature et dompter les lois universelles. À l’origine, il n’est pas en position de domination, mais l’est devenu par la force. Nous avons à partir de ce moment, perdu toute forme d’humilité. C’est en entrant en résonance et en écoute avec la nature que l’on évitera de la considérer comme une ressource à dominer.

Notre liberté est, dit-on, menacée parce que nous sommes réduits au confinement. En 1655, la peste fait rage et Cambridge ferme ses portes. Isaak Newton profite de ce temps libre pour développer le calcul différentiel. Nous n’avons jamais été aussi libres d’esprit qu’actuellement.

Certains en profitent pour créer de nouveaux modèles de travail, continuer leur recherche sur l’intelligence artificielle, repenser internet et la voiture électrique. Mais où va-t-on vraiment ? Quelle sera l’issue ? Nous sommes à un moment crucial de l’humanité et la suite dépendra de notre capacité à sortir de l’état d’inconscience généralisé dans lequel les générations précédentes étaient plongées.

« Nous sommes en guerre » [1], chacun d’entre nous l’a entendu. Pourquoi y a-t-il encore un déni général ? Que faut-il aux hommes de notre temps pour intégrer et intellectualiser un problème d’ordre mondial ? N’a-t-on pas besoin, plus que jamais, à l’heure où des propos comme ceux-là résonnent encore fraîchement en nous, de force commune et de volonté ? Alors que l’Europe s’est fracturée, il est bon d’avoir en tête ces quelques fragments de l’histoire.

Le 19 mai 1940, dans son discours diffusé à la radio de Londres, alors que la guerre frappe l’Europe tout entière, Churchill se livre aux Anglais et au monde : « Cette période est l’une des plus terrifiantes. C’est également, sans aucun doute, la plus sublime. » Le peuple britannique et le peuple français se sont unis, « pour sauver l’Europe mais l’humanité tout entière ». Nous ne pourrons jamais comparer ces deux crises à la même échelle mais nous pouvons tirer des leçons de l’histoire. Chaque crise mondiale a été surmontée parce que l’homme a fait preuve de courage, de volonté et de solidarité. Churchill termine ainsi son discours du 18 juin 1940 « Rassemblons donc nos forces au service de nos devoirs et comportons-nous de telle façon que si l’Empire britannique et son Commonwealth durent mille ans encore, les hommes continuent de dire, encore et toujours : « Ce fut leur plus belle heure » ».

Le sentiment national et d’appartenance au monde doit être présent en chacun d’entre nous. Non seulement nous traversons une crise sanitaire sans précédent, mais nous ne prenons pas soin de ce que nous avons. Il semblerait que ce soit le problème sous-jacent et cette crise aura permis de le mettre en évidence. Le nombre 32 fait référence en degré Fahrenheit, au point de congélation de l’eau au niveau de la mer. Peut-il changer ?

Dans cette série de 32 photographies, l’homme est présent mais infiniment moins puissant que la nature qui occupe l’œil et attire le regard de toutes ses forces. Aux échecs, la quantité totale de carrés noirs sur l’échiquier, la quantité totale de carrés blancs, et la quantité totale de pièces sont au nombre de 32. Nous ne sommes pas dans une partie d’échecs, pourtant il semblerait que l’homme tente un échec et mat.

Dans la Divine Comédie de Dante, le nombre 32 est la représentation du 9ème cercle c’est-à-dire de l’enfer. Dans la plus simple des analogies, nous parlerions de feu, de flammes, d’incendies pour parler d’enfer. Nous sortons d’une période fatale de feux qui ont ravagé l’Amazonie, les États-Unis, l’Australie et emporté derrière eux une partie du monde. Quels pouvoirs a-t-on en tant qu’humains ?

La nature est la forme la plus pure de l’art et la beauté est devant nous alors regardons-là. Regardons, pour une fois, cette œuvre magistrale pendant que le monde de l’homme est en suspens.

Le Chambon-sur-Lignon, Auvergne, Haute-Loire, France, projet achevé le 22 mars 2020

Copyright pour les photos et le texte 22 mars 2020-Mathelin/Diploweb.com


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[1NDLR : Cette citation fait référence au discours télévisé du président de la République française, Emmanuel Macron, le lundi 16 mars à 20 h. A six reprises en 21 minutes, Emmanuel Macron a utilisé l’expression « Nous sommes en guerre ». Un ton martial, visant à sonner la « mobilisation générale » contre un « ennemi (…) invisible, insaisissable ». Cette référence guerrière a suscité un débat dans la communauté stratégique.


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