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Chiites

Le renouveau [i]

Par Jean-François Daguzan

Maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, professeur à Paris II

et rédacteur en chef des revues Géoéconomie et Maghreb-Machrek

Le chiisme semble être la minorité « victorieuse » de l’islam ces dernières années. Est-ce une revanche sur les siècles de mépris d’une Oumma majoritairement sunnite (90 % des musulmans du monde) ? Ou bien est-ce l’Iran, puissance régionale majeure qui, conjuguant une religion, un territoire, un État et donc une expansion, se déploie dans la presque parfaite certitude de son destin de grande puissance ?

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« Dieu était solitaire en son unicité. Ensuite il proféra une parole.

Cette parole devint lumière.

Ensuite il créa de cette lumière Muhammad, Ali et sa descendance.

Ensuite il proféra une parole ; cette parole devint esprit.

[...] Ensuite il créa nos partisans (shî’atu-nâ).

Ils sont appelés chiites parce qu’ils sont créés des rayons de notre lumière (min shu’â’ nûri-nâ). »[ii]

Rajab Borsi

 

Depuis la fin des opérations militaires pour la guerre d’Irak, les chiites sont revenus sur le devant de la scène. Un peu oubliés après les images de la révolution iranienne de 1979 puis l’anathème visant Salman Rushdie de la part d’un Khomeini vieillissant, les voici ressurgissant du tréfonds de l’histoire dans le fracas de la guerre irakienne et de ses soubresauts régionaux. Mais qui sont donc les chiites ? Faut-il les résumer à ces foules excitées et violentes se frappant la tête à coup de sabre, la tête ceinte de bandeaux verts aux slogans apologétiques lors de la fête de l’Achoura ?

 

Faut-il les résumer à ces bataillons d’enfants partant à la mort vers le front irakien, « la clé du paradis » en plastique dans la poche ? Faut-il les résumer aux combattants suicides du Liban, à la Shahâda érigée en système ? Faut-il les résumer aux milliers de femmes sous le tchador formant une armée triste et monocolore ? Faut-il, enfin, les dissoudre dans la figure du président iranien Ahmadinejad appelant à la disparition d’Israël et niant la Shoah ?

 

Le chiisme semble être la minorité « victorieuse » de l’islam ces dernières années[iii]. Est-ce une revanche sur les siècles de mépris d’une Oumma majoritairement sunnite (90 % des musulmans du monde) ? Ou bien est-ce l’Iran, puissance régionale majeure qui, conjuguant une religion, un territoire, un État et donc une expansion, se déploie dans la presque parfaite certitude de son destin de grande puissance ?

 

 

Le chiisme est né d'une défaite

 

Le chiisme est le fruit d’une défaite fondatrice, celle d’Ali (assassiné), gendre du prophète et d’Hussein son successeur mort à la bataille de Kerbala (en Irak actuel). Cet événement crée un des fondements principaux du chiisme. La défaite et la mort des deux premiers Guides renvoient dans l’ombre la ligne « légitime » de l’islam (le gouvernement de ses descendants directs) et exalte celle de « l’imposture » (le modèle sunnite de l’élection par les pairs)[iv]. La fuite en Iran, la dissimulation mentale (taqiyya), la dissimulation physique dans des terres hostiles et reculées, le mépris des sunnites construisirent progressivement un imaginaire global fondé sur l’exclusion. Même la « chiitisation » de l’Iran en 1502 ne modifia pas cette perception. Au contraire, le corpus théologique s’élabora autour de ces concepts d’injustice et de légitimité[v].

 

Le sentiment de l’exclusion et de la minorité soudera les disciples autour de sa base conceptuelle. « C’est dans le peuple des pauvres que l’attente eschatologique du Mahdi surgissant trouva son terrain de prédilection. »[vi] Ce mouvement prendra le nom de As-Shi’a, le parti par excellence : « Sh’iat ‘Ali »[vii]. « Le chiisme a été […] – si l’on excepte le cas iranien – une religion de minorités, d’exclus, de persécutés dès sa création », note François Thual, « en même temps, au fur et à mesure de son évolution, le chiisme a développé une vision prophétique du monde et de l’histoire. »[viii] Ontologiquement, le chiisme se pensera comme la religion des « déshérités » (les mustadafin[ix]).

 

La richesse théologique et philosophique du chiisme issue de son histoire torturée est sans pareille[x]. En France, les travaux de Louis Massignon, de Henri Corbin ou de Christian Jambet ont montré les nombreuses facettes d’une religion profonde et complexe. L’ijtihâd (l’interprétation) posée comme postulat, l’occultation du dernier iman et l’attente du dernier « envoyé » (le Mahdi), la recherche de la connaissance. Elle donnera lieu à de multiples scissions aux arcanes ésotériques plus ou moins complexes.

 

 

Le coup de tonnerre de la révolution iranienne 

 

Le premier grand retour du chiisme sur la scène mondiale est celui de la révolution iranienne – celle qui va sortir le monde chiite de sa « léthargie »[xi]. L’ayatollah Khomeini, longtemps exilé en Irak puis en France va réfuter la ligne du « quiétisme » pour proposer un corpus politico-théologique complet. C’est-à-dire une méthode de gouvernement fondée sur l’islam.

 

Le principal apport de Khomeini à partir de son texte fondateur, Velayat-i Faqih (Régence du docteur de la loi), est d’instaurer la primauté du religieux sur le politique et de l’individu sur le collectif, ce dernier point étant une révolution dans le monde chiite adepte du consensus des religieux « exemplaires » (Marja-i taghlid). Comme le précise Olivier Roy, « le Guide, chef politique du mouvement islamique doit être aussi celui qui détient la primauté du savoir religieux »[xii]. D’autre part, Khomeini place résolument l’islam comme religion de combat : « l’islam n’est pas une religion de pacifistes »[xiii].

 

Au Liban, le continuateur de l’œuvre de Khomeini sera le cheikh Fadlallah, guide spirituel du Hezbollah libanais[xiv]. Même si sa démarche est plus nationaliste, elle s’inscrit dans la révolution islamique et la perspective d’un État totalisant ne laissant aucune place aux autres religions (mais qui seront tolérées en échange d’une reconnaissance verbale de la primauté de l’islam)[xv].

 

 

Le martyr au coeur du chiisme iranien moderne

 

L’autre « grand » apport du chiisme moderne est la notion de combattant suicide, le martyr qui donne sa vie pour Dieu, le « Shahid », ou le combattant qui fait le sacrifice de sa vie, le « fedayin », tiré du passé meurtrier des « hachichins » ismaéliens[xvi]. Dans cette dimension Khomeini n’est pas seul même s’il affirme : « On dit quelquefois que c’est le héros qui est le moteur de l’histoire. C’est faux. Le moteur, l’âme de l’histoire est le martyr. Aussi dénudez vos poitrines face à l’armée, [...]. Le sang de chaque martyr est comme le son d’une cloche qui éveillera mille êtres vivants »[xvii].

 

Ce passé violent sera exacerbé lors de la révolution de 1979. Mais la notion de martyre dans sa dimension massive sera remise en valeur en Iran en raison de la guerre avec l’Irak. Pour enrayer les attaques irakiennes et compenser les moyens humains défaillants, Khomeini enrôle des enfants de quinze ans, les Bassidjes (« volontaires organisés »), armés de la seule « clé du paradis », qui seront chargés de se jeter sur les défenses irakiennes pour ouvrir la voie aux troupes confirmées[xviii]. Ce fut donc non seulement un culte, mais une « culture du martyr » qui fut organisée[xix]. Du martyrologe eschatologique, le chiisme politique contemporain a développé une application tactique, une arme asymétrique qui a fait école. Le chiisme ne peut être réduit à cela mais cela a une influence sur la perception extérieure de cette religion et, ce, même si le suicide offensif s’est étendu à toute la communauté islamique via le Liban, la Palestine et l’Irak.

 

 

Pluralité du chiisme

 

On a trop tendance à confondre chiisme et Iran (pays dont il est la religion à 90 %). Pourtant, il faut rappeler en permanence que le chiisme est le fruit, pour ne pas dire le surgeon, de l’islam arabe. « Le chiisme, note Olivier Roy, est historiquement un phénomène arabe : il se réclame de la légitimité historique du prophète, arabe par excellence, la langue des imans, descendants directs d’Ali, est l’arabe, comme celle de la littérature théologique, la plupart des hauts lieux du chiisme sont en terre arabe »[xx]. Ce fait a longtemps été masqué d’une part parce que les chiites étaient minoritaires dans la plupart des pays arabes et, d’autre part, parce que Saddam Hussein avait brisé toute existence collective et toute résistance réelle du chiisme irakien ; la spécificité chiite avait été enfouie sous l’unitarisme baassiste, l’État « tribo-personnel » irakien et surtout par une répression impitoyable[xxi]. Désormais la guerre d’Irak a fait exploser les équilibres. Les chiites, politiquement et démographiquement[xxii], sont de retour pour longtemps.

 

Le chiisme est un univers complexe. Louis Gardet a pu parler des « mondes chiites » pour marquer le caractère pluriel de cette religion[xxiii].

 

« Énorme » minorité, le chiisme se partage en tendances, voire en sectes : on trouve successivement en sus des chiites les plus nombreux (essentiellement d’Irak et d’Iran) dits « duodécimains » (c’est-à-dire qui reconnaissent 12 imans), les druzes, les alaouites de Syrie, les ismaéliens mustalites et nizarites, les bektachis, les alevis de Turquie, les hazaras d’Afghanistan, les septimaniens, les kharijites, les zeydites du Yémen. Les différences entre ces communautés ne relèvent pas seulement du nombre d’Imans reconnus mais aussi de formes ésotériques divergentes.

 

Plurielles aussi ses communautés, ses connexions, ses réseaux. Le monde chiite libanais a ensemencé la Perse en terre de mission au XVIe siècle. Au début des années 1980 certaines familles revenaient à Beyrouth envoyées par la révolution iranienne pour relever le flambeau du chiisme qui émergeait de la guerre civile[xxiv]. On ne peut pas comprendre l’évolution du Proche-Orient actuel sans se référer aux réseaux de solidarités familiales et religieuses mais aussi financières liées depuis des siècles[xxv].  (Cf. présentation du dossier ci-dessous

 

Au final, si la confrontation entre chiites et sunnites a commencé, comme le prédisent certains, ce sont deux équipes bien mal structurées et hétérogènes qui se préparent à la bataille. Pour l’instant ce sont les chiites qui, grâce à l’Irak et au Liban, bénéficient d’un petit avantage tactique. Est-il vraiment durable ? L’accès éventuel de l’Iran au nucléaire militaire peut-il le transformer en avantage stratégique ? Il est trop tôt pour le dire, mais on espère que ce dossier aura contribué à éclairer un peu la complexité d’un monde au cœur des problématiques contemporaines.

 

Jean-François Daguzan

 

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Notes


[i] Cet article est l’introduction au dossier du numéro 190 de la revue Maghreb-Machrek. « La revanche des "déshérités" ? Richesse et complexité du chiisme », Maghreb-Machrek, N° 190, hiver 2006-2007, Choiseul Éditions. http://choiseul-editions.com/revues-geopolitique-Maghreb-Machrek-15.html

[ii] Rajab Borsi (trad. Henri Corbin), Les Orients des lumières, Verdier, Paris, 1996, pp. 116-117.

[iii] 10 à 13 % des musulmans du monde, Quid 2005, p. 673.

[iv] Pierre-Jean Luizard, La formation de l’Irak contemporain, Éditions du CNRS, Paris, 2002, pp. 125-129.

[v]« Lorsque je leur révélais les replis cachés sous ce qui divulgent les traditions des imans, […], ils se prirent à me jalouser, à me traiter de menteur, à me blâmer. […]. Ils m’humilièrent et me renièrent après m’avoir reconnu ; ils m’ignorèrent après m’avoir connu. ». Rajab Borsi, Les Orients des Lumières, op. cit., p. 32.

[vi] Louis Gardet, Les Hommes de l’Islam, Hachette, Paris, 1977, p. 242.

[vii] Maxime Rodinson, L’Islam politique et croyance, Fayard, Paris, 1993, p. 101.

[viii] Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris, 1995, p. 13.

[ix] Nom du mouvement lancé par l’imam chiite charismatique Moussa Sadr et des personnalités chrétiennes dans les années 1960 au Liban ; Georges Corm, Le Liban contemporain, La Découverte, Paris, 2005, p. 183.

[x] Christian Jambet, La grande résurrection d’Alamût, Verdier, Paris, 1990, p. 1.

[xi] François Thual, Géopolitique du chiisme, op. cit., p. 13.

[xii] Généalogie de l’islamisme, Hachette, Paris, 1995, p. 60.

[xiii] Texte de 1942, cité dans Gérard Chaliand et Arnaud Blin, Histoire du terrorisme de l’Antiquité à Al-Qaïda, Bayard, Paris, 2006, p. 567.

 

[xiv] Amal Saad-Ghorayeb, Hizbu’llah Politics and Religion, Pluto Press, Londres, 2002, pp. 64-68.

[xv] Olivier Carré, Le Nationalisme arabe, Petite bibliothèque Payot, Paris, 1993, p. 183.

[xvi] Pour une analyse fine du martyre chiite, voir Yann Richard, « Les débats sur le martyre dans le chiisme », dans le dossier « Le suicide offensif en Islam », (sous la direction de Felice Dasseto et Brigitte Maréchal), Maghreb-Machrek, N° 186, Hiver 2005-2006, pp. 72-84. http://choiseul-editions.com/revues-politique-detail-Maghreb-Machrek-numero-46-15.html

[xvii] Cité par Xavier Raufer, La nébuleuse : le terrorisme du Moyen-Orient, Fayard, Paris, 1987, p. 147.

[xviii] Farhad Khorsrokhavar, « Iran : de la révolution à l’islamisme Hezbollah », dans Gilles Kepel, Les Politiques de Dieu, Le Seuil, Paris, 1993, pp. 89-91.

[xix] François Géré, Les volontaires de la mort : l’arme du suicide, Bayard, Paris, 2003. Voir aussi le débat sur le martyre dans le chiisme, Maghreb-Machrek, N° 186, op. cit.

[xx] L’échec de l’Islam politique, Le Seuil, Paris, 1992, p. 209.

[xxi] Pierre-Jean Luizard, La question irakienne, Fayard, Paris, 2002, pp. 99-103.

[xxii] Ils seraient majoritaires au Liban, mais comme il n’y a pas eu de recensement dans ce pays depuis 1932… Bruno Etienne, L’Islamisme radical, op. cit., p. 240.

[xxiii] Les Hommes de l’islam, op. cit., p. 226.

[xxiv] François Thual, Géopolitique du Chiisme, op. cit., pp. 128-129.

[xxv] Voir Annabel Böttcher, “Sunni and Shi’i Networking in the Middle East”, Medditerranean Politics, vol. 7, N° 3, Automne 2002, p. 42.

[xxvi] Sur l’actualité iranienne voir le dossier dirigé par Michel Makinski : « Iran, l’heure des ruptures » (avec Saeed Paidanvi, François Hourcade, Thierry Coville et Jean-François Daguzan), Géoéconomie, N° 36, Hiver 2005-2006, pp. 23-122. http://choiseul-editions.com/revues-politique-detail-Geoeconomie-numero-35-14.html

 

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Date de la mise en ligne: juin 2007

   

 

Le dossier du numéro 190 de la revue Maghreb-Machrek

   
   

C’est cette complexité que nous avons voulu exprimer dans le dossier du numéro 190 de la revue Maghreb-Machrek. Ce n’est pas l’Iran qui est au cœur du dossier mais sa périphérie, les manifestations et multiples facettes du chiisme, son redéploiement stratégique, si tant est que cette évolution soit réelle dans une perspective coordonnée[xxvi].

 

Barah Mikaïl interroge la réalité politico-stratégique d’un « croissant chiite » identifié avec inquiétude par certains observateurs, y compris le roi Abdallah de Jordanie. De son côté, Alexandre Adler nous propose, dans un bref article, une interprétation personnelle du réveil chiite. Ce mouvement non concerté est le fruit de conjonctions historiques, politiques et sociales favorables mais dont la permanence n’est pas forcément acquise.

 

La guerre de juillet 2006 au Liban a mis sur le devant de la scène la figure combattante du Hezbollah. Démonisé par les uns, encensé par les autres, ce mouvement s’impose comme le groupe structurant de la société libanaise de demain. N’est-il qu’une marionnette dans les mains de l’Iran (et partiellement de la Syrie) ou n’est ce que l’expression d’une réalité démographique, sociologique et politique libanaise articulée sur l’idéologie khomeiniste mais autonome dans ses choix et ses actions ? Nadim Shehadi réinsère la logique du Hezbollah dans sa dimension historique, religieuse, sociale et régionale.

 

Enfin, à tout seigneur tout honneur, l’Iran mérite mieux que les simplifications que l’on en fait et auxquelles le pays lui-même contribue par ses déclarations ou actions inadmissibles articulées autour de l’antisémitisme. Thomas Fourquet étudie la pensée politique de l’ayatollah Mezbâh Yazdi qui joue un rôle non négligeable dans la construction de l’idéologie actuelle en lutte contre les éternels Khamenei et Rafsandjani avec le soutien officieux du président Ahmadinejad. Les cartes sont rebattues donc à Téheran et la lutte fait un peu plus rage entre réformateurs conservateurs comme Yazdi, et les réformistes libéraux avec, au milieu, le courant « traditionnaliste ».

 

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