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www.diploweb.com Histoire et géopolitique de l'Europe

"L'insurrection de Varsovie: la bataille de 1944",

par Alexandra Viatteau (dir.)

 

Le principal résultat de l’insurrection varsovienne est de nature géopolitique. Pour éviter la renaissance d’une Pologne libre, Staline a payé un prix élevé : l’arrêt momentané du rouleau compresseur soviétique. Il a ainsi retardé de six mois la jonction de ses troupes avec les Alliés, jonction qui aurait pu se faire non sur l’Elbe… mais sur le Rhin. On imagine combien le sort de l’Europe en aurait été changé. L’insurrection de Varsovie, où l’attitude des Polonais et celles des Russes fut fonction de l’après-guerre, peut donc être désignée comme la première bataille de la guerre froide.

Compte rendu par T. Sarmant, Conservateur en chef du patrimoine

Mots clés - Key words : alexandra viatteau, histoire de la seconde guerre mondiale, pologne, allemagne, urss, joseph staline, insurrection et bataille de varsovie, presse de l’université paris-sorbonne, histoire, enseignement, géopolitique de l’europe, armée rouge, vistule, historiens et historiographie communiste, désinformation, guerre froide, après-guerre froide, pacte germano-soviétique de 1939, pologne indépendante, psychologie collective, nation polonaise, 1794, 1830, 1863, 1939, 1944, années 1980, satellites de l’empire soviétique, église catholique, jonction des alliés. 

Ecrire à la directrice de l'ouvrage: Alexandra Viatteau, cours sur la Désinformation (Journalisme européen), Université de Marne-la-Vallée, Département des Aires culturelles et politiques, Cité Descartes, 5 boulevard Descartes, Champs sur Marne, 77454, Marne-la-Vallée, Cedex 2, France.

 

 

Paris : Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2003. 124 p.

L’insurrection polonaise de l’été 1944 a été l’un des épisodes les plus controversés de la Seconde Guerre mondiale. On sait qu’elle fut écrasée par les Allemands au terme de soixante-trois jours de combats, tandis que l’armée rouge restait l’arme au pied de l’autre côté de la Vistule.

Avant la dislocation de l’U.R.S.S., l’interprétation soviétique de l’événement avait encore un certain poids en Occident : pour les historiens communistes, l’insurrection aurait été un acte irresponsable, déclenché sans concertation avec l’état-major de l’armée rouge, à un moment où les troupes de Staline étaient épuisées par leur avance fulgurante des mois précédents, consécutive à l’effondrement du groupe d’armées « centre » allemand – événement, soit dit en passant, peu connu en France mais d’une portée sans doute égale à celle du débarquement de juin 1944.  

Il est désormais établi, au contraire, que l’insurrection a été encouragée et son échec organisé sciemment par J. Staline, dans un renouvellement implicite du pacte germano-soviétique de 1939. Le dictateur ne pouvait en effet tolérer la renaissance d’une Pologne indépendante dirigée par le gouvernement de Londres.

Varsovie en ruine après deux mois de combats.

Photographie de l'Armée de l'intérieur, prise par les combattants du BIP. Cliché extrait de l'ouvrage Powstanie Warszawskie 1944. Okiem Polskiej Kamery, Wladyslaw Jewsiewcki, Wydawnictwo Interpress, Varsovie, 1989.

Le sacrifice

L’énormité du prix payé par la Pologne pour ce sanglant échec pose bien évidemment la question de l’utilité de l’insurrection. À cette question, les auteurs du volume dirigé par Mme Viatteau apportent une réponse trois fois positive.

Le premier acquis de l’insurrection appartient à la psychologie collective : l’héroïsme de 1944 a assuré la continuité morale de la nation polonaise, en faisant le lien avec les précédents glorieux de 1794, 1830 et 1863, par-delà la tentative d’annihilation perpétrée entre 1939 et 1944  ; il a permis la résurrection des années 1980.  

Le deuxième acquis est d’ordre matériel : après la guerre, la vigueur de la résistance de la Pologne lui valut un traitement relativement privilégié parmi les satellites de l’empire soviétique : ainsi l’Eglise catholique et la propriété privée agricole furent-elles épargnées.  

La première bataille de la guerre froide

Enfin, le principal résultat de l’insurrection varsovienne est de nature géopolitique. Pour éviter la renaissance d’une Pologne libre, Staline a accepté de payer un prix élevé : l’arrêt momentané du rouleau compresseur soviétique. Il a ainsi retardé de six mois la jonction de ses troupes avec les Alliés, jonction qui aurait pu se faire non sur l’Elbe… mais sur le Rhin. On imagine combien le sort de l’Europe en aurait été changé. L’insurrection de Varsovie, où l’attitude des Polonais et celles des Russes fut fonction de l’après-guerre, peut donc être désignée comme la première bataille de la guerre froide.

En Sorbonne 

Publication des actes d’un colloque tenu en Sorbonne en octobre 2000, ce volume ne prétend ni à la pédagogie ni à l’exhaustivité. Le haut niveau des intervenants – scientifiques, politiques, témoins ou acteurs – rend le propos toujours intéressant mais souvent allusif. L’insurrection de Varsovie s’adresse donc aux bons connaisseurs de la trame événementielle de la Seconde Guerre mondiale. On regrettera, pour finir, que la réunion ait été exclusivement franco-polonaise : comme l’écrit Mme Viatteau elle-même, il reste beaucoup à faire dire aux acteurs russes et allemands du drame de 1944.

Thierry Sarmant, Conservateur en chef du patrimoine

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  Date de la mise en ligne juin 2004
         
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