Vidéo. J-F Daguzan (FRS) L’UE face au retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien

Par Emilie DAEL CAUSSE, Fabien HERBERT, Jean-François DAGUZAN , Jérémie ROCQUES, Pierre VERLUISE, le 26 juin 2018  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Propos recueillis par Pierre Verluise, docteur en Géopolitique, fondateur du Diploweb.com. Images et son : Jérémie Rocques. Montage : Fabien Herbert. Résumé Emilie Dael Causse.

Avec beaucoup de franchise, Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) répond aux questions de Pierre Verluise, fondateur du Diploweb. Il démontre que le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien prend à contrepied la stratégie européenne pour peser davantage dans le monde via le multilatéral.

QUESTIONS :
. Quelle est la nouvelle stratégie européenne en terme de défense et de politique extérieure commune ?
. Quelles sont les conséquences de la remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien pour l’Union européenne ?

Cette vidéo peut facilement être diffusée en classe ou en amphi pour illustrer un cours ou un débat.

Résumé par Emilie Dael Causse pour Diploweb.com

Quelle est la nouvelle stratégie européenne en terme de défense et de politique extérieure commune ?

L’augmentation des compétences de l’Union européenne a trouvé l’une de ses premières manifestations après la Guerre d’Irak en 2003 lorsqu’elle a voulu cesser d’être un observateur passif de la politique américaine et constituer sa propre stratégie. L’élaboration de cette stratégie s’inscrit dans un contexte particulier des débuts du terrorisme faisant suite aux attentats de 11 septembre 2001 et du moment de la prolifération des armes de destruction massive. L’Union, souhaitant devenir un acteur majeur du monde, a explicité une stratégie, montrant ainsi qu’elle avait pensé sa politique intérieure et extérieure.

Or les treize années suivantes s’avérent délicates pour l’Union : une crise financière et économique majeure aux conséquences nombreuses à l’intérieur, une instabilité croissante à l’est du continent et une menace terroriste extérieure grandissante. Pendant cette période, il lui est difficile de repenser sa politique internationale de sécurité. En 2016, les autorités européennes et la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité réussissent à produire un texte (« Shared Vision, Common Action : A Stronger Europe ») présentant la vision que les vingt-huit ont de l’extérieur et de l’action qu’ils doivent mener pour faire face à cet environnement extérieur incertain. Ce texte fournit un excellent état des lieux des risques et des menaces auxquels l’Union est exposée. En revanche, les pistes développées pour y faire face sont fragiles. La première est celle de faire du multilatéral, la deuxième de mettre l’accent sur la résilience et la troisième prône la concertation (ou join-up) entre les États membres et avec le reste du monde.

Vidéo. J-F Daguzan (FRS) L'UE face au retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien
Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) fait une démonstration limpide des limites de la stratégie de l’Union européenne.
Rocques/Diploweb.com

Toutefois, l’Union met en avant l’accord nucléaire passé avec l’Iran (juillet 2015) en tant qu’il peut constituer un succès potentiel européen dans les années à venir. L’idée sous-jacente ici étant que le « Soft Power » européen démontre son efficacité. Le succès de cet accord prouverait l’efficacité des institutions européennes. Ainsi, le fait que Donald Trump dénonce cet accord le 8 mai 2018 implique que le principal acquis de la politique étrangère et de sécurité de l’UE disparaît.

Quelles sont les conséquences pour l’UE de cette remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien ?

Dès le moment où le Président Trump a commencé à remettre en cause l’accord, les responsables européens n’ont cessé de rappeler en quoi il constituait une action majeure qui devait être sauvegardée à tout prix.

La question qui se pose après le retrait américain le 8 mai 2018 de l’accord de 2015 est celle de savoir quels sont les moyens d’actions que l’UE pourrait développer pour contrebalancer la décision américaine. Le problème qui se pose ici est qu’il semblerait qu’il n’y en ait pas.

En effet, les États membres ne sont pas tous d’accord sur la nécessité de maintenir l’accord. L’Union affiche toutefois sa détermination quant à la nécessité du maintien de cet accord. Mais il s’avère que les Etats-Unis ont de grandes capacités de rétorsions et de sanctions. Les entreprises d’envergure ont besoin de l’économie américaine pour survivre. Dès lors, les capacités de l’UE à répondre aux menaces américaines sont minces, peu d’entreprises sont prêtes à prendre le risque de s’exposer à ces sanctions.

Ainsi, il s’agit d’un système fort déséquilibré entre des Etats-Unis résolus à affaiblir l’Iran dans l’espace oriental et des dirigeants européens qui, bien que déterminés à sauvegarder l’accord, ne vont certainement pas pouvoir tenir leur position sur la durée.

Finalement, l’affaire iranienne fait ressortir les limites du « Soft Power » européen, un modèle effrité et remis en cause par la Realpolitik. Les États disposant à la fois d’un « Hard » et d’un « Soft Power » démontrent leur efficacité aujourd’hui dans un monde où les rapports de force s’appuient sur la chose militaire quand il en est besoin, ou sur la capacité à user de la violence économique, financière ou politique.

Copyright pour le résumé Juin 2018-Dael Causse/Diploweb.com


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