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Commentaire

Les nouveaux Etats membres ou candidats sont-ils toujours ceux qui affichent les moins bons résultats en matière de chômage ? A cette problématique volontairement provocatrice, les données consolidées d’Eurostat pour l’année 2003 permettent d’apporter une réponse argumentée. Dans la conclusion de cette courte étude, nous mentionnerons les données provisoires pour décembre 2004.

A l’échelle de l’espace UE25, le taux de chômage est en 2003 de 9,1%. Derrière cette moyenne se cache en fait une grande diversité de situations, aussi bien entre pays membres qu’entre pays candidats pour 2004 ou 2007 (chiffres disponibles pour la Roumanie et la Bulgarie).

Résultats des pays membres

Considérons d’abord les pays membres de ce qui reste encore à cette date l’UE15. Voici les cinq meilleurs résultats, en ordre croissant : Pays-Bas (3,7%), Luxembourg (3,7%), Autriche (4,2%), Irlande (4,8%) et Royaume-Uni (5%).

Les cinq moins bons résultats sont, en ordre décroissant: Espagne (11,3%), Allemagne (9,7%), France (9,3%), Grèce (9,3%) et Finlande (9%).

Résultats des pays candidats pour 2004 ou 2007

Observons maintenant les dix pays alors candidats pour 2004. Les cinq meilleurs résultats – en dessous de la moyenne de l’espace UE25 – sont, en ordre croissant : Chypre (4,1%), Hongrie (5,9%), Slovénie (6,7%), Malte (7,6%) et la République tchèque (7,8%). Autrement dit, ces cinq candidats pour 2004 affichent en 2003 un taux de chômage bien inférieur à celui de la France ou de l’Allemagne. L'ouvrage de Daniel Vaughan-Whitehead, "L'Europe à 25 - Un défi social" (éd. documentation Française, mai 2005) invite cependant à considérer avec précaution les chiffres de certains PECO, les statistiques du chômage étant parfois "purgées" par un resserrement discutable des critères. 

Les cinq moins bons résultats des pays candidats pour 2004 – au-dessus de la moyenne de l’espace UE25 – sont par ordre décroissant les pays suivants : Pologne (19,6%), Slovaquie (17,6%), Lituanie (12,4%), Lettonie (10,5%) et Estonie (10,0%).

Penchons-nous, enfin sur deux pays candidats annoncés pour 2007. En 2003, la Roumanie affiche 7% de sa population active au chômage, soit moins que la moyenne de l’espace UE25, mais aussi moins que la Belgique (8,2%) ou la République tchèque (7,8%). En revanche, la Bulgarie est très au-dessus de la moyenne de l’espace UE25 puisqu’elle atteint 13,7%.

Les pays candidats ne sont pas toujours ceux qui affichent les moins bons résultats en matière de chômage

L’étude des données d’Eurostat pour l’année 2003 amène donc à constater que les pays candidats ne sont pas toujours ceux qui affichent les moins bons résultats en matière de chômage. Six des douze pays alors candidats obtiennent de bien meilleurs résultats que la moyenne de l’espace UE25. En revanche, six autres obtiennent des résultats très inquiétants.  Avec 19,6%, la Pologne mérite toute notre attention, ne serait-ce que parce qu’il s’agit du plus peuplé des pays devenus membres depuis le 1^er mai 2004. Les régions polonaises enregistrant les taux de chômage les plus élevés comptent généralement une forte part d’emploi dans l’agriculture. Ce qui montre combien la Politique agricole commune sera un dossier sensible durant les prochaines années. Les choix faits seront lourds de conséquences. D’autant qu’il existe un part de « chômage caché » chez certains nouveaux Etats membres.

Données provisoires pour 2004

Que nous apprennent les données provisoires d’Eurostat pour décembre 2004 ? (Le Monde, 8 mars 2005).  Il importe de prendre les précautions d’usage avec des données provisoires. A l’échelle de l’UE25, le taux de chômage serait en décembre 2004 de 8,9%. Soit une réduction de 0,2%. Pas de quoi pavoiser, alors que le Japon et les Etats-Unis afficheraient respectivement 4,4% et 5,4%. Autrement dit, le chômage de masse semble à l’échelle de la Triade un monopole de l’Europe communautaire.

Durant la période 2003-décembre 2004, les pays de l’espace UE25 se diviseraient en deux groupes.

Le premier groupe rassemble les Etats où le taux de chômage serait à la baisse, soit 14 pays, dont 7 nouveaux Etats membres : Slovénie (5,8%), Malte, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie et Pologne (18,3%).

Le deuxième groupe compte les Etats où le taux de chômage serait à la hausse, soit 11 pays, dont 3 nouveaux Etats membres : Chypre (5,5%), Hongrie (6,2%) et la République tchèque (8,3%). Les anciens Etats membres seraient cependant les plus nombreux dans ce groupe, puisqu’ils seraient 8. L’Allemagne passerait la barre des 10% et la France s’en approcherait à cette date avec 9,7%.

Pendant ce temps, le Royaume-Uni verrait son taux de chômage passer de 5 % à 4,6% …

Quel modèle ?

Il importe, bien sûr, d’attendre les données consolidées pour l’année 2004 avant de faire un bilan du chômage dans l’UE25 après 8 mois d’élargissement. En attendant, les données consolidées disponibles pour 2003 permettent d’avoir une vision plus fondée de la répartition spatiale de ce qui reste une caractéristique majeure de l’espace communautaire par rapport au Japon ou aux Etats-Unis. Ce qui tend à relativiser le discours sur le « modèle social » européen.

P. Verluise

Pour aller plus loin, deux publications d’Eurostat :

-   Statistiques en bref, Statistiques générales, 3/2004, Régions, « Le chômage dans les régions de l’Union européenne et des pays candidats en 2003 »

-    Communiqué de presse 133/2004 – 9 novembre 2004, « Le chômage dans l’UE25 ».

Copyright : Pierre Verluise, mars 2005, pour le site géopolitique www.diploweb.com Actualisé en août 2005 pour la mention du livre de Daniel Vaughan-Whitehead

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