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Le nécessaire procès du communisme :

Lettre ouverte à Monsieur Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale,

par Radu Portocala, écrivain et journaliste

 

Alors que se prépare l'intégration à l'Union européenne de pays d'Europe centrale et orientale qui ont été abandonnés au totalitarisme communiste durant près de quarante cinq ans, il serait nécessaire que les pays de l'Union européenne osent rendre officiellement hommage à la mémoire des victimes de cette idéologie criminogène.

Vous trouverez en bas de page trois éléments.

- La réponse de Jean-Louis Debré à cette lettre.

- Une bibliographie du communisme.

- La biographie de Radu Portocala.

 

Mots clés - key words: radu portocala, lettre ouverte à monsieur jean-louis debré président de l'assemblée nationale en date du 22 juillet 2002, france, union européenne, europe de l'est, procès du nazisme, procès du communisme, idéologies criminogènes, lénine, staline, mao, révolutions, guerres civiles, purges, tortures, crimes, procès iniques, révisionnisme, négationnisme, délits, droits de l'homme.

 

Monsieur le Président,

À l'automne 1987, en plein débat sur les propos tenus par Jean-Marie Le Pen au sujet des chambres à gaz, qu'il considérait n'être qu'un "détail" de l'histoire, l'Assemblée nationale a ouvert ses travaux en observant une minute de silence à la mémoire des victimes du nazisme. Belle ­ quoique tardive ! ­ initiative, écrivais-je alors à votre prédécesseur, Jacques Chaban-Delmas. J'attirais, toutefois, son attention sur le fait que le siècle avait connu non pas une, mais deux abominations, et que le communisme était la deuxième, parallèle au nazisme et jouissant d'une triste antériorité dans la mise en œuvre d'une politique systématisée de meurtres. Je lui proposais, donc, de demander aux députés français de se recueillir une autre minute, cette fois-ci à la mémoire des victimes de la terreur rouge. Mais ma lettre resta sans réponse et ­ vous l'avez sûrement remarqué ­ sans suite.

100 millions de morts

Aujourd'hui, alors que l'on proclame partout la mort du communisme, je m'adresse à vous avec la même requête. Certes, Monsieur le Président, des centaines de livres et d'articles ont été écrits sur les horreurs commises par les régimes issus de la pensée marxiste-léniniste, des colloques savants ont été organisés et des films ont été tournés. Mais rien de tout cela ne vaut la reconnaissance solennelle ni la condamnation formelle de dizaines de millions de crimes.

Pour comparaison, la Loi publique 103-199, approuvée à l'unanimité, le 17 décembre 1993, par le Congrès des États-Unis d'Amérique, stipule dans son premier paragraphe : "Depuis 1917, les dirigeants des empires communistes et du communisme international, guidés par Vladimir I. Lénine et Mao Tse-tung, ont été responsables de la mort de plus de 100.000.000 de victimes, dans le cadre d'un holocauste communiste et impérialiste sans précédent, à travers des conquêtes, révolutions, guerres civiles, purges, guerres menées par tiers interposés, et autres moyens violents. "

Des crimes que beaucoup ignorent encore en France, tandis que d'autres les nient ou cherchent à les minimiser. Car, dans ce domaine, pourtant effroyable, le révisionnisme et le négationnisme ne constituent pas des délits.

Pologne, Cracovie, 2004. Monument aux victimes du communisme. Crédits: Pierre Verluise

Impunité

Depuis 1945, avec l'aide efficace des gouvernements occidentaux, la chasse aux criminels nazis n'a jamais cessé. Et ce n'est que justice, car chacun doit payer pour ses méfaits. Nulle sentence n'a, en revanche, été prononcée contre un criminel communiste. Ni à l'Est ni à l'Ouest. Bien au contraire ! Discrètement, mais efficacement, l'Occident a montré aux pays sortis du camp soviétique son opposition à l'idée que des poursuites judiciaires soient engagées à l'encontre des anciens responsables communistes. Ainsi, ceux qui ont donné les ordres criminels, leurs divers complices, mais aussi les bourreaux qui ont torturé et tué de leurs propres mains continuent à vivre paisiblement, sans craindre d'être jamais inquiétés. Cette impunité que la communauté internationale assure aux auteurs de la plus grande tuerie de l'histoire est non seulement d'une insupportable injustice, mais elle risque de rassurer les illuminés qui, demain, voudront recommencer "l'expérience".

Il est grand temps

Il est donc temps, Monsieur le Président, qu'à travers ses élus, la France dise au monde qu'elle condamne fermement les crimes du communisme. Il est temps que le souvenir de tous ces morts ­ "coupables" par leur naissance ou leur destin, quand ce n'était pour avoir pensé "autrement" ­ soit honoré comme il se doit dans un monde qui se dit juste et civilisé. Il est grand temps que cesse l'indulgence dont le système communiste a bénéficié, pendant un siècle, de la part de l'Occident tout entier, et de la France en particulier, et que soit dénoncée officiellement sa nature essentiellement meurtrière.

Devant l'ampleur historique et humaine de cette tragédie que le monde politique occidental s'efforce désormais d'oublier, je vous prie, Monsieur le Président, de demander aux élus français d'inaugurer, cet automne 2002, la session parlementaire en observant une minute de silence à la mémoire des victimes du communisme. Je prie, à travers vous, les députés, représentants de la France tout entière, de faire ce geste moralement indispensable, ce geste qui serait un début de justice et un retour vers la mémoire.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute considération.

Radu Portocala, Paris, le 22 juillet 2002.

PS: Cette lettre a été adressée le 27 juillet 2002 au Président de l'Assemblée nationale française et à tous les députés de la majorité présidentielle. La rentrée parlementaire 2002 s'est ouverte "normalement".

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  Date de la mise en ligne: novembre 2002
   

 

Réponse de Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale

   
   

N° 001383 - Paris, le 7 octobre 2002

Monsieur,

Vous avez bien voulu me faire part de vos réflexions concernant la reconnaissance officielle des crimes perpétrés par les régimes communistes et je vous en remercie.

J'ai, pour ma part, toujours combattu les principes politiques du communisme et dénoncé les atteintes aux droits de l'homme dans les pays qui s'en sont prévalus.

Il me semble, toutefois, qu'il n'appartient pas au législateur français d'adopter un texte de reconnaissance de crimes politiques perpétrés en-dehors du sol national, texte qui, évidemment, ne pourrait avoir aucun caractère normatif.

Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de ma considération distinguée.

Jean-Louis Debré

NDLR: Chacun notera que Radu Portocala n'a pas proposé l'adoption d'une loi mais "une minute de silence à la mémoire des victimes du communisme".

   
   

 

Bibliographie sommaire du communisme

   
   

. Besançon, Alain, "Les origines intellectuelles du léninisme", Paris, Ed. Calmann-Lévy, 1977.

. Besançon, Alain, "Anatomie d’un spectre", Paris, Ed. Calmann-Lévy, 1978.

. Besançon, Alain, "Le malheur du siècle", Paris, Ed. Fayard, 1998.

. Boukovsky, Vladimir, "Jugement à Moscou", Paris, Ed. Robert Laffont, 1995.

. Courtois, Stéphane et al., "Le livre noir du communisme", Paris, Ed. Robert Laffont, 1997.

. Courtois, Stéphane, "Du passé faisons table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe", Paris, Ed. Robert Laffont, 2002.

. Furet, François, "Le passé d’une illusion", Paris, Ed. Robert Laffont / Calmann-Levy, 1995.

. Furet, François et Nolte, Ernst, "Fascisme et communisme", Paris, Ed. Hachette, 1998.

. Malia, Martin, "La tragédie soviétique", Paris, Ed. du Seuil, 1995.

. Soljénitsyne, Alexandre, "L’Archipel du Goulag" (3 tomes), Paris, Ed. du Seuil, 1974-1976.

. Thom, Françoise, "Le moment Gorbatchev", Paris, Hachette, 1990.

. Thom, Françoise, "Les fins du communisme", Paris, Ed. Criterion, 1994.

. Todorov, Tzvetan, "Mémoire du mal, tentation du bien", Paris, Ed. Robert Laffont, 2000.

. Viatteau, Alexandra,"Staline assassine la Pologne. 1939 - 1947", Paris, Seuil, 1999.

. Viatteau, Alexandra, "Le 'déminage' des archives communistes soviétiques", http://www.diploweb.com/p7viat04.htm , mai 2001.

Bibliographie réalisée, pour l'essentiel, par Radu Portocala.

   
     

Biographie de Radu Portocala, écrivain et journaliste

   
    Né en 1951, en Roumanie, à Bucarest. Exilé en 1977. Il a ensuite vécu cinq ans en Grèce. Depuis 1982, R. Portocala habite en France.

Études

1986 - Maîtrise de Relations internationales (Institut d’étude des relations internationales – Paris).

1986 - Licence de langue et littérature roumaine (Institut national des langues et civilisations orientales – Paris).

Activités professionnelles

1986 - 1988: Journaliste dans la rédaction roumaine de Radio France Internationale.

1986 - 1992: Collaborateur de l'hebdomadaire Le Point.

1988 - 1989: Correspondant pour la France, la Belgique et la Suisse du service roumain de la radio Voice of America.

1988 - 1989: Réalisateur d'une émission hebdomadaire consacrée à l'actualité roumaine sur Radio Solidarnosc (Paris).

1989 - 1990: Collaborateur pour l'actualité roumaine de la chaîne de télévision Antenne 2.

1989 - 1998: Collaborateur permanent de la revue Lupta, publication en langue roumaine paraissant à Paris.

1990 - 1992: Collaborateur de la revue d'études politiques Est & Ouest.

1990 - 1994: Correspondant de l'hebdomadaire indépendant roumain Cuvîntul.

Depuis 1992: Chargé de cours à l'Institut de formation de la Banque de France.

1994 - 1996: Rédacteur-traducteur à l'hebdomadaire Courrier International (Paris).

Depuis 1997: Correspondant en France du service roumain de la BBC.

1999 – 2001: Éditeur de Revers, bulletin d’information pour les Roumains vivant en Occident.

Autres contributions dans la presse européenne et roumaine: Romania libera, Cotidianul, Curierul romanesc, Caminul romanesc, l'Express, Le Quotidien de Paris, Libération, Enjeux du Monde, Dynasteurs, La Libre Belgique, Soviet Analyst.

Nombreuses émissions et interviews radio et de télévision : France Culture, France Inter, France Infos, RFI, Radio Suisse Romande, Radio Bruxelles, Radio Liège, Radio Free Europe, BBC, Radio Bucuresti, Radio Timisoara, Antenne 2, La 5, TV 5, La Cinquième, RTBF – Bruxelles.

Publications: mémoires, études et livre

• "Chypre – entre la Grèce et la Turquie" (mémoire), Institut d'étude des relations internationales, Paris, 1984

• "La politique étrangère de la Roumanie de 1945 à nos jours" (mémoire), Institut d'étude des relations internationales, Paris, 1986

• "Le syndicalisme dans les pays communistes" (étude), in Epikaira – revue grecque d'études politiques –, Athènes, 1986.

• "Autopsie du coup d’État roumain" livre publié chez Calmann-Lévy (Paris), en 1990.

• "Ipostaze ale unui exil" (Hypostases d’un exil), in Analele Sighet 2, Ed. Fundatia Academia Civica, Bucarest, 1995.

• "Indiferenta, o forma de cenzura" (L’indifférence, une forme de censure), in Analele Sighet 3, Ed. Fundatia Academia Civica, Bucarest, 1996.

• "Sistemul sovietic : strategia mortii aparente" (La stratégie de la mort apparente dans le système soviétique), in O enigma care implineste sapte ani, Ed. Fundatia Academia Civica, Bucarest 1997.

• "Crima impotriva spiritului" (Le crime contre l’esprit), in Analele Sighet 7, Ed. Fundatia Academia Civica, Bucarest, 1999.

   
         

 

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