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Synthèse de l’actualité internationale de mai 2019

Par Axelle DEGANS, le 1er juin 2019  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Agrégée d’histoire, Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment auteure de : A. Degans, Réussite aux concours 2019 ! La synthèse de l’actualité internationale 2018, éd. Diploweb, via Amazon, 2019.

Voici une synthèse de l’actualité internationale de mai 2019 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent les oraux d’un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au compte twitter de veille géopolitique @diploweb (+ de 13 000 followers)

Le sort des urnes

En Inde, le premier ministre sortant Narendra Modi (BJP) remporte en mai 2019 les élections législatives face au parti du Congrès. La campagne électorale a été très marquée par un discours nationaliste dans le contexte de recrudescence des tensions au Cachemire. Modi a promis l’établissement d’un revenu minimal pour les plus pauvres, dans un pays qui est certes « la plus grande démocratie du monde », mais aussi un pays marqué par une pauvreté de masse. Sa victoire est très nette, comme en 2014.

Les élections européennes de mai 2019 permettent le renouvellement du Parlement, qui sera effectif à l’été 2019. En France le taux de participation est plus élevé qu’attendu (supérieur à 50%) et que celui des précédentes élections législatives européennes (2014). Les Français enverront à Bruxelles des représentants issus de six partis (Rassemblement national, LREM, les écologistes, Les Républicains, la liste socialiste et la France insoumise). Plusieurs faits sont tout à fait remarquables : le Rassemblement national est arrivé en tête du scrutin avec un programme contre l’Europe fédérale et pour l’Europe des nations (il est souverainiste), devançant la liste de l’actuel pouvoir (LREM). Les « partis de gouvernement » (socialiste et républicain) ont enregistré des scores des plus modestes, à eux deux ils ne rassemblent que 15% des voix. Il s’agit d’une terrible sanction électorale que l’on retrouve, à différents degrés, au niveau européen. On observe, de façon tendancielle, une augmentation du score des écologistes comme de celui des forces populistes de droite ou de gauche. Les socialistes et les conservateurs n’ont plus désormais à eux deux la majorité au Parlement européen. De nouvelles alliances devront se tisser. Les conservateurs du PPE (où siègent les élus LR) restent les mieux représentés devant les sociaux-démocrates (où siègent les élus socialistes) et les libéraux (auxquels appartiennent les élus LREM). Le remplacement de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne déchaine les passions, toute la gouvernance européenne doit être renouvelée. Les députés britanniques – la liste du « Leave » a remporté les élections – siégeront jusqu’au Brexit…

En Turquie, le président Erdogan annule courant mai 2019 le scrutin qui avait vu la victoire d’Ekrem Imamoglu, opposant au parti au pouvoir, l‘AKP. C’est la deuxième mairie importante remportée par l’opposition, après celle de la capitale Ankara. Une nouvelle élection devrait se tenir à Istanbul à la fin du mois de juin. Les dérives autoritaires du président turc continuent, et inquiètent les Européens. Pourtant, la Turquie reste toujours officiellement candidate à l’UE.

Synthèse de l'actualité internationale de mai 2019
Axelle Degans, La synthèse de l’actualité internationale 2019. Réussite aux concours 2020 ! éd. Diploweb via Amazon

En Afrique du Sud, l’ANC du président Cyril Ramaphosa vient de remporter les dernières élections, dans une campagne dominée par la lutte contre la corruption.

Les manifestations de rue continuent à Alger courant mai 2019. Les manifestants ne veulent pas des élections qui doivent se tenir le 4 juillet 2019.

Toujours la violence

Alors que la Chine investit des sommes conséquentes au Pakistan, en particulier à Gwadar (à l’Ouest de Karachi), une « perle » du collier chinois, plusieurs de ses ressortissants ont été tués en mai 2019, probablement assassinés par l’Armée de libération du Baloutchistan. Il s’agit d’une forme de résistance des autochtones face à une Chine perçue comme prédatrice, dans une région qui n’a jamais bien accepté son intégration au sein du Pakistan en 1947.

En Égypte, un nouvel attentat a causé en mai 2019 la mort de plus d’une dizaine de touristes alors que le virage sécuritaire du pays est une évidence à la veille de la tenue de la Coupe d’Afrique des nations.

Au Niger comme en Égypte, des soldats sont tués par des djihadistes. Deux soldats français du commando Hubert ont été tués en mai 2019 lors d’une intervention pour libérer deux otages français détenus au nord du Bénin. Un hommage national leur a été rendu. Le Sahel est devenu un espace où le djihadisme s’est développé de façon structurelle. Cet espace est couvert par l’opération Barkhane, appuyée par le G5 Sahel qui doit encore gagner en employabilité.

Au Mozambique, plus d’une quinzaine de personnes ont été assassinée en mai 2019 par des djihadistes.

Un attentat au colis piégé a fait plus d’une dizaine de blessés à Lyon.

Une recrudescence des tensions au Moyen-Orient

Dans le Golfe persique, des oléoducs et tankers saoudiens ont été la cible d’attaques, ce qui témoigne d’un regain de tension en mai 2019 dans cette région si importante sur l’échiquier des hydrocarbures mondiaux. Washington y voit la main de Téhéran, d’autant que les yéménites houthis (des chiites en guerre contre l’intervention armée menée par Riyad au Yémen) ont revendiqué l’attaque contre les oléoducs. Les États-Unis y ont renforcé leur présence militaire.

L’Iran d’Hassan Rohani a tenu en mai 2019 un discours de fermeté, affirmant ne plus être tenu par certains engagements pris dans le cadre de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015, sous l’administration Obama. Il s’agissait pour Téhéran de geler son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions économiques. Le régime iranien est aux abois, il a besoin d’un assouplissement des sanctions internationales.

Les États-Unis de Donald Trump

Les États-Unis affichent une croissance économique soutenue, à rebours des prévisions des économistes, de 3,2% au premier trimestre 2019, après une croissance de 3% en 2018 et 2,7 en 2017. Cette croissance économique est adossée à une inflation faible (environ 2%) : la conjoncture économique est plutôt favorable outre-Atlantique. Que cela plaise ou pas, D. Trump reste président des Etats-Unis. Il est temps de comprendre comment il change le monde. Voici pourquoi Diploweb publie sous la direction de Pierre Verluise : "Géopolitique du monde de Trump. La stratégie du chaos ?", via Amazon.

Le président américain est en visite officielle au Japon, allié de Washington en Asie orientale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a été reçu avec beaucoup d’égards en mai 2019 par le premier ministre Shinzo Abe mais aussi le tout nouvel empereur Naruhito. Tokyo espère et obtient, au moins pour l’instant, une grande fermeté de l’administration Trump vis-à-vis de la Corée du Nord (qui vient de lancer deux nouveaux missiles). Le Japon fait tout pour ne pas tomber sous les fourches caudines commerciales des États-Unis. Il essaie de jouer un rôle de médiateur international, en particulier sur le dossier iranien. Donald Trump annonce désormais ne pas vouloir renverser le pouvoir en place à Téhéran.



Le secrétaire d’État Mike Pompeo a rencontré courant mai 2019 Vladimir Poutine à Sotchi. Des points de convergence existent concernant la lutte contre le terrorisme, mais les divergences sont nombreuses, à commencer sur le dossier vénézuélien ou celui des armes nucléaires de portée intermédiaire. Cette rencontre fait suite à une situation d’impasse, notamment expliquée par les soupçons d’ingérence russe dans la campagne présidentielle des États-Unis.

Washington refuse de signer un accord sur l’avenir de l’Arctique menacé par le réchauffement climatique. Les membres du Conseil de l’Arctique ne sont donc pas parvenus à un consensus sur un texte final pour protéger cette région particulièrement fragile et sensible aux effets du réchauffement.

Les tensions entre Washington et Pékin s’exacerbent. Deux incidents ont opposé leur marine en mer de Chine méridionale, alors qu’un autre incident a eu lieu non loin de Taiwan, dont les États-Unis garantissent la sécurité.

Les nouvelles de l’Europe géographique

Le nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a pour priorité affichée un cessez-le-feu dans la partie orientale de son pays toujours confrontée en mai 2019 à une guerre de « basse intensité » menée par les séparatistes du Donbass (aidés par Moscou). Ce conflit, la corruption endémique de la classe politique et les piètres conditions de vie de la population sont parmi les maux à traiter en priorité selon les termes du président. Les élites ukrainiennes seront-elle - enfin - à la hauteur de leurs responsabilités ?

La Roumanie n’en a pas terminé avec les scandales de corruption. Liviu Dragnea, à la tête du parti social-démocrate (PSD) est rattrapé par les « affaires », qui sont monnaie courante dans le paysage politique du pays.

Theresa May, premier ministre britannique, a été contrainte en mai 2019 à la démission sans avoir pu mettre en œuvre un Brexit décidé par referendum en juin 2016. Les électeurs du Royaume-Uni découvrent depuis 2016 la différence entre le principe de plaisir et le principe de réalité.

Un Venezuela aux abois

La descente aux enfers du Venezuela continue. En pleine crise politique, le caractère démocratique du régime de Nicolas Maduro ne fait même plus illusion et son pouvoir est contesté par un président auto-proclamé (Juan Guaido). Le marasme économique du pays se confirme, avec un PIB qui a été divisé par deux depuis 2014. L’hyperinflation ronge le pays, pour l’année 2018, la banque centrale vénézuélienne l’évalue à 130 000%, mais le FMI la place plutôt à 1 370 000% et la prévoit à dix millions pour 2019… un vrai naufrage. Le régime est encore soutenu en mai 2019 à bout de bras par Moscou, Pékin et la Havane. L’impasse politique demeure, le président Maduro préfère une politique répressive, son challenger Juan Guaido échoue dans sa quête du soutien de l’armée nationale pour conforter sa position et contraindre Nicolas Maduro au départ.

L’Afrique à l’heure de la réconciliation ?

Jonas Savimbi a eu droit en mai 2019 à des funérailles publiques, 17 années après sa mort, même si le personnage reste des plus contestés. L’ancien leader de l’Unita (soutenu par Prétoria et Washington) a été l’un des principaux protagonistes de la guerre civile qui a ravagé l’Angola jusqu’en 2002 et qui s’est terminée avec la victoire de José Eduardo Dos Santos, chef du mouvement marxiste MPLA soutenu par Moscou et les Cubains, et président de l’Angola jusqu’en 2017. Un geste de réconciliation nationale bienvenu dans un pays qui a tant souffert ?

Le temps des mégafusions…

Le patron de l’entreprise italienne Fiat (M. Agnelli détient 29% du capital Fiat-Chrysler Automobile, FCA) annonce en mai 2019 un possible rapprochement avec Renault. Un mariage entre égaux, 50-50. Ce géant produirait près de 9 millions de véhicules par an, et même 15 millions si on prend en compte la production de Nissan et Mitsubishi avec lesquels Renault est lié. La direction de Renault annonce l’étude de cette proposition, alors que Nissan affiche sa circonspection. Actuellement, le groupe Fiat-Chrysler produit davantage de voitures que Renault, mais il est moins innovant, notamment pour les voitures électriques. Cette annonce surprend car Fiat-Chrysler travaillait sur un rapprochement avec une autre entreprise automobile française, PSA. D’autre part, à la suite de l’incarcération au Japon de Carlos Ghosn, qui vient de défrayer la chronique, le groupe Renault-Nissan est contraint d’envisager un probable rééquilibrage interne favorable à Nissan. Les pourparlers sont loin d’avoir abouti à un accord.

General Electric (GE) vient d’annoncer un plan de licenciements d’environ 1 000 emplois à Belfort, cœur de l’entreprise Alstom. Cette décision passe d’autant plus mal que l’on se souvient des conditions dans lesquelles la branche énergie d’Alstom est tombée dans l’escarcelle de GE, ce que le journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint a qualifié de « scandale d’État » dans son ouvrage, les États-Unis jouant de l’extraterritorialité de leur droit pour faire payer une très lourde amende au groupe français… Les fruits de ce mariage sont bien amers.

Cela rappelle une autre « fusion entre égaux », celle entre le lunettier français Essilor et son homologue italien Luxottica qui débouche sur une crise majeure de gouvernance interne à ce géant.

L’espace, ligne de mire

Space X, d’Elon Musk, lance les soixante premiers satellites du projet de constellation Starlink. Ces microsatellites ne sont que l’avant-garde d’un projet qui en comptera finalement de plus de quatre mille, placés en orbite basse pour développer Internet haut débit à l’échelle de la planète.

La firme Amazon annonce en mai 2019 son intérêt pour la Lune et entend créer un engin capable d’alunir.

Bonne nouvelle

Le Congo-Brazzaville, un pays riche de ses matières premières mais peuplé de Congolais pauvres, est criblé de dettes. Il a obtenu en mai 2019 une aide du FMI associée à une restructuration de la dette détenue par la Chine. C’est une mesure qui devrait apporter un certain soulagement au Congo, elle est aussi signe d’espoir pour tous les pays auxquels Pékin a tellement prêté qu’ils sont aujourd’hui dans une situation financière parfois intenable.

Copyright Juin 2019-Degans/Diploweb.com


Plus pour réussir

Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux concours.

. Axelle Degans, "La synthèse de l’actualité internationale 2019. Réussite aux concours 2020 !", éd. Diploweb via Amazon

. Pierre Verluise (dir.), "Géopolitique du monde de Trump. La stratégie du chaos ?"

. Axelle Degans, "La synthèse de l’actualité internationale 2018. Réussite aux concours 2019 !" éd. Diploweb via Amazon

. Pierre Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de la RUSSIE et de ses frontières" , éd. Diploweb via Amazon

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Union européenne. A l’heure du Brexit".

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Asie. Les dessous des cartes, enjeux et rapports de force".

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique du Proche et du Moyen-Orient. Les dessous des cartes, enjeux et rapport de force"

. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de la mondialisation contemporaine. Les dessous des cartes, enjeux et rapports de force"

. S. Schmit, "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Amérique latine : Un sous-continent en pleine transition politique, énergétique et commerciale. Dossiers et fiches pays"

. L. Chamontin, "Ukraine et Russie : pour comprendre"

. L. Bloch, "L’Internet, vecteur de puissance des États-Unis ? : Géopolitique du cyberespace, nouvel espace stratégique"

. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"


Bonus Culture géopolitique

Vidéo. P. Buhler, T. Garcin, I. Sand. Les nouvelles formes de la puissance

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