02/17 Actualité internationale
Synthèse de l’actualité internationale de février 2017

Par Axelle DEGANS, le 1er mars 2017  Imprimer l'article  lecture optimisée  Télécharger l'article au format PDF

Professeure de chaire supérieure au lycée Faidherbe (Lille) où elle enseigne la géopolitique en classes préparatoires économiques et commerciales. Membre du laboratoire HABITER (EA 2076) de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Elle est notamment co-auteure chez Ellipses de Les 50 cartes à connaître, Coll. Atout concours, Paris, 2016 ; Histoire, Géographie, Géopolitique. Concours d’entrée aux grandes écoles, Coll. Atout concours, Paris, 2015.

Voici une synthèse de l’actualité internationale de février 2017 qui sera fort utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, voire préparent un concours. Pour ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou à compte twitter de veille géopolitique @diploweb


Des attentats, toujours des attentats...Des nouvelles du Proche et du Moyen-Orient

En février 2017, le Pakistan a été endeuillé à plusieurs reprises. Un attentat perpétré par les taliban (sans s parce que ce mot est déjà la marque du pluriel) a provoqué la mort d’une dizaine de personnes à Lahore, un autre revendiqué par Daesh a tué plus de 70 personnes dans le sud du pays.

En Syrie, des attentats suicides ont fait une quarantaine de victimes à Homs alors que des pourparlers de paix sont en cours.

En Irak, l’explosion d’une voiture piégée fait plus de 50 morts à Bagdad. La reconquête de la ville de Mossoul progresse dans la partie occidentale, l’aéroport est presque désormais libéré de l’EI.

Les économies émergentes sont malmenées mais restent dynamiques.

En Inde, quelques mois après que le gouvernement ait retiré, pour lutter contre la corruption et le travail informel, une partie des billets en circulation ont été déclarés « invalides » (86 % de la valeur fiduciaire), il existe encore en février 2017 une vraie crise de liquidité. Des mesures de soutien au pouvoir d’achat (baisse de certains impôts, aides aux dalits, ...) sont prises. Cette démonétisation de l’économie risque de ralentir la croissance économique indienne qui ne devrait pas atteindre les 7 % prévus. New Delhi est néanmoins en mesure de mettre sur orbite, lors d’un seul lancement, 104 satellites, un record.


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L’économie russe est toujours pénalisée par les cours relativement bas des hydrocarbures et les sanctions occidentales qui pèsent sur elle depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Après une récession d’environ 3,5 % en 2015, l’économie russe aurait enregistré une légère contraction de 0,2 % en 2016, selon Rosstat. Le poids des sanctions occidentales est contrebalancé par la chute du rouble qui dynamise les exportations. L’actuelle remontée des cours de l’or noir est un ballon d’oxygène pour cette économie.

La nouvelle route de la soie – rêve du dirigeant Xi Jinping – existe ! Des dizaines de milliers de bouteilles de vin de Bordeaux ont été déchargées en Chine, à Wuhan. Elles ont parcouru un long trajet ferroviaire d’environ 11 300 kilomètres depuis Lyon (France). Cette nouvelle route de la soie ferroviaire relie en fait Duisbourg, en Allemagne, à Wuhan, en Chine, devenue un vrai hub logistique. Elle peut être à l’occasion prolongée jusqu’en France. A l’évidence, et même si Bernard Cazeneuve s’est réjouit de l’arrivée du vin français au cœur de la Chine, les flux sont particulièrement déséquilibrés. Ainsi, 43 trains sont arrivés à Wuhan, mais 96 en sont partis vers l’Ouest...

Les États-Unis de Trump face à la réalité du pouvoir

Après l’opposition suscitée aux États-Unis par l’interdiction du sol américain aux ressortissants de sept pays musulmans, l’administration de Donald Trump fait face courant février 2017 à une fronde des industriels qui s’opposent au décret anti-immigration qui les privera d’une main d’œuvre bon marché, et peut-être de certains débouchés commerciaux. Cette nouvelle fronde judiciaire est menée par la côte Ouest des États-Unis, et singulièrement par la Silicon Valley, qui n’a pas caché sa préférence pour Hillary Clinton lors des élections présidentielles (novembre 2016).

Au niveau diplomatique, Washington et Ankara réaffirment leur volonté de combattre l’État islamique. Peu après le nouveau tir de missile de Pyongyang, les États-Unis et le Japon affichent leur solidarité. Le Secrétaire américain à la Défense, le général Mattis, demande à ses alliés européens d’augmenter leurs dépenses militaires.

Les déficits des uns ... et les excédents des autres

Les États-Unis enregistrent un nouveau déficit commercial autour de 502 milliards de dollars pour l’année 2016 (environ 0,5 % de plus que l’année précédente), ce qui alimente l’actuel discours de la Maison blanche. En France, le déficit commercial continue à se creuser de façon inquiétante pour atteindre 48, 1 milliards d’euros en 2016 (contre 45,7 en 2015) alors que la facture énergétique est en net recul. Il est structurellement supérieur à 40 milliards d’euros depuis 2007. Nous devons nos principaux déficits à la Chine, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique et à de moindres performances à l’exportation de secteurs tels l’aéronautique, l’automobile et l’agriculture que boycotte désormais Moscou. En outre, la balance des services est à peine à l’équilibre, alors qu’elle est traditionnellement bénéficiaire, en raison d’une moins bonne saison touristique.

A l’inverse, la remontée des cours de l’or noir bénéficie aux exportateurs d’hydrocarbures. La conjoncture est aussi favorable aux pays exportateurs de matières premières du fait du relèvement des cours – plus de 50 % en une année pour le cuivre et le fer – qui bénéficie du redémarrage du BTP en Chine et en Inde. L’Allemagne enregistre un excédent commercial des plus confortables, à 253 milliards d’euros (contre 244 en 2015, il est structurellement supérieur à 138 milliards depuis 2007) pour 2016, et inflige un fort déficit à ses deux principaux partenaires commerciaux que sont les États-Unis et la France.

Ces faits sont à rapprocher sur la remise en question du bien fondé du libre-échange. Tokyo craint une flambée du protectionnisme de la part de Washington, après l’annulation de l’accord de libre-échange transpacifique. Shinzo Abe propose une coopération économique qui devait permettre de créer plusieurs centaines de milliers d’emplois aux États-Unis. Washington accuse l’Allemagne de bénéficier d’un euro sous-évalué, critique reprise par plusieurs des partenaires européens de Berlin.


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Une Union européenne sous tension

La balance commerciale de l’Allemagne ne fait que souligner la divergence économique grandissante au sein de la zone euro. Les économies se spécialisent de plus en plus (Italie et Grèce sur le tourisme, France sur les services, Allemagne sur les produits industriels...). Ces déséquilibres s’aggravent, du fait d’une monnaie commune, et sont devenus une menace pour la pérennité de l’Europe communautaire, car si l’euro est sous-évalué pour l’économie allemande, il ne l’est absolument pas pour les économies française ou méditerranéennes. Une impasse ? La Grèce, l’Italie et la Belgique – et probablement bientôt la France – ont une dette supérieure à 100 % de leur PIB, les pays qui ont une croissance économique inférieure à celle de la moyenne communautaire sont la Belgique, l’Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, l’Italie, la Lettonie et le Portugal. Ces pays ne peuvent utiliser l’outil de la dévaluation...

Par 408 pour et 254 voix contre, les députés européens ont voté en février 2017 en faveur du CETA, le traité de libre-échange avec le Canada ou Comprehensive Economic and Trade Agreement . Avant même d’être ratifié par le parlement canadien et ceux des 27 États membres de l’Union, il entrera en vigueur dès le 1er mars 2017 à titre provisoire. Ce vote se déroule dans un contexte délétère – Brexit et manifestations contre ce traité de libre-échange qui a poussé le président de la Commission à choisir l’acceptation de cet accord par les parlements nationaux – ce qui pose la question de la prise de décision a sein de l’UE.

Jean-Claude Juncker annonce qu’il ne briguera pas de nouveau mandat de président de la Commission européenne. On reproche au Luxembourgeois – qui fait une partie importante de sa carrière au sein des instances communautaires – d’avoir a minima fermé les yeux sur une législation très favorable d’évasion fiscale au profit du grand-duché, bref d’avoir encouragé le dumping fiscal au sein de l’UE.

L’Union européenne est loin d’avoir réglé la question migratoire. Après étude des dossiers, plus de 550 000 migrants n’ont pas obtenu le droit d’asile, ainsi l’Allemagne d’Angela Merkel a rejeté 40 % des demandes d’asile. Moins de la moitié d’entre eux ont été reconduits aux frontières de l’Union. Il se pose désormais la question du retour de ces migrants déboutés de l’asile. Bruxelles négocie avec certains pays africains – comme le Mali, le Niger ou le Nigéria – des accords de coopération et de développement en échange d’un retour des migrants. L’Union a déjà signé un accord avec Ankara, quant à Rabat, les récentes négociations sur un traité de libre-échange se font sur fond de contrôle moins strict aux frontières de Ceuta et Melilla, c’est-à-dire des frontières extérieurs de l’Union européenne.

Le Brexit sera déclenché au cours du mois de mars 2017.

Alors que les négociations avec Athènes – concernant la dette grecque – ont permis un accord a minima, certaines voix appellent à une Union européenne à plusieurs vitesses. Angela Merkel l’a clairement exprimé en février 2017 lors du sommet de Malte, alors que le président français s’est adressé à certains pays d’Europe centrale, leur rappelant que l’Union européenne n’est pas un « tiroir caisse ».

02/17 Actualité internationale

La Roumanie se rebelle contre la corruption

Un décret prévoyant de dépénaliser les actes de corruption inférieurs à 44 000 euros a provoqué une très forte colère populaire dans un pays rongé par ce fléau, particulièrement répandu dans la classe politique. Des manifestations de rue réunissant des centaines de milliers de personnes ont rappelé celles qui ont précédé la chute des Ceausescu en décembre 1989. Le président Klaus Iohannis s’est mêlé à la foule, puis a demandé à la Cour constitutionnelle de réagir. Liviu Dragnea, à la tête du parti social-démocrate, est la première cible des manifestants, car il serait l’un des principaux bénéficiaires de ce décret. Le ministre de la Justice, Florin Iordache est contraint à la démission, le décret qui a suscité l’ire populaire est retiré.

En Italie, le président de l’association des magistrats, Piercamillo Davigo dénonce l’aggravation du climat de corruption dans son pays, comme en témoigne les scandales des travaux liés à l’exposition universelle de Milan ou aux digues Moïse à Venise.

Les bonnes nouvelles

L’institut de sondage Odexa et le cabinet d’audit et de conseil BDO ont réalisé une enquête auprès de plus de 3 000 français – un panel représentatif - en janvier 2017 révélant que 28 % des personnes sondées désirent créer leur entreprise ; c’est 47 % pour les moins de 25 ans. Ces résultats vont à l’encontre d’une France frileuse et peu entreprenante. En revanche, 60 % des personnes pensent que la France ne stimule pas assez l’innovation. Cherchez l’erreur…

L’astronomie peut rejoindre la science fiction, ou presque. Sept nouvelles planètes ont été découvertes en février 2017 autour d’une étoile (Trappiste-1), dont certaines recèlent de l’eau et donc peut-être des formes de vie extraterrestre.
La Salon de l’agriculture 2017 met en valeur Fine, une vache pis-noir, issue d’un élevage bio, appartenant à un GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) qui fait la promotion d’une agriculture aux antipodes de celles des « milles vaches »... un choix d’une agriculture raisonnée ?

Copyright Mars 2017-Degans/Diploweb


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