Livres géopolitiques 2018

31 décembre 2018  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

. Pilar Martinez-Vasseur, L’armée espagnole (XIXe et XXe siècles), Paris, Ellipses, décembre 2018.

Les historiens et les politologues se sont interrogés depuis fort longtemps sur l’hégémonie troublante du pouvoir militaire en Espagne. L’armée espagnole offre, à travers un siècle et demi, du général Riego (1820) au général Franco (1936) et jusqu’au lieutenant-colonel Tejero (1981), l’éventail imposant des formes les plus variées d’un militarisme aussi vigilant qu’efficace.
Plus récemment, l’attitude des forces armées, au cours du processus qui a conduit l’Espagne, après quarante années d’une dictature, au plein statut d’une démocratie parlementaire, constitue un phénomène important pour la théorie du retrait des militaires des responsabilités politiques. D’une armée pléthorique, pauvrement équipée et très politisée, occupant une place de premier plan dans de nombreux rouages de l’État, on est passé en quelque vingt-cinq ans (1975-2002) à une armée de métier, considérablement réduite en nombre, avec une plus grande capacité opérationnelle mais sans pouvoirs autres que strictement militaires.

. Zwang Annie, Zwang Philippe, De la Russie de Catherine II à la Russie d’aujourd’hui. (1762-début du XXIe siècle), Paris, Ellipses, décembre 2018.
Cet ouvrage intéressera tout lecteur désireux d’accéder rapidement à quelques éléments de compréhension de la Russie impériale et soviétique. L’objectif est de proposer une synthèse ordonnée en s’appuyant sur les problématiques récentes de la période. Un lexique, différentes annexes proposent des aides complémentaires. Quelle est la nature du pouvoir impérial puis soviétique ? Comment l’Empire s’est-il formé et pourquoi « éclate »-t-il ? La Russie (et l’URSS) appartiennent-elles plutôt à l’Occident ou à l’Orient ? A-t-il jamais existé une « société » face au pouvoir, à l’État ? Comment le système soviétique s’est-il « totalitarisé » ? Quelles permanences peut-on déceler ou non tout au long de cette histoire ? Autant de questions que l’actualité rend plus brûlante encore. La Fédération de Russie n’est plus un « super-Grand » mais elle commence un nouveau cycle. Vers quel avenir ? À partir de quelles données, de quelles structures, héritées de l’histoire récente ou des siècles antérieurs ?

. Zwang Annie, 100 femmes qui ont fait l’Histoire de France, Paris, Ellipses, décembre 2018.

Aliénor d’Aquitaine, Catherine de Médicis, Colette, Simone Veil… Si ces femmes sont connues de tous, d’autres le sont bien moins : Élisa Lemonnier, Hubertine Auclert, Marie Marvingt. Femmes politiques, reines, résistantes, écrivains, peintres, sportives de haut niveau… 100 portraits originaux de celles qui font la France depuis l’Antiquité. Célèbres ou oubliées, elles ont toutes joué un rôle fondamental dans l’Histoire ou la culture françaises… Une façon originale de (re)découvrir l’Histoire de France et de réveiller la Mémoire !

. Chantal Mouffe, Ernesto Lacau, Hégémonie et stratégie socialiste. Vers un radicalisation de la démocratie, Paris, Fayard, janvier 2019.

Dès sa première publication en anglais en 1985, ce livre a suscité de nombreuses discussions et controverses, toujours pas apaisées. Penseurs à l’origine du mouvement post-marxiste, Ernesto Laclau et Chantal Mouffe y défendent une vision de l’émancipation conçue comme « radicalisation de la démocratie ». L’émergence de nouvelles luttes sociales et politiques, en lien avec les transformations du capitalisme, a rendu l’approche théorique qu’ils proposent plus pertinente que jamais pour envisager un projet de gauche capable de fédérer les demandes de la classe ouvrière et celles d’autres mouvements sociaux (féministes, antiracistes, écologistes, LGBT). Au moment où la crise de l’hégémonie néolibérale peut ouvrir la voie à des solutions autoritaires, ce texte fondateur fournit les bases philosophiques permettant de poser les questions politiques essentielles pour concevoir une stratégie populiste de gauche.

. Delphine Allès, Romain Malejacq, Stéphane Paquin, Un monde fragmenté. Autour de la sociologie des Relations internationales de Bertrand Badie, Paris, CNRS Éditions, novembre 2018.

Artisan de la formation d’une école française des Relations internationales, Bertrand Badie observe depuis 40 ans les mutations de l’espace mondial. Ses travaux, d’une étonnante actualité, forment autant de témoins des transformations qui se sont succédé depuis les années 1980 : contestations et aporie de la puissance ; multiplication des acteurs sur une scène désormais inter-sociale et non plus seulement interétatique ; résistances oligarchiques au cœur d’un système international dont la pérennité dépend de sa capacité à s’ouvrir à de nouveaux acteurs et pratiques, au-delà de ses fondations occidentales. Faisant de la sociologie une grille explicative des processus politiques, Bertrand Badie met en lumière de nouvelles formes de contestations. Si le monde se « retournait » au sortir de la Guerre froide, la banalisation des transgressions des normes sur lesquelles il repose lui fait désormais courir un risque d’éclatement et de fragmentation. L’histoire n’est cependant jamais prédéterminée, comme le souligne une œuvre qui descend dans l’arène pour appeler ses acteurs à embrasser l’altérité.
Le souci d’éclairer les évolutions de l’espace mondial contemporain, des « Printemps » arabes à la valorisation de la déviance comme arme politique, forme également le fil conducteur de ce volume. Les 26 auteurs ici rassemblés, qui ont accompagné d’une façon ou d’une autre l’évolution de la pensée de Bertrand Badie, rendent ainsi hommage à ses travaux et à sa sociologie de l’international. Pour clore cet ouvrage, Bertrand Badie présente dans un court entretien ce qu’il considère comme les principaux jalons de son œuvre intellectuelle, et revient sur certaines interprétations dont ont fait l’objet ses ouvrages les plus commentés, L’État importé, La fin des territoires ou encore L’impuissance de la puissance.

. Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, Paris, La Découverte, janvier 2019.

Comment Rome est-elle passée d’un million d’habitants à 20 000 (à peine de quoi remplir un angle du Colisée) ? Que s’est-il passé quand 350 000 habitants sur 500 000 sont morts de la peste bubonique à Constantinople ? On ne peut plus désormais raconter l’histoire de la chute de Rome en faisant comme si l’environnement (climat, bacilles mortels) était resté stable. L’Empire tardif a été le moment d’un changement décisif : la fin de l’Optimum climatique romain qui, plus humide, avait été une bénédiction pour toute la région méditerranéenne. Les changements climatiques ont favorisé l’évolution des germes, comme Yersinia pestis, le bacille de la peste bubonique. Mais « les Romains ont été aussi les complices de la mise en place d’une écologie des maladies qui ont assuré leur perte ». Les bains publics étaient des bouillons de culture ; les égouts stagnaient sous les villes ; les greniers à blé étaient une bénédiction pour les rats ; les routes commerciales qui reliaient tout l’Empire ont permis la propagation des épidémies de la mer Caspienne au mur d’Hadrien avec une efficacité jusque-là inconnue. Le temps des pandémies était arrivé. Face à ces catastrophes, les habitants de l’Empire ont cru la fin du monde arrivée. Les religions eschatologiques, le christianisme, puis l’islam, ont alors triomphé des religions païennes.

. Neeraj Kaushal, Blaming Immigrants. Nationalism and the Economics of Global Movement, Columbia, Columbia University Press, janvier 2019.

Immigration is shaking up electoral politics around the world. Anti-immigration and ultranationalistic politics are rising in Europe, the United States, and countries across Asia and Africa. What is causing this nativist fervor ? Are immigrants the cause or merely a common scapegoat ? In Blaming Immigrants, economist Neeraj Kaushal investigates the rising anxiety in host countries and tests common complaints against immigration. Do immigrants replace host country workers or create new jobs ? Are they a net gain or a net drag on host countries ? She finds that immigration, on balance, is beneficial to host countries. It is neither the volume nor pace of immigration but the willingness of nations to accept, absorb, and manage new flows of immigration that is fueling this disaffection. Kaushal delves into the demographics of immigrants worldwide, the economic tides that carry them, and the policies that shape where they make their new homes. She demystifies common misconceptions about immigration, showing that today’s global mobility is historically typical ; that most immigration occurs through legal frameworks ; that the U.S. system, far from being broken, works quite well most of the time and its features are replicated by many countries ; and that proposed anti-immigrant measures are likely to cause suffering without deterring potential migrants. Featuring accessible and in-depth analysis of the economics of immigration in worldwide perspective, Blaming Immigrants is an informative and timely introduction to a critical global issue.

. Régis Debray, Alors, ça marche ?, Paris, Gallimard, décembre 2018.

À l’issue d’une campagne bousculée, marquée par le scandale des affaires et la division interne des deux principaux partis, les Français ont élu, le 7 mai 2017, leur président. La personnalité de ce nouvel acteur de la vie politique intrigue autant qu’elle cristallise les critiques. Qui est-il vraiment ? Quel est son projet pour le pays ?
Dans cet ouvrage préfacé par Régis Debray, 120 dessins de presse internationaux sélectionnés par Cartooning for Peace reviennent sur les étapes marquantes de ce début de quinquennat, depuis la campagne présidentielle jusqu’à la rentrée sociale en passant par la constitution du gouvernement, les législatives et les premières mesures.

. Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, Paris, La Découverte, janvier 2019.

Dans les années 1950 et 1960, les dirigeants français ont mené au Cameroun une guerre secrète. Pour garder la mainmise sur ce pays clé de son empire, la France a inventé une politique africaine néocoloniale. Alors qu’elle écrasait dans le sang le mouvement nationaliste porté par l’Union des populations du Cameroun (UPC), elle octroya au pays une « indépendance » de façade et plaça à sa tête une dictature « amie ». S’appuyant sur d’innombrables témoignages et sur des milliers d’archives, les auteurs détaillent les étapes de cette guerre méconnue. Ils racontent comment furent assassinés, un à un, les leaders de l’UPC : Ruben Um Nyobè en 1958, Félix Moumié en 1960 et Ernest Ouandié en 1971. Ils montrent comment l’administration et l’armée françaises, avec leurs relais locaux, ont conduit une effroyable répression : bombardements des populations, escadrons de la mort, lavage de cerveau, torture généralisée, etc. Et ils expliquent finalement pourquoi cette guerre, qui a fait des dizaines de milliers de morts, a transformé le Cameroun en laboratoire de la « Françafrique », ce pacte néocolonial grâce auquel les élites françaises et africaines s’accaparent les richesses du continent et privent les peuples de leurs droits.

. Alexandre Nicolas, Catherine Wihtol de Wenden, Atlas des Droits de l’Homme, Paris, Autrement, novembre 2018.

Soixante-dix ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948, cet atlas inédit établit un état des lieux :Histoire des droits de l’homme : textes fondamentaux, liberté de conscience,, citoyenneté. Droits individuels et collectifs : droits des femmes, droit à la santé, droits de l’enfant. À la conquête de nouveaux droits : droit de l’environnement, enjeux bioéthiques. Droits en crise et mobilisations collectives : protection des libertés publiques, justice internationale, lois mémorielles. Plus de 80 cartes et documents complètent les textes rédigés par des spécialistes et apportent un éclairage original pour appréhender les enjeux et les défis de la sauvegarde des droits de l’homme dans le monde.

. Eric Phélippeau, L’Argent de la politique, Paris, Presses de Sciences Po, novembre 2018.

La politique, c’est aussi de l’argent. En France, le sujet est tabou. Malgré les réglementations mises en place depuis la fin des années 1980, l’opacité règne en la matière et les scandales s’enchaînent : détournement de fonds publics, fortunes privées au service des fortunes électorales, mécomptes partisans et usages de fausses factures, évasion fiscale et patrimoniale des élites publiques, etc. Pour lever un pan de voile sur le financement de la vie politique, l’auteur adopte un angle original, celui des conditions dans lesquelles les nouvelles réglementations ont été forgées : qui les a portées, dans quels contextes ont-elles été adoptées, quelles résistances ont-elles dû surmonter, comment ont-elles été instrumentalisées et avec quels effets ? Conçu par et pour des élus passés experts dans l’art de contourner les normes qu’ils édictent, focalisé sur la recherche de transparence plutôt que sur l’évaluation des besoins, le modèle français demeure très flou, peu contraignant, source de contentieux et d’exploitation politique.

. Pierre Martin, Crise mondiale et systèmes partisans, Paris, Presses de Sciences Po, novembre 2018.

Brexit au Royaume-Uni, montée de l’extrême-droite en Autriche, élection de Donald Trump aux États-Unis, d’Emmanuel Macron en France, percée des Cinq étoiles en Italie et de Syriza en Grèce, etc. Les « coups de tonnerre » électoraux se succèdent dans les démocraties occidentales et bouleversent les grands systèmes partisans de l’après-guerre. Cette évolution s’inscrit dans une tendance déjà ancienne qui, dès les années 1970, a vu décliner la participation électorale et les partis de gouvernement, s’accroître la volatilité et se dessiner un nouveau clivage autour des questions d’immigration et d’identité nationale. Le processus s’est accentué après 2008 avec l’émergence de nouveaux partis, l’effondrement ou la réorientation brutale de partis anciens, en réaction au néolibéralisme et aux inégalités croissantes qu’il engendre. Pour bien comprendre les mutations en cours au sein des systèmes politiques occidentaux et s’interroger sur leur avenir, il est indispensable de les analyser à l’échelle mondiale et de prendre en compte tous les phénomènes économiques, sociaux et environnementaux qui leur sont liés, dans le contexte d’une « révolution mondiale » à l’œuvre depuis 1945.

. Renaud Payre, Guillaume Marrel, Temporalité(s) politique(s). Le temps dans l’action politique collective, Paris, DeBoeck Supérieur, novembre 2018.

Le rapport au temps dans la conquête des mandats, dans la conduite de l’action publique, dans la prise de décision et dans les organisations. Les personnalités politiques sont « obsédées par le rapport au temps », reconnaît le Président de la République française, Emmanuel Macron. Définie par l’incertitude et la rotation du pouv oir, la démocratie installe une temporalité singulière, rythmée par les échéances électorales, qui s’impose à tous : les élus et leurs entourages comme les acteurs publics et privés en charge de l’action publique. Ce rapport au temps est au cœur du présent ouvrage qui mobilise les travaux les plus récents sur la question. À partir d’exemples concrets, les différents chapitres proposent de saisir les logiques spécifiques des temporalités politiques comme autant de marqueurs des processus d’autonomisation du politique et des dynamiques de politisation et de dépolitisation dans les démocraties contemporaines. Les auteurs examinent trois dimensions des temporalités de l’action politique collective : le temps des élus, ou l’appropriation des temporalités électorales ; le temps des organisations, ou la synchronisation des temporalités des systèmes organisés ; le temps des décideurs, ou les registres temporels de la décision publique.

. Talal Asad, Secular Translations. Nation-State, Modern Self, and Calculative Reason, Columbia, Columbia University Press, décembre 2018.

In Secular Translations, the anthropologist Talal Asad reflects on his lifelong engagement with secularism and its contradictions. He draws out the ambiguities in our concepts of the religious and the secular through a rich consideration of translatability and untranslatability, exploring the circuitous movements of ideas between histories and cultures. In search of meeting points between the language of Islam and the language of secular reason, Asad gives particular importance to the translations of religious ideas into nonreligious ones. He discusses the claim that liberal conceptions of equality represent earlier Christian ideas translated into secularism ; explores the ways that the language and practice of religious ritual play an important but radically transformed role as they are translated into modern life ; and considers the history of the idea of the self and its centrality to the project of the secular state. Secularism is not only an abstract principle that modern liberal democratic states espouse, he argues, but also a range of sensibilities. The shifting vocabularies associated with each of these sensibilities are fundamentally intertwined with different ways of life. In exploring these entanglements, Asad shows how translation opens the door for—or requires—the utter transformation of the translated. Drawing on a diverse set of thinkers ranging from al-Ghazālī to Walter Benjamin, Secular Translations points toward new possibilities for intercultural communication, seeking a language for our time beyond the language of the state.

. Vincent Duclert, Henry Rousso, Dominique Schnapper, Rapport de la Mission Génocides, Paris, CNRS Éditions, décembre 2018.

Installée le 18 octobre 2016, la Mission ministérielle d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse a remis au gouvernement un rapport de 1 700 pages dont la synthèse générale est publiée ici. Une équipe internationale de soixante-cinq chercheurs et professeurs a travaillé durant deux années pour établir un large bilan des savoirs sur les violences extrêmes, leur étendue dans le temps et leurs univers de destruction, entraînant l’anéantissement de populations entières, révélant la puissance exterminatrice d’États et d’idéologies. Cette enquête sans équivalent atteste des connaissances élaborées depuis plus de vingt ans, depuis que le génocide des Tutsi du Rwanda a démontré que la Shoah ne serait plus la dernière catastrophe et qu’il convenait alors d’intensifier toutes les recherches. Celles-ci sont capables aujourd’hui de fonder des progrès convergents, tant dans l’enseignement et l’éducation que dans la muséographie et la documentation. Ces nouvelles connaissances s’appliquent à penser les univers de la mise à mort de masse, la résistance et le témoignage des victimes, le choix des justes comme la logique des bourreaux, les « avant » et les « après » qui redéfinissent les processus génocidaires, la politique des nations et le défi du droit, la volonté de déshumanisation et le devoir d’humanité. De telles avancées heuristiques appellent des politiques de soutien. Sur la base de ses travaux, la Mission présente au gouvernement d’importantes recommandations pour doter nos sociétés des savoirs nécessaires à l’engagement contre les génocides, les crimes de masse, les violences extrêmes et les esclavages.

. Bakary Toumanion, Sergio Giani, Changements climatiques et savoirs locaux. Paix, résilience et développement intégré au Mandé (Mali), Paris, L’Harmattan, novembre 2018.

Dans ce 2e numéro des « Cahiers de FESCAURI » sont publiées les contributions des différents experts qui ont participé à la conférence-débat : Savoir local, paix et développement. Bakary Toumanion a exposé ses réflexions sur la transition écologique et la dynamique sociale au Mandé. Sergio Giani et Rokia Sanogo ont analysé les relations entre dérégulation du climat, la santé de la communauté et les ressources de la médecine traditionnelle. Souleymane Dolo a souligné la place de la femme dans la société du Mandé et le savoir local qu’elle a su développer.

. Florent Piton, Le génocide des Tutsi du Rwanda, Paris, La Découverte, novembre 2018.

Cette synthèse historique sur l’extermination des Tutsi du Rwanda, objet complexe encore trop peu ou mal connu en France, croise les approches historiographiques les plus récentes et n’élude pas les vifs débats d’interprétation en cours depuis bientôt vingt-cinq ans. Fruit d’un remarquable travail sur archives, elle propose une lecture sans ambages des événements.
D’avril à juillet 1994, entre 800 000 et 1 million de Tutsi sont exterminés au Rwanda. Le dernier génocide du XXe siècle ne s’inscrit pourtant pas dans une histoire séculaire d’antagonisme ethnique. Il est le produit d’un racisme importé des sciences coloniales et réapproprié par une partie des acteurs politiques rwandais et de la population. Cet ouvrage analyse l’émergence et les évolutions de ce racisme, et la manière dont il conduisit au génocide et fut mis en actes par les pratiques de violence. Il montre ainsi que l’extermination des Tutsi, quoique n’étant pas inéluctable, ne fut ni un accident ni une réaction spontanée. En évoquant aussi bien les tueries au plus près de leurs conditions d’exécution que le rôle des acteurs de l’État et de la communauté internationale, tout particulièrement l’ONU et la France, l’auteur inscrit cet événement au cœur de notre XXe siècle et des enjeux contemporains. L’analyse des questions mémorielles et judiciaires, et de la sortie du génocide, permet enfin de comprendre que ses conséquences se font ressentir aujourd’hui encore dans tous les aspects de la vie sociale.

. Gunter Pauli, Lifi. La communication à la vitesse de la lumière, Paris, L’Observatoire, novembre 2018.

Le 1er ouvrage sur le Li-Fi, l’un des plus grands vecteurs de progrès technologique, social, économique et écologique de ces prochaines années. Internet tel que nous le connaissons va disparaître. Ses infrastructures coûteuses sont dépassées. Pour Gunter Pauli, la solution est le Li-Fi (light fidelity), qui offre une connexion Internet ultra rapide – à la vitesse de la lumière –, écologique, via des lampes à LED à très faible consommation, et surtout, contrairement au Wi-Fi, accessible à tous : une simple lampe de bureau peut se transformer en satellite-relais ! Intégrant cette avancée technologique dans le concept d’« économie bleue » dont il est le créateur, Gunter Pauli nous fait découvrir cet Internet de demain, l’Internet « des peuples », qui permettra d’économiser notre énergie, de protéger nos données et, pour tous et partout, d’avoir un accès gratuit et sans limite à l’information, à l’éducation, aux soins, au progrès, etc., dans le respect de la Nature.

. Karima Lazali, Le trauma colonial. Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie, Paris, La Découverte, novembre 2018.

Forte de son expérience clinique, Karima Lazali a mené une enquête singulière auprès de la population algérienne pour y déceler les conséquences psychiques de la colonisation française. Elle révèle ainsi dans ce livre original les effets dévastateurs, sociaux et individuels, provoqués jusqu’à aujourd’hui au sein de la société algérienne par 132 ans de violences coloniales. Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient∙e∙s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre : plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France.
Elle montre ce que ces « blancs » doivent à l’extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom... La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. Et en cherchant à détruire l’univers symbolique de l’« indigène », elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : « Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne » (Mohammed Dib). Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement. Et c’est l’une des clés, explique l’auteure, de la permanence du « fratricide » dans l’espace politique algérien : les fils frappés d’illégitimité mènent entre frères une guerre terrible, comme l’illustrent le conflit tragique FLN/MNA lors de la guerre d’indépendance ou la guerre intérieure des années 1990, qui fut aussi une terreur d’État. Une démonstration impressionnante, où l’analyse clinique est constamment étayée par les travaux d’historiens, par les études d’acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des œuvres d’écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammer).

. Tania Angeloff, La société chinoise depuis 1949, Paris, La Découverte, novembre 2018.

Composée de plus de 1,3 milliard d’habitants, la société chinoise fascine ou effraie. Depuis 1949, elle a connu l’arrivée des communistes au pouvoir, le maoïsme, les réformes à partir de Deng Xiaoping et la reprise en main du pays dès 2013 par Xi Jinping. De manière inédite dans l’histoire du capitalisme, elle concilie un libéralisme économique d’État et un régime officiellement de « dictature démocratique du peuple ». Concrètement, comment la Chine en est-elle arrivée à cette modernité contrastée et quels sont les effets d’un régime autoritaire sur les différentes strates de la société chinoise ? La trame chronologique suivie dans ce livre permet d’analyser la société chinoise sous de multiples angles : éducation, travail, santé, appartenance ethnique, migrations, rapports hommes-femmes, jeunesse, religion, inégalités sociales, mouvements de contestation, questions sociales et environnementales. Les nombreux encadrés apportent des éclairages précis et des données récentes sur des aspects souvent méconnus de la société et de ses acteurs, au-delà des clichés sur la modernisation chinoise en ce début de XXIe siècle.

. Vincent Delmas, Christophe Regnault, Churchill - Tome 02, Paris, Fayard, novembre 2018.

« Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. » Septembre 1939. Le monde entier entre en guerre. En quelques mois à peine, ce sont la Belgique et la France qui capitulent... L’Angleterre perd deux de ses principaux alliés. Mais alors que des voix s’élèvent pour entamer des négociations avec l’Allemagne, Winston Churchill, revenu au poste de Premier Ministre, reste ferme. La bataille de l’Angleterre ne fait que commencer. Et c’est sans doute le destin du monde entier qui est en train de se jouer. Aussi célèbre pour ses bons mots que pour son action décisive en tant qu’homme d’état au Royaume-Uni et en Europe, Winston Churchill est l’une des figures politiques les plus importantes du XXe siècle. Ce second volume de son récit en bande dessinée est centré sur les actions de Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale.

. Yan Giron, Précis de la puissance maritime. Vers la faculté d’agir. Préfaces de Frédéric Moncany de Saint-Aignan et du Capitaine de Vaisseau Hervé Hamelin, RL21éditions, via Amazon.

Cet essai propose une approche originale du concept de puissance maritime. Il invite à l’adapter et à en faire un outil pour accompagner la nouvelle phase de l’aventure marine qui s’ouvre. Pour avoir une vision globale des enjeux de l’océan, il faut pouvoir lire les mécanismes de la puissance appliqués à la mer. Cette puissance maritime est la faculté d’agir – ou de ne pas agir – sur les océans.

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. Andrew M. Fearnley, Daniel Matlin, Race Capital ? Harlem as Setting and Symbol, Columbia, Columbia University Press, november 2018.

For close to a century, Harlem has been the iconic black neighborhood widely seen as the heart of African American life and culture, both celebrated as the vanguard of black self-determination and lamented as the face of segregation. But with Harlem’s demographic, physical, and commercial landscapes rapidly changing, the neighborhood’s status as a setting and symbol of black political and cultural life looks uncertain. As debate swirls around Harlem’s present and future, Race Capital ? revisits a century of the area’s history, culture, and imagery, exploring how and why it achieved its distinctiveness and significance and offering new accounts of Harlem’s evolving symbolic power. In this book, leading scholars consider crucial aspects of Harlem’s social, political, and intellectual history ; its artistic, cultural, and economic life ; and its representation across an array of media and genres. Together they reveal a community at once local and transnational, coalescing and conflicted ; one that articulated new visions of a cosmopolitan black modernity while clashing over distinctions of ethnicity, gender, class, and sexuality. Topics explored include Harlem as a literary phenomenon ; recent critiques of Harlem exceptionalism ; gambling and black business history ; the neighborhood’s transnational character ; its importance in the black freedom struggle ; black queer spaces ; and public policy and neighborhood change in historical context. Spanning a century, from the emergence of the Harlem Renaissance to present-day controversies over gentrification, Race Capital ? models new Harlem scholarship that interrogates exceptionalism while taking seriously the importance of place and locality, offering vistas onto new directions for African American and diasporic studies.

. François Héran, Migrations et sociétés, Paris, Fayard, novembre 2018.

Les migrations internationales, au-delà des épisodes spectaculaires qui polarisent l’attention et soulèvent les passions, sont une composante ordinaire de la dynamique des sociétés, mais continuent de faire l’objet de visions très contradictoires. Si l’analyse démographique permet de cerner l’ampleur des migrations, il faut mobiliser d’autres disciplines pour saisir toutes leurs dimensions − géopolitique, historique, anthropologique, économique, mais aussi juridique et éthique. Car les migrations, liées à l’origine aux besoins des économies nationales, sont de plus en plus alimentées par la logique des droits universels. Une mutation à la fois décisive et fragile.
François Héran a mené un double parcours à l’Ined, qu’il a dirigé de 1999 à 2009, et à l’Insee, où il a mené de vastes enquêtes sur l’évolution de la société française, en y intégrant la dimension migratoire. Il dirige désormais l’Institut Convergences Migrations porté par huit institutions sous la conduite du CNRS. Depuis janvier 2018, il est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Migrations et sociétés.

. Jérôme Blanc, Les monnaies alternatives, Paris, La Découverte, novembre 2018.

Les monnaies alternatives sont des dispositifs monétaires mis au service d’une transformation socioéconomique. Depuis le début des années 1980, elles se sont multipliées et se sont diversifiées dans un grand nombre de pays, selon une ampleur inédite à l’échelle des sociétés industrielles. C’est un bilan analytique de cette dynamique que propose cet ouvrage.
Dans ce but, il établit une typologie des monnaies alternatives en sept groupes, des SEL aux crypto-monnaies en passant par les banques de temps et les monnaies locales. Après avoir précisé les finalités et les cadres théoriques et doctrinaux de ces monnaies, il distingue des monnaies par lesquelles est recherchée en priorité une transformation sociale et d’autres par lesquelles c’est l’orientation du système économique qui est d’abord visée. Il analyse la place respective de l’échange marchand et de la réciprocité selon les dispositifs. Il évalue enfin leurs réussites et leurs difficultés, en soulignant les deux enjeux importants que sont leur contribution à une radicalisation démocratique et l’hyper-monétarisation qu’elles favorisent.

. Olivier Coquelin, L’Irlande en révolutions. Entre nationalismes et conservatismes : une histoire politique et sociale (18e-20e siècles), Paris, Syllepse, novembre 2018.

Pour comprendre les particularités de l’Irlande contemporaine, l’auteur nous invite à un voyage dans une histoire des revendications émancipatrices du peuple irlandais. La partition de l’île d’Irlande, qui perdure à ce jour, fut l’une des conséquences de la Révolution de 1916-1923. Inachevée, la rupture avec l’ordre ancien contribua surtout à renforcer le pouvoir des forces conservatrices, à l’œuvre des deux côtés de la frontière. Pareil phénomène oblige à s’interroger sur la nature même des mouvements politiques (révolutionnaires comme constitutionnels) et sociaux (agraires comme ouvriers) irlandais qui se réclamèrent du nationalisme, à partir du siècle des Lumières. Dans quelle mesure se faisaient-ils les partisans de desseins progressistes dans la perspective d’une Irlande indépendante, autonome ou maintenue dans le giron britannique ?

. Viviane du Castel, Fiches de Stratégies et politiques énergétiques, Paris, Ellipses, octobre 2018.

21 fiches d’explication pour comprendre les grands axes des stratégies et des politiques énergétiques au sein de l’Union européenne et à travers le monde :
. Des définitions pour comprendre les termes et maîtriser les enjeux
. Les points essentiels à retenir
. Des exercices corrigés pour vérifier les connaissances : questions et QCM
. Des repères bibliographiques pour aller plus loin
. Un glossaire
. Un index

. Michel Nazet, Alain Nonjon (dir.), Jean-François Ségard (cartographie), Atlas des 160 lieux stratégiques du monde, éd. Ellipses, 2018.

Toujours plus de mondialisation ? Toujours plus de fragmentations ! Le monde se globalise ? Il s’enlise dans des conflits régionaux de toutes natures : vieilles fractures rouvertes, interfaces sources de tensions, rivalités portées sur de nouveaux fronts (mer, espace…), nouvelles hiérarchies qu’on impose plus qu’elles ne s’imposent.

Le but de cet Atlas est, on l’aura compris, de proposer une lecture des enjeux de la mondialisation au travers de tous les conflits en cours ou larvés qui fracturent la planète : frontières bafouées, migrations provoquées, religions instrumentalisées, capitales dévoyées, zones d’influence contestées, hiérarchies régionales bousculées, mythes révoqués. En quelque 160 cartes, le lecteur identifiera ces pôles de tensions, comprendra par une fiche associée l’origine, la gradation de ces tensions, et leur mise en perspective grâce à une actualisation systématique. Tous les lieux retenus constituent la trame de la géopolitique actuelle, resituée dans l’épaisseur de l’histoire.
L’Atlas des lieux stratégiques permettra aux étudiants – khâgnes, préparations HEC, cycles universitaires (IFG, IEP) –, aux décideurs, de visualiser les rapports de force et leurs évolutions, première étape pour tenter de les gérer.

. Pierre Royer et Jean-Baptiste de Panafieu, La belle aventure de l’Océan, éd. Dunod, 2018.

L’océan mondial, qui abrite la majorité des espèces vivantes sur Terre, génère aussi une grande part de l’oxygène que nous respirons. Il régule le climat de la planète et joue un rôle majeur dans la température terrestre. C’est aussi par la mer que circulent les homes et les marchandises, permettant aux économies de se développer.
De l’apparition de l’eau liquide, il y a plus de 4 milliards d’années, aux bateaux autonomes et aux robots plongeurs, cet ouvrage magnifiquement illustré retrace en 100 dates l’histoire mouvementée de l’océan et de son exploration.
De 4,4 milliards d’années avant notre ère au XXIe siècle : 100 dates qui racontent l’histoire de l’océan mondial et de son exploration.

. Claire Demesmay, Idées reçues sur l’Allemagne. Un modèle en question, éd. Cavalier Bleu 2018.

Principale partenaire de la France, avec qui elle a impulsé le projet européen, l’Allemagne ne cesse de nous ¬dérouter. Entre des milieux économiques en admiration devant le modèle allemand et de vieux démons toujours prêts à ressurgir, les clichés ne manquent pas : « Les Allemands sont trop disciplinés pour descendre dans la rue », « Les -réformes du marché du travail ont accru la précarité », « L’armée allemande est en retrait », « Berlin a ouvert ses frontières aux migrants », « L’Allemagne impose sa volonté au reste de ¬l’Europe », « L’extrême-droite est de retour en Allemagne »…
À l’heure où la France et l’Allemagne tentent, ensemble et à tous les niveaux (politique, économique, sociétal…), de formuler des propositions pour renforcer une Europe fragilisée, une connaissance approfondie et sans préjugés de notre ¬voisin s’impose.

Claire Demesmay dirige le programme franco-allemand de l’Institut allemand de politique étrangère à Berlin (Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, DGAP). Elle est docteur en philosophie politique de l’Université Paris 4-Sorbonne et de l’Université technique de Berlin.

. T. Balzacq, F. Charillon, F. Ramel, Manuel de diplomatie, Presses de Sciences Po, 2018.

La pratique diplomatique a connu plusieurs mutations majeures : elle n’est plus l’apanage de l’État et de ses agents, elle use d’instruments d’une technicité croissante, elle investit de nouveaux territoires de négociation. Ces changements ont suscité un regain d’intérêt pour l’analyse de la scène diplomatique par de nombreuses disciplines, de la science politique des relations internationales à l’histoire, en passant par la sociologie.

Premier Manuel de diplomatie en langue française, cet ouvrage aborde toutes les dimensions de l’institution diplomatique au XXIe siècle, en la situant dans son évolution historique et en présentant ses aspects classiques comme ses nouvelles formes d’expression.

Le livre s’organise en trois parties :
. vecteurs : bilatéralisme, multilatéralisme, négociation et médiation, nouvelles technologies de l’information et de la communication, diplomaties de clubs et de groupes, paradiplomatie, rituels et protocole ;
. acteurs : État, organisations intergouvernementales, régions (sub- et supra-étatiques), parlements et collectivités territoriales, individus ;
. secteurs : culture, entertainment, environnement, économie et entreprise, expertise, défense et humanitaire.

. Gaïdz Minassian, Zones grises. Quand les Etats perdent le contrôle, éd. Biblis 2018.

« Espaces de dérégulation sociale, où les institutions centrales ne parviennent pas à affirmer leur domination, laquelle est assurée par des micro-autorités alternatives » : les zones grises se répandent partout sur la planète, déstabilisent les forces en présence et réveillent les tambours de la guerre. Zones de non-droit ou contrôlées par les mafias, elles sont situées quelque part à la lisière du légal et de l’illégal.

Mues par une volonté politique contre le pouvoir en place, ou une volonté économique avec la criminalité organisée, elles semblent annoncer le chaos. Pourtant elles interrogent aussi, à juste titre, notre conception de l’État, les critères de l’autorité légitime et le système international tel qu’il est organisé. Les États seraient-ils d’ailleurs responsables de leur prolifération ? Autant de problématiques abordées dans ce livre qui, pour la première fois, croise une réflexion approfondie sur la notion même de zone grise et des analyses de cas concrets, depuis la zone contrôlée par les FARC en Colombie jusqu’à nos banlieues françaises.

. Alessandro Stanziani, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensée globale, Paris, CNRS Éditions, novembre 2018.

Qu’on la nomme histoire globale, mondiale, connectée, histoire-monde ou world history, c’est elle qui aujourd’hui suscite l’intérêt des lecteurs, des médias, des universitaires, et tend à façonner notre représentation du passé. Mais qu’est-ce que l’histoire globale ? Que propose-t-elle ? La belle synthèse d’Alessandro Stanziani fournit toutes les clés pour comprendre l’essor et les ambitions de cette histoire plurielle. Filiations multiples, bifurcations inattendues, brassages et métissages : affranchie de l’européocentrisme, l’histoire globale élargit les horizons géographiques, déborde les cadres nationaux, pense le monde à partir des connexions et des relations au sein d’entités politiques ou économiques hétérogènes. Elle a pour objet les migrations d’hommes, de biens, d’idées, de savoirs, de symboles, mais aussi le changement climatique, les révolutions technologiques, l’évolution des mentalités… Saisies dans la longue durée, et à l’intersection de plusieurs mondes, Alessandro Stanziani explore à nouveaux frais les relations que l’histoire établit avec la philosophie, la sociologie, la philologie et l’économie : ces interactions délimitent la portée de l’histoire globale par rapport aux autres approches.
Face aux progrès du nationalisme, cette façon de faire de l’histoire permet de revisiter le passé d’un certain nombre d’événements, de culture et/ou de régions. De l’Inde à la Russie, des décolonisations à l’islam, cet ouvrage montre que l’histoire globale invite à multiplier les angles de vue, mais aussi à dépasser la vision de l’histoire comme choc entre les civilisations.

. Christian Grataloup, Vision(s) du Monde. Histoire critique des représentations de l’Humanité, Paris, Armand Colin, octobre 2018.

Afrique, Occident, Pacifique, Asie, Nord/Sud, Orient, Europe… autant de grands ensembles qui permettent de parler du Monde en le découpant. Pourtant aucun n’est naturel, aucun n’est neutre. S’ils peuvent isoler, stigmatiser, servir à fonder une identité, ce sont avant tout des représentations, historiquement datées, et aujourd’hui en plein mouvement. L’Orient est un rêve colonial évanoui, et l’Occident ne semble pas avoir plus de sens. Les continents sont une fiction qui n’a rien de réel, les aires de civilisations sont plus que suspectes… Certaines parties du Monde s’effacent de notre vocabulaire, comme l’Océanie. D’autres prennent une signification nouvelle, comme l’Asie. D’autres encore se veulent identitaires, tout en échouant à se définir, comme l’Europe. Personne ne justifie plus le couple Nord/Sud, mais il hante encore le discours économique. Toutes ces visions géographiques, qui sont autant de grands récits du Monde, sont issues du regard que les Européens ont porté sur les autres pour mieux se définir eux-mêmes. Christian Grataloup reconstruit leur genèse, les superpose, les articule, analyse et critique leurs dynamiques pour proposer une nouvelle lecture de l’espace de l’Humanité.

. Christian Saint-Étienne, Trump et XI, les apprentis sorciers, Paris, L’Observatoire, novembre 2018.

À la tête des deux plus grandes puissances mondiales s’affrontent des dirigeants dont les dérives ne cessent de surprendre. Au milieu de cette surenchère, la communauté internationale ne semble pas prendre la mesure de la menace. D’un côté du globe, Trump passe des heures à zapper devant sa télévision ou à tweeter tandis que ses décisions portent atteinte au statut de puissance stabilisatrice des États-Unis. De l’autre, Xi Jinping modifie la Constitution chinoise afin de s’octroyer une présidence à vie, bétonne et militarise des îlots inhabités afin de s’en attribuer la souveraineté et détruit tous les contre-pouvoirs élaborés pour éviter la répétition du délire maoïste. Ces deux apprentis sorciers sont fascinés par leur toute-puissance et déterminés à s’imposer comme la première force économique et géostratégique. Duopole instable, ce couple infernal est entré dans une escalade de déclarations et d’actions susceptibles de nous conduire dans un conflit de haute intensité qui déstabilise déjà les relations internationales, de manière inédite depuis la guerre froide. L’Histoire nous oblige à analyser ce nouveau déséquilibre avec lucidité : nous nous acheminons vers un nouveau conflit mondial, et l’Europe, masse inorganisée et affaiblie, en est l’impuissante spectatrice.

. Christophe le Digol, Virginie Hollard , Christophe Voilliot , Raphaël Barat, Histoires d’élections, Paris, CNRS Éditions, novembre 2018.

L’élection est de nos jours une pratique si familière qu’elle pourrait sembler consubstantielle à la démocratie et à la politique. Le bulletin de vote, l’urne ou l’isoloir sont devenus les compagnons habituels de l’électeur, à tel point qu’on peine à imaginer une élection sans eux.

Or, de l’Antiquité romaine à la Ve République, de la monarchie française à la Venise du XVIIIe siècle, on découvre non seulement que l’élection est présente là où on ne soupçonnerait pas son existence, mais qu’elle recouvre une grande variété de pratiques et de sens : vote auriculaire à l’oreille d’un secrétaire, « à la ballotte » par boule d’approbation ou de réjection, vote à main levée, par appel nominal, par correspondance, par procuration ou plus récemment par voie électronique, etc. De même, en portant son attention au-delà du champ politique, l’ouvrage explore d’autres univers sociaux au sein desquels l’élection, bien présente, prend encore d’autres formes et d’autres significations : l’Église, la justice, l’université, le champ syndical, etc. Comment alors penser l’élection en tenant compte de l’ensemble de ces expériences sociales et politiques ? Histoires d’élections, en associant historiens et politistes, est une histoire polyphonique où coexistent et s’entremêlent à travers le temps et l’espace des pratiques et des représentations bien plus variées que l’élection contemporaine ne le laisse supposer.

. Guy Pervillé, Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, Paris, Vendémiaire Éditions, novembre 2018.

La guerre d’Algérie a pris fin officiellement en mars 1962, avec les accords d’Évian qui prévoyaient, notamment, l’amnistie pour tous les combattants. Or force est de constater que, près de soixante ans plus tard, elle se poursuit, à travers des affrontements mémoriels où les historiens ont souvent été sommés de prendre parti. Est-il possible aujourd’hui d’écrire une histoire dépassionnée de ce douloureux processus de décolonisation, et des traces qu’il a laissées dans les mémoires collectives ? Est-il possible de ne rien céder aux récits militants, aux récits sélectifs, à la volonté de faire silence autour de certains événements, à l’emportement de la polémique, à l’intime conviction ? Est-il possible de ne pas choisir son camp quand on écrit l’histoire ? C’est à ces questions essentielles pour la légitimité même de la discipline que tente ici de répondre Guy Pervillé, spécialiste incontesté d’une période à laquelle il a consacré l’ensemble de ses travaux. Conduit par cette seule certitude qu’il n’y a pas de cause qui puisse prévaloir sur la recherche de la vérité.

. Peter Greste, Voyage d’un reporter au pays de la censure, Paris, L’Observatoire, novembre 2018.

Grand reporter, Peter Greste a couvert tous les conflits au Proche et au Moyen-Orient. Arrêté en Égypte, son procès kafkaïen est d’abord celui d’un principe : la liberté de la presse. En février 2013, Peter Greste est condamné à sept ans d’emprisonnement, accusé de terrorisme contre le gouvernement égyptien. Incarcéré avec les plus vigoureux opposants au régime, traité comme un véritable ennemi public, le journaliste découvre la réalité d’une guerre déclarée par le pouvoir central contre la presse occidentale. Dans un glissement presque imperceptible, les journalistes sont passés de témoins de l’Histoire à sujets d’un conflit qui n’est pas le leur. Autrefois porteurs de l’information, ils sont désormais les premières victimes ou les dégâts collatéraux d’une forme de défiance infiltrée dans nos sociétés, et subissent des pressions et une violence inouïes. Dans ce récit où il retrace son calvaire, mais où la passion d’un métier finit par l’emporter sur le désespoir et l’absurde, Peter Greste sort de sa geôle avec une conviction : la survie de nos démocraties n’est garantie qu’en donnant à la presse une absolue et inaliénable liberté.

. Pierre de Villiers, Qu’est-ce qu’un chef ? , Paris, Fayard, novembre 2018.

Réflexion à l’usage de tous ceux qui exercent une responsabilité, si minime soit-elle, cet ouvrage est aussi un ambitieux essai sur l’ordre. Comme un officier le ferait pour ses hommes, le général de Villiers indique au lecteur la destination, le point à atteindre et l’itinéraire pour se diriger dans un monde complexe et pour agir utilement. « Je ne suis ni philosophe, ni sociologue, ni capitaine d’industrie. Je suis un praticien de l’autorité qui s’est toujours efforcé de placer les relations humaines au cœur de son engagement au service de la France et de ses armées. Car l’autorité n’est pas spécifiquement militaire, c’est le lien fondamental de toute société humaine. Fort de ces convictions, je propose dans ce livre quelques jalons pragmatiques, simples et avérés pour sortir d’un mal-être sociétal croissant, diriger avec justesse et discernement. » Le général Pierre de Villiers signe un essai ambitieux sur l’ordre, remettant l’Homme au centre du système. Comme le ferait un officier, il indique au lecteur le cap qu’il faut tenir dans un monde complexe et sa méthode pour y agir utilement. Mêlant une réflexion puissante sur les problèmes profonds que traverse notre époque et des solutions efficaces, le général de Villiers met ici son expérience unique au service de tous. Après quarante-trois années d’une carrière militaire qui l’a conduit à devenir chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d’une société de conseil en stratégie. Il a publié en 2017 « Servir » aux éditions Fayard.

. Erwan Benezet, Nucléaire : une catastrophe française, Paris, Fayard, novembre 2018.

Tchernobyl, Harrisburg, Fukushima… Mais auparavant déjà, Chalk River au Canada en 1952, Windscale au Royaume-Uni en 1957 ou encore Kychtym en Russie la même année… Autant de catastrophes nucléaires qui ont ébranlé la planète. « Oh, mais tout cela est arrivé si loin de chez nous ! » s’indigne la nucléocratie hexagonale. Vraiment ? C’est oublier un peu vite les deux accidents de Saint-Laurent-des-Eaux, la centrale du Loir-et-Cher, en 1969 puis en 1980. Dans les deux cas, du combustible d’uranium hautement radioactif était entré en fusion. C’est également glisser sous le tapis celui de Civaux (Vienne) en 1998. Ou du Blayais (Gironde), lors de la tempête de 1999. Sans parler de Fessenheim (Alsace), la plus vieille centrale de France, arrêtée en urgence lors de la canicule de 2003, pour cause de surchauffe… De nombreux pays remettent aujourd’hui en cause la suprématie de l’atome. Certains vont jusqu’à fermer définitivement leurs centrales. Pas chez nous, hors de question ! Le nucléaire est un fleuron ! Quitte à mettre son industrie en danger, en laissant passer le train du renouvelable ? Ou, plus grave, à faire courir des risques inconsidérés à la population ? Sous-investissements, scandales en tous genres, dénis face aux menaces terroristes, jusqu’aux problèmes d’entreposage de déchets, dont la dangerosité menace nos enfants et petits-enfants…La France joue avec le feu nucléaire. À nous, citoyens, de l’éteindre. Et de reprendre en main la politique énergétique de notre pays.

. Etienne F. Augé, Liban, Paris, DeBoeck, novembre 2018.

Aux portes de l’Europe se déploie un monde arabe et musulman en pleine mutation depuis 2011, l’année des « printemps arabes ». Cet ouvrage invite à une (re)découverte du Liban à travers son histoire, sa société, sa politique, son économie, sa culture. Terre des légendaires Phéniciens inventeurs de l’alphabet, successivement assujetti aux différents empires de la région, le Liban possède une histoire millénaire fascinante, sans cesse réinventée. Il n’existe pas un, mais plusieurs Liban, tant les différentes communautés ethniques et religieuses qui le composent coexistent tant bien que mal. Le pays du Cèdre lutte chaque jour pour sa survie, pris dans la tourmente des luttes intestines politico-religieuses et des conflits régionaux. Malgré le changement de donne géopolitique au cours de la dernière décennie, le pays doit sans cesse lutter pour son indépendance et veiller au maintien de son fragile équilibre et de sa spécificité démocratique dans un Moyen-Orient dominé par les dictatures et miné par la guerre.

. Frédéric Jordan, L’armée française au Tchad et au Niger : à Madama, sur les traces de Leclerc, Paris, Nuvis, novembre 2018.

Le témoignage du lieutenant-colonel Frédéric Jordan sur sa mission effectuée dans le cadre de l’opération Barkhane, destinée à éradiquer le terrorisme dans la région. Dirigeant un groupement tactique d’unités françaises, tchadiennes et nigériennes, il a mené les troupes de N’Djamena à Madama en triomphant des défis militaires et logistiques.

. Guy Pervillé, Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, Paris, Vendémiaire Éditions, novembre 2018.

La guerre d’Algérie a pris fin officiellement en mars 1962, avec les accords d’Évian qui prévoyaient, notamment, l’amnistie pour tous les combattants. Or force est de constater que, près de soixante ans plus tard, elle se poursuit, à travers des affrontements mémoriels où les historiens ont souvent été sommés de prendre parti. Est-il possible aujourd’hui d’écrire une histoire dépassionnée de ce douloureux processus de décolonisation, et des traces qu’il a laissées dans les mémoires collectives ? Est-il possible de ne rien céder aux récits militants, aux récits sélectifs, à la volonté de faire silence autour de certains événements, à l’emportement de la polémique, à l’intime conviction ? Est-il possible de ne pas choisir son camp quand on écrit l’histoire ? C’est à ces questions essentielles pour la légitimité même de la discipline que tente ici de répondre Guy Pervillé, spécialiste incontesté d’une période à laquelle il a consacré l’ensemble de ses travaux. Conduit par cette seule certitude qu’il n’y a pas de cause qui puisse prévaloir sur la recherche de la vérité.

. Hannah Catherine Davies, Globalization and the Panics of 1873, Columbia, Columbia University Press, november 2018.

The year 1873 was one of financial crisis. A boom in railway construction had spurred a bull market—but when the boom turned to bust, transatlantic panic quickly became a worldwide economic downturn. In Transatlantic Speculations, Hannah Catherine Davies offers a new lens on the panics of 1873 and nineteenth-century globalization by exploring the ways in which contemporaries experienced a tumultuous period that profoundly challenged notions of economic and moral order. Considering the financial crises of 1873 from the vantage points of Berlin, New York, and Vienna, Davies maps what she calls the dual “transatlantic speculations” of the 1870s : the financial speculation that led to these panics as well as the interpretative speculations that sprouted in their wake. Drawing on a wide variety of sources—including investment manuals, credit reports, business correspondence, newspapers, and legal treatises—she analyzes how investors were prompted to put their money into faraway enterprises, how journalists and bankers created and spread financial information and disinformation, how her subjects made and experienced financial flows, and how responses ranged from policy reform to anti-Semitic conspiracy theories when these flows suddenly were interrupted. Davies goes beyond national frames of analysis to explore international economic entanglement, using the panics’ interconnectedness to shed light on contemporary notions of the world economy. Blending cultural, intellectual, and legal history, Transatlantic Speculations gives vital transnational and comparative perspective on a crucial moment for financial markets, globalization, and capitalism.

. Nathalie Fau, Benoît de Trégoldé, Mers d’Asie du Sud-Est. Coopérations, intégration et sécurité, Paris, CNRS Éditions, novembre 2018.

L’Asie du Sud-Est, espace géopolitique majeur, est une région à dominante maritime : l’espace marin y dépasse en superficie celui des terres émergées et sa situation exceptionnelle entre deux océans, Pacifique et Indien, lui confère un rôle central dans la circulation maritime mondiale. Loin d’être homogène et uniforme, cette étendue maritime se structure en sous-ensembles régionaux et l’ambition de ce livre est de prendre en compte cette diversité : il ne se focalise ainsi pas uniquement sur la mer de Chine méridionale mais traite également de la mer de Sulu-Sulawesi, de Timor et d’Arafura, du Golfe du Tonkin, du détroit de Malacca ou encore du Triangle de Corail. Mers et détroits ont toujours joué un rôle central et unificateur dans l’intégration spatiale de cette région. Mais l’intervention des puissances coloniales, et surtout la volonté des États après leur indépendance de protéger leur territoire national ont contribué à l’émergence de différends frontaliers territoriaux et maritimes. Si la mer cristallise ces tensions, elle n’en demeure pas moins au coeur d’enjeux politiques, économiques, sociétaux et environnementaux et de nombreuses initiatives de coopération ont été entreprises : exploration et exploitation pétrolières et gazières, pêche, recherche marine, sécurité maritime, protection de l’environnement, opérations de sauvetage et lutte contre la criminalité…
Les riches études réunies dans cet ouvrage mettent en évidence le caractère transnational des questions maritimes en Asie du Sud-Est, et croisent pour la première fois la dimension sécuritaire et le poids des coopérations régionales.

. Nicolas Normand, Le grand livre de l’Afrique, Paris, Eyrolles, novembre 2018.

. Olivier Battistini, Alexandre le Grand. Un philosophe en armes, Paris, Ellipses, novembre 2018.

Alexandre est né en 356 av. J.-C., à Pella, en Macédoine. Il est mort, en 323, à Babylone.
De son père, Philippe II, le méthodique stratège aux décisions fulgurantes et de sa mère, Olympias, la reine aux serpents inquiétants, qui connaît la fièvre et l’ivresse que procure la pratique de la musique et de la danse dans les rites dionysiaques, Alexandre reçoit une richesse étrange : le sens lumineux de l’action et de la guerre, la volonté de puissance, l’idée de l’infini et de la démesure, la violence et une cruauté raisonnée, la certitude que la force de son Empire est dans son audace et dans sa grandeur d’âme, sa vertu. Alexandre est bien double, Apollon et Dionysos. La nuit, près de lui, son épée et une édition de l’Iliade commentée par Aristote. Pour Plutarque, la véritable force d’Alexandre est la philosophie. Alexandre est, selon Onésicrite, « le philosophe en armes ». Par l’union de la philosophie et de l’action – Aristote, son maître, lui a révélé le « discours homérique de la guerre » –, il est le plus grand des capitaines. Tout cela est dans le tableau de Rembrandt, Aristote contemplant un buste d’Homère. Le philosophe a la main droite posée sur la tête du « maître de toute poésie ». Sa main gauche caresse, avec une secrète élégance – comme pour faire signe – une chaîne dont l’or a l’éclat du feu et d’où pend un médaillon à l’effigie d’Alexandre le Grand, dans l’ombre, presque invisible. Ce qui est caché est souvent le plus important. C’est ce tableau et son énigme qui nous guideront dans notre essai, qui se fonde sur les sources grecques et latines nouvellement traduites par Anne Sokolowski, agrégée de lettres classiques.

. Agathe Cagé, Faire tomber les murs entre intellectuels et politiques, Paris, Fayard, octobre 2018.

Intellectuels et responsables politiques vivent en France dans deux mondes étanches. Alors même que les élus prennent des décisions qui nous engagent tous, ils négligent le plus souvent les apports majeurs de la recherche. Notre pays est ainsi riche de projets de transformation laissés en jachère par des politiques qui ne savent pas parler à l’Université, et auxquels les chercheurs ne s’adressent plus. Face aux immenses défis sociaux et sociétaux qui se posent aujourd’hui à la France, universitaires et politiques doivent partager leurs connaissances des territoires, leurs analyses des situations, leurs problématiques mutuelles et leurs forces de propositions. Rapprocher les politiques de la production d’idées, c’est aussi les rapprocher des besoins réels des citoyens. Une nouvelle façon de construire et de conduire les politiques publiques au service de plus d’efficacité et de plus de démocratie.

. Amin Allal, Assia Boutaleb, Marie Vannetzel, Introduction aux mondes arabes en (r)évolution, Paris, DeBoeck, octobre 2018.

Une vision globale des mutations politiques contemporaines dans les sociétés du Maghreb et du Moyen-Orient. En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politiques et des évolutions sociales d’importance sont en cours dans cette vaste région qui s’étend du Maroc à l’Irak. Les auteurs analysent ces dynamiques récentes, en intégrant les acquis des recherches existantes et en s’appuyant sur la sociologie et l’économie politiques. Ce manuel offre ainsi, de manière inédite, une grille d’analyse comparée, organisée autour des grandes modalités d’exercice du politique : assujettir, contester, participer développer et gouverner. Cette approche invite à une compréhension sereine de pays placés quotidiennement sous le feu des projecteurs, mais qui restent souvent méconnus et caricaturés. Par son caractère global, elle montre que ces pays ne sont pas des exceptions. Par les descriptions précises et les nombreuses illustrations qu’elle fournit, elle en souligne cependant certaines spécificités et permet d’acquérir de solides connaissances à leur sujet.

. Bertrand Badie, Dominique Vidal, Qui gouverne le monde ? , Paris, La Découverte, octobre 2018.

Fin du communisme, mondialisation et révolution numérique : en trente ans, le monde a changé radicalement. Mais qui le gouverne désormais ? Paradoxalement, la question du pouvoir paraît plus mystérieuse que jamais, au point de susciter des interprétations complotistes qui envahissent Internet. C’est pourquoi cet ouvrage a choisi d’en analyser les grands mécanismes. Il place au cœur de la réflexion cinq paramètres sensibles du système mondial – la tradition, le religieux, les institutions étatiques, l’économie et la mondialisation –, tout en déclinant les différents modes d’exercice du pouvoir. Les États ne sont plus les seuls acteurs à prétendre dominer le monde. Avec la mondialisation, qui favorise la mobilité, bouleverse les relations sociales et engendre de nouvelles dépendances, les firmes multinationales et les réseaux défient les souverainetés étatiques, ce qui se traduit également par une apparence de fragmentation du pouvoir et des interdépendances de plus en plus complexes. Grâce aux chercheurs et journalistes réunis autour de Bertrand Badie et Dominique Vidal, ce livre propose de nouvelles perspectives pour comprendre qui (et comment se) gouverne le monde. Afin d’en finir avec une géopolitique occidentalo-centrée qui ne permet plus de rendre compte de l’évolution d’un paysage international en plein bouleversement.

. Claire Rodier, Migrants & réfugiés : réponse aux indécis, aux inquiets et aux réticents, Paris, La Découverte, octobre 2018.

L’arrivée en grand nombre de réfugiés et de migrants en Europe, à partir de 2015, ainsi que les nombreuses morts en Méditerranée, dont celle, très médiatisée, du petit Aylan Kurdi, ont souvent ému et « bousculé » la population européenne. Toutefois, après une première phase d’accueil, un discours officiel de défiance, voire hostile aux migrants s’est progressivement imposé sous la pression de l’extrême droite européenne, les transformant, ainsi que ceux qui leur portent assistance, en ennemis à combattre : en témoignent notamment les attaques contre le bateau humanitaire Aquarius en 2018. Malgré une baisse spectaculaire du nombre d’entrées irrégulières sur le territoire européen, les inquiétudes et les réticences s’expriment chez ceux qu’un élan de solidarité avait poussés à ouvrir leurs portes aux migrants, et de nombreuses questions émergent : quelle différence entre réfugiés et migrants ? Combien sont-ils ? La France et l’Europe ont-elles la capacité d’accueillir ces migrants, compte tenu de la crise économique ? Les murs servent-ils à quelque chose ? Qu’est-ce qu’un hotspot ? Qu’est-ce que le délit de solidarité ? Ne vaudrait-il pas mieux les aider à rester chez eux ? C’est pour répondre sans tabou à ces interrogations légitimes, et à bien d’autres, que ce petit livre a été conçu.

. Farouk Mardam-Bey, Ziad Majed, Subhi Hadidi, Dans la tête de Bachar al-Assad, Paris, Actes Sud, octobre 2018.

Aucune notion de science politique ne peut définir la nature du pouvoir de Bachar al-Assad.
Ressemblant par certains traits aux dictatures d’Amérique latine, par d’autres aux anciens régimes d’Europe de l’Est, il s’en distingue par son caractère héréditaire et communautaire, une propension inouïe à la violence contre son peuple. Massacres génocidaires, bombardements “conventionnels”, attaques chimiques, Bachar al-Assad franchit impunément toutes les lignes rouges. On l’imagine s’adressant, en fils reconnaissant, au spectre de son géniteur : “Tu as massacré 20 000 personnes à Hama ? Moi, c’est beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus, on compte les morts par centaines de milliers. Je ne te cache pas que j’ai été aidé par toutes sortes d’amis, les Iraniens et les Russes en particulier…” Au fil des pages, les auteurs dessinent le portrait d’un tyran à l’image moderne et lisse, qui a su perfectionner un système : parti unique, le Baath, élections truquées, enrichissements claniques mafieux, diabolisation de l’opposition, tortures, exécutions sommaires, police secrète omniprésente, armée d’informateurs, muftis et patriarches à sa botte, instrumentalisation du conflit israélo-palestinien… Pour aboutir à un modèle totalitaire qui n’a rien à envier aux pires dictatures de l’histoire et n’a pas gêné ses soutiens occidentaux venus tant de l’extrême droite, naturellement antidémocratique, que de la gauche “anti-impérialiste”. Et pendant ce temps la Syrie devenait l’enfer d’une autre planète.

. Jean Battut, Chroniques Libanaises 1999-2002. Journal d’un promeneur solidaire, Paris, L’Harmattan, octobre 2018.

Cet ouvrage appréhende la situation du Liban de 1999 à 2002, six ans après la guerre civile jusqu’à l’évacuation du territoire des soldats syriens et la libération des zones occupées par les Israéliens. C’est en « voyageur solidaire » que l’auteur relate ses trois missions humanitaires, réalisés à la demande des autorités libanaises en charge de la reconstruction de leur système d’éducation, auprès des enseignants chargés de l’enseignement de la langue française. Au fil des pages, le lecteur suit son parcours en pays druze, dans la Bekaa, au Sud-Liban. Au terme de sa vie de professeur de français et de militant du syndicalisme enseignant, Jean Battut a souhaité poursuivre sa transmission des valeurs de l’École par un engagement bénévole au GREF, Groupement des retraités et éducateurs sans frontières, le conduisant à co-enseigner au Liban. Jean Battut est docteur en histoire et auteur de nombreux ouvrages parus chez L’Harmattan, notamment Changer l’école pour changer la vie, 2012.

. Jean-Pierre Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre. Histoire d’une libération, La Découverte, octobre 2018.

Depuis des décennies, l’actualité offre l’image d’un monde arabe sombrant dans la violence et le fanatisme. Comme si une malédiction frappait ces peuples, de l’interminable conflit israélo-palestinien aux guerres d’Irak et de Syrie, en passant par l’essor du jihadisme international.
Jean-Pierre Filiu remonte à l’expédition de Bonaparte en Égypte, en 1798, pour nous livrer une autre histoire des Arabes. Une histoire intimement liée à la nôtre, celle de l’Occident, de l’Europe, de la France. Une histoire faite d’expéditions militaires et de colonisations brutales, de promesses trahies et de manœuvres diplomatiques, une histoire de soutien à des dictatures féroces ou à des régimes obscurantistes, mais tous riches en pétrole. Cette « histoire commune » qui a fait le malheur des Arabes ne doit pas faire oublier une autre histoire, largement méconnue : une histoire d’émancipation intellectuelle, celle des « Lumières arabes » du XIXe siècle, mais aussi une histoire d’ébullition démocratique et de révoltes sociales, souvent écrasées dans le sang. Autant de tentatives pour se libérer du joug occidental et de l’oppression des despotes, afin de pouvoir, enfin, écrire sa propre histoire. Sous la plume de Jean-Pierre Filiu, les convulsions du présent se prêtent alors à une autre lecture, remplie d’espoir : dans la tragédie, un nouveau monde arabe est en train de naître sous nos yeux.

. Poliny Ndong Beka II, Les activités transfrontalières illicites entre le Gabon, le Cameroun et la Guinée Équatoriale. Logiques spatiales, acteurs et enjeux, Paris, L’Harmattan, octobre 2018.

Ce livre interroge les pratiques de contournement et de transgression de la loi à travers une analyse des flux illégaux de personnes et de marchandises entre les trois pays. Ces activités sont l’œuvre d’une population (locale, gardes-frontières et transporteurs routiers), dont le point commun est d’être liés à la frontière par leur lieu de résidence et/ou d’origine et aussi par leur activité professionnelle. La transgression de la frontière permet de se procurer des ressources financières afin de faire face à la précarité économique ou, au contraire, d’asseoir socialement sa notoriété.

. Nadia Tazi, Le Genre intraitable. Politiques de la virilité dans le monde musulman, Paris, Actes Sud, octobre 2018.

La présence des islamistes sur la scène internationale met au jour une question taboue dans le monde musulman : celle du rôle de la virilité. En effet, la virilité y incarne un principe politique essentiel – mais un principe qui ne dit pas son nom. Elle ne renvoie pas seulement au vieux problème des rapports entre les sexes, elle est aussi au fondement du despotisme politique et social qui y sévit de longue date. Elle détermine la nature même des gouvernements, et son enracinement explique pour une large part la crise interminable que subissent les peuples musulmans. Telle est l’hypothèse développée dans ce livre à travers une série de tableaux historiques et contemporains illustrant les débordements et les contradictions des régimes virilistes : de l’anarchie tribale de la période antéislamique jusqu’au rigorisme des wahhabites en Arabie Saoudite, en passant par les violences des grands appareils monarchiques d’autrefois, l’aventurisme guerrier et les cruautés de Saddam Hussein, l’autoritarisme du Shah puis des mollahs en Iran, le trouble des hommes ordinaires au Maghreb, en butte à la modernisation et à l’oppression. Chaque problème politique renvoie à un type de virilité et à un territoire. Et dans cette traversée des milieux et des siècles apparaissent le Bédouin du désert, les grands conquérants, le maître du sérail chez les Ottomans, le dictateur moderniste et l’islamiste dans ses variations révolutionnaires ou conservatrices. Mais l’auteure examine aussi l’homme de la Cité idéale des théologiens et des philosophes arabes, lesquels ont combattu, à l’âge classique (VIIe-XVe siècles), ces excès et les divisions qui en résultent.


. Pierre Verluise (dir.), « Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Union européenne. A l’heure du Brexit », éd. Diploweb via Amazon

Comment comprendre l’Union européenne à l’heure du Brexit ? Longtemps réputée attractive, l’UE paraît parfois répulsive depuis quelques années. Certes, voici longtemps déjà la Norvège et la Suisse – chacune à leur façon – refusaient le processus d’adhésion, suivies récemment par l’Islande. Depuis quelques années, ce sont des pays déjà membres de l’UE qui semblent prendre leur distance avec les valeurs de la construction européenne, dont la Hongrie et la Pologne. La défiance marquée par le référendum de juin 2016 en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’UE – le Brexit – oblige à dépenser une énergie politique considérable pour trouver le meilleur compromis. Avec un Brexit effectif, l’UE perdrait 5,4 % de sa superficie, 12,91 % de sa population et 15,16% de son PIB. La sortie de Londres lèverait des ambiguïtés destructrices quant à sa participation à l’UE, mais il semble difficile de prétendre que l’UE en sortirait immédiatement plus puissante. L’apport des candidats des Balkans occidentaux ne saurait en rien compenser ce départ. Quant à la Turquie, tant à Ankara qu’à Bruxelles, rares sont ceux qui croient encore à la finalisation rapide de sa candidature. De façon répétée, la faible participation des citoyens de l’UE aux élections pour le Parlement européen fait craindre une fragilisation de leur adhésion au processus de la construction européenne. Pendant ce temps, la Russie sort de ses frontières en Géorgie (2008- ) et en Ukraine (2014- ). Et le nouveau président des États-Unis, Donald Trump (2017- ) souffle le chaud et le froid sur ses alliés européens.

Dans le tourbillon de l’actualité, comment disposer de lignes de compréhension de cet ensemble évolutif ? Nous avons rassemblé ici des experts qui apportent des éclairages sur des fondamentaux de l’Histoire, la Géographie et la Géopolitique de l’Union européenne. La première partie présente les forces et les ambiguïtés de deux des pays moteurs de la construction européenne, l’Allemagne et la France. La deuxième se penche sur des pays de l’Europe méditerranéenne et balkanique, déjà membres ou candidats. La troisième fait un point approfondi sur le fonctionnement de l’UE avec l’extérieur. Enfin, la quatrième partie présente de grands dossiers de l’UE et de ses partenaires de l’OTAN, dont la relation avec les États-Unis, le Brexit, et la Turquie.

Ces auteurs apporteront à chacun une expertise formulée de façon pédagogique. Vous pourrez ainsi mieux mettre en perspective les soubresauts de l’actualité, donner de la profondeur à votre analyse.

Dirigé par Pierre VERLUISE, docteur en géopolitique de l’Université de Paris - Sorbonne, chargé de cours à la Sorbonne et professeur en CPGE, chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), auteur, co-auteur ou directeur d’une trentaine d’ouvrages, fondateur du Diploweb.com et directeur de ses publications. Avec des contributions de : Patrick ALLARD, Alexandre ANDORRA, Pierre BERTHELET, Cyrille BRET, Jean-François DREVET, Gérard-François DUMONT, Patrice GOURDIN, Boris GRÉSILLON, Fabien LAURENÇON, Maxime LEFEBVRE, Jacques LERUEZ, Catherine LUTARD-TAVARD, Georges PRÉVÉLAKIS, Quentin WEILER et Pierre VERLUISE. Préparation du manuscrit : Estelle MÉNARD et Pierre VERLUISE.

Voir le livre de Pierre Verluise (dir.), « Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Union européenne. A l’heure du Brexit », éd. Diploweb via Amazon


. Chen Yulu, La monnaie chinoise dans le monde, Paris, Nuvis, septembre 2018.

Ce livre décrit le développement monétaire de la Chine dans le contexte chinois actuel et d’un point de vue international. L’enjeu est de décrypter de manière complète et systématique les contextes historiques, l’état réel, les enjeux essentiels et le but ultime du développement monétaire de la Chine.

. David Meyer, Jean-Michel Maldamé, Abderrazak Sayadi, Jean-Pierre Castel, Lutter contre la violence monothéiste. 3 voix répondent à 10 questions, Paris, L’Harmattan, septembre 2018.

Comment combattre la violence monothéiste ? Un rabbin, un théologien catholique et un universitaire tunisien historien des religions répondent aux questions d’un agnostique. Chacun présente un diagnostic, évoque les remèdes envisagés au cours de l’histoire, analyse les succès et les échecs. En particulier, le rabbin présente l’entreprise d’humanisation de la Torah ambitionnée par le talmudisme, le théologien expose les conditions d’une lecture du texte biblique de nature à éviter les risques de dérive théocratique, l’historien tunisien décrit le climat de violence qui, selon les textes, a accompagné l’action de Mahomet et des premiers califes. De nouvelles pistes de remède sont explorées.

. Étienne Balibar, Immanuel Wallerstein, Race, nation, classe. Les identités ambiguës, Paris, La Découverte, septembre 2018.

Ce livre, devenu un classique depuis sa première édition en 1988, est d’abord une contribution à la discussion d’un des plus graves problèmes de notre temps : pourquoi, cinquante ans après la défaite du nazisme, trente ans après la décolonisation et la reconnaissance des droits civiques aux Noirs américains, le racisme est-il en progression dans le monde ? La thèse soutenue ici est qu’il ne s’agit ni d’un épisode, ni d’une survivance, ni d’un préjugé, mais d’un rapport social indissociable des structures mêmes de ce monde : le complément intérieur de l’universalisme « bourgeois ». Ce livre est ensuite un dialogue entre deux auteurs, historien et philosophe, américain et français, chacun représentant à sa façon un courant et une expérience de rencontre entre la recherche théorique et l’activité militante au cours des trente dernières années. D’un texte à l’autre, les divergences se redistribuent, les convergences se dégagent en vue de l’analyse des conflits sociaux de demain, dans l’espace de la politique-monde où la crise de la forme nation s’accompagne de la flambée du nationalisme. Enfin ce livre est une tentative pour avancer sur les questions qui ont été traditionnellement les points faibles de la conception marxiste de l’histoire, et qui peuvent devenir les points forts de sa refonte, après Braudel, après Althusser l’espace du capitalisme périphérique, l’idéologie dominante.

. François Dubet, Politiques des frontières, Paris, La Découverte, octobre 2018.

En 1989, la chute du mur de Berlin s’est accompagnée d’une plus libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises, laissant croire à l’abolition progressive des frontières. Cette chimère fut rapidement démentie par l’apparition, dans différentes régions du monde, de conflits visant à redéfinir les territoires et les souverainetés, de nouvelles affirmations nationalistes et de mouvements sociaux appelant au retour des frontières perçues comme des protections économiques, culturelles et sociales. Cet ouvrage retrace, à travers l’étude de cas particulièrement éclairants, cette évolution planétaire. Il montre ainsi comment, au sein même de l’Europe, de nombreux mouvements ont revendiqué l’instauration de nouvelles frontières après les guerres de l’ex-Yougoslavie, et de quelle manière la mondialisation et la construction européenne ont renforcé de petits territoires, les émancipant de leurs voisins. Récemment, bien des pays ont édifié des murs et fermé leurs frontières afin de se protéger de vagues migratoires vues comme dangereuses : entrons-nous dans un monde où seules les marchandises, les informations et les élites mondialisées circuleront librement ? À quoi les frontières servent-elles ? À qui profitent-elles ? À qui manquent-elles ?

. Hubert Desroche, Les trois principes de l’action stratégique, Paris, Nuvis, septembre 2018.

Ce travail explicite ce qu’il faut entendre par la concentration des forces, l’économie des moyens et la liberté d’action. En illustrant ces trois principes avec de nombreux exemples tirés de l’histoire militaire et de la vie des entreprises, Hubert Desroche nous livre ici une réflexion qui devrait être lue par tout chef militaire et tout chef d’entreprise.

. Kamba André-Marie Soubeiga, Construction et reconfigurations de l’action publique contre le sida au Burkina Faso. Acteurs, controverses et dynamiques, Paris, L’Harmattan, octobre 2018.

La construction de l’action publique contre le sida en Afrique est un processus dynamique et complexe qui met en mouvement une pluralité d’acteurs intervenant au niveau local, mais aussi des acteurs extérieurs appartenant à la sphère internationale. Ce travail propose une analyse focalisée sur les recompositions successives de l’action publique au Burkina Faso, en mettant en exergue le rôle et la participation des ONG/associations, en tant que partenaires et adjuvants de l’Etat.

. Matthias Lecoq, L’exercice du droit à la ville. De l’habitant au citoyen, Les Acacias, MetisPresses, octobre 2018.

À l’heure où l’appropriation de l’espace public fait l’objet de multiples revendications, Matthias Lecoq explore les différents rôles que revêt l’habitant dans la production de la ville et s’interroge sur le sens à donner à ses actions. Reprenant le concept du droit à la ville forgé par Henri Lefebvre il y a plus de cinquante ans, cet ouvrage se propose d’en interroger le sens politique actuel en le mettant en perspective avec la question centrale de la citoyenneté. De Madrid à Paris, en passant par Genève, Rennes et Ambilly, cet ouvrage expose des cas concrets qui tout en illustrant ce mouvement d’appropriation par les habitants, permettent de dresser le portrait du citoyen urbain d’aujourd’hui. À travers cette figure sont mis à jour certains des axes les plus passionnants de la rencontre hautement politique entre praxis de la ville et développement urbain. Par le biais d’une approche qui conjugue richesse empirique et finesse théorique, L’exercice du droit à la ville constitue un apport essentiel à l’intégration de la politique au cœur d’une activité́ citoyenne menée au quotidien.

. Christian Chavagneux, Marieke Louis, Le pouvoir des multinationales, Paris, PUF, octobre 2018.

Qu’est-ce qu’une firme multinationale ? Cette question, simple en apparence, est au cœur de nombreux débats politiques actuels, fortement polarisés, qui témoignent de la difficulté à comprendre ce que sont et font des entreprises comme Google, Apple, Facebook, Amazon (les fameuses « Gafa ») et bien d’autres. Présentées tantôt comme des havres de développement économique, tantôt comme des enfers sociaux, elles sont dans tous les cas le symptôme d’économies mondialisées, qui remettent en cause les régulations nationales. Cet ouvrage a pour ambition d’analyser les firmes multinationales comme le résultat et le moteur d’un processus économique, politique et social au cœur de la mondialisation. En croisant les travaux d’économistes, de juristes, de politistes, de sociologues et de géographes, l’enjeu est de mieux cerner les fondements de leur pouvoir et d’ouvrir des pistes de réflexion sur leur régulation.

. Claire Demesmay, Idées reçues sur l’Allemagne. Un modèle en question, Paris, Le Cavalier Bleu Éditions, octobre 2018.

Principale partenaire de la France, avec qui elle a impulsé le projet européen, l’Allemagne ne cesse de nous dérouter. Entre des milieux économiques en admiration devant le modèle allemand et de vieux démons toujours prêts à ressurgir, les clichés ne manquent pas : « Les Allemands sont trop disciplinés pour descendre dans la rue », « Les réformes du marché du travail ont accru la précarité », « L’armée allemande est en retrait », « Berlin a ouvert ses frontières aux migrants », « L’Allemagne impose sa volonté au reste de l’Europe », « L’extrême-droite est de retour en Allemagne »… À l’heure où la France et l’Allemagne tentent, ensemble et à tous les niveaux (politique, économique, sociétal), de formuler des propositions pour renforcer une Europe fragilisée, une connaissance approfondie et sans préjugés de notre ­voisin s’impose.

. Guillaume Devin, Michel Hastings, 10 concepts d’anthropologie en science politique, Paris, CNRS, octobre 2018.

Tout en ayant son identité propre, la science politique s’enrichit en permanence de ses relations avec les autres disciplines. Preuve de son universalité, nombre de ses objets ont été appréhendés par l’anthropologie. Réciproquement, le décentrement anthropologique est l’occasion de revenir aux questions les plus essentielles des sociétés humaines. Ce livre s’attache à l’apport de dix concepts-clés appartenant à l’œuvre de dix anthropologues : Geertz (la description), Douglas (l’institution), Leach (la structure), Sahlins (la culture), Godelier (l’imaginaire), Lévi-Strauss (l’échange), Van Gennep (le rite), Balandier (le changement), Clastres (le pouvoir), Girard (la violence). Cette démarche originale entend enrichir l’étude de la science politique en encourageant un réflexe d’ouverture vers l’anthropologie, et, plus généralement, vers d’autres sciences sociales.

. Hervé De Charrette, Opération Raisins de la colère. L’histoire secrète d’un succès diplomatique français, Paris, CNRS Éditions, octobre 2018.

10 avril 1996 : l’armée israélienne lance une vaste opération militaire contre le Hezbollah au Sud-Liban. Pas d’intervention militaire au sol, mais des bombardements aériens et maritimes de grande envergure, atteignant notamment un camp de l’ONU où s’étaient réfugiés de nombreux civils, dont des enfants. Nom de code : « Raisins de la colère ». 26 avril 1996 : le cessez-le-feu est déclaré grâce à l’effort de médiation de la France et de son ministre des Affaires étrangères, Hervé de Charette. Parti sur place le 15 avril avec une équipe de diplomates expérimentés, il fait pendant 13 jours la navette diplomatique entre Beyrouth, Tel-Aviv, Damas et le Caire. Dans l’histoire politique française, cette méthode, que Henry Kissinger appelait la shuttle diplomacy, n’avait pas de précédent. À travers 16 tableaux vivants, chacun conçu pour décrire un moment décisif ou analyser un aspect de la crise, Hervé de Charette fait le récit de ce succès diplomatique français, dans lequel on pourrait puiser quelques enseignements pour le présent et le futur. Témoignage historique, galerie de portraits d’hommes opiniâtres, leçon pour les étudiants en relations internationales, modèle pour les diplomates de demain : ce récit est bien plus qu’un énième ouvrage sur le conflit moyen-oriental. Il est la preuve que la France peut tenir un rôle décisif dans le maintien de la paix malgré l’indifférence de la communauté internationale pour peu que des hommes soient prêts à faire preuve de courage et de volonté.

. Hubert Desroches, Les trois principes de l’action stratégique, Paris, Nuvis, septembre 2018.

Ce travail explicite ce qu’il faut entendre par la concentration des forces, l’économie des moyens et la liberté d’action. En illustrant ces trois principes avec de nombreux exemples tirés de l’histoire militaire et de la vie des entreprises, Hubert Desroche nous livre ici une réflexion qui devrait être lue par tout chef militaire et tout chef d’entreprise.

. Jacques Attali, Histoires de la mer, Paris, Fayard, octobre 2018.

« On ne raconte jamais l’histoire des hommes vue de la mer. Et c’est pourtant là que l’essentiel se joue. C’est en lien avec la mer que se sont faites l’essentiel des innovations ayant bouleversé les sociétés humaines. C’est par la mer que circulent, depuis des millénaires, idées et marchandises. C’est en s’assurant le contrôle des océans que les empires se sont hissés au sommet de leurs ambitions. C’est quand ils perdent le contrôle des mers qu’ils déclinent. À l’avenir, c’est encore par et grâce à la mer que surgiront les plus grandes superpuissances.

L’importance de la mer devrait donc s’imposer à nous, d’autant plus qu’on commence à comprendre son rôle écologique fondamental et la gravité des menaces qui risquent de la condamner à brève échéance. Nous devrions tout mettre en œuvre pour la protéger. Pourtant, il n’en est rien. Que peut-on faire ? D’abord, raconter l’histoire de la mer depuis les premiers instants de l’univers jusqu’à après-demain, prendre conscience de son rôle dans la perpétuation de la vie et dans l’histoire de l’humanité. De ne plus être à son égard dans une attitude de consommateur, mais de partenaire, respectueux et émerveillé. »

. Jacques Attali, Comment nous protéger des prochaines crises ?,Paris, Fayard, octobre 2018.

« Plus de dix ans après la crise de 2007, rien n’est réglé. Partout, on a retardé les solutions politiques, économiques, technologiques : plus de monnaie, plus de dette, plus de procrastination, plus de promesses ! Avec l’espoir que le progrès technique, la croissance ou la Providence résoudront tout… La question n’est pas de savoir si une prochaine crise va éclater, mais quand, et quels en seront le déclencheur et le déroulement. Qu’elles soient financières, écologiques ou géopolitiques, ou qu’elles s’enchaînent par un effet de domino, ces crises trouveront leur source dans la priorité donnée au flux sur le stock, à la consommation sur l’épargne et l’investissement, au plaisir sur le patrimoine. J’en imagine ici les différents scénarios probables à court terme et leurs conséquences dévastatrices au niveau planétaire. L’heure n’est toutefois ni au pessimisme ni à la résignation, mais à l’action positive. C’est aussi l’objet de ce livre que d’aider chacun à se protéger de ces crises qui s’annoncent, et même à en tirer le meilleur. On peut avoir le sentiment que tout cela est hors de portée. Cela ne l’est pas. Cela pourrait le devenir, dans vingt ans, si l’on n’a rien fait d’ici là. Si on agit, je suis convaincu que le siècle à venir peut être prodigieux de paix, de bonheur et de sérénité pour tous. »

. Raphaëlle Nollez-Goldbach, La Cour pénale internationale, Paris, PUF, octobre 2018.

La justice pénale occupe une place centrale dans les relations internationales. La création récente de la Cour pénale internationale (CPI) et son entrée en fonction en 2002 ont marqué une étape majeure dans l’évolution de ce droit et dans la répression des crimes internationaux. En effet, la CPI est compétente pour juger, comme l’affirme son statut, « les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale », c’est-à-dire les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. Malgré les controverses – comme le récent acquittement de Jean-Pierre Bemba –, et face à des critiques de plus en plus exacerbées de la part d’États africains qui l’accusent de néocolonialisme et menacent de la quitter, la CPI a néanmoins mis fin à l’immunité des chefs d’États et a innové en matière de protection des biens culturels et historiques, ou de sanction des crimes environnementaux.

. Antoine Malo, Prisonnières, Paris, Stock, octobre 2018.

Ce livre est le récit d’un double combat. Celui d’une mère yézidie, Adoul, et de sa fille Ramia, captives de l’État islamique. Enlevées en Irak en 2014, elles ont été séparées pendant plus d’un an, pour devenir les esclaves de l’organisation et subir, sans avoir de nouvelles l’une de l’autre, la barbarie des hommes. Adoul a été vendue à de simples combattants. Ramia, alors âgée de douze ans, s’est retrouvée prisonnière des plus hauts chefs terroristes. C’est ce destin qu’elles racontent ici, l’histoire à deux voix de leur détention. Les chapitres s’enchaînent, de la mère à la fille, composant un témoignage exceptionnel où se côtoient trahison et résistance, désespoir et quête de liberté.

. Fanny Pigeaud, Ndongo Samba Sylla, L’arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc CFA, Paris, La Découverte, septembre 2018.

Lorsque ses colonies d’Afrique ont accédé à l’indépendance, à l’orée des années 1960, la France a réussi un tour de passepasse redoutable. Elle a officiellement reconnu la souveraineté politique des nouveaux États tout en gardant la mainmise sur leur économie grâce à une arme aussi puissante qu’invisible : leur système monétaire. Depuis la création en 1945 du franc des colonies françaises d’Afrique (CFA), le sigle a évolué et désigne désormais deux monnaies : celle de la « communauté financière africaine » en Afrique de l’Ouest et celle de la « coopération financière en Afrique centrale ». Mais c’est toujours Paris qui décide de la valeur externe de ces monnaies. Et la zone franc, qui assurait le contrôle économique des colonies, garantit encore à l’économie française un avantage comparatif sur le continent africain. Les auteurs décortiquent ces mécanismes monétaires et racontent comment les dirigeants français ont combattu tous ceux, experts ou dirigeants africains, qui se sont élevés contre cette servitude monétaire. Depuis quelques années, le franc CFA est également devenu l’enjeu de luttes populaires. Conscients que les questions économiques sont éminemment politiques, les citoyens africains sont de plus en plus nombreux à réclamer leur pleine souveraineté monétaire.

. Joan W. Scott, La Religion de la laïcité, Paris, Flammarion, septembre 2018.

« J’ai entrepris ce livre parce que je savais que les affirmations courantes sur la laïcité – l’idée selon laquelle elle est nécessairement synonyme d’émancipation des femmes – n’étaient tout simplement pas vraies. Ayant étudié l’histoire du genre et des femmes en France, j’étais stupéfaite d’entendre des politiques prétendre que l’égalité de genre est une valeur primordiale de la démocratie au moins depuis la Révolution française. En réalité, l’égalité de genre est absente des documents fondateurs des démocraties occidentales, même lorsque celles-ci invoquent les principes universels des Droits de l’homme. Elle n’est devenue une valeur centrale pour les politiques français que depuis le début de ce siècle, et seulement pour marquer une opposition à l’islam. C’est ce qui m’est apparu clairement en faisant des recherches sur la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État en France. »

. Maël De Calan, La tentation populiste, Paris, L’Observatoire, septembre 2018.

À droite, deux visions s’opposent. Elles sont irréconciliables. Le paysage politique est en ruine. Ce ne sont pas seulement les clivages traditionnels qui sont bouleversés, mais les règles du jeu, la façon de se comporter ou d’élaborer des propositions qui ont profondément changé. La démagogie revient en force, le débat s’éloigne chaque jour un peu plus de la raison et de la vérité, la parole publique sombre dans l’agressivité. Ces travers qui empoisonnent notre vie politique témoignent de l’essor du populisme, véritable maladie de la démocratie, qui ne marque pas le grand retour du peuple, mais sa manipulation par le mensonge. À mesure qu’il progresse, il gagne de nouveaux adeptes. Dans la classe politique, certains s’interrogent : et si c’était l’avenir ? La droite fait face à ce défi. Elle peut choisir de surfer sur la colère du peuple, en basculant comme les extrêmes dans la contestation permanente, l’incohérence et la démagogie. Ou bien faire obstacle à la vague populiste en redoublant d’exigence, de sérieux et d’éthique. Une nouvelle génération porte cet idéal. Le combat sera rude, mais c’est à son tour de rentrer dans la mêlée. Dans cet essai implacable, sous forme de signal d’alarme, Maël de Calan ne dénonce pas seulement la dérive d’une partie de sa famille politique, mais dessine les contours d’une opposition crédible, et s’affirme comme l’un des visages de la reconstruction.

. Sofia Amara, Baghdadi. Calife de la terreur, Paris, Stock, octobre 2018.

Abou Bakr al-Baghdadi est un mystère. L’homme le plus recherché du monde est-il encore vivant ? Où est-il ? Qui est-il vraiment ? Que veut léguer le calife de la terreur ? Quel sera son héritage, la marque infâme de Daech ? Il a créé un jihadistan rejoint par des combattants des quatre coins de la planète. Il a exporté son modèle de terreur jusqu’au cœur du monde libre. On lui doit les attentats qui ont ensanglanté nos villes. Mais le fantôme au turban noir, dont la tête est mise à prix 25 millions de dollars, reste introuvable. Dans cette enquête périlleuse, qui se lit comme une traque à l’homme, Sofia Amara lève une partie du voile. Dans les prisons, auprès de ses proches et sur la ligne de front, dans les ruelles poussiéreuses et les mosquées, grâce aux archives secrètes aussi, l’auteure a rassemblé les pièces du puzzle. Voici enfin Baghdadi mis à nu ! Son enfance sous la dictature irakienne, ses études médiocres, sa passion pour le football, sa vie privée partagée entre rigorisme et appétit débridé pour les esclaves sexuelles, ses méthodes d’endoctrinement : Sofia Amara nous fait pénétrer dans le cerveau qui a inventé Daech.

. Yang Liu, Jinshan. Une ville nouvelle dans la métropole de Shanghai, Rennes, PUR, octobre 2018.

Jinshan peut être considérée comme une ville trois fois nouvelle, recréée successivement, d’abord à sa création en 1386 dans l’objectif de renforcer le système défensif national, puis en tant que ville satellite en 1972, et enfin comme ville nouvelle depuis la fin des années 1990. Cette évolution se produit non seulement à l’échelle locale et dans les espaces internes des villes satellites ou des villes nouvelles, mais aussi plus largement aux échelles municipale et régionale. Cette recherche s’intéresse à la forme urbaine et s’est enrichie d’un questionnement sur la mixité fonctionnelle, un facteur clé pour interpréter les phénomènes urbains apparus dans la fabrication des villes nouvelles chinoises.

. André Mondoux , Marc Ménard, Big Data et société. Industrialisation des médiations symboliques, Québec, PUQ, septembre 2018.

Le Big Data (ou mégadonnées) suscite des discours porteurs de visions économiques prometteuses : efficience du micro ciblage, meilleurs rendements par gestion prédictive, algorithmes et intelligence artificielle, villes intelligentes… bref, toute une économie des données qui trouverait son achèvement véritable dans une créativité enfin libérée de tout joug disciplinaire, idéologique et politique. L’éclatement des individualités « émancipées » sonde le « social » tel qu’il est porté par ces discours de promotion. En effet, force est de constater que le social est relativement absent, pour l’instant, des réflexions que l’on présente comme névralgiques pour un avenir meilleur. Ce phénomène soulève d’importantes et préoccupantes questions, que ce soit concernant l’intégrité de la vie privée face à la marchandisation des données personnelles, les dynamiques – économiquement productives – de la surveillance corporative, les rapports de pouvoir induits par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), les pièges du temps réel ou encore la dynamique « algorithmique » et sa tendance à suppléer les lois (le politique) par les faits (le réel enfin rendu indéniable grâce aux données quantifiables).Ce premier ouvrage collectif du Groupe de recherche sur l’information et la surveillance au quotidien (GRISQ) envisage le Big Data comme producteur d’effets en même temps que produit de dynamiques sociales. Il intéressera les étudiants et les chercheurs du domaine de la communication qui s’interrogent sur le vaste univers des mégadonnées.

. Benoît Pelopidas, Frédéric Ramel, L’Enjeu mondial. Guerres et conflits armés au XXIe siècle, Paris, Les Presses Sciences Po, octobre 2018.

La course aux armements a repris de plus belle, la surenchère nucléaire se poursuit, les interventions militaires et attentats terroristes se multiplient, la technicisation des combats va croissant, le dérèglement climatique fait entrevoir l’imminence d’une guerre contre la nature… Et pourtant, nous restons convaincus de vivre l’âge le plus pacifique de l’histoire de l’humanité. Nous continuons de croire aux promesses, formulées avec la fin de la guerre froide, d’un monde totalement apaisé. L’Enjeu mondial revient sur les grandes interprétations du fait guerrier, qu’elles privilégient la disparition des affrontements interétatiques, la normalisation à travers le prolongement sans fin des états d’urgence ou la transformation des modes et des espaces de combat. À l’aide de panoramas illustrés et chiffrés, de cartographies, d’entretiens et de débats avec les meilleurs spécialistes francophones et anglophones, il s’ouvre aux dernières avancées de la recherche sur la conflictualité, qui ont permis à la fois de renouveler les instruments de mesure et les concepts, de comprendre ce qui cause la guerre et ce qui aide à la contenir.

. Jacques Binoche, L’Algérie et sa représentation parlementaire 1848-1962, Paris, L’Harmattan, septembre 2018.

L’institution parlementaire algérienne a suivi l’histoire de la République en France. Elle a commencé sous la Révolution de 1848 et s’est poursuivie sous toutes les Républiques, à l’exclusion du Second Empire et du Gouvernement de Vichy. C’est ce qui a donné aux parlementaires de l’Algérie un réel esprit d’attachement aux institutions démocratiques françaises. Après la 2è Guerre mondiale arrivent les premiers parlementaires algériens musulmans à l’Assemblée nationale et en 1958, 71 députés de l’Algérie arrivent au Palais Bourbon. La représentation de l’Algérie au Parlement français appartient aujourd’hui à l’histoire ; c’est une page supplémentaire du passé franco-algérien.

. Jacques Semelin, La survie des juifs en France 1940-1944, CNRS Éditions, Paris, octobre 2018.

Comment et pourquoi 75 % des juifs ont-ils échappé à la mort en France sous l’Occupation, en dépit du plan d’extermination nazi et de la collaboration du régime de Vichy ? Comment expliquer ce taux de survie inédit en Europe, dont les Français ont encore peu conscience ?
Jacques Semelin porte un regard neuf et à hauteur d’hommes sur les tactiques et les ruses du quotidien qui ont permis aux persécutés d’échapper aux rafles et déportations. Au-delà du contexte international et des facteurs géographiques, politiques, culturels, il montre que les juifs ont trouvé en France un tissu social complice pour les aider, surtout à partir de l’été 1942, malgré l’antisémitisme et la délation. Entre arrestations et déportations d’une part, gestes d’entraide et pratiques de solidarité d’autre part, ce livre est tout sauf une histoire édulcorée des quelque 220 000 juifs toujours en vie en France à la fin de l’Occupation. C’est une histoire au plus près des réalités quotidiennes des persécutés juifs, français et étrangers, illustrée par les trajectoires d’individus ou de familles, dont le lecteur suit l’évolution de l’avant-guerre aux années noires.

. Michel Bruneau, L’Eurasie. Continent, empire, idéologie ou projet, Paris, CNRS Éditions, octobre 2018.

Sillonnée par nombre d’aventuriers, de Marco Polo à Nicolas Bouvier, l’Eurasie a toujours fasciné. Elle reste néanmoins difficile à cerner et à définir, tant géographes, historiens ou politologues se sont peu référés à cet espace. Vaste continent courant de l’Extrême-Orient à l’Europe, sur lequel se sont juxtaposés des empires, il est surtout connu pour ses Routes de la soie et sa Route des épices qui le reliaient d’une extrémité à l’autre. Mais celles-ci n’ont jamais unifié cet espace, et n’ont permis sur le continent que des échanges limités de biens, d’idées et de techniques. Puis la généralisation de l’État-nation au XXe siècle a accentué sa fragmentation et les zones de conflits se sont multipliées aux marges des anciens empires devenus grandes puissances. Il a fallu attendre l’idéologie eurasiste, puis, au XXIe siècle, le projet russe d’Union économique eurasiatique d’une part, et chinois des « nouvelles Routes de la soie » d’autre part, pour que se modifie notre façon de considérer ce continent. Car ces nouveaux corridors, continentaux ou maritimes, aménagés ou en projet, font l’Eurasie et sont susceptibles de donner à l’avenir plus de cohésion à cet espace qui couvre 1/3 de la superficie de notre planète et compte plus de 60 % de la population mondiale.
Un ouvrage ambitieux et original qui s’attache à ce qui a été trop longtemps un impensé de l’histoire et de la géographie.

. Michèle Cointet, Les françaises dans la guerre et l’Occupation, Paris, Fayard, septembre 2018.

Les dirigeants de Vichy n’ont réussi à imposer inaction et silence qu’à leurs propres femmes. Car jamais, dans leur histoire, les Françaises ne se sont autant engagées que pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans ce bel essai, Michèle Cointet dresse le portrait de cette France au féminin, des collaborationnistes et familières du pouvoir, telles la Maréchale ou Josée Laval, aux résistantes et déportées. En suivant les destins des nombreuses volontaires de la France libre, des chefs de la Résistance, Berty Albrecht ou Marie-Madeleine Fourcade, et des petites mains, l’auteur restitue les formes multiples de l’engagement des femmes dans la guerre. Car si les convictions politiques en étaient parfois le moteur, il fut souvent le fait d’une éducation patriotique et d’une éthique. Une dimension que l’on retrouve dans la difficile question de la déportation féminine. Autant de questions renouvelées par le regard d’une historienne avertie des réalités de la société française et qui éclaire d’une manière inédite l’histoire des femmes jusque dans l’après-guerre. La voie de leur intégration à la vie politique était en effet ouverte.

. Yascha Mounk, Le peuple contre la démocratie, Paris, L’Observatoire, septembre 2018.

Traduit dans le monde entier et enfin publié en France, le nouveau livre du jeune politologue Yascha Mounk, professeur à Harvard, explique avec clarté pourquoi le libéralisme et la démocratie sont aujourd’hui en plein divorce. Se basant sur de nombreux sondages, reportages et recherches inédites, il nous propose un nouveau modèle pour éclairer et appréhender la période politique complexe que nous traversons, pointant la nécessité d’un nationalisme contrôlé et de réformes radicales. Une contribution essentielle pour comprendre pourquoi notre liberté est en danger et comment la sauver.

. Cyrille Bret, Qu’est-ce que le terrorisme ?, éd. Vrin, 2018

Dominées par l’émotion et submergées par la souffrance, les discussions actuelles sur le terrorisme laissent peu de place à l’analyse philosophique. Pourtant, le terrorisme soulève des défis intellectuels considérables.

Que répondre à ceux qui déclarent doctement que le « terrorisme » est une question de point de vue car « le terroriste de l’un est le résistant de l’autre » selon la maxime relativiste bien connue ? Que dire à ceux qui soutiennent que le l’État est le premier terroriste et que les mouvements terroristes sont toujours des répliques à un terrorisme d’État ? Quelles méthodes adopter en démocratie pour lutter efficacement contre le terrorisme sans se renier ?

Malgré l’effroi suscité par les attentats et en dépit de l’urgence de la lutte anti-terroriste, il faut prendre le temps de l’argumentation philosophique pour répondre au mieux à ces questions. Il en va de la solidité des sociétés que les tactiques terroristes essaient d’ébranler.

Cyrille Bret, ancien élève de l’école normale supérieure et de l’école nationale d’administration, agrégé et docteur en philosophie, enseigne la philosophie à l’institut d’études politiques de Paris (Sciences po).

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. Philippe Subra, Géopolitique de l’aménagement du territoire, Paris, Armand Colin, août 2018.

ZAD de Sivens et Notre-Dame-des-Landes, menaces sur les petites lignes ferroviaires, contestation des parcs d’éoliennes, du projet Europacity au nord de Paris ou de celui de la Ferme des 1 000 Vaches dans la Somme… les conflits autour des questions d’aménagement du territoire n’ont cessé de se multiplier ces dernières années, illustrant la crise profonde que traverse le modèle français. Une crise économique, urbaine, sociale, culturelle, et, surtout, géopolitique. L’emploi du terme peut surprendre, car il est le plus souvent associé à des conflits entre États ou entre groupes ethniques. Ici pas de massacres ou d’armées en mouvement, mais des manifestations et du lobbying. Les acteurs sont différents – élus locaux, entreprises, chambres de commerce, administrations, associations –, mais les rivalités qui les opposent portent elles aussi sur des territoires. Chaque conflit, chaque débat sur un projet ou une politique d’aménagement est ainsi l’occasion de rediscuter de l’intérêt général. Comment intégrer les nouvelles aspirations de la société, l’apparition de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques, comme la concertation, pour renforcer l’efficacité de l’action publique ? C’est à l’exploration de cette question qu’est consacrée la nouvelle édition de cet ouvrage.

. Alain Lefebvre, Macron le Suédois, Paris, PUF, septembre 2018.

Code du travail, formation professionnelle, assurance-chômage, apprentissage, chemins de fer, prisons ou retraites, les réformes sociales engagées par le président Macron ont un point commun : elles sont toutes à des degrés divers d’inspiration nordique – une originalité dans l’histoire politique française. Mais les équipes du président connaissent-elles vraiment les systèmes nordiques, les raisons de leur réussite et leurs limites ? C’est tout l’enjeu du quinquennat, et ce livre est une invitation au voyage dans les pays du Nord (en particulier en Suède) pour découvrir la manière dont les questions économiques et sociales y ont été abordées. Les réformes du président peuvent-elles aboutir ? La fameuse flexisécurité nordique est-elle la solution à nos problèmes économiques ? Les trains peuvent-ils mieux fonctionner après mise en concurrence des chemins de fer ? Que valent les prisons ouvertes ? Qui va bénéficier de la réforme des retraites, ou en souffrir ? Un livre essentiel pour découvrir où Emmanuel Macron nous emmène et ce qui nous attend dans les années qui viennent.

. Antoine Glaser, Thomas Hofnung, Nos chers espions en Afrique, Paris, Fayard, septembre 2018.

« Nos chers espions » sont de retour en Afrique ! Partout à la manœuvre, dans le désert avec les Touaregs comme dans les bureaux officiels des capitales, ils orientent discrètement la nouvelle politique africaine qu’entend mener la France. Mais dans l’Afrique mondialisée du xxi siècle, nos agents secrets ne sont plus à la fête : Israéliens, Chinois ou Russes leur livrent une féroce concurrence auprès de présidents africains à bout de souffle, avides de renseignements stratégiques pour se maintenir au pouvoir. Antoine Glaser et Thomas Hofnung révèlent ici les échanges étonnants entre dirigeants africains et agents français, font parler des ex-espions passés dans le privé – plutôt silencieux d’habitude – et expliquent comment les guerres entre services parisiens ont parfois de terribles conséquences sur le terrain. Sur un continent très convoité pour ses matières premières et son potentiel humain, nos « chers espions » défendent ce qui reste des intérêts tricolores. Toujours dans l’ombre, ils tentent de garder la main sur notre ancien pré carré africain dans lequel le dossier le plus anodin est souvent classé « confidentiel défense ».

. Florian Louis, Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain, Paris, PUF, septembre 2018.

Le monde dans sa totalité, du début du XXe siècle à nos jours. Aussi vaste que stimulant, le programme d’Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain professe une ambition à la hauteur de son sujet : rendre compte de l’ensemble des enjeux géopolitiques du monde actuel. Parce que la réussite dans une pareille matière est autant affaire de savoirs que de savoir-faire, le présent ouvrage, conçu par une équipe d’enseignants en classes préparatoires chevronnés, permet d’acquérir tant les connaissances que la maîtrise des raisonnements attendus par les jurys. Au fil des deux années de classe préparatoire, il fera office de compagnon pour approfondir le cours au fur et à mesure qu’il sera traité par le professeur. À l’approche des concours, il servira à revoir le programme d’une seule traite.

. Gérard Lévy, Odile Pinson, Découverte Du Français. Leçons de FLE pour migrants et débutants, Paris, L’Harmattan, août 2018.

Cet ouvrage répond au besoin urgent de communiquer dans la vie quotidienne, afin d’éviter le repli sur soi des migrants et des réfugiés. Il favorise l’expression orale de l’apprenant et sa compréhension du français courant. Le contenu de ce support, expérimenté pendant deux ans auprès de migrants, prolonge deux autres livres parus aux éditions l’Harmattan : "Lire et écrire pour s’insérer en France", d’Odile Pinson, et "Migrants et réfugiés en France", de Gérard Lévy.

. Jean Clair Matondo, Congo. Toujours les mêmes, Paris, L’Harmattan, septembre 2018.

L’auteur dénonce dans cet ouvrage le pouvoir de Denis Sassou-Nguesso, au pouvoir depuis le 5 février 1979, à l’exception d’un bref interlude de 5 ans. Dictature, corruption, népotisme caractérisent ce régime, tandis que la crise s’aggrave, que l’ombre de la guerre civile approche et que les besoins de la population augmentent.

. Liss Kihindou, Des Migrations Au Métissage. Suivi de L’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique, Paris, L’Harmattan, septembre 2018.

Pour qui s’intéresse au vivre ensemble et à la littérature africaine, ces deux conférences soulignent les manifestations du métissage dans les œuvres d’auteurs africains. Au-delà de l’intérêt porté à l’évolution du statut de la femme dans la société africaine, la seconde conférence est une invitation à découvrir ou redécouvrir les lettres africaines à travers 25 auteurs. Liss Kihindou, née au Congo-Brazzaville, publie parallèlement à son travail d’enseignante des textes critiques, narratifs et poétiques. Des migrations au métissage, suivi de L’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique est son huitième livre.

. Gérard-François Dumont, Géographie des populations. Concepts, dynamiques, prospectives, Paris, Armand Colin, 2018 .

Depuis le début du XXIe siècle, quatre grandes tendances démographiques s’observent à l’échelle mondiale   la généralisation de la transition démographique, la mondialisation des migrations, la montée de l’urbanisation, le vieillissement de la population   et l’idée d’une évolution homogène et convergente des populations semble s’imposer.

Pourtant, derrière la réalité incontestable de ces quatre processus, des analyses pré-cises montrent qu’il n’en est rien. Leur déploiement est non seulement varié selon les territoires, mais il connaît également une forte diversification géographique en fonction de leurs intensités et de leurs calendriers. Si bien que, contrairement aux idées reçues, il n’y a aucune convergence démographique selon les pays, ni donc de mondialisation en démographie. Les études prospectives laissent même entrevoir des divergences accrues.

Pour le démontrer, cet ouvrage propose une étude fine et totalement renouvelée de la géographie des populations du monde, en expliquant clairement les grands concepts, en analysant les dynamiques locales et en présentant les scénarios du futur.

Un ouvrage assorti de nombreuses figures originales et d’un cahier cartographique présentant les grands indicateurs à l’échelle mondiale.

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. François Géré, Lars Wedin, L’Homme, la Politique et la Guerre, éd. Nuvis, 2018

Un livre au cours duquel Lars Wedin et François Géré examinent minutieusement, loin des idées reçues et des modes bien pensantes, la guerre et la stratégie dans leur relation à la politique au XXIè siècle.

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. Alexis Bautzmann (dir.), Atlas géopolitique mondial, édition 2019, Paris, éd. du Rocher, septembre 2018.

Avec près de 250 cartes et graphiques couvrant les cinq continents, l’Atlas géopolitique mondial 2019 constitue un outil d’analyse et de compréhension sans équivalent dont le contenu est intégralement renouvelé chaque année. Les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran ont marqué l’année écoulée – justifiant un chapitre spécifique sur le golfe Persique – dans un Moyen-Orient déjà déstabilisé par la guerre en Syrie. Les experts de cet ouvrage n’oublient pas les grands enjeux sur les autres continents, ainsi que ceux de la planète avec un regard pédagogique et géopolitique neuf. Une place particulière est réservée à la mémoire, tant 2018 a été l’année de commémorations importantes. Ainsi, rien de ce qui rend le monde complexe et passionnant ne vous sera désormais totalement étranger.

. Bénédicte Chéron, Le soldat méconnu. Les Français et leurs armées : état des lieux, Paris, Armand Colin, septembre 2018.

Depuis quelques années déjà, toutes les enquêtes d’opinion montrent que les armées bénéficient en France d’une image très positive. Avec les attaques terroristes de 2015, le fait miliaire est redevenu, de manière encore plus nette, un élément central de la vie sociale et politique française.
Et pourtant, les Français connaissent mal leurs armées. Leur mémoire reste affectée par les souvenirs douloureux des conflits du XXe siècle. Dans le même temps, l’éloignement géographique et temporel de la guerre a rendu moins compréhensible ce que vivent ceux qui choisissent de servir la France par les armes. Les « valeurs militaires » ont le vent en poupe, mais elles sont souvent brandies sans être vraiment définies. Les Français perçoivent mieux l’utilité des opérations extérieures dans le contexte de la menace terroriste, mais la mort des soldats ébranle facilement leur soutien. Le consensus sur le besoin de consacrer des moyens aux armées s’est généralisé, mais les relations entre les politiques et les militaires demeurent sujettes à des tensions récurrentes.
Cette nouvelle donne paradoxale rend nécessaire un état des lieux précis des relations complexes entre la société française et ses armées qui ne peuvent être comprises sans tenir compte du temps long de l’histoire.

. Thierry Balzacq, Frédéric Charillon, Frédéric Ramel, Manuel de diplomatie, Paris, Les Presses SciencesPo, septembre 2018.

La pratique diplomatique a connu plusieurs mutations majeures : elle n’est plus l’apanage de l’État et de ses agents, elle use d’instruments d’une technicité croissante, elle investit de nouveaux territoires de négociation. Ces changements ont suscité un regain d’intérêt pour l’analyse de la scène diplomatique par de nombreuses disciplines, de la science politique des relations internationales à l’histoire, en passant par la sociologie.
Premier Manuel de diplomatie en langue française, cet ouvrage aborde toutes les dimensions de l’institution diplomatique au XXIe siècle, en la situant dans son évolution historique et en présentant ses aspects classiques comme ses nouvelles formes d’expression.
Le livre s’organise en trois parties :
. vecteurs : bilatéralisme, multilatéralisme, négociation et médiation, nouvelles technologies de l’information et de la communication, diplomaties de clubs et de groupes, paradiplomatie, rituels et protocole ;
. acteurs : État, organisations intergouvernementales, régions (sub- et supra-étatiques), parlements et collectivités territoriales, individus ;
. secteurs : culture, entertainment, environnement, économie et entreprise, expertise, défense et humanitaire.

. Hugo Billard, Alain Nonjon (coord.), Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain, Prépas ECS 1ère année, 3e édition mise à jour, Paris, Ellipses, septembre 2018.

Pour donner de l’épaisseur à ce nouveau programme ambitieux mais exaltant, les auteurs de cet ouvrage ont décidé de donner aux étudiants des moyens proportionnés à ces ambitions :
Un unique volume qui couvre tout le programme, de façon synthétique… mais offrant un cours complet. Une équipe d’enseignants rodés au terrain de la préparation et à la mise en avant des problématiques (trois ou quatre par chapitre). Une maquette simple, axée sur ce qu’il faut retenir, ce dont il faut débattre, ce qu’il faut hiérarchiser dans le temps (des chronologies épurées), ce qui doit être évalué (chiffres clés), ce qui doit bien s’énoncer (lexique en fin d’ouvrage). Un souci constant de déboucher sur une réflexion originale éloignée des clichés, avec un rappel en fin de chapitre des idées reçues débattues. Des bibliographies commentées et ciblées : un ouvrage indispensable décrypté, des livres, des sites, des films… Une préparation explicite aux quatre types d’exercices demandés aux candidats : des cartes croquis de synthèse conformes aux exigences des concours, des cartes commentées, des dissertations et des questions d’oral… rédigées et structurées.

. Paul Arnoud et Laurent Simon (dir.), Géographie des environnements, coll. Major, Paris, Belin éducation, 2018.

Outil indispensable des étudiants travaillant sur les questions environnementales, cet ouvrage propose un panorama concret et scientifique des environnements géographiques caractéristiques de notre monde contemporain. Une grille de lecture multidisciplinaire. Du fleuve Tana aux Grandes Plaines américaines, en passant par le littoral de la Côte d’Azur (parmi de nombreux autres cas d’étude), chaque environnement est ici analysé sous les différents aspects de son identité territoriale : caractéristiques morphologiques ou physiques, dimensions politiques ou sociales, etc.
Et c’est toute l’originalité du regard des 19 chercheurs géographes réunis dans cet ouvrage qui nous amène à une compréhension fine et inédite de la question environnementale.

. Bruno Cabanes, Thomas Dodman, Hervé Mazurel, Gene Tempest, Jean-Louis Schlegel, Une histoire de la guerre. Du XIXe siècle à nos jours, Paris, Seuil, août 2018.

Voici une histoire de la guerre, dans tous ses aspects et toutes ses dimensions, depuis l’essor des États-nations au début du XIXe siècle jusqu’à la quasi-disparition actuelle des affrontements interétatiques. En deux siècles et demi, l’expérience concrète de la guerre a profondément changé : fin des batailles traditionnelles, utilisation d’armes de plus en plus meurtrières, mobilisation des fronts intérieurs, y compris parfois les femmes et les enfants. À mesure où disparaissaient les frontières entre combattants et non-combattants, les civils sont devenus des cibles à part entière des bombardements, blocus, massacres, génocides et épurations ethniques.
Sans négliger la stratégie et les chefs de guerre, cet ouvrage explore à parts égales le front et l’arrière, les conflits et leur impact sur les sociétés et l’environnement, la mobilisation des institutions politiques et militaires, de l’économie, des affects et des croyances, ou encore les violences sur les corps et les esprits, en proposant de grandes traversées thématiques de longue durée. Réunis pour la première fois en un seul volume, les meilleurs spécialistes du phénomène guerrier – historiens, historiens de l’art, anthropologues, sociologues ou politistes de huit pays différents – offrent une synthèse sans équivalent, largement ouverte sur le monde, qui fait aussi écho aux questionnements de notre époque : enjeux humanitaires des mouvements de réfugiés, débats éthiques sur les guerres irrégulières et l’utilisation des drones, poussée du terrorisme.

. Gaïdz Minassian, Zones grises. Quand les états perdent le contrôle, Paris, CNRS Editions, septembre 2018.

« Espaces de dérégulation sociale, où les institutions centrales ne parviennent pas à affirmer leur domination, laquelle est assurée par des micro-autorités alternatives » : les zones grises se répandent partout sur la planète, déstabilisent les forces en présence et réveillent les tambours de la guerre. Zones de non-droit ou contrôlées par les mafias, elles sont situées quelque part à la lisière du légal et de l’illégal. Mues par une volonté politique contre le pouvoir en place, ou une volonté économique avec la criminalité organisée, elles semblent annoncer le chaos. Pourtant elles interrogent aussi, à juste titre, notre conception de l’État, les critères de l’autorité légitime et le système international tel qu’il est organisé. Les États seraient-ils d’ailleurs responsables de leur prolifération ? Autant de problématiques abordées dans ce livre qui, pour la première fois, croise une réflexion approfondie sur la notion même de zone grise et des analyses de cas concrets, depuis la zone contrôlée par les FARC en Colombie jusqu’à nos banlieues françaises.

. Gildas Leprince, Mister Geopolitix explore les grands enjeux du monde actuel, Paris, Armand Colin, octobre 2018.

À qui appartient la mer ? Quels sont les pays les plus corrompus ? Où se trouvent les réfugiés ? Y a-t-il encore des esclaves ? Quels pays partent à la conquête de l’espace ?
Mister Geopolitix, globe-trotteur infatigable et youtubeur, vous embarque dans son tour du monde. Grâce à ce livre illustré de cartes et de graphiques, de photos prises par l’auteur pendant ses voyages, de chiffres et d’infos insolites, la géopolitique devient accessible et passionnante ! Après des études sur les pays en développement, Gildas Leprince a réalisé le tour de la Méditerranée en solitaire et a tourné des reportages dans plus de 16 pays. En 2016, il fonde la chaîne YouTube Mister Geopolitix pour continuer à partager sur les sujets qui le passionnent.

. Anaheed Al-Hardan, Palestinians in Syria. Nakba Memories of Shattered Communities, Columbia, Columbia University Press, octobre 2018.

One hundred thousand Palestinians fled to Syria after being expelled from Palestine upon the establishment of the state of Israel in 1948. Integrating into Syrian society over time, their experience stands in stark contrast to the plight of Palestinian refugees in other Arab countries, leading to different ways through which to understand the 1948 Nakba, or catastrophe, in their popular memory. Conducting interviews with first-, second-, and third-generation members of Syria’s Palestinian community, Anaheed Al-Hardan follows the evolution of the Nakba—the central signifier of the Palestinian refugee past and present—in Arab intellectual discourses, Syria’s Palestinian politics, and the community’s memorialization. Al-Hardan’s sophisticated research sheds light on the enduring relevance of the Nakba among the communities it helped create, while challenging the nationalist and patriotic idea that memories of the Nakba are static and universally shared among Palestinians. Her study also critically tracks the Nakba’s changing meaning in light of Syria’s twenty-first-century civil war.

. Jean-François Colosimo, La malédiction des chrétiens d’orient, Paris, Fayard, septembre 2018.

Le christianisme va-t-il mourir sur les lieux qui l’ont vu naître ? Les chrétiens d’Orient sont-ils condamnés à disparaître ? Les images de leur tragédie nous émeuvent, mais que savons-nous vraiment d’eux ? D’Istanbul au Caire, en passant par Bagdad, Beyrouth, Damas, Jérusalem et l’Arménie, l’Iran, ce livre raconte leur passé glorieux pour expliquer leur terrible présent. Comment ont vécu hier et survivent aujourd’hui ces passeurs des premières civilisations de l’écriture, du monde de la Bible, de l’avènement de l’Église, de l’apparition du Coran et du conflit millénaire entre l’Occident et l’Islam. Et pourquoi, à l’heure du choc entre les empires et les fanatismes, ces médiateurs sont les sacrifiés de la mondialisation. Ce voyage spirituel et humain à travers vingt siècles d’histoire montre que notre abandon des chrétiens d’Orient signerait notre suicide moral.

. Laurent Bonelli, Fabien Carrié, La Fabrique de la radicalité. Une sociologie des jeunes djihadistes français, Paris, Seuil, septembre 2018.

L’inquiétude produite par les attentats récents et par le départ de centaines de jeunes vers la Syrie a suscité un déferlement d’analyses, dont le caractère foisonnant masque l’absence quasi complète de données à grande échelle sur ceux qui épousent la cause djihadiste. C’est cette lacune que vient combler cette enquête, la plus fouillée à ce jour sur le sujet. Fondée sur l’étude systématique de 133 dossiers judiciaires de mineurs poursuivis pour des affaires de terrorisme ou signalés pour « radicalisation », elle permet d’appréhender la manière dont les situations familiales, les relations avec les institutions, les cursus scolaires ou la socialisation entre pairs façonnent les appropriations de l’idéologie djihadiste. L’enquête révèle ainsi des types de radicalité différents, de la rébellion contre les familles ou les institutions à un engagement pour faire advenir une nouvelle utopie politique et religieuse. À rebours des clichés sur les « délinquants terroristes », cet engagement peut aussi concerner des jeunes issus de familles stables, doués à l’école et sans passé judiciaire. De façon troublante, c’est aussi le rôle que les réponses institutionnelles peuvent parfois jouer dans les passages à l’acte que ce travail capital met au jour.

. Pierre Rosanvallon, Notre histoire intellectuelle et politique 1968-2018, Paris, Les Livres du nouveau monde, août 2018.

Comment les enthousiasmes de Mai 68 ont-ils cédé le pas au désarroi des années 1980 et 1990 puis au fatalisme qui, depuis les années 2000, barre notre horizon politique et intellectuel ? Pourquoi la gauche s’est-elle enlisée dans un réalisme d’impuissance ou dans des radicalités de posture, au point de laisser le souverainisme républicain et le national-populisme conquérir les esprits ? Pierre Rosanvallon se confronte ici à ces questions d’une double manière. En tant qu’historien des idées et philosophe politique, il s’attache à réinscrire les cinquante dernières années dans l’histoire longue du projet moderne d’émancipation, avec ses réalisations, ses promesses non tenues et ses régressions. Mais c’est également en tant qu’acteur et témoin qu’il aborde la lecture rétrospective de la séquence dont Mai 68 a symbolisé l’amorce. Son itinéraire personnel, les entreprises intellectuelles et politiques qui l’ont jalonné et les personnalités qui l’ont accompagné renvoient plus largement à l’histoire de la deuxième gauche, avec laquelle sa trajectoire s’est pratiquement confondue, et, au-delà, à celle de la gauche en général, dont l’agonie actuelle vient de loin. À travers le retour sincère et lucide sur son cheminement, avec ses idées forces et ses doutes, ses perplexités et ses aveuglements, c’est une histoire politique et intellectuelle du présent que Pierre Rosanvallon retrace, dans des termes qui conduisent à esquisser de nouvelles perspectives à l’idéal d’émancipation.

. Reza Zia-Ebrahimi, The Emergence of Iranian Nationalism. Race and the Politics of Dislocation, Columbia, Columbia University Press, octobre 2018.

Reza Zia-Ebrahimi revisits the work of Fath ?ali Akhundzadeh and Mirza Aqa Khan Kermani, two Qajar-era intellectuals who founded modern Iranian nationalism. In their efforts to make sense of a difficult historical situation, these thinkers advanced an appealing ideology Zia-Ebrahimi calls "dislocative nationalism," in which pre-Islamic Iran is cast as a golden age, Islam is reinterpreted as an alien religion, and Arabs become implacable others. Dislodging Iran from its empirical reality and tying it to Europe and the Aryan race, this ideology remains the most politically potent form of identity in Iran. Akhundzadeh and Kermani’s nationalist reading of Iranian history has been drilled into the minds of Iranians since its adoption by the Pahlavi state in the early twentieth century. Spread through mass schooling, historical narratives, and official statements of support, their ideological perspective has come to define Iranian culture and domestic and foreign policy. Zia-Ebrahimi follows the development of dislocative nationalism through a range of cultural and historical materials, and he captures its incorporation of European ideas about Iranian history, the Aryan race, and a primordial nation. His work emphasizes the agency of Iranian intellectuals in translating European ideas for Iranian audiences, impressing Western conceptions of race onto Iranian identity.

. Hugo Billard, Mon atlas de prépa. 80 thèmes pour réussir les concours, Paris, Autrement, septembre 2018.

Cartographie : Hugues Piolet
Tout le programme en 200 cartes
1. La France, l’Europe et le monde de 1815 à 1945.
2. La France depuis 1945.
3. L’Europe et le monde depuis 1945.
4. Géopolitique des continents : Europe, Afrique, Proche et Moyen-Orient, Amériques, Asie.
5. Mondialisation et enjeux actuels.

. Marie-Françoise Durand, Mélanie Albaret, Delphine Alles, Philippe Copinschi, Lucile Maertens, Delphine Placidi-Frot, Atlas espace mondial 2018, Paris, Sciences Po Les Presses, août 2018.

Regarder le monde comme un espace mobile et fluide. S’émanciper de l’idée d’une scène internationale orchestrée par les seuls États. Sortir des figures classiques de l’ennemi, de la frontière, des identités exclusives. Montrer tous les acteurs des échanges internationaux, qu’ils soient publics ou privés, individuels ou collectifs, politiques, économiques ou sociaux, locaux, nationaux, régionaux ou mondiaux. Représenter les innombrables interdépendances et enchevêtrements de nos histoires, autant que les désordres et les dysfonctionnements d’un monde pluriel.

. Maurice Vaïsse (dir.), Diplomatie française. Outils et acteurs depuis 1980.
Préface de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Paris, éd. Odile Jacob, août 2018.

Les relations internationales ont connu ces dernières décennies d’importants bouleversements. Comment la diplomatie française s’adapte-t-elle à ce nouvel ordre du monde, alors même qu’elle dispose de l’un des trois premiers réseaux de postes diplomatiques ?

Elle a ainsi subi des réformes sans précédent, que ce soit dans son organisation ou dans son action, comme aussi dans le choix des hommes et des carrières. Plus que tout autre, le Quai d’Orsay a été touché par ces transformations.

À travers sa politique extérieure, à travers le ministère des Affaires étrangères, c’est le visage même de la France du XXIe siècle qui se dessine.

L’ambition de ce livre est de nous en tracer les contours et de nous en restituer l’histoire. C’est au cœur de la Ve République que nous sommes ainsi conduits. Car, si les diplomates continuent à jouer un rôle essentiel de représentation, d’information et de coordination de l’action extérieure de la France, la négociation et la prise de décision sont de plus en plus l’apanage de l’Élysée.

Voici donc le portrait saisissant du nouveau Quai d’Orsay, de son évolution passée et de ses perspectives à venir, et du futur qu’il ouvre aujourd’hui pour la France dans le monde.

Ouvrage dirigé par Maurice Vaïsse, professeur émérite d’histoire des relations internationales à Sciences Po.

avec la collaboration de Louis Amigues (ancien ambassadeur), Denis Bauchard (ancien ambassadeur), Frédéric Charillon (professeur de sciences politiques), Marie-Christine Kessler (directrice de recherches émérite au CNRS), Dephine Lagrange (maître de conférences en sciences politiques), Isabelle Richefort (conservateur général du patrimoine aux Archives diplomatiques), ainsi que d’une quarantaine d’auteurs, de diplomates, de conservateurs d’archives, de hauts fonctionnaires, d’historiens et de politologues.

. Antoine Tine, La Cité Métisse. L’Afrique à l’épreuve du pluralisme politique, Paris, L’Harmattan août 2018.

Dans la pensée politique contemporaine, la question de la démocratie pluraliste soulève le problème des rapports entre l’un et le multiple, entre l’absolu et le relatif, entre les ruses de la logique unitaire et les conflits des opinions contradictoires. La vie en cité n’est pas monolithique et statique, mais pluraliste et mouvante. Penser la cité, c’est penser la pluralité et faire l’éloge du métissage. La cité plurielle est une "cité métisse", au sens senghorien du mot.

. Céline Jurgensen et Dominique Mongin (dir.), préface de Florence Parly, ministre des Armées, Paris, Odile Jacob, 2018.

Il peut paraître surprenant d’accoler les deux termes « Résistance » et « Dissuasion » à une époque, la Seconde Guerre mondiale, où la dissuasion nucléaire française n’existait pas encore. Toutefois, les racines de celle-ci remontent bien à ce conflit, comme en témoignent le caractère pionnier des travaux scientifiques de Frédéric Joliot et de son équipe au Collège de France, ainsi que le rôle clé joué par les atomiciens de la France libre.

Une leçon essentielle s’imposa à l’issue de la guerre : l’existence de la France en tant que pays libre ne va pas de soi. C’est dans cet « esprit de Résistance » que se poursuit l’aventure atomique française, avec, à l’initiative du général de Gaulle, la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) en 1945, puis, sous la IVe République, le lancement secret du programme nucléaire militaire, jusqu’à la consécration de la dissuasion nucléaire sous la Ve République. Aujourd’hui encore, la dissuasion nucléaire demeure la garantie ultime de la sécurité, de la protection et de l’indépendance de la France.

C’est ce lien entre Résistance et Dissuasion, d’hier à aujourd’hui, qu’examine cet ouvrage, à la rencontre de l’histoire et de la géopolitique, avec le témoignage de grands acteurs de la politique de dissuasion nucléaire française.

Sous la direction de Céline Jurgensen et Dominique Mongin

Céline Jurgensen est diplomate. Elle a occupé divers postes au ministère des Affaires étrangères, au ministère des Armées et au CEA. Elle enseigne à l’École normale supérieure (Ulm), au sein du Centre interdisciplinaire d’études sur le nucléaire et la stratégie.

Dominique Mongin est docteur en histoire. Il enseigne à l’École normale supérieure (Ulm), au sein du Centre interdisciplinaire d’études sur le nucléaire et la stratégie, ainsi qu’au département Hautes Études internationales de l’Inalco.

. Bertrand Badie, Dominique Vidal, Le retour des populismes. L’état du monde 2019, Paris, La Découverte, septembre 2018.

Le terme de « populisme » est omniprésent dans la rhétorique politique comme sous la plume des journalistes et des chercheurs. Il semble pourtant aussi délicat à définir qu’à interpréter, conduisant parfois à des rapprochements douteux. En ces temps de fièvre populiste, il est donc décisif et urgent de se saisir du phénomène avec rigueur. Quelle est la genèse du populisme ? Les historiens nous aident à comprendre comment et pourquoi celui-ci apparaît par vagues successives depuis la fin du XIXe siècle. Des approches sociologique, politique et économique viennent compléter cette « mémoire ». Quels sont les traits communs à ces expériences diverses, les symptômes – du culte du chef aux techniques de propagande démagogique –, les pratiques récurrentes ? Existe-t-il une ou des politique(s) populiste(s) cohérente(s) en matière économique, sociale ou étrangère ? Enfin, des exemples contemporains, de Trump à Poutine, en passant par Chávez, Erdogan et bien d’autres, permettent d’appréhender très concrètement les expériences populistes actuelles. Pourrait-on parler d’un « moment populiste » de notre espace mondial ? Les spécialistes issus de différents champs disciplinaires réunis par L’état du monde 2019 proposent une synthèse informée et éclairante sur ce sujet brûlant.

. Bruno Fuligni, Républiquissime. Petites et grandes histoires de la vie politique, Paris, Armand Colin, septembre 2018.

Lutte contre la pollution, droit des femmes, révision de la constitution : l’actualité traite chaque jour ces thèmes comme s’ils étaient tout neufs, alors qu’ils résultent de choix anciens que nous avons oubliés. Bruno Fuligni a exploré l’histoire de nos passions politiques, afin de retrouver les grandes voix et les petites mains dont les contributions à la vie de notre République éclairent le présent. Certains ont connu la gloire et les honneurs, d’autres sont tombés dans l’oubli. Tous pourtant ont apporté leur pierre à l’édifice. Avec son regard acéré mais toujours bienveillant, il nous raconte leur histoire sous la forme de petites chroniques savoureuses. Un bien bel hommage à tous ces précurseurs.

. Colin Hay, Andy Smith, Dictionnaire d’économie politique. Capitalisme, institutions, pouvoir, Paris, Sciences Po Les Presses, septembre 2018.

L’économie est fondamentalement politique, la politique ne peut se comprendre sans l’analyse économique. Le postulat de l’interdépendance entre ces deux domaines est indispensable pour comprendre les formes contemporaines du capitalisme. L’économie politique fournit des outils puissants pour appréhender la contingence des phénomènes économiques et les choix sociaux qu’ils ne cessent d’engendrer. D’« Austérité » à « Travail », de « Crise financière de 2007 » à « Public choice », politistes, sociologues et économistes définissent et discutent les concepts clés, perspectives théoriques et controverses sociétales de ce vaste champ de recherche, offrant avec ce dictionnaire une synthèse unique et pluraliste des connaissances actuelles en économie politique.

. Marie-Claude Barbier, Cécile Perrot, Afrique Du Sud. Mémoire, héritages et ruptures, Paris, L’Harmattan, août 2018.

Cet ouvrage explore tour à tour la question de la commémoration, de ses ambiguités et ambivalences, de la mise en images et en mots du passé, et du rôle de l’éducation pour tenter - sans vraiment y parvenir - de compenser et de dépasser les injustices, héritage de l’apartheid.

. Philippe Moreau Defarges, Introduction à la géopolitique, Paris, Points, octobre 2018.

Au début du XXe siècle, la géopolitique s’épanouit comme " science " en quête des lois géographiques de la puissance. La géopolitique, comme idéologie justificatrice de la puissance, s’efface en 1945 avec l’effondrement de l’Allemagne hitlérienne. Mais elle reste une clé remarquable pour saisir les problématiques internationales, qui entremêlent l’histoire et la géographie. L’ouvrage étudie d’abord l’évolution de la géopolitique chez les principaux acteurs du système mondial : Angleterre, Etats-Unis, japon, Allemagne, Russie, France... Après cette évocation historique, il explicite la dimension géopolitique des grandes questions internationales : guerres, multiplication des échanges, essor des organisations internationales. Enfin, après la géopolitique classique, centrée sur l’Etat, on en vient au foisonnement contemporain des géopolitiques : micro-géopolitiques (revendications ethniques, régionalistes...) ; macro-géopolitique des phénomènes transnationaux. Un chapitre 8, entièrement nouveau, traite de la dimension géopolitique des crises.

. Alain Beitone, Estelle Hemdane, Relations Monétaires Internationales, Paris, Armand Colin, septembre 2018.

Le rôle mondial du dollar doit-il être remis en cause ? Faut-il renforcer l’euro ou l’abandonner ? Le yuan est-il la future monnaie internationale ?
Les questions monétaires internationales constituent un enjeu majeur pour le fonctionnement de l’économie mondiale. Cet ouvrage se propose de rendre accessible ce domaine passionnant, en mobilisant à la fois l’histoire et les théories économiques. Il présente le fonctionnement du marché des changes, l’histoire des régimes de change qui ont fonctionné et la situation actuelle marquée par l’incertitude et l’instabilité. Les différents projets de nouvelle architecture monétaire internationale sont examinés. Une attention particulière est accordée à l’intégration monétaire européenne, à la crise de l’euro intervenue à partir de 2010 et aux débats sur l’avenir de la zone euro.

. Amin Allal, Assia Boutaleb, Marie Vannetzel, Introduction aux mondes arabes en (r)évolution, Paris, De Boeck Supérieur, octobre 2018.

Une vision globale des mutations politiques contemporaines dans les sociétés du Maghreb et du Moyen-Orient. Cet ouvrage se veut plus un ouvrage de réflexion, cherchant à mettre en évidence certaines des questions actuelles les plus sensibles et importantes à l’analyse des mondes arabes d’aujourd’hui, qu’un ouvrage faisant un état des lieux politique exhaustif de cette vaste région en (r)évolution. Afin d’éviter le piège d’une analyse « particulariste » de ces sociétés, les réduisant à des sociétés tribales par exemple, il propose un panorama général des mondes arabes, puis s’organise autour de grandes interrogations que la science politique permet de poser. Celles-ci sont résumées par des verbes : "Assujettir", "Contester", "Participer", "Prendre les armes" et, enfin, "Développer et gouverner".

. Bénédicte Chéron, Le soldat méconnu. Les Français et leurs armées : état des lieux, Paris, Armand Colin, septembre 2018.

Depuis quelques années déjà, toutes les enquêtes d’opinion montrent que les armées bénéficient en France d’une image très positive. Avec les attaques terroristes de 2015, le fait miliaire est redevenu, de manière encore plus nette, un élément central de la vie sociale et politique française. Et pourtant, les Français connaissent mal leurs armées. Leur mémoire reste affectée par les souvenirs douloureux des conflits du XXe siècle. Dans le même temps, l’éloignement géographique et temporel de la guerre a rendu moins compréhensible ce que vivent ceux qui choisissent de servir la France par les armes. Les « valeurs militaires » ont le vent en poupe, mais elles sont souvent brandies sans être vraiment définies. Les Français perçoivent mieux l’utilité des opérations extérieures dans le contexte de la menace terroriste, mais la mort des soldats ébranle facilement leur soutien. Le consensus sur le besoin de consacrer des moyens aux armées s’est généralisé, mais les relations entre les politiques et les militaires demeurent sujettes à des tensions récurrentes. Cette nouvelle donne paradoxale rend nécessaire un état des lieux précis des relations complexes entre la société française et ses armées qui ne peuvent être comprises sans tenir compte du temps long de l’histoire.

. Bruno Cabanes, Thomas Dodman, Hervé Mazurel, Gene Tempest, Une histoire de la guerre. Du XIXe siècle à nos jours, Paris, Seuil, août 2018.

Voici Une histoire de la guerre, dans tous ses aspects et toutes ses dimensions, depuis l’essor des États-nations au début du XIXe siècle jusqu’à la quasi-disparition actuelle des affrontements interétatiques. En deux siècles et demi, l’expérience concrète de la guerre a profondément changé : fin des batailles traditionnelles, utilisation d’armes de plus en plus meurtrières, mobilisation des fronts intérieurs, y compris parfois les femmes et les enfants. À mesure où disparaissait la frontière entre combattants et non-combattants, les civils sont devenus des cibles à part entière des bombardements, blocus, massacres, génocides et épurations ethniques.
Sans négliger la stratégie et les chefs de guerre, cet ouvrage explore à parts égales le front et l’arrière, les conflits et leur impact sur les sociétés et l’environnement, la mobilisation des institutions politiques et militaires, de l’économie, des affects et des croyances, ou encore les violences sur les corps et les esprits, en proposant de grandes traversées thématiques de longue durée. Réunis pour la première fois en un seul volume, les meilleurs spécialistes du phénomène guerrier – historiens, historiens de l’art, anthropologues, sociologues ou politistes de huit pays différents – offrent une synthèse sans équivalent, largement ouverte sur le monde, qui fait aussi écho aux questionnements de notre époque : enjeux humanitaires des mouvements de réfugiés, débats éthiques sur les guerres irrégulières et l’utilisation des drones, poussée du terrorisme.

. Frédéric Rouvillois, Les origines de la Ve République, Paris, CNRS éditions, Août 2018.

Quel est le véritable esprit de la Ve République ? En revenant au texte constitutionnel de 1958, Frédéric Rouvillois livre une analyse puissante et inégalée des lignes de force et des ambiguïtés de notre régime politique « semi-présidentiel ». Spécialiste du droit constitutionnel, l’auteur nous permet de comprendre pourquoi et comment la Ve République a pu évoluer dans une direction et non pas dans une autre. Et comment elle peut encore évoluer : un système se transforme en fonction de son point de départ. À l’heure où résonnent encore les idées et expressions (« la faillite du système », par exemple) qui ont commandé sa genèse, il reste plus utile que jamais de revenir aux origines de notre système politique. Un ouvrage didactique, précis et indispensable.

. Jean-François Kervégan , Isabelle Aubert, Dialogues avec Jürgen Habermas, Paris, CNRS éditions, septembre 2018.

Jürgen Habermas, représentant majeur de l’École de Francfort, est devenu un auteur classique mais son oeuvre complexe et multiforme, composée d’une cinquantaine d’ouvrages et d’un millier d’articles, continue d’être mal identifiée. Comment saisir la diversité de ses intérêts, des théories de l’action et du langage à la morale et au droit ? C’est aussi un acteur, qui intervient régulièrement dans la presse et les débats publics. Comment articuler ces prises de position avec ses travaux proprement théoriques ? Dialogues avec Jürgen Habermas, issu d’un colloque international, offre un panorama complet du parcours intellectuel de Habermas, depuis ses premiers écrits jusqu’aux plus récents. L’espace public, l’agir communicationnel, la modernité, la démocratie, l’autonomie, les intérêts de connaissance, etc. sont ici discutés. Plus largement, c’est l’actualité même de sa pensée qui est soulignée et interrogée à propos de thèmes qui font débat : les effets du droit sur la société, la compréhension que l’on peut avoir des crises du capitalisme, ou encore le rapport complexe de la modernité aux religions. Cet ouvrage comprend deux textes inédits du philosophe, un texte d’ouverture sur l’Europe et un texte de clôture où il répond aux intervenants.

. Thibault Bossy, Aurélien Evrard, Guillaume Gourgues, Catherine Hoeffler, Thomas Ribémont, Introduction a la sociologie de l’action publique, Paris, De Boeck Supérieur, septembre 2018.

Une présentation des principales approches théoriques de l’action publique, à partir d’exemples tirés de l’actualité internationale, nationale et locale. La sociologie de l’action publique constitue un pôle majeur dans le champ de la science politique. Ce manuel d’introduction propose un état des lieux de la discipline, en présentant et discutant ses principales notions et approches théoriques. Illustré par des exemples variés, issus de travaux classiques mais aussi de l’actualité la plus récente, cet ouvrage montre que la sociologie de l’action publique ne se limite pas à l’analyse de l’État.

. Cyriaque Simon, Pierre Akomo-Zoghe, Colonisation et Résistance vues par les Africains et les Latino-Américains, Paris, L’Harmattan, juin 2018.

L’ouvrage traite des questions liées à la colonisation et à la problématique de la résistance en Afrique et en Amérique latine. il tente d’opérer un dialogue entre les principaux événements historiques et littéraires qui ont caractérisé le passé précolonial et colonial de l’Africain d’Afrique. Ensuite il se projette dans les territoires d’Outre-Mer des Amériques en mettant en lumière les mouvements de résistance menés par les Afro descendants. Ce projet est une tentative de réécriture et de relecture des postulats sous-tendant la léthargie des Africains face à l’oppression coloniale.

. Danièle Lochak, Les droits de l’homme, Paris, La Découverte, juin 2018.

Les droits de l’homme ne sont pas une catégorie intemporelle, un corps de principes qui seraient gravés une fois pour toutes dans le marbre : ils ont une histoire, qui continue à s’écrire en fonction des aspirations nouvelles qui s’expriment, des défis nouveaux auxquels ils sont confrontés, comme le développement des technologies ou la mondialisation. Nés sur le terrain des idées, les droits de l’homme ont été consacrés par le droit positif. Ils ont servi et servent encore d’étendard à des combats politiques.
Ce livre accessible et rigoureux, écrit par une spécialiste reconnue de la matière, s’attache à analyser les droits de l’homme dans toutes ces dimensions – idéologique, juridique, politique, en se tenant à distance de deux conceptions antithétiques et également simplistes : celle qui appréhende l’évolution des droits de l’homme comme un processus linéaire et cumulatif entraînant l’humanité vers toujours plus de justice, et celle qui, à l’inverse, ne voit dans les droits de l’homme, si inégalement garantis, si souvent violés, qu’un slogan trompeur.

. François Grumel Jacquignon, Géopolitique passée et présente de l’Ukraine. Le poids de la géohistoire sur l’Ukraine. Volume 1, Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, juin 2018.

Cet ouvrage constitue un aperçu significatif de l’histoire de l’espace correspondant à l’Ukraine actuelle sur le temps long, dans la perspective de donner des clés d’explication de la crise/ guerre actuelle qui l’affecte. Son auteur, loin de sacrifier à la mode/ religion économique actuelle, met l’accent sur les points clés historiques et culturels qui ont façonné un peuple ukrainien multiple dans ses aspirations, et qui expliquent les lignes de faille qui le divisent. Car, contrairement aux incessantes allégations occidentales, les événements contemporains relèvent d’abord de la géopolitique interne. Mais, évidemment, comme souvent, les interférences des pays voisins transforment l’affaire en un sujet de géopolitique externe, sans que doive être privilégié subjectivement le rôle de telle ou telle puissance. Toutes celles concernées ont agi et continuent d’agir pour, finalement, directement ou indirectement contrôler ce pays. Autant dire combien est indispensable ici une analyse historique nuancée qui permette de comprendre les points de vue de toutes les parties en présence. S’efforçant le plus possible à l’impartialité, elle entreprend de décrire des réalités complexes tout en « décapant » toutes les mythologies/ imaginaires, russe, mais aussi nationaliste ukrainienne, étasunienne et européenne -celle-ci autant collective que façonnée par les pays de l’UE les plus engagés (Lituanie, Pologne, Suède notamment) qui contribuent à brouiller le regard ; et en rejetant délibérément les théories susurrées en permanence quant à une opposition entre ce qui serait le bien et le mal.

. Gilles Holder, Jean-Pierre Dozon, Les politiques de l’Islam en Afrique. Mémoires, réveils et populismes islamiques, Paris, Karthala, juin 2018.

En Afrique, depuis une trentaine d’années, les organisations musulmanes ont pris pied dans l’espace public et sont parvenues à faire émerger un nouveau champ politique qui se définit moins sur un plan institutionnel que par ce que font politiquement les gens. Alors que les pouvoirs d’État, convertis au libéralisme, opèrent une sorte de transfert de la raison politique vers la sphère économique, les sociétés procèdent en parallèle au transfert de cette même raison vers une sphère religieuse, où chacun peut agir politiquement sans que cela soit perçu comme tel. La redéfinition en cours des espaces de l’agir public à travers une éthique islamique est précisément ce dont traite cet ouvrage. D’un ré-enchantement à l’autre, de celui du religieux à celui du politique, l’islam comme espace d’affirmation d’une identité africaine permet de relire les mémoires, les réveils et les populismes du continent. Entre conservatisme et postmodernité, foi et citoyenneté, éthique et action publique, islam politique et islamisation du politique, les politiques de l’islam en Afrique proposent de mettre en place une guidance démocratique de l’État et de la société, sous l’égide du gouvernement d’Allah.

. Giorgio Blundo, Jean-Pierre Olivier de Sardan, État et corruption en Afrique. Une anthropologie comparative des relations entre fonctionnaires et usagers. Benin, Niger, Sénégal, Paris, Karthala, juin 2018.

Comment sont délivrés les services publics en Afrique ? Il s’agit là d’un chantier neuf pour la socio-anthropologie, qui, dans cet ouvrage, aborde le problème par le biais de la corruption quotidienne. En effet, les relations entre fonctionnaires et usagers des services publics sont aujourd’hui indissociables d’une corruption, au sens large, banalisée et systémique. On trouvera ici les résultats de la première enquête de terrain qualitative menée sur ce thème à l’échelle de plusieurs pays ouest-africains. Bénin, Niger et Sénégal.

. Jean-Didier Lecaillon, Jean-Marie Le Page, Économie Politique Contemporaine, 5éme Édition, Paris, De Boeck Supérieur, juin 2018.

Cet ouvrage présente une vue d’ensemble, claire et précise, de l’analyse économique du monde d’aujourd’hui. Cette 5e édition, entièrement revue et complétée, comporte désormais un double parcours de lecture (droit et économie). L’économie est une discipline dont la nature et les méthodologies sont l’objet de nombreux débats. Pour les aborder de la meilleure façon, une vision globale est nécessaire. Cet ouvrage, respectant le pluralisme des écoles de pensée, propose une vue d’ensemble de l’économie en tant que connaissance à caractère scientifique, pour permettre au lecteur de mieux comprendre de nombreuses questions contemporaines. Il a aussi pour objet d’utiliser les concepts et méthodes de cette discipline pour interpréter les données factuelles et statistiques de nos économies de marché à partir d’un double parcours de lecture (droit et économie) : un premier niveau laisse de côté le formalisme mathématique, qui est abordé à un second niveau sous forme d’encadrés. Cette 5e édition a été entièrement actualisée, revue et complétée. Elle propose en particulier de nouveaux développements sur des questions d’actualité comme le Brexit, la stagnation séculaire, la robotisation, l’économie collaborative, les mouvements migratoires ou les politiques monétaires non conventionnelles.
Rédigé dans un esprit didactique, l’ouvrage s’adresse aux étudiants de 1er et 2e cycles en économie, ainsi qu’aux élèves de classes préparatoires et de grandes écoles ou encore à tous ceux qui préparent un concours dans lequel des connaissances économiques sont demandées. Il est également accessible à tout lecteur souhaitant acquérir une culture économique de bon niveau, désormais indispensable dans le cadre de nombreuses formations de niveau supérieur, mais aussi pour tout professionnel qui aspire à un rôle de manager.

. Nathalie Duclos, Courtiers de la paix. Les vétérans au cœur du statebuilding international au Kosovo, Paris, CNRS éditions, juillet 2018.

En juin 1999, le conseil de sécurité de l’ONU octroyait à la Mission des Nations-Unies au Kosovo des pouvoirs inégales d’administration directe d’un territoire sortant d’un conflit armé. L’objectif était d’ériger un Etat démocratique et de démanteler le mouvement de lutte armée des Albanais du Kosovo, l’UÇK. C’était compter sans la « résistance » des combattants et leur capacité à dévier le projet de statebuilding international au nom de leur aspiration séculaire à la souveraineté. L’Etat construit par la MINUK s’avère finalement hybride : les éléments formels d’un Etat libéral se combinent avec une structure bureaucratique largement redevable à l’UÇK. Sur la base d’archives, d’entretiens et d’observations de terrain, cet ouvrage analyse les interactions ayant eu cours entre les ex-combattants et le personnel international pendant près de quinze ans. Entre coopération et conflit, ces transactions apparaissent constitutives de la dynamique de co-construction du nouvel Etat devenu indépendant en 2008.

. Sébastien Falletti, La Piste Kim. Voyage au cœur de la Corée du Nord, Paris, Équateurs, mai 2018.

À trente-quatre ans, Kim Jong-un défie Donald Trump et Xi Jinping en brandissant l’arme nucléaire. Sept ans après son accession au trône, l’héritier de la seule dynastie communiste de la planète reste une énigme sur laquelle butent les services de renseignement du monde entier. À la tête d’une armée de 1,2 million de soldats, la quatrième du monde, Kim Jong-un menace l’Amérique, dont 28 500 GI’s sont postés au sud de la péninsule, et bouscule l’équilibre géostratégique de la région. Comment le "pays du Matin calme" a-t-il pu enfanter une telle dictature autocratique ? Comment un État peut-il encore, sur notre planète interconnectée du XXIe siècle, échapper aux regards des plus puissants ? Quel est le rôle des femmes dans l’organisation du pouvoir ? Quels sont les liens de la Corée du Nord avec la Chine et le Japon ? Comment le propagande nord-coréenne a-t-elle recyclé à son profit des doctrines aussi bigarrées que le christianisme, le nationalisme ethnique ou le néoconfucianisme ?
De Pyongyang à Washington, en passant par Pékin, Tokyo, Osaka, Guam et Séoul, Sébastien Falletti a enquêté auprès de transfuges, experts, espions, diplomates et de personnalités proches du leader actuel pour percer la psychologie de l’homme le plus mystérieux de notre époque. Ce livre est une enquête palpitante sur les traces du dernier prince rouge, une saga historique digne des Rois maudits et de Netflix.

. Augustin Ramazani Bishwende, Di-Kuruba Dieudonné Muhinduka, Les Bavira Du Sud-Kivu (RDC). Histoire, culture et renaissance d’un peuple bantou, Paris, L’Harmattan, juin 2018.

Les intellectuels Bavira se proposent de s’unir pour réécrire leur histoire et leur culture en vue de protéger leurs mémoires collectives singulières. Ils trouvent judicieux d’élaborer une anthropologie critique, bantoue vira, pour susciter l’espoir et soutenir la renaissance. Ils contribuent ainsi à la transmission intergénérationnelle savante de leur histoire et de leur culture pour dynamiser le développement durable de leur terroir, dans le contexte actuel de la décentralisation dans lequel l’État congolais veut s’investir. Augustin Ramazani Bishwende est professeur à l’Université d’Ottawa à la faculté des sciences sociales, au département de sociologie et d’anthropologie. Il est aussi écrivain, essayiste et co-directeur du centre de recherche en anthropologie et action publique dans la région des Grands lacs. Di-Kuruba Dieudonné Muhinduka est politiste et économiste, doyen de la Faculté des sciences économiques et gestion à l’Université Catholique de Bukavu et professeur en économie et action publique. Il est aussi co-directeur du centre de recherche en anthropologie et action publique dans la région des Grands lacs.

. Catherine Delisle L’Heureux, Les voix politiques des femmes innues face à l’exploitation minière, Québec, PUQ, juin 2018.

En mai 2011, le gouvernement du Québec lançait un projet de développement économique visant la mise en valeur et l’exploitation des ressources naturelles dans le nord de la province : le Plan Nord. Parmi les réactions qu’a provoquées l’annonce de ce projet controversé, des voix autochtones se sont fait entendre, notamment celles des femmes innues. Le présent ouvrage s’intéresse à la résistance des femmes innues à ce projet, plus précisément dans un contexte d’exploitation minière. L’analyse proposée découle d’une étude réalisée à Uashat mak Mani-Utenam et à Matimekush-Lac John, des communautés dont l’histoire est intrinsèquement liée au déploiement de l’industrie minière au nord du Québec. L’auteure s’attarde en particulier aux parcours des actrices engagées dans les mouvements de résistance et les situe dans leurs dimensions sociale, culturelle et historique. En conjuguant les théories féministes autochtones, la notion de résistance au quotidien et l’étude des carrières militantes, cet ouvrage vise à démystifier certaines dimensions des voix politiques féminines innues investies dans la défense du territoire.

. Giovanni Privitera, Les Siciliens, Paris, Atelier Henry Dougier, juin 2018.

Prenez une carte du monde. Repérez la Méditerranée et essayez d’en tracer le centre. La Sicile est le nombril de cette mer-carrefour, centre historique de la planète. À la croisée des mondes, colonisés depuis plus de 3 000 ans, les Siciliens oscillent entre rationalisme occidental et tentations du désert. Parmi ceux que l’on rencontrera : Rosa Cassata est présidente d’un mouvement indépendantiste sicilien ; Salvatore Lupo est l’auteur d’une monumentale Histoire de la mafia ; « Pasquale », le gamin du film Respiro, nous livre une tranche de vie d’un Sicilien exilé en France ; et U Zi’ Peppe, depuis Lampedusa, nous raconte comment de terre d’émigration la Sicile est devenue terre d’immigration.

. Jean-Pierre Rosenczveig, Jacques Toubon, La Convention De L’ONU Relative Aux Droits De L’enfant Du 20 Novembre 1989. 100 questions-réponses, Paris, L’Harmattan, juin 2018.

L’enfant - le mineur - est souvent présenté comme source de risques. Mais a-t-il des droits ? Peut-il engager sa responsabilité civile, pénale, disciplinaire ? Peut-il s’exprimer et porter plainte ? Que savons-nous du statut fait aux enfants en France et que savent-ils de leurs droits ? Ce jeu de questions-réponses entend répondre aux principales interrogations sur le statut des enfants de France. Magistrat honoraire, Jean-Pierre Rosenczveig est ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, expert UNICEF sur les droits de l’enfant, membre du collège Droits des enfants du Défenseur des Droits, enseignant Master II à Paris X-Nanterre et ancien président du Bureau international des droits de l’enfant.

. Mireille Besson, Catherine Courtet, Françoise Lavocat, Alain Viala, Le désordre du monde, Paris, CNRS, juin 2018.

De la préhistoire à la Grèce antique, des civilisations traditionnelles aux sociétés contemporaines, les représentations symboliques, les mythes, les rites, les récits, les fictions contribuent à figurer un ordre du monde. En mettant en résonance la pensée des oeuvres, le point de vue des artistes et des chercheurs, cet ouvrage explore les dialectiques de l’ordre et du désordre. Entre désordre des guerres, des économies et des communautés politiques, bon gouvernement et justice ; entre désordre des passions et des identités, héroïsme, altruisme, conscience et sentiments… la fiction, le théâtre, les analyses des phénomènes sociaux questionnent ces tensions qui traversent les collectifs comme l’expérience individuelle. En réunissant des travaux dans le domaine de la préhistoire, de la génétique humaine, de l’anthropologie, des sciences et neurosciences cognitives, des études littéraires et théâtrales, de l’histoire des sensibilités, de la sociologie, de la philosophie politique, ce recueil met la pluridisciplinarité au service de la compréhension des transformations des figures de l’humain et de la cité.

. Yves Trotignon, Politique du secret. Regards sur Le Bureau des légendes, Paris,
PUF, juin 2018.

Diffusée pour la première fois en 2015, la série Le Bureau des légendes, créée par Éric Rochant et produite par The Oligarchs Productions, raconte la vie d’espions français infiltrés, de ceux qui les dirigent et de ceux qui tentent de les démasquer. Plébiscitée par les audiences, louée par la critique pour sa qualité, elle marque aussi une rupture dans la longue histoire de l’espionnage à l’écran et dans la littérature. Cet ouvrage s’emploie à analyser Le Bureau des légendes et s’attache à montrer comment la série renouvelle le regard porté sur les agents du renseignement. On les croyait bouffons ou barbouzes, on les découvre fonctionnaires ou militaires accomplissant leurs tâches en professionnels. On les pensait froids et cyniques, on les surprend tiraillés entre les exigences d’un métier de vocation absolue et les affres des sentiments. On pensait cet univers impénétrable et l’on découvre que la DGSE scrute cette série non sans satisfaction. Loin, en somme, des stéréotypes, qui nous ont longtemps fait croire que les vrais espions et les séries d’espionnage ne pouvaient être qu’anglo-saxons. Ce volume clôt la série d’ouvrages consacrés aux séries TV, initiée aux Presses universitaires de France en 2012 sous la direction de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer.

. Chantal Metzger, Le Maghreb dans la guerre. 1939-1945, Paris, Armand Colin, juin 2018.

Des historiens français ont dénoncé récemment la misère de l’historiographie consacrée au Maghreb. Ce livre vise à combler une de ces lacunes, en présentant l’histoire de cette région de 1939 à 1945. Évoquer le sort de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc dans la Seconde Guerre mondiale ne relève pas exclusivement de l’histoire militaire et cet ouvrage s’attache à dépeindre le sort de leurs populations. Ces trois pays, restés dans le giron de la France de Vichy, ont subi les conséquences directes et indirectes de la guerre jusqu’au débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 sur les côtes marocaines et algériennes. L’arrivée en Tunisie d’importants contingents allemands suite à cet événement entraîne le Maghreb dans la guerre. Après le départ du dernier soldat allemand, en mai 1943, les forces alliées et françaises libres font du Maghreb la base arrière de la reconquête du continent européen. Associées étroitement à la libération de la métropole, les populations autochtones espèrent obtenir par cette contribution à la victoire plus de libertés, voire l’indépendance.

. Maria Gravari-Barbas, Sébastien Jacquot, Atlas mondial du tourisme et des loisirs. Du Grand Tour aux voyages low cost, Paris, Autrement, juin 2018.

Depuis 1950, le nombre de touristes a été multiplié par 4,5. Le XXIe siècle sera celui d’une société des loisirs. Près de 100 cartes et documents pour comprendre toutes les facettes du tourisme, sur une planète parcourue du pôle Nord à la Terre de Feu. Les débuts du tourisme en Europe, avec le Grand Tour à partir du XIXe siècle ; Un phénomène devenu global : plus de 1,2 milliard de touristes aujourd’hui, contre 25 millions en 1950 ; La première activité économique du monde : 10% du PIB mondial et la France qui reste la première destination touristique ; Les enjeux et la géopolitique du tourisme et des loisirs dans une économie mondialisée : ouverture des frontières, zones de conflits. Cet atlas met en avant de nombreux exemples sur tous les continents pour illustrer la réalité du tourisme et des loisirs aujourd’hui : tourisme culturel, d’affaires, sportif... Cartographie : Claire Levasseur.

. David Servenay, Jake Raynal, La septième arme. Une autre histoire de la République, Paris, La Découverte, juin 2018.

« Nous sommes en guerre », insistent les responsables politiques de tous bords. Peut-être, mais contre qui ? Le mantra de la « guerre contre le terrorisme » trouve son origine dans une histoire ancienne, et souterraine, qui a inspiré des générations de militaires français et façonné la Ve République : celle de la doctrine de la guerre révolutionnaire. Surnommée la « Septième arme » par ses partisans, cette doctrine a été théorisée pendant la guerre d’Indochine et mise en œuvre en Algérie et au Cameroun dans les années 1950 et 1960. Elle s’est ensuite répandue dans le reste du monde : aux États-Unis, en Amérique latine et en Afrique, où elle a notamment inspiré les génocidaires du Rwanda. C’est l’histoire de cette doctrine méconnue, qui maquille la guerre en simple « maintien de l’ordre », que retrace ce récit vertigineux.

. Sonia Lehman-Frisch, Sociologie de San Francisco, Paris, La Découverte, juin 2018.

Surnommée la « ville préférée de tous », San Francisco occupe une place particulière dans l’imaginaire de l’Amérique urbaine. Habitants, visiteurs ou chercheurs s’accordent sur son caractère exceptionnel. Quels sont les éléments sociologiques constitutifs de son identité singulière ? Voilà la question à laquelle ce livre cherche à répondre. Pour saisir le sens social de San Francisco, il analyse les rapports complexes et changeants entre les citadins et leur ville et met en lumière les valeurs et les idéaux qui l’infusent et la produisent en même temps. Partant des représentations partagées que San Francisco suscite (la « ville sur la baie », la « ville de l’innovation », la « ville de la mixité », la « ville de la côte gauche », etc.), il décrit ses réalités sociales, économiques, politiques et spatiales en les inscrivant dans le temps (relativement bref) de son histoire et dans l’espace (plus vaste) de sa métropole, la Bay Area. Ce faisant, il révèle toutes les ambivalences d’une ville qui est à la fois championne du progressisme et des inégalités sociales.

. Eric Bonhomme et Thomas Verclytte, L’Europe de 1900 à nos jours, Paris, Armand Colin, juin 2018.

L’Europe de 1900 à nos jours est destinée aux étudiants de premier et deuxième cycle (Licence, CPGE, CAPES) ainsi qu’aux candidats préparant les épreuves d’histoire contemporaine des concours administratifs et des IEP. Ce livre cherche à expliciter l’évolution de l’Europe et de ses peuples, du « monde d’hier » avant 1914 aux reconfigurations les plus récentes. L’Europe y est envisagée comme un espace à géométrie variable qui ne se réduit ni à une addition de pays ni à la construction européenne. L’analyse met en valeur à la fois les enjeux de puissance(s) et les forces économiques, sociales et culturelles à l’œuvre dans un continent en prise permanente sur le monde.

. Alain Roux, Xiaohong Xiao-Planes, Histoire de la République Populaire de Chine. De Mao Zedong à Xi Jinping, Paris, Armand Colin, juin 2018.

En 1949, quand les communistes s’emparent du pouvoir après deux décennies de guerre civile, la Chine était l’un des pays les plus pauvres de la planète. Aujourd’hui, la République Populaire de Chine est la deuxième puissance commerciale du monde et la seule à pouvoir contester l’hégémonie américaine.
Ce manuel décrit et explique cette ascension fulgurante. Il livre une analyse de la Chine des "années Mao", marquées par la construction des bases de sa puissance retrouvée ainsi que par la catastrophe de la grande famine du Grand Bond en avant et le chaos de la Révolution culturelle. Il expose ensuite le processus complexe et contradictoire de la réforme de Deng Xiaoping, avec ses éclatants succès et leurs revers – montée des inégalités, disparités régionales, corruption et violation des libertés, arrogance vis à vis des États voisins… Enfin, il dépeint la Chine actuelle de Xi Jinping, qui semble amorcer une nouvelle étape dans son développement en s’affirmant à l’avant-garde de l’actuelle révolution du numérique et de l’intelligence artificielle, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

. Ibrahim Assane Mayaki, L’Afrique à l’heure des choix. Manifeste pour des solutions panafricaines, Paris, Armand Colin, juin 2018.

Si la dernière décennie de croissance a vu naître le concept très à la mode d’afro-optimisme, on ne peut éluder le fait que l’Afrique abrite toujours près de 400 millions de personnes vivant dans une extrême pauvreté et qu’elle ne compte que très peu dans l’économie mondiale. Ce livre s’adresse aux jeunes générations qui, dans dix ans, gouverneront l’Afrique. Face aux défis de la globalisation, du changement climatique et de la pression démographique, Ibrahim Assane Mayaki donne les clés aux futurs dirigeants pour bâtir une unité panafricaine, renforcer les institutions et réussir la juste intégration du continent dans la mondialisation.

. Catherine Bertho-Lavenir, La démocratie et les médias au XXe siècle, Paris, Armand Colin, juin 2018.

Presse, radio et télévision sont au coeur des crises qu’ont vécues au XXe siècle les démocraties occidentales. Mais quels ont été leur rôle et leur influence ? La presse a-t-elle été outil de propagande ou défenseur des libertés d’opinion ? Quant à la radio, dès les années trente, les régimes autoritaires en ont fait un « tambour totalitaire », tandis qu’elle permettait au président Roosevelt de s’adresser directement à la nation. Enfin, la télévision n’a-t-elle pas servi le pouvoir personnel et les décisions des dirigeants, comme par exemple, en diffusant pendant la guerre du Golfe de 1991 les seules images transmises par les militaires américains ? Les grands médias de masse seraient-ils donc, par nature, une menace pour la démocratie ? Pas si simple… La télévision et la presse américaines ont affaibli la fonction présidentielle pendant la guerre du Vietnam ou lors du Watergate, qui a vu le « quatrième pouvoir » pousser à la démission le président Nixon. Ni panacée démocratique, ni menace totalitaire, les médias du XXe siècle ont, en fait, été modelés par des circonstances politiques sur lesquelles, à leur tour, ils ont agi.

. Georges Labrecque, Géopolitique. Comprendre les enjeux territoriaux interétatiques, Paris, L’Harmattan, 2018.

La géopolitique s’intéresse tout particulièrement à la politique attachée au territoire et notamment aux enjeux dont il est l’objet. Au niveau interétatique, il constitue, avec la population et le gouvernement, l’une des conditions mêmes de l’existence de l’État et de sa reconnaissance internationale. Historiquement, ce territoire s’acquiert et se conserve selon divers modes. Par ailleurs, un Etat, à défaut de pouvoir acquérir le territoire d’autrui et d’y exercer la souveraineté, peut y avoir des compétences limitées, par exemple l’usage de bases stratégiques. Le territoire a une étendue définie et sert de support à une population plus ou moins dense, il a une morphologie particulière et certaines de ses parcelles peuvent être enclavées dans le territoire d’un État voisin. Il est limité par des frontières, soumises éventuellement à l’application de l’uti possidetis juris, plusieurs étant renforcées par des murs ou des barrières. La géopolitique s’intéresse aussi aux frontières maritimes entre États côtiers, lesquels sont favorisés puisque le droit international leur reconnaît, au-delà de leurs eaux intérieures, diverses juridictions en mer, tandis que certains autres espaces maritimes sont soumis à des régimes particuliers, notamment les régions polaires et les détroits internationaux. Enfin, les ressources naturelles du territoire (l’eau, la pêche, les hydrocarbures et d’autres) exacerbent bien des rivalités.

Au carrefour de plusieurs disciplines, la géopolitique permet de mieux comprendre les enjeux territoriaux interétatiques, qui demeurent très nombreux, bien que la mondialisation puisse créer l’illusion que ces types de différends appartiennent au passé et que les frontières ont été abolies. L’actualité internationale nous rappelle en effet que persistent, resurgissent ou éclatent de multiples conflits d’intensité variable et liés directement ou indirectement à l’exercice de la souveraineté ou de juridictions sur une partie ou même la totalité d’un territoire.

Avocat à la retraite au Barreau du Québec et titulaire d’un doctorat en géographie de l’Université Laval, Georges Labrecque est professeur émérite de droit international et de géopolitique au Collège militaire royal du Canada où il a dirigé le programme interdépartemental d’Etudes stratégiques. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés notamment au règlement juridictionnel des conflits territoriaux et frontaliers entre Etats.

. Stéphane Taillat, Amael Cattaruzza, Didier Danet, La Cyberdéfense. Politique de l’espace numérique, Paris, Armand Colin, juillet 2018 (à paraître).

Entendu comme réseau interconnecté transmettant des informations numériques, le cyberespace (ou « domaine numérique ») a connu une expansion majeure dans les trente dernières années. Une expansion géographique d’une part, étant donné le caractère global et transnational du réseau, et une expansion fonctionnelle d’autre part, par l’adjonction de segments dans le domaine industriel. Une expansion sociale enfin du fait de l’imprégnation croissante du domaine numérique dans les activités économiques, sociales, politiques et culturelles. Parallèlement à ces développements, le cyberespace s’est vu attribuer une signification nouvelle dans le champ de la sécurité. Enjeux de sécurité nationale et internationale, le contrôle, la protection et la mobilisation des ressources numériques ont progressivement intégré les politiques, les stratégies, les structures et les moyens des États comme des organisations. En d’autres termes, le cyberespace est également un objet politique. Il est donc devenu un champ de recherche légitime pour les sciences sociales. Définition du champ, principales caractéristiques, impacts sociaux de la numérisation et enfin enjeux politiques sous-jacents du cyberespace seront couverts dans cet ouvrage, illustré de nombreux cas pratiques.

. Devin Allen, A beautiful ghetto. Le soulèvement de Baltimore, Paris, Syllepse, juin 2018.

BALTIMORE, USA, le 18 avril 2015, Freddie Gray meurt une semaine après sa violente interpellation par la police. Le feu et la révolte se propagent dans la ville, un soulèvement que Devin Allen va immortaliser.
« Ce soulèvement a été déclenché et nourri par la jeunesse. Ces jeunes ont fait en sorte que le monde entende leur voix et sente leur douleur. Certains les ont qualifiés de racailles. Moi je n’ai vu que mes frères et mes sœurs qui ont pris les armes et sont devenus des soldats. Ce livre est une histoire visuelle du soulèvement. Il est également l’histoire de Baltimore, de Freddie Gray, et de tant d’autres qui ont grandi, ont travaillé et élevé leurs enfants dans des endroits comme Baltimore. Ce livre veut renverser le stigmate et montrer la part de beauté du ghetto. Sa photographie accompagne le mouvement Black Lives Matter et la nouvelle page qui s’est ouverte dans l’histoire des luttes de libération noires.

. Marco Grispigni, La violence politique en Italie dans les années 1968, Paris, L’Harmattan, juin 2018.

Répressions, combats de rue, enlèvements, assassinats, massacres ont marqué l’Italie des années 1970. Cette décennie tragique fut sans équivalent dans le monde occidental. Ce livre revient sur la violence politique de la période, dont il s’efforce d’éclairer les spécificités italiennes au regard d’autres contextes nationaux, notamment la situation française.

. Thomas Daum, Eudes Girard, Du voyage rêvé au tourisme de masse, Paris, CNRS éditions, juin 2018.

Du delta du Mékong aux chutes d’Iguaçu, de la côte néo-zélandaise à la mystérieuse Persépolis, ils avancent, sac au dos, ticket à la main et téléphone portable en guise d’appareil photo : ils sont les nouveaux explorateurs de l’espace mondial, occidentaux depuis longtemps, maintenant chinois ou russes, demain nigérians, un jour peut-être nord-coréens…Ils sont les touristes internationaux : 800 millions chaque année à parcourir le monde après l’avoir rêvé. Confrontés à la monotonie des artefacts que l’industrie touristique répète à l’infini sur des circuits toujours plus balisés, beaucoup d’entre eux rêvent d’espaces à l’écart, d’« authenticité », de rencontres avec des sociétés « préservées ». Mais comment échapper à la canalisation des flux et au marketing des agences de voyage qui adaptent sans cesse leur stratégie à cette soif de dépaysement ? C’est cette tension, à la fois humaine, culturelle et spatiale, qu’interrogent Thomas Daum et Eudes Girard. Écolodges, écotourisme, cabanes « tout confort », gîte à la ferme, tourisme « citoyen » ou « humanitaire », mise en scène de soi à travers les blogs de voyage… Autant de nouvelles pratiques révélant l’« illusion du local », la soif inextinguible de décentrement qui tenaille l’imaginaire et les fantasmes du touriste mondialisé.

. Raphaël Liogier, La guerre des civilisations n’aura pas lieu, Paris, CNRS éditions, juin 2018.

Raphaël Liogier nous montre que le prétendu « choc des civilisations » n’est qu’un leurre face à la réalité de la civilisation globale. En dépit de l’existence de postures antagonistes et extrémistes qui peuvent s’appuyer sur des idéologies religieuses et politiques, les croyances essentielles des hommes sont de moins en moins des facteurs d’oppositions de valeurs. Toutes les religions sont, à des degrés divers, traversées par trois tendances nées de la mondialisation : le spiritualisme, le charismatisme et le fondamentalisme. Ce qui n’empêche pas qu’au sein de cette civilisation unique naissent des formes de violence inédites caractéristiques, entre autres, d’un nouveau terrorisme. Raphaël Liogier lance un appel pressant à penser la porosité des frontières et la disparition de la figure de l’Autre radical. Comment les identités individuelles et collectives peuvent-elles se définir et coexister dans un monde sans vraies frontières ? Un essai vigoureux pour combattre les préjugés, et mieux comprendre le monde qui nous entoure.

. Guy Jacques, Paul Tréguer, Conquêtes antarctiques, Paris, CNRS éditions, juin 2018.

L’Antarctique, situé à plusieurs milliers de kilomètres des premières terres habitées, est le continent de tous les extrêmes : le plus froid, le plus aride, le plus venteux. De lui, au début du XXe siècle, Jean-Baptiste Charcot disait : « C’est le sanctuaire des sanctuaires où la nature se révèle en sa formidable puissance. »
Aujourd’hui, en vertu de traités internationaux, il est devenu le continent de la science. Sa population, uniquement composée de chercheurs et de techniciens, varie de mille au cœur de l’hiver à sept mille en été. Vingt-neuf pays y sont représentés. Modèle de gestion à l’échelle planétaire, utopie réalisée grâce à une communauté scientifique unie, terrain exemplaire d’interdisciplinarité : ce laboratoire à ciel ouvert n’a pas fini de nous fasciner. Conquêtes antarctiques retrace cette étonnante histoire. Histoire des découvertes du continent lui-même, mais aussi de l’océan qui l’entoure. Histoire des missions et coopérations scientifiques successives. Tâtonnements, échecs, persévérance, intuitions, rencontres, opportunités : ces aventures sont ici contées par deux de leurs acteurs.

. Curtis R. Ryan, Jordan and the Arab Uprisings. Regime Survival and Politics Beyond the State, Columbia, Columbia University Press, juin 2018.

In 2011, as the Arab uprisings spread across the Middle East, Jordan remained more stable than any of its neighbors. Despite strife at its borders and an influx of refugees connected to the Syrian civil war and the rise of ISIS, as well as its own version of the Arab Spring with protests and popular mobilization demanding change, Jordan managed to avoid political upheaval. How did the regime survive in the face of the pressures unleashed by the Arab uprisings ? What does its resilience tell us about the prospects for reform or revolutionary change ? In Jordan and the Arab Uprisings, Curtis R. Ryan explains how Jordan weathered the turmoil of the Arab Spring. Crossing divides between state and society, government and opposition, Ryan analyzes key features of Jordanian politics, including Islamist and leftist opposition parties, youth movements, and other forms of activism, as well as struggles over elections, reform, and identity. He details regime survival strategies, laying out how the monarchy has held out the possibility of reform while also seeking to coopt and contain its opponents. Ryan demonstrates how domestic politics were affected by both regional unrest and international support for the regime, and how regime survival and security concerns trumped hopes for greater change. While the Arab Spring may be over, Ryan shows that political activism in Jordan is not, and that struggles for reform and change will continue. Drawing on extensive fieldwork and interviews with a vast range of people, from grassroots activists to King Abdullah II, Jordan and the Arab Uprisings is a definitive analysis of Jordanian politics before, during, and beyond the Arab uprisings.

. Florian Louis, Les grands théoriciens de la géopolitique, Paris, Belin, juin 2018.

Une histoire des idées géopolitiques par ses principaux théoricien. 3e édition mise à jour de ce manuel de préparation de concours (IEP, écoles de commerce, concours administratifs). Un ouvrage synthétique et complet La géopolitique a une histoire. Faite d’audaces théoriques et de vives controverses, celle-ci n’avait jamais été retracée dans son intégralité. C’est désormais chose faite grâce à cet ouvrage qui en dresse la généalogie intellectuelle en s’attachant à l’œuvre de ceux qui, depuis les fondateurs (Ratzel, Mahan, Mackinder, Spykman) jusqu’aux auteurs les plus contemporains (Huntington, Nye, Lacoste, Luttwak), ont contribué à en infléchir le cours. C’est également l’occasion de mettre en lumière l’apport déterminant quoique largement ignoré d’auteurs comme Jean Gottmann ou Carl Schmitt, et d’introduire le lecteur francophone aux dernières tendances de la discipline (critical geopolitics anglo-saxonne). Plus qu’une simple galerie de portraits, c’est donc un véritable panorama critique de l’histoire des idées géopolitiques qui est ici proposé. Grâce à de nombreux extraits traduits pour la première fois en français, ce sont tous les concepts cruciaux de la discipline qui se trouvent explicités et mis en perspective : Heartland, Rimland, Lebensraum, Grossraum, etc. Il en ressort le visage inédit d’une discipline dont le foisonnement n’a d’égal que la diversité.

. Claude Meyer, L’Occident face à la renaissance de la Chine. Défis économiques, géopolitiques et culturels, Paris, Odile Jacob, mai 2018.

Face à un Occident atteint d’une forme de fatigue démocratique, la Chine poursuit résolument sa marche vers la superpuissance. Ce défi chinois, aujourd’hui économique et géopolitique, sera aussi à terme idéologique et culturel. Rivalité pour la suprématie mondiale, visions politiques incompatibles, choc des cultures : les relations entre la Chine et l’Occident seront-elles dominées par l’affrontement ? Cet essai poursuit un double objectif : décrypter les ambitions planétaires de la Chine et esquisser les contours d’un dialogue sino-occidental ouvert mais exigeant, sans angélisme ni diabolisation. Hors du champ politique, il existe en effet des domaines dans lesquels un dialogue approfondi entre l’Occident et la Chine permettrait de faire émerger les valeurs communes sur lesquelles fonder des coopérations ambitieuses et rendre ainsi plus habitable ce monde instable, miné par les inégalités et menacé par la montée des nationalismes. Un ouvrage essentiel pour mieux se préparer aux profonds bouleversements entraînés par l’irruption de la Chine dans un ordre mondial qu’elle entend remodeler.

. Xu Bo, De Shanghai à Paris. Mon regard sur la nouvelle Chine, Paris, Odile Jacob, mai 2018.

Xu Bo a 6 ans quand débute la Révolution culturelle, 18 quand Deng Xiaoping ouvre la Chine aux vents de la mondialisation. Issu d’une famille de « mauvais éléments », il paraît privé d’avenir.
Pourtant, une mesure de Deng Xiaoping va changer sa vie en lui permettant d’accéder à l’université et d’accomplir une carrière diplomatique. Un sort que ne connaîtront pas ses anciens camarades de classe, moins chanceux que lui… Xu Bo ouvre son récit sur leurs retrouvailles à Shanghai. Quarante ans après, grâce au réseau social WeChat, voilà les anciens écoliers réunis pour la première fois : une occasion unique pour évoquer pêle-mêle les vicissitudes de la Révolution culturelle, leur nostalgie d’une Chine traditionnelle aujourd’hui disparue, leur ancien bourg « si tranquille », l’incroyable métamorphose de Shanghai en rutilante mégalopole… Entre anecdotes personnelles, souvenirs familiaux et réflexions sur la Chine d’aujourd’hui – du miracle économique chinois à la « diplomatie de profil bas » –, ce livre dresse le portrait d’une génération, celle qui est aujourd’hui au pouvoir, et d’un pays dont la fulgurante ascension interroge et fascine tout à la fois. Intellectuel chinois, francophone et vivant à Paris depuis huit ans, promoteur infatigable des échanges interculturels, Xu Bo, ancien diplomate chinois, a été commissaire de l’Expo 2010 Shanghai et haut fonctionnaire de l’Unesco.

. Jean-Luc Leleu, Le Débarquement. De l’événement à l’épopée, Rennes, PUR, juin 2018.

Qu’on l’appelle « D-Day », « Jour J », « 6 Juin » ou « Débarquement », nulle autre précision n’est nécessaire pour évoquer l’offensive alliée en Normandie en 1944, alors même que de nombreuses opérations militaires de ce type ont été menées au cours de la Seconde Guerre mondiale et que le sort de l’Allemagne nazie s’est joué sur le front de l’Est. Quelles sont les raisons qui expliquent que cette bataille – une parmi tant d’autres qui ont émaillé les conflits du XXe siècle – a d’emblée revêtu une telle dimension historique pour les contemporains ?

. Jean-Marc Albert, Petit atlas historique du Moyen Âge, Paris, Armand Colin, mai 2018.

Cet atlas historique du Moyen Âge présente en 42 fiches dix siècles d’époque médiévale. De l’Antiquité tardive au Bas Moyen Âge, soit du Ve au XVe siècle, il aborde les grandes thématiques et les événements importants de la période. En s’ouvrant aux espaces lointains – Asie, Afrique, Amérique du Sud – il donne à voir et à comprendre la période médiévale dans toute sa diversité. S’appuyant sur un déroulé chronologique, l’ouvrage permet de dégager la trame générale des grandes phases de l’époque médiévale et montre les traits essentiels d’un événement, d’une aire de civilisation, d’un mécanisme économique ou d’un courant artistique. Un index des thèmes, des noms propres et des lieux facilite la compréhension de la période. Des pistes bibliographiques à la fin de chaque fiche permettent au lecteur d’approfondir les thèmes abordés.

. Gérard Chaliand, La conquête espagnole de l’Amérique, Paris, Fayard, mai 2018.

Événement majeur de la découverte des Amériques, la conquête du Mexique, du Guatemala et du Pérou est ici reflétée comme dans un miroir à faces multiples par les récits croisés des Indiens survivants et des Espagnols conquérants. Avec le souffle d’un poème épique, ce livre restitue la stratégie des vainqueurs et le désastre des vaincus, à la lumière de la sensibilité et du savoir historique contemporains. La mutation de nos perceptions des conquistadores – héros devenus bourreaux – n’empêche pas d’être encore surpris par l’audace et l’intelligence de ceux qui n’avaient d’autre alternative que la mort ou la victoire. Géopoliticien et poète, Gérard Chaliand a enseigné à l’ENA, à l’École de guerre ainsi qu’à Harvard, Berkeley et Singapour. Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la guérilla, dont il a une connaissance de terrain sur trois continents, et au terrorisme.

. Edhem Eldem, L’Empire ottoman et la Turquie face à l’Occident, Paris, Fayard, mai 2018.

Durant le long XIXe siècle, face à un Occident de plus en plus puissant et arrogant, l’Empire ottoman s’est modernisé dans le but avoué de gérer une situation de plus en plus précaire. L’histoire de cette modernité, fortement empreinte d’occidentalisation, doit s’affranchir de bien des influences politiques et idéologiques qui l’ont grevée jusqu’ici : orientalisme eurocentrique, nationalisme kémaliste, ottomanisme islamisant… L’étude d’une grande variété de sources – la plupart encore inexploitées – viendra nourrir une réflexion critique sur cette période dont l’importance n’a d’égal que sa complexité. L’historien Edhem Eldem a enseigné aux universités de Boaziçi, Berkeley, Harvard, Columbia, à l’EHESS, à l’EPHE et à l’ENS. Titulaire de la chaire internationale d’Histoire turque et ottomane au Collège de France, il est l’auteur de travaux sur le commerce du Levant, l’épigraphie funéraire, la Banque ottomane, les dynamiques de l’occidentalisation, Istanbul au tournant du XXe siècle, l’orientalisme, la photographie, l’histoire de l’archéologie et des collections dans l’Empire ottoman.

. Jean-François Bayart, L’illusion identitaire, Paris, Fayard, mai 2018.

Dans le contexte du néolibéralisme, et sous la pression idéologique de l’extrême-droite, l’identité s’est imposée comme l’horizon indépassable des démocraties. Il en résulte une sourde angoisse : le marché, la globalisation, l’immigration menaceraient notre identité, notre culture. Or, cet essai mordant démontre que l’une et l’autre sont des illusions. Il n’est que des actes d’identification, politiquement construits, historiquement situés, socialement contradictoires, culturellement polémiques. La culture n’a jamais rien expliqué : elle n’est pas la cause de l’action des hommes, mais son effet. Elle n’est pas une donnée, mais une production permanente. Les conflits dits identitaires déchirent les cultures plutôt qu’ils ne les opposent les unes aux autres. Comment penser les raisons culturelles du politique sans être ni culturaliste ni identitariste ? Une contribution majeure à la réflexion sur le sujet. Jean-François Bayart, spécialiste de sociologie historique du politique, est titulaire de la chaire Yves Oltramare « Religion et politique dans le monde contemporain », à l’IHEID de Genève.

. Catherine Wihtol de Wenden, Atlas des migrations. Un équilibre mondial à inventer, Paris, Autrement, mai 2018.

Plus de 100 cartes et infographies entièrement mises à jour pour comprendre les phénomènes migratoires et interroger nombre d’idées reçues. Pauvreté, conflits, catastrophes environnementales, travail, études, tourisme : quels sont les facteurs réels des migrations ? Entre accueil et rejet, les réponses politiques possibles : fermeture des frontières, expulsions, droit d’asile, naturalisations ? L’Europe face à une crise migratoire sans précédent due au conflit syrien. Afrique, Asie et Amérique du Sud : les enjeux et conséquences des migrations dans les pays émergents. Cartographie : Madeleine Benoit-Guyod. Nouvelle édition.

. Fatiha Kaouès, Convertir le monde arabe. L’offensive évangélique, Paris, CNRS, mai 2018.

Depuis une vingtaine d’années, le monde arabe connaît une vague de conversions au protestantisme, en particulier sous l’influence des évangéliques américains. Des dizaines de milliers de musulmans et de chrétiens orientaux, du Maghreb au Machrek, se convertissent. Bien que tabou, le phénomène est tangible : une Église protestante algérienne subsiste depuis vingt ans sans incident notable. Fait exceptionnel, l’État algérien a même reconnu officiellement, en 2011, l’existence de cette communauté chrétienne composée d’autochtones convertis. Si les situations diffèrent selon les pays, les appartenances de genre, le statut social et les ressources culturelles, le mouvement prend une importance croissante qui témoigne des mutations profondes de la région. Dans cette étude unique, sur la longue durée, Fatiha Kaouès nous propose une histoire et un état des lieux sociologique du phénomène. S’intéressant aux cas particuliers de l’Algérie, du Liban et de l’Égypte, elle revient d’abord sur cette « aventure » que constitue, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, l’installation des missions évangéliques. Elle décrypte ensuite les moyens contemporains de l’« offensive évangélique », en les illustrant par des parcours particuliers, puis tente de saisir les raisons principales des conversions, mais aussi les enjeux politiques importants qu’elles revêtent, ainsi que leur impact, en retour, aux États-Unis.

. Jalila Sbai, La politique musulmane de la France. Un projet chrétien pour l’islam ? 1911-1954, Paris, CNRS, mai 2018.

Comment définir la politique de la République en terre d’islam ? Jusqu’au début des années 1950, à l’ère des colonies, la France tente de centraliser en métropole les forces d’un empire musulman éclaté. L’axe déterminant de cette politique est l’islam, que l’on veut réformer en le « christianisant » afin d’assimiler les musulmans aux Français. Cette expérience du passé colonial français nourrit encore aujourd’hui le rapport à l’islam et aux musulmans en France. Jalila Sbaï retrace pour la première fois l’histoire de cette politique, de la question du califat à celle de Palestine, des protectorats aux mandats, en passant par les débats idéologiques sur la supériorité ou non de la civilisation chrétienne sur la civilisation musulmane. Elle souligne l’influence capitale des institutions mises en place par la France pour orienter cette politique : Commission interministérielle des affaires musulmanes, Haut-comité méditerranéen, Centre des Hautes études et d’administration musulmane… Au cœur de ces dispositifs, nombre d’orientalistes chrétiens, fonctionnaires-savants-experts de l’empire, jouent un rôle majeur : Louis Massignon et Robert Montagne ont, parmi d’autres, marqué de leur empreinte cette politique musulmane de la France.

. Pierre Singaravélou et Fabrice Argounès, Le Monde vu d’Asie. Une histoire cartographique, Paris, Seuil, mai 2018.

Ce beau livre relate une autre histoire du monde, centrée sur l’Asie à travers des chefs d’œuvre cartographiques et iconographiques, célèbres ou méconnus, qui témoignent des échanges féconds entre les différentes régions asiatiques, ainsi qu’entre l’Asie et le reste du monde du XVe au XXe siècle. Après avoir présenté les univers cosmographiques hindou, jaïn, bouddhiste et taoïste qui constituent la matrice des cartographies religieuses, les auteurs nous invitent à suivre certains explorateurs comme l’amiral Zheng He, des moines tel Xuanzang et ses fameuses Pérégrinations vers l’Ouest, et les commerçants partis sur les routes des « grandes découvertes » asiatiques. Les nouveaux pouvoirs royaux et impériaux mettent en scène leur autorité sur le territoire grâce à la cartographie, à travers la représentation des conquêtes, des frontières, des grands travaux et des capitales. Longtemps, les mappae mundi chinoises, coréennes et indiennes confondent le monde avec l’Asie et relèguent l’Europe et l’Afrique dans les marges des cartes. À partir de la fin du XVIe siècle, la coopération entre les jésuites européens et les savants chinois induit un décentrement, qui ouvre des perspectives géographiques aux élites autochtones, tout en situant l’Asie au cœur du monde. Au XIXe siècle, la présence coloniale européenne apparaît sur les cartes qui traduisent d’autres formes d’hybridation des savoirs. Les Occidentaux se sont alors réapproprié ces savoirs cartographiques asiatiques et une grande partie de ces œuvres ont été déplacées notamment dans certaines collections françaises.

. Kojin Karatani, Structure de l’Histoire du monde, Paris, CNRS, mai 2018.

Kōjin Karatani, éminent intellectuel japonais contemporain, est un lecteur critique de Marx : son livre Transcritique (2001) marque un engagement proche des positions de Slavoj Zizek ou de Toni Negri. Paru dix ans plus tard, Structure de l’histoire du monde propose une histoire globale du monde qui se démarque de la pensée de Marx. Au lieu de privilégier les modes de production, ce sont les modes d’échange qui sont mis en avant. Ils recouvrent les relations entre les hommes mais aussi celles entre les hommes et la nature, les marchandises n’en constituant pas l’élément exclusif. Au carrefour de la sociologie, de l’anthropologie, de l’économie, c’est une autre histoire mondiale, multiple et stratifiée que nous expose cet ouvrage, tressant ensemble échanges, formations sociales et formes de pouvoir. Réciprocité du don et du contre-don, protection contre soumission, monnaie et marchandise, voici quelques-uns des modes d’échange qui constituent la trame de cette Structure de l’histoire du monde. Un ouvrage riche, appelant de nouvelles manières de penser et de vivre notre présent.

. Jean-Christophe Collin, Le livre noir du sport russe, Paris, Stock, mai 2018.

Le sport est un élément essentiel de la société russe. C’est ce qu’a très tôt saisi Vladimir Poutine, lui-même grand sportif, ancien judoka, qui a constitué autour de lui une garde prétorienne aux muscles rebondis jusqu’aux postes les plus importants du pouvoir. Dans ce contexte, le sport russe est redevenu un instrument de propagande sans pareil et un moyen pour le pays de retrouver son rang dans le concert des grandes puissances. Avec comme conséquences les récents scandales liés à l’organisation des Jeux olympiques pharaoniques de Sotchi en 2014 ainsi que les multiples affaires de dopage révélées depuis. Ce livre propose une plongée dans un univers extravagant et inquiétant au gré de destins singuliers et d’itinéraires hauts en couleur. Quand pouvoir et sport se confondent.

. Bernard Pecqueur (dir.) et Fabien Nadou (dir.), Dynamiques territoriales et mutations économiques, Paris, L’Harmattan, mai 2018.

L’attention aux territoires et à leurs dynamiques a conduit à un profond renouvellement de l’analyse permettant de mieux comprendre le développement des sociétés en réponse aux mutations économiques et à la mondialisation. Cet ouvrage discute de ce rapport d’actualité entre local et global. Le glissement vers des processus de transition, d’intermédiation et d’innovation est au cœur des articulations nouvelles que la globalisation de l’économie impose aux sociétés locales. Les reconfigurations scalaires, temporelles et spatiales, mais aussi les injonctions de durabilité impliquent pour les décideurs territoriaux une mobilisation face à ces nouveaux enjeux.

. Joachim Tedié, La diplomatie économique de la Corée du Sud. Quelles leçons pour l’Afrique ?, Paris, L’Harmattan, mai 2018.

Lors des indépendances (1960), la Corée du Sud et le Cameroun avaient pratiquement le même niveau de développement. Près d’un demi-siècle plus tard, la Corée du Sud a su s’imposer au point d’être un exemple de diplomatie économique. Comment un peuple est capable, dans une relative confiance en sa culture, de se hisser dans les hautes sphères de l’économie mondiale ? L’Afrique fait-elle des mauvais choix de coopération économique ?

. Alain Bauer et Marie-Christine Dupuis-Danon, Les Guetteurs, Paris, Odile Jacob, mai 2018.

La publication, pour la première fois, des témoignages personnels des anciens directeurs des services français de renseignement constitue un événement majeur. De la fin de la guerre froide aux conflits asymétriques, de la prégnance du contre-espionnage à la montée de la menace terroriste et à ses mutations ces quinze dernières années, des exigences du cloisonnement aux pressions des technologies de l’information, c’est un concentré de l’histoire du temps présent qui se dessine au fil de ces pages, une synthèse des difficultés qu’ont dû surmonter nos services pour s’adapter aux bouleversements de la situation internationale. De témoignage en témoignage, ces acteurs du secret offrent, dans ce livre, une contribution inédite permettant de mieux comprendre l’enjeu des questions de sécurité, de mesurer les évolutions de l’instrument du renseignement français jusqu’à la période la plus récente et d’appréhender la communauté du renseignement comme système nerveux de l’État. Préface de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.


. Yves Lacoste, Aventures d’un géographe, Paris, Édition Des Équateurs, avril 2018.

Il est le père de la géopolitique française et aussi de la géostratégie. Il est le fondateur de la mythique revue Hérodote. Yves Lacoste est l’un des plus grands noms de la géographie contemporaine, dans la lignée d’un Paul Vidal de Lablache même si leurs terrains de recherche furent différents. Né au Maroc en 1929, fils d’un géologue qui lui apprend la curiosité des pierres et du terrain, il perd cette figure paternelle si marquante pour sa vocation alors qu’il est un jeune adolescent. Il commence donc des études de géographie pour le goût de la géologie et sa vie lui donnera des pères d’adoption et intellectuels, le premier étant Pierre George, grand géographe communiste, professeur à l’école des sciences politiques, qui lui permettra d’écrire son premier « Que sais-je » sur les pays sous-développés. En effet, dans les années 1950 et 1960, la géographie est marquée par l’émergence des pays sous-développés, la fin des colonisations et les guerres idéologiques (notamment la guerre froide). On ne peut donc faire de géographie sans évoquer la politique. Curieux du monde, Yves Lacoste est un géographe aventurier, kesselien. Il court en Afghanistan, à Cuba, au Vietnam, en Afrique, notamment à Ouagadougou où il s’intéresse aux populations touchées par les maladies tropicales, car la géographie peut aider aussi la médecine. Mais Yves Lacoste demeurera un homme libre, en dehors des chapelles idéologiques et universitaires. Il sera le premier à concevoir la géographie comme " un art de la guerre ". Ses mémoires sont passionnantes tant sur le plan personnel que scientifique. Ils sont le témoignage d’un esprit rebelle et en même temps d’une grande précision. Ce livre nous permet à la fois de comprendre l’essence de la géographie, les écoles françaises qui l’ont animée tout au long du XXème siècle et nous permet de mieux appréhender notre géographie contemporaine si bouleversée.

. Delphine Allès, Frédéric Ramel, Pierre Grosser, Relations internationales, Paris, Armand Colin, mai 2018.

Traditionnellement centrées sur l’étude des rapports entre États, les Relations internationales ne cessent de se transformer pour faire face aux évolutions contemporaines : migrations internationales, mutations de la guerre, changement climatique, crises financières… À travers des entrées thématiques, ce manuel aborde la diversité des acteurs et objets propres à la discipline avec une exigence de pédagogie et d’accessibilité. Le cours présente les concepts fondamentaux de la discipline, événements marquants, dates à retenir, controverses théoriques… Il est illustré de cartes et photographies de presse. Les entraînements permettent de renforcer l’acquisition des connaissances et de se familiariser avec des exercices types de l’enseignement en Relations internationales, tels que les sujets de réflexion ou les études de document. La partie méthode propose des techniques et exemples d’application pour se préparer aux épreuves : création de cartes analytiques, réponse à une question de réflexion et analyse d’images.

. Alexis Gonin et Christophe Quéva, Géographie des espaces ruraux, Paris, Armand Colin, mai 2018.

Dans un contexte d’urbanisation croissante, l’objectif de cet ouvrage est de comprendre la place des espaces ruraux dans le monde et les enjeux qu’ils représentent en termes de pratiques, de fonctions, de représentations, mais aussi en termes d’aménagement et de conflits d’usages. Il s’organise en trois temps forts. Questions essentielles, objectifs de connaissance par chapitre, lectures indispensables et notions clés à maîtriser. Savoirs fondamentaux assortis d’exemples localisés, de définitions et de focus thématiques, d’une page d’entraînement et d’une étude de cas mobilisant des documents géographiques. Méthodologie détaillée de chaque type d’exercice, avec son application commentée.

. Philippe Sénac, Le monde musulman. Des origines au XIe siècle, Paris, Armand Colin, mai 2018.

L’étude du monde musulman est essentielle pour comprendre les grands équilibres du Moyen Âge, mais aussi éclairer notre connaissance du monde arabe contemporain. En effet, au début du VIIe siècle apparaît une civilisation nouvelle et conquérante qui bouleverse définitivement les structures du monde antique pour donner naissance à un immense empire allant de l’Atlantique à l’océan Indien. Pour aborder cet espace, où le politique et le religieux sont étroitement liés, cette histoire du monde musulman des origines au XIe siècle a volontairement privilégié une approche événementielle en s’arrêtant aux années 950-1050, période charnière pendant laquelle se produisent d’importants changements au sein du monde arabo-musulman. Photos, plans, généalogies et nombreux extraits de textes enrichissent l’ouvrage et un dossier d’annexes présente divers éléments destinés à des commentaires et fournissent les principaux instruments nécessaires à la compréhension de la civilisation islamique.

. Arnaud Blin, Les grands capitaines, Paris, Perrin, mai 2018.

Jusqu’à une époque récente, l’histoire fut associée à la guerre, la guerre fut associée aux grandes batailles, et les grandes batailles furent associées aux « grands capitaines », selon l’expression consacrée. Que le capitaine reste au milieu de ses troupes, épée à la main, qu’il soit à quelques centaines de mètres du front à donner des ordres à ses chefs de corps ou à des dizaines de kilomètres à réordonnancer la marche de milliers de chars et de dizaines de milliers d’hommes, il reste celui par qui se joue le sort de la bataille. Mais si le grand capitaine, pour Arnaud Blin, est bien celui qui dirige les armées et élabore ses stratégies, il est surtout celui dont le rare talent le place dans une catégorie à part parmi les chefs militaires. En fin de compte, seule une poignée de personnalités d’exception peut se targuer de faire partie de cette élite. Dès lors, et si l’on considère que la guerre est un art, les quinze hommes dont ce livre dresse le portrait ont porté celui-ci à son apogée, chacun usant de moyens et de techniques propres à son environnement culturel, avec un style et une touche personnels qui font toute la singularité de leur talent individuel. De l’âge classique – Alexandre le Grand, Hannibal, César – au monde contemporain – Napoléon, Joukov, Giap – en passant par le Moyen Age et l’époque moderne – Saladin, Gengis Khan, Tamerlan, Turenne… –, ce sont ainsi quinze styles de commandement et de génie militaires qui se trouvent ici brillamment analysés et racontés.

. Jean-Noël Jeanneney (dir.) et Jeanne Guérout (dir.), L’Histoire de France vue d’ailleurs, Paris, Seuil, mai 2018.

Partant de l’idée chère à Montesquieu qu’il est sain et tonique, pour un peuple, de se contempler au miroir que d’autres lui tendent, les auteurs se livrent à une vaste entreprise de remise en cause du récit national. De l’Histoire de France telle que des générations de manuels scolaires se sont plu à la raconter, ils ont retenu cinquante dates majeures et les ont soumises au regard d’historiens étrangers. Chacun d’entre eux revisite un événement fondateur – d’Alésia à Mai 68, en passant par les batailles de Poitiers ou de Marignan – et contribue de la sorte à éclairer d’un jour nouveau notre destin collectif. En réintégrant ces moments successifs dans des dynamiques qui les dépassent, ce livre bouscule nos certitudes, nos chagrins rétrospectifs et nos fiertés patriotiques.

. Olivier Rozenberg, Les Députés français et l’Europe. Tristes hémicycles ?, Paris, Presses de Sciences Po, mai 2018.

Cherchant à analyser les effets de l’intégration européenne sur l’Assemblée nationale, Olivier Rozenberg a interrogé une soixantaine de députés sur leur conception de l’activité parlementaire. Sous la pression de l’Europe, le rapport de l’élu à son électeur, à la loi, aux ministres ou à lui-même s’est modifié. Il doit monter des dossiers de subvention, se faire le relais des griefs des électeurs, agir en lobbyiste à Bruxelles, ourdir des « coups » politiques autour des enjeux européens, etc. Ainsi, différents profils de parlementaires s’européanisent. Entrepreneurs locaux, défenseurs du terroir, souverainistes, présidentiables ou experts peuplent de « tristes hémicycles », théâtres d’une profonde transformation depuis Maastricht. Une tristesse qui doit autant aux difficultés d’adaptation des deux assemblées à l’Union européenne qu’aux émotions que les représentants mobilisent quotidiennement dans l’action.

. Serge Quadruppani, Le monde des Grands Projets et ses ennemis, Paris, La Découverte, mai 2018.

Ce brûlant petit livre, écrit par un ardent compagnon de route de Notre-Dame-des-Landes, de la vallée de Suse et des « cortèges de tête » des manifestations de ces dernières années, a pour ambition de cerner la nouvelle subjectivité collective révolutionnaire qui émerge en de nombreux endroits de la planète : hétérogène, multiforme, d’une grande richesse culturelle et réflexive, parcourue de forces contradictoires mais unifiée par son ennemi même : le monde de la « révolution managériale » et de sa loi « Travaille ! », un monde qui est, indissociablement, celui des Grands Projets « inutiles et imposés », ces infrastructures (aéroports, barrages, parcs d’éoliennes, sites d’enfouissement des déchets nucléaires, etc.) qui accompagnent la métropolisation du monde et entraînent un peu partout la naissance de Zones à défendre. Les Grands Projets représentent une nécessité pour un monde qui prétend être le seul possible et reposer en tous ses aspects sur la raison : la raison de l’économiste, celle du financier, de l’ingénieur, de l’aménageur, du manager. À cette irrationnelle rationalité qui ramène tout à la mesure de l’argent, il s’agit d’opposer une recherche essentielle en ces temps de catastrophe écologique, celle de la juste mesure dans chaque réalité : dans la production de tels ou tels objets aussi bien que dans les échelles de la vie en commun. Et d’inventer, en lien étroit avec ces territoires en lutte, des savoirs, des imaginaires, des contre-cultures qui rendront possible une autre société.


Le livre géopolitique recommandé par Diploweb en mai 2018

. Thierry Garcin, La fragmentation du monde, Paris, Economica, mars 2018.

Pierre Verluise, Fondateur du Diploweb.com : "Thierry Garcin (HDR, maitre de conférences à HEC) nous offre avec La fragmentation du monde un ouvrage magistral pour saisir les facettes de la puissance dans les relations internationales. L’auteur démontre une impressionnante maitrise de son sujet et donne au lecteur le meilleur de sa vaste culture, avec une écriture épurée, précise, rigoureuse. T. Garcin explique successivement l’évolution de la notion de puissance, les enjeux majeurs contemporains et les grands défis. Un ouvrage de référence qui sera à sa place dans toutes les bibliothèques publiques et privées qui ambitionnent de disposer de documents de référence. "

4e de couverture

Dans les relations internationales, la puissance des grands acteurs devient relative. Les États-Unis resteront la seule superpuissance, mais affaiblie. Le projet fédéraliste de l’Union européenne a volé en éclats. La Russie est une puissance en recomposition. La Chine est loin d’être une superpuissance politique. Le monde arabe est en miettes, pour longtemps. Quant aux pays émergents, ils ne fabriquent pas de la puissance politique, ou si peu. À ce fond de tableau, près d’une trentaine d’années après la chute du mur de Berlin, de multiples raisons, et beaucoup de conséquences. Six chapitres, une trentaine d’encadrés, un cahier en couleurs de seize cartes complètent ce panorama de la puissance contemporaine et ouvrent des perspectives.

Bonus : Lire l’entretien de Thierry Garcin avec Pierre Verluise pour Diploweb


. Marion Duvauchel, Jérusalem, La bouraq et le vol mystique, Angers, Les acteurs du savoir, juillet 2018.

Sur quoi l’islam fonde-t-il ses revendications sur Jérusalem ? Sur une croyance : une nuit, Mahomet est réveillé par l’ange Gabriel, qui a mission de l’emmener jusqu’au ciel. Mais le voyage n’est pas direct, il y a une correspondance à Jérusalem. De là, il monte au ciel, à travers sept cieux successifs, jusqu’au huitième où se trouve Dieu. Pendant ce voyage, Gabriel lui montre l’enfer et le paradis. Puis, il va recevoir la Révélation coranique avant de redescendre. L’ouvrage examine cette croyance, depuis les premières traditions qui l’authentifie, jusqu’au livre de l’échelle, un livre qui parvient en Occident au XIIe siècle, est oublié puis redécouvert au XIXe siècle et traduit en 1991 en français par l’équipe de Michel Zink. Il examine les sources judaïques, midrashiques et chrétiennes qui traduisent une influence et des emprunts aux religions qui préexistaient à l’islam ; comment ce livre est reçu en Occident ; comment il noue l’eschatologie et l’angélologie musulmane ; agite le monde européen au XXe siècle à travers la controverse autour des sources de la Divine Comédie de Dante, et il procède à un des principaux courants mystiques musulmans. Comment au XIIe siècle, l’islam iranien s’est-il débattu avec cette légende ? En construisant un système entre ésotérisme, théosophie et philosophie pour rendre compte de cette expérience mystique. Et enfin, comment l’orientalisme européen a intégré l’islam sans jamais procéder à l’examen d’une légende qui pourtant, fonde la revendication actuelle de l’islam de Jérusalem comme de sa ville sainte.

. Pascal Buresi, Histoire des pays d’Islam. De la conquête de Constantinople à l’âge des révolutions, Paris, Armand Colin, mai 2018.

Pourquoi la vague révolutionnaire qu’ont connue les pays d’Islam depuis 1979 en Iran jusqu’aux années 2010 dans les pays arabes ne débouche-t-elle pas sur des démocraties « à l’occidentale », mais voit plutôt le pouvoir revenir soit à des partis islamistes, soit à des militaires, soit aux élites des régimes renversés ? Comment expliquer l’éphémère califat de Syrie et d’Irak ? Pour répondre à ces questions et comprendre les processus complexes à l’œuvre dans les pays d’Islam, il faut sortir du « présentisme » qu’affectionnent les politistes et plonger dans l’histoire : l’histoire politique des Empires modernes, ottoman, safavide et moghol à partir du XVe siècle, l’histoire économique des territoires, qui se sont ouverts au monde dans un cadre islamique et plus récemment à la globalisation, l’histoire sociale de populations diverses, pluri-ethniques et multi-confessionnelles, l’histoire intellectuelle de savants et de penseurs qui analysent leur monde en vue de le réformer. Des grands empires de l’époque moderne à la crise contemporaine des États-nations, cet ouvrage donne les clés pour comprendre l’histoire récente des pays d’Islam.

. Jacques Portes, La véritable histoire de l’Ouest américain, Paris, Armand Colin, mai 2018.

Nous avons tous des images de l’Ouest américain en tête. De sa conquête à la ruée vers l’or, des immenses paysages de la Vallée de la mort au pont de San Francisco, de Buffalo Bill à Geronimo, des westerns de John Wayne à Quentin Tarantino... l’Ouest est très tôt devenu un mythe, une fabrique à rêves comme l’incarne Hollywood. Jacques Portes nous invite dans ce livre à aller au-delà de la légende en nous racontant l’histoire, ou plutôt les histoires de l’Ouest. Elles commencent il y a bien longtemps avec les premiers habitants du continent ; elles ont nourri autant d’espoirs que de désillusions ; elles conservent une part de mystère et d’inconnu.

. Richard Nadeau, Martial Foucault, Bruno Jérôme, Véronique Jérôme-Speziari, Villes de gauche, villes de droite, Paris, Presses des Sciences Po, mai 2018.

À chaque élection municipale, certains commentateurs annoncent des résultats largement tributaires de la conjoncture nationale. D’autres affirment que le sort des élus dépend avant tout de la situation locale. Dans la perspective d’anticiper les basculements à gauche ou à droite lors de ces scrutins, les auteurs ont analysé les résultats d’un panel de 236 villes de plus de 30 000 habitants sur trente ans (1983-2014). Ils ont passé au crible les critères locaux et nationaux susceptibles d’expliquer les succès et les défaites des candidats, tout en démontrant pourquoi certaines équipes sortantes sont systématiquement reconduites quelle que soit la situation politique nationale. Une typologie des facteurs ancrant ou non les villes dans une fidélité partisane se dessine. Elle met au jour le rôle déterminant de leur profil sociodémographique — avec comme variable clé la proportion de résidents en HLM — et souligne l’importance de la performance économique et financière des maires et de la stratégie politique qu’ils déploient pour assurer leur réélection. Une observation fine et inédite de la dynamique électorale locale, toujours orchestrée par la dialectique gauche-droite et exerçant en France une influence significative sur la politique nationale.

. Hugo Loiseau et Elena Waldispuehl, Cyberespace et science politique, Québec, PUQ, mai 2018.

Transition pour certains, rupture pour d’autres, l’envahissement du cyber­espace dans nos vies soulève plusieurs questions. Il est rare, dans l’histoire de l’humanité, de constater qu’une innovation technologique transforme autant et en si peu de temps le quotidien des individus, mais aussi les façons de gouverner ou d’analyser le monde. Le présent ouvrage part du constat que nous vivons actuellement une véritable « cybérisation » individuelle et collective. Il souhaite ainsi appréhender les changements sociaux et politiques qu’implique la présence grandissante du cyber­espace dans nos vies. Ce livre répond à trois questionnements généraux : 1. Quels sont les changements sociaux et politiques induits par l’arri­vée, puis l’omniprésence, du cyberespace dans les sociétés occi­den­tales ? Sont-ils nombreux et quelles sont leurs répercussions sur le plan politique ? 2. Le cyberespace a-t-il aussi provoqué des changements dans la pratique scientifique des politologues ? Par exemple, de nouveaux objets ont-ils intéressé la science politique ? 3. Les nouvelles technologies ont-elles augmenté les capacités de nos outils de recherche ? Si oui, faut-il adapter les méthodes de recherche et leurs techniques à cette nouvelle réalité ? Comment le faire ? Ce livre expose, entre autres, les changements qu’apporte le cyberespace à l’étude et à la pratique des sciences sociales en général et de la science politique en particulier, mais aussi aux objets d’études de ces domaines.

. Andrew B. Kennedy, The Conflicted Superpower. America’s Collaboration with China and India in Global Innovation, Columbia, Columbia University Press, mai 2018.

For decades, leadership in technological innovation has sustained U.S. power worldwide. Today, however, processes that undergird innovation increasingly transcend national borders. Cross-border flows of brainpower have reached unprecedented heights, while multinationals invest more and more in high-tech facilities abroad. In this new world, U.S. technological leadership increasingly involves collaboration with other countries. China and India have emerged as particularly prominent partners, most notably as suppliers of intellectual talent to the United States. In The Conflicted Superpower, Andrew Kennedy explores how the world’s most powerful country approaches its growing collaboration with these two rising powers.

. Jean-Pierre Andrevon, Encyclopédie de la guerre au cinéma et à la télévision, Paris, Vendémiaire, mai 2018.

Des milliers de flèches s’élançant vers le ciel, des glaives qui s ’entrechoquent, le galop sourd d’une charge de cavalerie, le chaos des tranchées, des mitraillettes qui crépitent, les bons et les méchants, le souffle de l’épopée et les aspects les plus sordides de la vie quotidienne, la terreur et l’exaltation… La guerre est, aussi, un formidable spectacle. Le cinéma ne s’y est pas trompé : l’une des premières réalisations de Georges Méliès, en 1897, n’a-t-elle pas pour titre Le Bombardement d’une maison ? Et d’Autant en emporte le vent à La 317e Section, de Spartacus à Il faut sauver le soldat Ryan, de Lawrence d’Arabie à Falstaff, on ne compte plus les chefs-d’œuvre qu’elle a inspirés. En débutant par la guerre de Troie pour finir par les conflits les plus contemporains, en passant par les croisades, l’aventure napoléonienne, les guerres mondiales et celles de la décolonisation, et en s’attachant aussi aux œuvres à part entière qui ont été produites pour la télévision, Jean-Pierre Andrevon retrace, en un immense panorama, les formes et les métamorphoses d’un genre inépuisable, qui a puissamment contribué à l’évolution du récit cinématographique.

. Dan La Botz, Le nouveau populisme américain, Paris, Syllepse, mai 2018.

L’élection de Donald Trump en 2017, qui a effrayé le monde, n’est pas un accident. Elle est le symptôme des profondes crises économique et idéologique qui travaillent­ la société américaine. Depuis le milieu des années 1960, les États-Unis ont connu plusieurs bouleversements majeurs. D’abord le massif mouvement des droits civiques contre le racisme structurel qui gangrène la société américaine. Ensuite, le vaste mouvement contre la guerre du Vietnam où la puissance impérialiste a connu une défaite cuisante. Et enfin, le profond mouvement de libération des femmes qui contesté les bases patriarcales de la société américaine. Ces secousses sismiques successives conjuguées aux crises économiques à répétition, dont la dernière en date est celle de 2008, ont profondément affecté le tissu social et les représentations idéologiques qui pouvaient unir les Américain-e-s. Face à ce désordre croissant et aux angoisses ou paniques collectives, les deux partis dominants, républicain et démocrate, ont été bien en peine d’offrir de nouveaux horizons, une explication du monde cohérente.

. Pierre Conesa, Hollywood, arme de propagande massive, Paris, Robert Laffont, 2018.

Le Noir, le Rouge, le Jaune, le communiste, le barbu... : quand Hollywood fabrique des ennemis, ce n’est pas que du cinéma. Hollywood est une usine à rêves mais aussi une formidable machine à créer des méchants. À chaque époque sa cible. D’abord incarné par le Noir, représenté comme un illettré, un paresseux obsédé par la femme blanche, l’ennemi a ensuite pris les traits de l’Indien, sauvage et agressif, puis du Chinois cruel, du basané - bandit mexicain, gras et transpirant, ou trafiquant colombien -, du nazi ou du communiste... Plus récemment, lors de la deuxième guerre du Golfe, c’est le " Frenchie " qui a cristallisé la rancoeur des États-Unis, avant qu’il soit remplacé par l’Arabo-Irano-terroristo-musulman. Pour mener l’enquête, l’auteur a passé au crible plus de trois mille films, le plus souvent des objets cinématographiques de consommation courante, ceux qui forgent l’opinion publique bien plus que les chefs-d’oeuvre. De manière implacable, il démontre comment Hollywood, en jouant de la confusion entre fiction et réalité, cinéma et géopolitique, est devenu une arme de propagande massive, capable de transformer les ennemis des États-Unis en menaces planétaires.

. Régis Genté, Nicolas Jallot, Futbol. Le ballon rond de Staline à Poutine, une arme politique, Allary éditions.

À la veille du Mondial qui aura lieu en Russie, ce livre raconte comment, de Staline à Poutine, le foot a toujours été une arme du pouvoir russe et un instrument au service d’ambitions politiques.

Trop grande, trop froide, trop isolée, la Russie n’était pas faite pour le football. Et pourtant, dès qu’il a rebondi sur la terre russe, le ballon rond a fait mieux que s’acclimater. Il est devenu l’objet d’une fièvre populaire que le Kremlin, de Staline à Poutine, cherche à instrumentaliser.
Beria était le patron du KGB, mais aussi le parrain des équipes du Dynamo de Moscou et Tbilissi, faisant de ces clubs les instruments d’une lutte sans merci contre « l’équipe du peuple », celle du Spartak Moscou. Pendant des décennies, deux clans se sont affrontés et tous les coups étaient permis, jusqu’à la déportation au Goulag des meilleurs joueurs de l’équipe adverse.
En Russie, le football est un sport de combat politique : dès les premières rencontres à Saint-Pétersbourg qui avaient de furieux airs de lutte des classes ; lors du « match de la mort » du 9 août 1942, opposant Ukrainiens du FC Start et nazis de la Luftwaffe ; dans la façon dont le régime mit en scène ses vedettes comme Lev Yachine ; avec le football « scientifique » qui conquit le monde pendant la guerre froide ; dans le rapport qu’entretiennent les oligarques avec ce sport, et jusqu’à l’organisation éminemment politique du Mondial 2018.
Fourmillant d’anecdotes mettant en scène grands leaders et champions soviétiques, ce livre raconte davantage qu’un siècle de football : il décrypte le pouvoir russe à travers le prisme du ballon rond.

. Marc-Antoine Pérouse De Montclos, L’Afrique, nouvelle frontière du djihad ?, Paris, La Découverte, mai 2018.

Boko Haram au Nigeria, les chebab en Somalie, AQMI au Mali… Plus de vingt ans après les attentats organisés en 1998 par Al-Qaïda contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie, la progression des mouvements islamistes radicaux en Afrique subsaharienne, notamment au Sahel, inquiète les populations locales et les observateurs internationaux. Ce livre solidement argumenté dresse un panorama éclairant des mouvements dits « djihadistes » en rappelant leurs origines, historiques et sociales. Loin d’être les tentacules d’une monstrueuse « Internationale Terroriste », ces mouvements puisent d’abord leurs racines dans des dynamiques locales. Plutôt que d’envisager le « djihadisme africain » comme une nébuleuse homogène et insaisissable, Marc-Antoine Pérouse de Montclos propose une analyse innovante de ces groupes insurrectionnels en s’appuyant non seulement sur des considérations religieuses mais aussi sur des données économiques, sociologiques et politiques trop rarement mobilisées. Nourri d’entretiens avec des leaders musulmans, des combattants et des responsables des services de sécurité, ce livre souligne les effets contre-productifs des réponses militaires apportées à la « menace terroriste » au Sahel.

. Christian Deblock et Joël Lebullenger (dir.), Génération TAFTA, Rennes, PUR, mai 2018.

La mondialisation a changé. Ses cadres normatifs aussi ! Des accords commerciaux transatlantiques, transpacifiques, transasiatiques ou autres, viennent brouiller les cartes. Cet ouvrage replace les nouveaux accords de partenariat dans leur contexte, puis analyse les enjeux et les motifs d’inquiétude qu’ils suscitent, en s’intéressant tout particulièrement aux partenariats transatlantiques (CETA, TTIP/TAFTA) et transpacifique (TPP).

. Riccardo Brizzi et Marc Lazar (dir.), La France d’Emmanuel Macron, Rennes, PUR, mai 2018.

La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017 et celle de son mouvement, La République En Marche, constituent deux événements électoraux parmi les plus surprenants de l’histoire de la Ve République, qui fête cette année son soixantième anniversaire. Ce livre entend analyser les raisons, les modalités mais aussi les limites de son succès, par les regards croisés des différents auteurs de ce volume.

. Jean-François Bouvet, Havre de guerre, Paris, Fayard, mai 2018.

Phnom Penh a le tragique à fleur de peau, juste sous la douceur. On y chemine sur les strates d’une histoire qui rougeoie encore des braises d’une guerre pas si lointaine. La découverte dans un vieux palace d’une « carte spéciale pour les journalistes de passage » conduit le narrateur à ce passé. Sur la photo d’identité rayonne le visage d’Elizabeth, jeune Américaine des Seventies. Des décennies plus tard, devenue une figure majeure des médias outre-Atlantique, elle offre au narrateur le fil rouge qui le mène vers l’univers oublié des correspondants de guerre au Cambodge – dans l’arrière-cour du conflit vietnamien. Un monde de routes poussiéreuses, écrasées de chaleur, où le danger – Viet Cong, Khmers rouges – peut surgir à chaque instant ; un monde en voie d’encerclement, où, dans la vibration des bombardements, les reporters sont observateurs et partie prenante du chaos ambiant. Avec ses séductions nocturnes, le grand hôtel dont la presse étrangère a fait son repaire dans la capitale est un havre précaire : beaucoup de journalistes qui en partent disparaissent sur la route. Ils vont rejoindre les âmes errantes qui hantent la terre des Khmers, laissant leurs confrères sous l’emprise du pays et de la tragédie qui s’annonce. Saisi comme en écho, le narrateur les regarde vivre, à retardement – manière d’emprunter une vie qui n’était pas la sienne… Étrange nostalgie que celle d’un passé que l’on n’a pas vécu.

. Claude Chaline, Politiques de la ville, Paris, PUF, avril 2018.

Depuis des décennies, la concentration de populations cumulant difficultés sociales et économiques, dans les cités périphériques ou dans les quartiers anciens et dégradés de la plupart des villes françaises, est source de préoccupations pour les services de l’État et pour les collectivités locales. Pour répondre à ces situations et aux dysfonctionnements, voire aux épisodes de violence qui s’ensuivent, des politiques urbaines, poursuivies par les différents gouvernements, sont mises en place dans les domaines de l’urbanisme, du social, de l’économique et de la sécurité. Après un état détaillé des lieux, le livre analyse et évalue la portée et l’effectivité de ces dispositifs englobés dans les politiques de la ville, du renouvellement et de la rénovation urbaine. Professeur émérite à l’Institut d’urbanisme de Paris (Université Paris-Est Créteil Val de Marne), Claude Chaline enseigne l’aménagement urbain.

. Dominique Le Brun, Arctique. L’histoire secrète, Paris, Omnibus, avril 2018.

Sous l’histoire officielle de la conquête du pôle Nord se cachent beaucoup d’affaires étouffées, de drames effacés, d’enjeux économiques ou stratégiques maquillés. Bien connue, croit-on, est l’histoire de la conquête du pôle Nord. Et pourtant... Le mot même est ambigu : conquête géographique ou conquête guerrière ? Les étapes de la progression des conquérants méritent un examen critique, auquel se livre ici Dominique Le Brun, spécialiste d’histoire et de littérature maritimes. On découvre ainsi que les noms qui ornent les cartes de l’océan Arctique ne sont pas toujours ceux des hommes qui ont réellement agi – celui de Barents, par exemple, cache celui du Français Balthazar de Moucheron. On apprend qu’un mythe soigneusement entretenu, celui de " la mer libre du pôle ", a poussé les États à investir dans des expéditions coûteuses et mortelles. On s’étonne des prolongements de la querelle à la fois politique, financière et idéologique (voire raciale) qui opposait et continue d’opposer les partisans des deux expéditions Cook et Peary. On comprend que les exploits arctiques de l’État soviétique naissant étaient destinés, en fait, à ouvrir la route des goulags... Et l’on en arrive à constater que, aujourd’hui, près de 50% des territoires arctiques sont limitrophes de la Russie de Vladimir Poutine. Une longue histoire dont on se demande parfois si elle n’est pas la chronique d’une catastrophe annoncée.

. Leila Latrèche, Généalogie des villes d’Algérie, Paris, Riveneuve, avril 2018.

Ouvrage sur l’histoire des villes d’Algérie à travers 6 strates depuis l’Antiquité : berbère, phénicienne et carthaginoise, romaine et byzantine, arabe et ottomane, française avant les renominations et les villes-nouvelles d’après 1962. Voyage géographique, historique et linguistique dans cette large terre, carrefour des civilisations. Un livre offrant une large synthèse des villes d’Algérie à travers les âges et reprenant tous les noms selon les strates successives : berbères, phéniciennes, romaines, arabes et ottomanes, françaises et contemporaines. Un ouvrage dans un esprit de synthèse de toutes les environnements linguistiques de l’Algérie : le punique, le grec, le latin, l’arabe, l’espagnol, le turc, le français ; langues de tous les conquérants et occupants de cet espace géographique devenue Algérie. Un livre élégant avec des cartes précises et esthétiques en couleurs réalisées par un cartographe. Une consultation facile avec les villes rangées par ordre alphabétique (dans leur transcription française).

. Bernard Botiveau, Hernando Salcedo Fidalgo et Aude Signoles (dir.), Amérique latine – Monde arabe. La diagonale des Suds, Paris, Riveneuve, avril 2018.

Depuis plus d’un siècle, des diasporas d’origine arabe établies en Amérique latine maintiennent les échanges entre ce continent et différents pays du Proche-Orient. L’histoire et la sociologie des migrations étudient ceux qu’autrefois on appelait « Turcos » – car ils venaient de l’Empire ottoman – et leurs façons de s’intégrer dans les pays d’accueil sans renier leurs cultures d’origine. Les soulèvements arabes de 2011 ont eu un vif écho en Amérique latine et ont ranimé des interrogations plus anciennes, liées à la guerre en Palestine et aux interventions américaines en Irak puis à la guerre en Syrie. Intérêts économiques et échanges pétroliers avaient déjà poussé certains États des deux continents à coopérer. Certaines tendances à la gouvernance autoritaire aussi. Au plan social et culturel, une curiosité nouvelle se manifeste en Amérique latine pour les racines ethnico-linguistiques et religieuses, contribuant à créer une effervescence identitaire autour des « origines » et de leurs significations culturelles et politiques.


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