Radio Diploweb. La dissuasion nucléaire d’hier à aujourd’hui

Par Estelle MENARD, le 4 janvier 2018  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Estelle Ménard, diplômée d’un Master 2 Relations internationales et Action à l’étranger de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, étudiante en Master 2 Géopolitique - Territoires et enjeux de pouvoir à l’Institut français de géopolitique (IFG, Université Paris VIII).

Une émission réalisée par Estelle Ménard à partir d’entretiens conduits dans le cadre du colloque « Résistance et Dissuasion, des origines du programme nucléaire français à nos jours », organisé par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) le 5 octobre 2017 à la Bibliothèque François Mitterrand, Paris. Avec en bonus, un résumé et en pied de page des liens vers toutes nos vidéos consacrées au nucléaire.

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Un grand merci aux intervenants pour leurs propos, par ordre d’apparition :
. Maurice Vaïsse, professeur émérite des Universités.
. François Geleznikoff, directeur des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.
. Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique.
. George-Henri Soutou, membre de l’Institut et professeur émérite des Universités.
. Frédéric Gloriant, enseignant-chercheur à l’ENS-Ulm.
. Jacques Godfrain, ancien ministre et président de la Fondation Charles de Gaulle.

Résumé par Estelle Ménard

Le nucléaire n’a pas manqué de faire parler de lui récemment. Tandis que le prix Nobel de la paix 2017 a été attribué à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) et que le budget de la dissuasion française pourrait passer de 3 à 6 milliards d’euros par an d’ici 2030 afin de renouveler les équipements, il est légitime de se questionner sur l’arme nucléaire. Il s’agit entre autres d’éclairer le public sur les origines de la dissuasion, son rôle dans la construction de la France de l’après-guerre et son utilité aujourd’hui. Dans un premier temps, l’enjeu français était d’éviter à tout prix qu’une invasion comme celle de 1940 se reproduise. Que la France possède la bombe a ensuite contribué à renforcer sa légitimité à la table des vainqueurs et au Conseil de sécurité des Nations Unies. Surtout, c’est son indépendance qu’elle parvient à affirmer, notamment vis-à-vis des États-Unis grâce à la possession de la bombe. L’attitude belligérante de la Russie en Ukraine et son annexion de la Crimée (2014) laissent penser que la France conserve un adversaire de référence, assurant au maintien du nucléaire un certain consensus. Toutefois, son efficacité en tant qu’arme dissuasive n’est pas moins remise en cause, et l’ascension du terrorisme international n’y est pas pour rien.

À cela s’ajoute le problème nord-coréen. Ce qui divise par-dessus tout l’opinion, c’est la rationalité des nouveaux acteurs que ce vieux théâtre met en scène. Le monde nucléaire était autrefois fondé sur des relations « entre gentlemen  », pour reprendre l’expression de Maurice Vaïsse, convaincus par la philosophie de la dissuasion, qui consiste à planifier l’emploi de l’arme tout en sachant qu’il ne faudra jamais l’utiliser. Or, l’existence de deux leaders au caractère présumé impulsif que sont Kim Jong-un (Corée du Nord) et Donald Trump (Etats-Unis) inquiète une partie de l’opinion publique. L’autre partie est quant à elle confiante quant à la rationalité de Kim Jong-un, qui jouerait de la provocation comme stratégie d’assise de son autorité et de sa crédibilité, et comme potentielle marge de manœuvre pour des négociations futures. Le chef suprême aurait, d’une part, compris que l’interruption des programmes nucléaires par Mouammar Kadhafi (Libye) et Saddam Hussein (Irak) a contribué à leur chute. D’autre part, ce programme nucléaire semble aujourd’hui si avancé qu’il ouvre la possibilité de négociations avec les États-Unis, directement ou à travers les Nations Unies. Tous les scénarios sont possibles, du statu quo à la modification des rapports de force, notamment si les États-Unis s’engagent à ne plus procéder à des exercices ou à diminuer leurs troupes en Asie en échange d’un engagement de la Corée du Nord à cesser les provocations. Les implications seraient multiples : négociations multilatérales avec les États asiatiques voisins, perte de puissance des États-Unis en Asie, ou encore signature d’un traité de paix pour remplacer l’armistice de Panmunjeom (1953), que la Corée du sud n’a jamais signé.

Le nucléaire reste méconnu du grand public, au mieux parce que les informations sont indisponibles, au pire parce qu’elles sont occultées par l’industrie du nucléaire ou parce que le danger est exagéré par des militants du camp anti. Il s’agit de trouver un juste milieu entre deux extrêmes, l’optimisme d’antan – quand la publicité vantait les vertus de la radioactivité ! – et le pessimisme actuel. Heureusement, le débat sur l’avenir du nucléaire se développe et touche une plus grande partie du public. Enfin, le coût de la modernisation de l’arsenal nucléaire ne manquera pas de multiplier les prises de position.

Copyright pour l’émission et pour le résumé Janvier 2018-Ménard/Diploweb.com


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. Emmanuelle Maitre : Quel avenir pour l’accord nucléaire iranien ?

. Eric Danon : La dissuasion nucléaire a-t-elle un avenir ?

. Benjamin Hautecouverture : La Corée du Nord et l’arme nucléaire

. François Géré : Un stratège français d’envergure, P.-M. Gallois et le nucléaire

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. Benjamin Hautecouverture : Quelle prolifération nucléaire ?


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